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Entre deux loyautés ... | |
| Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
Nombre de messages : 337 Age : 32 Localisation : Minas Tirith Rôle : Trésorier Royal du Gondor
~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 21 ans -:
| Lun 16 Fév 2015 - 2:13 | | L'ascension de la ville fut un véritable calvaire tant pour Evart, dont la jambe lui causait grand mal, que pour les miliciens, qui devaient supporter la lenteur de leur compagnon d'infortune. Il leur fallut un temps infini pour monter les innombrables degrés de la ville et le jeune homme dut réclamer une pause lorsqu'ils atteignirent, enfin, les places à proximité du siège de la garde. Dans l'espoir de se soulager, il s'assit sur le rebord d'une fontaine et posa sa jambe malade avant de boire un peu d'eau, Minas Tirith avait la chance d'avoir d'abondantes sources offrant une eau dès plus pures. Après quelques minutes, ils purent reprendre leur équipée.
Une fois à l'intérieur, il fut amené dans un dédale de couloirs pour rejoindre un caveau. L'air y était frais et sec mais il y avait quelque chose de vicié et malsain ici. Ne voulant pas s'éterniser, il tenta de presser le pas pour rejoindre une salle où il put identifier le cadavre de son serviteur avant de rejoindre le rez-de-chaussée. Là il demanda s'il pouvait avoir audience auprès du Général au sujet de son affaire. On le fit attendre quelque temps avant de lui annoncer que Cartogan avait trop de travail pour le recevoir. C'était une manière vaguement élégante de dire qu'il ne souhaitait pas le recevoir. Au demeurant, c'était tout à fait dommage pour lui, il lui faudrait donc trouver un autre moyen.
Sortant du quartier de la garde, Evart se dirigea vers la Cour du Roi où travaillait son oncle : le Juge Praven mais aussi l'Intendant Alcide d'Illicis. En route, il s'arrêta à une petite échoppe qui vendait de la nourriture préparée, comme il était encore tôt, le nobliau acheta une petite friandise au miel encore chaude et tout à fait délicieuse avant de filer à la Cour. Traversant la salle des gardes où se mêlaient une foule bigarrée de bourgeois, fonctionnaires et hobereaux, il croisa notamment la Comtesse Artile de Meirsyn, une femme assez belle malgré son âge qui avait un seul défaut : elle louchait. Celle-ci trouva heureux de lancer une petite pique contre le rejeton d'une lignée qu'elle appréciait bien peu :
- Alors, Messire Evart, comment marchent vos affaires ?
Cette petite blague fit rire bien des gens à coté, il était vrai que le léger boitillement du jeune homme devenait un véritable boitement. Faisant la révérence, Evart répondit avec la plus grande malice :
- Comme vous le voyez Madame la Baronne.
Les rires redoublèrent à la répartie du jeune homme. Lui-même était assez fier de son trait d'humour puis, après tout, elle l'avait bien cherché. Il continua donc jusqu'au cabinet de son oncle pour le trouver affairé. Congédiant ses commis, il se dirigea chaleureusement vers son neveu avant de se rendre compte de son état et de lui dire :
- Mon neveu, que vous est il arrivé ?
- J'ai été agressé hier soir en pleine rue. Et mon serviteur est mort.
- Comment cela se fait ? Que s'est il passé ?
- J'étais dans une discussion importante avec un homme du Sud pendant la soirée avant que nous fassions agresser par quatre hommes en pleine rue.
- Un homme du Sud ?
- L'émir Taorin.
- L'émir Taorin ? Dit-il en s'étranglant.
- Calmez vos humeurs, très cher oncle. Je n'ai fais cela que pour servir le Roi.
- Qu'entends tu par là ?
- Officiellement, il voulait négocier un contrat me permettant d'obtenir des avantages commerciaux au Sud au plus grand avantage du commerce des deux pays. Cependant il désire également faire de moi son homme-lige à Minas Tirith pour le servir et l'informer.
- Ne me dis pas que tu as osé accepter cette proposition inique ?
- Si mais uniquement pour le bien du Roi. Si je n'avais pas accepté sa proposition, il aurait trouvé un autre marchand qui n'en aurait rien dit. Au contraire si je me mets au service du Roi, je pourrais l'informer de tout ce que le Seigneur Taorin compte mettre en œuvre dans la ville ainsi que sur les renseignements qu'il espère obtenir que le Roi pourra manipuler à sa guise. Vous le voyez, je ne suis pas fou au point d'y laisser ma tête.
- Et qu'est ce que tu attends de moi ?
- Je voudrais avoir au plus tôt une entrevue avec l'Intendant pour lui jurer fidélité, j'ai en outre des informations importantes. Par contre, il faudrait que nous puissions le faire dans la plus grande discrétion, je crains un peu les espions du soi-disant émir.
- Je vais voir ce que je peux faire. Attends-moi ici.
