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 Au détour du chemin

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Hardor
Lieutenant des Gardes de Khazad
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Hardor

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Au détour du chemin EmptyVen 25 Avr 2014 - 22:39
Hardor avait quitté depuis maintenant dix jours sa belle cité de Khazad-dûm. Il avait marché par-delà les collines, en prenant soin de contourner la Lothlorien. Il avait traversé l'Anduin dans la barque d'un couple de pêcheurs. Ils n'avaient pas manqués de lui faire payer son passage, plus par besoin de survivre que par appât du gain. Il l'avait d'ailleurs fait la mort dans l'âme, mais il n'avait pas d'autre choix. Hardor avait ensuite continué sa route à travers les plaines du Rhovanion jusqu'à la lisière de la Forêt Noire.
      Il avait décidé de faire un détour par la forteresse abandonnée de Dol Guldur, place forte d'un ancien mal, l'ancienne place forte du Seigneur des Ténèbres : Sauron. Après être entré dans la forêt, il marcha encore une journée entière. Quand la nuit tomba, il s'arrêta, avancer dans le noir dans cette forêt étant trop dangereux. Il installa sa petite tente. Il ramassa quelques bûches et brindilles qui se trouvaient non loin et commença à préparer le foyer. Il sortit une boîte d'amadou de son paquetage et grâce à une brindille qu'il frotta activement, une flammèche apparût. Le feu prit, et il s'assit, fatigué de sa marche. Il retira aussi de son sac quelques biscuits nains et une gourde de bière. Il mangea un petit peu, gardant des provisions pour la longue route qu'il lui restait à faire. Il alla s'étendre dans son campement de fortune, mais une impression inquiétante le prit, des frissons parcoururent son échine. Des cris stridents retentirent dans la forêt... Ou peut-être n'était-ce que dans sa tête. Il s'endormit dans un sommeil agité, plein de cauchemars.
     
    Le soleil perça à travers la toile. Quelques rayons lumineux transpercèrent les parois de la tente et inondèrent le visage du nain. Il entrouvrit les yeux. Il remua un peu, son corps engourdi et fatigué refusant de bouger. Il se leva enfin, la tête pleine de brume. Il sortit de la tente et s'étira. Il regarda vers le ciel, étonné que les rayons aient traversés l'épais feuillage des arbres. De fait, il se trouvait dans une clairière. il ne l'avait pas remarqué dans l'obscurité du soir du jour précédent, la lumière de la lune ayant été tout-à-fait cachée par les nuages noirs.
    Il replia son abris de fortune, éteignit les cendres de son foyer en même temps qu'il se soulageait, remis son paquetage sur le dos et avança vers l'Est. Il écarta quelques buissons, et manqua tomber dans un immense gouffre. Devant lui, sur un python rocheux, obscur et menaçant, Dol Guldur lançait ses grands doigts noirs vers le ciel lumineux. Les ruines semblaient plus éclairées au soleil, mais le mal avait longtemps corrompu ce lieu, et plus aucune image de beauté n'était visible. Au loin, l'immense pont de pierre qui enjambait le gouffre tombait en ruine, et sa traversée serait dangereuse.
    Hardor marcha vers celui-ci et commença à traverser. Cet immense pont lui rappelait le Pont de Khazad-dûm, qui surplombait lui aussi un abîme obscure et insondable. Il continua d'avancer, car à ce moment, sa curiosité et son désir d'explorer chaque recoins de la forteresse l'emportait sur le léger sentiment d'inquiétude qui était en train de l'envahir. Devant lui, un grand arche de pierre annonçait l'entrée de la forteresse. Il passa sous cet arche. Soudain, une force mystérieuse lui écrasa les poumons, et fit battre son sang comme des milliers de tambours. Ses tempes battaient et ses jambes menaçaient de céder. Il déguaina sa hache. Mais sa main la laissa tomber dans un bruit métallique. Les murs se rapprochaient et menaçaient de l'écraser. Il recula lentement sur le grand pont de pierre. Il manqua de tomber deux ou troid fois dans le gouffre, mais il n'osait courir. Lorsqu'il posa enfin de nouveau le pied sur le sol terreux, il s'écroula, à genoux. La brume commençait à descendre sur la forêt...
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Ryad Assad
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Au détour du chemin EmptyMer 21 Mai 2014 - 15:34
Dol Guldur, la colline de la sorcellerie. Son seul nom suffisait à faire trembler les cœurs les plus vaillants, et on ne pouvait pas dire que c'était l'endroit le plus fréquenté de la Terre du Milieu. Quiconque serait resté en poste devant la forteresse aurait perdu son temps à attendre un quelconque visiteur, un fanatique venu rendre hommage aux sombres forces qui s'étaient déployées en ces lieux, et qui avaient été anéanties des siècles auparavant. Les maléfices de cet endroit appartenaient au passé, désormais... Mais du passé et du néant, le malheur avait toujours trouvé le moyen de revenir, s'appuyant en cela sur la cruauté, la malveillance et l'avidité des Hommes. Il fallait dire qu'en ces lieux maudits, chaque âme en quête de noirceur et de pouvoir avait de quoi trouver son compte. De nombreuses ailes de la forteresse avaient été détruites, et les décombres jonchaient le sol en un millier de blocs épars, attendant d'être déblayés. Toutefois, les sous-sols et les cachots étaient intacts : les salles secrètes, les couloirs exigus et angoissants, tout cela avait été épargné par le passage purificateur des magiciens opposés à Sauron.

Il fallait une bonne dose de courage pour oser s'aventurer au plus profond de la forteresse. Il en fallait pour se perdre dans les dédales de couloirs, baignés dans l'obscurité que combattait vainement la lumière d'une torche solitaire portée à bout de bras, et agitée en avant dans l'espoir de dénicher un piège ou un passage dérobé. De temps à autre, on voyait un cadavre étendu sur le sol, ou assis dos au mur. La plupart du temps, ils étaient rongés jusqu'à l'os, mais il arrivait parfois qu'ils fussent en bien meilleur état, signe qu'ils n'étaient pas là depuis longtemps. Des chasseurs de trésor, des amateurs de magie noire, des collectionneurs... Bref, des fous qui n'avaient pas eu la chance de sortir vivants de leur périple sous Dol Guldur. Dommage pour eux.

En examinant leurs dépouilles, on trouvait parfois des objets intéressants : des anneaux que l'on pouvait prendre pour des anneaux de pouvoir, mais qui après un examen attentif se révélaient n'être que des ornements. De qualité, certes, mais rien de magique et rien d'exceptionnel. Ils trouvaient toutefois une place dans une poche ou une besace, et seraient vendus au poids sur un quelconque marché local. Plus rarement, les défunts tenaient un sac contenant des artefacts vraiment intéressants : des grimoires, qui pour certains avaient de la valeur. Quelques uns étaient rédigés en Commun, et abordaient des sujets très banals, comme l'histoire, la géographie. D'autres parlaient d'argent, et évoquaient des trésors. Ceux-là étaient gardés jalousement par les chasseurs, qui comparaient les sources, et essayaient de déterminer l'emplacement de certaines cachettes pour les piller pour leur propre compte. Enfin, on trouvait les livres de magie, qui étaient l'objectif rêvé de tout chasseur de trésors. Ils étaient en général écrits dans une langue étrange, faite de symboles glauques et malsains, et ils recelaient de grands pouvoirs. Officiellement, personne ne s'intéressait à cela, mais si on savait à quelle porte frapper, on pouvait en tirer une petite fortune : de quoi vivre la belle vie pendant quelques temps, ou financer une autre expédition à la recherche d'un nouveau trésor.

Plus rarement, ces traités étaient écrits dans une langue un peu moins étrange : l'elfique, par exemple. C'étaient des ouvrages précieux, mais qui attiraient moins la curiosité des collectionneurs. En effet, les textes écrits dans la langue des Elfes recelaient en règle générale moins de pouvoir que ceux codés en Noir Parler. Mais dans l'un de ceux-là, ou plutôt dans les fragments trouvés sur un cadavre, Kolvia avait appris énormément, et avait développé ses propres pouvoirs.

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Oh, elle n'était pas magicienne, loin de là. Elle ne pouvait même pas imaginer se comparer aux Istari, et encore moins aux enchanteurs elfiques, qui, disait-on, pouvaient transformer la matière, et manipuler l'esprit. Ses capacités à elle avaient toujours été très limitées, et se cantonnaient à des rêves étranges, des flashes difficiles à comprendre, mais qui lui paraissaient réels. Dans sa jeunesse, elle n'en avait parlé à personne, mais elle avait fini par découvrir par hasard que les événements qu'elle voyait dans sa tête avaient tendance à se réaliser. Certains, seulement, et elle ne voyait pas toujours l'issue de ses visions, mais elle avait éprouvé sa conviction au point de finir par croire à ses rêves.

C'étaient d'ailleurs eux qui l'avaient poussée à arpenter les routes, à la recherche d'un individu qu'elle n'avait jamais vu. Elle avait l'impression qu'il appartenait à sa famille, d'une manière ou d'une autre, et qu'il avait besoin de son aide. Toutefois, elle ne connaissait que son visage, et n'était pas capable de le décrire précisément. Elle savait seulement qu'elle pourrait le reconnaître si elle le voyait, et elle sentait qu'elle devait le retrouver. Le fragment de grimoire qu'elle avait retrouvé avait été une grande avancée dans sa quête, lors de son second passage à Dol Guldur. Elle avait découvert que par un procédé spécifique, elle pouvait accroître la précision de ses rêves, à condition d'inhaler les vapeurs d'une plante spécifique, et de disposer d'une quantité de sang suffisante. Le texte étant coupé et morcelé, les détails n'étaient pas précis, mais le rituel en lui-même semblait fonctionner avec les ajustements qu'elle y avait apportés. Il lui restait dès lors à trouver le sang nécessaire.

