[Villages environnants] Le sac de Fondcombe.

Aliénor retenait son souffle depuis une bonne minute, et lorsqu'elle prit enfin une inspiration, elle le fit parce que ses poumons douloureux lui réclamaient à grands cris de l'air pur. S'ils n'avaient pas été aussi capricieux, elle aurait sans doute pu arrêter de respirer pour le restant de ses jours, tant ce qui se passait sous ses yeux lui semblait surréaliste. Tout d'abord, elle avait vu Halmun se dresser face à Corbeau, et risquer sa vie pour la protéger. Il aurait pu filer bien sagement, quand il en avait l'occasion, mais il se tenait désormais face aux guerriers de l'Ordre avec une bravoure et une détermination sans faille. Son regard acéré semblait ne jamais ciller, et il paraissait presque capable de tenir tête à son ancien maître. Comment était-ce possible ? Elle aurait tué pour avoir le secret de son courage, tout en se disant qu'elle n'atteindrait jamais de son vivant une telle confiance en elle. Même pour un homme d'exception comme Halmun, cela avait pris des dizaines d'années, et il n'était aujourd'hui qu'un vieillard qui avait toute sa vie derrière lui. Que lui restait-il à construire désormais ? Avait-il été contraint de souffrir même en l'absence de son tortionnaire, simplement parce qu'il avait eu le malheur de croiser sa route à un moment donné ? Etait-ce le sort qui était réservé à Aliénor ? Devrait-elle souffrir toute sa vie elle aussi ? Ces pensées se bousculaient dans sa tête, martelant durement à l'intérieur de son crâne sans lui laisser le temps de trouver une réponse adéquate. En face d'elle, cet individu qui se tenait l'épée à la main symbolisait son propre combat, ses propres peurs et ses propres espoirs. Et ce qu'elle voyait ne la réjouissait guère. Pour se libérer de Corbeau, il allait devoir mourir.

Mais ce n'était pas tout, et alors qu'Aliénor croyait avoir atteint le degré maximum de l'étonnement, elle sentit la terre trembler sous elle. Ce mouvement étrange sous ses jambes fut bientôt suivi par le fracas d'une cavalcade débridée. De nouveaux guerriers arrivaient, lancés à toute vitesse, et ils se dirigeaient droit vers la place centrale où ils se tenaient tous. Les hommes de l'Ordre, malgré la fatigue et la douleur, se levèrent tous et se préparèrent à défendre chèrement leurs vies. Brand et ses hommes, qui n'avaient visiblement pas eu leur dose de sang pour la soirée, faisaient tourner leurs armes dans leurs mains avec une grande dextérité. Ils attendaient d'avoir identifié formellement leurs ennemis pour mieux les charger de front. Mais les elfes à la vue perçante furent les premiers à comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une attaque dirigée contre eux en réalité. Ils abaissèrent leurs arcs, rengainèrent leurs épées, et se détendirent largement en voyant le seigneur Lammâth approcher. Aliénor avait eu l'occasion de le croiser une ou deux fois. Principalement lorsque Corbeau avait négocié pour qu'elle fût présente dans cette mission. L'elfe était alors très occupé à gérer la cité de Fondcombe, et il ne lui avait même pas accordé un regard. Toutefois, elle avait bien senti l'aura terrifiante qui se dégageait de cet individu, et elle mesurait à quel point il était craint et respecté. Davantage craint que respecté, d'ailleurs. Corbeau ne disait rien de lui, mais Aliénor savait qu'il ne le considérait pas comme un chef digne de ce nom. Il le trouvait trop soumis à ses émotions, trop impulsif et trop brutal. Trop humain, en somme.