C'est sur ces paroles que le juge Praven partit voir l'Intendant portant les espoirs du jeune homme. #Evart |
| | | Alcide d'Illicis Intendant du Gondor
Nombre de messages : 8 Rôle : Comte de Linhir
~ GRIMOIRE ~ -: Homme de Gondor -: 41 ans -:
| Mar 17 Fév 2015 - 5:13 | | L'intendant Alcide pianotait sur son bureau, un geste d'agacement et d'anxiété qui ne lui était pas coutumier. Lui qui était d'ordinaire toujours si calme et si mesuré paraissait, aujourd'hui, quelque peu perturbé. Il fallait dire que les choses ne s'étaient pas passées exactement comme prévu, et qu'il avait désormais un véritable problème diplomatique à gérer. Son ambition de rassembler pacifiquement autour de la table les délégations du Harondor gondorien et du Harondor umbarite venaient de tomber à l'eau, sans qu'il fût encore possible de déterminer les véritables responsabilités. De folles rumeurs circulaient partout parmi son réseau d'informateurs pourtant extrêmement bien renseigné, et la seule constante que l'on pouvait en dégager était que les Seigneurs Pirates avaient été victimes d'une tentative d'assassinat, et que Radamanthe était pour l'heure introuvable. Dire que la situation était tendue aurait été un doux euphémisme. Les festivités continuaient tranquillement, comme si de rien n'était, alors qu'en réalité une guerre était peut-être en train de se préparer au cœur même de la Cité Blanche. Une guerre qu'il devait éviter absolument, ou à tout le moins circonscrire au territoire de Radamanthe. Le Sud était, comme souvent, sur le point de s'embraser. Cependant cette fois, le charismatique chef Haradrim était ce pirate de Taorin, qui paraissait avoir davantage d'ambition que ses camarades, membres du conseil des Neufs. Les façons de neutraliser son influence étaient nombreuses, et il faudrait rapidement faire en sorte qu'il calme ses ardeurs. Prendre la moitié Sud du Harondor, au nez et à la barbe de l'armée de l'Emirat, était déjà une prouesse en soi. Un exploit qui avait de lui l'un des hommes les plus puissants du Sud. Essayer de croquer le reste du territoire de Radamanthe était folie, et surtout provoquerait la réaction du Gondor et de ses immenses ressources. Tout aurait pu s'arrêter là, à un statu quo qui profiterait largement aux Suderons et aux Gondoriens – laissant les Harondorim lésés, mais qu'importait ? – mais il semblait que la situation venait de dégénérer violemment. Les responsabilités n'étaient pas encore bien établies, mais les interprétations allaient filer bon train, et il faudrait gérer la situation rapidement pour ne pas se laisser déborder. On frappa soudain à la porte, et Alcide se leva, prêt à accueillir son visiteur. Il avait toujours été courtois, et sans savoir encore à qui il allait parler, il contourna son épais bureau et traversa la pièce pour aller le saluer. Il eut le plaisir de voir apparaître le Juge Praven, un homme discret et efficace dont il n'avait jamais entendu parler en mal. Celui-ci parut avec un sourire mal assuré, comme s'il venait faire une bien triste confession. L'Intendant le mit instantanément à l'aise, en lui serrant chaleureusement la main : - Juge Praven, que me vaut le plaisir de votre visite ? Rien de grave, j'espère !Le visage du Juge afficha une moue guère rassurante, et il se tordit les mains, de toute évidence mal à l'aise : - Je crains bien que si, Sire. Je veux dire… Je viens vous parler au sujet de l'Emir Taorin, le pirate…Alcide conserva le silence, mais dans sa tête les pensées se bousculèrent. Il ne comprenait tout simplement pas. Le Juge Praven n'était pas un noble assez influent pour avoir des renseignements que lui-même n'aurait pas obtenu. Comment pouvait-il être au courant d'un événement que tout le monde s'efforçait de tenir secret pour l'instant ? A moins que ce ne fût une coïncidence, et qu'il vînt pour parler d'autre chose. Mais aujourd'hui même ? Précisément quand les Seigneurs Pirates étaient attaqués au cœur même de la Cité Blanche, en dépit de l'impressionnant système de sécurité ? Non, il y avait forcément quelque chose d'autre… En dépit de ses questionnement intérieurs, l'Intendant avait su garder un visage de marbre, parfaitement maîtrisé comme il convenait à un homme de son rang. - Et que s'est-il passé mon brave ? Vous l'avez rencontré ?- Non, Sire, les Valar en soient loués. Il s'agit de mon neveu, Evart… Il est loyal au Gondor, quoique jeune et téméraire. Je ne crois pas qu'il mesurait vraiment les conséquences de ses actes.Les sourcils de l'Intendant se froncèrent légèrement. Ce n'était pas de la colère, toutefois, mais bien de la perplexité. Il ne comprenait pas tout à fait ce que le Juge était en train de lui expliquer, et s'il rassemblait les éléments qu'il avait à sa disposition, cela ne lui disait rien de bon. Ce jeune Evart s'était-il compromis avec Taorin ? Avait-il secrètement pactisé avec lui ? Ou bien à l'inverse, avait-il planifié l'assassinat des Seigneurs Pirates ? Au risque de compromettre un accord de paix dont pouviat dépendre l'entièreté de l'équilibre du Sud ? Masquant péniblement les questions nombreuses qui lui traversaient la tête, Alcide dégaina son sourire le plus affable, et lança d'une voix apaisante : - Soyez sans crainte, je suis persuadé que si votre neveu n'a rien fait de répréhensible, il n'aura rien à se reprocher. Où donc puis-je trouver ce jeune homme ?