La chose avait été facile au départ, et elle s'était contentée de son propre sang, en attestaient les cicatrices parallèles sur son avant-bras gauche. Mais très vite, elle avait vu les limites de cette opération. Ses rêves étaient certes plus précis, mais ils ne lui permettaient toujours pas de voir avec précision de quoi localiser cet homme qui hantait ses pensées. Elle avait donc dû recourir à du sang animal pour compenser, mais cela n'avait pas eu les mêmes résultats, et ses rares tentatives s'étaient soldées par des cauchemars terribles et violents qui avaient menacés de la rendre folle. Sa seule option restante était de prendre le sang d'Hommes, de Nains, ou d'Elfes - elle n'osait pas essayer avec des Orques -, pour satisfaire sa curiosité. A plusieurs reprises, elle avait effectué son rituel sur des individus venant juste de mourir, ou sur des personnes condamnées et sur lesquelles elle n'avait aucun scrupule à procéder. Toutefois, plus elle rêvait, plus elle avait l'impression de se rapprocher de son but, et plus son désir de sacrifier était fort. A chaque fois, elle pensait : "cette fois, je pourrai voir !", et espérait que ce serait la dernière fois.

Mais le rêve parfait n'était jamais venu, hélas. Elle avait alors décidé de retourner à Dol Guldur, pour y chercher des réponses. Elle se souvenait grossièrement où elle avait trouvé le corps et les fragments, et elle espérait pouvoir retrouver l'ensemble du texte, pour en apprendre davantage, et éventuellement pour trouver une façon de contourner les problèmes techniques que posait sa façon de faire actuelle. Elle avait erré dans le souterrain pendant de longues heures, allant au-delà de ce que lui conseillait la prudence, ramassant au passage tout ce qui pouvait se montrer digne d'intérêt, et qu'elle pourrait revendre une fois sortie de ces tunnels. Toutefois, elle ne réussit pas à mettre la main sur ce qu'elle cherchait, en dépit de tous ses efforts. Finalement, épuisée et bientôt à court de lumière, elle se décida à faire volte-face, et à retourner à la surface pour se reposer. Explorer Dol Guldur sans rencontrer la mort était assez rare en soi, et elle ne pouvait pas pousser la chance au-delà de ce qui était raisonnable, sans quoi elle risquait de mourir pour rien.

Il lui fallut deux heures pour retrouver l'air libre et glacé de la nuit, et elle se demanda pendant un instant si elle était vraiment sortie du souterrain, tant il faisait noir. Mais c'était la faute à un nuage passager, qui s'éloigna en laissant la Lune éclairer tranquillement les environs. Des flocons tombaient du ciel, mais trop peu nombreux pour recouvrir la forteresse d'un blanc manteau. Refermant le sien autour d'elle pour se réchauffer, elle se dirigea à pas feutrés vers le petit pont. Elle avait la certitude d'être seule ici, mais elle préférait ne pas faire de bruit, et quitter cet endroit sordide comme elle y était venue : en toute discrétion. Toute absorbée à regarder autour d'elle, elle ne fit pas attention à ce qui se trouvait à ses pieds, et donna un grand coup de botte dans un objet métallique qui fit un bruit terrible en claquant contre la pierre. Kolvia se mordit la lèvre, et s'empressa de se cacher derrière un mur presque entièrement rasé, qui la cachait à peine. Elle s'immobilisa, et écouta sans rien entendre pendant deux longues minutes.

Prenant son courage à deux mains, elle reprit sa progression en essayant de faire attention, et de retrouver l'objet sur lequel elle avait posé le pied. Ce ne fut pas difficile, car il reflétait les rayons de la Lune, et elle s'en empara pour l'observer attentivement. C'était une hache de belle facture, autant qu'elle pouvait en juger, et particulièrement lourde. Elle avait du mal à la tenir, alors pour ce qui était de la manier... Celui qui s'en servait devait être particulièrement costaud. A cette pensée, elle jeta un regard circulaire autour d'elle, s'attendant presque à voir surgir un mercenaire armé jusqu'aux dents, beuglant après elle en pointant dans sa direction une épée effilée. Mais non, toujours rien. Tentant sa chance malgré tout, elle prit le pont, et quitta enfin Dol Guldur, avec la sensation qu'on venait de retirer un poids de ses épaules. Toutefois, elle n'était pas au bout de ses surprises, car un corps était étendu sur le sol, à l'extrémité du pont.

Elle s'approcha à pas de loup, la hache brandie, prête à abattre l'inconnu s'il se révélait dangereux. Mais il ne semblait pas bouger. Du bout de sa botte, elle le poussa pour voir sa réaction, mais il paraissait complètement mort. Elle l'examina rapidement, et son œil exercé en déduisit qu'il s'agissait d'un Nain. Pour le reste, elle n'aurait pu donner plus de précisions. Peut-être les motifs particuliers de son casque et de son arme auraient pu la renseigner sur sa provenance, mais elle ne s'y connaissait pas suffisamment. Elle imaginait qu'il venait d'Erebor, la place-forte Naine la plus proche, mais se demandait ce qu'il faisait à Dol Guldur, et surtout ce qui avait pu le mettre dans cet état. Il respirait toujours, mais ne semblait pas vouloir se réveiller, comme si un sombre maléfice était tombé sur lui. Après tout, il était au bon endroit. Après l'avoir sommairement identifié, Kolvia le délesta de l'épée courte qu'il portait au côté, et la passa à sa ceinture aux côtés de la hache. Puis, se penchant très bas pour se maintenir stable, elle glissa ses bras sous les aisselles du Nain, et commença à le traîner dans la forêt qui entourait la forteresse, à l'abri des regards.

Elle le laissa retomber sans ménagement un petit quart d'heure plus tard, essoufflée et en nage d'avoir dû fournir tant d'efforts. Il était lourd en soi, mais l'armure qu'il portait n'arrangeait pas les choses, et elle avait dû batailler contre les racines et les branches basses pour se frayer un chemin jusqu'à l'endroit où elle avait abandonné son cheval. L'animal, de toute évidence fait pour le trait, n'avait même pas tourné la tête en la voyant arriver, probablement déjà averti par le bruit qu'elle avait fait en arrivant. Elle s'étira le dos avec un soupir de soulagement, et jeta la hache et l'épée courte dans un coin, hors de portée du Nain, avant de revenir à lui. Il dormait toujours, étrangement, et semblait complètement inerte. Un coma ? Peut-être. Elle retourna à des considérations plus immédiates, et alluma un feu. Elle se savait assez loin de la forteresse, et elle considérait qu'il était plus prudent de lutter contre le froid que de se cacher de créatures qui, de toute façon, avaient migré vers le Sud en quête de nourriture. Une fois que les flammes commencèrent à crépiter, elle revint à son invité, qu'elle entreprit de déshabiller.

L'armure, cela n'avait pas échappé à ses yeux vifs, était rehaussée de dorures, et devait valoir une petite fortune. Si elle la récupérait, elle pourrait probablement la vendre un bon prix. A condition de ne pas l'abîmer, bien entendu. Elle défit les sangles, et retira tant bien que mal l'armure du guerrier, ses gantelets, ses bottes. Elle mit à l'écart son bouclier qu'elle estima à six ou sept mille pièces d'or, au bas mot. Le casque à lui seul devait bien en valoir deux ou trois mille, de quoi se faire plaisir dans la prochaine ville qu'elle visiterait. Une fois qu'elle l'eût laissé en chemise et en chausses, elle empaqueta ses effets, et les chargea sur son cheval, qui semblait capable de supporter ce poids supplémentaire. Tant mieux. Elle ne supporterait pas de dormir à côté d'un cadavre, alors elle prendrait la route dès qu'elle aurait quitté ses rêves. Pour parer à toute éventualité, elle avait toujours sur elle les instruments de son rituel, pour ne pas perdre de temps si la situation l'exigeait. Elle sortit donc d'une poche trois tubes en fer, creux et ouverts aux deux bouts. Une des extrémités était pointue, toutefois, comme un cône. Les tubes étaient remplis d'une mixture grisâtre, une plante réduite en poudre de laquelle se dégageait une odeur âcre. Maintenant, elle devait attaquer la partie la moins réjouissante de son travail. Pour faire bonne mesure, elle devait enfoncer les trois tubes dans un endroit qui saignait suffisamment pour alimenter le rituel, sans toutefois que le débit fût trop fort. Le front était, d'après le texte, l'endroit idéal.

Il lui manquait simplement un petit marteau pour enfoncer les tubes, et le tour serait joué. Posant la tige sur la peau du Nain, elle se retourna un bref instant pour chercher l'instrument dans sa sacoche, posée à ses côtés. Ce fut ce moment précis que choisit le Nain pour revenir à lui. Kolvia ouvrit grand les yeux en croisant le regard du fils d'Aulë, et sa bouche réagit en premier :

- Euh...

Elle fut incapable d'en dire davantage, incapable de trouver une justification appropriée à ses actes. Toutefois, cet instant d'hésitation était peut-être la seule opportunité du Nain. Il n'avait qu'une seconde pour réagir avant qu'elle frappât à l'aide de son marteau, et qu'elle ne l'envoyât rejoindre ses ancêtres.


