17 résultats trouvés pour Praven

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Sujet: La rose des vents
Nathanael

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Rechercher dans: Harondor   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La rose des vents    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 30 Juin 2020 - 8:39
Fiché sur sa haridelle grise, Ormal souriait, découvrant ses dents blanches au milieu des étendues jaunâtres de guèdes. Le Gondor allait mal. Les nouvelles lui étaient parvenues le matin même. Et quand le Gondor allait mal, Ormal exultait. Du haut d’une éminence rocheuse battue par le vent, il gardait un œil sur le nouvel officier d’Ella Desbo. L’homme pâle allait et venait beaucoup, surveillait, comptait, organisait, commandait. Zaoud le recruteur lui avait dit bien des choses à son sujet. Il aimait bien parler contre quelques verres offerts, et après les avoir bus, il parlait encore plus. L’homme pâle avait des hommes du Gondor à son service et des hommes du Harondor aussi. Il ne parlait pas la langue du sud et ne connaissait pas beaucoup leur culture. Mais Zaoud lui avait dit qu’il était un marchand dans l’âme et qu’il était fort pour les négociations. L’homme pâle avait réussi à apprivoiser la famille de Haravi. Ils iraient travailler dans les champs pour quelques draps propres et des perles de couleur. Ormal rit. Il avait vu les perles. Elles étaient de qualité moyenne et beaucoup finiraient par casser dans les mois à venir. Mais les draps étaient de bonne qualité, simples, mais bien tissés, à la manière du sud. L’homme pâle ne s’était pas tout à fait moqué d’eux, il était bon commerçant. Une bonne chose. Car Ormal avait des choses à vendre et d’autres, qu’il voulait acheter.

Il talonna sa mule et la poussa dans la descente en pente douce jusqu’aux premières feuilles jaunies par le soleil. Il avait enroulé un long turban autour de sa tête pour ne pas se brûler le visage et une longue tunique souple lui descendait jusqu’aux genoux, dévoilant une paire de jambes robuste couleur d’ambre. Il montait à la manière de certaines tribus marchandes du Harad, non à califourchon, mais les deux jambes du même côté, sans selle et menant son animal avec une simple corde autour du cou. Il avait le sourire franc et jovial, mais le regard acéré de celui qui cherche toujours à avoir une longueur d’avance.

Ormal se rapprocha des premiers ouvriers occupés à ramasser les feuilles de guède. Ils portaient sur leur dos des sacs tissés avec les grandes palmes des oasis. Ils levèrent les yeux quand Ormal passa et échangèrent entre eux des propos moqueurs à propos de son animal. Ormal les ignora. Il savait lui, ce qu’était une bonne mule. Trop grasse, elles devenaient fainéantes, trop sombres, elles avaient trop chaud. La sienne était parfaite. Elle avait les jarrets solides, les reins manquaient un peu de force, mais l’épaule plus développée compensait ce petit défaut de conformation. Et surtout, elle aimait le travail. Pas comme toutes ces grandes bêtes croisées avec des juments du nord, qui rechignaient à tirer les chariots quand le soleil mordait trop fort ou que quelques taons venaient leur piquer la croupe. Pour Ormal les animaux n’avaient pas besoin d’être beaux, ils devaient surtout être utiles. Et Zaoud lui avait dit que l’homme pâle cherchait des animaux utiles.

Parvenu non loin du Gondorien, un homme héla Ormal.

— Qu’est-ce que tu veux sale fennec ?
— Accueil plus chaleureux que le désert,
répondit Ormal avec son grand sourire. Je viens pour travailler. Zaoud m’a dit que vous cherchiez une mule pour tirer des chariots d’herbe du Harad. J’amène la mule.
— On n’en veut pas de ta carne.
— Vous en voudrez quand le Coup de Sabre se lèvera. Le Gondorien sera content d’apprendre que vous ne l’aviez pas prévenu que la tempête arrive.
— Parce que la tempête n’arrivera pas,
répondit l’autre.

Sans se départir de son sourire, Ormal haussa les épaules comme pour lui signifier qu’il n’en saurait jamais rien et que tout pouvait arriver. Il n’avait pas tout à fait arrêté sa mule et petits pas après petits pas, il s’était rapproché de l’homme pâle qui discutait avec un des métayers de la maîtresse Desbo.

