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 « Deux par deux… »

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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« Deux par deux… » EmptyLun 2 Mar 2015 - 22:38
Elle regardait par la fenêtre de son immense chambre, contemplant de là où elle se trouvait les superbes reflets du soleil qui brillait sur les murs immaculés de la Cité Blanche.

Qu'elle était belle !

Là-bas au loin, on pouvait voir ces minuscules petits points, chacun représentant un individu en liesse, qui déambulait dans les rues en s'émerveillant de la splendeur de la capitale du Gondor, qui s'était parée de mille couleurs pour l'occasion. Des rubans, blancs et bleus et verts et rouges étaient accrochés sur chaque façade, sur chaque maison même la plus modeste. Des fleurs avaient été disposées à chaque balcon, embaumant l'air d'une odeur printanière. Il faisait bon vivre à Minas Tirith actuellement, et tous les nobles qu'elle avait vus jusqu'à présent s'étaient présentés avec un sourire radieux, comme s'ils s'étaient mis au diapason de l'humeur générale, et qu'ils avaient laissé de côté leurs soucis pour cette semaine de célébrations. Elle n'aurait su dire, toutefois, s'ils étaient véritablement sincères. Elle avait la conviction que, quelque part, on ne lui disait pas tout. On cherchait à la préserver, certes, et à lui laisser profiter de son mariage. Mais tout de même… elle aurait voulu savoir. Elle aurait voulu faire disparaître de leur visage les faux-semblants, et leur parler avec la franchise qu'elle avait toujours appréciée. Toutefois, son nouveau statut ne lui permettait plus d'entretenir des relations aussi ouvertes qu'auparavant. Reine d'Arnor. Elle sentit le poids guère encore familier de ce diadème sur son front, orné d'une pierre d'émeraude dont la seule valeur devait représenter plus que l'ensemble du mobilier de la pièce où elle se trouvait.

Elle était décidément magnifique.

Reine d'Arnor. Elle ne cessait de se le répéter, comme pour se convaincre de ce qu'il venait de se produire dans sa vie. Depuis que le mariage avait été célébré, elle se sentait devenue femme, bien davantage qu'auparavant. Peut-être parce qu'elle sentait peser sur ses frêles épaules le poids des responsabilités, alors même qu'elle n'avait pas encore rencontré le peuple d'Annùminas… Son peuple. Peut-être parce qu'elle s'était enfin offerte à un homme, lors de sa nuit de noces. Le souvenir qu'elle en avait était flou, et elle n'aurait su dire ce qu'elle avait ressenti à ce moment-là. Ni réel plaisir ni réelle souffrance. Surtout de la peur, à vrai dire. De la peur et de la gêne. Elle n'avait pas craint le souverain en lui-même, celui qu'elle devrait appeler « époux » à présent, mais bien cette situation curieuse, à laquelle elle n'avait jamais été préparée. Elle aurait voulu qu'on lui expliquât, qu'on la rassurât, mais personne n'aurait osé aborder la question avec une personne de sang royal, et elle avait dû faire ses expériences par elle-même. Aldarion s'était montré étonnamment doux avec elle, alors qu'elle l'aurait imaginé rustre et sauvage, comme on dépeignait habituellement les hommes du Nord. Elle l'avait senti presque gêné, lui-aussi, et ils avaient davantage accompli un devoir qu'un véritable acte d'amour. Peut-être que cela viendrait, le jour où elle parviendrait à apaiser son cœur meurtri. Elle espérait pouvoir y parvenir, et sinon remplacer son épouse, au moins parvenir à se faire une place auprès de lui.

Dès le lendemain matin, elle s'était observée dans un miroir, alors que les servantes étaient absentes. Son ventre était toujours plat, et même si elle était parfaitement consciente que les premiers signes de grossesse n'apparaîtraient pas avant plusieurs mois, elle n'avait pas pu s'empêcher de vérifier. Un petit être grandissait-il déjà au creux de son ventre ? La perspective de devenir mère l'enchantait autant qu'elle la terrifiait, mais son effroi serait encore plus grand si elle devait apprendre que la nature ne lui avait pas permis d'enfanter. Que dirait le Roi d'Arnor, alors ? Que dirait son époux ? Il la répudierait sans autre forme de procès, incapable de faire passer les sentiments d'une femme avant ses devoirs envers l’État. Et son devoir principal était de donner un bel héritier mâle à son peuple. Elle rentrerait alors à Dale, sans doute, déshonorée et inutile. Son père, qui l'adorait, lui ferait une place de choix à ses côtés, mais jamais elle ne trouverait un mari qui voudrait d'elle, et jamais elle ne goûterait à l'amour sur ses vieux jours. Elle finirait vieille fille, rabougrie et acariâtre, cette vieille tante que l'on ne viendrait voir que par pure courtoisie. Un frisson lui avait parcouru l'échine à cette simple pensée, et elle s'était dépêchée de dissimuler son nombril, paniquée désormais à l'idée de connaître le verdict des Valar.

