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 Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda]

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyMer 9 Avr 2014 - 13:28
Quelque part au Sud d'Ered Engrin

Le pas lourd, pesant, ils avançaient inlassablement dans la neige qui leur montait presque jusqu'à la taille. Nul ne parlait, nul de voulait ouvrir la bouche pour gaspiller le peu d'énergie qu'il avait à disposition. Chacun baissait la tête, s'emmitouflait dans son épais manteau de fourrure, et continuait à progresser. Pas après pas, mètre après mètre. Ils avaient cessé de compter les arbres, cessé de compter les collines, et ils se contentaient désormais d'attendre le retour, d'attendre de voir enfin se dresser à l'horizon les lignes familières de leur demeure. Leur destination n'était plus qu'à deux jours de marche, d'après leur estimations, mais sans les conditions climatiques désastreuses, ils auraient probablement réussi à y arriver en moins d'une demi-journée. Maudite neige qui tombait du ciel à n'en plus finir, et qui écrasait la terre, les végétaux, les animaux, sous un linceul opalin.

La région était déserte, et ils étaient très certainement la seule présence à des lieues à la ronde. Les villageois, qui d'ordinaire habitaient dans les environs, avaient été contraints de fuir vers le Sud, en quête de terres plus accueillantes. Ils avaient tenu bon aussi longtemps qu'ils l'avaient pu, mais quand les vivres avaient commencé à manquer, ils avaient été obligés de se rendre à l'évidence. L'hiver ne prendrait pas fin de sitôt, et ils devraient abandonner tout ce qu'ils avaient construit à cause des malheurs qu'apportait ce dérèglement climatique infernal. C'était d'ailleurs pour ça que la petite compagnie se trouvait aussi loin de chez elle. Ils n'était qu'une quinzaine : cinq négociants et dix gardes, encadrant une vingtaine d'ânes qui transportaient pourtant une précieuse cargaison. De la nourriture, de quoi tenir plusieurs jours, à condition de se rationner un peu. Ce n'était pas suffisant pour faire vivre un royaume, mais d'autres comme eux étaient partis de leur côté, cherchant dans des directions différentes des opportunités de commercer. L'objectif n'était désormais plus de s'enrichir, mais bien de survivre à ce cataclysme. Endurer et serrer les dents, ils savaient le faire mieux que quiconque.

Et pourtant, ce n'était pas chose aisée, même pour ces guerriers entraînés. La monotonie du paysage, le froid intense qui semblait vouloir s'insinuer partout, et ronger la chair aussi bien que l'âme, la menace permanente et invisible qui planait au-dessus de leurs têtes, tout cela contribuait à les épuiser nerveusement, à mettre leur mental à rude épreuve. Ils avaient l'impression d'être seuls, mais ils ne pouvaient pas se permettre de relâcher leur vigilance un seul instant. Un tel convoi était une cible de choix pour tout individu en manque de vivres, et plus généralement pour tout animal sauvage désespéré au point de s'attaquer à un groupe organisé et bien armé. Mais il ne fallait pas sous-estimer le puissant moteur qu'était la faim, et la férocité de créatures poussées dans leurs derniers retranchements. Ils gardaient donc toujours la main près de leurs armes, et sous leurs fourrures ils étaient vêtus de hauberts de mailles. On n'était jamais trop prudents.

Ils marchaient depuis le petit matin, démarrant avant le lever du soleil, pour pouvoir s'arrêter avant son coucher, et pouvoir profiter des dernières lueurs blafardes du jour pour monter un campement de fortune. Les nuits étaient longues et guère reposantes, rendues encore plus difficiles par les tours de garde qui étaient devenus aussi insupportables que la marche elle-même. Ils bougonnaient toujours, rechignaient souvent, mais ne se dérobaient jamais. Tous savaient que leur survie dépendait de leur capacité à subir sans faillir, jusqu'au bout. Et désormais qu'ils n'étaient plus qu'à deux jours de marche, ils sentaient la confiance revenir, et l'enthousiasme leur donnait des ailes. Ils avancèrent tant et si bien qu'ils finirent par arriver à une bâtisse en pierre, à demi enneigée, qui avait miraculeusement survécu aux intempéries. Le toit était solide et la charpente bien conçue, ce qui avait transformé cet endroit en un abri providentiel. De toute évidence, ils n'étaient pas les seuls à avoir eu l'idée, car ils trouvèrent la porte dégondée, et le sol à l'intérieur portait encore les traces d'un feu de camp. La cheminée avait en effet souffert des affres du temps, et s'était remplie de neige.

Les quinze membres de la compagnie pénétrèrent dans la bâtisse, une ferme apparemment, et s'empressèrent de déposer leurs sacs et de placer leurs ânes dans un coin. Les pauvres bêtes supportaient de lourdes charges, et avaient bien besoin de se reposer. Pour une fois, elles dormiraient au chaud, et de toute évidence cela ne leur déplaisait pas. Les guerriers, tout en soupirs et en respirations rauques, firent crisser leurs briquets, et bientôt un feu prit joyeusement, alimenté par les bons soins de deux des membres de la compagnie, qui affichaient des mines ravies quoi que fatiguées. Il n'y aurait pas de veillée ce soir... pas plus qu'il n'y en avait eu les soirs derniers. Chacun voulait dormir, reprendre des forces, et surtout rassembler le courage nécessaire pour affronter la journée du lendemain.

Les négociants se rassemblèrent autour du feu, pour commencer à préparer un maigre repas qui ne leur pèserait certainement pas sur l'estomac, mais qui aurait le mérite d'être chaud. C'était déjà ça, un luxe que tous ne pouvaient pas se permettre par ce temps. Souvent, pour gagner quelques degrés, ils faisaient bouillir de l'eau, et ils se contentaient de la boire dans de petits gobelets en étain : de l'eau chaude, rien que ça. Ils auraient tué pour une bonne bière bien de chez eux, pour pouvoir mettre les pieds sur la cheminée, et pour enfin pouvoir se laisser aller au sommeil. Mais ce serait pour bientôt. Ils devaient tenir bon, et se raccrocher à cette seule pensée.

L'atmosphère se réchauffait peu à peu dans la pièce, grâce à la présence des nombreuses bêtes et du feu notamment. Elle devint rapidement très supportable, et chacun put se mettre à l'aise, installant sa couchette dans l'endroit qui lui paraissait le meilleur. Il y eut bien quelques chamailleries pour avoir les emplacements proches du feu, mais le chef de la compagnie les régla bien rapidement en menaçant ses subalternes de leur faire prendre deux tours de garde s'ils n'arrêtaient pas. La menace n'eut pas à être répétée, car tout le monde savait qu'il ne plaisantait pas. En fait, ils ne l'avaient jamais vu plaisanter. Dès le départ de l'expédition, il s'était montré morose, et sur les dix hommes qui constituaient les gardes, six étaient de sa propre famille, et du même caractère taciturne et sombre. Les sept compères prenaient la parole quand c'était absolument nécessaire, et sinon s'enfermaient dans un silence de pierre, communiquant simplement par des signes discrets mais visiblement suffisants pour eux et pour eux seuls.

Alors que tous allaient se coucher, après un repas aussi bref que frugal, le chef resta debout, car c'était à son tour de monter la garde. Il glissa sa hache hors de sa ceinture, et la posa en travers de ses jambes, regardant par ce qui restait de la fenêtre, et qu'il aurait plutôt fallu appeler un amas de planches clouées pour barrer l'accès à une fenêtre. Il pouvait voir convenablement à travers les plaques de bois, et le vent froid qui lui mordait le visage avait au moins le mérite de le maintenir éveillé, ce qui était une bonne chose. Il observa donc à l'horizon, balayant la plaine environnante du regard avec méthode, luttant intérieurement contre le sommeil qui menaçait de s'emparer de lui à chaque fois. Les heures défilèrent, au compte goutte, sans jamais vouloir presser le pas. Mais alors qu'il commençait à s'ennuyer ferme, le guerrier aperçut une silhouette solitaire qui avançait au milieu de la neige. Elle était repérable à une bonne distance, et elle allait droit dans leur direction, probablement attirée par la lumière qui se dégageait de la maison comme un insecte est attiré par les flammes.

Légèrement inquiet, car le bandits pouvaient toujours rôder dans les parages, le chef de l'expédition réveilla ses compagnons d'armes : ses six frères et les trois autres soldats engagés par les commerçants. D'une voix rocailleuse, il leur grogna :

- On approche, aux armes.

Il n'avait pas eu besoin de hausser le ton pour se faire obéir, et les hommes n'eurent pas à s'égayer pour retrouver de quoi se défendre. Ils dormaient avec leurs lames près d'eux, de sorte à pouvoir parer à toute éventualité. Les marchands dormaient profondément, et ils n'avaient pas entendu le réveil d'une dizaine de combattants, qui s'étaient déployés aux fenêtres, pour surveiller les alentours, et s'assurer qu'on n'essayait pas de les encercler. Ils avaient deux arcs, ce qui était bien peu, mais ils pourraient au moins riposter si on tentait de les assiéger. La silhouette était en réalité un cavalier, qui paraissait osciller sur sa monture. Etait-ce à cause du vent glacial qui balayait la plaine à la nuit tombée, et rendait tout voyage impossible ? Etait-ce à cause de la fatigue ? Ou bien était-ce à cause d'une blessure grave ? A cette distance, il était impossible de le dire.

Lorsque le cavalier fut à une distance suffisamment proche, le chef de la compagnie décida d'aller à sa rencontre pour s'assurer de son identité. Ils ne pouvaient pas laisser n'importe qui entrer, mais ils ne pouvaient pas non plus abandonner quelqu'un dehors par ce temps. La méfiance était une chose, la cruauté en était une autre. Vissant son casque sur sa tête, et son air le moins amène sur son visage, il ouvrit la porte et se jeta à l'assaut de la neige qui lui grimpait jusqu'à la taille. Il avait l'air ridicule à patauger ainsi, mais la hache imposante qui reposait nonchalamment sur son épaule aurait dissuadé n'importe qui de rire. Le cavalier approchait toujours au même rythme, et bien que son visage fût baigné dans l'obscurité, on voyait distinctement qu'il était mort de froid, et qu'il mourrait sans l'ombre d'un doute si on ne lui ouvrait pas la porte.

En face, le Nain ne se laissa toutefois pas attendrir aussi facilement. Car oui, c'était bien d'un Nain qu'il s'agissait.

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En fait, c'était toute une compagnie de Nains, qui rentraient chez eux après un voyage épuisant et éreintant. Mais pour l'heure, seul leur chef qui s'était avancé à l'extérieur était visible. Engoncé dans sa cotte de mailles, il était presque aussi haut que large, tout en muscles et en mauvaise humeur. Sa longue barbe descendait jusqu'à la couche neigeuse, tandis que des flocons venaient s'y accrocher paresseusement. Sa hache, très affûtée, semblait capable de découper le cheval en deux s'il le désirait, mais pour l'heure il semblait surtout méfiant, et non agressif. D'une voix caverneuse, où roulaient des accents rudes et déplaisants à l'oreille, il lança par-dessus le hurlement du vent :

- Halte-là, inconnu ! Qui êtes-vous, et que voulez-vous ?

La question pouvait paraître stupide, mais c'était surtout la manière dont allait répondre cette silhouette inconnue qui allait déterminer s'il allait lui ouvrir la porte ou non. Chacun pouvait dire un mensonge, mais tout le monde n'était pas capable de mentir avec talent, et de se faire passer pour ce qu'il n'était pas. Surtout pas avec la fatigue, le froid, la faim probablement. Gardant sa hache sur son épaule pour ne pas se montrer inutilement hostile, il savait de toute façon que deux de ses compagnons avaient mis en joue l'inconnu avec leurs arcs, et qu'au moindre mouvement suspect, il finirait transpercé. Mais pour l'heure, il n'y avait pas besoin d'en arriver à de telles extrémités...


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyMer 9 Avr 2014 - 17:08
Cela faisait trois jours, trois jours qu'Esméralda s'était réveillée sans avoir aucune idée de son identité, trois jours qu'elle errait avec son cheval sans rencontrer personne.
Elle aurait probablement beaucoup aimé toutes ces étendues blanchies par la neige si elle n'était pas perdue en plein milieu. Mais elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où elle se trouvait. Pourtant, elle aurait aimé savoir.

De plus en plus faible et complètement engourdie par le froid, Esméralda sentait qu'elle risquait de tomber à chaque instant, mais elle tenait bon. Elle avait encore un peu d'espoir, même si il faiblissait un peu plus à chaque instant, en même temps que ses forces... Il faut que j'y arrive, il le faut, je ne veux pas que Kirzan meure. Cette pensée la fit se redresser.

Mais alors qu'elle commencait à penser que tout était fini, elle aperçut une lueur.
Un feu, comprit-elle, il faut que j'y aille, tant pis si c'est dangereux. Elle fit tourner son cheval pour pouvoir s'orienter dans cette direction.

Au fur et à mesure qu'elle s'approchait, Esméralda réalisa que la lumière provenait d'une maison, la première qu'elle voyait depuis son réveil. Elle était tout près maintenant, elle vit la porte s'ouvrir et quelqu'un en sortir, elle plissa les yeux pour tenter de mieux le voir, mais rien à faire, avec la neige et le manque de luminosité, elle n'apercevait qu'une forme sombre.

Elle sursauta en quand il l'interpella.
-Halte-là, inconnu ! Qui êtes-vous, et que voulez-vous ?

Qui êtes vous... c'est une bonne question, songea-t-elle amèrement. Il attendait toujours une réponse, alors elle ouvrit la bouche mais eut beaucoup de mal à répondre car cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas parlé, plusieurs jours passés dans la neige et le froid avec son étalon et les animaux environnants pour seule compagnie.

-Je suis perdue et complètement gelée, je voudrais juste me réchauffer et passer la nuit à l’abri. Laissez-moi entrer s'il vous plaît. Le supplia t-elle.
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Ryad Assad
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyMer 9 Avr 2014 - 18:12
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Les Nains et les elfes entretenaient une relation particulière, faite de rivalités absurdes, et d'alliances improbables. Les deux peuples, opposés sur bien des points, savaient toutefois se reconnaître un courage et un honneur réciproques, qui leur avaient permis au cours de l'histoire de se battre côte à côte contre les mêmes ennemis. Toutefois, même si les arbres de Vertbois n'étaient pas loin, croiser un des Premiers Nés dans ces étendues glacées était pour le moins surprenant. Surprenant, oui. Le chef des Naugrim, perplexe, avait froncé ses épais sourcils, réfléchissant et observant tout à la fois. Les brigands qui parfois parcouraient ces terres à la recherche d'une occasion de voler et de tuer auraient-ils engagé une femme elfe, dont la voix trahissait nettement son malaise à se retrouver dehors par un froid pareil ? Aurait-elle accepté d'être leur complice ? Il avait une vision relativement négative des oreilles pointues, et leur prêtait bien des défauts, mais pas au point de les considérer suffisamment maléfiques pour s'acoquiner avec les premiers malandrins venus. D'autant que ses yeux ne percevaient aucun autre signe de danger, et qu'il n'avait objectivement aucune raison de refuser l'asile à une voyageuse "perdue et gelée".

Jetant un regard circulaire sur la plaine qui se trouvait autour, il répondit non sans bougonner :

- Alors rentrez vite, si vous tenez à la vie ! Et faites rentrer vot' canasson, sinon il risque bien de pas passer la nuit.

Le Naugrim laissa la femme elfe descendre souplement de selle, s'étonnant de voir qu'elle ne s'enfonçait pas dans la poudreuse, contrairement à lui. Il ne fit cependant aucun commentaire, car il aurait été vexé qu'elle perçut son admiration. Il était un Nain, et il n'avait rien à envier à ces grands échalas qui prétendaient tout savoir. A croire que la rivalité ancestrale qui animait le peuple de Durin et les Premiers Nés était transmise par le sang, et non par l'expérience. Il était toutefois relativement courtois, et en tant que chef de la petite compagnie, il était de son devoir de représenter l'ensemble de la nation naine, ce qui n'était pas une tâche facile. Il devait pour cela commencer par les politesses de base, qui seraient probablement les seules que leur visiteuse recevrait : les autres Nains étaient certainement encore plus fermés que leur chef, et même les négociants paraissaient avoir eu leur lot de difficultés et de souffrances. Consentant à jouer son rôle dignement, il lança :

- Vous pouvez m'appeler Errin, Errin des Collines Noires.

