Un nouveau départ

Boréac soupira au matin du troisième jour, le soleil perçait à peine entre les branches encore fournies des arbres et déjà les bruits de la nuit avaient fait place à ceux du jour, les oiseaux chantaient, cela aurait pu être un paradis si l'on omettait la bataille qui s'étaient déroulée à quelques lieues de cela. La nuit avait été longue pour les trois nains survivants repartie entre les tours de garde à surveiller un ennemi invisible, pouvant surgir d'un moment à l'autre. Mais il y avait une bonne nouvelle, après trois jours de soin, le plus blessé d'entre eux qui avait une attèle à la jambe droite avait pu commencer à remarcher un petit peu assisté d'une canne sommairement sculptée dans une branche de chêne. Le second nain quant à lui était redevenu alerte même si un hématome violacé décorait son flanc droit. Finalement c'était Boréac qui était en meilleure santé, le chef de groupe. Comme tout les matins depuis cette bataille à l'aube d'un nouveau jour il passait sa main sur la couverture en cuir du grimoire de feu leur chef Gribold. Il mourrait d'envie de soulever le loquet en laiton fermant l'ouvrage mais s'y refusait à chaque fois. Il avait fait une promesse et il se devait de la tenir. Une question d'honneur des nains que seuls eux pouvait réellement saisir.

Boréac repoussa sa cape qui avait servi de couverture et bailla longuement en s'étirant. Il coiffa sommairement sa barbe en passant sa main dedans et regarda ses deux comparses, l'un était perché non loin à guetter les alentours et le plus blessé dormait profondément d'un sommeil néanmoins agité. Il fit signe au garde qu'il allait chercher de quoi faire à manger et partit s'enfoncer dans les bois à la recherche de nourriture.

Au premier jour de leur convalescence, Boréac s'était dirigé vers le village d'où la fumée qu'il avait aperçu provenait. A peine le nain avait il passé les premières maisons qu'il fit face à l'hostilité non dissimulée des humains. Les portes se fermèrent et l'on entendait que de lourdes barres en bois étaient placées derrière pour se barricader, les volets des fenêtres en faisaient de même et avant qu'il ait pu atteindre le puit au centre du village, celui-ci s'était vidé de ses occupants. Personne ne voulait lui parler alors il ne se posa même pas la question de leur demander de la nourriture. Boréac était dans l'incompréhension la plus totale. Pourquoi une telle hostilité ? Le Quatrième Âge se devait d'être un âge de paix et de fraternité symbolisée notamment par l'union entre le Roi Eomer et le Gouverneur Gimli mais au final rien n'avait changé. Les hommes, les nains, le peu d'elfes encore présents étaient retombés dans les travers qui avaient failli causer leur perte. N'apprenaient ils jamais de leurs erreurs ? Cela consternait Boréac, il était de la jeune génération, il avait cette même envie que le Seigneur Gimli d'aller vers cet irréel âge de paix. Mais y arriverait-il ? Face à ce village méfiant, Boréac jura dans sa barbe en khuzdul. De frustration, il attrapa une pierre et la lança dans une poterie posée non loin. Il s'en voulu immédiatement à quoi cela avait-il servi si ce n'est qu'à conforté la vision qu'avaient déjà les hommes ?

Ces pensées moroses habitaient le guerrier alors qu'il amassait des champignons dans son casque servant pour l'occasion de panier à provision. Quelques minutes plus tard il trouva un nid de corbeau installé sur une branche assez accessible. Voila qui créait le repas de ce matin, de ce midi et peut être de ce soir. Une omelette au champignon. Satisfait de sa cueillette, il s'arrêta à côté du ruisseau pour remplir les trois gourdes des Gardes et regagna son campement avec un sentiment de victoire. Après tout, c'était déjà une victoire vu le contexte dans lequel il se trouvait.

#Boréac

Le jour se leva sur la forêt, beaucoup de sang avait coulé il y a trois jours de cela.

La mission était pourtant très simple et la compagnie du chef Gridol en avait conscience mais ce genre de chose arrive bien souvent sans prévenir. Tel un coup de dague dans le dos.

La compagnie c'était retrouvée encerclée par une dizaine de loup et sans aucun doute quelques hommes ou peut-être même des peaux vertes! Après tout, cette lance retrouvée n'a pas pu être jeté par un loup.

Boréac avait fait de son mieux, il s'était démené pour tenter de sauver les siens mais en vain.
Deux de ses fidèles compagnons s'en sont sortis presque indemne. Et malgré la tristesse du nouveau chef de cette petite compagnie, il devait garder en tête que si Grór et Farír étaient toujours en vies, c'était grâce à son courage et son dévouement envers les siens.

La fatigue commençait à se faire sentir, même si les Naugrims sont reconnus pour être de robuste combattants, le sommeil n'épargne personne!





Ce matin, Grór avait pu voir son nouveau chef partir chercher de la nourriture.
Lui qui était resté toute la nuit à son poste de garde pour surveiller les vastes plaines d'une quelconque attaque sentait la fatigue s'emparer de lui. Et la douleur... La douleur aussi, un hématome recouvrant tout son flanc droit le faisait terriblement souffrir. Il avait sûrement quelques côtes cassées mais rien d'assez inquiétant pour empêcher un nain des Montagnes Scintillantes de continuer à faire ce pourquoi il a été engagé!

Le Naugrim quitta son poste un instant pour aller vérifier l'état de Farír qui semblait aller mieux, malgré sa béquille d'ici quelques jours il pourrait remarcher sans trop de difficultés.

Le nain blessé était plongé dans un sommeil assez lourd donc Grór prit l'initiative de ne pas le réveiller et d'aller faire l'inventaire de ses armes ainsi que de vérifier leurs états.
Grór était un nain de taille moyenne, approximativement 1 mètre 45. Il a les épaules assez larges et de longs cheveux blonds tressés. Par contre sa barbe est bien moins soignée que sa tignasse. Elle est très longue mais toute ebouriffée. Après leur bataille, Grór a eut de la chance son armure n'a pas été trop endommagée. Elle n'est plus aussi brillante qu'à son départ mais cela lui convient très bien. Les choses auxquelles il apporte énormément d'importance sont ses haches. Une de taille moyenne qu'il peut aisément manier à une main et une bien plus grande à son dos. Celle-ci lui vient de son père, qui lui même l'a reçu de son père et ainsi de suite sur 5 générations! Le nain y tient comme à la prunelle de ses yeux. Les lames sont légèrement émoussée, le Naugrim va les affûter ce soir au cas où il y aurait du mouvement la nuit.

Grór décida de s'asseoir auprès de Farír. Il déposa son casque en soupirant. Et la il vit son nouveau chef arriver au campement.
D'un bond il se leva et lui demanda

-Boréac, quelles nouvelles apportez vous des villages aux alentours? Pensez-vous que nous allons rester encore longtemps ici chef?