— Gondorien !
dit Ormal comme s’il était un grand marchand du sud et qu’il s’adressait à un vulgaire étranger sur sa route. Est-ce que les frères Emri t’ont dit ce qui allait arriver ?

Quoiqu’ayant un fort accent, il parlait un westron très clair et compréhensible. Il s’exprimait lentement, comme s’il voulait laisser chaque mot pénétrer ses interlocuteurs et qu’ils se posent mille questions avant la fin de chacune de ses phrases. Ormal regarda l’homme pâle dans les yeux sans rien dire, laissant le silence s’installer entre eux un bref instant. Autour de lui les hommes du nord qui l’accompagnaient paraissaient indignés que l’on puisse s’adresser ainsi à un homme important. Mais Ormal se contrefichait des titres, des fonctions et des appellations pompeuses. Il avait connu la faim et la soif dans la profondeur des ergs méridionaux où la mort abolit l’orgueil et toute forme de hiérarchie sociale. Il avait connu la honte, l’humiliation et l’oubli dans les terres orientales.

— Au sud les caravaniers s’inquiètent. Ils ont vu des ombres au milieu des dunes et des grandes étendues de pierres. À l’ouest, les vagues ont disparu depuis de longs jours et la mer est calme comme avant une terrible tempête. Et les Fân ont vu dans le sable que les esprits du désert étaient en colère. Dans quelques jours un terrible Coup de Sable s’abattra sur tout le Harondor et votre récolte sera perdue, les hommes et les bêtes mourront.

Ormal parlait comme s’il connaissait tout cela de source sûre et qu’il avait pu lire l’avenir. Son indéfectible sourire lui éclairait toujours le visage alors même qu’il continuait d’annoncer de terribles événements. Il avait réussi à attirer l’attention du Gondorien et celle du frère de Zaoud aussi, qui intervint rapidement.

— Ne l’écoutez pas messire Praven, dit-il. Il avait saisi le traducteur par le bras pour se faire comprendre rapidement. Ormal vient du sud, c’est un Haradrim qui veut embrumer l’esprit et tordre vos idées. C’est un agitateur qui veut vous faire peur. Le Coup de Sabre s’annonce quelques jours avant par un vent très très brûlant qui brûle les yeux et assèche la gorge. On ne peut pas travailler avec ce vent très chaud. Les ouvriers le connaissent. Croyez-vous vraiment qu’ils continueraient à se courber dans les champs s’ils craignaient pour leur vie ?

Était-ce un pur de jeu de l’esprit ou faisait-il vraiment plus chaud d’un coup ? Il était impossible de le dire vraiment. Derrière Ormal, un homme qui ramassait la guède se leva pour porter son sac au bout d’une rangée de plantes et parvenu auprès du chariot, tomba soudainement, pris de vertiges. Ormal ne dit rien, sourit, et planta ses grands yeux verts dans ceux d’Evart Praven.

#Ormal #Evart #Praven
Sujet: Les Tribunaux Royaux
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Tribunaux Royaux   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les Tribunaux Royaux    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 26 Mar 2017 - 23:45
Une des prérogatives du Haut-Roy Mephisto est de pouvoir rendre la justice. Toutefois, pour des raisons évidentes, il ne s'occupe personnellement que des affaires les plus importantes, et délègue l'immense majorité des cas à un corps de magistrats spécialisés. Ceux-ci, issus principalement de la noblesse du royaume, ont leur siège dans les Tribunaux Royaux de Minas Tirith. Le bâtiment imposant, entouré de gardes vigilants, est divisé en une multitude de salles dont seulement certaines sont consacrées aux audiences : les autres accueillent des légions de juristes chargés d'examiner les lois, d'établir des précédents, ou bien tout simplement de rédiger de nouvelles législations commandées par l'Intendant ou le Roi.

~~ Personnages importants~~


- MARIUS VAN DIESL -
Haut-Juge du Royaume Réunifié



Marius Van Diesl est le Haut-Juge en fonction. Ancien juge de Minas-Tirith, il est réputé pour sa sévérité et son intransigeance. L’homme a rasé son épaisse moustache depuis qu’il est devenu Haut-Juge mais n’est pas devenu plus cordial pour autant. Ayant joué un rôle important lors des émeutes dans la Cité Blanche, il s’opposa au Général Cartogan ce qui faillit lui coûter la vie. Il est déterminé à ne pas laisser Minas Tirith retomber entre les mains d’un tyran.  Personnage sans affiliation claire, il navigue à vue, seulement guidé par ses valeurs fortes. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer son ambition et d’aucuns prétendent qu’il ne serait pas contre un rôle plus politique.