- Il est dans mon office, Sire. Il voulait s'entretenir avec vous de certaines choses. Accepteriez-vous de le rencontrer ?Naturellement qu'il acceptait ! Ce jeune garçon l'intriguait trop pour qu'il n'allât pas le voir, et entendre en personne la drôle d'histoire qu'il pouvait bien avoir à raconter. Il se composa une mine tout à fait tranquille, afin de rassurer ce pauvre juge qui semblait choqué de voir que son neveu s'était acoquiné avec la pire des vermines, les ennemis les plus farouches des intérêts de la Couronne. Et nul autre que Taorin, le Chien Borgne, lui-même. Il y avait beaucoup de choses que l'Intendant devait éclaircir, et il lui paraissait soudainement des plus urgents d'interroger le jeune homme. Il abandonna donc ses réflexions, et, posant une main rassurante sur l'épaule du Juge Praven, il accompagna celui-ci en direction de son bureau. En franchissant la porte, les six gardes qui surveillaient l'entrée se placèrent en formation autour d'eux, afin de leur servir d'escorte. Trois devant, et trois derrière, afin de parer à toute tentative d'assassinat. Cartogan s'était montré très strict sur les mesures de sécurité, doublées en période de festivité afin d'éviter qu'il arrivât quoi que ce fût à l'Intendant ou aux hauts dignitaires du royaume. Alcide bénéficiait d'une protection maximale, et d'hommes d'élite qui l'accompagnaient en permanence, habillés pour la guerre de pied en cap. Au début, il s'était agacé de cette présence constante et bruyante sur ses talons, trouvant insupportable d'être chaperonné et d'être empêché dans ses déplacements par le capitaine des gardes, qui parfois le mettait en garde contre certains dangers. En l'occurrence, aujourd'hui, il leur trouvait un véritable intérêt, et il se félicitait de ne pas avoir congédié ces militaires imposants et expérimentés, qui sauraient remplir le rôle qu'il avait prévu pour eux. Ils traversèrent donc les couloirs de la forteresse, forçant quiconque les croisant à s'écarter de leur chemin prestement, au risque de s'attirer le regard foudroyant d'une demi-douzaine de soldats qui n'étaient pas là pour plaisanter. Les serviteurs et les messagers se rangeaient prudemment, certains s'inclinant même au passage de la petite troupe. Alcide adressait un sourire à chacun, et il s'arrêta même pour saluer personnellement un page qui lui avait rendu service quelques jours auparavant, alors qu'il était pris d'un violent mal de crâne. Le jeune homme eut l'air à la fois honoré et effrayé, si bien qu'il ne trouva quasiment rien à répondre. Quand les mots lui vinrent, Alcide tournait déjà l'angle du couloir, suivi de près par les hommes du rang. Au milieu de tout cela, le Juge semblait quelque peu mal à l'aise. Il paraissait ne pas savoir quoi dire ou faire, et il fallait bien avouer que la présence intimidante de l'escorte ne facilitait pas les conversations… pas même pour l'Intendant qui commençait à peine à s'y habituer, lui qui avait vécu bien plus modestement avant d'être hissé à cette position prestigieuse. Jamais il n'aurait pu refuser pareille promotion, non, mais il aurait volontiers abandonné toutes les contraintes qui y étaient liées, si cela avait été possible. Qu'il aurait préféré travailler dans l'ombre, agir efficacement et discrètement, sans avoir à se soucier du protocole et de l'apparat ! Ils arrivèrent bientôt à destination, et le Juge se sentit soudainement très inquiet, si bien qu'il demanda d'une voix quelque peu implorante : - Il n'arrivera rien à mon neveu, n'est-ce pas ? C'est un jeune homme très loyal, et…- Rassurez-vous, mon cher Juge. Rassurez-vous…Alors que l'Intendant tournait la tête pour emboîter le pas à ses hommes, le Juge put voir une ombre passer sur le visage de celui-ci. Une ombre qui, elle, n'avait rien de rassurant. Il n'eut le temps de rien dire, qu'Alcide franchissait déjà la porte. Evart vit d'abord arriver face à lui trois hommes en armes, la mine patibulaire. Ils le regardèrent avec un air sévère, la main sur le pommeau de leur arme. Leur attitude était impressionnante, mais non, ils n'étaient pas venus pour procéder à l'arrestation du neveu du Juge. Pas encore, tout du moins. Alcide fit alors son apparition, se frayant un chemin entre les colosses qui lui servaient d'escorte. Son visage était neutre, mais son attitude quelque peu rigide ne trompait pas. Il était là pour une affaire très sérieuse, et il la traiterait comme telle. Le jeune noble put constater rapidement que son oncle n'avait pas été convié à la réunion improvisée, étant demeuré dehors auprès du reste des soldats qui montaient la garde devant l'unique entrée. Ce serait donc un entretien privé, qui ressemblait à s'y méprendre à un interrogatoire. Toutefois, Alcide paraissait loin de l'archétype du tortionnaire sadique et cruel, prenant plaisir à faire souffrir ou à arracher violemment des confidences à sa victime. Il était plutôt un homme charmant, élégant et raffiné, qui paraissait tout à fait disposé à la conversation. Une façade tout à fait crédible, mais qui dissimulait un danger tout aussi grand. - Evart… Evart Praven. Restez assis, je vous en prie.L'œil affûté de l'Intendant n'avait pas pu s'empêcher de remarquer que le jeune homme portait une canne, et qu'il avait du mal à se tenir debout. Son geste pour se lever en témoignait, ainsi que la très légère grimace qui avait déformé ses traits. Coïncidence ? Sûrement pas. Pas plus que les fards subtils et discrets qu'il avait utilisés pour harmoniser son teint. Peut-être parce qu'il était particulièrement coquet, ou bien parce qu'il souhaitait dissimuler une quelconque marque particulière. Il y avait bien des choses sur lesquelles le jeune homme devrait s'expliquer, décidément, mais Alcide décida de prendre son temps. Il devait tirer les choses au clair en douceur, sans se laisser aller à des méthodes qui n'étaient pas les siennes. D'une voix calme, il