N'importe quelle réponse aurait suffit pour rendre heureux Grór. Tout ce qu'il voulait c'était voir la soif de vengeance pour sa compagnie brûler dans les yeux de Boréac tout comme ce feu brûlait dans son cœur.

#Grór #Farír

Boréac avait à peine posé au sol ses provisions que Gror son compagnon d'aventure et l'un des deux nains restants vint à sa rencontre les yeux pleins d'espoir. Cependant une immense déception doublé d'une colère habitait les yeux du nains. Il soupira:

"Par la barbe de Durin, ses hommes se sont barricadés chez eux lorsque j'avais à peine franchi les premières maison. Il n'y a aucun espoir de ce côté là. Je suis désolé camarade. Mais voit le bon côté, j'ai de quoi faire une omelette."

Il lui tapota amicalement l'épaule tout en lui tendant sa gourde pleine. Il prit un peu de son eau pour rincer la pierre sur laquelle il faisait cuire la nourriture et s'activa à faire vivre le feu. Le feu brûlait la journée uniquement et il était petit, fait de sorte à ce qu'il produise le moins de fumée possible. Il ne fallait surtout pas qu'ils soient repérés. Il cassa minutieusement les œufs pour ne pas en perdre le contenu et découpa les champignons. Une odeur délicieuse se répandait dans le petit camp constitué. Une fois que c'était prêt, il tendit une portion à Gror tout en gardant la sienne dans la main. Une part était réservée à leur camarade blessé.

"- Il y a deux solutions. Soit on regagne Aglabond comme on peut quitte à s'exposer à d'autres attaques, soit on tend une embuscade à ces chiens. Il est hors de question que je laisse la mort de nos camarades comme cela. Il va falloir être minutieux et organisés pour une embuscade mais cela est possible. Qu'en dis tu ?"

Il écouta la réponse de son camarade avec attention et hocha la tête tout en finissant son omelette.

" Peux tu donner un peu d'eau et quelques bouts d'omelette à notre camarade ? Je vais monter la garde repose toi"

Boréac monta sur l'éperon rocheux où son camarade avait tenu la garde et sortit son épée avant de commencer à l'aiguiser soigneusement tout en fredonnant un chant nain traditionnel. Il fallait déjà localiser la troupe ennemie, estimer le nombre d'adversaires, leurs armes, leurs montures. Ces loups pourraient être un réel problème. Il imaginait déjà un système de pierres tombant sur les ennemis alors en formation de déplacement, cela pourrait être efficace. Un combat frontal ? Cela serait le plus risqué et les nains bien que vaillants n'étaient pas au mieux de leur forme. De toute manière, Boréac savait qu'il ne pourrait pas compter sur l'aide des hommes bien qu'il était sûr qu'ils étaient aussi attaqués par ces bandits, ces pillards, ces fils de chien. Il maugréa dans sa barbe en pensant ces derniers mots. Il fallait une vengeance, il fallait une attaque et une solution.

* Grór

Grór avait attendu le retour de Boréac un bon moment, il espérait de bien meilleures nouvelles que celles qui allaient arriver.

"Par la barbe de Durin, ses hommes se sont barricadés chez eux lorsque j'avais à peine franchi les premières maison. Il n'y a aucun espoir de ce côté là. Je suis désolé camarade. Mais voit le bon côté, j'ai de quoi faire une omelette."

Le chef lui tapota l'épaule et lui tendit ensuite une gourde d'eau avant de se rendre un peu plus au centre de leur campement de fortune.

Grór quand à lui, parti aiguiser les lames de ses haches.
En aiguisant ces dernières, il pensa aux hommes du village et à leur égoïsme sans pareil.
Ensuite, il se reprit en se demandant si lui aussi aurait aidé une petite compagnie d'homme si ils étaient venus jusqu'aux cavernes. Mais ces pensées se dissipèrent rapidement de son esprit quand il repensa à l'attaque.

Il se dit que cela ne pouvait être que l'œuvre des hommes ou bien d'orcs passant dans les alentours. Mais pourquoi les hommes auraient-ils attaqués une compagnie naine ? Surtout qu'un traité à été signé il y a bien longtemps !
Quand aux orcs , cela fait des années qu'ils ne se balade plus dans les plaines du Rohan. Ont dit qu'ils sont bien plus au Nord dans les anciennes forteresses des Naugrims.

Tant de questions sans réponses. Grór décida après avoir affûté ses haches de les ranger dans sa tente de fortune et de rejoindre Boréac.

Une odeur délicieuse planait sur le camp. Ce n'était clairement pas à la hauteur d'une belle pièce de viande ainsi qu'une bonne bière brassée venant des Cavernes Scintillantes mais cela faisait l'affaire pour trois nains rescapés d'une attaque!

Grór se permit de s'asseoir en face de Boréac alors que Farír était toujours endormi, le chef de la compagnie s'adressa à Grór.

"- Il y a deux solutions. Soit on regagne Aglabond comme on peut quitte à s'exposer à d'autres attaques, soit on tend une embuscade à ces chiens. Il est hors de question que je laisse la mort de nos camarades comme cela. Il va falloir être minutieux et organisés pour une embuscade mais cela est possible. Qu'en dis tu ?"

Le Naugrim commença à manger le repas qu'avait cuisiné son camarade tout en réfléchissant à ses deux solutions

-Je pense que faire demi tour serait une folie, surtout si des créatures rôdent encore dans les parages. Mais si vous pensez qu'une embuscade est possible soyons fous et allons-y !

Boréac répondit à Grór d'un hochement de tête et lui dit

" Peux tu donner un peu d'eau et quelques bouts d'omelette à notre camarade ? Je vais monter la garde repose toi"

-Bien sur, si vous me cherchez vous savez où me trouver Boréac!

Le nain s'inclina en signe de respect et se dirigea vers la tente de Farír.




Farír était allongé et toujours endormi, le soleil était pourtant très haut dans le ciel mais rien ne semblait le perturber.
Le vieux Naugrim avait vu bien plus d'hivers passer que ces deux compagnons, il portait une longue barbe blanche tressées et au bout de celle-ci une bague avec des runes la tenait bien attachée. Il avait atteint un certain âge mais c'était un guerrier redoutable et surtout imprévisible! Il ressemblait à beaucoup d'autres nains mais ce qui le distinguait c'était une grande cicatrice qui démarrait du haut de son sourcil droit pour aller se terminer dans sa nuque.

Grór le réveilla doucement, le Naugrim accepta volontier la nourriture ainsi que l'eau mais sans dire un mot. Ce dernier était encore en état de choc. Pas à cause de l'attaque mais par la perte de ses frères d'armes et surtout avec lui le poids de la culpabilité. Il se sentait coupable de ne pas avoir pu se défendre aussi bien que son nouveau chef Boréac. D'ailleurs il ne portait pas celui-ci dans son cœur car il aurait préféré être à sa place. Après avoir mangé et bu, il n'adressa même pas un mot à Grór, il se retourna et replongea dans son sommeil.