- ALPHROS PRAVEN -
Juge de Minas Tirith

Alphros Praven a une cinquantaine d’année et une réputation vierge de toute ombre. Après de brillantes études, il s'illustra auprès du Conseil du Roi, et partit exercer en tant qu'administrateur dans le Lebennin. Discret et efficace, juste et protecteur, il sut se rendre agréable auprès de ses administrés malgré son rôle de collecteur des impôts mais aussi par la bonne justice qu’il tachait d’imposer à tous. Logiquement, au bout de quelques années, il fut amené à rejoindre la Cour du Roi comme un membre éminent de la Chambre des Requêtes de Pelargir puis de celle de Minas Tirith avant de devenir Lieutenant Général de cette même chambre. Parfaitement intégré à la bonne société de Minas Tirith, Alphros est un homme sage, respectable, apprécié et agréable. Néanmoins il a une très haute opinion de sa fonction et de la responsabilité qui lui incombe mais cela ne lui donne pas pour autant d’ambitions démesurées ou d’envie de pouvoir malgré une forte loyauté envers son Roi et sa famille. Rusé sans être fourbe, intelligent sans être brillant, courtois sans être obséquieux, cet homme reste apprécié de bien des gens.
Sujet: Pour le bien de la science (et le mien)
Evart Praven

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Pour le bien de la science (et le mien)    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 4 Nov 2016 - 0:38
RP par correspondance entre : Isilo et Evart Praven
Sujet de correspondance d’Isilo :

