4 résultats trouvés pour Alphros

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Sujet: [INTRO IRL 18 ANS] L'Arbre sur la Balance
Learamn

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Rechercher dans: Les Tribunaux Royaux   Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [INTRO IRL 18 ANS] L'Arbre sur la Balance    Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 31 Jan 2023 - 23:28

“Ce compte-rendu est aussi compréhensible que les dessins de mon petit-fils! Des pages et des pages pour ne rien dire et surtout tant de parchemin de qualité gâché…Je ne vous paye pas pour produire ce genre d’absurdités!”


Mécontent, le juge Marius Van Diesl repoussa les rouleaux que son jeune clerc lui avait fièrement présenté. Ce dernier ne jugea pas nécessaire de rappeler à son instructeur qu’il ne recevait aucun salaire pour son travail et se contenta de ramasser fébrilement ses travaux avant de quitter la pièce sans demander son reste.

Le Haut-Juge se rassit sur son modeste fauteuil en bois et émit un long soupir. Il se passa la main sur son crâne dégarni. Ses jeunes années comme ambitieux magistrat de la Cité Blanche étaient bien derrière lui; il occupait à présent le poste le plus convoité au sein du monde judiciaire. Une forme de consécration qui s’était vite accompagnée d’une certaine lassitude; il n’était pas toujours aisé de trouver la motivation quand on avait déjà atteint le sommet. Et pourtant c’était dans cette position là qu’il en avait le plus besoin. Figure publique et politique centrale du royaume, les regards étaient désormais tournés vers lui et chacune de ces décisions soigneusement scrutées. Les rivaux et les manigances étaient nombreuses et d’autres auraient bien rapidement succombé à l’appel des intrigues politiques. Marius, cependant, était fait d’un autre bois; du bois indéracinable de la Justice. La Justice dans sa forme la plus pure, équitable et dénuée de sentiments. Certes, à plusieurs reprises, ses certitudes avaient été mises à rude épreuve mais jamais il n’avait douté de sa mission. Certains, parmi les nobles du Gondor et de l’Arnor admiraient la rigueur et la détermination de “l’Incorruptible” comme ils l’avaient surnommé; d’autres redoute toutefois son manque de souplesse et son zèle parfois exagéré qui pouvait le pousser à l’erreur.

On toqua à la porte. D’un ton laconique, Marius répondit en se redressant sur sa chaise:

“Entrez!”


Son assistante apparut derrière le battant; celle-ci eut un mouvement respectueux de la tête et s’empressa de transmettre son message.

“Votre Honneur. Le Juge Praven est arrivé.
-Ah oui. Faîtes-le entrer.”


Quelques minutes plus tard, la silhouette longiligne du Juge de Minas Tirith se présenta à lui. Vêtu d’une élégant tunique noire surmontée de la traditionnelle pèlerine vermeille des magistrats de la Cité Blanche. Il avait les cheveux gris parfaitement lissés vers l’arrière et son visage aux traits élégants mais vieillissants était rasé de près avec soin. Les Praven avait toujours été de nature assez coquette mais cela ne dérangeait pas Marius outre mesure tant que le travail était fait avec sérieux. Sur ce plan-là il n’avait pas grand-chose à reprocher à son successeur dont le professionnalisme était exemplaire. Il regrettait parfois une certaine passivité chez son confrère qui l’empêchait de mener de grandes et flamboyantes campagnes judiciaires comme Marius l’avait réalisé quelques années plus tôt; mais il n’en restait pas moins un serviteur dévoué du Royaume.

“Ah Alphros! Je vous en prie, asseyez-vous. Je vous sers quelque chose?”


Sans même attendre de réponse, Marius se leva et se dirigea vers un petit comptoir sur lequel on avait laissé une cruche d’eau infusée à la verveine encore tiède. Il en versa le contenu restant dans deux gobelets qu’il ramena à son bureau avant de retrouver sa place. Marius avait toujours été un homme simple et malgré son rang, se contenter de bien peu. A quoi bon faire venir un vin rouge depuis l’autre bout du Harondor quand on pouvait se délecter d’une tisane infusée aux herbacées de son propre jardin. Un mode de vie que certaines voyaient comme rigoriste parmi les grandes gens de la ville mais qu’il considérait simplement comme plus efficace.

“Des nouvelles de votre petite colombe? “
Demanda Marius d’un air innocent à son invité.
“-Hélas non votre Honneur.” Répondit le Juge Praven d’un air embarrassé. ”Aveline ne m’a plus donné de ses nouvelles depuis plusieurs jours.”

Marius fronça les sourcils:

“Voilà une nouvelle bien fâcheuse.
-Je suspecte Lord Rhydon d’avoir des vues sur elle. De tels talents finissent toujours par attirer son attention.
-J’en déduis que nous ne pouvons plus compter sur elle pour l’établissement du dossier?
-Cela me semble, en effet, compromis.”


Le Haut-Juge porta le précieux et brûlant breuvage à ses lèvres d’un air pensif. Il venait de perdre un nouvel atout, une fois de plus; mais jamais cela ne l’avait empêché d’aller jusqu’au bout des choses. Il se décida finalement à mettre en action un de ses plans de secours, à regret, mais il n’avait pas d’autres choix. Le vieux Juge trempa sa chevalière gravée des armoiries du Haut-Tribunal dans la cire liquide et apposa son sceau sur un petit rouleau de parchemin qu’il avait rédigé un peu plus tôt.