Les jours avaient passés, et elle n'avait pas véritablement revu Aldarion depuis. Certes, ils mettaient un point d'honneur à s'afficher ensemble auprès des nobles qui tenaient à leur rendre hommage, mais ils n'avaient jamais vraiment le temps de discuter. Ils étaient toujours assis l'un à côté de l'autre, sur des trônes séparés, légèrement surélevés, alors qu'on venait leur rendre visite. Le protocole d'Arnor était beaucoup plus strict que celui de Dale, d'après ce qu'elle avait pu constater, et elle s'était rapidement ennuyée de ces courbettes, de ces formules de politesse, de cette énumération de titres qu'elle ne comprenait pas toujours. Les présents, en revanche, étaient tous d'une grande beauté, et si elle comprenait l'intention qui se cachait derrière, elle savait apprécier les efforts de ces hommes et de ces femmes qui désiraient lui plaire. Elle s'efforçait de ne pas dissimuler ses sentiments, et de se montrer chaleureuse avec chacun. Ce n'était guère difficile au début, quand on connaissait son amour pour les arts, mais cela pouvait se révéler moins aisé après de longues heures passés à devoir endurer le même cérémonial. Puis ils s'éclipsaient tous deux, et échangeaient quelques mots dans les couloirs, à l'abri des oreilles indiscrètes – seuls les gardes les accompagnaient en permanence. Elle essayait de se montrer digne, digne d'un homme d'une telle prestance, et elle jouait le rôle qu'elle pensait qu'il espérait la voir jouer. Elle ne savait pas si c'était ce qu'il préférait, mais elle préférait se montrer trop polie que pas assez.

Ils dînaient en général ensemble, au milieu d'officiers de Dale et d'Arnor qui discutaient chaleureusement d'accords commerciaux et de défense. Elle se contentait en général de tendre l'oreille poliment, mais surtout de rester silencieuse et de faire bonne figure. Quand une remarque lui était adressée, elle se fendait d'un sourire enchanteur, et d'une réponse parfaitement calibrée, avant de revenir à ses couverts et aux mets délicats qu'on lui servait. Autour d'elle, on discutait surtout de troubles politiques, de dangers, de guerres à venir. Les hommes de Dale parlaient des mouvements des sinistres orientaux, tandis que les hommes d'Arnor évoquaient les menaces des Gobelins. Un soir, la nouvelle Reine d'Arnor fit la connaissance de Poppea. Elle était étrangement l'héritière du royaume, si Aldarion venait à succomber sans héritiers, ce qui ne paraissait pas être une source de ravissement chez elle. Elle paraissait mal à l'aise, maladroite dans ses robes somptueuses, et son physique paraissait beaucoup plus athlétique que celui des femmes de Dale. Etait-ce une constante en Arnor, ou bien Poppea était-elle exceptionnellement sportive ? Difficile à dire. Il y avait dans son regard une forme de tristesse, pour ne pas dire de dégoût vis-à-vis de l'opulence dans laquelle elle vivait. Il était clair qu'elle aurait tout donné pour ne pas être à cette place, bien que les raisons échappassent encore à la Reine. Les deux femmes en étaient venues à parler un peu, et la souveraine d'Arnor avait découvert non sans une certaine surprise que Poppea ne serait pas une ennemie, une rivale ou une concurrente, mais bien une alliée. Elle avait un esprit très… militaire… Elle paraissait placer la loyauté au-dessus de tout, et elle promit d'être toujours là pour sa suzeraine, si d'aventure elle avait besoin d'elle. Une telle promesse n'était pas ordinairement faite par des femmes, qui ne tenaient pas l'épée, naturellement, mais il y avait une telle ferveur dans les yeux de la première héritière qu'il n'était pas possible de douter de son engagement. Après avoir conversé quelque peu, Poppea prit congé assez tôt, suivie par son énigmatique garde du corps, un individu trapu et musclé qui ne ressemblait en rien aux Arnoriens. On lui apprit qu'il venait des terres glacées du Nord. Décidément, le monde était plus grand qu'elle l'avait imaginé.