Ce n'était pas son vrai nom, naturellement, car les Naugrims ne révélaient jamais leur véritable nom aux autres races, voire même aux autres maisons. Toutefois, c'était ainsi qu'il était appelé dans la compagnie, et c'était ainsi que le reste de la Terre du Milieu le connaissait également. Le goût des Nains pour le secret s'étendait jusqu'à leur propre identité, qui demeurait cachée jusqu'après leur mort. Mais ces coutumes spécifiques, la jeune elfe ne devait en avoir aucune connaissance, et elle se contenterait donc, comme les autres, du nom d'emprunt qu'utilisait le guerrier. Ce dernier, justement, venait de faire demi-tour, pataugeant dans la neige pour rejoindre la porte. Il ne se souciait pas de savoir si l'elfe le suivrait ou pas, persuadé qu'elle était si gelée qu'elle ne se priverait pas d'une opportunité de dormir au chaud. Et ce fut en effet le cas.

Errin s'ébroua et frappa ses cuisses pour les débarrasser des flocons qui s'y étaient accrochés, avant d'aller s'installer près du feu. Les marchands, entretemps, s'étaient réveillés, et ils ouvrirent des yeux ronds en voyant rentrer à la suite du chef de la compagnie une elfe suivie d'un cheval qu'elle tenait par la bride. Le seul individu à qui elle avait adressé la parole jusque là lui désigna les ânes, et grogna :

- Attachez-le là, il s'enfuira pas.

Puis il se dépêcha de mettre de l'eau à chauffer, pour rasséréner un peu leur visiteuse qui paraissait trembler de tout son être. Les elfes, en dépit de leur apparence fragile, étaient des êtres relativement résistants. Toutefois, ces conditions climatiques étaient bien trop difficiles, même pour eux, et ils ne pouvaient pas se targuer de pouvoir se promener sans difficulté dans ces vastes étendues glacées. La nouvelle arrivante, si elle pensait rencontrer une joyeuse assemblée prête à discuter et à échanger, se retrouva en réalité isolée au milieu d'un silence de plomb. Quatorze paires d'yeux la dévisageaient avec insistance, sans se soucier le moins du monde de la gêner ou non. Les deux derniers étaient plongés dans la préparation d'un petit quelque chose à manger.

Il devait être étrange de se retrouver au milieu d'un groupe aussi peu disposé à communiquer, et c'étaient en réalité des guerriers à qui elle avait affaire. Un rapide coup d'œil pouvait lui apprendre que six des combattants étaient plus ou moins liés à Errin. Ils portaient une tenue similaire, avaient une hache presque identique à la ceinture, et leur barbe était nouée de la même façon. Les différences entre eux se situaient au niveau du visage, principalement, où fleurissaient des cicatrices chez l'un, une moustache plus abondante chez l'autre, ou bien des yeux particulièrement noirs chez un troisième. L'un avait même la moitié de l'oreille arrachée, un autre encore le nez brisé, et le dernier avait le crâne entièrement rasé. Leur équipement était de toute évidence de meilleure qualité que celui des trois autres, qui ressemblaient davantage à des mercenaires.

En plus, il fallait dire que dominer d'une tête l'ensemble des autres personnes présentes pouvait paraître troublant. Ça l'était aussi pour les Nains, qui devaient lever la tête pour dévisager la femme elfe, et qui ne paraissaient pas apprécier d'être ainsi dominés. Ils l'examinèrent sans un mot pendant deux ou trois bonnes minutes, avant qu'Errin ne levât la tête. Il poussa ce qui ressemblait à un grognement, et fit un geste du bras. Un geste visiblement très évocateur, car tous les Nains hochèrent la tête, et comme un seul homme partirent rejoindre leur couchette. Ils fermèrent les yeux, et essayèrent de retrouver le sommeil, sans avoir ouvert la bouche une seule fois. Indifférent à ce que pouvait penser la jeune femme de ce moyen de communication qui pouvait paraître étrange, il l'invita du geste à venir s'asseoir à côté de lui. Même ainsi, elle le dominait encore d'une bonne tête. Il n'en fit pas cas, et servit dans une tasse l'eau qu'il venait de faire chauffer :

- Attention, dit-il en lui fourrant le récipient entre les mains.

L'eau n'était pas bouillante, car il ne voulait pas qu'elle se brûlât immédiatement, et il supposait que passer du froid particulièrement violent du Rude Hiver à la chaleur agressive des flammes pouvait la brusquer. Non, il valait mieux qu'elle se réchauffât peu à peu, d'autant qu'il y avait de quoi se faire une deuxième tasse si le cœur lui en disait. Il s'affairait en silence, considérant qu'il n'était pas particulièrement utile de faire la conversation pour ne rien dire, et il finit par se lever pour aller chercher un petit pot dans sa sacoche. Lorsqu'il en retira le couvercle, une odeur immonde se dégagea du produit qui prenait place à l'intérieur. Cela ressemblait à une pâte informe, qui avait la texture et la couleur de la boue. Il tendit le tout à la jeune femme :

- Ça, c'est pour les lèvres gercées, les engelures... Pour tout en fait. Mettez une bonne couche.

Errin ne semblait pas incommodé par l'odeur, mais le tout était particulièrement désagréable, et il fallait une bonne dose de courage pour oser plonger ses doigts à l'intérieur, et encore plus pour s'en mettre dessus. Mais après tout, il appartenait à la visiteuse de décider si elle en avait besoin ou non. Il la laissa faire son choix, s'occupant de cuire un morceau de viande qu'il glissa ensuite sur un morceau de pain. C'était maigre, mais c'était tout ce qu'il avait à offrir. Le pain était dur, la viande était loin d'être tendre en bouche, mais elle avait plus de goût qu'autre chose. C'était probablement la meilleure chose qu'on pouvait trouver à des lieues à la ronde.

Le Nain agissait avec méthode, répétant des gestes qu'il avait dû accomplir des centaines de fois. Il paraissait à l'aise avec la vie de camp, avec les difficultés, avec les privations, et bien qu'il parût usé par le voyage, on lisait encore dans son attitude une certaine noblesse, une certaine sagesse. Au bout d'un moment qui devait paraître une éternité, et quand il fut certain que tous les autres membres de la compagnie dormaient profondément, il se pencha vers l'elfe, et lui murmura à voix basse :

- Maintenant que vous n'êtes plus perdue, et que vous n'êtes plus gelée, vous pourriez pt'être me dire votre nom, et où vous allez comme ça. Parce qu'à mon avis, vous irez pas bien loin avec ce temps. Les tempêtes se sont calmées, mais quand elles vont reprendre, vous risquez de pas en réchapper. Personne ne voyage seul par un temps pareil.

Il parlait sur un ton docte, comme il le faisait d'ordinaire avec les gens qui l'accompagnaient en voyage. Il avait eu l'occasion de traverser des épreuves difficiles, et il savait que beaucoup d'aventuriers sous-estimaient les dangers du temps, les bandits ou les animaux sauvages. S'il y avait bien une leçon qu'il avait retenue, c'était qu'on n'était pas en sécurité tant qu'on n'était pas chez soi. Le vaste monde était rempli de menaces, et il fallait être particulièrement désespéré pour essayer de les affronter seul. Fronçant les sourcils, il attendit les explications de la femme elfe, curieux de savoir pour quelle excellente raison elle avait décidé de prendre la route par ce temps.


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyMer 9 Avr 2014 - 21:54
Le Nain, elle pensait en tous cas que s'en était un car elle le voyait toujours aussi mal à cause de cette neige incessante, resta silencieux quelques instants puis l'invita à entrer.
Elle descendit de Kirzan et fit quelques pas dans sa direction, elle l'entendit se nommer avant qu'il ne fasse demi-tour. L'elfe entra à sa suite et découvrit plusieurs autres nains, Errin lui montra des ânes en lui disant d'accrocher son cheval avec eux, elle savait qu'il ne s'enfuirait pas mais, connaissant le côté malicieux de l'étalon, elle préféra suivre le conseil de son hôte.

En se retournant, Esméralda vit que tous avaient les yeux tournés vers elle, le silence qui pesait ne la dérangeait pas car elle avait appris à l'apprécier durant les trois derniers jours, mais sentir qu'elle était le point de mire de tous ces regards la gênait horriblement.
Elle choisit cependant de ne rien dire, après tout, c'était tout à fait normal, elle leur était étrangère, ils ne la connaissaient pas.
En attendant qu'il se passe quelque chose, elle les regarda tour à tour, Errin était penché vers le feu mais les autre n'arrivaient visiblement pas à la lâcher des yeux, elle remarqua que six d'entre eux avaient plusieurs chose en commun avec le premier qu'elle avait vu, et qui était sûrement le chef de la troupe, des proches peut-être...

Errin fit un geste et les quatorze autres allèrent se coucher, confirmant les doutes d'Esméralda, il était bien le chef du groupe. Il lui fit signe de s’asseoir à côté de lui, elle obéit, il lui donna une tasse d'eau chaude qu'elle accepta avec reconnaissance, elle ferma les yeux quelques instants, laissant la chaleur de la tasse lui réchauffer les mains. Puis, il lui tendit une boîte dégageant une odeur presque irrespirable en lui expliquant son utilité. Elle eut une grimace fugitive mais choisit de s'en mettre, c'était dégoûtant mais efficace.
Ensuite, il lui donna du pain surmonté d'un morceau de viande, elle y mangea doucement en observant ce qui l'entourait.

Alors qu'elle venait de terminer, il se pencha vers elle et lui souffla :
- Maintenant que vous n'êtes plus perdue, et que vous n'êtes plus gelée, vous pourriez pt'être me dire votre nom, et où vous allez comme ça. Parce qu'à mon avis, vous irez pas bien loin avec ce temps. Les tempêtes se sont calmées, mais quand elles vont reprendre, vous risquez de pas en réchapper. Personne ne voyage seul par un temps pareil.

Elle ne répondit pas tout de suite, hésitant un peu de lui parler de sa mémoire perdue, finalement, elle avala une gorgée d'eau chaude et se lança :

- Je m'appelle Esméralda, j'essaie de me rendre dans un lieu habité car je me suis égarée et je ne sais pas trop où je suis, en fait je... je ne sais même pas qui je suis exactement, je ne connais que mon nom.

Sur ces mot, elle baissa la tête et replongea dans son silence, se demandant si elle avait bien fait...
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptySam 12 Avr 2014 - 0:17
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Errin ne savait trop que penser de l'elfe à ses côtés, et il la regarda longuement, sans qu'aucune émotion ne fût lisible sur son visage aux traits taillés à la hache. A part ses sourcils froncés, rien ne paraissait bouger sur ce faciès aussi chaleureux qu'un roc, et seule la respiration profonde et régulière indiquait qu'il s'agissait là d'un être de chair et de sang, et pas d'une statue. Il avait déjà rencontré des elfes, au cours de ses voyages, ce qui était relativement rare parmi les siens. Les membres de son clan ne sortaient pas souvent des cités de pierre bâties par leurs ancêtres, préférant le confort des royaumes du peuple de Durin aux autres paysages d'Arda qui leur paraissaient agressifs et dangereux. Pourtant, c'étaient là que se plaisaient à vivre les Premiers Nés, qui lui avaient paru bien étrange la première fois qu'il en avait rencontrés. Il en avait dégagé deux types : ceux qui avaient l'air perpétuellement joyeux, et ceux qui avaient l'air perpétuellement graves. Pour l'instant, il lui semblait que la femme qu'il avait en face de lui appartenait à la seconde catégorie, ce qui ne le renseignait que peu sur la conduite à tenir.

Il trouvait les elfes proprement insupportables, quelle que fût la catégorie ils appartenaient. Les premiers paraissaient insensibles à tout ce qui se trouvait autour d'eux, et ils gambadaient gaiement, quand bien même l'heure était au sérieux. Ils parlaient de musique, de fleurs et chantaient des mélodies issues de leur imagination farfelue pour dire tout et n'importe quoi. Les autres, un peu moins bruyants, étaient souvent hautains et condescendants, jugeant tout ce qui n'avait pas d'oreilles pointues inférieur à eux-mêmes. Inutile de préciser qu'ils ne portaient pas les Nains dans leur cœur, et que la réciproque était vraie. Errin, toutefois, n'avait jamais vu d'Eldar aussi triste dans son attitude, et pourtant aussi disposé à communiquer - pourtant, ils n'avaient échangé que quelques mots.

Avec beaucoup de sincérité, l'elfe - qui avait déclaré s'appeler Esméralda - lui avait expliqué la raison de sa présence en ces lieux. Et ses paroles n'avaient pas rassuré le guerrier Naugrim, bien au contraire. Une elfe qui ne savait pas qui elle était ? Il n'avait jamais entendu parler d'une telle drôlerie, et il ne comprenait pas exactement de quoi elle voulait parler. Etait-ce une formule alambiquée pour dire qu'elle ignorait quelque chose sur elle-même ? Une façon trop subtile de dire qu'elle s'interrogeait sur un point précis de son existence - cela devait arriver fréquemment, chez des êtres doués d'une telle longévité -, et qu'elle peinait à trouver la réponse ? Errin aurait voulu croire à cette version, mais Esméralda enfonça le clou en lui avouant qu'elle ne connaissait que son propre nom.

Le Nain émit un grognement indéchiffrable, paraissant considérer le poids de ces révélations. Il avait déjà entendu parler de personnes qui oubliaient des choses, par exemple à la suite d'un choc à la tête. Certains des siens travaillaient dans les mines, ou creusaient des tunnels. Une pierre qui leur frappait sur le coin de la tête, et ils étaient quittes pour rester au lit quelques jours, avec une jolie bosse, l'impossibilité de manger des aliments solides, et des trous de mémoire. On se moquait d'eux, le plus souvent, en leur mentant sur ce qu'ils avaient fait, pour leur faire peur. Et quand la mémoire leur revenait - très rapidement, d'après ce qu'Errin avait pu constater -, ils riaient de bon cœur avec leurs frères, et repartaient au travail en se promettant de mettre un casque plus solide.

Mais l'elfe ne semblait pas travailler dans la mine, ou dans un quelconque endroit où on pouvait trouver des pierres tombant du plafond. En outre, elle n'avait pas de bosse visible, ni aucune marque indiquant qu'elle avait été frappée à la tête. Du moins... aucune marque que le Nain pût observer à première vue. Mais sous cette masse de cheveux roux en bataille, décoiffés par les rudes conditions de voyage, il pouvait très bien se cacher une cicatrice, une trace, un indice expliquant pourquoi elle ne se souvenait de rien. En tout cas, coup sur la tête ou non, elle ne paraissait pas folle ou dérangée, et elle raisonnait encore logiquement. Son objectif principal était de se rendre dans un lieu habité, probablement pour y reprendre des forces, et pour s'y préparer à un long voyage. Toutefois, cette belle résolution se heurtait à un obstacle de taille : la dure et froide réalité, que le Nain se chargea de lui rappeler :

- Des lieux habités, dans le coin, on n'en trouve pas des masses. Il y avait bien quelques villages, mais avec l'hiver... Pour tout vous dire, nous sommes pas très loin au Nord de la Celduin... si ça vous évoque quelque chose... Les elfes les plus proches d'ici se trouvent à bien dix ou quinze jours de marche, droit vers l'Ouest, dans la Forêt Noire. Vous arriverez à Esgaroth avant, m'est avis, mais c'est pas une promenade de santé, je vous l'dis.

Il lui lançait des noms un peu au hasard, pour voir si l'un d'entre eux provoquait une réaction chez la jeune femme. Il se demandait si, en entendant un toponyme familier, elle n'allait pas soudainement se rappeler d'où elle venait, et plus important présentement : quelle était sa destination. Mais si cela lui disait quelque chose, elle le gardait pour elle-même, plongeant un peu plus Errin dans le désarroi. D'un côté, il n'était pas véritablement concerné par la vie de cette inconnue, et il avait une mission à accomplir. Les vivres qu'ils transportaient étaient vitaux pour la survie de son peuple, et il n'avait pas le droit de s'embarquer - et pis encore, d'embarquer sa compagnie - dans un détour de près d'un mois pour aider une seule elfe, fût-elle en grand danger. D'un autre côté, il pouvait difficilement dire à une personne perdue et visiblement désorientée au-delà de l'aspect géographique, de se jeter pendant quinze jours dans les griffes d'un hiver auquel elle ne survivrait même pas.