“Il faut que vous trouviez le moyen de remettre discrètement ce message à Alatar. Ce vieux prédicateur est un fantasque qui pense pouvoir s’affranchir des règles mais il gagne en influence et pourrait jouer un rôle important pour calmer la situation quand nous révélerons tout au grand jour.”

Alphros hocha de la tête et fourra la lettre dans le revers de sa tunique. Il demanda alors d’un ton hésitant:

“Êtes-vous certain qu’il n’est pas encore trop tôt? Cela est peut-être encore prématuré. Il contrôle tout, il entend tout. Si jamais il venait à entendre vos projets, il trouvera un moyen de nous faire taire. D’une façon ou d’une autre.
-J’en ai bien conscience. C’est pour cela qu’il nous faut agir avec une extrême prudence et surtout avec une grande rigueur. Le dossier ne pourra réellement le faire chuter que si les preuves sont accablantes et sans aucune faille.
-Et selon vous nous touchons au but?
-Presque oui.”


Le regard du Haut-Juge se déporta alors vers le tableau pendu sur le mur, faiblement éclairé par la lumière du soleil couchant. Une liste de noms y figurait. Ils avaient tous été barrés d’un trait de crayon, sauf un.

“Il me manque un témoin clef. Une fois que j’aurais mis la main sur elle; le Général tombera.”


#Alphros
Sujet: Les Tribunaux Royaux
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Tribunaux Royaux   Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les Tribunaux Royaux    Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 26 Mar 2017 - 23:45
Une des prérogatives du Haut-Roy Mephisto est de pouvoir rendre la justice. Toutefois, pour des raisons évidentes, il ne s'occupe personnellement que des affaires les plus importantes, et délègue l'immense majorité des cas à un corps de magistrats spécialisés. Ceux-ci, issus principalement de la noblesse du royaume, ont leur siège dans les Tribunaux Royaux de Minas Tirith. Le bâtiment imposant, entouré de gardes vigilants, est divisé en une multitude de salles dont seulement certaines sont consacrées aux audiences : les autres accueillent des légions de juristes chargés d'examiner les lois, d'établir des précédents, ou bien tout simplement de rédiger de nouvelles législations commandées par l'Intendant ou le Roi.

~~ Personnages importants~~


- MARIUS VAN DIESL -
Haut-Juge du Royaume Réunifié



Marius Van Diesl est le Haut-Juge en fonction. Ancien juge de Minas-Tirith, il est réputé pour sa sévérité et son intransigeance. L’homme a rasé son épaisse moustache depuis qu’il est devenu Haut-Juge mais n’est pas devenu plus cordial pour autant. Ayant joué un rôle important lors des émeutes dans la Cité Blanche, il s’opposa au Général Cartogan ce qui faillit lui coûter la vie. Il est déterminé à ne pas laisser Minas Tirith retomber entre les mains d’un tyran.  Personnage sans affiliation claire, il navigue à vue, seulement guidé par ses valeurs fortes. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer son ambition et d’aucuns prétendent qu’il ne serait pas contre un rôle plus politique.




- ALPHROS PRAVEN -
Juge de Minas Tirith

Alphros Praven a une cinquantaine d’année et une réputation vierge de toute ombre. Après de brillantes études, il s'illustra auprès du Conseil du Roi, et partit exercer en tant qu'administrateur dans le Lebennin. Discret et efficace, juste et protecteur, il sut se rendre agréable auprès de ses administrés malgré son rôle de collecteur des impôts mais aussi par la bonne justice qu’il tachait d’imposer à tous. Logiquement, au bout de quelques années, il fut amené à rejoindre la Cour du Roi comme un membre éminent de la Chambre des Requêtes de Pelargir puis de celle de Minas Tirith avant de devenir Lieutenant Général de cette même chambre. Parfaitement intégré à la bonne société de Minas Tirith, Alphros est un homme sage, respectable, apprécié et agréable. Néanmoins il a une très haute opinion de sa fonction et de la responsabilité qui lui incombe mais cela ne lui donne pas pour autant d’ambitions démesurées ou d’envie de pouvoir malgré une forte loyauté envers son Roi et sa famille. Rusé sans être fourbe, intelligent sans être brillant, courtois sans être obséquieux, cet homme reste apprécié de bien des gens.
Sujet: Entre deux loyautés ...
Alcide d'Illicis

