Nombre de messages : 1082 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Les rayons du soleil, filtrés par les larges vitres, illuminaient avec éclat les dorures scintillantes de la salle du trône du Château d’Or. Au centre de la pièce se tenaient fièrement six lignes resserrées de cavaliers, chacune composées de cinq guerriers du Rohan. Cependant leur armures renforcées et richement décorées ainsi que la fameuse cape émeraude qu’ils portaient tous à l’épaule étaient autant d’indicateurs qu’ils ne s’agissaient pas là de simples cavaliers de la Marche; non, c’était toute la Garde Royale qui s’était regroupé ce matin là face à leurs supérieurs. En position de garde-à-vous, ils attendaient silencieusement les directives de leurs commandants. Ces derniers se trouvaient face à eux, près du trône.
Le Capitaine Wald observait ses subordonnés de son inamovible regard perçant; ses deux seconds, Eofend et Vadenon, étaient auprès de lui. Le premier affichait un léger sourire bienveillant, qui trahissait la fierté qu’il éprouvait à l’égard de ses soldats. De son côté, le vieux Vadenon se contentait de regarder la scène en spectateur impassible.
Enfin sur le trône, dominant de toute sa splendeur la pièce entière malgré sa position assis , il y avait le Champion du Rohan. Le Vice-Roi Mortensen ne paraissait pas au mieux de sa forme, ses traits tirés trahissaient son épuisement et ses tempes grisonnantes à la base de sa légendaire chevelure indiquaient un vieillisement accéléré dû à l’état de stress permanent dans lequel sa position le plongeait. Il n’avait pour autant pas perdu de sa superbe et c’était avec toujours autant d’admiration dans le regard que les plus jeunes des guerriers présents contemplaient cette légende vivante du royaume. Ses apparitions publiques se faisaient rares ces derniers temps; reclus dans ses bureaux le régent du Rohan menait les affaires du pays mais avait parfois bien du mal à entretenir le lien au quotidien avec son peuple, une qualité qui était pourtant l’une de ses plus grandes forces au cours de sa prestigieuse carrière.
Après un long moment de silence solennel, Gallen Mortensen se leva lentement et écarta les bras. “Recrues!” ordonna-t-il de sa voix forte.
Trois des gardes placés dans la première ligne de soldats firent quelques pas en avant pour se détacher du groupe alors que Gallen et les trois officiers descendaient de leur piédestal pour venir à leur rencontre accompagnés d’un valet qui portait dans ses bras trois pièces de tissus verts soigneusement pliés.
Arrivé à la hauteur du premier cadet, le Vice-Roi l’examina de la tête au pied. Face à l’expression indéchiffrable et quelque peu intimidante de Mortensen, le jeune homme sentit un certain stress monter en lui. C’était la première fois qu’il approchait de si près celui qui avait été son modèle depuis tant d’années. Il avait tant attendu ce moment qu’il se devait de se présenter de la plus parfaite des manières. Dans son esprit, il ne cessait de se répéter à lui même que tout se passerait bien. Aujourd’hui était censé être un jour heureux, un veritable tournant dans sa carrière. Et après de longues secondes d’incertitude qui plongèrentle jeune homme dans l’angoisse, Gallen lui adressa finalement la parole: “Darmuin fils de Efelmast. Veuillez adresser le serment.”
Pour se donner du courage, la jeune recrue prit une grande inspiration et tâcha de déclamer avec assurance ces quelques mots qu’il avait tant de fois répété pour préparer ce grand moment.
“Moi, Darmuin fils de Efelmast, cavalier de la Marche Ouest, jure solenellement de mettre ma lame au service de la famille royale. Je m’engage à protéger de mon corps et de mon âme la Vice- Reine , le Vice-Roi et tous les siens, ainsi que d’honorer la mémoire d’Eorl et les valeurs du peuple des Eorlingas, dussé-je y laisser la vie. - Pour le Rohan? murmura Gallen dans un souffle. - Pour le Rohan. “ lui répondit le Garde d’un ton sûr mais respectueux en soutenant le regard de son chef.