Ses options étaient restreintes, et la jeune femme ne semblait pas en mesure de rejoindre un seul lieu habité pour l'instant. Il essaya de chercher une solution, mais il n'en avait qu'une seule en tête, et elle ne le réjouissait guère. Mais avait-il vraiment le choix ? Pouvait-il lui refuser l'asile alors qu'elle était en grande difficulté, simplement parce que les siens étaient des gens secrets ? Décemment, non, et même si on devait lui en tenir rigueur par après, il ne pouvait pas se déshonorer ainsi. S'adressant à l'elfe qui attendait qu'il continuât, il lança d'un ton sec :

- Il y a bien les Monts du Fer, mais...

Son hésitation était perceptible, et il fallait l'attribuer à plusieurs facteurs qui n'avaient pas forcément de lien entre eux. Premièrement, il n'était pas particulièrement heureux de devoir s'encombrer d'une inconnue qui pouvait tout aussi bien l'espionner et le trahir pour mieux leur voler leur nourriture. Actuellement, on ne pouvait pas se fier naturellement aux gens que l'on rencontrait pour la première fois, et il fallait une bonne dose de folie pour oser proposer l'hospitalité à autrui. Deuxièmement, Errin savait que les siens n'accepteraient pas la présence de l'elfe. Il pensait naturellement à ses compagnons de voyage, qui verraient d'un très mauvais œil de révéler à une étrangère les secrets du peuple de Durin, mais également à tous ses compatriotes restés à l'abri des contreforts rocheux, qui risquaient de faire des histoires à la pauvre âme errante. Ils n'étaient pas mauvais au sens où les Hommes pouvaient l'entendre, mais ils n'étaient pas non plus particulièrement bons, et les convaincre risquait de s'avérer être un défi de taille. Enfin, il y avait la question de l'hiver qui n'en finissait pas. Il voulait simplement proposer à l'elfe de faire halte dans les montagnes, pour se requinquer, et ensuite lui indiquer la route à suivre. Mais si la neige ne cessait jamais de tomber, si le sol demeurait blanc pour des siècles... pourrait-on accepter qu'une bouche non-naine vînt peser sur leurs rations ?

Les esprits tendaient à se fermer en période de trouble, et on n'était généreux que lorsqu'on en avait les moyens. Leurs cousins d'Erebor en savaient quelque chose, eux qui s'enrichissaient ostensiblement, qui déversaient leur or sur les régions alentours, mais qui laissaient l'antique royaume des Monts du Fer à l'agonie. Tous ne partageaient pas la vision d'Errin, mais lui et sa famille ressentaient un certain mépris pour les autres royaumes Nains, qui fédéraient les armées quand la guerre était à leurs portes, mais qui étaient beaucoup plus réticents à ouvrir leurs trésors à leurs frères. Il fronça ses sourcils épais et broussailleux, écartant ces pensées de son esprit pour se focaliser sur l'instant présent. Penser à Erebor le mettait de mauvais poil, et il était déjà suffisamment remonté comme cela :

- C'est votre seule chance, en vérité. Zulg-ai-Gathol est toute proche, et il n'y a personne dans les environs qui pourrait vous conduire en sécurité à la Forêt Noire. Mais je dois vous prévenir, on ne vous accueillera pas à bras ouverts. Si on accepte de vous laisser rentrer, aucun mal ne vous sera fait, mais... il faut déjà réussir à rentrer.

Il laissa planer le danger qui accompagnait ses dernières paroles. Implicitement, il signifiait à la jeune femme qu'on pourrait la laisser dehors, dans le froid, seule, si jamais elle n'avait pas ce qu'il fallait pour franchir les portes. En même temps, en cas de succès, elle trouverait l'abri le plus sûr à des lieues à la ronde. Errin poussa sur ses cuisses pour se lever, pour aller réveiller la relève, tout en grognant :

- Prenez la nuit pour réfléchir. Et essayez de vous reposer.