La correspondance commence pendant le Rude Hiver, il y a de cela plusieurs mois avant le mariage d'Aldarion avec Dinaelin.


~~~~~~

Alors que Minas Tirith était plongée dans le noir de la nuit, une fenêtre de la maison Praven brillait encore faiblement. Dans sa chambre, Evart travaillait à ses affaires dans la douce chaleur de sa chambre. Par mesure d’économie, il avait été amené à réduire ses frais de chauffage alors, désormais, il faisait froid dans la plupart des chambres, la grande salle était glaciale et les couloirs gelés. Il avait fait aménager sa chambre avec de lourdes tapisseries et un poêle à bois. Une partie de ses domestiques avait même préféré dormir dans la cuisine qui était chauffée en permanence. Lui-même profitait d’un repas léger avec ce qu’il restait de ragoût de salaison du midi et une tranche de pain. Depuis ses jeunes années dans les Montagnes Blanches, Evart avait une certaine passion pour la botanique et les plantes. Il avait même fait aménager une loggia en jardin d’hiver. En fait, Evart réfléchissait à savoir s’il était possible d’améliorer la culture des plantes pour les avoir plus tôt voire même en dehors des saisons prévues. Cela permettrait d’avancer un peu les cultures et apporter à nouveau des légumes et fruits frais à la ville en ses temps de famine, moyennant rétribution et un profit important.

En fait, il savait déjà où il pourrait expérimenter d’éventuelles nouvelles techniques. Il avait acquis récemment un petit domaine au Sud-Est de la Cité Blanche. Pas trop loin de la ville, il était proche des sources d’eau, placé à flanc de colline, il était à cheval entre un plateau plus sec et aride ainsi qu’une plaine limoneuse plus fertile. Il lui faudrait probablement recruter quelqu’un pour s’occuper de gérer le domaine. Evart n’aurait probablement le temps de s’en occuper. Il lui faudrait faire des recherches… En attendant, il lui faudrait les conseils avisés d’un botaniste de renom pour l’aider. Il avait d’abord pensé à des gens dans la Cité Blanche comme Dalhia de Ronce mais celle-ci était plus herboriste que botaniste. C’est en parcourant sa bibliothèque qu’il trouva son bonheur grâce au livre « Instructions pour la culture des jardins fruitiers et potagers » d’Isilo, un sage elfe du Nord. C’était un des rares livres de botanique qu’il avait dont l’auteur était encore en vie, à tout le moins, de ce qu’il en savait. Il prit donc un joli papier de qualité et commença à écrire :
Evart Praven a écrit:
A Minas Tirith,
Le 12 août de l’an 300 du Quatrième Âge


Très estimé et noble sire Isilo,

Je me permets de vous écrire car j’ai lu avec intérêts vos Instructions pour la culture des jardins fruitiers et potagers. C’est un ouvrage passionnant qui m’a permis de m’essayer à la culture de plantes et arbustes qu’on trouve assez souvent aux alentours de la cité blanche de Minas Tirith. Jusqu’à l’arrivée de ce grand hiver, je disposais d’une trentaine de plantes d’herboristerie, de plusieurs espèces de fleurs et je cultivais aussi quelques arbustes sauvages. Malheureusement ce petit jardin n’est plus qu’une parcelle aride recouverte de neige et il n’est pas le seul. Les champs dans toute la vallée de l’Anduin ne sont plus qu’une vaste terre glacée. Depuis le début de cet hiver, notre belle cité de Minas Tirith voit ses réserves de nourriture baisser dangereusement et l’on craint que bientôt on en vienne à la famine.

Vous comprendrez combien cette situation est problématique. C’est pour cela que je souhaiterai travailler à la culture de plantes en dehors de leurs saisons naturelles. Il s’agirait donc de les forcer à produire leurs fruits quelques mois en avance par rapport aux temps habituels. Comme vous êtes probablement le botaniste le plus reconnu de l’Ouest et que vos connaissances dans la culture des plantes sont si grandes, je souhaitai vous demander conseil et vous demander si vous aviez des idées pour permettre des récoltes précoces ?

J’espère qu’il nous sera possible d’échanger et d’essayer d’améliorer la culture des plantes. Je ne sais pas si vous connaissez bien les plantes du Gondor mais si vous le souhaitez, je me ferai un plaisir de partager croquis et informations que j’ai sur certaines de nos plantes locales. Je me permets de joindre à ma lettre un petit recueil concernant les plantes et fleurs des Basses Montagnes Blanches de l’Ered Nimrais que j’ai eu l’occasion d’écrire et dessiner il y a quelques années déjà. J’espère qu’il pourra vous faire connaître quelques espèces qu’on ne trouve pas ailleurs.

Dans l’espoir d’une réponse,
Votre humble et dévoué serviteur,

Evart Praven
Fils du Comte Harlaus Praven de Padraig




Pliant la lettre, il la cacheta aux armes des Praven avant de la joindre au petit recueil promit. Celui-ci ne faisait pas plus d’une vingtaine de petites pages mais il se consacrait uniquement aux plantes typiquement locales qu’on ne trouvait pas ailleurs, à ce qu’il savait. Chaque page se composait d’un croquis en couleur des diverses plantes et fleurs accompagné d’un texte expliquant l’utilisation des plantes dans l’herboristerie de la région et quelques informations diverses. Cela concernait bien évidemment une région assez petite mais Evart ne doutait pas que cela intéresserait Isilo. Avec des gens érudits, plus on leur apportait des sujets précis, plus ils étaient heureux. Empaquetant tout minutieusement, Evart alla jusqu’aux bureaux de la poste royale du Gondor et il expédia le tout. En espérant que ce soit le début d’une correspondance fructueuse…