D'ailleurs, sa réaction ne vint pas démentir cette vision. Il sauta littéralement de cheval, et se dirigea d'un pas décidé vers Corbeau, qui n'eut même pas le temps de bouger. La main de Lammâth se tendit à la vitesse de l'éclair, et il s'empara du col de son alter ego avec une force prodigieuse. S'il l'avait voulu, il aurait pu briser en deux Corbeau sur-le-champ. Mais il se contenta de lui hurler dessus, lui demandant des explications. L'elfe, pauvre victime de la fureur du chef d'Imladris, ne réagit même pas. Malgré l'affront, malgré la menace, il n'érigea même pas un bras pour se protéger le visage, ne supplia pas qu'on l'épargnât, et ne fournit aucune explication. Après tout, il n'était pas dans une position très confortable, et s'il était plutôt du genre conciliant, il n'était pas non plus servile au point de s'effacer devant un de ses pairs. La tension monta d'un cran, mais redescendit presque immédiatement, quand Lammâth remarqua qu'il n'y avait pas que Corbeau sur cette place. Il parut prendre conscience avec soudaineté de la présence de Halmun, qui se tenait toujours au milieu des combattants, et qui attendait patiemment son sort. L'elfe, malgré la folie qui perçait dans son regard, demeurait capable de faire les liens qui s'imposaient, et il l'identifia tout de suite comme un ennemi.

Un ennemi qui trouva le cran de s'opposer à Lammâth alors qu'il était seul, parfaitement à la merci des guerriers de l'Ordre. Il parla alors, partant dans un discours enflammé qui laissa Corbeau de marbre. C'était ce pathétique humain qui se fourvoyait totalement. Il pensait avoir compris comment fonctionnait le cerveau retors d'un elfe pluri-millénaire ? Il pensait sérieusement que la lucidité de son ancien maître était en cause ? Comme il était charmant. Ignorait-il donc que les elfes n'étaient pas sensibles au passage du temps, et que rien ne pourrait jamais affaiblir l'esprit acéré qui l'avait dominé pendant tant d'années ? Il serait bien parti d'un rire joyeux, mais la menace de Lammâth l'incita à rester silencieux. Non pas parce que celui-ci le tenait en respect, non. Il se fichait totalement de la puissance physique, de la menace d'être battu. Premièrement, parce qu'il se savait capable de se défendre, même s'il était conscient de ne pas être à la hauteur de son vis-à-vis. Mais surtout, parce qu'il ne pouvait pas expliquer à Halmun ce qu'il savait sans prendre des risques considérables pour sa sécurité.

Contrairement à ce que croyait son ancien élève, il était au courant de beaucoup de choses, et il ne révélait pas tout à l'Ordre. Les passeurs, les sociétés secrètes... il avait une longueur d'avance sur ses supérieurs hiérarchiques, et c'était lui qui décidait de ce qu'il allait leur révéler. Par exemple, ils ignoraient qu'en ce moment-même, la forteresse de Vieille-Tombe n'était plus sûre. Trop sûrs de leur victoire, trop concentrés sur des objectifs impossibles à atteindre, ils négligeaient les petites fourmis qui s'insinuaient à leur dépens. Ils ne craignaient pas de révéler des informations capitales pour leur sécurité, car ils se croyaient à l'abri de tout danger. Si Corbeau avait choisi de tout leur révéler, l'Ordre aurait pu se protéger, empêcher cette attaque... mais l'elfe avait d'autres projets. Et cela, Halmun ne semblait pas le comprendre. Il voyait dans l'Ordre la principale menace, la chose la plus terrible que la Terre du Milieu eût jamais portée. Mais pour l'elfe, qui avait vu des puissances grandir jusqu'au firmament, puis s'effondrer d'elles-mêmes, cela ne représentait qu'un passage. Un tremplin vers une nouvelle étape de sa vie. Ce qui l'intéressait, ce n'était pas la victoire supposée de l'Ordre. Non. C'était la façon dont il s'en sortirait en prenant appui sur les ruines de cette organisation, quand celle-ci serait finalement détruite.