Sur ces mots, il alla s'emmitoufler dans sa couverture, laissant à un de ses compagnons le soin de surveiller les alentours. Il ferma les yeux, et bientôt se mit à ronfler doucement, à l'instar de ses compagnons. La douce chaleur du feu se révélait particulièrement soporifique, et il était difficile de rester éveillé bien longtemps, d'autant que la nuit au dehors était noire, le ciel d'encre, et la Lune invisible.


~~~~


Le lendemain matin, Esméralda fut réveillée par une main courte mais puissante qui lui secouait l'épaule vigoureusement pour la tirer de ses rêveries. Les Nains étaient tous déjà debout, occupés à siroter une tasse d'eau chaude près des restes du feu. Les ânes étaient progressivement sortis pour reformer une colonne convenable, et il fallait désormais réveiller la jeune femme pour la préparer au départ. Errin lui tendit un bol d'eau fraîche - pour d'éventuelles ablutions -, et une tasse brûlante, pour se réchauffer. Il ne souriait pas plus que la veille, mais il paraissait un peu moins tendu, un peu plus à l'aise. Allant chercher un quignon de pain dans sa sacoche, il le tendit à la jeune femme en s'excusant de ne rien pouvoir y ajouter, avant de lâcher :

- Alors, avez-vous pris votre décision ? Voulez-vous tenter votre chance avec nous ?

#Errin #Esméralda


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyLun 14 Avr 2014 - 18:33
Le nain ne répondit pas tout de suite, laissant le silence s’éterniser avant de reprendre la parole :
- Des lieux habités, dans le coin, on n'en trouve pas des masses. Il y avait bien quelques villages, mais avec l'hiver... Pour tout vous dire, nous sommes pas très loin au Nord de la Celduin... si ça vous évoque quelque chose... Les elfes les plus proches d'ici se trouvent à bien dix ou quinze jours de marche, droit vers l'Ouest, dans la Forêt Noire. Vous arriverez à Esgaroth avant, m'est avis, mais c'est pas une promenade de santé, je vous l'dis.

Esméralda l’écouta attentivement en gardant le silence, tous ces noms ne lui disaient rien, elle eu un frisson en apprenant que la Forêt Noire était aussi loin, elle commençait déjà à se demander comment elle allait faire quand il reprit la parole :
- Il y a bien les Monts du Fer, mais...

Il laissa sa phrase en suspend avant de reprendre :
- C'est votre seule chance, en vérité. Zulg-ai-Gathol est toute proche, et il n'y a personne dans les environs qui pourrait vous conduire en sécurité à la Forêt Noire. Mais je dois vous prévenir, on ne vous accueillera pas à bras ouverts. Si on accepte de vous laisser rentrer, aucun mal ne vous sera fait, mais... il faut déjà réussir à rentrer.

Il faut déjà réussir à rentrer… tout le monde est si méfiant. En même temps avec un hiver pareil, je peux le comprendre. Perdue dans ses pensées, elle entendit à peine sa dernière phrase lui conseillant de réfléchir et de se reposer.

Esméralda resta devant le feu quelques instants puis se leva et alla voir son cheval, s’attirant au passage le regard méfiant du nain qui montait la garde. Elle caressa le pelage noir de l’étalon en réfléchissant, la proposition d’Errin était la seule qui pouvait lui permettre de trouver sa route, de Zulg-ai-Gathol, elle pourrait sûrement rejoindre la Forêt Noire et son peuple, là-bas peut-être que quelqu’un saurait lui dire qui elle était. Elle poussa un soupir de découragement et alla s’allonger, mais elle ne réussit à se calmer qu’une bonne demi-heure plus tard.

***

Le lendemain, elle fut réveillée par Errin qui lui secouait l’épaule, il lui donna un bol d’eau froide, une tasse d’eau brûlante et un morceau de pain puis lui demanda si elle avait choisi de les accompagner.
-Oui, j’aimerais vous accompagner, j’espère juste que je ne vous dérangerais pas trop. Déclara t-elle avant de boire l’eau chaude qu’il lui avait donné.

Après ça, elle se releva et détacha Kirzan qui avait l’air d’être en pleine forme après cette nuit passée à l’abri du vent et de la neige. Esméralda le fit sortir et les regarda se préparer au départ.

Je me demande comment va se passer ce voyage, le seul qui tolère ma présence, c'est Errin, les autres m'acceptent parce qu'il le respectent et lui obéissent, c'est tout. Songea t-elle tristement.
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Ryad Assad
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyJeu 17 Avr 2014 - 15:15
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La décision de la jeune femme de les accompagner eut autant d'effet sur Errin que si on lui avait dit qu'un Gobelin s'était tordu la cheville. Non pas qu'il s'en fichât complètement, car la sécurité des membres de la compagnie lui importait, et il était de son devoir de veiller à ce que tout le monde rentrât en vie, mais il n'était pas particulièrement heureux ou triste de savoir que l'elfe allait les accompagner. En fait, il était convaincu depuis la veille au soir, depuis leur conversation, qu'elle allait les rejoindre. Elle n'était pas bien épaisse, pas assez couverte pour affronter les terribles chutes de neige qui s'abattaient sur la région, et pas assez consciente des dangers des environs pour s'aventurer seule sur une piste bien maigre. Rester avec les seuls êtres qui pour l'heure n'essayaient pas de la tuer était probablement la chose la plus sage à faire.

Le Nain hocha pesamment la tête, avant de s'éloigner en direction des ânes et des guerriers qui se reprenaient leurs positions au sein de la colonne. Les cinq marchands s'étaient placés au centre, avec les bêtes qui transportaient les précieuses marchandises. Les dix hommes d'armes, quant à eux, avaient pris place tout autour du groupe, formant une protection efficace dans toute les directions. De toute évidence, ils avaient l'habitude de ce genre de manœuvres, car Errin n'avait pas eu à donner la moindre consigne pour obtenir ce résultat. Le cheval d'Esméralda avait été positionné logiquement au milieu du cercle, aux côtés des autres quadrupèdes, et les Naugrim s'écartèrent pour la laisser prendre place au milieu du cercle, là où elle serait mieux protégée. Ce n'était pas une précaution inutile, car la jeune femme ne portait rien qui ressemblait à une armure, et il aurait été insensé de l'exposer à un loup, ou bien à un ours, comme on en trouvait parfois dans les environs. Une morsure hasardeuse pouvait faire des ravages sur un bras ou une jambe non bardée de fer, et ils n'avaient ni les moyens ni le temps de s'occuper d'une blessure sérieuse.

Une fois qu'ils eurent vérifié qu'ils n'avaient rien oublié dans la demeure où ils avaient passé la nuit, ils baissèrent la tête, relevèrent leurs cols chauds et épais, et s'élancèrent à l'assaut de la couche neigeuse. Si Esméralda avançait sur le blanc manteau comme s'il s'agissait d'un sable immaculé, les quinze Naugrim s'y enfonçaient lourdement, et devaient se battre à chaque foulée contre les éléments qui se dressaient devant eux. Ils allaient péniblement, trébuchaient, s'appuyaient lourdement sur leurs armes qui leur servaient de bâtons de marche, autant que de sondes pour détecter d'éventuelles crevasses. Chaque pas était un véritable calvaire, chaque mètre gagné une précieuse victoire. Ils progressaient machinalement, et ils avaient si froid que leurs corps semblaient ne plus ressentir la douleur ou la fatigue. Le mouvement les maintenait en vie, mais s'ils arrêtaient de bouger, il y avait fort à parier qu'ils allaient mourir dans les dix minutes.

Toutefois, c'était un sort au moins aussi difficile que celui de la jeune femme, qui était exposée aux bourrasques irrégulières et malveillantes d'un vent mordant et glacial. Il projetait des particules glacées qui fouettaient le visage avec méchanceté, et allait tourbillonnant, menaçant à chaque fois de la déstabiliser. En outre, il fallait dire que la poudreuse n'était pas un sol particulièrement stable, et que dès lorsqu'ils attaquaient une pente ascendante ou descendante, elle pouvait sentir la couche neigeuse se dérober sous ses pieds, glisser légèrement vers l'avant ou vers l'arrière. Le risque de chute était grand, et heureusement que les bêtes étaient là pour s'y accrocher de temps en temps.

Dans un tel environnement, un concert de hurlements trop aigus pour être compris par les oreilles d'êtres de chair et de sang, un froid à faire geler le sang à l'intérieur des veines, qui rendait la moindre gifle, la moindre éraflure incroyablement douloureuse, il était impossible de converser, de discuter, ou même de penser sereinement. Errin, en tête de colonne, essayait de se concentrer sur une seule pensée : tenir, et continuer à tirer sa compagnie de l'avant. Par l'exemple, il les poussait à se dépasser, à avancer malgré la douleur dans leurs jambes ankylosées, malgré la faim et la soif, malgré leurs lèvres gercées et leurs doigts raidis. Il pensait à un bon feu, à un bon repas, et aux conséquences pour les siens si sa compagnie échouait dans sa mission. Des centaines de personnes attendaient leur retour, et espéraient avec angoisse que les marchands allaient ramener de quoi faire subsister les Nains des Monts du Fer quelques jours encore, en attendant une amélioration.

Les heures passées dans la tempête semblaient incroyablement longues, et elles défilèrent à une lenteur affligeante. Ils n'avaient même pas vraiment conscience du temps qui passait, car le soleil était caché par des nuages d'un gris opaque qui ne leur laissaient pas voir la position de l'astre du jour. Tout au plus pouvaient-ils déterminer qu'il ne faisait pas encore nuit, et qu'ils pouvaient continuer à avancer. Une information bien maigre, qui n'aidait pas à remonter leur moral. Ils auraient tout aussi bien pu avancer depuis à peine une heure... qui pouvait le dire ? Errin, toutefois, essayait de se montrer sûr de lui pour maintenir la cohésion, et il avançait sans se retourner, sans jamais demander l'avis de personne, convaincu que tant qu'il garderait le nez vers l'horizon, ses hommes y verraient leur destination. En réalité, il était aussi épuisé qu'eux, en proie à une lassitude sans nom. Mais il ne pouvait le leur montrer, et son visage ne trahissait en rien ses émotions.

Il fit marcher ses compagnons toute la journée sans s'arrêter. Ils auraient pu profiter d'une pause bienvenue à la midi, mais le vent s'était légèrement calmé, et Errin en profita pour leur ordonner de forcer l'allure afin de gagner du terrain sur la tempête pendant qu'ils le pouvaient. C'était un effort colossal, voire même impossible pour certains, mais le groupe transcendait l'individu, et tous étaient capables de surmonter leur faiblesse personnelle, portés par l'émulsion et la ferveur de leurs voisins. En fin de journée, alors que les ombres commençaient à s'étirer progressivement, le vent retomba complètement, et les hommes y virent un bon présage. En effet, dans ces circonstances, comment leur reprocher de s'accrocher au moindre signe encourageant ? Pour combattre la fatigue nerveuse, ils se mirent à fredonner des chansons Naines dans leur langue natale, afin de se donner du courage.

Ils chantaient si bas et si vite qu'il était impossible à l'elfe de comprendre le moindre mot  - en effet, jamais les Nains ne se seraient laissés aller à parler librement leur langue devant une étrangère -, mais elle pouvait percevoir l'air entraînant quoique grave, et la mélodie relativement harmonieuse de ces voix viriles et fières qui chantaient pour célébrer leur retour. Elle ne captait peut-être pas les mots, mais elle captait l'essentiel : la chaleur et la puissance de ce chant qui redonnait du baume au cœur, et permettait à ces hommes de forcer l'allure et d'affronter la nuit qui tombait progressivement pour gagner encore du terrain avant la journée du lendemain. Tout ce qui était fait présentement ne serait plus à faire par la suite.

Toutefois, alors qu'ils allaient comme une joyeuse compagnie, pleine d'insouciance et de gaieté, des rires moqueurs se firent entendre au loin, suivis par des hurlements effrayants, repris en écho tout autour d'eux. Les Nains cessèrent immédiatement de chanter, et la colonne s'immobilisa en un instant. Le changement d'atmosphère était radical, et les guerriers se mirent à observer autour d'eux, l'air soucieux. Errin lui-même paraissait réfléchir intensément à une solution, sans rien trouver de probant. Les guerriers se mirent à grogner, et à faire des gestes agités. Des gestes qui semblaient avoir une signification particulière entre eux, car ils commencèrent à se regrouper vers le cœur de la formation, en un losage censé leur offrir une protection optimale face à tout ce qui pouvait les menacer. Ils firent silence, tandis que les marchands et Esméralda essayaient de calmer les ânes anxieux. Soudain, des chants leurs parvinrent :

"Crac, Croc, tranche traque et croque
Les petits chevaux qui sentent le jambon
Crac, Croc, hanche craque et troque
Les vilains petits Nains, qui ont l'air si bons."


Les voix qui les portaient étaient nasillardes, et on décelait dans leurs rires toute la malveillance qui les habitait. Le vent ne permettait pas de déterminer leur origine exacte, et il semblait qu'elles venaient de partout à la fois, tout autour d'eux, reprises en écho par des centaines de bouches qui les auraient encerclées. Un vent de panique commença à passer au milieu du groupe, mais Errin continua à rassurer ses hommes en levant sa hache à hauteur d'épaule. Comme Esméralda ne comprenait pas cette communication non verbale particulière aux Naugrim, il se retourna vers elle à demi, et souffla :

- Ce sont des gobelins... Restez près des montures, et baissez-vous.

Toutefois, avant même que la jeune femme eût le temps de s'exécuter, des chants reprirent, à la fois surpris et moqueurs, sans être moins menaçants :

"Une elfe ? ho ! ha ! Tire ses cheveux,
Coupe les oreilles, et perce les yeux
Mange les doigts, et donne m'en deux
Mais ne la tue pas, c'est elle qu'Il veut."


C'était trop tard, et Errin fronça ses épais sourcils. Les Gobelins et les Nains entretenaient une relation de rivalité particulière, car ils s'affrontaient pour les mêmes territoires. Les mines et les tunnels qui parcouraient les Monts du Fer étaient le théâtre d'affrontements réguliers entre les Naugrim et ces pathétiques créatures. Jusqu'à présent, les gardes avaient réussi à repousser ces être maléfiques hors des zones habitées, mais elles avaient toutefois repris plusieurs salles qui appartenaient jadis au puissant royaume nain. Les enfants d'Aulë avaient dû faire le deuil de leurs précieuses salles à l'architecture raffinée, et ils avaient dû se replier et se regrouper pour éviter d'être complètement chassés. Leurs bastions tenaient encore bon, mais le Rude Hiver avait affaibli considérablement les deux camps, et les Gobelins s'étaient enhardis, poussés par la faim. La situation était difficile, et si des avant-gardes parcouraient les plaines si près des portes Naines, c'était qu'ils prenaient peu à peu l'avantage, et que les Naugrim n'étaient plus en mesure d'assurer la sécurité au-delà de leurs portes.

Mais pour l'heure, Errin était très loin de toutes ces considérations. Leur cargaison était précieuse, et il y avait fort à parier que l'odeur avait attiré ces traqueurs impitoyables jusqu'ici. Ils ne lâcheraient pas l'affaire avant d'avoir réussi à s'emparer du précieux butin. Parlant à tous, et en commun, pour permettre à l'elfe de comprendre, le chef de la compagnie grogna :

- Ils ne nous ont pas encore attaqués, peut-être parce qu'ils ne sont pas aussi nombreux que nous le pensons. S'ils avaient vraiment eu l'avantage, ils n'auraient pas perdu de temps à nous prévenir...

En vérité, Errin n'en savait rien. Il se pouvait tout aussi bien qu'ils jouassent avec eux, les asticotant pour mieux savourer leur victoire. Mais pour l'heure, ce qui importait le plus, c'était de réussir à motiver les troupes, à leur insuffler un espoir auquel se raccrocher. Et cela fonctionnait plutôt bien, pour l'instant. Il y eut quelques hochements de tête, et le visage de chacun se fit plus déterminé qu'auparavant. Après tout, ils n'avaient pas le choix. Ils devaient faire front ensemble, ou bien ils mourraient tous. Leurs options étaient limitées. Reprenant d'une voix forte, Errin lança :

- Nous allons continuer notre route, malgré la nuit et le froid. Avec un peu de chance, ils seront aussi déstabilisés que nous, et ils auront du mal à nous suivre. Surtout, personne ne s'arrête !

L'ordre était clair. Ceux qui resteraient derrière mourraient, tués par le climat ou par les poignards acérés de leurs poursuivants. La compagnie, comme un seul homme, se mit en route avec une ardeur renouvelée. Esméralda se tenait au milieu, en compagnie des marchands Nains, tandis que les dix guerriers les encadraient pour parer à toute éventualité. Errin se tourna vers la jeune femme, et lui demanda de but en blanc :

- Avez-vous de quoi vous défendre ? J'ai bien peur que nous ne puissions éviter longtemps l'affrontement...

A peine eût-il prononcé ces mots que l'appel d'un cor retentit dans la nuit. Les Gobelins appelaient des renforts, et lançaient la chasse. Les Nains se regardèrent une fraction de seconde, avant de se mettre à trotter. La prudence n'était plus de mise, et il fallait simplement gagner cette course contre la mort. Ne pas s'arrêter, ne pas tomber, et ne pas regarder en arrière. Derrière eux, la horde commençait à dévaler les collines de neige, et les premières flèches sifflaient dans les airs, retombant loin d'eux à cause du vent tourbillonnant. S'ils pouvaient maintenir l'allure jusqu'au lever du jour, ils seraient sauvés. Théoriquement...


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptySam 19 Avr 2014 - 9:55
Ils s’étaient enfin mis en marche, Esméralda n’avait pas spécialement envie de repartir mais son étalon trépignait d’impatience et le départ fut donc un grand soulagement pour elle. Ils avaient été placés au centre du cercle formé par Errin et neuf nains avec les ânes et les cinq autres nains.

Elle remarqua très vite que contrairement aux autres, elle ne s’enfonçait pas dans la neige ce qui lui permettait d’avancer un peu plus vite. En revanche, le vent glacial la touchait plus et la surface de la neige était beaucoup plus glissante, elle manqua d’ailleurs de tomber en plusieurs fois, ne retrouvant son équilibre que grâce aux ânes et à son cheval.

Ils avancèrent longtemps, le vent ne semblait pas vouloir s’arrêter. Pourtant, aux environs de midi, il se calma un peu, leur permettant d’accélérer, puis, à la fin de la journée, il s’arrêta totalement.

Les nains autour d’elle se mirent à chanter une mélodie dans une langue qu’elle ne connaissait pas. La chanson était douce, pleine de sentiments, ils chantaient avec leur cœur, l’air venait du plus profond d’eux-mêmes. Elle le sentait. Mais alors qu’elle laissait ses membres se détendre un peu en les écoutant, des cris se firent entendre, ils stoppèrent et les ânes se mirent à paniquer, aidée des cinq nains restés au centre de la formation Esméralda s’employa à les apaiser. Alors que les premiers commençaient à se calmer, une chanson se fit entendre.