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Hardor
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Au détour du chemin EmptyVen 23 Mai 2014 - 9:48
Hardor réveilla avec un mal de tête insoutenable. Sa tête venait de taper contre une racine. Il était traîné... Un orque, un Elfe de Mirkwood ? Il n'entrouvrit que très légèrement les paupières. Il ne vit rien hormis les arbres noirs et décharnés de la forêt et les buissons où l'on s'attendait à voir à tout moment de menaçants yeux jaune apparaîtrent... La personne ou la créature qui le traînait le tenait par dessous les aisselles de sorte qu'il ne pouvait pas voir le visage de son ravisseur. Il ne sentit pas ses armes à son côté et espéra que la personne qui l'avait enlevé les ai au moins prise avec elle. Hardor butait contre les racines et son armure faisait des cling à chaque racine et chaque caillou. Il referma les yeux. Il avait décidé de surprendre ce qui l'avait désarmé et dont les intentions n'avait pas l'air bonnes, du moins dans les premiers sentiments du nain. Il le ferait au moment opportun, ni trop tôt, ni trop tard.
   Il se maudit d'être venu ici. La curiosité est un vilain défaut, est la preuve vivante de se dicton était en train de le tirer comme un gros sac de farine. Il se demanda si le supplice allait durer encore longtemps. De toute façon, la lourdeur de l'armure allait bientôt fatiguer ce qui le tirait. Ça ne pouvait être un Orque, l'odeur pestilentielle n'était pas présente. C'était soit un Homme ou un Elfe car les bras qu'il sentait sous ses aisselles n'étaient pas musclés, robustes. Une femme ?
    Après quelques dix minutes de douloureux halage, les bras le laissèrent tomber. Sa tête tomba sur le sol avec un bruit sourd. Mais si un seul son sortait de sa bouche, il serait en danger, ne connaissant pas les intentions de son ravisseur. Hardor n'était pas confiant du tout. Il sentit des mains détacher les sangles de son armure et enlever son casque de sa tête. Il se sentit bientôt délesté de tous ses effets, hormis de sa chemise et ses chausses. Il entendit un brouhaha de bruits métalliques. Il prît le risque d'entrouvrir les paupières. C'était bien une femme. De dos, il ne la voyait pas bien. Mais elle était en train de charger les affaires du nain sur son cheval. C'était donc une pillarde... Hardor détestât l'idée de frapper une femme, mais il devait récupérer son bien, et la diplomatie ne marcherait pas contre l'appel de la fortune que promettait son équipement.
    La femme se retourna et il ferma rapidement les paupières. Il sentit un objet métallique froid sur son front. Cela ne le rassura guère. Il entendit les pas de la femme s'éloigner. Il ouvrit grand les yeux, se mit sur son séant. La jeune femme le regarda d'un air ébahi.
- Euh...
Mais le nain ne dit rien, pas un mot. Il s'était déjà précipité sur elle et l'avait plaquée au sol. Il lui administra un formidable coup de poing. Ce n'était pas cela qui allait lui faire perdre connaissance, mais cela donnerai du temps au nain. Il vit son épée entre deux racines, s'en empara rapidement et la pointa vers la femme encore au sol, qui se remettait encore de sa douleur.
- Qui êtes-vous ? dit Hardor.
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Ryad Assad
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Au détour du chemin EmptyVen 23 Mai 2014 - 14:49
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Tout était allé très vite. Trop vite pour la jeune femme, qui l'instant d'avant était encore en train de rassembler son courage pour accomplir un acte dont elle n'était pas fière, mais qu'elle estimait plus que nécessaire à sa quête. Elle l'avait déjà fait, pas avec plaisir, mais elle l'avait déjà fait. Elle savait comment les choses allaient se passer, et y était préparée. Et puis en l'espace d'un battement de cil, tout avait basculé. A commencer par elle, d'ailleurs. Le Nain, bien que délesté de ses effets, et en dépit de son inconscience prolongée au pied de Dol Guldur, avait réussi à se ressaisir avec une étonnante vitalité, et à plonger sur la pillarde qui, désarçonnée, n'avait pu que chuter en arrière sous le poids de cet être de petite taille, mais dont la masse était bien supérieur à la sienne. L'univers s'écroula autour d'elle, tandis que les arbres vacillaient dans la forêt devenue brusquement le théâtre d'un pugilat désespéré entre deux êtres qui ne se connaissaient pas. Elle eut le souffle coupé par ce premier choc douloureux, elle qui n'était pas une guerrière endurcie, et qui n'était pas particulièrement habituée aux corps à corps terribles. L'adrénaline gorgea son organisme pour endiguer la douleur, et elle se sentit brutalement consciente d'un millier de détails qui jusque là lui échappaient totalement. Ses capacités sensitives étaient démultipliées, mais son attention était quelque chose distraite par son esprit volage. Pendant une seconde, elle s'étonna de ce qu'aucun oiseau ne s'envolait aux alentours, convaincue que les volatiles auraient déserté la zone de guerre, à la recherche d'un abri plus sûr. A moins qu'ils n'eussent déjà tous quitté la région, poussés vers les terres probablement plus chaudes du Sud d'Arda.

La seconde d'après, son attention fut ramenée à des considérations plus immédiates, quand un poing lancé à toute vitesse vint cueillir sa joue avec violence, éclatant sa lèvre au passage et lui rejetant la tête sur le côté au point qu'elle crut que sa nuque avait été arrachée. Elle ne trouva pas la force de crier, se contentant de fermer les yeux involontairement, essayant de se protéger d'une éventuelle seconde attaque. Son cerveau chercha à faire le point, et à déterminer si sa moelle épinière était touchée. Fort heureusement, ce n'était pas le cas, et elle put trouver la force - ou le réflexe de survie ? - de rouler sur le côté, pour se placer hors de portée de son agresseur, qui entretemps s'était rué sur son épée posée non loin. Lorsqu'ils se retournèrent tous les deux, chacun faisant face à l'autre, les rôles s'étaient inversés. Ce n'était plus Kolvia qui dominait la situation, agissant avec une certaine maîtrise tandis que son vis-à-vis inconscient attendait tranquillement le sort qui lui était promis. C'était elle qui, désormais, se trouvait en position de faiblesse, désarmée et coupée de ses bagages, séparée de son cheval par la silhouette menaçante d'un Nain de fort méchante humeur armé d'une belle épée. Ironie, quand tu nous tiens.

Levant les mains dans un signe universel d'apaisement, la jeune femme se rappela soudainement de la douleur cuisante qui lui vrillait le visage, et elle commanda à cinq de ses doigts de freiner le flot de sang qui se répandait sur son menton, non sans laisser échapper au passage une grimace de douleur. La coupure était nette, et elle se résorberait bien vite, mais en attendant elle n'en demeurait pas moins douloureuse. Il faudrait la laver aussi vite que possible, à condition que le Nain acceptât de baisser son arme, ce qui ne semblait pas être en tête de ses priorités pour l'instant. Il avait plutôt l'air - et c'était assez compréhensible - de chercher des explications. D'une voix implacable, il lui demanda qui elle était, comme si son identité pouvait le renseigner d'une façon ou d'une autre sur ses intentions. Elle savait très bien où il voulait en venir, et elle éluda sa première interrogation, pour répondre à celles qu'il n'avait pas encore formulées :

- Pardon, ce n'est pas ce que vous croyez ! Je...

"Tu quoi ?" se morigéna-t-elle intérieurement. Elle se sentit idiote : qu'est-ce qu'il croyait au juste, en se réveillant pour découvrir une inconnue penchée au-dessus de lui, après lui avoir retiré ses vêtements, avec l'intention évidente de lui planter quelque chose dans le crâne ? Il ne fallait pas être bien malin pour comprendre, et il fallait être prodigieusement stupide pour se laisser convaincre qu'il y avait une bonne explication à tout ça. Elle réfléchit à toute vitesse, sans trouver d'histoire plausible à lui servir, et commença à reculer pour se mettre le plus loin possible de l'épée qu'il tenait toujours brandie :

- A...Attendez, attendez ! Je ne voulais pas... Je... Vos affaires sont là, dans le sac, c'est la vérité !

Elle désignait frénétiquement du doigt la selle de son cheval, où se trouvaient effectivement l'armure, le casque, le bouclier, et toutes les autres pièces qui composaient l'armure richement décorée du Nain. S'il se retournait même un peu, il pourrait les voir dépasser, et récupérer ce qui lui appartenait. Mais surtout, cela donnerait une opportunité à la jeune femme pour agir, car pendant qu'il regarderait ailleurs, elle pourrait prendre la tangente, et disparaître avant qu'il eût le temps de rien faire. Mais pour aller où ? Par ce temps, elle n'avait aucune chance de survivre plus d'une journée sans les vêtements de fourrure et la nourriture qui se trouvaient encore auprès de son cheval. Fuir maintenant, cela signifiait mourir demain. Mais rester, cela voulait dire mourir tout de suite. A choisir, elle préférait quand même tenter sa chance. Il fallait simplement espérer que le Nain allait se retourner, ce qu'il ne paraissait pas vouloir faire pour l'instant. Dommage.

Elle en était là dans ses réflexions quand, soudainement, un grondement rauque à faire trembler les pierres retentit. Il venait de tout autour d'eux, apparemment, repris en écho par les arbres qui paraissaient renvoyer ce cri, l'amplifier et le transmettre comme des messagers rapporteraient une rumeur en la déformant. Mais contrairement à une simple rumeur, ici on sentait les relents d'une menace qui approchait, d'une menace bien plus énorme et plus terrible que les deux pauvres petits êtres qui se chamaillaient autour du feu. Dol Guldur, la colline de la sorcellerie, n'était pas loin. Etait-il possible qu'ils eussent réveillé quelque chose par le vacarme de leur bref affrontement ? Etait-il possible que ce qui avait endormi le Nain fût venu le récupérer, pour achever son travail ? Kolvia, qui pourtant n'était pas superstitieuse, se mit à trembler de tout son être, à moitié à cause de la crainte déraisonnée qui s'emparait d'elle, à moitié à cause du froid mordant qui venait de s'abattre sur la forêt, sans explication.