Elle eut également le plaisir de rencontrer l'Intendant Enon, qui était le principal bras droit d'Aldarion. Pour permettre à son souverain de se concentrer exclusivement sur les aspects diplomatiques, la réception des ambassadeurs et les dîners formels, il abattait un travail monstrueux, et venait régulièrement s'asseoir auprès du Roi pour lui soumettre des compte-rendus. De toute évidence, cet homme qui commençait à ressentir le poids des années, était un rouage essentiel de la mécanique du royaume. Il paraissait tout savoir, et si la jeune Reine ne comprenait pas toujours à quoi il faisait référence quand il évoquait des noms de lieux, des noms de nobles, elle devinait qu'il était là pour garantir la paix et la stabilité en Arnor. Elle n'avait pas véritablement osé lui parler, au départ, mais il s'était présenté à elle avec beaucoup de courtoisie et de galanterie, étant le premier à lui demander comment elle allait. Elle avait été surprise par tant de franchise, mais avait pris grand plaisir à converser honnêtement avec quelqu'un d'autre que ses proches conseillers. Elle avait découvert un homme discret et réservé, très intelligent, qui lui avait donné quelques bons conseils.

- Vous avez rencontré Dame Poppea ? Fort bien, fort bien. C'est une âme noble, et vous pourrez toujours compter sur elle. Elle a à cœur de se faire pardonner des fautes qu'elle n'a pas commises… C'est un mal courant en Arnor…

Sur ces énigmatiques paroles, l'Intendant l'avait laissée à ses pensées, retournant lui-même aux occupations qui étaient les siennes. Elle se demandait bien à qui il faisait référence. A mesure que le temps passait, la Reine découvrait de nouvelles facettes de son royaume. Elle découvrait la tristesse profonde de ses gens, qui paraissaient avoir été atteints durement par les épreuves. La mort des trois héritiers, dont personne encore n'avait voulu lui communiquer les détails, semblait être le point culminant d'une série de troubles et de combats qui avaient creusé de profondes entailles dans la joie de vivre du peuple d'Arnor. L'hiver rigoureux, les bandits, l'Ordre de la Couronne de Fer, les Gobelins, les trahisons et les coups d’État… Tant de maux s'étaient abattus en si peu de temps qu'on ne pouvait pas demander à ce peuple pourtant courageux de les laisser derrière si facilement. En tant que Reine, son rôle serait de redonner du bonheur aux habitants, et elle espérait sincèrement pouvoir réussir à chasser les nuages qui planaient encore au-dessus de tous les visages qu'elle rencontrait.

- Dinaelin ?

La souveraine sursauta, et porta la main à sa gorge. Elle s'était absorbée dans ses pensées si longtemps et si profondément qu'elle s'était mise à somnoler, et qu'elle n'avait pas entendu qu'on tapait à sa porte. En reconnaissant la voix de ses conseillers, elle se rendit compte qu'elle n'avait rien à craindre, et leur adressa un sourire désolé :

- J'étais ailleurs, veuillez m'excuser. Elle cligna des yeux, et chassa en un instant tout signe de fatigue sur son visage. Je suis contente de vous voir ! Alors, quelles nouvelles voulez-vous m'annoncer ? Suis-je invitée à nouveau par quelque noble que je dois absolument rencontrer ?

Il y avait une pointe de sarcasme dans ses paroles, mais nulle méchanceté. Elle était simplement lasse de recevoir encore et toujours les mêmes honneurs, et aurait simplement souhaité se reposer. Les deux conseillers, toutefois, ne goûtèrent pas à la plaisanterie et se firent graves. Ils s'approchèrent de la souveraine, prenant place sur les fauteuils qu'ils occupaient régulièrement :

- Nous avons eu le pressentiment que quelque chose n'allait pas… Nous sommes venus voir si tout allait bien.

Elle haussa un sourcil, un sourire en coin accroché aux lèvres. Ils la faisaient souvent rire, et elle se demandait présentement s'ils étaient sérieux ou non. Toutefois, ils ne paraissaient pas se moquer d'elle, cette fois :

- Ma foi… Je me porte bien. Je troquerais bien le dîner de ce soir contre une promenade dans la cité, afin de goûter à l'atmosphère festive, mais à part ça, je me trouve bien. Minas Tirith est une ville fantastique, et j'aimerais l'explorer tant que je m'y trouve. Mais aussi Osgiliath, que l'on aperçoit au loin. Il y a tant de choses à découvrir de par le monde. Je crois avoir reçu une délégation de Dol Amroth également. Son ambassadeur était un elfe si charmant qu'il m'a donné envie de voir la mer. Croyez-vous qu'il serait possible de nous embarquer sur un navire et de descendre au Sud ?