"Crac, Croc, tranche traque et croque
Les petits chevaux qui sentent le jambon
Crac, Croc, hanche craque et troque
Les vilains petits Nains, qui ont l'air si bons."

Elle fut prise de frissons qu’elle n’arrivait pas à s’expliquer. Elle fut comme absente pendant quelques instants, jusqu'à ce qu’Errin se tourne vers elle en lui murmurant :
- Ce sont des gobelins... Restez près des montures, et baissez-vous.

Elle allait lui obéir quand une autre chanson s’éleva, la faisant s’arrêter.

"Une elfe ? ho ! ha ! Tire ses cheveux,
Coupe les oreilles, et perce les yeux
Mange les doigts, et donne m'en deux
Mais ne la tue pas, c'est elle qu'Il veut."

"Il" ? Qui est-ce ? Un gobelin ? Si oui, pourquoi me veut-il ? Non, ils doivent se tromper de personne… si c’est bien moi qu’ils cherchent… qui suis-je pour eux ? Qui suis-je ?

Pendant que toutes ces pensées tournaient dans sa tête, ils s’étaient remis en marche, elle les avait suivi machinalement. Et, une fois de plus, ce fut Errin qui la sortit de sa léthargie en s’adressant à elle.
- Avez-vous de quoi vous défendre ? J'ai bien peur que nous ne puissions éviter longtemps l'affrontement...

Esméralda songea à ses poignards mais n’eut pas le temps de répondre car le son d’un cor retentit, ils accélérèrent le pas pour essayer d’échapper à leurs poursuivants. Elle entendit des sifflements et sans se retourner elle devina, sans trop savoir comment, qu’il s’agissait de flèches. Heureusement, le vent s’était remis à souffler et à première vue, aucune n'avait réussi à les atteindre.

Elle jeta un regard derrière elle et vit avec horreur qu’ils se rapprochaient dangereusement. Errin avait raison, ils ne pourraient pas éviter l’affrontement. Elle se rendit compte qu’elle ne savait même pas si elle s’était déjà battue ou si elle savait se battre, car, depuis le début de son amnésie elle n’avait pas eut l’occasion de le faire. Elle lança un regard à Kirzan, il ne paniquait pas comme les ânes mais était visiblement inquiet.

Ce n'est pas la première fois que ça nous arrive, comprit-elle, sinon, il serait sûrement dans le même état que les ânes.
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Ryad Assad
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyJeu 24 Avr 2014 - 11:45
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Trente gobelins. Voilà ce qui dévalait les dunes de glace qui constituaient pour l'heure le paysage qui les entourait. Trente gobelins assoiffés de sang et de viande, qui couraient l'arme au poing en hululant des cris guerriers gutturaux dont le sens échappait aux Nains et à l'elfe. Ils allaient voûtés, s'aidant de leurs mains pour ne pas tomber. Leur corps hideux était recouvert de ce qui avait dû être un jour une armure, mais qui aujourd'hui ressemblait à des lambeaux de plaques d'acier. Certains portaient un casque conçu pour être effrayant, tandis que les autres, tête nue, offraient au monde le spectacle désolant de leur visage mutilé. Aucun ne pouvait se targuer de ne pas avoir de cicatrices, et certains les collectionnaient de manière stupéfiante. Celui-ci avait presque perdu la moitié gauche du visage, emportée par les flammes de toute évidence. Son oeil avait disparu, ainsi qu'une bonne partie de son sourire, révélant ses crocs immenses qui paraissaient briller à la lueur de la lune. Les autres n'étaient pas en reste, et les yeux immenses et globuleux, conçus pour voir dans la nuit, paraissaient luire par instant, lançant des reflets verts terrifiants.

Les Nains couraient à en perdre haleine, essayant de maintenir un rythme régulier pour ne pas s'écrouler de fatigue sur-le-champ. Il restait encore plusieurs heures avant le point du jour, et bien qu'ils gagnassent de précieux mètres, ils n'étaient pas certains de parvenir jusqu'à une terre amie avant d'être rattrapés par les gobelins. Ils devaient donc garder des forces si affrontement il y avait lieu. Errin, qui menait la compagnie de la voix et du geste, les entraînait toujours plus loin vers le Nord, à la rencontre des éléments déchaînés qui semblaient ne pas vouloir se calmer. Au contraire, le vent semblait souffler de plus en plus fort, et le froid paraissait de plus en plus mordant. Il pénétrait dans leurs poumons à chaque inspiration, lames de rasoir dans leurs gorges douloureuses.

En tête, Errin pouvait se permettre de jeter de fréquents regards en arrière, et ce qu'il voyait n'était pas particulièrement réjouissant. Les gobelins qui les suivaient étaient malades et affamés, cela se voyait à leurs corps décharné, à leur mine hagarde, et à leur souffle court. Toutefois, les conséquences de cet état de fait étaient doubles : une bonne moitié de ces créatures étaient à la traîne, épuisées et incapables de tenir le rythme. Les Nains n'allaient pas beaucoup plus vite, mais il semblait que ces créatures de la nuit supportaient assez mal le vent tourbillonnant, le froid ambiant, et souffraient d'une faim inassouvie. Les autres, en revanche, puisaient dans leurs privations une force insoupçonnée qui paraissait leur donner des ailes. Ils sautaient par-dessus les obstacles, retournaient la neige comme si elle ne les freinait pas le moins du monde, et continuaient à gagner du terrain inlassablement.

Les Nains, toutefois, formaient une race endurante, dure au mal, et difficile à briser. En dépit de la difficulté énorme, ils continuèrent à avancer sans jamais faiblir. Errin aurait pu leur demander de se retourner et de faire face, mais il lui semblait que plus ils progressaient, plus leurs ennemis se disloquaient. Au bout de deux heures, qui leur parurent pourtant une éternité, ils avaient perdu la trace des quinze gobelins de queue, qui avaient décroché de la poursuite depuis longtemps. Ils avaient été avalés par la tempête de neige qui s'était levée, et qui ne facilitait la tâche d'aucun des deux groupes. Si courir avait été possible au début, ils s'étaient tous remis au pas désormais, avançant avec l'énergie du désespoir, levant la tête à chaque petit promontoire dans l'attente de voir enfin se dessiner les contreforts rocheux des Monts du Fer, leur refuge.

Mais les gobelins n'étaient pas connus pour lâcher facilement leur proie, une fois qu'ils la traquaient. Tant que la nuit régnait, ils étaient dans leur domaine, et ils continueraient à lutter contre la souffrance, certains que ce convoi serait capable de les rassasier.  Et ils avaient raison ! Il y avait assez de vivres sur les ânes pour permettre à cette horde sauvage de reprendre des forces, afin de perpétrer de nouveaux pillages. Une raison supplémentaire pour ne pas tolérer que les vivres fussent abandonnés sans combattre. Et combat, il devait y avoir, car la situation paraissait ne pas pouvoir se résoudre pacifiquement. Dans l'enfer gelé où ils se trouvaient, seules les armes semblaient avoir la parole.

- Halte ! Tonna Errin soudainement, d'une voix où perçait l'épuisement. Aux armes, Khazad ! Aux armes !

Le Nain n'était pas le chef pour rien, et il avait choisi habilement le lieu du combat. Il avait analysé la situation sous tous les angles, poussé sa compagnie au-delà de ses limites en espérant faire craquer les gobelins, avant de finalement se décider à trouver un endroit approprié pour livrer bataille. Son choix s'était porté sur une petite colline qui avait paru stable sous son pied, à savoir qu'elle ne risquait pas de s'effondrer sous leur poids. Cela avait été primordial selon lui, car il fallait mettre un maximum de chances de leur côté s'ils voulaient s'en sortir. Redescendant le long de la colonne, il tira les ânes au sommet du promontoire, et les disposa en cercle, pour qu'ils ne soient pas tentés de fuir sur-le-champ. Pendant ce temps, ses compagnons s'étaient emparés de leurs instruments de mort, parés à les faire entrer en action. Certains portaient des épées, d'autres des dagues, mais les membres de la famille d'Errin avaient tous dégainé des haches imposantes, similaires dans leur forme, marque d'appartenance à une famille, de toute évidence.

Errin se débarrassa de son sac à dos, qu'il jeta dans la neige aux pieds des animaux, et fit jouer ses épaules pour se détendre quelque peu, tout en observant les gobelins approcher. En les voyant s'arrêter, les créatures avaient d'abord ralenti, craignant d'être arrosées de traits, mais comme aucune flèche ne siffla à leurs oreilles, elles accélérèrent l'allure, satisfaites de pouvoir enfin livrer bataille. Les Nains se mirent alors à grogner, à gronder, comme pour impressionner leurs adversaires qui pourtant se trouvaient relativement loin. En fait, c'étaient surtout les sept nains habillés de manière identique, la famille d'Errin, qui paraissaient changer de comportement à vue d'œil. Celui-ci se frappa la poitrine et poussa un rugissement de rage et de défi aux gobelins qui ne ralentirent pas l'allure pour autant. Ses six compagnons firent tourner leurs armes dans leurs mains, attendant avec une impatience à peine dissimulée l'impact inévitable. Et puis celui-ci vint.

Les gobelins, Esméralda pouvait le voir de près, n'étaient pas tous des créatures chétives et pathétiques comme on aimait à les décrire. Ceux qui constituaient l'avant-garde étaient trapus et puissants, courts sur pattes, mais dotés d'une vélocité incroyable. Ils se propulsèrent en l'air, et fondirent sur les Nains avec une sauvagerie inhumaine, en poussant des cris effroyables. Le fer rencontra le fer quand les haches découpèrent les plaques d'armures de ces créatures, quand les lames rouillées et mal entretenues vinrent riper contre les cottes de mailles et les hauberts. Deux Naugrim succombèrent dès le premier assaut : deux des Nains mercenaires, qui paraissaient moins préparés que la famille de Errin. Celui-ci, d'ailleurs, paraissait submergé par les gobelins, qui l'entouraient en le frappant, sans toutefois réussir à percer sa garde. Il réussissait toutefois à les repousser, et deux cadavres reposaient déjà à ses côtés.

Cependant, en dépit de leur détermination, ils n'étaient pas assez nombreux pour empêcher leurs ennemis de parvenir à franchir la fragile ligne de défense qu'ils avaient mise en place. Un des gobelins, peut-être plus malin ou plus affamé que les autres, se détourna du combat et se jeta en hurlant vers les cinq marchands et l'elfe, qui étaient demeurés auprès des ânes. Sa férocité était incroyable, et il sauta sur le premier Nain en lui plantant sauvagement une lame dans la poitrine. L'instant d'après, il mordait à pleines dents la base du cou du malheureux, dont les hurlements déchirants étaient presque couverts par le vacarme de la bataille, et le cri du vent qui soufflait toujours. La créature tira de toutes ses forces, et sous les yeux de l'elfe et des quatre marchands restants, il dévora un morceau de chair naine. Le sang coulait à flots sur son visage, tandis que ses petits yeux vicieux semblaient chercher une nouvelle proie.

Son regard se posa tout d'abord sur les Nains, qui se serrèrent les uns contre les autres, en raffermissant la prise sur leurs armes. Il regarda ensuite les ânes, qui transportaient la nourriture, et son intérêt se fit encore plus vif. L'odeur était particulièrement alléchante, et il devait souffrir intérieurement de ne pouvoir se sustenter immédiatement. Et puis son regard se porta sur Esméralda. Il plissa les yeux, et inclina la tête sur le côté, tout en faisant claquer ses mâchoires pourvues de dents pointues :

- Toi !? Cracha-t-il avec acidité.

Son choix était fait, et il paraissait se désintéresser totalement de la nourriture ou des Nains, uniquement focalisé sur l'elfe, pour des raisons qui demeuraient mystérieuses. Abandonnant le corps sans vie du marchand, il rompit la distance qui le séparait d'Esméralda, et avant qu'elle eût réagi, il lui asséna un violent coup de poing en plein visage, l'envoyant rouler au sol. Il ne lui laissa pas le temps de se relever, et marcha sur elle, empli de détermination. Sa main aux doigts crochus se referma comme les serres d'un oiseau de proie autour des cheveux de l'elfe, et il commença à la traîner dans la neige avec une brutalité rare, essayant de l'emmener loin des combats.

Les quatre marchands, bien que terrorisés, se portèrent au secours de la jeune femme en poussant des cris destinés à attirer l'attention de la créature. Ils rencontrèrent un certain succès dans leur entreprise, et le gobelin se détourna un instant de l'elfe pour se porter à leur rencontre. Il écarta le premier d'un revers, bouscula les deux autres en les envoyant rouler dans la neige, et abattit son arme si fort sur le dernier que sa parade ne suffit pas à absorber l'entièreté du choc. Son arme décolla de ses mains, et il se retrouva sur le dos, à moitié recouvert de poudreuse.

Crachant devant la menace ridicule que représentaient ces marchands qui n'opposaient qu'une faible résistance, la créature se retourna vers Esméralda pour continuer à l'entraîner Aüle savait où. Mais celle-ci s'était relevée, et n'avait pas le choix. C'était tuer, ou être tuée désormais.


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyVen 25 Avr 2014 - 11:30
Nous ne tiendrons jamais aussi longtemps, la nuit est beaucoup trop longue, songea amèrement Esméralda, en plus, ils sont tenaces, nous ne les sèmerons pas, bientôt, nous devrons nous arrêter. Elle chassa ces pensées noires pour se concentrer sur cette course dont la récompense serait leurs vies. Intérieurement, elle était terrifiée mais extérieurement, elle ne laissait rien paraître, elle se contentait de courir droit devant elle en essayant de ne penser à rien.

Mais, comme elle l'avait prévu, ils durent rapidement s'arrêter. Errin et les autres nains se débarrassèrent de leurs affaires qui risquaient de les gêner pendant le combat. Dès la première attaque, deux nains tombèrent. Heureusement, aucun ne suivit jusqu'à ce qu'un gobelin s'intéresse à ceux qui, comme elle, étaient restés près des ânes. Il leur sauta dessus et, avant qu'ils aient pu réagir, il plantait ses dents dans le cou de l'un d'entre eux avant de se tourner dans leur direction. Le dernier cri d'agonie du nain lui glaça le sang, elle aurait voulu aller l'aider mais c'était trop tard, il était déjà mort.

Le gobelin la regarda en sifflant un mot qu'elle n'entendit pas à cause du vent et lui sauta dessus sans lui laisser le temps de se défendre. Elle reçut un formidable coup de poing qui l'assomma à moitié. Mais alors qu'Esméralda sombrait dans l'inconscience, une violente douleur la réveilla, le gobelin l'avait attrapée par les cheveux et la tirait un peu plus loin. À ce moment, quatre des compagnons de voyage de l'elfe se portèrent à son secours, lui permettant de se relever. Son visage et sa tête la faisait souffrir mais il fallait qu'elle tienne.

Son ennemi s'était débarrassé de ses adversaires et se retournait maintenant vers elle, elle dégaina ses poignards en songeant qu'elle n'allait pas tarder à savoir si elle savait s'en servir ou pas.

Il l'attaqua, elle croisa ses lames, parant le coup. Profitant de la surprise de son adversaire, Esméralda libéra une de ses armes et la lui planta profondément dans le bras avant de la retirer, il hurla de douleur mais elle savait qu'il n'avait aucune pitié, elle n'en eut donc aucune et lui trancha la gorge.

Esméralda s'éloigna de lui, elle était effrayée par le calme qui était en elle quelques instants plus tôt.
Au moins je sais me battre, songea-t-elle avec un regain de vigueur, donc je peux les aider,  je dois les aider. Conclut-elle en reprenant courage et en saisissant fermement ses poignards avant de se diriger vers Errin et les autres nains qui se battaient pour survivre.
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Ryad Assad
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyJeu 1 Mai 2014 - 2:41
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Contrairement à ce que l'on peut lire dans les contes ou entendre dans les chansons de geste, la victoire a toujours un goût amer : une saveur d'acier et de sang très particulière, à laquelle nul être sensé ne peut s'habituer. Les fous, les inconscients, les âmes damnées, en revanche, trouvent un certain plaisir à plonger dans le carnage, s'enivrent des effluves de la mort, se repaissent du spectacle désolant d'un champ de bataille jonché de cadavres. Errin des Monts du Fer n'appartenaient pas à cette catégorie, et il s'en félicitait. Donner la mort était pour lui une nécessité, pas un plaisir. Il affrontait en général les gobelins qui essayaient de s'en prendre à son peuple, et même s'il nourrissait une haine féroce à l'égard de ces créatures, même s'il trouvait une satisfaction sauvage à les décimer lorsqu'elles se présentaient sous la lame acérée de sa hache, il n'était pas une brute épaisse qui sacrifiait la vie de ses compagnons, sa mission, pour le simple désir de tuer davantage. Et c'était pour cette raison qu'il menait la compagnie.

- HALTE ! Tonna-t-il par-dessus les hurlements déchirants du vent.

Sa voix résonna comme le tonnerre, et les Nains s'immobilisèrent dans leur course, l'arme au poing et le regard haineux, tandis que la horde gobeline battait en retraite dans le plus grand désordre. La victoire était pour eux, mais le prix à payer était lourd. Très lourd. Les combats avaient été très violents, et seule l'extraordinaire organisation et cohésion des Nains de la famille d'Errin leur avait permis de résister à la déferlante. En rangs serrés, se protégeant mutuellement, ils avaient réussi à tenir en respect leurs opposants. Toutefois, leurs compagnons mercenaires n'avaient pas eu la même chance. Plus hardis, moins disciplinés, ils s'étaient rapidement retrouvés isolés, et avaient succombé un par un aux assauts des hordes maléfiques qui avaient fondu sur eux. Leurs corps avaient d'ailleurs été emportés par les survivants gobelins, qui estimaient que trois cadavres étaient suffisants, en considération des pertes subies. La victoire n'était pas belle, et s'était faite dans le sang de valeureux guerriers qui avaient donné leur vie pour leurs proches, pour qu'un peu de nourriture pût leur parvenir. Leur sacrifice était bien maigre à l'échelle d'une grande bataille, mais Errin les considérait comme des braves dignes de leurs ancêtres. Et c'était une vision partagée par les compagnons qui restaient :

- Errin ! Rugit l'un d'entre eux d'une voix féroce, en brandissant sa lame vers les fuyards.

Il grogna des mots apparemment isolés, tout en agitant les bras d'une manière spécifique, qui semblait ressembler à un code quelconque. Le chef de la compagnie, impassible, supporta ce qui ressemblait à une vive invective, avant de reprendre en commun pour inclure l'elfe à la conversation :