Grór se releva alors pour aller se reposer mais il devait absolument parler à son chef.
Il se dirigea vers le rocher ou Boréac montait la garde et mit sa main sur son épaule pour lui adresser quelques mots.

-Camarade, avec tout le respect que je vous dois, je ne pense pas que tendre une embuscade à l'aveugle soit une bonne idée. Nous ne connaissons pas nos ennemis et nous sommes en sous nombre. De plus Farír est en bien piteuse état et je pense qu'il ne pourra pas marcher avant un jour ou deux. Je pense que nous devrions nous lancer sur les traces des choses qui nous ont attaqués. Nous pourrions retourner sur les lieux de l'attaque et voir ce qu'il s'y trouve. Qu'en pensez-vous ?

Gêné de la remarque faite à Boréac, le nain avait déjà bien peur de la réponse du chef de la compagnie d'argent.

Boréac était perdu dans ses pensées et il ne savait que penser. Ses hommes n'étaient pas au meilleur de la forme, ils ignoraient qui était réellement l'ennemi et à quel point il était puissant. Même une troupe naine ne pourrait peut-être pas les vaincre. Mais de l'autre côté son honneur lui dictait de se venger d'aller à la mort s'il le fallait. Mais à quoi servait de mourir si il n'arrivait pas à venger les siens ? C'était un véritable enfer dans la tête du nain. Il avait sur ses épaules le poids de tout les morts de la compagnie, il sentait leurs regards sur lui, il leur faisait honte, il n'était pas digne d'être le chef et il ne l'était que par un hasard de circonstances. Farir était plus ancien, plus expérimenté que lui, plus légitime mais il n'avait rejoindre la Compagnie que depuis peu, il venait d'une autre compagnie qui avait été dissoute. Gror quant à lui était arrivé après Boréac ce qui faisait qu'il était devenu le chef de cette ruine. Formidable ! Boréac soupira longuement tout en passant la pierre à aiguiser sur sa lame lorsque Gror arriva jusqu'à lui. Boréac fut surpris, il pensait que son camarade devait être assommé de sommeil et il pensait qu'il dormait déjà. Il écouta avec attention la position du nain sur l'éventuelle embuscade qu'il souhaitait mener. Gror n'était pas cette idée, il était convaincu qu'il y avait une meilleure solution. Retourner sur les lieux de l'attaque, examiner ce qui pouvait être examiné et traquer leurs ennemis.

Boréac se leva et posa sa main sur l'épaule de Gror:

"- Camarade, je suis content que tu m'aies donné ton opinion car ma décision était la mauvaise. Nous ne vengerons personne si nous sommes morts. Dès que Farir sera sur pieds nous agirons comme tu l'as suggéré. Nous retournerons sur place, nous examinerons les traces de combats et donnerons une sépulture décente à nos compagnons tombés. Alors peut-être que le poids de leurs regards sur moi s'allégera un peu. Et arrête de me tutoyer, tu as affronté la mort à mes côtés, tu es un frère pour moi. Tout comme Farir malgré son... caractère un peu bourru. Maintenant va dormir, demain nous réparerons comme nous pourrons nos armures et rassemblerons des provisions pour le voyage."

Un sourire flotta sur les lèvres de Boréac, il se sentait un peu mieux, fier de lui-même, fier d'avoir su unir la moitié de sa compagnie pour aller dans un but commun. Il allait faire honneur aux siens, il allait les venger et il n'avait pas besoin des hommes pour cela. Le sang des nains allait être vengé par le sang de leurs bourreaux coulant sur les lames des Cavernes Scintillantes. Un élan de motivation parcourut Boréac qui siffla une mélodie un peu plus joyeuse que la litanie qu'il chantait jusqu'alors.

La journée se poursuivit dans le calme, les deux camarades dormaient, Boréac ne quittait pas sa pierre, attentif, pensif, il revivait la bataille essayant de visualiser le moindre détail de ces évènements dramatiques. Au crépuscule, Gror pris la relève de la garde et Boréac se coucha. Le jour se leva, Boréac alla chercher de plus en plus de provisions. Il essayait de trouver quelques herbes pour aider Farir mais il n'y connaissait pas grand chose. Cependant le nain bourru semblait aller de mieux en mieux. Le lendemain, tout était prêt pour le grand départ.

"- Camarade, je suis content que tu m'aies donné ton opinion car ma décision était la mauvaise. Nous ne vengerons personne si nous sommes morts. Dès que Farir sera sur pieds nous agirons comme tu l'as suggéré. Nous retournerons sur place, nous examinerons les traces de combats et donnerons une sépulture décente à nos compagnons tombés. Alors peut-être que le poids de leurs regards sur moi s'allégera un peu. Et arrête de me tutoyer, tu as affronté la mort à mes côtés, tu es un frère pour moi. Tout comme Farir malgré son... caractère un peu bourru. Maintenant va dormir, demain nous réparerons comme nous pourrons nos armures et rassemblerons des provisions pour le voyage."

Ce fût la réponse de Boréac et il n'eut plus de mots pour le reste de la journée, Grór quant à lui alla se reposer. Il en avait bien besoin. Et il allait pouvoir dormir l'esprit léger après sa discussion avec le chef de la compagnie.

La journée se déroula sans encombre, une journée banale. La même depuis trois jours. Boréac s'en allait chercher des provisions pendant que Grór montait la garde ou alors s'occupait de Farír. Il fallait bien que le bougre reprenne des forces ! Et le soir même le Naugrim commença à marcher sans sa béquille. Il en était bien fier de pouvoir balancer sa troisième jambe.

Après un bon repas et une bonne nuit de sommeil, la compagnie était prête à démarrer leur traque.
Le soleil se levait doucement sur les plaines aux alentours du campement mais ce matin, pas de tristesse ou de culpabilité dans le cœur des Naugrims. Juste l'envie de retrouver les batards ayant décimé presque toute leur compagnie.

Boréac ouvrit la marche et Grór le suivait de près en soutenant Farír quand ce dernier avait du mal à bien s'appuyer sur sa jambe encore légèrement blessé. Ce ne fut pas une longue marche comme on peut l'imaginer, c'était presque une petite promenade champêtre dans les forêts en bordure des grandes plaines du Rohan.

Après une petite heure de marche, les nains arrivèrent sur les lieux de la bataille. Un sentiment de haine et de rage envahit alors les Naugrims.

Il n'y avait plus que les corps de leurs compagnons, inertes. Certains couvert de sang, d'autres étaient déchiquetés par les crocs acérés des loups. Néanmoins ce n'était pas un spectacle pour les trois nains.
Farír s'agenouilla et posa son front contre sa hache. Grór lui tenait l'épaule fermement, il essayait de retenir ses larmes.