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Rechercher dans: Le Palais   Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux loyautés ...    Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 28 Fév 2015 - 18:39
Alcide se pencha légèrement en avant, alors qu'il écoutait le jeune homme en face de lui. Il prenait cette posture particulière lorsqu'il prêtait une grande attention aux propos qui lui étaient adressés. Ses yeux de faucon plongèrent dans le regard du marchand, qui s'empressa de commencer son récit, dont chaque mot paraissait pesé avec grand soin. Il y avait un certain talent chez ce jeune homme, qui paraissait maîtriser ses gestes avec beaucoup d'expérience. Quel âge pouvait-il bien avoir pour se comporter ainsi ? A le regarder, on lui donnait un peu plus d'une vingtaine d'années, tout au plus. Un visage assez fin et imberbe, des traits encore vifs, et des yeux pétillants. L'Intendant le dévisageait avec une rare intensité, paraissant s'arrêter sur le moindre détail, comme s'il en découvrait surtout par l'observation, et non par l'écoute. Car après tout, ce que lui disait le jeune marchand n'était certainement pas la vérité… Qui à Minas Tirith venait voir le Comte d'Illicis pour lui parler franchement, et pour lui faire part d'une seule pensée sincère ? Un millier de courriers lui arrivaient chaque jour, essentiellement de Minas Tirith et de ses environs, mais également des provinces. A chaque fois, on demandait son aide ou son intervention, sans jamais vraiment expliquer les tenants et les aboutissants. Untel demandait un règlement royal pour une affaire où il s'estimait lésé, en omettant de préciser les torts qui étaient les siens, naturellement. Dès lors, Alcide ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce que ce jeune homme lui cachait...

Pour l'heure, Evart Praven paraissait déterminé à convaincre l'Intendant de ses bonnes intentions, et de sa fidélité. Processus assez logique, pour un individu qui avait eu l'idée saugrenue de se rapprocher de Taorin, sans même en informer quiconque. Les choses auraient pu très mal tourner pour lui, et il avait eu de la chance de ne pas être éliminé par le Seigneur Pirate. Après tout, qui pouvait savoir de quoi était capable un tel homme ? S'il prenait le risque de chercher à créer des réseaux d'amitié en plein cœur de Minas Tirith, c'était qu'il se sentait assez confiant pour agir au nez et à la barbe des services secrets de l'Arbre Blanc, et de tous les réseaux d'informateurs du Gondor. Dès lors, éliminer un jeune nobliau sans influence majeure ne lui aurait pas posé problème, pas même avec l'interdiction du port d'armes mise en place par le général Cartogan… Alors pourquoi ne l'avait-il pas fait quand les choses avaient commencé à mal tourner ? Fallait-il croire absolument le discours bien établi d'Evart, et supposer que Taorin voyait en lui un certain potentiel, ou bien les plans du Seigneur Pirate étaient-ils bien plus élaborés ?

Alcide écoutait attentivement les paroles du jeune noble, mais au fond, son esprit bouillonnait à la recherche de liens entre les différents éléments qu'il avait à sa disposition. Il y avait des causalités plus ou moins probables, certaines qui paraissaient revêtir un caractère naturel mais qui en réalité pouvaient être un piège. Par exemple, les rapports dont disposait Alcide précisaient que Taorin n'avait pas été vu en train de comploter d'une quelconque manière. Il ne paraissait pas avoir fait venir des mercenaires à lui, et ses déplacements hautement surveillés n'avaient pas pu conduire à une seule information concluante. Il apparaissait donc que ses plans de s'établir dans la Cité Blanche, ou à tout le moins au Gondor, passaient par l'acquisition de faveurs auprès de personnages relativement hauts placés. Il s'assurait des fidélités au bas de l'échelle, et laissait ensuite ses poulains monter progressivement les échelons du pouvoir, pour mieux les exploiter par la suite. Cela signifait qu'il entendait bel et bien rester au pouvoir longtemps au Harondor, et jouer un rôle majeur dans la région. Sans doute Radamanthe ne devait-il pas apprécier cette confiance excessive, qui pouvait expliquer pourquoi il avait engagé des tueurs pour se débarrasser des Pirates. Un geste risqué pour ne pas dire insensé, mais qui pouvait se comprendre. L'occasion était trop belle pour ne pas la tenter…

Restait la question du marchand. A mesure que celui-ci s'exprimait, il se dépeignait comme un individu tout à fait banal, un simple nobliau n'ayant « pas énormément de présent » actuellement à Minas Tirith. Effectivement, Alcide n'avait jamais entendu parler de lui avant aujourd'hui, en mal ou en bien, ce qui ne signifiait pas qu'il n'était personne. Venu de la province, il s'était imposé en deux mois seulement à un poste à responsabilité au sein de la Guilde des Epiciers, qui n'était pas n'importe quelle institution à Minas Tirith. On ne pouvait pas douter que l'influence de son oncle avait joué en sa faveur, mais voir un homme si jeune endosser pareil rôle et en minimiser grandement les honneurs était curieux. La plupart des nobliaux auraient mis en avant le prestige de ce poste, et auraient insisté sur leur contribution au sein de la corporation. Au lieu de quoi, il prenait grand soin de se présenter comme quelqu'un de modeste. Par modestie ? Alcide sourit intérieurement. Probablement pas. Intérêt était le seul mot que les marchands avaient en tête.