- Non, Vorrin, nous ne partirons pas à leur poursuite. Le corps de nos frères, hélas, ne rejoindra pas nos tombes, et cela me désole autant que vous tous. Mais notre mission prime sur tout autre considération. Les gobelins ont battu en retraite, et c'est notre unique chance. Si nous les chassons, nous ne ramènerons pas les dépouilles des nôtres, et nous aurons échoué à ravitailler nos familles. Quel choix avons-nous, cousin ?

L'intéressé secoua la tête avec vigueur, et grommela quelque chose dans sa barbe, avant de se frapper la poitrine violemment :

- Aucun, bien entendu. Mais pourquoi parles-tu la langue des Hommes, Errin ? Pour que cette elfe puisse nous comprendre ? Rappelle-toi qu'elle n'est pas des nôtres !

Vorrin, dont les yeux d'un noir profond le distinguaient de ses camarades, n'avait pas regardé une seule fois Esméralda, comme si elle n'existait pas, comme s'il ne voulait pas reconnaître son existence. Il ne la traitait pas avec davantage de mépris que les autres, mais il avait eu l'audace de parler tout haut, et de dire ce que la plupart des membres du groupe pensaient à voix basse. Errin, toutefois, gronda :

- Attention à tes paroles, Vorrin ! L'elfe nous a aidé à affronter les gobelins, en attestent ses lames couvertes de leur sang noir !

Ce disant, il avait désigné les poignards que la jeune femme n'avait pas eu l'occasion de ranger. Après avoir tué le premier adversaire qui essayait de la capturer, elle avait plongé dans la bataille sans hésiter, et malgré la difficulté et les blessures minimes qu'elle avait reçues, elle avait réussi à occire plusieurs ennemis, contribuant à la débandade de leurs ennemis. Le chef de la compagnie considérait cela comme une preuve plus que suffisante de sa valeur, et estimait qu'elle avait mérité d'être au moins incluse dans certaines conversations qui la concernaient, notamment leur destination. Reprenant d'une voix plus calme :

- L'elfe a contribué à notre victoire, et je ne laisserai pas dire que l'hospitalité des Nains des Monts du Fer a décliné avec les âges. Il appartiendra à nos seigneurs de décider de son sort, mais tant que je serai en charge de cette mission, je lui accorde ma protection, est-ce clair ?

Les Nains hochèrent la tête comme un seul Naugrim, et retournèrent auprès des ânes en s'occupant de nettoyer leurs armes couvertes de sang dans la neige, loin des cadavres. Pendant ce temps, Errin lâcha un profond soupir de lassitude, qui se vit à cause de la vapeur qu'il exhala et qui sembla pendant un temps entourer son visage de fumée. Puis, il tourna les yeux vers la femme elfe, et lui adressa un signe du menton, qui voulait dire : "passons à autre chose, et avançons". Les Nains de la compagnie communiquaient essentiellement par gestes, comme tous leurs frères fils d'Aulë, grâce à l'Iglishmêk, un langage gestuel codé utilisé par ce peuple pour communiquer sans être compris. Toutefois, en l'occurrence, il n'était pas nécessaire d'avoir appris ces codes - que les Nains, peuple secret, n'apprenaient jamais à autrui - pour comprendre le message. Si Esméralda voulait séjourner quelques temps à Zulg-ai-Gathol, elle allait devoir s'habituer à être traitée comme une étrangère, et faire preuve de sérénité face au rejet presque génétique des Naugrim pour ce qui venait de l'extérieur.

Après avoir vérifié que tout le monde était en état de marcher, et sans vraiment donner le temps à ses compagnons de se reposer, Errin reprit la tête du cortège et ordonna le départ. Il voulait s'éloigner le plus possible du champ de bataille qui finirait bien par attirer des charognards, loups ou bandits, qui n'hésiteraient pas à s'attaquer à eux dès qu'ils auraient flairé leurs traces. Il valait mieux mettre de la distance entre les cadavres de gobelins et eux, et prier pour qu'ils fussent recouverts par la neige avant que quiconque les trouvât. C'était ce qu'ils pouvaient espérer de mieux. Ils étaient tous épuisés, physiquement et nerveusement, autant par la course que par le combat. Pourtant, Errin choisit de les faire marcher encore et encore, toujours plus avant, jusqu'à ce qu'ils aperçussent enfin les contreforts des Monts du Fer. Leur maison.

La chaîne de montagne était immense, et le ciel était si bas qu'on aurait dit que les rochers montaient jusqu'au firmament, allant flirter avec les nuages dont ils acceptaient les caresses veloutées. Ils auraient dû les apercevoir bien avant, mais le temps était si exécrable qu'il leur avait fallu approcher à une très courte distance pour pouvoir enfin apercevoir leur maison. Dans la compagnie, il n'y eût nul hurlement de joie, nul signe extérieur de contentement, aucune effusion spontanée liée à ce qu'ils venaient de traverser. Il n'y avait qu'une grande attente, un calme serein, et des regards plongés vers Errin qui cherchait quelque chose dans son sac. Il sortit un coffret enveloppé dans du tissu, et l'ouvrit pour mieux en tirer une corne finement ouvragée, d'un blanc aussi pur que celui des flocons qui tombaient du ciel. Avec beaucoup de solennité, il souffla de temps, lançant une note unique et puissante, grave et mélodieuse, émouvante et impressionnante à la fois. Le son sembla se répercuter sur les parois de la montagne qui pourtant se trouvait encore assez loin, mais c'était une illusion due au vent qui emportait une partie de cet appel, et le renvoyait à ses propriétaires bien malicieusement. La corne sonna encore, trois fois, quatre fois, avant d'être entendue et qu'on répondît à l'appel.

De très loin, si loin qu'ils ne pouvaient pas voir d'où cela provenait, une corne venait de retentir pour leur annoncer la fin de leur périple. Un son apaisant et agréable, un "bienvenu" musical, un "vous êtes chez vous" repris en écho par les bourrasques tourbillonnantes qui les enveloppaient sans plus les incommoder désormais. Ils avaient franchi les épreuves, affronté les gobelins, traversé ce désert glacial, et ils étaient enfin arrivés à destination. Les Nains demeurèrent donc debout, le regard perdu à l'horizon, dans l'attente d'un signe, d'un mouvement furtif. De longues minutes défilèrent, avant qu'un cri poussé par l'un des marchands ne les sortît de leur torpeur. C'était crié en Khuzdul, mais le sens était universel : quelqu'un approchait. Les Naugrim se regroupèrent dans cette direction, mais Errin attrapa la manche d'Esméralda, et leva les yeux vers elle avec gravité :

- Restez près de moi, et surtout ne parlez pas sans y avoir été invitée. Ne regardez personne dans les yeux, et restez calme. Tout se passera bien si vous faites profil bas.

La consigne était à la fois claire et vague, mais le chef de la compagnie n'eût pas le temps d'en dire davantage, que déjà des Nains montaient à l'assaut de la colline. Ils n'étaient qu'une demi-douzaine, mais contrairement aux membres de l'expédition, ils étaient lourdement armés. On pouvait voir leurs hauberts de mailles sous leurs armures de guerre, mais leur visage était couvert par un casque intégral qui les rendait particulièrement effrayants. Ils portaient tous des boucliers épais, et des haches d'armes aux lames acérées et au tranchant affutés. Tous, à l'exception de celui qui les menait, tête nue, et qui arborait une épée à la ceinture, mais qui ne s'était pas donné la peine de la dégainer. Errin se porta à leur rencontre, et invita du geste l'elfe à le suivre, en espérant qu'elle saurait se tenir :

- Errin Sharh-Narag ! Lâcha le chef avec rudesse, mais sans agressivité.

Puis il posa les yeux sur l'elfe, et fronça ses épais sourcils, avant de grogner quelque chose en Khuzdul. Il était difficile de déterminer son humeur, derrière sa barbe épaisse et blanche, témoin de son âge avancé, qui n'enlevait rien à sa prestance et à son charisme. Le chef de la compagnie s'empressa de répondre, lâchant au passage le mot "Esméralda", mais il fut interrompu dans sa phrase par le chef des guerriers, qui le coupa d'un geste de la main. Se tournant de nouveau vers la jeune femme, il formula avec un accent terrible, en Commun :

- Suffit, Errin... Je suppose que l'elfe est capable de parler pour elle-même. Dites-moi, Longues-Oreilles qui demandez asile aux Monts du Fer, qui êtes-vous, et que fuyez-vous ?


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyLun 5 Mai 2014 - 18:32
- HALTE !

Le cri d’Errin stoppa Esméralda dans son élan, le combat était fini.
Enfin, songea t-elle avec soulagement.
Elle écouta distraitement le dialogue entre les deux nains en regardant autour d’elle. Le sang et la mort, rien de bon, trop de cruauté, pourquoi ? Elle ne se sentait pas bien mais évitait de le montrer aux autres sans trop savoir pour quelles raison elle devrait le cacher, elle sentait que c’était le mieux à faire, c’est tout.

Ignorant cette sensation de malaise, elle s’intéressa de nouveau à la conversation en se rendant compte qu’elle tournait à la dispute. Réalisant qu’elle en était la cause, elle choisi de garder le silence. Heureusement, Errin réussit rapidement à calmer tout le monde, elle lança un regard admiratif au nain qui semblait maintenant complètement épuisé, il la regarda et lui adressa un signe, comprenant ce qu’il voulait dire elle hocha la tête et rejoignit son cheval après avoir nettoyé et rangé ses armes.

Ils se remirent en marche et avancèrent encore un bon moment avant de s’arrêter. Esméralda, qui avait baissé la tête pour protéger son visage autant qu’elle le pouvait du vent glacial, la releva et admira le paysage qui les entourait, le souffle coupé par tant de beauté. Quand elle reprit enfin son souffle, elle remarqua qu’Errin était penché sur son sac depuis leur arrivée. Curieuse, elle regarda la corne qu’il en sortit finalement avant de souffler dedans. Elle ferma les yeux en l’écoutant résonner et les rouvrit en entendant une seconde lui répondre.

Quelques minutes plus tard, alors qu’elle caressait son étalon qui n’avait pas vraiment l’air de sortir d’une attaque de gobelin, un de ses compagnon cria quelque chose, elle n’avait pas besoin de traduction, elle avait parfaitement compris le sens de ces mots et voyait parfaitement le groupe de nains qui approchait. Errin lui attrapa la manche et lui souffla quelques recommandations avant de la lâcher et de lui faire signe de l’accompagner.

Elle le suivit jusqu’aux nouveaux arrivants, elle les écouta en silence jusqu’à ce que le chef se tourne vers elle :
- Suffit, Errin... Je suppose que l'elfe est capable de parler pour elle-même. Dites-moi, Longues-Oreilles qui demandez asile aux Monts du Fer, qui êtes-vous, et que fuyez-vous ?

Elle ne mit pas longtemps à réfléchir et répondit calmement.
- Je m’appelle Esméralda, je ne fuis que le froid de cet hiver et cherche à rejoindre mon peuple, mais je crois savoir que la Forêt Noire est assez loin et j’aimerais pouvoir me reposer un peu avant de m’y rendre. Si vous ne voulez pas de moi, je me contenterais de vous demander la direction à prendre et je m’en irai.

Elle regardait maintenant le nain dont le visage impénétrable ne laissait pas voir les sentiments. Se rappelant des conseils d’Errin, elle détourna rapidement les yeux. Le silence s’éternisa, augmentant un peu plus son malaise, mais s' il voulait la tester, elle était prête à rester comme ça le temps qu'il faudrait.
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyVen 9 Mai 2014 - 17:08
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Errin n'en menait pas large, au milieu de ce duel de force engagé entre le nain et l'elfe. Le premier était certes plus petit, mais il se dégageait de tout son être une telle force et une telle majesté qu'il aurait été difficile de le tourner en dérision. Il y avait certainement plus de dignité chez lui que chez la plupart des rois des Hommes, bien qu'il ne fût apparemment pas porteur d'un quelconque titre de noblesse. La seconde, aussi fine qu'il était large, résistait vaillamment à l'examen, la tête basse, subissant sans broncher le poids du regard de toute cette compagnie de guerriers, et les crocs acérés du vent froid qui menaçaient de déchirer sa chair à chaque instant. Son souffle était profond et régulier, comme seuls les Premiers Nés savent le faire en pareille circonstance, mais on devinait à ses oreilles rougies et aux tremblements involontaires de son corps, qu'elle était éreintée. Leur cavalcade, les conditions climatiques atroces, le danger et le combat, tout cela aurait eu raison du plus courageux des guerriers, et elle avait fait preuve d'une exceptionnelle résistance. Une résistance que le chef des gardes sembla apprécier. Il lâcha un "hmm" indéchiffrable, avant de lancer d'une voix presque résignée :

- Vous ne manquez pas de cran, Longues-Oreilles... A moins que vos souvenirs aient emporté votre prudence en partant...

Soudainement, il s'esclaffa en se frappant le torse, et Errin se détendit perceptiblement. Il avait craint pendant un moment que le défi imposé par l'elfe eût été trop insultant. Les Naugrim étaient un peuple susceptible, surtout avec les Eldar, qu'ils considéraient comme des rivaux autant que des alliés. Le mépris entre les deux peuples était vieux de milliers d'années, et n'avait jamais pu se résorber avec le temps. Certains commandants de la garde auraient prestement accepté la proposition de l'elfe, et l'auraient rejetés à la nature sauvage et impétueuse, sans lui donner pas même un morceau de pain pour le voyage. Fort heureusement, elle tombait sur un individu un peu moins borné que ses confrères. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle Errin avait sonné dans son cor avant d'arriver en vue des portes. Bien entendu, il savait qu'amener une étrangère sans permission lui aurait valu de sévères remontrances, mais il savait également qui commandait les soldats chargés de secourir les convois de marchands, et il avait parié sur sa coopération. Comme pour confirmer ses pensées, le vieux Nain lui frappa amicalement sur l'épaule :

- Vous formez une drôle de paire, tous les deux... Vous pouvez remercier Errin, Longues-Oreilles. Je connais plus d'un Nain qui vous aurait abandonné sur place. Mais ce n'est pas son genre...

Avec un sourire à peine visible, tant sa barbe et sa moustache étaient épaisses, il les invita à le suivre, et ordonna d'une voix gutturale à ses soldats de se place en formation autour de la compagnie. Maintenant que la tension était redescendue, certains détails apparaissaient clairement. La barbe du vieux nain, quoique plus longue et plus blanche que celle des sept qui avaient combattu aux côtés d'Esméralda, était nouée de la même façon, et on distinguait vaguement un air de famille entre lui et Errin. Il était difficile de ne pas trouver de ressemblances chez un peuple aussi différent, car leurs traits étaient tous rugueux, taillés à la hache, et on aurait dit qu'ils appartenaient tous à une seule et même grande famille - ce qui était le cas, dans la tradition naine. Errin, d'ailleurs, se plaça instinctivement aux côtés du chef, et invita Esméralda à l'imiter. En tête de colonne, ils avançaient d'un bon pas, pressés à l'idée de rentrer chez eux et de profiter d'un bon feu de bois. Ils demeurèrent silencieux pendant le temps que dura leur progression, ce qui ne leur prit qu'une petite dizaine de minutes. Ils n'avaient, semblait-il, pas envie de parler tout de suite. Ils semblaient avoir beaucoup de choses à se raconter, tous autant qu'ils étaient, et ils préféraient de toute évidence garder cela pour un moment plus propice. Ainsi, seul le hurlement du vent rompait le silence de plomb qui s'était abattu entre eux. A mesure qu'ils avançaient, ils se rapprochaient des contreforts immenses, qui les obombrait désormais totalement, et qui les surplombait comme une muraille titanesque et terrifiante. Il semblait n'y avoir aucun passage, aucune entrée, aucune issue, mais les Nains étaient connus pour leur faculté prodigieuse à dissimuler leurs passages, afin de préserver les secrets de leur peuple.

- Mettez-ça...

Errin venait de s'approcher d'Esméralda, et de lui tendre ce qui ressemblait à un sac épais. La mesure n'était qu'une simple précaution, mais la femme allait devoir porter cela sur la tête jusqu'à nouvel ordre, si elle voulait pouvoir pénétrer dans la cité naine. Il n'était pas question de confiance, mais bien d'absolue nécessité, car la sécurité des enfants d'Aulë était assurée par leur faculté à emporter jusque dans la tombe les informations les plus capitales. Esméralda, même si elle avait participé au combat avec les autres, même si elle avait versé le sang des gobelins sans broncher, même si elle avait su se montrer digne de confiance aux yeux d'Errin, n'en demeurait pas moins une étrangère aux yeux des Nains, qui ne faisaient que tolérer sa présence. N'ayant pas le choix, elle fut contrainte d'obtempérer, et la compagnie ne reprit la route que lorsqu'elle eût totalement perdu la vue.

Errin, toujours lui, lui prit la manche et la tira par le bras. Elle avançait d'un pas mal assuré sur le sol inégal, et le fait de ne pas voir n'était pas là pour lui faciliter la tâche. Le vent semblait la faire vaciller à chaque instant, et le Nain la tenait fermement pour ne pas qu'elle chutât inutilement. Sous la neige pouvait se cacher un rocher dissimulé, et une vilaine blessure pouvait arriver rapidement. Il valait mieux ne pas prendre de risques. Ils avancèrent ainsi pendant moins de trois minutes, avant que très soudainement, leurs pieds cessassent de fouler le manteau neigeux, pour se poser sur une pierre dure et parfaitement plate. Des voix s'élevèrent, murmures dans l'obscurité, mais elles furent bien vite dissipées par un seul mot de la part du vieux Nain, dont la voix rocailleuse semblait être particulièrement à sa place dans le sein de la montagne. Car oui, ils venaient bien de pénétrer dans les Monts du Fer. La porte demeurait cachée, et Esméralda avait très certainement promené son regard sur elle sans la déceler, car ils n'avaient pas marché très longtemps. Derrière eux, le lourd battant se referma avec un craquement sec mais très léger en comparaison de ce que l'on aurait pu attendre, car après tout il s'agissait d'un bloc de pierre de plusieurs tonnes qui barrait l'entrée.

Errin ne s'arrêta pas, et entraîna la femme elfe dans un couloir étroit. Elle ne pouvait même pas tendre les bras sans toucher les murs latéraux, et plusieurs fois le Nain fut contraint de la tirer un peu plus fort pour la forcer à baisser la tête. Le plafond n'était pas vraiment adapté à un être de sa condition. A l'intérieur du boyau, l'air était lourd et pesant, et il régnait une chaleur étouffante, contrastant de manière stupéfiante avec le froid polaire qui dévorait toute vie au dehors. Les bottes ferrées des guerriers résonnaient en chœur, et on aurait dit un claquement sec et régulier, comme une immense horloge au tic-tac sonore. Au bout de ce qui devait représenter une centaine de mètres, ils débouchèrent dans une salle de taille plus conséquente. Errin s'immobilisa, et invita Esméralda à se pencher, pour lui enlever le capuchon qui lui barrait la vue. Et pour la première fois elle vit.