Les flammes au milieu d'eux vacillaient de manière inquiétante, et semblaient couchées par le souffle puissant d'une bête qui approchait, et qui reniflait l'odeur des vivants. Soudainement, la jeune femme se désintéressa du duel, et se mit à chercher une manifestation physique du malaise terrible qui s'était emparé d'elle, et qui semblait s'abattre sur le Nain également. Indubitablement, il y avait quelque chose non loin, et pour l'heure le silence était leur meilleure garantie de survie. Une seconde passa, et un craquement se fit entendre brusquement. Ce n'était pas le craquement d'une brindille sous le pas maladroit d'un chasseur, mais plutôt quelque chose ressemblant à un arbre arraché du sol par le passage d'une créature colossale et implacable. Kolvia se rendit compte tout à coup qu'elle avait arrêté de respirer, tendue comme la corde d'un arc, entièrement focalisée sur ces bruits étranges.

Et puis elle la vit. La chose. Ou plutôt, elle ne la vit pas, mais elle devina sa silhouette. Dix mètres de haut, peut-être autant de large, avec ce qui semblait être des bras trapus et des yeux jaunes menaçants, qui se frayait un chemin silencieusement parmi les arbres. Ce n'était qu'une ombre, une colonne de fumée qui progressait lentement, souplement, mais elle avait l'impression que cette chose allait les aspirer dans le néant, et les faire disparaître purement et simplement. Un cri de terreur suraigu s'échappa de sa bouche avant que toute pensée cohérente eût trouvé une explication rationnelle à cette manifestation, tandis qu'elle désignait du doigt l'apparition derrière le Nain. Il pouvait croire ce qu'il voulait, personne ne pouvait simuler avec tant de spontanéité une telle terreur, et cette fois, il avait intérêt de se retourner. Au milieu des troncs dépourvus de verdure, quelque chose progressait. Quelque chose qu'une épée ne pourrait pas combattre, et qu'ils devaient fuir tant bien que mal. Immédiatement. Le cheval, mû par un instinct que ses compagnons bipèdes semblaient avoir perdu face au danger imminent, fut le plus prompt à réagir. Il s'élança à toute vitesse, passa en trombe à côté de Kolvia sans s'arrêter, et disparut à toute allure.

Ce fut comme un déclic pour elle, et elle fit volte-face, courant à toutes jambes pour mettre autant de distance que possible entre elle et cette créature, cette chose maléfique qui les prenait en chasse. Elle filait comme le vent, bondissant par-dessus les racines et les troncs couchés sur son chemin avec une souplesse toute féline, paraissant éviter les obstacles comme si la course était son allure naturelle, comme si la fuite était son élément. Elle entendait les pas lourds et précipités du Nain, derrière elle, qui paraissait tenir la cadence, étonnamment. A quoi pouvait-il bien penser en cet instant ? A rattraper celle qui lui avait tout volé pour lui faire payer son geste, ou bien à échapper à cette chose qui les pourchassait ? Elle ne se donna pas la peine de se retourner pour le savoir, et se contenta de forcer l'allure. Chacun pour soi !

Mais la malchance s'abattit sur elle une seconde fois, en cette soirée décidément bien agitée. Alors qu'elle bondissait par-dessus une racine proéminente, elle ne vit par l'excroissance dissimulée par l'obscurité, et accrocha en plein vol son pied dans ce piège naturel. Toute notion d'équilibre disparut, et elle glapit de terreur en sentant son corps changer d'angle brutalement. Emportée par son élan, elle s'écrasa lourdement sur le sol, y rebondit comme un objet inerte quelconque, et roula sur plusieurs mètres, se cognant la tête au passage et sombrant dans l'inconscience sur-le-champ. Ses cheveux bruns devinrent humides du sang qui coulait de la plaie légère qu'elle avait à l'arrière du crâne, mais ce n'était pas le principal danger qui la menaçait. Elle avait chuté en pleine ligne droite, et si la chose les suivait toujours, elle finirait immanquablement par tomber dessus, pour en faire les Valar savaient quoi.

Sa seule chance désormais résidait entre les mains d'un Nain qu'elle avait capturé, dépouillé, failli tué, puis voulu abandonner à cette créature. Sa course le menait droit vers le corps de la jeune femme, et il ne pourrait pas la manquer même à pleine vitesse. Il lui appartenait désormais de décider de son sort, mais surtout de trouver une solution pour s'en sortir. En effet, les rugissements avaient repris de plus belle, toujours plus proches, et il ne semblait pas envisageable de se battre contre le titan qui les poursuivait...


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Au détour du chemin EmptyLun 2 Juin 2014 - 17:36
- Pardon, ce n'est pas ce que vous croyez ! Je...
     Hardor s'attendait à ce que ces mots sortent d'entre ces lèvres. Il les avait déjà entendu des dizaines de fois lorsque il avait surpris des pillards ou des brigands et qu'il était en position de force. Il n'allait pas se laisser berner aussi facilement. Son visage ne traduisait pas vraiment de la peur mais plutôt une certaine inquiétude. Et c'était compréhensible. Hardor n'était pas vraiment content d'avoir été dépouillé aussi facilement et sans opposer de résistance...
    Il gardait toujours son bras armé tendu vers la jeune femme. Il avait serré son poing vide sous le coup de l'excitation. Le formidable coup de poing qu'il lui avait administré lui avait ouvert la lèvre et de sa main terreuse, elle s’essuyait la blessure comme elle le pouvait. Malgré la blessure, Hardor décela derrière ses traits qui semblaient durcis par l’expérience une grande beauté, un charme qui éclairait quelque peu l'obscurité de la forêt. Mais il n'eût pas le temps de se déconcentrer.
- A...Attendez, attendez ! Je ne voulais pas... Je... Vos affaires sont là, dans le sac, c'est la vérité !
   Toutes ces paroles étaient inutiles. Hardor n'y prêta aucune attention. Elles étaient prononcées sous le coup de la panique. Le fait que les effets du garde de Khazad-dûm étaient dans le sac sur le cheval n'avait pas échappé au nain. C'était son principal objectif après avoir réglé le problème de la femme. Il ne comptait pas subtiliser le cheval de la pillarde, il avait trop d'honneur pour cela. Mais son bras le démangeait de faire disparaître cet être misérable de la surface d'Arda.
   Au moment où il allait répondre d'un ton dur et sans réplique, un énorme grondement se produisit. Les arbres de la forêt tremblèrent, leurs immenses pieds menaçants de sortir de terre. Le crâne de Hardor vibra, tout semblait vouloir s'écrouler. Un fluide glaçial se répandit et transperça les entrailles du nain. Il lança un regard vers la pillarde. Elle tremblait de tout son être, une peur innommable s'était emparée de son âme, et elle commençait à prendre aussi celle de Hardor. Derrière lui, le cheval hennit et s'élança au triple galop vers Dol Guldur. La jeune femme se releva immédiatement après qu'il fût passé et le suivit en courant. Le nain s'élança derrière elle, plus par peur de ce qui les poursuivait que pour rattraper son équipement. Il n'osa même pas se retourner.
   Juste devant lui, il voyait la femme courir de toute ses forces, mais il tenait la distance. La vitesse sur de courtes distances est plus facile pour un nain que sur de longues distances. Soudain, il vit les pieds de l'inconnue se prendre dans une racine et en une seconde elle roulait à terre, inconsciente. Ils avaient un peu d'avance sur la chose, car le grondement était moins fort qu'à l'instant. Il observa le corps étendu de la personne qui avait tenté de lui subtiliser son armure à l'instant. Il hésita un dixième de seconde, puis, de toute ses forces, poussa le corps de la femme dans les fourrés environnants et se jeta à ses côtés.
   Quelques secondes plus tard, il sentit les énormes pas de la créature passait à quelques mètres d'eux. Elle ne s'arrêta même pas pour humer l'air. Ils ne semblaient pas être sa cible. Hardor se releva au bout de quelques minutes. Il retourna sur le sentier, et se dirigea vers la Colline de la Sorcellerie. Il courût comme un fou vers le pont de la forteresse. Il se retrouva au bout du pont rapidement. De l'autre côté, sous l'arche d'entrée, il vit une épaisse fumée noire passer outre les murs et disparaître. Il sentit soudain une odeur de mort. Il baissa les yeux et vit le cheval de la pillarde, étendu et éventré. Le nain s'agenouilla à ses côtés. Il eût pitié de la pauvre bête qui n'avait pas put résister à la violence du mal. Il ramassa ses affaires, remit son armure et son casque, rangea sa hache à son côté. Il tira le corps du pauvre animal vers la forêt et le recouvrit de feuilles. Malheureusement, c'est tout ce qu'il pouvait faire en matière de sépulture. Il ramassa le sac de la propriétaire du cheval et retourna vers l'endroit où il l'avait laissée. Au moment où il arriva, elle était encore évanouie. Il jeta le sac à ses côtés et repartit vers la forteresse abandonnée. Il lançait son enquête...
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Ryad Assad
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Au détour du chemin EmptyMar 3 Juin 2014 - 16:31
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Lorsque Kolvia ouvrit les yeux, la première chose qu'elle ressentit fut une immense douleur, presque impossible à localiser. Elle avait l'impression qu'un être malicieux avait méticuleusement martelé son corps à l'aide d'un instrument contondant, et que sa fastidieuse tâche n'avait épargné aucun de ses muscles, aucun de ses os. Elle était là, étendue sur le dos dans ce qui ressemblait à des fourrés, incapable de bouger. Son esprit se réveillait peu à peu, et à chaque nouvelle seconde, elle semblait découvrir de nouvelles formes de souffrances, toujours plus subtiles et élaborées. Tout d'abord, elle perçut la brûlure d'une plaie qu'elle avait à la tête, et qui avait eu le temps de se refermer durant son absence. Elle n'avait aucune idée de la gravité de cette première blessure, mais de toute façon une seconde se rappela à elle sans délicatesse. C'était sa lèvre cette fois, rendue douloureuse par le coup de poing magistral que lui avait administré un nain en colère. Et puis il y avait le froid terrible, qui déclencha immédiatement une série de tremblements incontrôlables, sitôt qu'elle se rendît compte de sa présence. Elle était loin d'être assez couverte, et ses membres ankylosés, raides, paraissaient ne pas vouloir obéir aux ordres d'un cerveau pour l'heure totalement perdu.