#Evart #Praven #Isilo
Sujet: Commerce au sud du Poros
Mardil

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Rechercher dans: Harondor   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Commerce au sud du Poros    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 13 Mar 2016 - 19:04

Ella jetait un dernier coup d’œil à son manoir d’Osgilliath lorsqu’on vînt la prévenir que Evart Praven venait d’arriver. Elle alla le saluer rapidement avant qu’ils ne se mettent en route. En temps normal, ils auraient voyagé par bateau jusqu’au Harondor mais des rapports faisaient état de pirates sur les côtes de son pays et elle préférait ne pas courir de risques inutiles. Cela leur permettrait de parvenir au Harondor par le nord et elle pourrait faire un détour vers son haras avant de rejoindre Djafa. Ainsi Evart aurait la possibilité de voir certains de ses domaines, ce qui pourrait s’avérer utile pour la suite.

Elle aurait souhaité partir simplement à cheval mais cela n’était guère possible. Aussi bien elle qu’Evart voyageaient avec plusieurs malles d’effets personnels et les deux charrettes qui transportaient tout cela ne pouvaient voyager bien rapidement. Ella avait apprêté un char en bois pour elle-même et sa suivante mais il n’aurait pas été convenable que son secrétaire voyageât avec les femmes aussi l’avait-elle laissé prendre ses propres dispositions pour son confort.

Le convoi était renforcé par de nombreux gardes. Après ce qui était arrivé à l’un de ses convois de marchandises, la Grande Marchande ne voulait prendre aucun risque pour sa sécurité. C’est donc cachée par les épais panneaux de bois de son char qu’elle quitta Osgilliath. Le temps était magnifique bien qu’un peu frais au goût d’Ella alors que les gondoriens prétendaient qu’il faisait chaud pour un matin en cette saison. Elle avait donc passé un long manteau de fourrure par dessus sa tenue. Non seulement pour la protéger du froid ambiant mais surtout pour que personne ne remarque sa tenue de cavalière qui, selon les standards du Gondor en tous cas, n’était pas convenable pour une dame de sa position.

Les robes gondoriennes avaient beau être belles, elles rendaient totalement impossible l’équitation. Cela était logique étant donné la place laissée aux femmes dans cette nation aussi Ella essayait-elle de ne pas trop s’en formaliser. Elle avait hâte de revenir dans son propre pays cependant. Les tenues d’équitation du Harondor étaient volontiers unisexes. Elle avait enfilé une tenue de cavalière classique, couleur sable et crème. Elle était couverte de la tête aux pieds afin de se protéger du soleil. Si cela n’était pas nécessaire au Gondor, Evart apprendrait bien assez tôt à se méfier de l’astre solaire lorsqu’ils pénétreraient au Harondor.

Bien avant midi, elle comprît qu’elle ne pourrait tolérer les balancements du char tout au long du voyage. Ces derniers lui donnaient la nausée et elle ne pouvait profiter du grand air, tapie derrière ces épais murs de bois. Elle prît son mal en patience mais lorsqu’ils s’arrêtèrent pour déjeuner, elle prit la décision qu’elle ne remonterait pas dans cet engin de malheur. Ils avaient depuis longtemps laissé Osgilliath derrière eux de toute manière et se trouvaient dans l’Emyn Arnen. D’ici à la tombée de la nuit, ils auraient pénétré dans l’Ithilien Sud. Ella savait qu’il leur faudrait plusieurs jours afin de traverser cette vaste région boisée.

Au lieu de suivre le fleuve, ils avaient pris la route qui longeait les Monts de l’Ombre. Les terres d’Ella se trouvaient au nord-est du Harondor et il était plus logique de prendre ce chemin. Cependant, Ella ne pouvait s’empêcher de penser au mal qui avait élu résidence derrière ces hautes montagnes durant des millénaires. Si la route est était désormais sure, les gens continuaient à préférer la route de l’Anduin, probablement à cause de toutes les histoires concernant les anciennes terres de Sauron. Ella n’en avait cure. Le mal en Mordor avait disparu depuis des siècles et ses ennemis ne l’attendaient pas sur cette route-ci. De plus, elle avait déjà eu l’occasion de l’emprunter et elle savait qu’il n’y avait rien à craindre. Les officiers du roi veillaient sur toutes les routes du Gondor et il n’y avait pas eu d’incursions des orcs dans la région depuis des décennies.

Sa servante déplia une longue nappe faîte d’un tissu très résistant à défaut d’être esthétique et installa les couverts à même le sol. Ella s’excusa auprès d’Evart pour le confort très relatif mais ils ne pouvaient se permettre de s’arrêter bien longtemps. Ils seraient mieux installés pour la nuit à venir mais elle souhaitait juste se sustenter quelque peu avant de reprendre la route. Le soleil avait atteint son zénith et elle s’était débarrassée de son manteau devenu bien inutile. La température était agréable mais elle avait passé un chapeau en tissu renforcé de fer afin de se protéger du soleil.