Le point sur lequel l'Intendant s'interrogeait néanmoins était de savoir pourquoi Taorin avait contacté précisément ce marchand précis. Comme l'avait très justement souligné Evart, il n'était pas encore quelqu'un dans la capitale. Pas suffisamment important, à tout le moins, pour qu'un étranger qui n'était pas le bienvenu dans la capitale eût entendu parler de lui auparavant. Dès lors, qu'est-ce qui avait pu pousser les deux hommes l'un vers l'autre ? A la question « qui ? », Alcide avait déjà quelques idées. Des dizaines de personnages louches se seraient proposés de faire l'intermédiaire entre de riches clients qui souhaitaient négocier tranquillement de sombres affaires, en échange de quelques pièces. Mais pourquoi Evart Praven ? Fils d'une famille apparemment tout à fait respectable, neveu d'un juge dont la réputation n'avait jamais été entâchée, comment avait-il pu se retrouver mêlé à des affaires d’État qui le dépassaient de très loin ? Ce point ne serait pas éclairci aujourd'hui, mais la question demeurait dans un coin de la tête d'Alcide, qui savait trop bien gérer des conversations diplomatiques pour laisser paraître le moindre indice de ses réflexions intérieures sur son visage où s'était plaqué un masque poli et courtois.

Le jeune marchand, sentant qu'il devait poursuivre son récit, en vint à raconter l'épisode de son agression par les hommes probablement engagés par Radamanthe. De toute évidence, ils avaient eu de la chance de s'en sortir, et c'était ce que rapportaient les différents espions dont Alcide disposait dans la cité. Des attaques coordonnées et simultanées, qui avaient été d'une rare violence. Les quelques témoins, qui avaient pris la fuite rapidement par crainte d'être associés aux criminels, avaient tous décrit la même chose. Des assaillants déterminés et brutaux, qui avaient fondu sans sommation sur leurs cibles. Ce n'était pas le fruit d'une rixe, ou les effets de l'alcool sur des individus qui n'aimaient pas les Umbarites. C'était bien davantage, assurément. Evart, qui avait dû tendre l'oreille auprès des Pirates, l'informa de ce qu'il savait déjà, à savoir le fait que les autres représentants de la délégation avaient été la cible d'agresseurs eux-aussi. Toutefois, l'informaiton précieuse qu'il lui communiqua laissa Alcide stupéfait.

Riordan ? Mort ? Impossible ! Evart dut se méprendre sur le léger sourire qui fleurit sur le visage de l'Intendant. Ce n'était pas de la satisfaction ou du plaisir, mais bien une profonde résignation. La situation était bien plus catastrophique qu'il n'avait pu l'imaginer au préalable, et il devait rapidement réfléchir à un plan pour parer à la déferlante qui allait suivre. Malheureusement, les choses tournaient sous un angle imprévu, et à moins de jouer finement, il y aurait d'autres morts avant que cette histoire ne fût terminée… Alcide demeura de marbre face à l'enthousiasme du jeune nobliau, qui paraissait ressentir le frisson de l'action, et qui prenait de toute évidence plaisir à se trouver impliqué dans une pareille affaire. L'Intendant aurait voulu lui dire qu'il ne savait pas dans quoi il avait plongé, que les choses étaient mille fois plus compliquées qu'il ne pouvait l'imaginer, et que les chances qu'il y laissât la vie étaient bien plus importantes qu'il ne paraissait le croire. Contre les Pirates aucune loi ne semblait se dresser fatalement, et s'il prenait l'envie aux hommes de Riordan de se venger aveuglément, ils risquaient fort de passer leurs nerfs sur le premier Gondorien qu'ils trouveraient.

Répondant machinalement pour ne pas laisser un silence gênant s'installer, Alcide lâcha d'une voix morne :

- C'est une situation très embarrassante, Evart…

Le mot était faible, et Evart ne semblait pas mesurer le rôle qu'il jouait dans cette histoire. Il se présentait comme un fidèle serviteur de la couronne, mais sa présence ici faisait le jeu de Taorin désormais. Si les Pirates avaient eu l'intention de porter une réclamation officielle, ou de se plaindre ouvertement de ce qu'ils avaient été attaqués dans la cité, Alcide aurait eu vent du meurtre de Riordan à la première heure ce matin. On serait même venu le tirer du lit pour répondre aux questions de la délégation Pirate qui serait venue en force, pour lui demander des comptes. Au lieu de quoi, ils avaient pris grand soin de cacher le décès de leur compagnon, et d'envoyer un émissaire informel pour communiquer cette information « l'air de rien ». Evart était-il habilement manipulé par Taorin, qui lui avait laissé croire qu'il avait capté cette information seul, alors que le Pirate le laissait volontairement y avoir accès, ou bien était-il lié à eux par un véritable serment, qui l'avait poussé à venir ici pour mettre pression sur le gouvernement du Gondor ?

Quant à la mention du prisonnier, elle venait se rajouter à l'horrible scénario qui s'était déroulé dans les murs de Minas Tirith. En plus d'avoir été attaqués et d'avoir perdu un de leurs plus éminents représentants, les Pirates allaient désormais pouvoir bénéficier d'informations capitales. Si leur prisonnier leur révélait un nom compromettant, comme celui de Radamanthe par exemple – et nul doute que les Pirates obtiendraient ce qu'ils voudraient, ils en avaient largement les moyens –, alors ils auraient un cassus belli tout trouvé. Au nom de cette sordide et lâche agression, ils pouvaient fédérer les territoires du Sud une nouvelle fois, et submerger le Harondor définitivement, amenant la menace des armées Haradrim aux portes de Pelargir.

Mais ils ne l'avaient pas encore fait.

Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi. Taorin devait bien savoir que ses actions militaires n'avaient été couronnées de succès que parce que Gondor n'était pas intervenu dans cette guerre lointaine. La défaite à Dur'Zork avait été une surprise pour tout le monde, et ne laissait plus de place au doute. Si les Pirates remontaient encore vers le Nord, ils seraient accueillis par les régiments de tout le Gondor, qui les repousseraient jusqu'à Umbar s'il le fallait. Une guerre de conquête serait longue et coûteuse pour les hommes de la Cité du Destin, et elle les forcerait à mobiliser l'ensemble de leurs ressources, là où les seules troupes du Lebennin pouvaient leur poser d'énormes difficultés. Le nouveau Seigneur de Dur'Zork voulait négocier ce qu'il savait pouvoir contester par la force, mais il était toujours plus aisé de traiter en position de force, avec la menace d'une guerre terriblement violente au Sud, plutôt que de passer à l'action de manière inconsidérée. Les yeux d'Alcide revinrent à Evart, qui attendait sa réponse. Quel rôle pouvait bien jouer ce noble jusque là inconnu dans cette trame sordide ? Quels avantages pouvait-il bien tirer à s'associer avec un ennemi de la Couronne ? En se présentant ici, dans ces murs, il s'exposait à la réaction furieuse de l'Intendant, qui aurait tout aussi bien pu le faire arrêter, pour couper court à toutes ces manigances.

Dans la journée, les Seigneurs Pirates auraient été mis aux arrêts eux-aussi, et au lieu de célébrer dignement le mariage du Roi d'Aldarion, le Gondor aurait immédiatement donné l'ordre de mobilisation pour masser ses troupes à la frontière Sud. Ce scénario n'aurait pas déplu au général Cartogan, qui aurait sans aucun doute pris personnellement la tête des opérations pour aller massacrer les armées Pirates. On disait de lui que c'était un fin stratège, et surtout un homme si charismatique que ses hommes étaient capables d'exploits hors du commun sous son commandement. Aucun homme de son acabit ne parcourait actuellement les terres du Harad, et si Taorin, Yse et Reznor étaient coincés à Minas Tirith, en plus de la mort de Riordan, cela faisait presque la moitié du conseil des Neufs mis hors-jeu. La guerre, assurément, n'était pas une mauvaise option. Mais l'Intendant avec des principes, et il préférait n'avoir recours aux armes qu'en dernier recours. Enchaînant d'une voix lasse, il dit :

- Je ne m'étonne pas de ce qu'ils nous soupçonnent. Toutefois, nous ne sommes pour rien dans cette sombre affaire…

Alcide ignorait si Evart travaillait véritablement pour Taorin ou non, mais puisqu'il entendait le laisser repartir librement, au moins pour apaiser les craintes de son oncle, il préférait imaginer qu'il répéterait toute leur conversation au Seigneur Pirate, et que ce dernier entendrait que le Gondor n'était pas lié à cette affaire. Un vœu pieux, mais on ne savait jamais…

- Vous avez fait preuve d'une grande loyauté envers le Gondor, et votre intelligence vous a permis d'en apprendre beaucoup sur les Pirates. Cependant, je ne peux décemment vous demander de poursuivre dans une entreprise aussi dangereuse. Les risques pour vous seraient trop importants…

Il était prêt à prendre le pari que le nobliau insisterait, aussi continua-t-il :

- Toutefois, si votre cœur vous commande de servir bravement votre Roi, alors je ne saurais vous en empêcher. Les informations que vous nous ramènerez sont susceptibles de sauver des milliers de victimes. Je suppose que vous connaissez le traitement que le Roi réserve à ceux qui le servent fidèlement, et bien que votre engagement à son endroit soit mû par de nobles désirs, il n'est pas de sacrifice qui ne soit remercié en Gondor. En revanche, vous avez également vu le sort que Sa Majesté réservait aux traîtres, tel que ce Warin. Si d'aventure vous aviez vent d'une quelconque trahison, rapportez-le moi sans délai, que je puisse prendre les mesures qui s'imposeront.

Impossible de lire à travers la carapace de l'Intendant, qui avait eu des années d'expérience pour peaufiner son attitude, sa gestuelle, le ton de sa voix. On ne pouvait pas décemment croire qu'il était sincère dans ses paroles, qui paraissaient bien trop naïves, mais personne n'aurait pu déceler exactement l'ampleur de ses doutes, ou de ses cheminements intérieurs. Il avait l'art et la manière de toujours paraître honnête, ce qui avait fait de lui un ambassadeur si brillant, et qui l'avait désigné tout naturellement au poste d'Intendant quand Mephisto avait exigé que cette fonction fût de nouveau occupée. Son intelligence politique redoutable, façonnée par des années d'expérience, pesait désormais de tout son poids sur les épaules d'Evart, qui devait deviner que quelque chose n'allait pas derrière ce charmant sourire et ces yeux inquisiteurs. Toutefois, maintenant qu'il avait mis le doigt dans l'engrenage, il ne pouvait plus reculer. Pas maintenant qu'il s'était confié à l'Intendant du Gondor.