Avec un grognement fort peu élégant, elle roula sur le côté, et essaya de se repérer. Partout autour d'elle, des arbres immenses aux branches tendues, qui étendaient sur elle leur ombre terrible et effrayante. Il n'y avait pas un bruit, comme si tous les animaux de la forêt avaient déserté les lieux, ou comme si ceux qui se trouvaient là étaient en train de l'observer attentivement. Dans les deux cas, ce n'était guère rassurant, et elle se mit à regarder de droite et de gauche, à la recherche de quelque chose pour se défendre. Elle s'imaginait trouver un morceau de bois suffisamment épais pour servir de gourdin, ou suffisamment pointu pour servir de pique. Elle doutait de pouvoir s'en servir efficacement de toute façon, mais elle aurait au moins la sensation rassurante de ne pas être totalement démunie face aux multiples dangers qui pouvaient se dissimuler dans l'obscurité. Au pire, elle espérait mettre la main sur une pierre de belle taille, qu'elle pourrait lancer au visage d'une hideuse créature venue pour la dévorer, ou qu'elle pourrait cogner contre la tête d'un assaillant surgi des ténèbres pour l'enlever. Mais assurément, elle ne s'attendait pas à mettre la main sur son sac, qui contenait ses biens les plus précieux.

Sa mémoire lui jouait peut-être des tours, mais elle se souvenait distinctement avoir vu son cheval s'enfuir à toute allure, abandonnant sa maîtresse à la créature enténébrée qui s'était élancée à leur poursuite. Pour le reste, les événements étaient flous, et elle ignorait pourquoi et comment elle était toujours en vie. Toutefois, le Nain ne devait pas être étranger à cette histoire. Etait-il possible qu'il l'eût rattrapée, pour mieux l'assommer et ensuite l'étendre dans ces fourrés ? C'était envisageable, naturellement, après ce qu'elle lui avait fait. Mais dans ce cas, il aurait laissé son cheval, s'il avait voulu lui donner une chance de repartir de cet endroit. Ou alors il l'avait laissée pour morte, avait voulu cacher son corps, et avait donc décidé de s'emparer de sa monture. Mais dans ce cas, pourquoi choisir de lui rendre son sac ? Elle n'en savait rien, mais son objectif principal était de retrouver son cheval pour pouvoir rejoindre la prochaine ville. Et pour cela, il fallait mettre la main sur le Nain.

Non sans peine, elle se remit sur pieds, et s'étira longuement quoique silencieusement, pour redonner de la souplesse à ses muscles glacés. Elle s'autorisa quelques minutes de remise en forme, avant de hisser son sac sur ses épaules, et de s'atteler à retrouver son adversaire de petite taille. Kolvia n'était pas douée pour la chasse, mais ses années de pillage avaient exercé ses yeux et son instinct. Elle savait repérer les cavités secrètes et les pièges enfouis, alors localiser des traces de pas sur une terre meuble ne serait pas particulièrement difficile. Elle n'eût pas à faire dix mètres pour repérer enfin des empreintes fraîches, laissées par le passage de sa cible, à en juger par les dimensions des pieds. Toutefois, et cela la surprit quelque peu, elle ne discerna aucune trace de la créature gigantesque qui avait essayé de les happer. Un tel monstre, capable de faire trembler la terre, aurait dû laisser des marques profondes dans le sol et déraciner quelques arbres au passage. Elle ne l'imaginait pas passer sur une autre route que celle qu'ils avaient empruntée, et même lorsqu'elle s'éloigna quelque peu pour étendre son champ de recherche, elle ne découvrit pas le moindre indice susceptible de révéler ce mystère. C'était à croire que le monstre n'avait existé que dans son esprit...

Résignée, elle revint à des considérations plus urgentes pour l'heure, à savoir les traces de pas qui serpentaient à travers la forêt. Ce n'était pas un chemin aussi net qu'elle l'aurait voulu, mais fort heureusement les chutes de neige des derniers mois avaient déposé une fine couche blanche sur le sol de la forêt, et il n'était pas compliqué de suivre un individu passé quelques heures auparavant. Se serait-elle réveillée plus tard qu'elle aurait certainement été incapable de repérer quoi que ce fût. Contrariée par le sort désagréable qui avait été le sien - après tout, elle avait été battue, jetée sur le bord de la route, et dépossédée d'une partie de ses biens - elle s'engagea à la suite du Nain avec une détermination renouvelée, à la hauteur du préjudice subi. Rapidement, ses muscles réapprirent à fonctionner normalement, et elle passa d'une marche rapide à un trottinement régulier, suffisamment rapide pour la réchauffer et pour redonner de la vigueur à son organisme, sans pour autant la fatiguer outre mesure, et lui faire risquer une mauvaise chute. Avec toutes ces racines invisibles, il valait mieux se montrer prudent.

Elle suivit les traces de pas pendant une demi-heure environ, s'arrêtant de temps en temps pour vérifier qu'elle ne s'était pas trompée, et pour réajuster le sac sur ses épaules qu'elle n'avait pas l'habitude de porter. Peu à peu, elle reconnut l'endroit où elle se trouvait, à de minuscules indices qui ne trompaient pas. Les arbres de moins en moins vivants, de plus en plus effrayants. Les pierres qui sortaient du sol ici ou là, comme autant de stèles funéraires commémorant la chute d'un valeureux guerrier. La plupart de ces pierres dont elle ignorait la fonction étaient profanées, marquées par des griffures et des peintures étranges qui faisaient référence à des époques lointaines, mais pas si oubliées. Un oeil solitaire la regardait parfois, et son aura effrayante la mettait mal à l'aise, la poussant à accélérer. Et finalement, elle la vit. A chaque fois qu'elle revenait à Dol Guldur, elle éprouvait la même chose : du dégoût, du mépris, mais en même temps de la crainte et de l'appréhension. La forteresse qui se tenait là quelques trois siècles auparavant n'était plus, et avait été rasée jusqu'aux fondations. Ce qu'il subsistait du lieu, toutefois, n'était pas moins dangereux que les tours dont on devinait la silhouette à partir des restes fantomatiques d'un passé révolu, dressés fièrement vers le ciel comme un dernier salut à la puissance du Noir Ennemi. Les cachots où avaient probablement été torturés à mort des centaines d'hommes et de femmes, les salles secrètes enfoncées profondément sous terre, où l'on trouvait encore des grimoires qui, pour certains, renfermaient un pouvoir terrible et convoité. Elle plissa le nez, comme si malgré la distance, elle pouvait sentir l'odeur horrible de la malveillance qui siégeait encore en ces lieux. Puis, reprenant son courage à deux mains, elle s'engagea sur le sentier qui menait au pont de pierre.

Sa silhouette courbée se déplaçait furtivement derrière les rochers qui jadis avaient été une muraille épaisse, et ses pas embrassaient le sol sans un bruit, épousant les inégalités pour limiter tout risque de glissade. Sans difficulté, elle se coula dans les ombres et les recoins abrités, pour se rapprocher de l'individu qu'elle venait de repérer, errant au milieu de la forteresse. De toute évidence, il cherchait quelque chose. Peut-être l'entrée d'un tunnel pour se rendre à l'intérieur de Dol Guldur. Elle sourit intérieurement, en se disant que jamais il n'y parviendrait seul : la première fois qu'elle y était venue, il lui avait fallu quatre jours de recherche intensive pour trouver un passage, et elle y était allée alors qu'il faisait jour. A la seule lueur de la Lune, il n'avait aucune chance. Le Nain, car c'était bien de lui qu'il s'agissait, n'avait pas encore remarqué sa présence. Elle était trop loin, et trop discrète pour cela. Déposant son sac au sol, elle en tira deux armes, avant de s'approcher à découvert. Elle ne cherchait pas particulièrement à se montrer discrète, et quand le Nain se retourna enfin, elle était à une dizaine de mètres de lui, une arbalète de poing tendue au bout de son bras, dirigée droit vers son torse.

Le regard de Kolvia était déterminé, mais il était facile de deviner qu'elle n'était pas une tueuse. Ses activités professionnelles la conduisaient à faire de choses relativement immorales - comme profaner des cimetières ou des tombes, par exemple -, et les instructions du grimoire l'avait poussé plusieurs fois à prendre la vie, mais elle n'avait jamais dû tuer quelqu'un les yeux dans les yeux, un individu qui se débattrait, et qui ferait tout pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle fit de son mieux pour cacher son inexpérience et son malaise, bien aidée en cela par l'obscurité qui régnait dans la forteresse. D'une voix faible, pour ne pas attirer l'attention d'un éventuel ennemi tapi non loin, elle souffla :

- Rendez-moi mon cheval et mon argent, et nous serons quittes...

Elle paraissait sûre d'elle, mais il y avait une donnée qu'elle surestimait certainement : la puissance de sa petite arbalète. Contre un individu lambda, elle pouvait certainement tuer sur-le-champ, mais son efficacité serait-elle identique sur un Nain en armure de guerre ? Elle n'avait droit qu'à un coup, après quoi elle perdrait son unique avantage...


