Rytep se tenait quelques mètres en retrait de son seigneur. Il était sensé assurer sa protection face aux "invités" embarassants de l'ancien sénateur. Il était néanmoins conscient qu'en cas d'attaque, il serait tout à faut incapable de faire quoi que ce soit. C'était d'ailleurs la raison profonde pour laquelle son maître n'avait pas encore bouté l'envahisseur hors de chez lui... même si en l"occurence, pour sa propre sécurité, il aurait mieux valu s'en débarasser définitivement.
Ilun Péocle, ancien Sénateur d"Arnor, Comte en Minhiriat détallait chaque mot de la lettre qu'il venait de recevoir.
- Citation :
- Seigneur P. ,
J'ai entendu dire que votre fortune avait mal tourné à la suite des évènements qui nous ont tous concernés. Sachez que vous n'êtes pas le seul. Néanmoins l'Ordre n'est pas mort. Il se relèvera avec toutes les personnes de bonne volonté.
Si votre fortune ne vous permet plus de nous aider financièrement, prenez les armes comme les anciens seigneurs des hommes et reoignez nous au front.
S.
La lettre l"aurait fait sourire n'eut-ce été sa situation dramatique. Tout allait déjà assez mal pour qu'en plus il se complaise dans la fange boueuse d"un vague campement de résistance. Il avait joué une mauvaise carte, il n'était pas question qu'il pousse le vice jusqu'à poursuivre dans cette voie.
Cependant, cette lettre avait éveillé un espoir non négligeable. Il se leva de son fauteuil, installé à la table du petit bureau qu'il avait fait installer dans l'aile ouest de son château. Rytep lui emboîta directement le pas, la mais sur le pommeau de son épée. Ils traversèrent la petite cour pour rejoindre le bâtiment principal où, théoriquement, se tenaient les quartiers du Comte.
La cour était quasiment vide, les serviteurs avaient fui dès que l'argent avait commencé à manquer. Il ne restaitt plus que la splendeur du bâtiment d'antan. Une petite forteresse sur une bute surélevée qui dominait la plaine fertile de la région. Tellement fertile que les serviteurs avaient réussi sans auncun problème à trouver de l'embauche dans les fermes des environs. Par chance, quelques fermes des environs reconnaissaient encore leur seigneur et lui versait une petite dime qui lui permettait de se nourir ainsi que ses "invités".
Un homme maigre aux yeux vifs, vêtu d'une cotte de maille reouverte d"un long manteau de cuir, montait la garde devant la porte, l'épée au côté. Il inspecta le duo qui approchait. Péocle allant le premier, il était évident qu'ils ne venaient pas pour mener l'assaut. Il s'écarta, leur ouvrant la porte du bâtiment au passage.
Ils continuèrent pendant quelques mètres dans le couloir qui menait à l'escalier d'honneur. Celui-ci se terminait par une large porte où deux autres sentinelles étaient placées. Ils ouvrirent à leur tour la porte non sans annoncé, très vulgairement que "Péocle" était là.
La grande salle du château était dans un état déplorable. Les tentures étaient fermées, de grands cierges étaient sensés offrir de la lumière. Ceux-ci avaient coulé laissant de grande taches de cire au sol. Au sol et sur les murs, des symboles étranges avaient étés tracés tantôt à la craie, tantôt à la peinture rouge... tantôt avec des matières dont Péocle préférait ignorer la compositions. Des cercles et des crânes à perte de vue...
L'avant de la salle avait ét transformé en dortoir et deux hommes s'y reposait en permanence. Des tables éparses et sales, encore jonchées de restes de nourriture, servaient de réfectoire. Le petit escalier dans le fond de la pièce, qui menait à la chambre seigneuriale, était gardé par une brute immense au crâne rasé. Péocle n'avait plus pu entrer dans ses quartiers depuis des semaines. Enfin, juché sur le siège seigneurial, se tenait Madhel, ancien Tribun d'Arnor, traître à son peuple,laissé pour mort dans le nord et revenu hanter l'Arnor et tuer les héritiers royaux.
Il jeta un regard étrange à Péocle comme s'il se demandait ce qu'il venait faire là. Pourtant, le Comte était dans son propre château... Rytep trouvait la situation fort embarassante, il se tenait toujours un peu en retrait dans une attitude défensive. Si Madhel lachait ses chiens de garde, il devrait assumer la mort de l'un ou l'autre.
" Le Cercle est la vie, le Crâne est la mort", psalmodia l'étrange mercenaire.
Aussitôt, toute sa petite troupe reprit en coeur la suite de la litanie.
"La vie s'achète, la mort se donne"
Péocle en avait assez de ces deux phrases qui constituaient l'essentiel de la conversation du petit groupe. Il se garda bien de le montrer, adoptant une posture humble, la voix aussi doucereuse que possible.
"Seigneur Madhel, je..."
Avant qu'il ne puisse continuer, Madhel leva sa main, couverte d'un tatouage représentant un crâne enfermé dans un cercle.
"Es-tu venu acheter ta vie ?"
La question était presque devenue traditionelle. Péocle, alors soutenu par la puissance financière de l'Ordre de la Couronne de Fer, avait proposé à Madhel une somme énorme en échange de l'assassinat des enfants d'Aldarion. Il lui avait alors payé une avance qui représentait, peu ou prou, la totalité de ses economies. Une fois les enfants assassinés, Madhel était venu lui réclamer son dû. Malheureusement pour le Sénateur, l'Ordre avait été vaincu et les autres nobles qui avaient promis de prendre en charge la rémunération du tueur. avaient refusé de payer leur part. Caleb mort, personne ne pouvait les forcer à obéir.
"Malheureusement non... cependant j'ai reçu ce courrier."
Il le tendit à un des sbires de Madhel qui le transmis à son chef. Tandis que celui-ci le lisait, Péocle précisa sa pensée.
"Vous pourriez trouver du travail là bas et servir l'Ordre."
Madhel jeta la lettre en l'air.
"La seule chose qui m'intéresse dans cet Ordre est qu'il me paie mon dû... Alors je pourrai continuer à servir la plus grande gloire du Cercle et du Crâne. "
Péocle s'inclina, il avait encore perdu... Madhel semblait décider à rester encore un petit moment. Cela tombait décidément mal alors que la rumeur voulait que tous les Sénateurs soient évalués avant la réouverture du Sénat. Un tel spectacle risquait de le conduire tout droit en prison ou pire. Il fallait trouver un autre moyen. Il s'inclina avant de faire volte face pour quitter la pièce. Une voix s'éleva dans son dos.
"Encore une chose... Ne t'avise plus de m'importuner tant que tu n'as pas trouvé de quoi me payer. Tes serviteurs m'amènent très bien la nourriture eux même."
Un frisson parcouru l'échine du Comte. Il parcourut le chemin en sens inverse pour rejoindre son bureau. Là, il saisit une plume et un parchemin.
- Citation :
- Seigneur Ibn-Lahad,
Honnête et loyal serviteur du Roi Aldarion, je suis otage d'un individu dont l'identité devrait vous intéresser....
#Péocle #Madhel #Rytep