- Bien, à moins que vous n'ayez une dernière confidence à me faire, j'ai des affaires à traiter. Je suppose que vous comprenez…

L'Intendant se redressa, et avec un signe de tête élégant, prit congé d'Evart qui demeura seul dans la pièce, sitôt que les gardes en armures l'eurent quittée à leur tour. Alcide, dehors, fut abordé par le Juge Praven, qui paraissait au comble de l'inquiétude. Il s'empressa de s'approcher du Comte d'Illicis, et lui demanda d'une voix anxieuse :

- Alors ? J'espère que mon neveu n'a rien fait de grave, Sire…

- Rassurez-vous, Juge Praven. Votre neveu est un homme loyal au Gondor, qui suit fidèlement vos traces (ce disant, il avait posé sa main sur l'épaule du Juge). Continuez à l'éduquer de belle façon, et il pourrait avoir un bel avenir.

Le sourire de l'Intendant acheva de rassurer le Juge, qui sourit à son tour. Ils se séparèrent donc, non sans une poignée de main détendue, mais avant qu'Alcide eût fait trois pas, il s'arrêta et lança par-dessus son épaule :

- Oh, une dernière chose Juge Praven… Si votre neveu voulait ne pas vous donner tous les détails de cette conversation, soyez sans crainte. Il s'agit d'affaires d’État. Je suis certain que vous comprenez…

Sur ces mots, il s'empressa de filer vers sa prochaine mission. Il y avait beaucoup de gens à qui il devait parler de tout urgence, et beaucoup d'informations qu'il allait devoir rassembler. Escorté par ses gardes personnels, il descendit les marches qui conduisaient sur la grande place du dernier niveau, et partit d'un pas rapide en direction de la cité. Il devait vraiment lui dire deux mots.

#Alcide #Alphros #Praven
Sujet: Entre deux loyautés ...
Alcide d'Illicis

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Rechercher dans: Le Palais   Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux loyautés ...    Tag alphros sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 17 Fév 2015 - 5:13
L'intendant Alcide pianotait sur son bureau, un geste d'agacement et d'anxiété qui ne lui était pas coutumier. Lui qui était d'ordinaire toujours si calme et si mesuré paraissait, aujourd'hui, quelque peu perturbé. Il fallait dire que les choses ne s'étaient pas passées exactement comme prévu, et qu'il avait désormais un véritable problème diplomatique à gérer. Son ambition de rassembler pacifiquement autour de la table les délégations du Harondor gondorien et du Harondor umbarite venaient de tomber à l'eau, sans qu'il fût encore possible de déterminer les véritables responsabilités. De folles rumeurs circulaient partout parmi son réseau d'informateurs pourtant extrêmement bien renseigné, et la seule constante que l'on pouvait en dégager était que les Seigneurs Pirates avaient été victimes d'une tentative d'assassinat, et que Radamanthe était pour l'heure introuvable. Dire que la situation était tendue aurait été un doux euphémisme. Les festivités continuaient tranquillement, comme si de rien n'était, alors qu'en réalité une guerre était peut-être en train de se préparer au cœur même de la Cité Blanche. Une guerre qu'il devait éviter absolument, ou à tout le moins circonscrire au territoire de Radamanthe.

Le Sud était, comme souvent, sur le point de s'embraser. Cependant cette fois, le charismatique chef Haradrim était ce pirate de Taorin, qui paraissait avoir davantage d'ambition que ses camarades, membres du conseil des Neufs. Les façons de neutraliser son influence étaient nombreuses, et il faudrait rapidement faire en sorte qu'il calme ses ardeurs. Prendre la moitié Sud du Harondor, au nez et à la barbe de l'armée de l'Emirat, était déjà une prouesse en soi. Un exploit qui avait de lui l'un des hommes les plus puissants du Sud. Essayer de croquer le reste du territoire de Radamanthe était folie, et surtout provoquerait la réaction du Gondor et de ses immenses ressources. Tout aurait pu s'arrêter là, à un statu quo qui profiterait largement aux Suderons et aux Gondoriens – laissant les Harondorim lésés, mais qu'importait ? – mais il semblait que la situation venait de dégénérer violemment. Les responsabilités n'étaient pas encore bien établies, mais les interprétations allaient filer bon train, et il faudrait gérer la situation rapidement pour ne pas se laisser déborder.

On frappa soudain à la porte, et Alcide se leva, prêt à accueillir son visiteur. Il avait toujours été courtois, et sans savoir encore à qui il allait parler, il contourna son épais bureau et traversa la pièce pour aller le saluer. Il eut le plaisir de voir apparaître le Juge Praven, un homme discret et efficace dont il n'avait jamais entendu parler en mal. Celui-ci parut avec un sourire mal assuré, comme s'il venait faire une bien triste confession. L'Intendant le mit instantanément à l'aise, en lui serrant chaleureusement la main :

- Juge Praven, que me vaut le plaisir de votre visite ? Rien de grave, j'espère !