Devant elle s'étendait une cité Naine magnifique. La paroi n'était pas creusée, comme on le pensait d'ordinaire : elle était sculptée. La pierre avait été modelée par la patience et la détermination des Nains, qui avaient transformé le cœur de la Montagne en une splendide salle, aussi vaste qu'un palais tout entier. De toutes parts, des feux brûlaient, réchauffant l'atmosphère et procurant une chaude lumière naturelle qui semblait plonger la cité dans un soir éternel. Les habitations étaient de formes et de styles variés, construites selon le goût de leurs propriétaires, qui avaient donné libre cours à leur créativité. On voyait sur certaines des ornements figuratifs ou abstraits, des formes géométriques complexes qui se retrouvaient sur certains quartiers, et qui changeaient en traversant les espaces qui ressemblaient à des ruelles. Ici, des gardes patrouillaient par petits groupes de trois ou quatre. Là, quelques Nains se rendaient dans ce qui semblait être une taverne, d'où leur provenait de manière diffuse une mélodie lancinante.

- Zulg-ai-Gathol, annonça fièrement Errin.

Et il y avait de quoi être fier. Cette cité était fantastique, et imaginer qu'elle eût pu être construite à partir de rien était prodigieux. Combien de générations s'étaient succédées pour arriver à façonner un tel ouvrage. Le Nain jeta un regard en coin à l'elfe, pour essayer de déchiffrer son expression. Que pensait-elle de la grande ville des Monts du Fer ? Etait-elle impressionnée par le travail d'orfèvre qu'il avait fallu pour tailler ce bijou de la taille d'une cité ? Ou bien était-elle au contraire répugnée comme tant de ses compagnons de n'y voir point d'arbres, d'oiseaux, et d'être privée de la lumière du soleil, de la lune et des étoiles. Les Eldar n'étaient pas faits pour vivre sous terre, d'après ce que l'on disait, et c'était tant mieux pour les Nains qui pouvaient continuer à explorer les profondeurs infinies de la terre, à la recherche de trésors. Mais aux Monts du Fer, l'espoir de trouver la perle rare s'était depuis longtemps éteint. Ceux qui étaient restés extrayaient probablement le fer le plus parfait de toute la Terre du Milieu, mais qu'était-ce en comparaison du mithril de la Moria, ou de l'or d'Erebor ? Rien, assurément. Le moindre gramme extrait par les mineurs de ces deux royaumes valait plusieurs livres d'un fer devenu très commun, mais néanmoins nécessaire.

Les Nains qui formaient la compagnie s'arrêtèrent tous avec solennité, pour contempler leur cité retrouvée après de si longues journées de voyage. Ils avaient affronté le froid, le vent, la mort et le sang pour rejoindre ce lieu, et maintenant qu'ils y étaient, ils éprouvaient un profond sentiment de soulagement. Le chef à la barbe blanche leur laissa quelques secondes de répit, avant de les entraîner sur leur droite, le long d'un couloir lui aussi étroit. Ils se trouvaient en hauteur par rapport à la ville, et de là où ils se trouvaient, ils pouvaient voir les escaliers qu'ils auraient à emprunter pour y descendre : ils étaient construits sans rambarde, et probablement que la moindre chute devait être fatale. De toute évidence, le lieu avait été construit pour résister à un assaut frontal, et le boyau devait pouvoir être gardé par une poignée d'hommes sans difficulté, face à tout un contingent. Le poids du nombre ne valait rien dans un endroit exigu, face à un guerrier couvert d'acier de la tête aux pieds.

Leurs pas les conduisirent jusqu'à une salle annexe, où on entassait des tonneaux et des caisses vides, qui devaient être fournies aux marchands qui partaient en terre du milieu afin de les remplir. Errin et ses compagnons soupirèrent d'aise en retirant leurs lourds sacs de leurs épaules, et en les laissant tomber sans ménagement au sol. Les ânes, qui les avaient suivis jusqu'ici, furent tirés à l'écart par des Nains qui venaient de sortir de nulle part. Ils apparaissaient par petits groupes, discrets et circonspects, qui s'affairaient autour des marchands sans un mot. De toute évidence, la présence de l'elfe les mettait mal à l'aise, et ils se gardaient bien de parler devant elle. Avant qu'elle eût pu dire quoi que ce fut, deux Nains vinrent s'emparer de la bride de son cheval, et le tirèrent à l'écart avec les autres bêtes. Errin intervint qu'elle ne s'offusquât d'un tel traitement :

- C'est normal. Il sera nourri et bien traité, soyez sans crainte.

De toute évidence, elle n'avait pas son mot à dire dans l'histoire, et dut se plier aux règles de ses hôtes, qui paraissaient incapables de la prévenir à l'avance de ce qui allait se passer. Peut-être parce que ce n'était pas dans leurs coutumes... ou peut-être parce qu'ils n'en savaient rien eux-mêmes. Quoi qu'il en fût, un Nain accourut rapidement, un air particulièrement contrarié sur le visage. Il était suivi par deux gardes en armure, qui suivaient sans difficulté les pas de leur meneur, vêtu d'une superbe tenue d'apparat qui laissait entrevoir la rondeur de son ventre. D'une voix aussi agréable que le bruit de la craie sur un tableau, il commença à piailler contre le vieux Nain qui était venu accueillir Errin et sa compagnie. A plusieurs reprises, il désigna l'elfe du doigt, mais évita soigneusement de croiser son regard. A voix basse, Errin souffla à l'intéressée :

- Il dit que vous n'êtes pas la bienvenue ici, et que Varrin n'aurait jamais dû vous amener.

Le vieux Nain, qui répondait donc au nom de Varrin, répondit d'une voix ferme mais qu'il voulait apaisante. Il y avait de la tension, assurément, et les guerriers qui formaient l'escorte des deux protagonistes de la dispute se regardaient dans les yeux, attentifs au moindre mouvement suspect. Errin, absorbé par l'échange, oublia d'en traduire une partie, et se contenta simplement d'ajouter :

- Tout va bien se passer. Il dit qu'il s'assurera que vous ne gênerez personne.

Mais comme pour infirmer les paroles du guerrier, le Nain à la voix désagréable cracha un ordre brutal, et les deux gardes qui l'encadraient se dirigèrent tout droit vers l'elfe, avec la ferme intention de se saisir d'elle. Ils étaient petits, certes, mais incroyablement costauds, et à part en fuyant, elle n'aurait aucune chance de se débarrasser d'eux. Toutefois, elle n'eût pas à bouger, car Varrin lâcha une phrase qui tomba comme une pierre dans un bassin, figeant instantanément tous les acteurs de la scène dramatique. Dans la seconde qui suivit, les sept Nains au nombre desquels se trouvait Errin se rapprochèrent d'Esméralda, et formèrent un cercle protecteur autour d'elle, la main sur le manche de leurs haches. La situation venait de changer de ton de manière radicale, et désormais la tension était à son comble. Il était évident que si aucun des deux ne revenait sur sa décision, les choses ne pourraient se régler que dans le sang. Sauf que Varrin avait l'avantage du nombre, et si on excluait les marchands, il avait à sa disposition une douzaine de vaillants combattants. Suffisamment pour se débarrasser de deux adversaires, fussent-ils maîtres d'armes.

Deux longues secondes passèrent, pendant lesquelles les regards fuyants de chacun plongèrent dans les yeux de tous, essayant de jauger la menace et le risque qu'il y avait à prendre l'initiative. Finalement, ce qui devait arriver arriva et le Nain isolé siffla quelques mots entre ses dents, avant de tourner les talons et de s'en aller. Comme l'ombre d'un vilain nuage qui disparaît, chassé par le vent, la tension et le malaise s'évanouirent dans le néant, et Varrin s'approcha d'Esméralda avec sur le visage une expression grave :

- Vous pouvez rester.

Ce fut tout ce qu'il déclara, avant d'abandonner les voyageurs, et de retourner à son poste avec ses troupes. Errin lui lança un regard appuyé, car il avait saisi les détails de la conversation, ce qui n'était pas le cas de l'elfe. Restait à savoir si celle-ci allait lui poser la question, ou se contenter de savoir qu'elle avait un abri temporaire avant de pouvoir rejoindre les siens. Dans les deux cas, la décision lui appartenait, et le Nain n'aborderait pas le sujet de sa propre initiative. Toutefois, le regard sombre de ses compagnons était éloquent, et il paraissait évident que la situation était bien moins simple que Varrin n'avait voulu lui faire croire.


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptySam 10 Mai 2014 - 12:33
Au bout d'un moment qui lui sembla une éternité, le nain repris enfin la parole :
-Vous ne manquez pas de cran, Longues-Oreilles... A moins que vos souvenirs aient emporté votre prudence en partant...

Esméralda se raidit... et retint de justesse un soupir de soulagement quand il éclata de rire. Il donna une tape amicale à Errin avant de reprendre :
-Vous formez une drôle de paire, tous les deux... Vous pouvez remercier Errin, Longues-Oreilles. Je connais plus d'un Nain qui vous aurait abandonné sur place. Mais ce n'est pas son genre...

Ils ont l'air de bien se connaître, pensa t-elle en les observant tandis qu'elle les suivait. Elle regarda ensuite ce qui les entourait, ils s'étaient rapprochés des montagnes, leurs ombres atténuaient quelque peu l'éclat de la neige mais rafraîchissait le vent qui continuait à souffler. Elle jeta un regard à son cheval, il tenait bon mais était visiblement à bout de force. Elle repensa aux paroles du nain. Il a raison, je peux remercier Errin, sans lui, Kirzan et moi serions probablement morts depuis longtemps.

Elle fut justement tirée de ses pensées par ce dernier qui lui tendait une sorte de sac en lui demandant de le mettre sur sa tête, elle le regarda, surprise, mais obéit. Elle eut un frisson en l'enfilant, elle ne voyait plus rien mais se sentait un peu rassurée par cette obscurité, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs.
Esméralda eut un léger sursaut en sentant une poigne ferme lui attraper le bras. Quand ils se remirent en route, elle suivit pas à pas le nain qui la guidait, inquiète à l'idée de tomber. Mais finalement, elle sentit enfin un sol dur et stable remplacer la neige glissante, soulagée, elle se détendit un peu... mais se rendit très vite compte qu'elle n'était pas au bout de ses peines, si elle pouvait se redresser dehors, elle était maintenant obligée de se baisser, en plus, si ils avaient quitté le froid mordant du vent hivernal, ils étaient maintenant entourés par une chaleur étouffante que son corps était loin d'accepter.
Heureusement, sa patience fut récompensée quand on lui enleva enfin le sac qui lui bouchait la vue. Elle cligna les yeux pour s'habituer à cette nouvelle luminosité.

Maintenant qu'elle le pouvait, elle se redressa et regarda autour d'elle.
C'est magnifique, songea-t-elle émerveillée. Tout à son admiration, elle entendit à peine Errin. Ils avancèrent encore un peu puis s'arrêtèrent dans une salle où les nains déposèrent leurs affaires et où les ânes furent déchargés par d'autres nains qui n'appréciaient visiblement pas sa présence. Quand deux nains vinrent chercher son cheval, elle faillit protester car elle n'aimait pas être séparée de lui mais Errin la prévint juste à temps qu'on s'occuperait bien de lui, elle le laissa donc partir en le regardant tristement s'éloigner.

À ce moment, un nain accourut accompagné de deux gardes en armure. Il avait l'air assez irrité. Il se mit à crier contre celui qui l'avait laissé entrer en la montrant du doigt. Errin lui traduisit ses paroles mais elle n'en aurait pas eu besoin, le message était clair, seulement... pourquoi ?
Varrin lui tint calmement mais fermement tête. Brusquement, sans qu'elle eut le temps de comprendre, la situation s'enlisa. Le nain envoya ses gardes pour la saisir, mais Varrin donna à son tour un ordre et sept nains entourèrent Esméralda, l'atmosphère était incroyablement froide : tout ceci risquait de mal se terminer et elle en était la cause.
Finalement, le nain vindicatif rappela ses gardes et s'en alla. La tension retomba enfin, Varrin se tourna vers elle :
-Vous pouvez rester. Dit-il simplement.

Il s'en alla lui aussi. Esméralda tourna la tête vers Errin et croisa son regard :
-Qu'y a-t-il, je ne comprend pas... est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Elle le regardait droit dans les yeux, elle voulait savoir ce qu'ils avaient contre elle.
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Ryad Assad
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyLun 19 Mai 2014 - 11:46
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Le soupir d'Errin en réponse à la question ingénue de l'elfe était particulièrement éloquent. Le guerrier, las du voyage éprouvant qu'il avait dû effectuer pour aller chercher de quoi nourrir son peuple, ne savait pas comment expliquer à Esméralda les origines d'une rivalité pluriséculaire entre les Naugrim et les Eldar. Il aurait pu s'y essayer, bien entendu, mais comment lui faire comprendre ce que lui-même ne comprenait pas vraiment. Les elfes étaient ce qu'ils étaient : hautains, méprisants, orgueilleux et jaloux. Ils prenaient les autres peuples de haut, parce que leur race était immortelle, et se targuait donc de détenir le monopole de la sagesse. Mais les Nains, bien que leur vie fût amenée à s'éteindre, les égalaient voire les surpassaient dans de nombreux domaines. La jalousie des elfes les avait poussés à se moquer des enfants d'Aulë, à railler leur petite taille, à insulter leur amour pour l'or, pour l'argent, pour les métaux et les pierres, quand eux vénéraient les arbres, les plantes et le vivant. Décidément, il n'y avait rien en commun entre ces peuples, pas plus qu'on ne pouvait trouver de points communs entre une pierre et un brin d'herbe. Mais Esméralda, de toute évidence amnésique à un stade très avancé, semblait ne pas avoir conscience de tout cela, et ne pas faire preuve de la même condescendance elfique à l'égard des constructions naines. Il semblait même qu'elle avait été impressionnée par Zulg-ai-Gathol, alors que la cité des Monts du Fer était loin d'égaler, en taille ou en magnificence, la Moria ou Erebor. C'était... surprenant.

Après avoir gardé le silence quelques longues secondes, pesant ses mots avec soin pour essayer de répondre de manière aussi complète que possible, sans toutefois se lancer dans des explications complexes, il répondit d'une voix sombre :

- Vous êtes là, c'est tout... Notre peuple n'aime pas les gens comme vous...

Il toucha son oreille, pour faire comprendre à la jeune femme que les siennes, allongées, en faisaient une personne fondamentalement différente au regard des Naugrim qui, il était vrai, partageaient des traits physiques auxquels elle ne correspondait pas. Avant qu'elle eût ajouté quoi que ce fût, il lâcha :

- Mais il semblerait que certains aient oublié que l'hospitalité s'étend à tous ceux qui ne sont pas nos ennemis... même aux elfes...

De toute évidence, il faisait référence au Nain qui était venu les accueillir, et dont la réaction avait été franchement hostile. Si Errin et les siens n'étaient pas particulièrement chaleureux avec Esméralda, au moins n'avaient-ils pas eu envie de la faire enfermer, ou de la rejeter à la tempête qui régnait au dehors. Mais cet avis n'était pas partagé, et il fallait faire attention à ceux qui n'étaient pas ravis de la présence d'une elfe parmi eux :

- Notre peuple n'est pas cruel, mais les temps sont durs, et les cœurs sont froids. Aussi, je préférerais que vous ne sortiez pas sans être accompagnée par l'un de nous. Simple précaution.

Errin paraissait craindre quelque chose, mais il n'en dit pas davantage, et se contenta de guider Esméralda vers un nouveau passage, un boyau étroit mais bien éclairé cette fois. Ils le longèrent pendant une poignée de minutes, avant de déboucher sur un escalier de pierre qui descendait en pente raide. Les Nains semblaient habitués à ces architectures particulières, mais l'absence de rambarde et la profondeur vertigineuse qui s'ouvrait sous eux lorsqu'ils baissaient la tête pour regarder au plus profond de Zulg-ai-Gathol avait de quoi déstabiliser. La compagnie ne souffrit toutefois d'aucun accident, et ils arrivèrent tous à destination, après une descente particulièrement longue. Etrangement, à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs de la montagne, la chaleur semblait remonter. La ville se rapprochait d'eux peu à peu, et ils pouvaient en percevoir les couleurs avec plus de précision. Les odeurs particulières de la pierre et de l'acier les accueillirent, soutenues par les vagues de chaleur qui remontaient des ateliers où l'on fondait le fer. L'absence de vent avait de quoi surprendre, et on avait l'impression que l'air était lourd et irrespirable. Plus que jamais, quand on se promenait dans les rues de la cité, on percevait le poids écrasant de la pierre au-dessus d'eux, la toute-puissance de la montagne qui les abritait, et qui leur offrait sa protection.

Les Nains étaient dans leur élément, et ils paraissaient au contraire retrouver des couleurs et de la joie de vivre. Au passage, ils saluèrent plusieurs de leurs compagnons, ceux qui se trouvaient encore dehors à cette heure tardive. On leur rendit des saluts amicaux, on leur adressa même des félicitations parfois. Mais dès lors qu'on s'apercevait qu'ils marchaient accompagnés d'une elfe, on baissait la main levée, rangeait le sourire sorti, et dardait sur l'étrangère un regard empli de méfiance et de suspicion. Chacun l'observait très attentivement, gravant ses traits dans leur mémoire pour ne pas l'oublier, comme s'ils risquaient de confondre son apparence singulière avec quelqu'un d'autre. Dans toute la cité naine, Esméralda était la seule de sa race, et plus généralement la seule créature non-naine. Elle ne pouvait dès lors pas passer inaperçu.

Les Nains de la compagnie s'arrêtèrent finalement devant une bâtisse de belle taille par rapport aux autres, mais qui était relativement basse pour leur invitée. Pour franchir la porte principale, nul doute qu'elle devrait se baisser, et une fois à l'intérieur, elle devrait faire attention à ne pas se cogner dans les lustres ou dans l'encadrement des portes. Errin se retourna, et adressa quelques mots en Khuzdul à ses compagnons, à qui il posa une main ferme sur l'épaule. Ils lui rendirent son salut avec chaleur, puis vinrent serrer la main d'Esméralda, tous sans exception. Ce signe de reconnaissance n'était peut-être pas grand-chose, et il n'était pas accompagné par une démonstration d'affection très intense, mais c'était déjà un progrès par rapport au comportement qu'ils avaient pu avoir à son égard au départ. Puis, sans un mot, ils s'éloignèrent en direction de leurs demeures respectives, qui ne se trouvaient pas très loin les unes des autres, à en juger par la direction qu'ils prenaient. Errin lança :

