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[Flashback - Lithildren] Où une Elfe se perd | |
| Lithildren Valbeön Exilée
Nombre de messages : 363 Age : 26 Localisation : Les Terres Sauvages Rôle : Exilée, Gardienne d'Ost-in-Edhil involontaire
~ GRIMOIRE ~ -: Elfe Noldo -: ~ 400 ans -:
| Jeu 16 Juil 2020 - 22:54 | | [HRP : Avec le temps qui passe, je modifie un peu ce qu'il se trouve sur ma fiche d'inscription. Les événements sont les mêmes, mais - j'espère - mieux racontés et plus logiques temporellement parlant. Il y a donc des différences par rapport à ma fiche d'inscription.] La dernière chose dont elle se souvenait était l'assaut de sauvages de l'est dans la région de la Forêt Noire. Elle avait fait partie de ceux tentant de les repousser mais le nombre avait joué en sa défaveur. Son cheval, transpercé par une lance, n'avait pas été - de fait - en mesure d'offrir une chance de fuite. Elle avait pensé que cela serait sa fin, qu'elle irait aux Cavernes de Mandos, mais le destin n'avait pas eu cette délicatesse. L'infinie noirceur ayant suivie la vive douleur à l'arrière de son crâne n'avait apporté aucun réconfort de la mort. Cela ne fût qu'un répit, une pause temporelle pendant laquelle elle n'eut que de rares moments d'illumination. Peut-être n'avait-on pas voulu qu'elle se réveille ? Assommer à répétition la même personne n'était pourtant pas recommandé pour la garder en vie. Etait-ce alors la boisson et la nourriture qu'on lui servait lorsqu'elle se réveillait qui la faisaient retomber dans l'obscurité ? Elle n'en avait aucune idée. Ombre et lumière se succédaient. L'air était sec, le vent chaud et pourtant une fraîcheur notable se faisait sentir à l'ombre des pics. Tout était flou, les voix indistinctes et les images embrumées. Elle avait l'impression qu'un voile de pluie s'était posé sur ses yeux et qu'il ne partait qu'avec une lenteur exagérée. Alors qu'elle peinait à distinguer l'endroit où elle se trouvait, elle sentit un mouvement la tirer sur le côté. Elle s'effondra sur le flanc, tirée avec force, sa tête ricochant contre le plancher en bois. Elle grommela et fut tirée de nouveau. Ses poignets partirent au-dessus de sa tête et son corps peina à suivre, engourdit. Mais l'insistance la vainquit et elle s'extirpa à grand peine de l'endroit où elle se trouvait. Et ce non sans rater l'espace entre la caravane et le sol, la faisant s'effondre sur les flancs. Une nouvelle force, accompagnée cette fois d'une voix rauque et un ton craché, la força à se relever. Comme elle peinait, des poings la saisirent sous les bras et la traînèrent de force pendant ce qui sembla être des heures. Ses pieds traînaient sur le sol, raclant la terre nue puis la roche des rues. Quand elle se faisait trop lourde, on la laissait tomber par terre, tentait de la faire marcher sans succès, avant de recommencer à la traîner par les bras. La chaleur de la roche sèche fut remplacée par la fraîcheur indéniable des pavés. Mais leur contact resta rude et elle ne passa que très peu de temps à apprécier le frais. Elle sentit des mains bien plus délicates la déshabiller, la laver, l'habiller de nouveau, jusqu'à ce que des mains brutes - encore - ne la soulèvent. Le sol qu'elle rencontra pour la dernière fois était presque glacé. Elle n'avait que ses sensations pour elle jusqu'à ce qu'on la force à boire un liquide infâme qui la ramena brutalement à la réalité. Le réveil prit néanmoins quelques minutes mais sa vue trouble se clarifia et l'éblouit, en quelques sortes. La luminosité était étrange et nouvelle, comme des dizaines de bougies places sur des... lustres... n'étant pas un "comme des" mais plutôt un "telles les". Elle observa la décoration luxueuse à outrance, sûrement faite pour exhiber une richesse plutôt qu'humilité. Une immense table ornée se trouvait à quelques pas de là, des femmes en tenue excessivement légère dansaient pendant que des gens voûtés transportaient des carafes ou plateaux, ou d'autres restaient statiques ou lavaient le sol. Elle n'arrivait pas au début à déterminer la nature des barres sombres barrant sa vue jusqu'à ce qu'elle réalise qu'elle se trouvait en cage. Littéralement. Une cage faite à peine à sa taille. Assez haute pour qu'elle puisse s'asseoir, à peine assez longue pour qu'elle puisse s'allonger en se recroquevillant. Elle tapa sur les barreaux, mollement d'abord puis plus fougueusement, déplaçant ainsi un peu sa cage. Deux hommes, dont un ventripotent, s'approchèrent. L'enrobé avait un air mesquin et observateur, ce genre de regard pervers et fier. Elle n'avait jamais rencontré un regard si fourbe et souhaita - sans comprendre pourquoi - pouvoir lui arracher les yeux. - Une Elfe... Azraÿn, qu'est-ce qu'il t'es passé par la tête ? Heureusement qu'aucune oreille pointue n'osera s'aventurer ici, sinon je t'aurais fait sacrifié.L'autre eut un sourire en coin. - Où-suis-je...?Elle marmonnait, faiblement, la voix brisée. - Et elle parle ? Splendide.