Le visage du Juge afficha une moue guère rassurante, et il se tordit les mains, de toute évidence mal à l'aise :

- Je crains bien que si, Sire. Je veux dire… Je viens vous parler au sujet de l'Emir Taorin, le pirate…

Alcide conserva le silence, mais dans sa tête les pensées se bousculèrent. Il ne comprenait tout simplement pas. Le Juge Praven n'était pas un noble assez influent pour avoir des renseignements que lui-même n'aurait pas obtenu. Comment pouvait-il être au courant d'un événement que tout le monde s'efforçait de tenir secret pour l'instant ? A moins que ce ne fût une coïncidence, et qu'il vînt pour parler d'autre chose. Mais aujourd'hui même ? Précisément quand les Seigneurs Pirates étaient attaqués au cœur même de la Cité Blanche, en dépit de l'impressionnant système de sécurité ? Non, il y avait forcément quelque chose d'autre… En dépit de ses questionnement intérieurs, l'Intendant avait su garder un visage de marbre, parfaitement maîtrisé comme il convenait à un homme de son rang.

- Et que s'est-il passé mon brave ? Vous l'avez rencontré ?

- Non, Sire, les Valar en soient loués. Il s'agit de mon neveu, Evart… Il est loyal au Gondor, quoique jeune et téméraire. Je ne crois pas qu'il mesurait vraiment les conséquences de ses actes.

Les sourcils de l'Intendant se froncèrent légèrement. Ce n'était pas de la colère, toutefois, mais bien de la perplexité. Il ne comprenait pas tout à fait ce que le Juge était en train de lui expliquer, et s'il rassemblait les éléments qu'il avait à sa disposition, cela ne lui disait rien de bon. Ce jeune Evart s'était-il compromis avec Taorin ? Avait-il secrètement pactisé avec lui ? Ou bien à l'inverse, avait-il planifié l'assassinat des Seigneurs Pirates ? Au risque de compromettre un accord de paix dont pouviat dépendre l'entièreté de l'équilibre du Sud ? Masquant péniblement les questions nombreuses qui lui traversaient la tête, Alcide dégaina son sourire le plus affable, et lança d'une voix apaisante :

- Soyez sans crainte, je suis persuadé que si votre neveu n'a rien fait de répréhensible, il n'aura rien à se reprocher. Où donc puis-je trouver ce jeune homme ?

- Il est dans mon office, Sire. Il voulait s'entretenir avec vous de certaines choses. Accepteriez-vous de le rencontrer ?

Naturellement qu'il acceptait ! Ce jeune garçon l'intriguait trop pour qu'il n'allât pas le voir, et entendre en personne la drôle d'histoire qu'il pouvait bien avoir à raconter. Il se composa une mine tout à fait tranquille, afin de rassurer ce pauvre juge qui semblait choqué de voir que son neveu s'était acoquiné avec la pire des vermines, les ennemis les plus farouches des intérêts de la Couronne. Et nul autre que Taorin, le Chien Borgne, lui-même. Il y avait beaucoup de choses que l'Intendant devait éclaircir, et il lui paraissait soudainement des plus urgents d'interroger le jeune homme. Il abandonna donc ses réflexions, et, posant une main rassurante sur l'épaule du Juge Praven, il accompagna celui-ci en direction de son bureau.

En franchissant la porte, les six gardes qui surveillaient l'entrée se placèrent en formation autour d'eux, afin de leur servir d'escorte. Trois devant, et trois derrière, afin de parer à toute tentative d'assassinat. Cartogan s'était montré très strict sur les mesures de sécurité, doublées en période de festivité afin d'éviter qu'il arrivât quoi que ce fût à l'Intendant ou aux hauts dignitaires du royaume. Alcide bénéficiait d'une protection maximale, et d'hommes d'élite qui l'accompagnaient en permanence, habillés pour la guerre de pied en cap. Au début, il s'était agacé de cette présence constante et bruyante sur ses talons, trouvant insupportable d'être chaperonné et d'être empêché dans ses déplacements par le capitaine des gardes, qui parfois le mettait en garde contre certains dangers. En l'occurrence, aujourd'hui, il leur trouvait un véritable intérêt, et il se félicitait de ne pas avoir congédié ces militaires imposants et expérimentés, qui sauraient remplir le rôle qu'il avait prévu pour eux.

Ils traversèrent donc les couloirs de la forteresse, forçant quiconque les croisant à s'écarter de leur chemin prestement, au risque de s'attirer le regard foudroyant d'une demi-douzaine de soldats qui n'étaient pas là pour plaisanter. Les serviteurs et les messagers se rangeaient prudemment, certains s'inclinant même au passage de la petite troupe. Alcide adressait un sourire à chacun, et il s'arrêta même pour saluer personnellement un page qui lui avait rendu service quelques jours auparavant, alors qu'il était pris d'un violent mal de crâne. Le jeune homme eut l'air à la fois honoré et effrayé, si bien qu'il ne trouva quasiment rien à répondre. Quand les mots lui vinrent, Alcide tournait déjà l'angle du couloir, suivi de près par les hommes du rang. Au milieu de tout cela, le Juge semblait quelque peu mal à l'aise. Il paraissait ne pas savoir quoi dire ou faire, et il fallait bien avouer que la présence intimidante de l'escorte ne facilitait pas les conversations… pas même pour l'Intendant qui commençait à peine à s'y habituer, lui qui avait vécu bien plus modestement avant d'être hissé à cette position prestigieuse. Jamais il n'aurait pu refuser pareille promotion, non, mais il aurait volontiers abandonné toutes les contraintes qui y étaient liées, si cela avait été possible. Qu'il aurait préféré travailler dans l'ombre, agir efficacement et discrètement, sans avoir à se soucier du protocole et de l'apparat !

