Seule en Lorien

Dùnda chevauchait sans but depuis plusieurs jours. Elle changeait de monture chaque matin pour laisser l'autre se reposer et trottait toute la journée vers le nord. Pourquoi avait-elle choisit cette direction? Elle n'en savait rien. Si elle était partie vers le sud, elle aurait pu visiter le Gondor, par exemple. Elle était certaine qu'ils avaient là-bas besoin d'habiles dresseurs pour leurs chevaux. Mais non, elle était partie vers le nord, bille en tête.
Les chevaux trouvaient un peu d'herbe sous la neige et Fauve-noir avait assez vite retrouvé un certain instinct de chasse, disparaissant ne retrouvant sa maitresse que quelques heures après, le museau encore poissé de sang. Le problème se posait surtout pour Dùnda. Les provisions qu'elle avait trouvé dans les fontes de son défunt mari ne dureraient pas éternellement et il ne restait déjà que quelques morceaux de viande séchée et un morceau de pain si sec que malgré la faim, la jeune femme songeait à le donner aux chevaux.
Depuis quelques jours, elle constatait qu'il y avait de plus en plus d'arbres: la plaine se transformait en forêt. Dùnda commencait à comprendre: elle était entrée en Lothlorien. Elle aima l'endroit tout de suite. Il était calme et abrité des intempéries par les arbres. De plus, on y trouvait du combustible en abondance et si elle avait faim, elle avait au moins le réconfort de dormir tout les soirs près d'un bon feu.
La nuit tombait sur les arbres de la Lorien. Dùnda décida que l'étape avait été assez longue aujourd'hui et choisit une petite clairière pour dormir. Elle mit pied à terre et déharnacha les deux chevaux. Le plus vieux, Fier-coeur, portait les bagages. Il boitait légèrement, mais c'était toujours une monture courageuse et endurante. Le second était une jeune bête fringante à la robe noire répondant au nom de Fend-la-brise que Dùnda avait monté aujourd'hui. Les deux chevaux avaient autrefois appartenu au défunt mari de la jeune femme. La mort de son homme l'avait décidée à partir à l'aventure. Son coeur se serra. Le décès de Gametred était tout récent, elle n'arrivait pas encore à y penser sans douleur.
Tout en se forçant à ne pas réfléchir, Dùnda ramassa du bois pour le feu et alluma non sans difficulté un brasier. Enveloppée dans son manteau, elle mâchait lentement une lanière de viande séchée quand une paire d'yeux jaunes s'alluma dans les fourrés. Fauve-noir, l'immense chien-loup sortit de l'obscurité. La jeune femme sourit quand son familier se coucha près d'elle en soupirant de fatigue. Elle caressa la tête soyeuse de l'animal en finissant son repas, puis réalimenta le feu et s'apprêtait à s'enrouler dans une couverture en plus de son manteau pour passer la nuit au chaud, quand les chevaux s'agitèrent anormalement. Au même moment, Fauve-noir redressa la tête, les oreilles mobiles. Le coeur de Dùnda rata un battement. Elle tendit lentement la main vers sa lance, accrochée à la selle de Fend-la brise, posée par terre près d'elle.

"Il y a quelqu'un?" demanda-t-elle d'une voix aux tremblements mal maitrisés, tout en se levant lentement, assurant sa prise sur son arme.