Alors enfin Gallen brisa la glace et lui adressa un sourire chaleureux ainsi qu’une vigoureuse tape sur l’épaule. Il saisit ensuite l’une des capes vertes que tenait le garde et en vêtit Darmuin dont l’émotion était telle que ses yeux devenaient déjà humide. Ah! Si seulement son père avait pu voir son fils en cette heure. Quelle fierté aurait été la sienne! “Darmuin fils de Efelmast! Je vous nomme officiellement Garde Royal du Rohan!”
Le cérémonial fut sensiblement similaire pour les deux autres cadets qui suivirent. Puis on fit sonner le cor en mémoire des morts de l’Eoherë en guise de clôture de la cérémonie d’intronisation. Le Vice-Roi Mortensen, qui avait visiblement fort à faire, s’éclipsa immédiatement dans ses quartiers tandis que le rang se brisait et que les Gardes s’attroupait pour congratuler leurs nouveaux frères d’armes.
Méared notamment, tout juste sorti de l’infirmerie et qui portait encore un énorme bandage qui dissimulait sa main mutilée , enlaça le jeune Darmuin pour qui il s’était pris d’affection depuis un moment déjà. “Toutes mes félicitations mon jeune ami! Et bienvenue au sein de l’unité la plus prestigieuse du Royaume quoiqu’en disent ces clampins d’Isengard!”
Les Gardes autour d’eux acquiescèrent bruyamment avant d’éclater de rire. La rivalité entre la Garde Royale, unité historique de Meduseld dorénavant sous les ordres du Vice-Roi, et la Maison Royale, nouvelle faction de gardes surentraînés nouvellement créée pour la protection du jeune roi Fendor en Isengard; engendraient souvent ce genres de remarques. Elles étaient le plus souvent dites au second degré mais trahissaient tout de même une certaine frustration des hommes d’Edoras se voir ainsi reléguer au second plan au profit d’une nouvelle troupe qui avait été subitement propulsée au plus haut rang. Au moins pouvaient-ils encore se reposer sur la longue et riche histoire de la Garde Royale du Rohan.
Au bout de quelques minutes, les gardes royaux quittèrent les lieux d’un pas leste. L’heure de l’entraînement était arrivé et avec le capitaine Wald aux commandes mieux valait-il ne pas être en retard
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Le tintement des lames qui s’entrechoquaient se mêlaient harmonieusement aux cris des guerriers pour créer une mélodie sauvage et violente qui paraissaient pourtant si douce aux oreilles du Capitaine. La guerre était un art, et la bataille, une furieuse symphonie dont l’armée était l’orchestre et les soldats des musiciens. Au-delà du talent individuel, il revenait au chef d’orchestre d’organiser ses artistes afin d’assembler des productions individuelles qui, une fois mises ensembles, pouvaient atteindre les sommets, ou au contraire se transformer en une véritable cacophonie. Ce travail passait avant tout par l’entraînement et la répétition inlassable des mouvements, rythmes et attitudes qui composaient leur œuvre. L’officier était réputé pour être un grand pragmatique, terre-à-terre et calculateur mais cette approche, quasiment lyrique, qu’il avait de la guerre nuançait grandement cette image qu’on lui avait forgée. Wald ne venait pas de la troupe et n’était pas issu du peuple; il était un homme des élites. Il avait grandi dans une famille férue d’art qui lui avait transmis cette passion inhabituelle au Rohan. Une facette de sa personnalité qu’il avait choisi de dissimuler pour le bien de sa carrière militaire; il s’était illustré dans les rangs pour son professionnalisme et son sens tactique. A ce titre, il ne pouvait se permettre de donner à voir l’image d’un homme sensible à la beauté de ce monde ou aux doux accords d’une ballade. Il se contentait donc de voir son métier comme celui d’un artiste. D’une certaine manière, cela lui permettait de garder le cap et poursuivre sa carrière avec autant de dévouement. Ce côté plus renfermé de lui-même, presque solitaire dans sa vision du monde, influait peut-être sur la difficulté certaine qu’il avait à se rapprocher des soldats dont il avait la charge. D’aucuns auraient nié les capacités de Wald, officier d’exception, mais tous savaient que, contrairement à son prédécesseur, le Capitaine n’était pas naturellement doué pour tisser un lien fort avec les siens. Tel un chef d’orchestre visionnaire mais détaché, plus intéressé par sa composition que par la reconnaissance de ses musiciens. Ses hommes le respectaient, l’admiraient même; mais ne l’aimaient pas comme un frère.