Mais cela, il ne pouvait pas le dire à Halmun sans risquer d'être massacré par les fanatiques de l'Ordre, à commencer par Ald'ar et sa clique de joyeux lurons. Lammâth, qui ne devait pas être plus fidèle que lui, trouverait là une bonne occasion de le faire décapiter, et ce serait la fin de Corbeau. Une fin indigne d'un être tel que lui, qui toujours avait su tirer les ficelles pour s'en sortir honorablement. Ainsi, lorsque Halmun eût terminé sa tirade, et qu'il se hissa sur sa monture, l'elfe leva la main pour interrompre le mouvement des archers qui s'apprêtaient à le prendre pour cible. Les hommes qui se préparaient à lui barrer la route s'écartèrent de son chemin, et ne tentèrent rien de menaçant. Le passeur fila à travers la ville, et quitta bientôt le champ de vision de tous. Il sembla alors qu'un silence surnaturel venait de retomber sur la ville, comme si cet incident n'avait été qu'un passage temporaire, comme si le monde venait tout simplement de retrouver la sérénité après une averse particulièrement violente. Alors, les choses reprirent leur cours, et Ald'ar s'inclina profondément devant Lammâth, dans la position servile de celui qui attend de recevoir les honneurs.

Tous les guerriers présents mirent un genou à terre, en signe de respect et d'humilité. Aliénor, qui ne pouvait décemment pas s'incliner aussi bas à cause de ses robes, se contenta simplement d'une révérence appuyée. Après tout, elle était la propriété de Corbeau, et si elle devait le respect à Lammâth, elle ne lui devait pas une obéissance aveugle comme les soldats qu'il commandait. Alors que tous affichaient leur soumission, de manière plus ou moins prononcée, la jeune femme vit Corbeau se défaire délicatement dans l'emprise de l'elfe. Une simple pression sur son bras, à peine perceptible, qui lui permit de se dégager. Elle s'empressa d'aller à ses côtés pour l'aider à remettre sa tunique en place. Une chose à laquelle son maître tenait tout particulièrement. Il mettait un grand soin à s'habiller, et ne supportait pas d'être débraillé et sale. Cela ruinait sa crédibilité, et le faisait passer pour un vulgaire soldat, selon ses propres dires.

- Merci Aliénor, ça ira, lui lâcha-t-il lorsqu'il s'estima satisfait.

Personne n'aurait trouvé Corbeau tendu à cet instant précis, mais elle le connaissait mieux que quiconque, et elle décelait de petits indices qui montraient qu'il n'était pas particulièrement ravi de la présence de Lammâth. Non pas à cause du comportement de ce dernier, qui était tout sauf amical, mais bien à cause de ce qu'il pouvait faire. Il était sans doute fou, même aux yeux d'Aliénor qui pourtant connaissait bien la folie en la personne de son maître. Et surtout, il était particulièrement dangereux. Autant Corbeau aimait torturer, jouer avec le mental de ses victimes, autant Lammâth ne s'embarrassait pas de futilités de ce genre. S'il n'aimait pas quelqu'un, il le tuait sans hésiter. Si quelqu'un lui résistait, si quelqu'un lui déplaisait, la sanction tombait aussi rapidement que la hache du bourreau, et avec la même efficacité. Ce fut la raison pour laquelle Corbeau demeura silencieux, n'intervenant pas même quand Ald'ar se laissa aller à évoquer les "complications" de la mission. Il fit signe à Aliénor de procéder de la même façon, puis se tourna vers le Boucher et Validna. Son regard était éloquent, et pouvait se traduire comme suit : "Restez calmes, ou nous pourrions bien tous y rester".