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Au détour du chemin EmptyMar 3 Juin 2014 - 18:52
Hardor s'avança avec précaution sur le pont de pierre, posant avec précaution un pied devant l'autre, sans bruit. Du moins tentait-il d'être discret. Mais sa lourde armure et ses armes n'aidaient vraiment pas, et les cliquetis de l’attirail résonnaient légèrement dans le vide en contrebas du pont. Devant lui, les restes de la vieille forteresse restaient impressionnants et inquiétants, encore empreints d'une ancienne peur. Mais cette peur semblait avoir pris une nouvelle forme. Et cette nouvelle forme était capable de tuer.
   Le nain lança un regard derrière lui, vers la vieille forêt. Les arbres noirs et biscornus jetaient leurs branches vers le ciel noir et nuageux, comme de longs doigts voulant agripper la voûte étoilée. Quelques étoiles brillaient entre les nuages, mais leur lumière ne rassura pas pour autant le nain. Cela ne le réchauffa même pas. L'obscurité était trop présente, ici. Elle s’immisçait jusque dans les entrailles de tout être vivant foulant cette terre désolée. Hardor repensa un moment à la jeune femme qu'il avait laissée dans la forêt, étendue et à la merci d'une quelconque bête qui serait en quête de nourriture. Mais il lui avait laissé son paquetage... Et de toute façon l'heure n'était pas aux remords pour les pillards. Hardor ne devait pas se laissait affaiblir. Il se retourna et continua sa route vers les vestiges de Dol Guldur.
   Il passa bientôt sous l'arche qui servait autrefois d'entrée. Il avait beaucoup lu sur l'histoire de la forteresse. L'identité de ceux qui l'avait édifiée était inconnue, mais ceux qui en eurent l'usage ne furent que trop connus, et pour le malheur de tous. Malgré toute la puissance qu'avait déployé le Conseil Blanc pour raser cet endroit maudit, l'esprit du mal semblait résider encore en ces lieux, bien que ce mal soit aujourd'hui disparu des terres d'Arda. Le capitaine des gardes de Khazad-dûm n'était pas du tout rassuré, mais sa curiosité avait guidé ses pas plus que sa méfiance et son inquiétude. Il se mit en quête d'un passage afin d'accéder aux niveaux inférieurs des ruines, car la créature, cette ombre noire meurtrière, s'était volatilisée, ou avait tout simplement rejoins les profonds souterrains et cachots de la Colline de la Sorcellerie. Le nain fouilla chaque recoin, grattant, tapant pour trouver une résonnance qui indiquerait une porte cachée. Malgré presque une heure de recherche, il ne trouva rien. La nuit s'était avançée, et l'aube ne tarderait plus. Dans une ou deux heures, le soleil percerait ces nuages et éclairerait Mirkwood et Dol Guldur. Il se retourna afin de continuer à chercher un passage.
   Il se retrouva presque nez-à-nez avec la pillarde. L'obscurité de la nuit ne laisser entrevoir que sa silhouette, mais il ne la reconnaissait que trop bien cette silhouette, il l'avait vu une heure auparavant tout au plus, en train de le dépouiller de ses affaires. Elle tenait dans ses mains une arbalète et un carreau à la pointe d'acier était pointé vers le nain. Le voilà bien récompensé de sa magnanimité.

- Rendez-moi mon cheval et mon argent, et nous serons quittes...
Elle avait dit cela d'une voix faible, peut-être par souci de ne pas faire de bruit, mais le nain, qui avai rencontré nombre d'adversaires, décela un manque d'assurance dans cette voix. Il se demanda si elle s'était déjà servi de cette arbalète, si elle avait déjà appuyé sur la gâchette de métal... Si elle avait déjà vu quelqu'un mourir devant elle, en se disant qu'elle était la cause de ce sang, de ce cadavre.

- Votre argent doit être dans votre sac. Votre cheval est mort... Cette bête l'a tué. Baissez cette arbalète...
Il n'avait pas chuchoté pour dire cela, sa voix était dure, son ton sans réplique. Peut-être avait-il était un peu trop autoritaire. Il n'était pas vraiment en position de force. Il savait qu'il n'avait aucune chance d'esquiver le carreau, et que si il l'atteignait sur une partie du corps que son armure ne couvrait pas, il mourrait là, tué par un brigand...
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Ryad Assad
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Au détour du chemin EmptyJeu 5 Juin 2014 - 16:14
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Kolvia s'était fourrée dans une drôle de situation, et maintenant qu'elle avait décidé de faire ce pas en avant, elle ne pouvait plus reculer. Après tout, elle n'y avait pas été obligée, et elle avait fait son choix en toute connaissance de cause. En se réveillant, en vie et près de ses maigres possessions, elle savait qu'elle avait eu beaucoup de chance, et elle aurait pu faire le choix de prendre la fuite pendant qu'elle le pouvait, et d'essayer de trouver un village proche pour s'y abriter quelques temps. Suivre le Nain dans la forêt, pénétrer dans Dol Guldur au mépris de toute notion de prudence et d'auto-conservation, et enfin décider de le menacer ouvertement avec son arme, plutôt que de lui tirer directement un carreau dans le dos et d'en finir rapidement... Tout cela avait contribué à la placer dans cette position délicate qui était la sienne désormais. Probablement que si elle avait été une mercenaire ou une tueuse, quelqu'un habituer à ce genre de négociations, elle aurait su quoi dire et quoi faire pour conserver l'avantage, mais il se trouvait qu'elle n'était pas ce genre de personnes, et la réponse du Naugrim la prit totalement au dépourvu.

Son argent, dans son sac ? Oh non... Elle avait pensé à regarder, et il ne s'y trouvait pas. Elle n'avait pas grand chose avec elle, certes, mais c'était suffisant pour se payer un repas dans une auberge, une chambre miteuse, et éventuellement pour acheter de quoi panser quelques coupures minimes. Et puis surtout, c'était son argent, celui qu'elle avait gagné à la sueur de son front, en crapahutant dans les recoins les moins fréquentables de la Terre du Milieu. Personne n'était disposé à faire ce qu'elle faisait, et elle devait serrer les dents, affronter les pires cauchemars de certaines personnes pour quelques piécettes vite englouties dans les dépenses nécessaires à la préparation de sa future expédition, et à ses recherches intensives. Elle connaissait la réputation des Nains, cupides et avares, qui étaient attirés par l'or autant que les Orcs l'étaient par le sang. Qui d'autre pouvait lui avoir subtilisé son or, en laissant de côté armes et documents précieux ?

Elle était sur le point de l'accuser formellement, quand le Nain lui apprit dans la foulée que son cheval était mort. Les yeux de la jeune femme s'agrandirent de surprise, et son bras armé sembla vaciller pendant un instant, alors qu'elle prenait la mesure de cette terrible révélation. A dire vrai, les choses ne pouvaient pas aller plus mal. En perdant son or, elle se condamnait à devoir mendier ou voler pour subsister, mais c'était quelque chose qu'elle pouvait surmonter. En tant que pilleuse de tombe, l'éthique était une notion qu'elle savait mettre de côté plus souvent qu'à son tour, et elle n'avait que faire des états d'âme de quelques villageois, atterrés devant la perte d'une pomme ou deux. Elle vivait au jour le jour, et prenait ce dont elle avait besoin si elle ne pouvait pas se le payer. Sa survie, pensait-elle, valait bien quelques petits désagréments pour des individus qu'elle ne recroiserait peut-être jamais. Mais sans son cheval, que pouvait-elle faire ?

Le Rude Hiver s'était abattu sur la Terre du Milieu, et avait rendu les déplacements extrêmement complexes. Les chutes de neige, les tempêtes, le blizzard, tous les éléments déchaînés pour barrer la route des voyageurs, rendaient les trajets à pied presque impossibles. Sans argent, et sans monture pour lui permettre de rallier un village, Kolvia était coincée, condamnée à errer sans fin dans la Forêt Noire traquée par les créatures terribles qui y vivaient, ou bien promise à une mort lente et douloureuse dans les plaines glacées battues par les vents violents qui soufflaient en rafales ininterrompues. Si les neiges fondaient un jour, on retrouverait son cadavre miraculeusement préservé, et on s'empresserait de la dépouiller comme elle-même l'avait fait toute sa vie avec les tombes des autres. Cruelle ironie.

Le bras de la jeune femme retomba mollement, et ses épaules s'affaissèrent sans qu'elle pût rien y faire. Malgré l'obscurité, l'abattement se lisait dans son attitude, et si la lumière de la Lune ou des étoiles pouvait parvenir jusqu'à son visage, elle découvrirait un masque de désespoir bien difficile à supporter. Kolvia s'éloigna d'un pas, et s'assit sans vraiment s'en rendre compte sur une pierre posée non loin, enfouissant la tête dans ses mains. Elle ne pleurait pas, non, car elle n'était pas du genre à se laisser aller à de telles émotions. Toutefois, les doutes l'assaillaient de toutes parts, les questions sans réponse, et elle devait essayer de faire le vide pour trouver quelle décision prendre, quel chemin emprunter pour se sortir de ce mauvais pas. Pour un temps, le Nain semblait avoir quitté ses pensées, et elle n'était plus vraiment consciente de sa présence à ses côtés. En fait, elle n'était plus consciente de rien, sinon du froid ambiant qu'elle percevait avec une acuité décuplée, et qui l'agitait de légers frissons.

- Mais qu'est-ce que je vais faire ? Lança-t-elle à haute voix.

En remontant vers le Nord, elle pouvait très certainement se rapprocher des territoires elfiques, mais il était probable que ces créatures ne l'accepteraient pas. Ils étaient bien trop renfermés, et on racontait que quiconque se promenait sans prendre garde sur leurs terres pouvait se perdre à jamais. Elle préférait ne pas essayer, et ses chemins pour rallier Dol Guldur avaient toujours consisté à marcher le moins longtemps possible à l'ombre des arbres. En allant vers l'Ouest, elle se rapprocherait des montagnes, mais pour y quoi faire ? Il n'y avait que de petits villages là-bas, qui de toute façon avaient probablement été désertés par leurs habitants en raison du froid. Au Sud, s'ouvrait la route du Gondor, qui constituait certainement sa meilleure chance. Mais la distance était considérable, et elle risquait fort de tomber sur les meutes de loups qui allaient toujours plus au Sud, suivant la progression de leur gibier. Seule et sans cheval, c'était suicidaire. Sa meilleure chance était donc de piquer vers le Nord-Est, pour essayer de rallier Dale ou Esgaroth. La route serait plus sûre, mais également plus difficile, à cause des chutes de neige. Elle ne risquait pas de mourir dévorée vivante par une horde de chiens géants, mais elle pouvait mourir d'inanition ou d'hypothermie.