lança : - Je viens d'avoir une petite discussion avec votre oncle, un homme fort apprécié à Minas Tirith. Je crois que vous lui avez fait peur, en quelque sorte. Il dit que vous vous êtes entretenu personnellement avec Taorin, le Seigneur Pirate. D'aucuns pourraient trouver que pareille attitude est séditieuse…Il leva la main pour couper court aux objections du jeune noble. Celui-ci avait ouvert la bouche pour se défendre, mais l'Intendant ne lui en laissa pas le temps. Il n'avait pas encore terminé : - J'ose croire, ajouta-t-il donc, que vous n'êtes pas idiot, et que vous avez donc une bonne raison de venir me trouver. J'irais même jusqu'à supposer que vous avez une proposition à me faire, Evart. Une proposition que je suis prêt à écouter, sans quoi ni vous ni moi ne serions là.Il marqua une brève pause, et se fendit d'un sourire agréable. Non, assurément, il n'était pas de ces hommes retors et malveillants. Il était même plutôt ouvert, et sa façon de procéder, son côté très direct, pouvait paraître déstabilisant. Il n'était pas le genre d'hommes à qui on avait intérêt à cacher des choses, et en retour il se montrait étonnamment franc. Peut-être trop. Reprenant, il conclut : - J'espère donc que vous ne me prendrez pas pour un idiot, et que vous ne me ferez pas perdre mon temps. Jouez carte sur table, et nous verrons ce qu'il est possible de faire pour apaiser les craintes de votre oncle là-dehors, voulez-vous ?Sa main pivota en un geste qui invitait explicitement Evart à répondre. Ce dernier n'avait que peu de temps pour convaincre, car les secondes d'un homme comme l'Intendant valaient une petite fortune. Chaque mot qu'il prononcerait devrait être mesuré, calculé avec soin, optimisé pour tendre vers son but ultime, sans s'égarer en route. Il lui faudrait se montrer clair, et surtout faire preuve de beaucoup de maîtrise, car Alcide le regardait droit dans les yeux, attentif à la moindre de ses réactions. En dépit de la sympathie affichée de l'Intendant, il n'était pas permis de douter des conséquences fâcheuses d'une réponse insatisfaisante. #Alcide #Alphros #Praven |
| | | Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
Nombre de messages : 337 Age : 32 Localisation : Minas Tirith Rôle : Trésorier Royal du Gondor
~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 21 ans -:
| Mer 18 Fév 2015 - 16:56 | | Paraissant quelque peu effrayé par les révélations de son neveu, le juge se dépêcha d'aller quérir l'Intendant. Bien qu'il ne puisse pas lui reprocher son inquiétude, Evart espérait juste qu'il serait assez discret et retenu pour que tout le Palais Royal ne soit pas au courant. Préférant ne pas trop se concentrer sur l'entrevue à venir, il risquait de s'inquiéter inutilement, il se permit d'admirer les lieux. A la vérité, « admirer » était un bien grand mot. L'office de son oncle était celui d'un homme qui avait confortablement réussi dans ses modestes ambitions et sa raisonnable droiture. Son bureau était loin d'être grand, même s'il n'était pas petit, mais il était décoré avec goût, sur sa gauche, le jeune homme pouvait voir une grande et belle tapisserie de Dol Amroth représentant le Roi Elessar gouvernant les peuples, un thème classique et convenu mais qui représentait si bien le travail d'un magistrat intègre. Sur sa gauche, il y avait deux lourdes armoires en bois de chêne fermées avec, au milieu, un secrétaire ouvert, on pouvait voir les nombreux tiroirs qui abritaient certainement des papiers sur les affaires en cours voir même des emplacements secrets pour dissimuler les plus important, sur le battant se trouvait les restes d'un frugal repas, une carafe et deux tandis qu'au sommet trônait un lourd chancelier (HRP : Je laisse la faute car imaginer un secrétaire portant sur ses épaules un chancelier alors qu'Alcide et moi discutons tranquillement m'a fait rire). Au fond deux fenêtres inondaient la pièce de lumière, notamment le grand bureau de son oncle qui, comme souvent chez les magistrats, étaient de loin le plus beau meuble de la pièce. Alors qu'il s'intéressait maintenant au coffre-fort qu'on pouvait deviner au fond de la pièce, Evart entendit la porte derrière lui s'ouvrir.
Se retournant, le jeune homme vit entrer des gardes à la mine patibulaire avec une pointe d'inquiétude. Étaient-ils là pour l'arrêter ? A la réflexion, c'était peu probable. Alcide était quelqu'un d'élégant qui aurait eu la courtoisie de ne pas arrêter Evart dans l'office de son oncle au risque de causer, à ce dernier, le plus grand tort. Cette réflexion se confirma lorsque l'Intendant rentra. Il arborait un visage avenant et courtois, ce qui était rare dans ce milieu. Cela rassurait quelque peu Evart, bien qu’il soit évident qu’on ne pouvait attendre son poste avec de bons sentiments. Essayant de se lever, le jeune noble constata avec douleur que sa jambe lui faisait toujours aussi mal, décidément il ne se débarrassait jamais de cette maudite jambe. Plein d’amabilité, l’Intendant lui proposa de rester assis et le hobereau lui répondit :
- Je vous remercie, Messire. C’est un honneur pour moi de vous rencontrer.
Laissant le seigneur Alcide continuer, Evart l’écouta avec la plus grande attention. Effectivement il ne semblait pas rigoler avec cette affaire, tout comme lui au demeurant. Après avoir bien pris note de ses mises en garde, le garçon reprit sagement :
- Comme vous, j’apprécie la plus grande franchise et je ne souhaite nullement vous duper. Si je suis là, c’est pour me mettre à votre service et vous jurer fidélité.
Marquant une petite pause, il constata qu’Alcide ne disait rien et se permit donc de continuer.