Le neleg eut un sourire lorsque Le Corbeau se soustrait à sa prise. L'elfe n'avait pas perdu de sa force. Lammath regarda d'un œil vide , l'humain quittait les lieux sans être stopper. Il se contenta de plisser les paupières plongé dans une réflexion intense. Puis Alienor arriva. Le regard de Lammath se troubla . Et comme souvent ces derniers temps il se passa une main fiévreuse sur son visage émacié. Il prononça le nom d'Ariel. Puis il se reprit. Il s'avança vers la jeune femme et lui caressa la joue gauche avec douceur

"Tu devrais mieux choisir ton maitre mon enfant, sache qu'il y aura toujours une place à mes côtés"

Lammath eut un sourire froid pour Corbeau. Le neleg savait que le Corbeau était un maitre dans la manipulation, il n'y avait aucune Chance de détourner le belle. Puis Lammath se rapprocha de nouveau à quelques centimètres de Corbeau. Nul ne pouvait l'entendre

"Alors Corbeau , tu ne veux pas savoir qui est le meilleur de nous deux?"

Puis il ajouta à son oreille

"Que manigances tu? Je t'ai à l'œil"

Puis sa voix s'éleva de nouveau vers ses hommes

Il eut un regard à la fois complice et fou vers Aliénor.

Ses paroles s'adressèrent à tous

"Corbeau tu as eu de la chance que ma lame ne se trouvait pas au bout de ma main "

Puis le neleg avança vers Ald'Ar. Il ne lui demanda pas de se relever

Il se posta devant lui, le regard froid

"Bien, humain"

Puis d'un ton presque insultant il ajouta

"La lame de Sombre Chêne n'a pas été assez aiguisée. Ressens tu encore de la douleur? Comment peux tu accepter de vivre ainsi humilié Lefnui?"

Puis sa voix s'adoucit

"Allez, relève toi, Humain"

Puis il se tourne et se dirige vers son destrier noir ébène. Le vent gonfle sa cape rouge cramoisie

"Mais tu dois me montrer ton allégeance en ma personne"

Il hurla

"Brûle tout j'ai bien dit tout, demeure, stocks et....humains"

Lamamth avait bien précisé l'allégeance en son nom et pas l'Ordre....

Lammath bondit sur son cheval. Il ordonna aux jumeaux qui arboraient un sourire narquois

"Les deux, vous restez avec eux. Epaulez le lefnui. D'ici deux heures je veux voir une fumée noire et âcre s'élevait de ce bouge. Si ce n'est pas le cas...Vous êtes tous morts"

Lammath laissa ses derniers mots résonner dans l'air. Puis il partit vers Imladris au galop.

Non sans avoir ajouter rapidement

"Hâtez vous il vont venir très bientôt tenter de reprendre notre cité"

Il eut également un dernier regard vers Aliénor, ses lèvres formèrent en silence le nom d'Ariel.

Tous les regards se tournèrent vers le lefnui. Les jumeaux estomaqués ne savaient pas trop comment réagir à cet ordre. Mais ils étaient persuadés que Lammath mettrait en action ses menaces.

Puis les habitants commencèrent à hurler ..... Qu'allait décider Ald'ar?

#Lammath #Lammâth

Le discours du vieillard n’en finissait plus. Le Boucher étouffa même un bâillement peu discret. Il aurait bien voulu ramener un peu les prétentions du vieillard à un niveau moins fantaisiste mais Corbeau décida de le laisser s’en aller. Après tout, il est vrai que le vieil homme ne représentait guère un danger. Ce qui était loin d’être le cas de l’actuel maître de Fondcombe.
Lorsque les guerriers de l’Ordre courbèrent l’échine devant Lammâth, le mercenaire se contenta d’un hochement de tête. Il n’était, à proprement parlé, pas un membre officiel de l’OCF et considérait qu’il n’avait pas à montrer ostensiblement un respect exagéré à l’elfe aux cheveux noirs. Le khandéen remarqua alors le geste discret de Corbeau à l’encontre d’Aliénor et le regard qu’il lui lança ainsi qu’à Validna. Le message était clair et le Boucher se le tînt pour dit.