Un bruit de pas trop proche d'elle attira son attention, et elle bondit sur ses pieds comme un diable jaillit de sa boîte pour effrayer les enfants. Deux pas en arrière la ramenèrent à une distance plus convenable. Le Nain ne semblait pas menaçant, mais elle aurait été bien en peine de déceler un signe avant-coureur indiquant qu'il allait passer à l'action. Après tout, il était toujours armé, et il pouvait très bien décider de la tuer sur place s'il le voulait. En même temps... il avait certainement des choses à faire autres qu'explorer Dol Guldur. Avec de la chance, il avait une destination en tête, et il pouvait peut-être la prendre avec lui.

Elle n'avait pas eu le temps de fouiller ses affaires pour se faire une idée, car après tout elle pensait qu'il allait mourir sous peu, mais il paraissait équipé pour un long voyage, et il allait à pied. Peut-être était-il capable de survivre - et donc de la faire survivre - dans le froid terrible qui s'était abattu sur Arda. Elle ne pouvait pas en espérer davantage, et devait croire qu'il accepterait de lui prêter main-forte. Après tout, pour l'heure, il n'avait pas encore décidé de lui porter un coup fatal, alors que tout portait à croire qu'elle avait été à sa merci. Peut-être accepterait-il de la sauver une nouvelle fois.

- Je... Ecoutez, nous sommes coincés ici tous les deux, et nous avons besoin l'un de l'autre...

Elle était bien plus douée pour la négociation que pour le combat, mais elle sentait quand même que son argumentation était bancale. Toutefois, elle n'avait rien à perdre, et son salut dépendait de sa capacité à faire accepter au Nain qu'elle valait davantage vivante que morte. Ce serait un bon début. Elle enchaîna rapidement, pour essayer de le convaincre malgré tout :

- Mon cheval est mort, et vous avez mon or (elle persistait à croire qu'il l'avait pris). Je ne peux pas vous échapper, et vous pouvez faire ce que vous voulez de moi. Mais si vous êtes revenu ici, c'est que vous voulez explorer Dol Guldur, n'est-ce pas ?

Elle n'en était pas certaine, mais elle devait le supposer pour continuer. Après tout, on aurait dit qu'il cherchait une entrée pour pénétrer dans les sous-sols de la forteresse, et pour quelle autre raison aurait-il décidé de venir dans cet endroit lugubre, sinon ? Elle inspira profondément :

- Je connais quelques entrées... J'ai déjà exploré les lieux. Je peux servir de guide, si vous voulez. Gratuitement, bien entendu. En échange, je vous demande juste de m'accompagner jusqu'à votre prochaine destination. Sans vous, je n'ai aucune chance de m'en tirer...

Sa voix était peut-être un peu plus pitoyable qu'elle ne l'avait imaginée, mais c'était exactement ce qui était nécessaire. Et pour ne rien arranger, c'était vrai. Elle avait besoin de lui, et elle entendait bien lui faire comprendre que s'il refusait de l'aider, il ferait tout aussi bien de la tuer sur place pour lui éviter des tracas inutiles. Mais aiderait-il une personne aussi louche qu'elle ? Après tout, ce qu'il avait entrevu de sa véritable nature ne devait pas lui inspirer confiance.

- Vous pourrez me livrer aux gardes, si ça vous fait plaisir... Les Valar savent ce qu'ils me feront, mais j'ai plus de chances d'en sortir vivante...

Elle fit une grimace, et passa la main derrière sa tête. La plaie ne s'était pas rouverte, mais venait tout à coup de la lancer terriblement. La douleur était supportable, mais ne l'aidait aucunement à réfléchir. C'était comme d'essayer remplir un tonneau de vin pendant que quelqu'un perçait des trous dans le bois. Ses idées paraissaient s'écouler par de multiples plaies intangibles, et elle dut faire un effort de volonté pour tenir debout et retrouver un peu de cohérence. Achevant son argumentaire, elle lança pleine de détermination :

- Si vous êtes d'accord, nous partirons en exploration demain. Il vaut mieux y aller pendant la journée, et j'ai besoin de me reposer...

Elle n'osa pas lui dire qu'elle escomptait bien récupérer son or pendant qu'il dormirait, s'il était assez fou pour lui faire confiance et la laisser s'assoupir sans la lier.


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Au détour du chemin EmptyMar 10 Juin 2014 - 18:39
Lorsqu'il avait appris à la voyageuse la nouvelle de la mort de son cheval, Hardor perçu dans l'obscurité que son visage se décomposait, que tout son corps devenait las. Il sentait qu'elle était perdu sans moyen de transport. Certes lui pouvait supporter la marche dans le froid glacial, et il avait appris à survivre dans le Rude Hiver. Il était partit à pied de Khazad-dûm et avait réussi à arriver jusqu'ici. Mais cette femme n'était ni entraînée à la survie en terrain difficile (du moins le croyait-il), et elle n'avait pas reçu une formation de Garde de Khazad-dûm. Les épaules de la jeune femme s'affaissèrent et elle s'assit sur une pierre non loin, complètement désemparée. Son arbalète gisait maintenant à côté de la pierre. Le nain y vit une occasion inespérée de lui sauter dessus et de la faire passer de vie à trépas. Mais deux choses l'en empêcha : il commençait à ressentir de la pitié pour ce petit être perdu, et voué à la mort sans l'aide d'un tiers. De plus, la tête de la pillarde se tourna vers lui et sa voix se fit entendre et résonna légèrement sur les vieux murs en ruine de la forteresse abandonnée.
   Elle se lamenta à voix haute, se demandant si elle allait mourir ici, où si elle reverrait sa patrie, mais Hardor douta qu'elle posséda une famille, étant donné la précarité de son mode de vie.
   Il avança d'un petit pas vers elle dans l'intention de l'écarter de l'arbalète. Mais le bruit que fit sa chausse de métal la fit bondir sur ses pieds, menaçante. Ses yeux trahissaient sa peur. Elle fit quelques pas en arrière, pour remettre une distance convenable entre les deux personnes, surtout que Hardor tenait une hache à double tranchant dans les mains et qu'il n'hésiterait pas à s'en servir si la situation l'exigeait.
  Elle parla de nouveau, et d'une voix presque implorante, elle lui dit qu'elle connaissait des entrées afin de pénétrer dans les profondeurs de Dol Guldur, qu'elle le guiderait sur ce chemin, mais en retour de l'emmener avec lui à sa prochaine destination. Et elle parla aussi de son argent, que Hardor gardait accroché à sa ceinture, dans la bourse de la jeune femme.
  Il ne pouvait l'emmener à Erebor, sa présence serait perçue comme une insulte. Une pillarde, peut-être même tueuse, dans les salles de ce que Hardor voyait comme le plus grand royaume de la Terre du Milieu. Et il ne pourrait mentir. Peut-être pourrait-il la laisser à Dale ou Esgaroth ? Il ne savait pas quoi faire. Mais ce qu'il savait, c'est qu'il n'aurait jamais le cœur de la laisser mourir ici, enfouie sous la neige et son cadavre dévoré par les corbeaux, et il n'était pas un dieu, il n'avait donc aucun droit sur la vie de la fille ou de décider de sa mort. Sans un mot, il détacha la bourse de sa ceinture et la lança aux pieds de la fille.

- J'accepte. Mais si vous m'accompagnez dans ces souterrains, je ne vous promet pas la survie... Vous avez vu cette chose... Je dois savoir ce que c'est.
Eloignez cette arbalète de vous. Vous descendrez désarmée. Et je me préoccupe comme d'une guigne de votre repos.


  Il savait qu'il offrait en ce moment même la possibilité de survivre à un être qui n'aurait eu aucun scrupule à le tuer... Mais Hardor idôlatrait le pardon, et il offrit son pardon à la jeune femme, et ce pardon était aussi précieux que mille pierres précieuses dans ce cas précis.
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Ryad Assad
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Au détour du chemin EmptyMer 11 Juin 2014 - 17:12
HRP : Ce RP se passe à la fin du Rude Hiver en Terre du Milieu, quelques mois avant le Resynchronisation /HRP

_________


Au détour du chemin Femme_14

Fidèle aux rumeurs qui couraient sur les êtres de ce petit peuple, le Nain demeurait immobile, attentif, figé comme une pierre écoutant les plaintes d'une pathétique créature de chair et de sang. Il paraissait ne pas s'émouvoir un seul instant de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouvait la jeune femme, et ses yeux sombres à peine visibles par cette nuit profonde semblaient attendre de sa part une explication convaincante, sans quoi il risquait de se jeter sur elle pour la tuer avant qu'elle eût terminé de parler. Alors, pour gagner du temps, pour essayer d'ouvrir une brèche dans cette cuirasse indestructible que constituait son esprit de Nain, elle parlait, sondant verbalement la base d'un mur taillé dans le roc, à la recherche d'une prise sur laquelle travailler, d'un interstice dans lequel placer un peu d'espoir. L'espoir de survivre. Et, miracle, il accepta sa proposition, alors même qu'elle était convaincue qu'il allait la tuer sur-le-champ.