Les deux hommes se regardèrent, et le plus vieux caressa machinalement sa longue barbe blanche. Ils n'avaient de toute évidence pas songé à la question, mais leurs regards étaient si éloquents que la Reine les coupa d'un geste :

- Ne répondez rien, je sais déjà ce que vous allez dire. Elle prit une voix grave, pour les imiter. « Vous aurez tout le temps de visiter le monde quand vous aurez rempli vos obligations auprès du peuple d'Arnor ».

Elle éclata de rire, et cette fois ils se laissèrent aller à un sourire. Il était difficile de ne pas se laisser entraîner par son énergie communicative, qu'elle maîtrisait habilement lorsqu'elle était en public, mais qu'elle laissait parfois éclater en privé, auprès des très rares qui avaient sa confiance et son estime. Toutefois, son rire fut interrompu par du bruit au dehors. Des bruits de pas précipités, qui incitèrent les deux hommes à se dresser, tel un rempart céruléen, contre l'éventuel danger qui pouvait se présenter. Naturellement, personne ne pouvait venir importuner une Reine – surtout pas la Reine d'Arnor – au sein du Palais royal, mais qui pouvait savoir où pouvaient conduire les pas d'un assassin déterminé ? Un homme seul, qui aurait trouvé le moyen de s'introduire au sein de ces murs, n'aurait-il pas pu se frayer un chemin discrètement jusqu'aux appartements royaux, afin de venir assassiner la nouvelle femme du Roi ? Les vestiges de la Couronne de Fer, tels une carcasse encore agitée de soubresauts, ne pouvaient-ils pas encore blesser l'Arnor qui avait déjà tant souffert ?

La porte s'ouvrit, et des gardes entrèrent précipitamment, l'arme au poing, visiblement paniqués. La situation devait être grave, car ils n'avaient même pas pris la peine de frapper avant de pénétrer dans l'immense pièce. Dinaelin s'avança d'un pas, mais ses conseillers lui intimèrent de demeurer en retrait. Nul ne pouvait savoir ce qui avait motivé un tel branle-bas de combat chez les Gardes de la Fontaine.

- Votre Majesté, est-ce que tout va bien ? Ce sont vos conseillers ?

- Oui, ne leur faites aucun mal. Pouvez-vous me dire ce qu'il se passe, garde ? Sommes-nous en danger ?

Le militaire ne répondit pas directement à la question de la Reine d'Arnor, et se contenta de lancer :

- Avez-vous vu un individu suspect ? Un homme qui se serait promené seul, sans escorte ?

- Non, rien de tout cela. Que se passe-t-il, garde ?

L'intéressé fit signe à ses hommes d'évacuer la pièce, avant de s'incliner respectueusement devant la souveraine. D'une voix plus calme maintenant qu'il savait qu'elle n'était pas en danger, il convint de lui expliquer l'origine de son agitation :

- Il semblerait qu'un homme se promène seul dans le Palais, et nous cherchons à le trouver. Notre priorité est d'assurer votre sécurité, et celle de tous les hauts dignitaires qui se trouvent en ces murs. Veuillez m'excuser pour la rudesse de mon entrée, mais nous avons craint qu'il ne nous ait devancé. J'espère que vous saurez pardonner cet inutile désagrément.

Dinaelin eut un geste apaisant :

- Je vous en prie, je suis seulement heureuse que vous ayez fait preuve d'autant de célérité pour venir à mon secours.

- Me voilà rassuré, Votre Altesse. Je vais laisser des hommes en faction devant votre porte, avec ordre de ne laisser entrer personne avant que cette affaire soit résolue. Je vous demanderais de rester ici jusqu'à ce que la situation soit parfaitement maîtrisée.