- Ils reviendront demain. En attendant, on va essayer de vous trouver un lit.

Et ce n'était pas une chose évidente, dans une maison de Nain. Celle d'Errin était grande et très élégante. Sur toutes les colonnes qui servaient à soutenir les cloisons, on voyait des sculptures délicieuses. La cheminée de pierre était ornée de motifs floraux et animaux, et on voyait des scènes de chasse. Les murs étaient décorés par des tableaux et des fresques représentant des événements historiques, des batailles, de grandes victoires et parfois des défaites. La représentation des personnages était saisissante, et certains ressortaient particulièrement du lot : de grands rois, probablement.

Un râtelier était posé dans un coin, et Errin y déposa sa lourde hache, à côté d'autres armes du même acabit, et toutes de très bonne qualité. Ils accrochèrent leurs manteaux d'hiver à un crochet, puis se dépêchèrent de préparer leur nuit de sommeil. Esméralda hérita d'une chambre d'ami, pas assez grande qu'elle y fût confortablement installée, mais suffisante néanmoins pour y dormir tout son saoul sans être mal à l'aise. Elle ne pouvait toutefois rentrer toute entière dans le lit, et elle devrait trouver une solution pour s'en accommoder. Le Nain lui glissa :

- Demain, vous aurez un bon repas chaud. Je n'ai pas de vêtements propres à vous donner, j'espère que vous avez de quoi vous changer. Vous pourrez prendre un bain, et vous laver. S'il vous manque quelque chose, je suis dans la pièce à votre droite. Bonne nuit.

Et il s'en alla, laissant l'elfe avec ses pensées. Errin, de nouveau seul, se hâta de quitter son casque, ses bottes ferrées, et sa cotte de mailles. Sa tenue de guerre pesait sur ses épaules, et il lui semblait qu'elle allait bientôt fusionner avec lui. Une fois délesté de ces dizaines de kilos de fer, il se sentit soudainement plus léger, aussi bien physiquement que mentalement. Ses pensées s'égarèrent sur les derniers événements, et sur les conséquences de ses actes. Ramener une elfe à Zulg-ai-Gathol... quelle drôle d'idée ! N'importe quel Nain sain d'esprit aurait passé son chemin, mais lui avait décidé de lui rendre service et de lui offrir l'asile. Un choix qui ne serait pas du goût de tous, et qui risquait de provoquer son lot de tensions. Des tensions dont les Monts du Fer n'avaient pas besoin. Avec les attaques gobelines toujours plus audacieuses, et les pénuries, les Nains avaient besoin plus que jamais d'être unis, et de s'entraider. Pas de se déchirer.

Errin s'allongea sur son lit avec un soupir d'aise, et il s'endormit profondément en quelques secondes, perdu entre ses rêves et ses cauchemars, entre un fol espoir de voir se rapprocher les elfes et les Nains dans cet hiver interminable, et la crainte de voir au contraire son peuple s'affronter autour de ces questions, et à terme se fermer complètement aux autres peuples de la Terre du Milieu.


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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptySam 24 Mai 2014 - 11:14
Errin resta silencieux pendant quelques instants avant de répondre :
- Vous êtes là, c'est tout... Notre peuple n'aime pas les gens comme vous...

Le geste qui accompagna sa réponse était éloquent.
Son cœur se serra. Les gens comme vous... Ces derniers mots résonnaient encore dans sa tête. Même si n'était pas contre elle en particulier, c'était son peuple qui était rejeté. Pourquoi ? Il y avait encore tellement de choses à comprendre...

Elle écouta attentivement quand il poursuivit :
- Mais il semblerait que certains aient oublié que l'hospitalité s'étend à tous ceux qui ne sont pas nos ennemis... même aux elfes... Notre peuple n'est pas cruel, mais les temps sont durs, et les cœurs sont froids. Aussi, je préférerais que vous ne sortiez pas sans être accompagnée par l'un de nous. Simple précaution.

Dès qu’il eu finit de parler ils repartirent dans un couloir étroit qui les amena à un escalier. Esméralda frissonna en apercevant le vide en dessous et se promit d’en rester la plus éloignée possible, elle ne se détendit totalement que lorsqu’ils furent arrivés en bas.
En continuant d’avancer, ils croisèrent plusieurs nains. L'ambiance animée et chaleureuse se mua en une atmosphère glaciale dont le silence pesait lourdement à l'arrivée de l'elfe. Des regards durs étaient dirigés sur elle et la méfiance se lisait au fond des yeux, Esméralda se sentit mal à l'aise et baissa la tête. Même si elle comprenait un peu plus cette défiance, elle n’arrivait tout simplement pas à s’y habituer.

Ils arrivèrent finalement devant une maison qui était apparemment celle d’Errin. Là, leurs compagnons les quittèrent après lui avoir serré la main. Ce qui la surprit mais lui remplit le cœur d'une douce chaleur. Elle esquissa un petit sourire en les regardant s’éloigner et tourna la tête vers Errin :
- Ils reviendront demain. En attendant, on va essayer de vous trouver un lit.

Elle hocha silencieusement la tête et le suivit à l’intérieur. En enlevant son manteau, elle observa rapidement l’intérieur, il était bien décoré et assez coloré. Le nain l’emmena dans une petite chambre et lui donna quelques indications avant de s’en aller.

Esméralda parcourut la pièce du regard puis alla s’asseoir sur le lit en jouant distraitement avec son collier, elle réfléchit à tout ce qui s’était passé depuis son réveil qui remontait maintenant à quelques jours, elle avait commencé par errer avant de tomber sur Errin et ses compagnons, avec eux, elle avait voyagé jusqu'à Zulg-ai-Gathol. Le souvenir des gobelins lui revint brutalement en mémoire, elle se rappelait encore de leur ignoble chanson, ils savaient peut-être qui elle était… Mais pourquoi est-ce que je pense à ça ? Ils ne peuvent pas me connaître… sauf si… elle secoua la tête pour chasser ces pensées et se concentra plutôt sur cette dernière journée, elle avait été assez chargée. Le combat, leur arrivée, sa séparation avec Kirzan, le nain qui avait faillit déclencher une bagarre à cause d’elle, l'attitude froide des autres nains envers elle. Sa seule consolation demeurait les solides poignées de mains de ses compagnons de voyage et enfin ce lit, qui, même s'il n'était pas à sa taille, lui semblait l'endroit le plus confortable du monde.

Elle soupira, lâcha sa pierre et prit sa tête dans ses mains, toute cette situation lui échappait et cela la rendait malade, elle était à bout de nerfs, elle sentait qu’elle risquait de craquer à tout moment. Entre la chaleur étouffante qui régnait ici, le silence qui s’installait dès qu’on la voyait, son amnésie et Kirzan qui lui manquait, elle n'en pouvait plus. Elle n’avait pas l’intention de rester très longtemps. Pourtant, elle aurait aimé connaître un peu mieux cette ville incroyable, mais elle sentait qu’elle n’en n’aurait ni le temps, ni l’occasion.

Ainsi perdue dans ses pensées, elle finit par se plonger dans un demi-sommeil agité. Elle se réveilla en sursaut quelques heures plus tard, dormir lui avait fait du bien mais son sommeil avait été troublé, comme à chaque fois, par des images floues et des sons étouffés. À chaque fois qu'elle se couchait, elle espérait que ce serait plus net mais non, rien, comme d'habitude. Légèrement tremblante, Esméralda se leva. Une bassine remplie d'eau était là, elle était tiède. Elle se débarrassa de ses vêtements et se lava tranquillement, se sentir enfin propre lui fit le plus grand bien. Après s'être rhabillée, elle se coiffa et sortit de sa chambre. Elle avait besoin de marcher, de se défouler, en tressant ses cheveux elle se mit à observer les décorations qu'elle n'avait pas vraiment pu voir à son arrivée. Les colonnes étaient ornées de sculptures finement ciselées qu'elle effleura délicatement de ses doigts. D'autres motifs paraient la cheminée tous aussi beaux les uns que les autres. Ces nains étaient vraiment très doués. Quand elle arriva au niveau de la porte, elle hésita un peu mais ne la franchit finalement pas. La chaleur était soutenable dans la maison mais dehors... en plus, sortir en sachant que les habitants de la ville n'acceptaient pas sa présence ne serait pas la meilleure chose à faire pour se détendre. Et si par malheur, elle croisait quelqu'un dehors, la situation n'en serait que plus tendue. Elle se força à se calmer en serrant très fort son pendentif et se remit à marcher de long en large, silencieusement, ne sachant plus trop quoi faire.
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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] EmptyJeu 29 Mai 2014 - 2:28
Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda] Homme_15

Errin s'était levé aux aurores ce matin-là, et il était allé de bonne heure rendre compte à ses supérieurs, qui attendaient impatiemment son rapport. En effet, à cause du Rude Hiver qui s'était abattu impitoyablement sur la Terre du Milieu, les Monts du Fer avaient de moins en moins de contact avec les autres régions, et leurs partenaires commerciaux se faisaient de plus en plus rares. La nourriture, le bois de chauffage, tout cela devenait précieux, et personne ne souhaitait plus amasser de l'or : l'essentiel était de survivre, et de s'armer pour faire face à ces tempêtes de neige qui semblaient ne pas trouver de fin. Malheureusement, et c'était peut-être la principale faiblesse des royaumes Nains, s'ils pouvaient produire des minerais en grandes quantités, ils n'étaient plus auto-suffisants comme aux temps de jadis, capables de survivre aux pires moments de l'histoire sans broncher, terrés dans leurs demeures de pierre, au cœur de la montagne. Zulg-ai-Gathol, malgré sa beauté, témoignait de cette décadence, et chaque fois qu'Errin revenait chez lui, il sentait le poids de l'hiver peser durement sur les épaules de ses compagnons.

En se présentant à la salle d'audience, ou une assemblée de seigneurs lui faisait l'honneur d'écouter son rapport, il expliqua en détail ce qu'il avait vu dans les contrées du Sud : les ravages du froid et du gel sur les cultures et les champs ; la cherté des denrées, la rareté de certaines marchandises d'ordinaire très communes ; la peur et la méfiance des Hommes vis-à-vis de l'étranger. Il n'omit pas de leur expliquer avec force détail comment des bandes armées s'organisaient de plus en plus pour survivre. Des hommes, souvent des paysans ou d'anciens soldats, qui ne trouvaient pas les moyens de subsister dans les campagnes, et qui fuyaient les villes où s'entassaient les miséreux. Ils maraudaient dans les plaines, à la recherche de caravanes mal protégées, pour les piller et les délester de leur or si possible, mais de leurs nourriture et de leurs couvertures, souvent. Il était terrible de voir que même les bandits ne s'intéressaient plus aux monnaies, mais se battaient pour leur survie. C'était un signe qui ne trompait guère...

Il leur parla également des loups, qui rôdaient en meute dans les étendues glacées. Ils menaient des attaques loin au Sud, mais lorsqu'ils étaient chassés, ils se repliaient toujours dans les terres gelées du Nord, rendant dangereuse la région pour les Nains qui voulaient s'y aventurer. Enfin, il aborda la question des gobelins qui les avaient pris pour cible sur le trajet du retour. Ces créatures chétives et maladives, affamées et décharnées, avaient tout de même trouvé la force de leur donner la chasse, et tué trois des leurs lors d'un affrontement d'une rare violence. Leur présence autour des portes Naines était inquiétante, car ils avaient dû finir par comprendre qu'attaquer les convois qui rentraient aux Monts du Fer était leur meilleure chance d'obtenir des vivres en quantité. Un nouveau signal inquiétant pour les Naugrim, qui devraient considérablement augmenter les escortes qui accompagnaient leurs convois de marchands. Les seigneurs notèrent avec beaucoup d'attention toutes ses remarques, et se montrèrent particulièrement alarmés par ce qu'il leur apprit au sujet des gobelins. En effet, c'était l'ennemi de toujours des Nains des Monts du Fer, et dans la lutte pour la survie leur incroyable stupidité pouvait leur permettre de faire vaciller la robustesse bien ébranlée des enfants d'Aulë.

La réunion dura une bonne heure et demi, laissant à Errin le temps de parler librement, et de livrer tous les commentaire qu'il pouvait avoir sur cette expédition, et plus particulièrement sur la présence de l'elfe qu'il avait ramenée à Zulg-ai-Gathol, au mépris de toute logique. Il s'attendait bien évidemment à ces questions, car les seigneurs qui se trouvaient en face de lui étaient pour la plupart assez âgés, et en dépit de leur grande sagesse, il leur arrivait d'avoir des idées assez arrêtées sur certaines choses. Les elfes n'étaient pas des ennemis à proprement parler, mais ce n'était pas une raison pour leur ouvrir la porte de la plus grande cité des Monts du Fer, surtout dans une période aussi difficile. Toutefois, et Errin en sut gré à ses supérieurs, personne n'essaya de le piéger en lui faisant assumer une quelconque responsabilité. L'heure était bien trop grave pour cela, et il valait mieux se concentrer sur les choses importantes.

En rentrant chez lui, Errin trouva Esméralda levée, occupée à marcher de long en large dans la pièce à vivre. Elle paraissait avoir retrouvé des couleurs, après une bonne nuit de sommeil, et le Nain s'en félicita. Il la salua d'un geste las de la main, comme pour lui indiquer qu'il avait besoin de s'asseoir avant de commencer son récit. En effet, il venait de parler pendant plus d'une heure, et il avait la gorge sèche. Fort heureusement, il avait un petit tonnelet sous le bras, qui indiquait qu'il existait un remède à sa situation. S'asseyant lourdement sur un tabouret, il invita la jeune femme à prendre place en face de lui, sur un siège qui était bien trop petit pour elle, et qui donnait l'impression qu'elle était recroquevillée :

- Vous avez de trop longues jambes, en plus d'avoir de longues oreilles, plaisanta-t-il pour détendre l'atmosphère.

Tout en parlant, il servit deux pichets de bière fraîche (il faisait froid dans les rues, et nul doute qu'en stockant ses tonneaux à l'extérieur, ils devaient rester à une température idéale), et il commença le sien avec un soupir d'aise. Revenant à son interlocutrice après avoir essuyé de sa moustache la mousse qui s'y était déposée, il lança :

- Je reviens d'une réunion avec plusieurs hauts dignitaires, à qui je devais faire mon rapport. Désolé de ne pas vous avoir réveillée, mais je pense que vous aviez besoin de sommeil.

Il y avait de ça, et puis il savait que les gens qui ne dormaient jamais sous terre avaient parfois du mal à s'habituer à l'absence de ciel, de soleil, de lune. Ils perdaient la notion du temps, ne savaient plus quand était le jour et quand était la nuit. Il leur fallait quelques temps avant que leur organisme retrouvât de lui-même les bonnes habitudes. Les Nains, nés et destinés à mourir sous terre n'avaient pas ce problème, et c'était comme si leur cadran solaire biologique était dans leur poche en permanence.

- Nous avons un peu parlé de votre cas, naturellement, mais de toute évidence personne ne vous chassera d'ici. Vous êtes sous la protection de notre famille, et vous n'avez pas grand chose à craindre.

Il aurait pu dire "rien à craindre", mais il ne pouvait pas se résoudre à affirmer avec certitude que rien ne viendrait obscurcir le séjour de l'elfe. Après tout, on ne pouvait pas prévoir la réaction de tout le monde, surtout en ces temps troublés. L'animosité qui existait entre les deux peuples pouvait se manifester sous des formes diverses, et non nécessairement pacifiques. Changeant brutalement de sujet, il s'assombrit encore davantage, si c'était possible :

- Mais il y a un autre sujet qui nous inquiète : les gobelins. L'hiver ne se termine pas, et ces créatures sont en train de nous encercler peu à peu. Malheureusement, elles sont en train de progresser, et de nous étrangler. Si tel est le cas, malheureusement, vous ne rejoindrez jamais la Forêt Noire.

Il laissa planer un moment le poids de ces paroles bien amères. Il était vrai que la situation était grave, mais il restait tout de même difficile d'imaginer les Nains être éradiqués aussi facilement. Errin lui-même avait du mal à croire ce qu'il avait entendu de la bouche de ses compatriotes, mais d'après eux, les choses avaient changé, et les gobelins semblaient se préparer pour une nouvelle offensive. Les vivres rapportées par Errin donneraient du baume au cœur et de l'énergie aux soldats du front, mais ce ne serait pas suffisant, loin de là. Toutefois, le conseil avait un plan.

- Il nous reste une solution, toutefois. Nous pensons avoir identifié le point que les gobelins vont attaquer. S'ils nous submergent, ils auront un accès direct à Zulg-ai-Gathol, et c'en sera fini de nous. Mais si nous parvenons à créer un éboulement dans le tunnel, nous bloquerons pour un temps leur avancée.

Apparemment, le plan était simple. Mais...

- Il y a un problème qui demeure... Ce tunnel est la voie principale pour rallier l'Ouest, et donc à terme la Forêt Noire. Si nous l'obstruons, il vous faudra des mois avant de rentrer chez les vôtres... Les seigneurs suggèrent que vous veniez avec nous, et que vous tentiez votre chance au moment où nous agirons. Dans la confusion, vos chances d'échapper aux gobelins sont certainement meilleures.

Errin fronça les sourcils. Le plan avait quelques inconvénients dont il ne préférait pas parler tout de suite. Après tout, ils venaient juste de rentrer, et ils n'avaient pas encore eu vraiment la possibilité de récupérer. Se projeter sur une nouvelle mission était une manière, pour le Nain solitaire, d'occuper ses journées et ses pensés, de focaliser son attention sur autre chose qu'un quotidien qui, sans cela, aurait été bien terne. Mais l'elfe avait peut-être besoin de digérer ce qu'elle venait de vivre, d'accepter la dure réalité dans laquelle elle venait de plonger. Après tout, elle était une étrangère en terre inconnue, perdue au milieu de ces visages qui ne lui rappelaient rien, et amputée d'une bonne partie de sa mémoire. A sa place, Errin se dit qu'il aurait probablement perdu la raison, et qu'il se serait perdu dans les limbes de son esprit torturé plutôt que de se battre comme elle le faisait. Quelque part, il admirait sa force de caractère, et sa capacité à cacher les doutes qu'elle devait sûrement éprouver en cet instant. Lui-même doutait, et le plan qu'il lui proposait n'était pas véritablement satisfaisant, il le savait. Il espérait simplement que, d'une manière ou d'une autre, les choses allaient évoluer positivement, ce qui ne semblait pas bien parti. Avalant une grande gorgée du breuvage qui tournait dans son pichet, il s'emmura dans le silence, et attendit les premières réactions de son interlocutrice, plein de perplexité et d'hésitation.


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