Ils arrivèrent bientôt à destination, et le Juge se sentit soudainement très inquiet, si bien qu'il demanda d'une voix quelque peu implorante :

- Il n'arrivera rien à mon neveu, n'est-ce pas ? C'est un jeune homme très loyal, et…

- Rassurez-vous, mon cher Juge. Rassurez-vous…

Alors que l'Intendant tournait la tête pour emboîter le pas à ses hommes, le Juge put voir une ombre passer sur le visage de celui-ci. Une ombre qui, elle, n'avait rien de rassurant. Il n'eut le temps de rien dire, qu'Alcide franchissait déjà la porte.

Evart vit d'abord arriver face à lui trois hommes en armes, la mine patibulaire. Ils le regardèrent avec un air sévère, la main sur le pommeau de leur arme. Leur attitude était impressionnante, mais non, ils n'étaient pas venus pour procéder à l'arrestation du neveu du Juge. Pas encore, tout du moins. Alcide fit alors son apparition, se frayant un chemin entre les colosses qui lui servaient d'escorte. Son visage était neutre, mais son attitude quelque peu rigide ne trompait pas. Il était là pour une affaire très sérieuse, et il la traiterait comme telle. Le jeune noble put constater rapidement que son oncle n'avait pas été convié à la réunion improvisée, étant demeuré dehors auprès du reste des soldats qui montaient la garde devant l'unique entrée. Ce serait donc un entretien privé, qui ressemblait à s'y méprendre à un interrogatoire. Toutefois, Alcide paraissait loin de l'archétype du tortionnaire sadique et cruel, prenant plaisir à faire souffrir ou à arracher violemment des confidences à sa victime. Il était plutôt un homme charmant, élégant et raffiné, qui paraissait tout à fait disposé à la conversation. Une façade tout à fait crédible, mais qui dissimulait un danger tout aussi grand.

- Evart… Evart Praven. Restez assis, je vous en prie.

L'œil affûté de l'Intendant n'avait pas pu s'empêcher de remarquer que le jeune homme portait une canne, et qu'il avait du mal à se tenir debout. Son geste pour se lever en témoignait, ainsi que la très légère grimace qui avait déformé ses traits. Coïncidence ? Sûrement pas. Pas plus que les fards subtils et discrets qu'il avait utilisés pour harmoniser son teint. Peut-être parce qu'il était particulièrement coquet, ou bien parce qu'il souhaitait dissimuler une quelconque marque particulière. Il y avait bien des choses sur lesquelles le jeune homme devrait s'expliquer, décidément, mais Alcide décida de prendre son temps. Il devait tirer les choses au clair en douceur, sans se laisser aller à des méthodes qui n'étaient pas les siennes. D'une voix calme, il lança :

- Je viens d'avoir une petite discussion avec votre oncle, un homme fort apprécié à Minas Tirith. Je crois que vous lui avez fait peur, en quelque sorte. Il dit que vous vous êtes entretenu personnellement avec Taorin, le Seigneur Pirate. D'aucuns pourraient trouver que pareille attitude est séditieuse…

Il leva la main pour couper court aux objections du jeune noble. Celui-ci avait ouvert la bouche pour se défendre, mais l'Intendant ne lui en laissa pas le temps. Il n'avait pas encore terminé :

- J'ose croire, ajouta-t-il donc, que vous n'êtes pas idiot, et que vous avez donc une bonne raison de venir me trouver. J'irais même jusqu'à supposer que vous avez une proposition à me faire, Evart. Une proposition que je suis prêt à écouter, sans quoi ni vous ni moi ne serions là.

Il marqua une brève pause, et se fendit d'un sourire agréable. Non, assurément, il n'était pas de ces hommes retors et malveillants. Il était même plutôt ouvert, et sa façon de procéder, son côté très direct, pouvait paraître déstabilisant. Il n'était pas le genre d'hommes à qui on avait intérêt à cacher des choses, et en retour il se montrait étonnamment franc. Peut-être trop. Reprenant, il conclut :

- J'espère donc que vous ne me prendrez pas pour un idiot, et que vous ne me ferez pas perdre mon temps. Jouez carte sur table, et nous verrons ce qu'il est possible de faire pour apaiser les craintes de votre oncle là-dehors, voulez-vous ?

Sa main pivota en un geste qui invitait explicitement Evart à répondre. Ce dernier n'avait que peu de temps pour convaincre, car les secondes d'un homme comme l'Intendant valaient une petite fortune. Chaque mot qu'il prononcerait devrait être mesuré, calculé avec soin, optimisé pour tendre vers son but ultime, sans s'égarer en route. Il lui faudrait se montrer clair, et surtout faire preuve de beaucoup de maîtrise, car Alcide le regardait droit dans les yeux, attentif à la moindre de ses réactions. En dépit de la sympathie affichée de l'Intendant, il n'était pas permis de douter des conséquences fâcheuses d'une réponse insatisfaisante.

#Alcide #Alphros #Praven
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