La Reine accepta immédiatement. Elle n'avait pas particulièrement envie de contrevenir aux directives concernant sa sécurité, et elle faisait de toute façon trop confiance aux hommes d'armes qui l'entouraient pour leur désobéir. Elle leur était si reconnaissante de tous mettre leur vie en jeu pour elle, alors qu'ils ne la connaissaient pas vraiment. Que savaient-ils d'elle sinon qu'elle portait sur sa tête la couronne d'Arnor ? Rien. Et pourtant, aucun n'aurait hésité à mourir pour elle. C'était un noble sacrifice qu'elle ne pouvait pas ignorer. Les hommes refermèrent la porte, en lui enjoignant de faire preuve de la plus grande prudence jusqu'à ce qu'ils vinssent l'avertir que tout allait bien. Elle hocha la tête, et les laissa disparaître dans le couloir, avant de retourner vers ses conseillers :

- Mes amis je… Est-ce cela que vous aviez pressenti ? Avez-vous vu venir ce péril ?

Ils se regardèrent un instant, comme s'ils se concertaient en silence, avant que le plus jeune prît la parole :

- Nous n'avions pas eu vent des détails, mais nous avons senti que nous devions être là, auprès de vous… Vos conseillers n'osent pas vous dire qu'une tentative d'assassinat à votre encontre a déjà été déjouée. Minas Tirith n'est pas aussi sûre qu'il y paraît.

Elle les dévisagea tour à tour, presque choquée par ce qu'ils venaient de lui apprendre. Certes, elle savait que la sécurité des personnalités publiques était importante, mais pourquoi elle ? Elle venait à peine d'être nommée Reine, elle n'avait encore eu le temps de rien faire, et personne ne pouvait l'accuser d'avoir manqué à ses devoirs. Leurs ennemis étaient-ils donc si déterminés qu'ils oseraient s'attaquer à elle davantage pour son titre que pour sa personne ? Elle n'osait même pas imaginer à quel point ils devaient être fous pour oser faire une chose pareille.

- Vous pensez que nous devrions avancer le départ ? Il me restait encore une journée pour profiter de cette superbe cité, avant de nous enfoncer dans le Nord.

- Non, non. Nul besoin de nous hâter. Seulement, vous devrez rester prudente. Nous partirons dans un peu moins de vingt-quatre heures, aux premières lueurs de l'aube, avec toute la délégation d'Arnor au sein de laquelle rien ne pourra vous arriver. Peut-être devriez-vous profiter de votre dernière journée pour voir votre père en toute intimité…

La souveraine d'Arnor baissa la tête. Il était vrai qu'elle n'avait pas vu son père, le Roi Gudmund, depuis quelques jours. Elle avait été occupée par bien des affaires, et lui-même s'était retrouvé pris dans de difficiles négociations. On disait qu'il avait rencontré la suzeraine du Rhûn, mais que les discussions n'avaient pas abouti à quoi que ce fût de concluant. En songeant à lui, elle se dit qu'elle ne le verrait plus pendant de longs mois, peut-être même des années. Elle avait bien pensé à cela, en acceptant de se marier à Aldarion, mais désormais qu'elle était face à cette triste réalité, elle devait bien admettre en avoir peur. Son père avait toujours été protecteur, et quitter cette aile rassurante était sinon pénible, au moins perturbant. Elle plongeait dans un monde totalement inconnu, où elle devrait se faire une place, et si elle ne doutait pas de l'accueil chaleureux du peuple d'Arnor, elle se demandait si elle parviendrait à se faire à la vie là-bas. Un royaume qui n'était pas aussi cultivé et aussi développé que le sien… On disait même qu'il n'y avait pas de musiciens ou d'artistes à Annùminas… Elle releva le menton fièrement, refusant de laisser la tristesse marquer sa dernière journée à Minas Tirith, et lança :

- Certes, vous avez raison. Je vais demander audience à mon père, et peut-être passer quelques heures avec lui, pour lui dire au revoir, et profiter de ses derniers conseils. Et puis je suppose que nous devrons laisser derrière nous le Gondor et ses merveilles. Je gage que votre recommandation n'a pour seul but que de me distraire des charmes de la Cité Blanche, que j'aurais pu vouloir visiter avant de partir. Ai-je visé juste ? Demanda-t-elle avec un sourire amusé.

Le mage sourit en retour :

- Dans le mille, Votre Altesse. Dans le mille.

#Dinaelin #Alatar #Pallando


________

HRP : Millième message sur le forum, qui l'eût cru ? ^^. C'est un cap symbolique mais important pour moi, et je suis vraiment content de pouvoir partager ça avec vous. Je vais arrêter de compter mes posts en centaines maintenant, et je vous donne rendez-vous pour les 2000 langue.


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
« Deux par deux… » Signry10
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