Et pourtant il ne réfréna qu’à grand peine l’envie d’ouvrir la bouche face à la petite sortie d’Alda’ar. Des « petites complications » disait-il. Comptait-il la désertion de celui en qui il avait le plus confiance au nombre de ces dernières ? Il était évident que ses capacités à jauger ses hommes n’étaient pas au mieux de leur forme. Mais la menace que faisait planer Lammâth et ses hommes était bien trop importante pour se laisser aller à répliquer au nordiste. Aussi le mercenaire se contenta de se déplacer imperceptiblement vers Corbeau, au cas où les choses s’envenimeraient.

Mais celui-ci était tout à fait capable de se débrouiller seul et, si le Boucher ne pût entendre un seul mot du court échange entre les deux elfes, il semblait bien que le sang ne serait pas versé cette fois-ci. Cependant les mots de Lammâth pouvaient être aussi douloureux que sa lame et le mercenaire afficha un large sourire devant les petites réflexions que l’elfe fît au lefnui. Si on lui avait demandé son avis, ce qui bien entendu n’était pas le cas, ce n’était pas la perte de son bras qui avait diminué Alda’ar. Il était tout à fait capable de combattre avec un seul bras et il l’avait amplement prouvé. Cela on ne pouvait le nier. Ce n’était pas pour autant qu’il faisait un bon capitaine.

Alors que le khandéen se disait que leur mission était maintenant finie, il ne pût retenir une expression de surprise face à la demande de l’elfe. Peut être avait-il été un peu hâtif en pensant que le sang ne serait pas versé. Mais ce ne serait pas le sien et c’était là la seule chose qu’il lui importait. Il se fichait éperdument de la décision qu’allait prendre le nordiste, bien que cela ne fît pas l’ombre d’un doute aux yeux du mercenaire. Il serait extrêmement imprudent, et encore le mot était faible, qu’il aille à l’encontre d’un ordre direct donné par un supérieur (et devant d’innombrables témoins qui plus est). Et ce n’est pas les lamentations qui s’élevaient de la foule qui risquaient de le faire changer d’avis.

Non ce qui avait retenu l’attention du Boucher était qu’une contre offensive se dirigeait vers Fondcombe. Et cela était bien plus risqué que les quelques combats qui avaient eu lieu ce soir. Il n’était guère surprenant que les elfes ne laissent pas tomber leur cité aussi facilement mais cela compliquait quelque peu la situation. Pour l’heure, le mercenaire se sentait bien au sein de l’OCF mais il n’hésiterait pas à fuir si l’occasion se présentait. Le plus important restait de sauver sa propre existence, le reste était subsidiaire. Pour autant, il ne serait pas contre laisser s’exprimaient ses instincts meurtriers lors d’une nouvelle grande bataille. Il serait bien temps de décider quoi faire lorsqu’il verrait comment celle-ci se déroulerait.

Il se tourna vers Corbeau et Aliénor. Si le visage de l’elfe restait imperturbable, la jeune femme paraissait sur le point de s’évanouir. L’ordre donné par Lammâth avait contribué un peu plus à exacerber l’horreur de la prise de Valdol. Elle n’était peut être pas de taille à supporter un nouveau massacre, encore plus vide de sens et injuste que le précédent. En ce qui le concernait, sa lame était prête et il obéirait sans problème à ce nouvel ordre. Si la quantité de cadavres n’était pas un gage de qualité, c’était presque une récompense en soi. Alors, imité en cela par de nombreux autres regards, il se tourna vers le lefnui dans l’attente de ses ordres.