Le vieux Naugrim se retourna sur Boréac et lui dit


-Alors Ô grand chef de la compagnie d'argent, que faisons-nous maintenant? Allez vous mettre à profit vos talents de pisteur ou allons-nous regarder encore longtemps les corps sans vie de nos amis?

Ils marchèrent à un rythme calme, rapide pour la plupart des hommes mais assez lent pour ne pas trop solliciter Farir. Même si sa jambe s'était renforcée, il n'avait tout de même pas retrouvé la vigueur de ses jeunes années. Boréac avait conduit la troupe jusqu'au champ de bataille. Il s'était souvenu malgré la précipitation du chemin qu'il avait emprunté pour se sauver du champ de bataille. Ils arrivèrent à un véritable charnier. Les corps des nains étant la gisants, face contre terre, de longues entailles barraient les torses des fiers soldats nains. Quelques uns avaient des lances plantées dans le corps. Comme ses camarades, Boréac mit un genoux à terre et posa son front sur le pommeau de son épée en signe d'hommage. Lorsqu'il passait à côté d'un corps, Boréac récupérait l'arme du soldat non loin et la plaçait sur son torse avant de replier les mains du nain sur sa hache ou son épée. Il fermait les yeux lorsqu'il le pouvait, remettait un casque donnant un air calme et serein aux fiers soldats. Boréac faillit vaciller en approchant du corps sans vie de son ancien chef. Ce dernier était décapité. Boréac soupira, il n'avait pas le souvenir qu'il ait perdu la vie de la sorte. Lui aurait on infligé cela après sa mort ? Comme une sorte de profanation ? Il poussa un long soupir lorsque Farir arriva à ses côtés.

-Alors Ô grand chef de la compagnie d'argent, que faisons-nous maintenant? Allez vous mettre à profit vos talents de pisteur ou allons-nous regarder encore longtemps les corps sans vie de nos amis?


Boréac maugréa dans sa barbe. Farir n'avait jamais été le plus diplomate des nains. Il n'avait jamais adressé la parole à Boréac et semblait ne pas accepter le fait que ce dernier soit devenu le chef de leur compagnie. Mais ils n'étaient que peu nombreux et Boréac décida d'ignorer le trait de cynisme du vieux nain. Il le regarda:

" - Je pense que nous avons assez d'éléments pour les pister, l'herbe est arraché vers la bas, des mottes de terre retournée, typique d'un grand nombre de loups. Le fait de retrouver des lances dans les corps de nos pauvres camarades me laissent penser qu'ils sont accompagné voir dressés par des hommes. Les lances sont hautes, de la hauteur d'un homme. De plus Gribold a été décapité et je suis sûr que cela s'est passé après sa mort. Ca semble être un message... Avez-vous rendu les honneurs à nos camarades ? Nous n'avons pas le temps de les enterrer et nous n'avons pas les outils. Ensuite nous partirons en direction du sud-est là ou l'herbe et la terre sont dégradés."

Boréac avait parlé d'un air sûr de lui, d'un ton qui ne tolèrerait aucune contestation. La rage habitait les yeux du jeune nain, la rage de vouloir venger ses camarades. Il était en colère contre les hommes, contre les loups, contre ceux qui avaient tués ses camarades. La méfiance du village des humains lui restait en travers de la gorge. Il soupira longuement une nouvelle fois:

" - Préparez vos vieilles jambes Farir, nous avons un long chemin à faire."

Boréac sortit son épée de son fourreau la pointa vers le ciel et hurla d'une voix forte et assurée:

" - Khazâd ai-mênu !"

C'était un cri de guerre des nains voulant à peu près dire: Les nains sont sur vous. Boréac rengaina son épée, remit son sac sur ses épaules qu'il venait de retrouver non loin et commença à suivre les traces de ses ennemis

- Je pense que nous avons assez d'éléments pour les pister, l'herbe est arraché vers la bas, des mottes de terre retournée, typique d'un grand nombre de loups. Le fait de retrouver des lances dans les corps de nos pauvres camarades me laissent penser qu'ils sont accompagné voir dressés par des hommes. Les lances sont hautes, de la hauteur d'un homme. De plus Gribold a été décapité et je suis sûr que cela s'est passé après sa mort. Ca semble être un message... Avez-vous rendu les honneurs à nos camarades ? Nous n'avons pas le temps de les enterrer et nous n'avons pas les outils. Ensuite nous partirons en direction du sud-est là ou l'herbe et la terre sont dégradés."

La réponse du jeune chef au vieux Naugrim ne provoqua pas chez lui de mauvais sentiments. Pour une fois Farír trouvait que l'idée de son nouveau chef de compagnie n'était pas si mauvaise. Mais pour tout de même montrer sa mauvaise foi, il grommela des mots en khuzdul dans sa barbe blanche puis s'en alla un peu plus loin.

Pendant ce temps, Grór inspecta les alentours avec attention et précaution pour ne pas louper un indice qui les mettraient sur la piste de leurs ennemis inconnus. Une lance, cela ne pouvait être qu'un homme ou une peau verte mais cela fait un petit temps qu'ils ne traînent plus dans les parages. L'inspection du nain fut interrompue par les paroles de Boréac

" - Préparez vos vieilles jambes Farir, nous avons un long chemin à faire."
En dégainant son épée il poussa un cri de guerre avant de se mettre en route.

Les traces des loups continuaient vers le nord. La compagnie était à quelques heures des gués de l'Isen, non loin de la trouée du Rohan.
La route la plus judicieuse était celle des petits forêts car les hommes fuyaient les nains d'après les dire de Boréac mais cela les exposait à un autre danger. Les créatures de la forêt. Comme les loups ou peut-être même les ours. De plus, on dit que parfois il y aurait de petit détachement de Wargs cherchant de la nourriture.
Mais cela importait peu, le jeune chef Naugrim voulait venger ses camarades.

La traque commençait à devenir longue et la journée passait à une vitesse folle. Les Naugrims était sans cesse en état d'alerte.
Le vent sur les feuilles, un craquement de branche, tout les bruits semblaient suspects pour nos trois compagnons.

Il était passé midi, peut-être même plus tard car le soleil commençait à se coucher et la plaine renvoyait son reflet orangé sur les feuilles des arbres.
Boréac fit un signe de la main à ses deux frères d'armes. Ils allaient se stopper pour aujourd'hui. Traquer un ennemi invisible la nuit ne leurs sera d'aucune utilité.

Grór et Farír installèrent trois tentes, tandis que Boréac avait ramassé du bois pour qu'ils puissent se réchauffer. Durant leur petit jeux de piste, ils eurent la chance de tomber sur quelques lapins qu'ils avaient pu débusquer sans trop de problème. Cela allait leurs servir de dîner.