- Mieux. Elle est complètement inoffensive. Elle n'a pas lutté une seule fois du voyage et parfois même demandait qui elle était.- Bien la première fois que j'entends parler d'une elfe amnésique. Un tel trophée... cela se mérite.Le ventripotent offrit une bourse à l'autre avant de le congédier d'un geste impatient de la main. Il se pencha ensuite vers elle qui, sans réfléchir, tendit le bras, poing fermé. Elle n'entendit que le craquement, le silence puis les injures. Elle vit d'autres approcher et demander comment l'homme allait, apeurés sûrement pour leur propre sort. Mais l'homme les rejeta, se tournant vers elle. Il l'appela "diablesse" mais elle ne comprit pas le sens de ce mot. Il parla d'une punition pour la soumettre et partit se faire soigner son nez couvert de sang. La punition en question se résulta à ne pas boire ni manger pendant trois jours. Mais elle les voyait se bâfrer et boire comme des goinfres sur leur table décorée, montrer à outrance des richesses accumulées... Elle les détestait sans savoir finalement où elle était. Elle entendit cependant au fil des jours des noms bien différents. Albyor, Rhûn, Vieille-Tombe, entre autres. Elle était donc à l'est... si loin de... de quoi, au juste ? Elle avait du mal à remettre son esprit en place. Elle avait beau voir et entendre clairement, elle peinait à se souvenir de son nom et ses origines. Elle avait pour seule certitude d'être une elfe : elle l'avait entendue. Mais quelle elfe ? Qui était-elle ? Quelque chose n'allait pas en elle. Elle sentait un vide inexplicable, comme si il manquait quelque chose à son être. Sa mémoire, pour commencer. Mais autre chose. Une partie de sa vie. Ou toute sa vie. Elle n'avait que les souvenirs de la Forêt Noire, des esclavagistes et du combat. Après et avant, rien. Le néant. Elle voyait parfois les hommes toucher les femmes serviles, parfois de manière perverse. Mais personne ne vint la toucher, elle. Elle entendit qu'on ne voulait pas risquer qu'elle se donne la mort. Les elfes mouraient-ils quand un humain les touchaient ? Elle serait déjà morte, sinon. Les gens se contentaient simplement de la déshabiller - et plus - du regard. Cela suffisait à satisfaire un plaisir pervers qu'elle ne saisissait pas et dont elle ne prêtait pas attention. Elle comptait les pavés qu'elle pouvait voir, pour passer le temps, assise dans sa cage. Elle était inerte, mangeait la maigre nourriture qu'on daignait lui donner pour la maintenir en vie. Elle compta les jours passer en fonction de l'activité et de l'éclairage. Cinquante-six jours en tout passèrent là, dans cette cage. Après cela, Ventripotent fut sûrement déçu que l'elfe ne présente pas d'intérêt en ayant tout le temps l'air droguée, morte mentalement ou juste inactive. Il décida d'en faire quelque chose de plus utile. La dernière chose qu'elle savait, c'était qu'on la changeait de place. #Lithildren #Azraÿn #Sazaar
Dernière édition par Lithildren Valbeön le Jeu 4 Mar 2021 - 16:41, édité 1 fois |
| | | Lithildren Valbeön Exilée
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~ GRIMOIRE ~ -: Elfe Noldo -: ~ 400 ans -:
| Lun 8 Fév 2021 - 12:12 | | Il n'y a pas de ténèbres sans lumière. Quelle phrase idiote. Non seulement n'y a-t-il pas de lumière dans les ténèbres, mais ceux-ci avalent le peu de lumière tentant de les percer. On appelle cela le désespoir. Mais la bonne nouvelle est que, même dans le plus grand désespoir, une lueur d'espérance peut briller. Elle prend la forme soit la plus espérée, soit la plus inattendue. Mais cette lueur, faible au départ, peut aussi très bien n'être que passagère. Une simple petite étincelle aussitôt écrasée sous la botte d'un fardeau plus lourd : le regret. Mais sans regrets il n'existe pas de rédemption et sans rédemption, pas de liberté. Liberté. Un mot fort pour une chose si fragile. Une simple lettre et cette liberté prend fin. Et une simple âme corrompue et ce mot si fort se change en désastre total. La liberté, tout comme le bonheur, se pourchassent mutuellement tout en échappant pendant plusieurs vies aux mortels qui se lancent dans une quête sans fin, assoiffés par la finalité et déçus par celle-ci. Et la liberté a un prix : parfois de la taille d'un insecte, parfois allant aux étoiles. Et tout prix se paie, en sueur, sang ou promesses financières. Chaque chose, chaque personne