La réaction de Lammâth à l'égard du Bras de Fer eut le don d’être pour le moins austère. Il lui avait parlé d’un ton cassant  presque insultant avant de lui demandait de se lever d’une voix légèrement plus douce . Le Nordiste eut à peine le temps de se remettre de ses émotions qu’il recevait de nouveaux ordres. Il devait brûler entièrement la ville le plus vite possible. Après avoir observé Lammâth s’éloigner progressivement son regard se porta vers Corbeau , impassible. Le visage de l’elfe millésime ne trahissait aucune émotion , dans une certaine mesure Ald’ar admirait le Neleg sa prestance , son omniscience , sa maîtrise de soi qui manquait cruellement à Lammâth en fin de compte. D’ailleurs que s’était-il passé entre ces deux là? Pourquoi se vouaient-il une haine si violente? Les deux elfes étaient certes radicalement différent mais un événement passé avait dû avoir lieu entre ces deux personnages si intrigants. Mais l’heure n’était plus à la rêverie ;  le temps était compté , dans une heure tout devait être en train de brûler. A l’est les premiers rayons du soleil commençaient à poindre , bientôt il ferait jour.
Ald’ar constata avec satisfaction que l’incendie qu’il avait provoqué dans la maison de Lombard s’était étendu dans tout la partie correspondante du village cela leur offrait un temps précieux. Les derniers habitants de Valdol qui n’avaient pas réussi à s’enfuir et qui se cachait dans des cachettes plus ou moins judicieuses furent rapidement massacrés.  Comme Lammâth l’avait ordonné tout fut brûlé , que ce soit les demeures ou les entrepôts , on jeta le bétail et les travaux d’artisans dans ce brasier infernal. L’étape la plus fatigante fut sûrement d’amasser les innombrables corps sans vie en plusieurs tas qu’on incendia . A ce moment tous les hommes de l’Ordre purent contempler combien d’âmes avaient quitter leur enveloppe charnelle cette nuit. L’odeur peu agréable des corps en pleine incinération obligea Ald’ar à ordonner le retour

- On retourne au bercail! se contenta-t-il de dire.

Nul artifice , nul discours enflammé , nul félicitations pour le travail accompli sortit de la bouche d’Ald’ar . Celui-ci resta muet. Lentement les rescapés de l’expédition ainsi que les Suppôts de la Mort et les jumeaux elfes sortirent de la ville les uns après les autres  . Les jumeaux elfes  : Thorontur et Daugion faisaient partie des hautes instances à Fondcombe et ils avaient dû trouver  la tâche qu’ils venaient d’accomplir indigne de leur rang venaient ensuite les Suppôts de la Mort , cette prestigieuse escouade avaient perdu deux de leurs membres cette nuit , leur allure étaient toujours aussi inquiétante quand ils étaient ainsi vêtu de leur heaume cachant entièrement leur face , venaient ensuite les survivants de l’expédition de départ ceux ci se comptaient du les doigts de la main. Il y avait Bornin , Oropher et Elrohir les frère elfes , Validna puis venait Corbeau accompagné du Boucher et d’Aliénor ; Cartos ,ses cinq hommes et Toma étaient tombés au combat . Nunne avait quand à lui disparu. Qu’était-il advenu de lui? Pourquoi avait-il quitter le groupe? Lui qui avait toujours été si fidèle à Ald’ar , lui qui avait toujours été si fidèle à celui qui l’avait recueilli , qui l’avait sauvé à celui qui avait été comme un père pour lui.
Ald’ar était effondré , comment était-ce possible? Les paroles d’Halmun , l’Echtebourgeaois résonnaient encore dans sa tête . Non il mentait , c’était impossible ; Nunne avait dû tomber lors des combats , mourant héroïquement pour la cause qui était sienne et qu’il avait toujours défendu. C’était étrangement Ald’ar qui fermait la marche , la tête basse. Il se retourna une dernière fois vers le “royaume” de Valdol qui commençait à se consumer et duquel s’échappait de grands volutes de fumée noire. Il y a une dizaine d’heures Valdol était encore une cité puissante avec de grandes murailles ,une économie stable , de grande richesse et des centaines d’habitant. En quelques heures à peine l’Ordre avait anéanti cette cité , ils avaient tout détruits , IL avait tout brûlé . Une main réconfortante se posa sur son épaule , Ald’ar se retourna. Brand était revenu à sa hauteur et sans aucun mot il intima son ami à avancer. Ald’ar éperonna son cheval et se dirigea vers Fondcombe…

Aliénor allait elle voir le paquet rajouté à son insu dans son paquetage accroché  à la selle de Plume , sa jument ?