Kolvia demeura coite un moment, perplexe, incapable de comprendre quel argument avait pu le faire changer d'avis à son sujet. En fait, elle savait qu'il n'avait pas fondamentalement revu son opinion la concernant, en attestait sa hache à double tranchant toujours serrée fermement dans son poing ganté, et sa posture méfiante, mais au moins il semblait enclin à négocier, et bien décidé à utiliser la jeune femme pour accomplir ce qu'il considérait être une sorte de mission personnelle. Silencieux, il lui lança donc la bourse qu'il lui avait subtilisée, et qu'il devait estimer être une juste réparation de ce qu'elle lui avait fait subir, avant de lui signifier verbalement qu'il était d'accord. Elle soupira de soulagement, consciente qu'elle n'était vraiment pas passée loin de voir enfin la fin du voyage. Elle était à la fois heureuse et soucieuse, car si elle avait gagné un peu de répit, quelques heures voire quelques jours de sécurité, elle n'en demeurait pas moins une prisonnière, et le Nain fut très clair lorsqu'il lui demanda de poser son arbalète, et de descendre dans les cachots de Dol Guldur désarmée.

Pendant un moment, elle crut qu'il plaisantait. Après tout, on ne décelait sur son visage de marbre aucune trace d'humour, mais peut-être était-ce simplement une impossibilité physique de manifester ses émotions. Peut-être ne savait-il pas sourire. Elle le fit pour lui, avant de déchanter rapidement en comprenant qu'il était parfaitement sérieux, et qu'il s'attendait vraiment à ce qu'elle descendît dans les tréfonds de l'endroit le plus malsain de la Terre du Milieu derrière le Mordor, sans arme pour se défendre, en faisant uniquement confiance à un individu qu'elle avait failli tuer quelques temps plus tôt. Elle n'était peut-être pas une érudite, pas quelqu'un de brillant ou d'intelligent, mais elle voyait venir l'entourloupe gros comme une maison. Ce Nain entendait bien l'utiliser pour se repérer dans les couloirs de la forteresse, pour retrouver son chemin en cas de besoin, mais si danger il y avait, il n'hésiterait pas à l'envoyer en première ligne pour se donner le temps de fuir. Après tout, pourrait-elle lui désobéir alors qu'il serait armé et elle non ? La réponse était évidente, et cette prise de conscience n'était pas pour lui plaire. Toutefois, avait-elle le choix ? Elle jouait sa vie sur un pari risqué, mais ils avaient autant de chances de trouver un ennemi déterminé à les tuer que de ne rien croiser et de faire chou blanc. Après tout, elle n'avait jamais rien rencontré de vivant et de dangereux dans ces lieux. Mais il fallait dire qu'elle n'avait jamais rien cherché de tel non plus... Or le Nain paraissait déterminé à savoir quelle était la créature de cauchemar qui les avait traquée, et il semblait prendre cela très à cœur. Comprendrait-il qu'il faudrait arrêter avant qu'il ne fût trop tard ? Elle l'espérait. Au pire des cas, elle s'arrangerait pour prendre la fuite au premier signe de danger. Entre mourir dans le froid et être capturée et torturée par une créature maléfique inconnue, son choix était vite fait. Elle n'en avait aucune preuve, mais elle imaginait très bien qu'une sorcellerie capable de faire bouger une créature d'ombre pouvait sans peine maintenir un être humain en vie et conscient pour le tourmenter pour l'éternité. A cela, il valait mieux une mort rapide et propre, à défaut d'être honorable.

Réfléchissant profondément, la jeune femme finit par baisser son arme, et elle retira le carreau de son arbalète, détendit la corde, et posa le tout à ses pieds, ramassant au passage la bourse qu'elle accrocha à sa ceinture. Le geste était éloquent, et elle n'avait pas besoin d'en dire davantage pour qu'il fût évident qu'elle avait accepté la proposition. Levant les mains ouvertes au-dessus de sa tête, en un signe de reddition universel, elle darda son regard dur quoique effrayé sur le Nain, qui pouvait à tout moment décider de revenir sur sa parole donnée, et la faire passer de vie à trépas pour son bon plaisir. D'une voix ferme, elle lança :

- Voilà, j'ai fait ce que vous demandiez... Je vais juste rapprocher ça de mon sac, là... Je ne fais pas de gestes brusques...

Kolvia se déplaça doucement sur le côté, et poussa du pied son arbalète jusque derrière le rocher où elle avait dissimulé ses affaires. C'était une maigre précaution, qui de toute façon se révélerait bien inutile, car personne ne venait jamais se promener dans les ruines de Dol Guldur. Du moins, c'était ce qu'elle croyait, car l'apparition soudaine de la créature avait remis en cause ses certitudes, et la poussait à se montrer plus méfiante, désormais. Une fois ses affaires en ordre, et après avoir pu constater que le Nain ne l'avait pas encore tuée - ce qui était une bonne nouvelle -, elle prit la direction d'une des entrées secrètes qu'elle avait découvertes au fil de ses explorations. Le Nain sur ses talons, elle ne pouvait pas vraiment jouer à la plus fine, et elle ne tenta donc aucune feinte ou aucun coup en traître. Pour l'heure, elle devait se montrer obéissante et docile, sans quoi elle risquait fort d'y passer.

Elle mena le guerrier à ce qui ressemblait à s'y méprendre à une dalle aussi commune que les autres, mais qui en réalité pouvait bouger si on la prenait du bon côté. Elle s'affaira pendant quelques minutes sous le regard de son surveillant, s'arc-boutant pour parvenir à faire bouger cette lourde ouverture qui s'ouvrait sur une échelle délabrée et rouillée, qui n'était guère sûre, mais qui pour l'heure tenait encore le choc. Cela devait être une issue de secours, ou quelque chose comme ça, mais elle n'était plus utilisée depuis longtemps, et elle constituait pour l'heure une voie d'accès pour les pilleurs de tombe, ou à tout le moins pour Kolvia car si elle se doutait que d'autres chasseurs de trésors venaient explorer les environs, elle n'en avait jamais vus, et s'était toujours sentie absolument seule en arpentant ces ruines étranges.

Avec un craquement sinistre qui se répercuta en écho dans les profondeurs de la forteresse, la pierre finit par bouger, et la jeune femme se releva en s'étirant et en s'essuyant le front. Elle désigna l'ouverture, et s'expliqua comme si le Nain était un de ses élèves, un apprenti pilleur de tombes, et qu'elle se devait de lui donner ses tuyaux :

- On va lancer une corde là-dedans, pour pouvoir sortir au cas où l'échelle se briserait. On ne sait jamais. Pour le reste, je vais accrocher un fil et le dérouler sur le chemin, pour retrouver la sortie à coup sûr. Sans ça, je pense qu'on peut se perdre dans ces tunnels pour toujours.

Elle haussa les épaules avec un demi-sourire légèrement entaché par le sang séché qui avait coagulé autour de la plaie sur sa lèvre, puis mit en place les cordes qui leur permettraient de quitter rapidement Dol Guldur si besoin. Elle les accrocha aussi solidement que possible, tout en s'arrangeant pour qu'elles ne soient pas trop visibles. Elle préférait éviter que d'autres chasseurs ne suivent leurs traces, car elle pensait bien que rencontrer d'autres individus aux mêmes buts dans les profondeurs de la forteresse ne déboucherait pas sur une conversation en bonne intelligence autour des vertus de la chasse au trésor, mais bien sur un affrontement impitoyable entre concurrents qui ne se feraient aucun cadeau. Puis, après avoir vérifié la solidité de son installation, elle jeta la corde dans le puits de ténèbres, et entreprit de descendre à l'aide de l'échelle qui grinça sous son poids, mais qui ne céda fort heureusement pas.

A chaque pas, la jeune femme s'enfonçait dans l'obscurité, et si elle n'avait pas déjà emprunté ce chemin auparavant, elle aurait pu croire que sa descente ne s'achèverait jamais tant le sol paraissait distant. Pourtant, elle finit par poser le pied sur quelque chose de solide, et elle tâtonna pendant quelques temps à la recherche d'une de ses cachettes. Les chasseurs de trésors, en règle générale, sont des gens très secrets, et elle ne dérogeait pas à la règle. Elle avait caché de quoi allumer une torche dans un recoin sombre, parfaitement anodin, et elle le retrouva sans peine car elle l'avait utilisé la veille. Tandis que le Nain descendait lourdement dans le conduit, elle s'activa à faire jaillir une flamme au bout d'un long morceau de bois. Elle transportait toujours sur elle de quoi faire deux torches, au cas où la première s'éteindrait, pour une raison ou une autre. La forteresse n'était pas entièrement sombre, contrairement à ce que l'on pouvait supposer, mais elle préférait toujours avoir une source de lumière personnelle, au moins pour repousser une éventuelle créature nocturne qui se serait tapie dans l'ombre. Finalement, le guerrier Naugrim la rejoignit au moment où elle embrasait le tissu imbibé d'alcool, et elle redécouvrit son visage qu'elle avait pu observer de très près, les yeux grands ouverts cette fois, attendant qu'elle prît une décision :

- Bienvenue à Dol Guldur, lança-t-elle sur un ton lugubre. Par ici...

Devant eux, s'ouvrait un couloir obscur dans lequel ils s'enfoncèrent sans hésiter. Elle connaissait bien cette partie du labyrinthe, et connaissait les voies par lesquelles elle était passée. Elle savait qu'il y avait un embranchement qu'elle n'avait jamais pris, et elle suivit donc ce passage, découvrant en même temps que le guerrier les murs et les pierres qui formeraient leur univers pour les prochaines heures. L'air été lourd, vicié, et on sentait une aura de malveillance flotter tout autour. Le seul bruit était celui de leurs pas, de leurs respirations rapides, et de la flamme crépitant qui leur ouvrait la voie. Les murs étaient froids et durs, couverts de mousse et de toiles d'araignées dont certaines paraissaient former un enchevêtrement inextricable et incroyablement résistant. A croire que les créatures qui avaient fait ça étaient d'une race toute autre que les insectes répugnants mais inoffensifs que l'on croisait partout. Kolvia baissa la tête pour éviter une poutre qui avait cédé et qui menaçait de s'effondrer, et poursuivit son chemin, déroulant inlassablement le fil de laine qu'elle avait accroché à son poignet, son dernier lien avec la liberté.

#Kolvia #Hardor


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