a un prix, qu'elle en soit consciente ou non. Et ce prix amène des responsabilités : respecter les termes d'un contrat. La moisissure et son odeur infectaient les poumons de la créature roulée en boule au fond de sa cage. Un souffle faible mais contrôlé, des cris et gémissements voisins, des exclamations soudaines. La créature se refusait à bouger, sachant cela inutile. Des pensées plus sombres et profondes occupaient l'esprit hanté de la créature. Qui était-elle ? Où était-elle ? D'où venait-elle ? Pourquoi ? Comment ? Quand ? A cause de qui ? Pour qui ? Par qui ? Vers où ? Qui ? Qui qui qui qui qui qui qui qui était-elle ? Qu'était-elle ? Qui ? Quoi ? Etait-elle une chose, un monstre, une humaine, autre chose ? Avait-elle un nom ? Avait-elle un corps ? Avait-elle un esprit ? Avait-elle une âme ? Elle se tourmentait sans cesse sans avoir conscience de sa propre existence. On lui jeta une gamelle dans sa cage, l'exhortant à manger. Elle rampa, traînant son corps par la force de ses bras, jusqu'à la désirée gamelle. Elle était si maigre qu'on voyait ses os. Sa peau de craie était couverte de marques de brûlures à force de se traîner par terre, des bleus à cause des chaînes, du sang lorsqu'elle se forçait à avoir conscience de son corps. Elle avala le contenu de sa gamelle comme si elle était un animal. La personne derrière les barreaux braqua sa torche sur elle, alors elle recula en gémissant. Depuis combien de temps n'avait-elle pas vu la lueur du jour ? Elle l'ignorait. La personne ria à pleins poumons de la misère de la créature. Il s'en alla en riant. La créature retourna dans le coin de sa cage, s'abandonnant dans les bras de son tourment, emportée dans le tourbillon flou de souvenirs dont elle se convainquait ne pas être siens. Elle poussa un hurlement bestial. Armée d'un pauvre bout de bois récupéré d'une lance brisée au sol, elle se jeta sur son ennemi et planta le pieu dans la gorge. La montagne de muscles se débattit en gargouillant pendant qu'elle tournait le pieu dans sa gorge, puis il s'effondra lourdement au sol. Elle roula, le pieu et le visage couverts de sang. Elle rugit comme elle le put et lança son arme improvisée sur le public de l'arène. Les hommes se réjouissaient du spectacle et l'argent circulait. L'arène était éclairée de torches au plafond et sur les murs, les gens étaient à trois mètres de haut et l'arène circulaire avait un sol de sable tâché de sang. Quatre autres corps gisaient au sol, morts dans des conditions peu recommandables. Et elle était la seule encore debout. Les rires et applaudissements fusaient pendant qu'elle essayait de sauter sur les murs pour sortir. Il fallut des gardes pour la maîtriser, ce qui coûta la vie à l'un deux qui finit la gorge écrasée par un coup de poing bien placé dans sa pomme d'Adam. Il s'étouffa sur place, sans personne capable de l'aider. - Elle a la rage, cette diablesse.- Elle pourrait être utile.Les deux hommes ayant parlé regardaient l'arène depuis une place isolée, en hauteur. Sur un siège haut et décoré se trouvait Ventripotent, le fameux. Il se frottait le menton avec un sourire satisfait. - Je suis ravi qu'elle vous plaise. Bien sûr, j'estime avoir droit à une part conséquente puisqu'il s'agit de ma chose.- Evidemment, monsieur.Une affaire conclue plus tard, elle appartenait déjà à quelqu'un d'autre. - N-non ! Pitié, je ferai ce que vous voulez ! Ne me tuez pas pit..-Sa phrase se termina dans un gargouillement, son regard effrayé et sa main tentant de retenir le sang fusant de sa gorge. Il tourna de l'oeil bien vite et cessa de bouger. Elle avait les cheveux attachés en tresse et le bas du visage caché par un foulard rouge. Elle était habillée comme un fidèle de Melkor, les yeux fous et cruels. Elle ne parlait pas et Ventripotent entra dans la pièce après elle. Un autre homme, tétanisé par la peur, se cramponnait au siège de son bureau. Il fixait l'assassin aux yeux argentés avec une peur indescriptible. - Tu sais combien vaut une vie pour les fidèles de Melkor ?L'homme hocha négativement de la tête. - Elle n'en a pas, exact. Ecarlate, montre-lui ce qu'il se passe quand on se dresse contre les prêtres de Melkor.Elle exécuta l'ordre sous le regard satisfait de Ventripotent. Elle le suivit ensuite et retourna dans sa cage sous les pavés ensanglantés de la Cité. - Si tu me ramènes cet objet, ma chère Ecarlate, tu ne seras plus à mon service. Mais jusque là, tu es à moi. Je suis clair ?- Gloire aux prêtres de Melkor.- Bien. Va. Et n'oublie pas : je veux l'objet.Elle quitta Albyor sur un cheval et passa la frontière. #Ecarlate #Sazaar |
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