La nuit commençait doucement à tomber. Et les Naugrims étaient autour du feu à manger et Grór décida de prendre la parole

-Tu sais Boréac, cette traque me semble judicieuse mais rester dans la forêt me semble être un peu moins malin. Je sais que nous n'avons pas le choix mais...

Le jeune Grór n'eut pas le temps de finir sa phrase que Farír le reprit

-Tu devrais arrêter de cogiter mon jeune ami ! Tu es un soldat des Cavernes Scintillantes et après ce que nous avons vécu une forêt ne devrait pas t'inquiéter. Tu me semblait bien plus courageux que cela il y a peu de temps. Soit un vrai Naugrim par Aulë et cesse de craindre l'obscurité. Nous les nains nous avons l'œil perçant des aigles et une ouïe aiguisé fais moi confiance tout ira bien.

Grór n'eut pas envie de débattre avec ce vieux nain ronchon et continua à faire la discussion à Boréac.

-Tu penses que nous avons une chance de retrouver les bâtards qui ont fait cela? Je les depeceraient de mes propres mains si nous arrivons à leurs tomber dessus!
Mais avant tout j'aimerai te faire savoir qu'il y avait bel et bien des traces de pas humains avec celles des loups. Ferons-nous le poids?

Beaucoup de questions étaient posées au jeune chef. De plus il se faisait tard et cette nuit c'était Farír qui allait monter la garde.

#Boréac #Grór #Farír

La traque fut intense et les nains marchèrent toute la journée d'un rythme soutenu. Menés par Boréac ils n'avaient qu'une idée en tête: traquer les chiens qui avaient osé s'en prendre aux Compagnies d'Argent. Bien vite, les vastes plaines sauvages du Rohan firent place à une forêt dense. Parsemée de chêne centenaire, de châtaigner feuillus, d'érables majestueux et de toutes sortes d'arbres. Quelques sentiers étaient tracés par ses visiteurs dans la forêt mais ils se terminaient bien vite et la majorité du chemin des Naugrim consistait en de l'escalade de racines et de petits rochers. Leur rythme en fut ralenti et bientôt la nuit arriva. Ils étaient essouffles et cette journée avait été ardue pour la compagnie. Boréac n'avait aucune idée de combien de temps ils avaient marché. Les traces de leurs ennemis étaient visibles, ils n'avaient pas pris la peine de dissimuler leurs traces et la terre retournées par les griffes des Wargs ou des Loups étaient tout à fait visible.

Chacun connaissait son rôle et en peu de temps le camp était monté. Les trois nains étaient assis autour du feu dévorant quelques lapins chassés au fur et à mesure de leur progression. L'ambiance était au beau fixe et la compagnie mangeait dans un silence relatif. Ils étaient affamés et pensaient donc plus à manger qu'à discuter de sujets divers. Ce fut Gror qui le premier mit fin au silence:

"-Tu sais Boréac, cette traque me semble judicieuse mais rester dans la forêt me semble être un peu moins malin. Je sais que nous n'avons pas le choix mais..."

Son point de vue fut coupé net par l'intervention de Farir qui semblait quelque peu agacé qui tacla l'honneur de son camarade. Ce dernier ne releva pas et continua ses propos:

"- Tu penses que nous avons une chance de retrouver les bâtards qui ont fait cela? Je les depeceraient de mes propres mains si nous arrivons à leurs tomber dessus!
Mais avant tout j'aimerai te faire savoir qu'il y avait bel et bien des traces de pas humains avec celles des loups. Ferons-nous le poids?"

Boréac hocha la tête et termina sa bouchée tranquillement. Il s'essuya la bouche d'un revers de la main, but une gorgée d'eau avant de répondre à son acolyte:

" - Pour en revenir à tes premiers propos, la forêt nous donne une couverture relative. Si nous étions restés dans les plaines, trois nains feraient l'objet d'une cible idéal. Ils nous repéreraient de loin et nous attaqueraient facilement. Nous sommes avantagés dans la forêt, comme l'ajoute Farir, nous ne sommes que trois et relativement discrets."

Il avala sa salive mangeant une autre bouchée et ajouta:

" - Je ne sais pas exactement de quand datent les traces mais elles me semblent relativement récente. Je ne suis pas convaincu, je suis certain que nous les retrouverons. Ils ne s'attendent pas à ce que nous les suivions car ils ne se doutent pas que nous avons survécu voila qui nous donne un avantage. J'ai également vu des traces de pas pouvant être humaine. Peut-il s'agir de Rohirrims, je ne pense pas. Nous verrons quand nous les choperons et que nous planterons leurs têtes dans des piques."

Il espérait que ses arguments avaient suffit à rassurer son camarade. Boréac l'appréciait, leur trio semblait bien fonctionner et tout se mettait en place de manière naturelle. Boréac éteignit le feu pour que les flammes ne soient plus visibles de loin.

" - Farir vous sentez-vous assez en forme pour prendre un quart de garde ? Je vais commencer Gror profite en pour dormir. Je te réveillerai toi ou Farir pour prendre la suite."

Boréac alla s'asseoir sur une souche non loin. Il sortit le grimoire de son sac et passa soigneusement sa main dessus en soupirant avant de le ranger et de commencer à aiguiser sa lame qui semblait avoir soif de sang.

*Grór*



*Farír*




La nuit était en train de tomber sur la forêt et les trois étaient toujours assis autour du petit feu de camp.

Grór commençait à émettre des inquiétudes sur la forêt et sur la région. Cela était peut-être normal, le Naugrim était encore choqué parce qu'il s'était passé quelques jours auparavant et même sa soif de vengeance ne pouvait faire taire se traumatisme qui allait sans aucun doute le poursuivre encore un moment.
La conversation qu'il eut avec Boréac le rassura légèrement mais pas assez pour qu'il puisse passer une bonne nuit.

La nuit était désormais tombé sur les plaines et les forêts avoisinantes. Le froid se faisait ressentir, surtout la nuit. De petites bourrasques de vents faisaient craquer les branches. Cela donnait un côté légèrement lugubre à l'instant et dissipa l'ambiance chaleureuse du petit camp de fortune.

Grór décida donc d'aller se coucher dans sa petite tente, en gardant son arme non loin de lui prêt à bondir.

Par contre, Farír ne voulait pas se reposer. Après le repas et la prise de garde de son nouveau chef, il alla s'asseoir contre un rocher qui donnait une vue dégagée sur les endroits tout autour du campement. Il était seul et admirait les étoiles en caressant sa longue barbe blanche. Il y avait de milliers d'étoiles dans le ciel et ça faisait bien longtemps que le vieux Naugrim n'avait plus eut le temps de les contempler. Ses pensées étaient bien troublées aussi. Farír ressassait les souvenirs qu'il avait avec chaque membres de la compagnie maintenant décimée.