- Pour tout vous expliquer, je suis arrivé à Minas Tirith il y a de cela sept ou huit mois avant de devenir, deux mois plus tard, le Secrétaire du Trésor à la Guilde des Épiciers, principalement pour des histoires d’emprunt. Lors du mariage de Sa Majesté Aldarion, j’ai été contacté par l’émir autoproclamé Taorin. Estimant que je n’ai pas énormément de présent mais suffisamment d’avenir, Taorin m’a donc invité à souper dans l’espoir de faire de moi son homme-lige ici, à Minas Tirith. En échange d’avantages commerciaux substantiels, il m’a demandé de lui fournir des informations, réaliser de “menus” services, engager des hommes pour son compte. Bref faire tout ce qui lui est nécessaire pour prospérer.
Craignant qu’en refusant il ne s’intéressât à une autre personne qui n’aurait pas eu ma loyauté, j’ai donc accepté sa proposition. Mon idée était donc de vous jurer fidélité pour vous informer de ses agissements ici à Minas Tirith, lui fournir les informations que vous souhaitez, bref, servir la Couronne en lui faisant croire que je le sers, lui. Pour ne pas attiser la colère de la Compagnie du Sud, je compte bien entendu partager ces avantages avec l’ensemble de la compagnie pour, au final, passer seulement pour un jeune ambitieux voulant se faire bien voir, de toute façon, je n’ai pas les moyens de monter seul pareille entreprise. J’ai cependant émis deux réserves pour m’aménager des portes de sortie au cas où vous refuseriez ma proposition, la première est l’obtention de brevets pour l’exportation des produits qui intéressent le Sud, le second est le respect du droit marchand.
Marquant une pause dans son explication, Evart reprit sa respiration puis reprit :
- Ce repas terminé, j’ai également profité de l’occasion pour négocier un emprunt au nom de la Guilde des Épiciers et ainsi justifier cette rencontre. Ensuite nous sommes repartis et c’est là que nous avons été agressés par quatre écorcheurs. C’est par leur bonté que j’ai eu cette jambe, dit-il en frappant délicatement son pied avec sa canne, mais nous avons réussi à les faire fuir et j’ai convaincu le seigneur pirate de venir loger chez moi pour la nuit.Barricadés toute la nuit dans la demeure de ma famille, nous avons pu attendre le petit matin pour demander à des pirates de venir escorter leur chef et c’est là que nous avons appris ce qui touchait les chefs pirates. Comme vous le savez certainement déjà, ils ont été attaqués simultanément dans la nuit.
- Il est possible que je sois au courant en effet.
- Oui mais, malgré l’effort que les pirates ont fait pour dissimuler les corps, savez-vous que, contrairement aux seigneurs Yze, Taorin et Reznor, le Seigneur Riordan a été tué lors de cette tentative ?
Un très léger sourire sembla apparaître sur le visage de l’Intendant. Il était presque imperceptible. Evart n’aurait pu en donner la cause. Était-ce ironique ? Connaissant déjà la nouvelle, il s’amusait de voir un petit hobereau lui annoncer une “grande nouvelle” qu’elle connaissait déjà. Était-ce amusé ? Constatant l’honnêteté et la franchise du jeune homme, il se rendait qu’il était effectivement loyal au pays. Était-ce intéressé ? Ayant vent d’une nouvelle inattendue, il profitait du plaisir qu’on éprouvait à obtenir une information rare. Quoiqu’il en soit, Evart continua d’une voix posée :
- Il y a encore mieux, Messire. Les pirates ont réussi l’exploit de capturer un de leurs agresseurs. Maintenant barricadés et armés dans leur auberge, ils sont en train de l’interroger en attendant de savoir que faire. Je peux également vous dire qu’ils soupçonnent assez fortement le Royaume.
Marquant une pause dans son discours, il laissa le temps de la réflexion à son interlocuteur avant de reprendre. Il espérait pouvoir conclure promptement cette discussion :
- Vous voyez Messire. J’ai joué la plus grande honnêteté avec vous et vous propose à nouveau ma plus complète et entière fidélité.
Joignant le geste à la parole, il inclina légèrement la tête pour montrer sa modestie. Son petit monologue avait duré tout au plus deux minutes trente, on pouvait difficilement faire plus court.