Le Capitaine Wald se mit à déambuler lentement à travers la cour du château d’Or au sein de laquelle les Gardes Royaux s’affrontaient en duel. Ceux-ci veillaient bien à ne pas blesser inutilement leur partenaire, mais les coups portés étaient puissant et tous se battaient avec détermination pour faire ployer leur adversaire. Peu importe leur expérience, tous étaient décidés à prouver qu’ils étaient dignes de porter la prestigieuse cape verte.
L’officier s’attarda plus particulièrement devant leurs nouvelles recrues aux prises avec de coriaces adversaires, vétérans de la Garde. Darmuin, la nouvelle pépite de l’unité, avait ainsi toutes les peines du monde à parer les attaques rapides et intelligentes d’un Méared, pourtant encore diminué par ses blessures. Malgré son potentiel, le jeune bleu qui se retrouva bientôt au sol à la merci de son adversaire, avait visiblement encore beaucoup à apprendre. L’officier poursuivit sa revue d’effectifs; admirant là l’expérience et la roublardise d’un Halgor capable de mater Fokral, un adversaire pourtant bien plus vigoureux; se désolant là-bas des immenses difficultés de Bodvar à porter la moindre attaque dangereuse sur le colossal Théféor. Enfin, il ne put s’empêcher d’afficher un petit sourire admiratif devant le travail d’une Eólida, toujours aussi surprenante, et qui venait de désarmer son adversaire avec une facilité déconcertante. A l’époque, Wald s’était pourtant opposé au recrutement d’une femme au sein de la Garde; mais celle-ci l’avait fait mentir de la plus belle manière bien que le capitaine se demandait encore si elle pouvait être aussi efficace sur un champ de bataille après de longs jours de voyage épuisants. C’était dans ces conditions que l’on reconnaissait les plus braves; s’illustrer en entraînement dans un environnement amical était une chose, reproduire ces prouesses face à l’ennemi en temps de crise en était une autre. Il s’approcha ensuite d’Eofend, son bras droit, occupé à distiller de précieux conseils de combat à l’une des jeunes recrues. Cette dernière, absorbée par les paroles du vétéran, ne remarqua pas immédiatement la présence du chef de l’unité. “Ta position de garde est théoriquement la bonne mais ton attitude dans le duel n’est pas efficace. Expliquait Eofend. Tu es trop rigide, tes déplacements en deviennent prévisibles et ton bras lourd. La souplesse est la clef Malofel, sois mobile sur tes appuis, considère la lame comme un prolongement de ton bras, organique et leste, et surtout ne quitte jamais ton adversaire des yeux; jamais. C’est dans son regard que tu peux anticiper ses prochains mouvements…
-L’esprit doit guider la lame et non le contraire. Ne vous laissez pas dicter le rythme du combat et réfléchissez constamment au prochain coup.” Intervint finalement le Capitaine en se plaçant face au cadet, tout surpris de le voir si près d’eux. “ Mais surtout n’oubliez jamais que le rôle d’un Garde Royal est de protéger le Vice-Roi et les siens. Vous vous battez pour ceux qui se trouvent derrière vous, oubliez donc les cabrioles et autres virevoltes qu’affectionnent certains, restez bien sur votre position et surtout; surtout ne cédez jamais le terrain.”
Le jeune homme acquiesça de la tête en signe de compréhension et Wald se retourna pour s’apprêter à repartir. Cependant, à peine avait-il fait deux pas dans la direction opposée, qu’il dégaina sa lame pour porter un coup d’estoc au nouveau Garde. Ce dernier eut le réflexe de bloquer l’attaque avec sa lame tout en faisant un bond en arrière pour s’éloigner du danger. Le capitaine fronça alors les sourcils et remit son épée dans son fourreau avec une moue mécontente. “Ne cédez jamais de terrain. Pas le moindre centimètre.” lâcha-t-il avant de s’éloigner pour de bon.
Les duels se poursuivirent pendant plusieurs minutes avant que Wald ne mit fin à l’entraînement. Les Gardes, épuisés, prirent quelques secondes pour souffler avant de se diriger vers leur caserne pour se laver et profiter d’un bon repas chaud. Le Capitaine retournerait quant à lui dans ses quartiers pour y passer une nouvelle nuit solitaire.
The Young Cop
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