Ce petit moment d'égarement failli même lui arracher une larme. Mais le nain était bien trop fier pour cela.

Il rejoigna Boréac à son poste, il était bientôt temps pour Farír de commencer sa garde.
Le Naugrim arriva près de son chef et sans lui dire un mot, il posa sa main sur son épaule et lui fit un hochement de tête.
Boréac comprit qu'il était temps pour lui de se reposer.

Mais tapi dans l'ombre de quelques rochers et des arbres à quelques centaines de mètres d'eux, se cachaient des créatures avec des intentions bien mauvaises...

Le trio était bien loin de s'imaginer la suite des évènements.

Grór avait enfin pu s'endormir un peu plus paisiblement que ces derniers temps, Boréac quant à lui ne dormait pas encore il était plongé dans ses pensées aussi en regardant le grimoire de son ancien chef de compagnie.

Les créatures doucement s'avancèrent dans l'ombre, leurs proies étaient facilement accessibles et avaient l'air affaiblies et fatiguées.

Un craquement d'une souche d'arbre alarma Farír qui prit en main son énorme hache, il décida de s'avancer prudemment un peu plus loin dans la forêt.
Son cœur commença à battre plus rapidement et souffle devint court. Il tenait son arme fermement prêt à trancher n'importe quelle créature ou homme qui alla se dresser devant lui.
Mais à cet instant il remercia la lune ainsi que la clarté qu'elle donnait. Grâce à elle, il vit une silhouette énorme se refléter sur un gros caillou et derrière celle-ci, plusieurs autres. Il fit marche arrière lentement avant de crier à plein poumon

-Des Wargs ! Aux armes vite !

Grór d'un bond sorti de sa tente et vint en quelques secondes aux côtés de son aîné les armes à la main. Boréac ne se fit pas prier non plus, il agrippa le manche de son épée et se joint à ses camarades.

Cinq Wargs se dressaient devant eux. L'écume à la bouche et les poils dressés sur leurs dos prêts à bondir sur les trois nains.
L'un d'eux voulu se jeter sur Farír mais celui-ci lui envoya un énorme coup de hache dans les pattes avant, il lui en trancha une par ailleurs. La bête cria de souffrance et les quatre autres se jetèrent sur la petite compagnie.

Grór tentait de les tenir à distance, alors que Farír venait d'achever le premier blessé.

L'infâme Warg poussa violemment Grór sur un rocher et adossé à ce dernier il était prit au piège. Farír voyait la scène qui se déroulait à moins de cinq mètres de lui. En voulant aller aider son ami, une autre créature lui barra la route.
Les deux Naugrims attendaient une réaction rapide de leur nouveau chef, Boréac Épée d'acier.

La nuit avait plongé Boréac dans un profond sommeil apaisé, peuplé de rêves déjà oubliés. Il en fut arraché bien vite par l'appel aux armes de son compagnon. Tout ses sens se mirent en alerte aussi efficacement que si un sceau d'eau glacée lui avait été jeté sur le visage. La paix de la nuit avait laissé place à la rage guerrière qui habitait les Nains quand l'heure du choc de l'acier était venu. Il dégaina son épée identifiant la menace alors qu'un Warg déjà s'effondrait abattu par la colère du Peuple de Durin personnifiée par le coup de hache de Gror. Les Wargs avaient agi par opportunisme... ou sur ordre d'on ne sait qui. Ce dernier fut rapidement pris au piège en haut d'un rocher et Boréac devait agir et vite.

Le chef de la Compagnie d'Argent attrapa une branche enflammée se consumant dans le feu et la lança avec toute sa force sur le warg prenant au piège Gror. La branche atteignit l'infâme bête laissant échapper un couinement de douleur du cannidé. Profitant de ce détournement d'attention Boréac courut en direction du Warg se laissant glisser sous lui et enfonçant profondément son épée dans le ventre de la bête. D'un geste répété cent fois, il fit un quart de mouvement à son poignet faisant tourner la lame à l'intérieur de la bête et déchirant nombre de ses organes. Il se releva rapidement après pour éviter de se retrouver écrasé sous la bête et être pris au piège.

Il attrapa la branche encore enflammée qui se trouvait à ses pieds et aux côtés de Gror attendant la suite. Deux étaient morts, il en restait trois, ils étaient donc à égalité, le combat même si il était difficile il n'était pas impossible. Il fit ensuite signe à Farir de les rejoindre, ainsi regroupés ils ne pourraient pas se faire prendre au piège par les bêtes.

" - RETOURNEZ A VOS MAÎTRES IMMONDES BÊTES OU VOUS TATEREZ DE L'ACIER DU PEUPLE DE DURIN"

Cria Boréac en Khuzdul même si il doutait que les bêtes comprennent le Khuzdul son cri aurait soit le mérite de motiver les troupes ou d'effrayer les bêtes. Seul le destin pourrait dénouer la situation de cette bataille.

Grór

Farír

La nuit paisible était devenue une scène terrifiante pour les trois Naugrims.
Cela leurs faisaient malheureusement remonter de mauvais souvenirs.

Grór fut sauvé in extrémis de la créature par son nouveau chef et Farír eût juste assez de temps pour achever le Warg lui barrant la route vers ses compagnons.

Ils étaient enfin tout les trois réunis. Avec Boréac en tête de file.
Le soleil était bien loin de se lever, le calme de la nuit avait été rompu par les cris de douleurs des Wargs, les coups de haches et d'épées des fils de Durin ainsi que leurs cris en Khuzdul.

Boréac et ses deux compagnons faisaient front face a leurs trois derniers assaillants, en tenant une branche enflammé dans sa main gauche et son épée bien fermement dans sa main droite. Quant aux deux autres nains, leurs haches étaient encore prêtes à trancher ces vils créatures.

" - RETOURNEZ A VOS MAÎTRES IMMONDES BÊTES OU VOUS TATEREZ DE L'ACIER DU PEUPLE DE DURIN"

Cria Boréac. 

*Farír *

-Je pense que c'est le moment, lance ta branche enflammée au milieu de ces bêtes, je m'occuperai du Warg de droite, le feux devrait les effrayer et nous profiteront de leur confusion pour les achever.

Boréac s'exécuta et dans un mauvais presque répété, le vieux Naugrim trancha une patte de la bête et lui enfonça le tranchant de sa hache dans le cou.

De son côté, Boréac n'eut aucune difficulté de se défaire de son ennemi. Quelques coups de sa lame tranchante et bien placés lui permit d'éliminer le Warg.

Malheureusement pour Grór, la tâche ne fut pas si aisé. La créature put le mordre à l'épaule avant qu'il lui assène un coup fatal.
La morsure était profonde et nette. La douleur le faisait hurler, mais maintenant leur petit campement de fortune avait retrouvé son calme.