Dernière édition par Evart Praven le Dim 3 Mai 2015 - 1:34, édité 1 fois |
| | | Alcide d'Illicis Intendant du Gondor
Nombre de messages : 8 Rôle : Comte de Linhir
~ GRIMOIRE ~ -: Homme de Gondor -: 41 ans -:
| Sam 28 Fév 2015 - 18:39 | | Alcide se pencha légèrement en avant, alors qu'il écoutait le jeune homme en face de lui. Il prenait cette posture particulière lorsqu'il prêtait une grande attention aux propos qui lui étaient adressés. Ses yeux de faucon plongèrent dans le regard du marchand, qui s'empressa de commencer son récit, dont chaque mot paraissait pesé avec grand soin. Il y avait un certain talent chez ce jeune homme, qui paraissait maîtriser ses gestes avec beaucoup d'expérience. Quel âge pouvait-il bien avoir pour se comporter ainsi ? A le regarder, on lui donnait un peu plus d'une vingtaine d'années, tout au plus. Un visage assez fin et imberbe, des traits encore vifs, et des yeux pétillants. L'Intendant le dévisageait avec une rare intensité, paraissant s'arrêter sur le moindre détail, comme s'il en découvrait surtout par l'observation, et non par l'écoute. Car après tout, ce que lui disait le jeune marchand n'était certainement pas la vérité… Qui à Minas Tirith venait voir le Comte d'Illicis pour lui parler franchement, et pour lui faire part d'une seule pensée sincère ? Un millier de courriers lui arrivaient chaque jour, essentiellement de Minas Tirith et de ses environs, mais également des provinces. A chaque fois, on demandait son aide ou son intervention, sans jamais vraiment expliquer les tenants et les aboutissants. Untel demandait un règlement royal pour une affaire où il s'estimait lésé, en omettant de préciser les torts qui étaient les siens, naturellement. Dès lors, Alcide ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce que ce jeune homme lui cachait... Pour l'heure, Evart Praven paraissait déterminé à convaincre l'Intendant de ses bonnes intentions, et de sa fidélité. Processus assez logique, pour un individu qui avait eu l'idée saugrenue de se rapprocher de Taorin, sans même en informer quiconque. Les choses auraient pu très mal tourner pour lui, et il avait eu de la chance de ne pas être éliminé par le Seigneur Pirate. Après tout, qui pouvait savoir de quoi était capable un tel homme ? S'il prenait le risque de chercher à créer des réseaux d'amitié en plein cœur de Minas Tirith, c'était qu'il se sentait assez confiant pour agir au nez et à la barbe des services secrets de l'Arbre Blanc, et de tous les réseaux d'informateurs du Gondor. Dès lors, éliminer un jeune nobliau sans influence majeure ne lui aurait pas posé problème, pas même avec l'interdiction du port d'armes mise en place par le général Cartogan… Alors pourquoi ne l'avait-il pas fait quand les choses avaient commencé à mal tourner ? Fallait-il croire absolument le discours bien établi d'Evart, et supposer que Taorin voyait en lui un certain potentiel, ou bien les plans du Seigneur Pirate étaient-ils bien plus élaborés ? Alcide écoutait attentivement les paroles du jeune noble, mais au fond, son esprit bouillonnait à la recherche de liens entre les différents éléments qu'il avait à sa disposition. Il y avait des causalités plus ou moins probables, certaines qui paraissaient revêtir un caractère naturel mais qui en réalité pouvaient être un piège. Par exemple, les rapports dont disposait Alcide précisaient que Taorin n'avait pas été vu en train de comploter d'une quelconque manière. Il ne paraissait pas avoir fait venir des mercenaires à lui, et ses déplacements hautement surveillés n'avaient pas pu conduire à une seule information concluante. Il apparaissait donc que ses plans de s'établir dans la Cité Blanche, ou à tout le moins au Gondor, passaient par l'acquisition de faveurs auprès de personnages relativement hauts placés. Il s'assurait des fidélités au bas de l'échelle, et laissait ensuite ses poulains monter progressivement les échelons du pouvoir, pour mieux les exploiter par la suite. Cela signifait qu'il entendait bel et bien rester au pouvoir longtemps au Harondor, et jouer un rôle majeur dans la région. Sans doute Radamanthe ne devait-il pas apprécier cette confiance excessive, qui pouvait expliquer pourquoi il avait engagé des tueurs pour se débarrasser des Pirates. Un geste risqué pour ne pas dire insensé, mais qui pouvait se comprendre. L'occasion était trop belle pour ne pas la tenter… Restait la question du marchand. A mesure que celui-ci s'exprimait, il se dépeignait comme un individu tout à fait banal, un simple nobliau n'ayant « pas énormément de présent » actuellement à Minas Tirith. Effectivement, Alcide n'avait jamais entendu parler de lui avant aujourd'hui, en mal ou en bien, ce qui ne signifiait pas qu'il n'était personne. Venu de la province, il s'était imposé en deux mois seulement à un poste à responsabilité au sein de la Guilde des Epiciers, qui n'était pas n'importe quelle institution à Minas Tirith. On ne pouvait pas douter que l'influence de son oncle avait joué en sa faveur, mais voir un homme si jeune endosser pareil rôle et en minimiser grandement les honneurs était curieux. La plupart des nobliaux auraient mis en avant le prestige de ce poste, et auraient insisté sur leur contribution au sein de la corporation. Au lieu de quoi, il prenait grand soin de se présenter comme quelqu'un de modeste. Par modestie ? Alcide sourit intérieurement. Probablement pas. Intérêt était le seul mot que les marchands avaient en tête. Le point sur lequel l'Intendant s'interrogeait néanmoins était de savoir pourquoi Taorin avait contacté précisément ce marchand précis. Comme l'avait très justement souligné Evart, il n'était pas encore quelqu'un dans la capitale. Pas suffisamment important, à tout le moins, pour qu'un étranger qui n'était pas le bienvenu dans la capitale eût entendu parler de lui auparavant. Dès lors, qu'est-ce qui avait pu pousser les