Quelque jours plus tard...

Almerud nettoyait avec soin les verres dans lesquels avaient bus sans modération un récent groupe de voyageurs avant de repartir. L’auberge d’Almerud se situait à quelque dizaines de lieux à l’ouest de Fondcombe , sur la route vers l’Arnor . Elle était réputé pour son service de qualité et elle figurait toujours dans le classement des meilleurs auberges de la région dans le guide “ le Hobbit Futé “ cependant depuis plusieurs semaines son chiffre d’affaires dégringolait de façon catastrophique  après une incroyable hausse. La raison? Ces maudits inconnus qui avaient ravis la cité elfique de Fondcombe et qui pillaient la région sans pitié . Quantité d’habitants de la région avaient fui et cela avait entraîné deux semaines d’affluence exceptionnelle dans son auberge mais depuis il n’y avait presque plus personne sur ces routes.
Il contempla avec un oeil triste sa silencieuse salle à manger. Dans un coin deux rôdeurs encapuchonnés mangeaient leur soupe silencieusement ne parlant qu’à voix basse , au centre de la salle un groupe de voyageurs  venant d’un village proche qui se dirigeait vers le Gondor et qui comptaient faire un large détour pour éviter la région de Fondcombe , jouait sans grande conviction à un jeu de cartes qui semblaient particulièrement ennuyeux. Plus loin se tenait un riche bourgeois accompagné de son assistant qui après avoir brièvement parlé avec les autres personnes présentes dans la salle semblait légèrement contrarié. Alors la porte s’ouvrit laissant apparaître un nouveau venu. Ce dernier était vêtu  d’habits incroyablement usés et salis par de longues journées de marche , sa barbe avait poussé ainsi que ses cheveux sales qui cachait partiellement sa face et ses yeux sombres , son jeune visage était sûrement séduisant mais l’homme n’était pas vraiment à son avantage. Ses traits étaient creusés et on pouvait distinguer de grands cernes en-dessous de ses yeux. D’un pas fébrile il se dirigea vers le comptoir et d’une voix rauque dit

-Je voudrais une chambre , un bain , un rasoir , des vêtements et un repas.

Légèrement surpris par cette commande auquel il ne s’attendait pas l’aubergiste fixa un instant l’étranger.

-J’ai de quoi payer , rajouta ce dernier.
-Oui oui bien sûr. Darma , ma chérie ! Prépare une chambre et un bain pour un client. Installez vous le repas ne va pas tarder , désirez vous également une pinte?

L’aubergiste se dirigea alors prestement vers la cuisine , trop heureux d’avoir un client pour se soucier du pourquoi de sa présence. L’inconnu si’installa donc à une table vide et attendit patiemment sous les regards des autres clients de l’auberge . Lorsqu’il reçut son ragoût avec sa pinte et qu’il , après l’avoir regardé avec des yeux affamés , se jeta dessus le bourgeois se dirigea vers notre homme , il s’assit en face de lui et le scruta un moment , l’homme s’arrêta de manger et fixa le riche gentilhomme qu’il avait en face de lui , un sourcil levé.

-D’où venez vous comme ça mon ami? fit alors le bourgeois
-Des ténèbres , répondit l’homme de sa voix rauque
- Et euh où allez vous?
-Si seulement j’en avais idée.
-Et , hem , est ce que vous serez intéressé par un boulot grassement payé?
L’homme lui fit signe de continuer
-Nous cherchons des bûcherons et des ouvriers pour agrandissement et la rénovation d’un quartier Annuminas. Ce boulot est très bien payer par les instances de la ville mais il n’est pas de tout repos , il ne faudra pas chômer.
-Ce n’est pas de mes habitudes de chômer , marché conclu mon cher. Quand partons nous?
-Prenez une nuit de repos et demain matin nous partirons , je peux également vous prêter un cheval.
-Bien alors qu’il en soit ainsi .
-Je suis Boldar Hemigway , superviseur des travaux et vous vous appelez…?
-Mon nom est-il si important ?
-Il serait commode de le savoir.
-Je me nomme Nunne , Nunne Adelne.