Farír coura vers son compagnon et dit

"La blessure ne m'a pas l'air bien grave mais profonde, il faut trouver quelques choses pour empêcher une infection et calmer les douleurs. Qu'est ce que vous proposez chef?"

Le vieux nain attendi la réponse de Boréac car le temps pressait, les cris de Grór pouvait rameuter à tout moment une meute de Warg.

La lame s'enfonca dans un bruit sinistre dans le flanc du Warg qui après un cri de douleur déchirant s'effondra au sol la gueule ouverte et les dents dégoulinantes de bave mêlées à du sang. Du sang ?

Boréac se retourna rapidement vers ses camarades et les regarda rapidement des pieds à la tête. Une vilaine morsure avait touché l'un de ses compagnons d'infortune. Boréac réfléchit tandis que son camarade lui demandait quoi faire. Il prit le bras et sortit sa gourde d'eau arrosant abondamment la plaie pour y voir déjà mieux. Il sortit ensuite d'une petite poche quelques herbes qu'il mit dans sa bouche pour en faire une pâte verdâtre.

- Ca ne vaut pas de vrais soins mais ça permettra au moins de maintenir la plaie en état.

Il apposa avec douceur la pâte dans la plaie et l'entoura d'un linge assez propre.

- Pour la douleur si tu as de l'alcool sur toi c'est le moment d'en boire quelques gorgées.

Il lui sourit dans un sourire qui se voulait rassurant, réconfortant. Il l'aida en lui tirant l'autre bas à se remettre debout et à mettre son sac:

- Nous devons absolument bouger d'ici, je n'ai aucune idée d'où aller. Edoras peut-être ? Ca ne doit pas être très loin, trois morts vivants contre des ennemis invisibles nous n'irons pas loin avec nos idées de vengeance, nous devons nous remettre sur pieds. Sortons déjà de la forêt nous verrons mieux où nous sommes.

Le nain se gratta longuement la barbe tandis qu'ils avancaient dans la forêt. Il fallait déjà en sortir et le camouflage des arbres et de leurs feuilles n'était pas aussi rassurant que lorsqu'ils y étaient rentrés il y a quelques jours. Le moindre bruissement, le moindre craquement de branche, le moindre silence dans la littanie des oiseaux mettait les nains sur les nerfs. Même si ils ne le disaient pas, la peur était dans les rangs et il en était bien normal. Même si la peur n'évite pas le danger elle permet au moins de le prévenir.

Je prends le relais de Benethor




Cela faisait deux jours que Sourire suivait la trace sanglante qui le menait de campement en campement. Avec sa petite escouade, ils n’étaient pas à proprement parler des pisteurs chevronnés… néanmoins, les nains n’étaient pas connus pour leur discrétion et ceux-ci semblaient particulièrement peu enclins à couvrir leurs traces.

Ils avaient découvert les chariots de minerai éventés, leur précieux contenu disparu depuis longtemps. Des nains avaient été alignés dignement mais pas enterrés juste à côté. Sourire et ses hommes s’étaient alors mis en quête des survivants. Ceux-ci paraissaient avoir suivi une piste, sans doute celle des loups qui les avaient attaqués. Le chef de groupe soupira, c’était sans doute une idée stupide. Ils s’étaient ensuite enfoncés dans une forêt. Des traces semblaient indiquer qu’ils n’étaient pas les premiers sur les traces du groupe de nains.

Enfin, ils avaient découvert les restes d’un campement où se trouvaient des cadavres de loups. Les nains paraissaient s’en être tirés. La piste devenait chaude tandis qu’ils progressaient difficilement à travers la forêt, juchés sur leurs montures.

Les nains étaient finalement en ligne de mire, un jeune nain qui paraissait blessé, un second beaucoup plus âgé et un troisième qui portait un lourd grimoire. Sourire éperonna son destrier, avec ses hommes ils eurent tôt fait d’encercler le petit groupe. Ils étaient huits, en pleine forme et armés jusqu’aux dents. Des adversaires sans doute bien plus coriaces que quelques loups mal nourris.

Sourire s’approcha de celui qui tenait le grimoire, il en avait déduit qu’il devait être le chef.

“Es-tu Gribold des Compagnies d’Argent ? Je suis Sourire, de la Meute.”

Il avait davantage grogné que parler. De toute évidence, son sobriquet était ironique. Sur sa cape noire était brodée une tête de loup au niveau de son cœur. La Meute était un groupe de mercenaires excessivement connu dans la région. Boréac avait sans doute déjà dû entre Gibold en parler. Leur influence et leur réputation étaient telles qu’ils engageaient régulièrement des plus petites compagnies pour s’occuper de certaines missions.

“Nous vous avions confié une mission, ce chariot de minerai aurait dû arriver à bon port il y a plusieurs jours. Nous avons été envoyé à votre recherche… Visiblement il s’agit d’un échec de plus pour les légendaires compagnies d’argent. Il va falloir rendre des comptes et Gobelin ne va pas être content.”

Sourire avait mis beaucoup de dédain dans le mot “légendaire”. Même si ces paroles étaient sans doute difficiles à accepter, elle contenait une part de vérité. Les compagnies d’argent avaient perdu de leur superbe et les employeurs se faisaient rares… non sans raisons.

Le reste du chemin avait été calme et monotone, les nains avançaient lentement et prudemment dans la forêt tout en prenant soin du blessé. Le chemin était donc long et il allait l'être encore pour un bout de temps. Finalement ils sortirent de la forêt et furent aveuglés par le soleil étincelant dans le ciel. Il était l'occasion de faire une pause, de boire quelques rasades d'eau et d'envisager la suite. Boréac soupira en regardant à l'horizon, aucun village, pas la moindre masure n'était à l'horizon. Seule des plaines, mornes, désertiques, presque aride. Le nain contemplait ce paysage de désolation lorsque des bruits de sabots se firent entendre derrière lui. Il sortit son épée immédiatement pour faire face à ce nouvel ennemi, si il fallait mourir autant que ce soit fièrement avec honneur.

Cependant le jeune chef constata rapidement que leurs poursuivants n'étaient pas ceux qu'il pensait. Loin des gobelins et autres créatures infâmes et répugnantes ils étaient humains. Rohirrims peut-être ? Même si Boréac ne voyait pas de crinière derrière leurs casques. Son sang se glaca néanmoins lorsqu'il aperçut la tête de loup sur la cape de l'un d'eux. C'était la Meute, leurs commanditaires pour l'expédition qui ne s'était jamais achevée. Leurs créanciers désormais. La marchandise était perdue et les contrats de la Compagnie étaient clairs, les nains remboursaient la valeur de la marchandise en or si elle était perdue. Evidemment Boréac n'avait pas un sou alors lorsque le chef de l'escouade s'adressa à lui en l'appelant Gribold, Boréac sut qu'il allait devoir la jouer finement.