deux hommes l'un vers l'autre ? A la question « qui ? », Alcide avait déjà quelques idées. Des dizaines de personnages louches se seraient proposés de faire l'intermédiaire entre de riches clients qui souhaitaient négocier tranquillement de sombres affaires, en échange de quelques pièces. Mais pourquoi Evart Praven ? Fils d'une famille apparemment tout à fait respectable, neveu d'un juge dont la réputation n'avait jamais été entâchée, comment avait-il pu se retrouver mêlé à des affaires d’État qui le dépassaient de très loin ? Ce point ne serait pas éclairci aujourd'hui, mais la question demeurait dans un coin de la tête d'Alcide, qui savait trop bien gérer des conversations diplomatiques pour laisser paraître le moindre indice de ses réflexions intérieures sur son visage où s'était plaqué un masque poli et courtois. Le jeune marchand, sentant qu'il devait poursuivre son récit, en vint à raconter l'épisode de son agression par les hommes probablement engagés par Radamanthe. De toute évidence, ils avaient eu de la chance de s'en sortir, et c'était ce que rapportaient les différents espions dont Alcide disposait dans la cité. Des attaques coordonnées et simultanées, qui avaient été d'une rare violence. Les quelques témoins, qui avaient pris la fuite rapidement par crainte d'être associés aux criminels, avaient tous décrit la même chose. Des assaillants déterminés et brutaux, qui avaient fondu sans sommation sur leurs cibles. Ce n'était pas le fruit d'une rixe, ou les effets de l'alcool sur des individus qui n'aimaient pas les Umbarites. C'était bien davantage, assurément. Evart, qui avait dû tendre l'oreille auprès des Pirates, l'informa de ce qu'il savait déjà, à savoir le fait que les autres représentants de la délégation avaient été la cible d'agresseurs eux-aussi. Toutefois, l'informaiton précieuse qu'il lui communiqua laissa Alcide stupéfait. Riordan ? Mort ? Impossible ! Evart dut se méprendre sur le léger sourire qui fleurit sur le visage de l'Intendant. Ce n'était pas de la satisfaction ou du plaisir, mais bien une profonde résignation. La situation était bien plus catastrophique qu'il n'avait pu l'imaginer au préalable, et il devait rapidement réfléchir à un plan pour parer à la déferlante qui allait suivre. Malheureusement, les choses tournaient sous un angle imprévu, et à moins de jouer finement, il y aurait d'autres morts avant que cette histoire ne fût terminée… Alcide demeura de marbre face à l'enthousiasme du jeune nobliau, qui paraissait ressentir le frisson de l'action, et qui prenait de toute évidence plaisir à se trouver impliqué dans une pareille affaire. L'Intendant aurait voulu lui dire qu'il ne savait pas dans quoi il avait plongé, que les choses étaient mille fois plus compliquées qu'il ne pouvait l'imaginer, et que les chances qu'il y laissât la vie étaient bien plus importantes qu'il ne paraissait le croire. Contre les Pirates aucune loi ne semblait se dresser fatalement, et s'il prenait l'envie aux hommes de Riordan de se venger aveuglément, ils risquaient fort de passer leurs nerfs sur le premier Gondorien qu'ils trouveraient. Répondant machinalement pour ne pas laisser un silence gênant s'installer, Alcide lâcha d'une voix morne : - C'est une situation très embarrassante, Evart…Le mot était faible, et Evart ne semblait pas mesurer le rôle qu'il jouait dans cette histoire. Il se présentait comme un fidèle serviteur de la couronne, mais sa présence ici faisait le jeu de Taorin désormais. Si les Pirates avaient eu l'intention de porter une réclamation officielle, ou de se plaindre ouvertement de ce qu'ils avaient été attaqués dans la cité, Alcide aurait eu vent du meurtre de Riordan à la première heure ce matin. On serait même venu le tirer du lit pour répondre aux questions de la délégation Pirate qui serait venue en force, pour lui demander des comptes. Au lieu de quoi, ils avaient pris grand soin de cacher le décès de leur compagnon, et d'envoyer un émissaire informel pour communiquer cette information « l'air de rien ». Evart était-il habilement manipulé par Taorin, qui lui avait laissé croire qu'il avait capté cette information seul, alors que le Pirate le laissait volontairement y avoir accès, ou bien était-il lié à eux par un véritable serment, qui l'avait poussé à venir ici pour mettre pression sur le gouvernement du Gondor ? Quant à la mention du prisonnier, elle venait se rajouter à l'horrible scénario qui s'était déroulé dans les murs de Minas Tirith. En plus d'avoir été attaqués et d'avoir perdu un de leurs plus éminents représentants, les Pirates allaient désormais pouvoir bénéficier d'informations capitales. Si leur prisonnier leur révélait un nom compromettant, comme celui de Radamanthe par exemple – et nul doute que les Pirates obtiendraient ce qu'ils voudraient, ils en avaient largement les moyens –, alors ils auraient un cassus belli tout trouvé. Au nom de cette sordide et lâche agression, ils pouvaient fédérer les territoires du Sud une nouvelle fois, et submerger le Harondor définitivement, amenant la menace des armées Haradrim aux portes de Pelargir. Mais ils ne l'avaient pas encore fait. Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi. Taorin devait bien savoir que ses actions militaires n'avaient été couronnées de succès que parce que Gondor n'était pas intervenu dans cette guerre lointaine. La défaite à Dur'Zork avait été une surprise pour tout le monde, et ne laissait plus de place au doute. Si les Pirates remontaient encore vers le Nord, ils seraient accueillis par les régiments de tout le Gondor, qui les repousseraient jusqu'à Umbar s'il le fallait. Une guerre de conquête serait longue et coûteuse pour les hommes de la Cité du Destin, et elle les forcerait à mobiliser l'ensemble de leurs ressources, là où les seules troupes du Lebennin pouvaient leur poser d'énormes difficultés. Le nouveau Seigneur de Dur'Zork voulait négocier ce qu'il savait pouvoir contester par la force, mais il était toujours plus aisé de traiter en position de force, avec la menace d'une guerre terriblement violente au Sud, plutôt que de passer à l'action de manière inconsidérée. Les yeux d'Alcide revinrent à Evart, qui attendait sa réponse. Quel rôle pouvait bien jouer ce noble jusque là inconnu dans cette trame sordide ? Quels avantages pouvait-il bien tirer à s'associer avec un ennemi de la Couronne ? En se présentant ici, dans ces murs, il s'exposait à la réaction furieuse de l'Intendant, qui aurait tout aussi bien pu le faire arrêter, pour couper court à toutes ces manigances. Dans la journée, les Seigneurs Pirates auraient été mis aux arrêts eux-aussi, et au lieu de célébrer dignement le mariage du Roi d'Aldarion, le Gondor aurait immédiatement donné l'ordre de mobilisation pour masser ses troupes à la frontière Sud. Ce scénario n'aurait pas déplu au général Cartogan, qui aurait sans aucun doute pris personnellement la tête des opérations pour aller massacrer les armées Pirates. On disait de lui que c'était un fin stratège, et surtout un homme si charismatique que ses hommes étaient capables d'exploits hors du commun sous son commandement. Aucun homme de son acabit ne parcourait actuellement les terres du Harad, et si Taorin, Yse et Reznor étaient coincés à Minas Tirith, en plus de la mort de Riordan, cela faisait presque la moitié du conseil des Neufs mis hors-jeu. La guerre, assurément, n'était pas une mauvaise option. Mais l'Intendant avec des principes, et il préférait n'avoir recours aux armes qu'en dernier recours. Enchaînant d'une voix lasse, il dit : - Je ne m'étonne pas de ce qu'ils nous soupçonnent. Toutefois, nous ne sommes pour rien dans cette sombre affaire…Alcide ignorait si Evart travaillait véritablement pour Taorin ou non, mais puisqu'il entendait le laisser repartir librement, au moins pour apaiser les craintes de son oncle, il préférait imaginer qu'il répéterait toute leur conversation au Seigneur Pirate, et que ce dernier entendrait que le Gondor n'était pas lié à cette affaire. Un vœu pieux, mais on ne savait jamais… - Vous avez fait preuve d'une grande loyauté envers le Gondor, et votre intelligence vous a permis d'en apprendre beaucoup sur les Pirates. Cependant, je ne peux décemment vous demander de poursuivre dans une entreprise aussi dangereuse. Les risques pour vous seraient trop importants…Il était prêt à prendre le pari que le nobliau insisterait, aussi continua-t-il : - Toutefois, si votre cœur vous commande de servir bravement votre Roi, alors je ne saurais vous en empêcher. Les informations que vous nous ramènerez sont susceptibles de sauver des milliers de victimes. Je suppose que vous connaissez le traitement que le Roi réserve à ceux qui le servent fidèlement, et bien que votre engagement à son endroit soit mû par de nobles désirs, il n'est pas de sacrifice qui ne soit remercié en Gondor. En revanche, vous avez également vu le sort que Sa Majesté réservait aux traîtres, tel que ce Warin. Si d'aventure vous aviez vent d'une quelconque trahison, rapportez-le moi sans délai, que je puisse prendre les mesures qui s'imposeront.Impossible de lire à travers la carapace de l'Intendant, qui avait eu des années d'expérience pour peaufiner son attitude, sa gestuelle, le ton de sa voix. On ne pouvait pas décemment croire qu'il était sincère dans ses paroles, qui paraissaient bien trop naïves, mais personne n'aurait pu déceler exactement l'ampleur de ses doutes, ou de ses cheminements intérieurs. Il avait l'art et la manière de toujours paraître honnête, ce qui avait fait de lui un ambassadeur si brillant, et qui l'avait désigné tout naturellement au poste d'Intendant quand Mephisto avait exigé que cette fonction fût de nouveau occupée. Son intelligence politique redoutable, façonnée par des années d'expérience, pesait désormais de tout son poids sur les épaules d'Evart, qui devait deviner que quelque chose n'allait pas derrière ce charmant sourire et ces yeux inquisiteurs. Toutefois, maintenant qu'il avait mis le doigt dans l'engrenage, il ne pouvait plus reculer. Pas maintenant qu'il s'était confié à l'Intendant du Gondor. - Bien, à moins que vous n'ayez une dernière confidence à me faire, j'ai des affaires à traiter. Je suppose que vous comprenez…L'Intendant se redressa, et avec un signe de tête élégant, prit congé d'Evart qui demeura seul dans la pièce, sitôt que les gardes en armures l'eurent quittée à leur tour. Alcide, dehors, fut abordé par le Juge Praven, qui paraissait au comble de l'inquiétude. Il s'empressa de s'approcher du Comte d'Illicis, et lui demanda d'une voix anxieuse : - Alors ? J'espère que mon neveu n'a rien fait de grave, Sire…- Rassurez-vous, Juge Praven. Votre neveu est un homme loyal au Gondor, qui suit fidèlement vos traces (ce disant, il avait posé sa main sur l'épaule du Juge) . Continuez à l'éduquer de belle façon, et il pourrait avoir un bel avenir.Le sourire de l'Intendant acheva de rassurer le Juge, qui sourit à son tour. Ils se séparèrent donc, non sans une poignée de main détendue, mais avant qu'Alcide eût fait trois pas, il s'arrêta et lança par-dessus son épaule : - Oh, une dernière chose Juge Praven… Si votre neveu voulait ne pas vous donner tous les détails de cette conversation, soyez sans crainte. Il s'agit d'affaires d’État. Je suis certain que vous comprenez…Sur ces mots, il s'empressa de filer vers sa prochaine mission. Il y avait beaucoup de gens à qui il devait parler de tout urgence, et beaucoup d'informations qu'il allait devoir rassembler. Escorté par ses gardes personnels, il descendit les marches qui conduisaient sur la grande place du dernier niveau, et partit d'un pas rapide en direction de la cité. Il devait vraiment lui dire deux mots. #Alcide #Alphros #Praven |
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