Après avoir pris un bon bain et s’être rasé de près , Nunne ressemblait un peu plus au jeune homme séduisant qu’il était quelque jours auparavant , même si ses traits étaient toujours marqués par ses rudes journées de marche. Pendant six jours , il avait parcouru à pied plusieurs dizaines de lieux ne se reposant que très peu et ne mangeant que le strict minimum. Le froid et la fatigue avait failli mettre un terme à son voyage mais cette auberge avait été salvatrice. Il vivait encore , dormait dans un lit chaud , était propre et venait de trouver un travail bien payé ; c’était inespéré . Cependant il avait du mal à trouver le sommeil , un visage le hantant , celui d’Aliénor . Il espérait qu’elle avait remarqué le paquet qu’il avait placé dans ses paquetages juste avant qu’il ne franchisse les portes de Valdol , il avait croisé Plume ; le cheval d’Aliénor juste avant de partir ,ne pouvant se retenir et les larmes aux yeux il avait alors enlevé le pendentif qu’il portait constamment depuis des années  , dernière chose qui le rattachait à ses parents ( c’était un de leurs cadeaux ) dernier souvenir de son passé et de son enfance. Il ‘avait enveloppé et placé dans les bagages de sa belle. A l’intérieur il y avait placé un message
“Je reviendrais le récupérer
Sois forte , Aliénor." Une larme qui coula sur le papier et y pénétra  fit office de point final...

[HRP] :Ok , notre formidable rp " Le sac de Fondcombe " touche à sa fin, d'un simple projet qui voulait juste faire un peu apparaître Ald'ar un naît un grand rp et l'un dans lequel j'ai pris le plus de plaisir à participer. Des rps de qualité des personnages intéressants et étoffés des surprises et rebondissements à la pelle. Ici chacun à apporter sa brique et a participé à la construction du rp , nulle directive n'a vraiment été donné et nul n'avait prévu la fin , on écrit on ragrde ce qui s'écrit et on réécrit.
Je voudrais remercier tout d'abord Ryad et Mardil qui ont sans hésiter soutenu mon projet en y participant de façon régulière .
Ryad , le rpeur hors pair qui n'est plus à présenter , a été le moteur je trouve du rp. C'est peut être cela être coloré. Dès que l'histoire commençait un peu à perdre en intensité ou à s’essouffler ( le coup de  , il était là sortant un lapin de son chapeau magique pour surprendre tout le monde ( l'apparition de Corbeau je m'y attendais pas et ça tient du génie)

Mardil , nouveau  membre au début du rp m'a également pour le dire bluffé . Rps de qualité et surtout personnage incroyablement réussi . Le Boucher du Khand est tellement bien décrit , bien étoffé  qu'on croit au personnage et qu 'on tremble dès qu'il bouge le petit doigt. Franchement chapeau bas.

Je veux aussi remercier Gallen qui s'est montré intéressé par notre rp et qui a voulu y apporter sa touche personnelle avec Lammath. La présence de cet important personnage pour la background dans notre rp m'a vraiment fait chaud au coeur et donne une autre dimension à notre histoire. Donc merci pour ce guest de Lammath.
(52 réponses à 4 joueurs franchement faut le faire)

Enfin je veux remercier les colorés qui m'ont donné le feu vert pour mon projet ainsi que tous les autres membres qui nous ont suivis , lus et qui  ont frémis à travers ces lignes ( 1217 vus). Un grand merci! [HRP][/b]