" - Je suis Boréac des Cavernes Scintillantes, le Chef Gribold est mort, son corps est à la pierre. Je sais ce qui t'amène héraut de la Meute, tu viens chercher ton dû et tu connais comme moi les clauses des contrats des Compagnies d'Argent. Comme tu peux le voir, je n'ai pas un sou pour te dédommager et tu es un homme pragmatique, nous tuer ne remboursera pas la somme auprès de ton chef. "

Boréac adressa un rapide coup d'oeil à ses camarades puis aux équipiers de la Meute, ils n'avaient aucune chance dans un combat rangé. Il avala sa salive et ouvrit la bouche:

"- Voila ce que je te propose, suis-nous jusqu'aux Cavernes Scintillantes et Gobelin aura son dédommagement, je ne peux rien te proposer d'autre à moins que Gobelin se contente d'une reconnaissance de dette mais j'en doute fortement...."

Le jeune nain avait parlé avec une voix ferme, douce mais implacable, il devait s'imposer en tant que Chef et cela commençait maintenant, il n'y avait pas le droit à l'erreur, leur destin était entre ses mains... ou plutôt celles de la Meute.

Sourire écouta patiemment la tirade de Boréac. Il était satisfait que les mercenaires de la Compagnie d'Argent ne nient pas leur responsabilité et reconnaissent spontanément leur dette. Même s'il le faisait avec une certaine efficacité, il n'aimait pas briser des genoux, surtout ceux des Nains qui étaient robustes.

Néanmoins quand Boréac évoqua sa solution pour payer, sa bouche s'étira dans une étrange grimace tandis que son regard croisait celui de ses compagnons. Le nain était soit très naïf soit très impudent. Le peuple de Durin était connu pour sa tournure d'esprit particulière et il était sans doute nécessaire de remettre de l'ordre dans leurs idées.

“Si nous devons vous escorter jusqu'à chez vous, il vous en coûtera le double de ce que vous nous devez. Je n’ai pas de temps à perdre à raccompagner trois nains en perdition jusqu’à leur grotte dans l’espoir de toucher notre dû. D’autant que nous n’avons aucune certitude que tes frères dont la pingrerie est quasiment aussi légendaire que leurs barbes paieront pour toi. Si tu veux te trouver une escorte à bon marché, il va falloir te montrer plus inventif.”

Il fit avancer son cheval de quelques pas pour dominer Boréac de toute sa hauteur. Instinctivement, le chef de la Compagnie d’Argent recula d’un pas, opportunité que saisit le plus proche compagnon de sourire pour se pencher et lui arracher le grimoire.

“Ne pense pas que je ne gagnerais rien à te tuer. Cela serait une bonne leçon, une de plus, pour ceux qui pensent pouvoir prendre leurs engagements à la légère. Nous ne sommes pas devenus l’une des compagnies les plus respectées de la Route du Sud pour rien.”

Il laissa un petit moment s'écouler pour que les Nains puissent intégrer ses paroles.

“Vous allez nous suivre jusqu'à Dun Caradach, le dernier relais à l'ouest du Rohan. Nous y retrouverons le chef de la Meute. Nous verrons ensemble comment nous pouvons exploiter vos talents afin de rembourser votre dette. Ne vous attendez pas à rentrer trop rapidement chez vous… il va vous falloir pas mal de temps pour que votre travail rembourse votre dette.”

Il désigna le grimoire que son voisin de droite tenait en main.

“Je garde ceci pour te dissuader de nous fausser compagnie.”

Depuis longtemps, la situation des Compagnies d'Argent s'était dégradée. Si à leurs débuts, ils pouvaient se permettre de choisir leur clients, les derniers temps les avait plongé dans une situation financière précaire et ils n'avaient pu faire la fine bouche sur la moralité de leurs clients. La Meute s'en était rendu compte et en profitait donc allègrement en misant sur la réputation des Compagnies d'Argent pour transporter leurs marchandises de contrebande.

La plupart des chefs de la Compagnie d'Argent étaient au courant de ces arrangements et la présence de clients louches s'était accrue ces dernières années dans les comptoirs de la Compagnie mais, la plupart des gardes ignoraient cet arrangement. Boréac n'en savait rien et Gribold ne lui avait évidemment rien dit lorsqu'il commandait encore la Compagnie. A l'arrivée de ces cavaliers, il y avait eu trois possibilités: ils voulaient leur mort, ils étaient les secours ou bien alors leurs commanditaires.

Les deux premières réponses avaient rapidement été éliminées ne laissant que la troisième option. Il avait vite compris que ces commanditaires n'avaient rien des autorités Rohirrims mais plus des bandits ou des mercenaires et leur chef Sourire répondait à tout les critères du bandit.

Boréac savait qu'un bandit était attaché à son or plus que Thraïn II à son Arkenstone et il savait aussi que Sourire avait aussi intérêt à ramener son or à Gobelin qui était à priori leur chef. Le jeune nain jeta un coup d'oeil inquiet à ses camarades. Ils étaient dans une impasse qui pouvait vite devenir un coupe-gorge mais ils n'avaient aucune autre possibilité pour s'en sortir.

Le chef avait tenté une feinte, se faire escorter jusqu'aux Cavernes Scintillantes avec la promesse d'un paiement. Mais le malfrat n'était pas né de la dernière pluie et démonta la proposition du nain avec une logique implacable. Il hocha la tête confirmant les propos du bandit. Cet espoir de regagner les Cavernes Scintillantes venait de s'évanouir.

Le bandit avança d'un pas sa monture en direction du nain et Boréac recula d'un pas par réflexe défensif dans le même temps un des malfrats arracha le grimoire qui était attaché à la ceinture de Boréac. Il ravala avec difficulté un juron mais ne dit rien. Il n'était clairement pas en position de force. Il fit de son mieux pour avoir l'air le moins bourru possible.

" - Je ne remet pas en cause la réputation de votre... compagnies mais vous devez bien savoir que la Compagnie d'Argent ne prend pas ses engagements à la légère. Nous vous suivrons jusqu'à votre chef et nous verrons comment nous pourrons rembourser notre dette."

Boréac cacha un soupir, utiliser ses talents était lourd de sens. Il ne voulait pas devenir un bandit, piller des caravanes, tuer des innocents. Il était de son devoir de faire honneur à sa race et aux Cavernes Scintillantes mais aucune autre possibilité s'offrait à eux. Il ne répondit pas quand Sourire lui parla de son grimoire gardé en caution et il se contenta alors de ces quelques mots.

" - Nous vous suivons..."

Il jeta un coup d'oeil à ses camarades pour avoir leur approbation, le regard quelque peu triste de la tournure des évènements. Il se sentait désormais prisonnier de la Meute.