Leur déjeuner était frugal et se composait d’une terrine de chevreuil aux cèpes servie sur de larges tranches de pain frais. Des légumes séchés légèrement salés leur servaient d’accompagnement ainsi que plusieurs sortes de fromages venant du Gondor. Des pêches et des poires des vergers du Lebenin venaient compléter le tout. Ella appréciait cette nourriture simple et le fait de manger au grand air, loin de l’étiquette qu’elle avait dû respecter ces derniers mois.

- J’espère que vous n’êtes pas trop gêné par le voyage messire Praven. Malheureusement cette route n’est pas aussi fréquentée que la route du fleuve et les relais royaux sont plus rares. Nous en trouverons un à la frontière entre l’Emyn Arnen et le sud de l’Ithilien aussi jouirons nous d’un repas plus convenable et d’un lit pour cette nuit. Malheureusement, cela ne sera pas le cas pour toutes les nuits et nous devrons nous contenter d’une tente certains soirs.

Ella sentait que le jeune homme n’était guère habitué aux longs voyages par voie de terre. Pour autant qu’elle le sache, il n’avait jamais quitté le Gondor et n’était peut-être même jamais venu dans cette partie du royaume. Aussi, elle décida de l’informer un peu plus sur ce qui les attendait.

- Il nous faudra presqu’une semaine pour traverser l’Ithilien Sud à cette allure. D’ici 6 jours, nous serons rendus aux gués du Poros où nous séjournerons une nuit avant de pénétrer au Harondor. De là, il ne nous faudra qu’un peu moins de deux jours avant d’atteindre mon domaine qui se trouve au nord de Dhar Akbhat. Nous y resterons quelques jours avant de faire route pour Djafa. Si ma mémoire est bonne, deux relais royaux se trouvent sur cette route une fois l’Ithilien atteint, ce qui nous laisse trois nuits à passer sous la tente.

Elle fît un large sourire au jeune homme. Elle espérait qu’il trouverait le voyage plaisant. Elle-même comptait en profiter avant que les obligations de son travail ne la rattrapent. Elle avait toujours aimé voyager par voie de terre. Le bateau la rendait malade, même sur un fleuve aussi calme que l’Anduin dans sa partie sud. Elle se déplaçait par bateau lorsque cela était nécessaire. Le voyage pour Djafa était deux fois moins long par bateau mais nécessitait de passer par la baie de Belfalas. Il fallait donc un bateau rompu à la mer et non simplement au transport fluvial. Une rivière reliait ensuite Djafa à l’Harnen mais cela les aurait obligés à trop se rapprocher des terres sous contrôle des Neuf et à passer par Al’Tyr, ce qu’Ella jugeait bien imprudent. Il était plus sage de prendre par voie de terre même si cela rallongeait leur voyage.

Bien sûr, ils auraient pu se rendre en bateau jusqu’au gués du Poros et continuer à cheval par la suite mais Ella avait préféré ne pas faciliter la tâche à ceux qui auraient pu souhaiter qu’un dramatique accident lui arrive sur le chemin pour le Harondor. Elle serait en sécurité dans le nord du pays mais elle avait trop de détracteurs au Gondor pour prendre un tel risque.

- Messire Praven, que diriez-vous de poursuivre ce voyage à dos de cheval ?

Ella ignorait si le jeune homme était un bon cavalier mais elle ne tenait pas à continuer le voyage dans son char. De toute façon, elle préférait rester près des charrettes, ce qui signifiait que, même à cheval, l’allure resterait plus que réduite. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle aurait voyagé au galop en compagnie d’Evart et d’une partie de ses gardes et aurait laissé les charrettes les rattraper par la suite. Plus tôt ils arriveraient en vue du Poros et mieux elle se sentirait.

#Evart #Praven
Sujet: Une visite de courtoisie
Evart Praven

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une visite de courtoisie    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Fév 2016 - 0:47
L’entretien avec la dame du Sud s’était plutôt bien passé. A dire vrai, Evart était même convaincu qu’Ella se déciderait à avoir recours à ses bon et « loyaux » services. En attendant, il se préparait gentiment à partir au loin. Il aidait donc à former ses deux hommes de confiance : Romantin, ancien comptable pour les Oliri, et Eberyn, ancien secrétaire de son oncle. Les deux jeunes gens étaient brillants, peut-être pas autant que lui, mais brillants tout de même. Le premier avait très rapidement compris les finances d’Evart et de ses activités, il était rapide, efficace et avait une excellente culture financière. Le second avait lui très vite compris la ligne « politique » que c’était fixé Evart dans ses activités à la fois financières et dans l’épicerie, c’était là son rôle, suppléer le jeune hobereau dans sa gestion des affaires. La gestion de son activité bancaire, qu’il dissociait totalement de son activité financière, reviendrait elle à Arcelon, son expérience, sa compétence et sa probité le rendait tout à fait apte aux questions de change, de prêts… qui était son lot quotidien. Avec ce triumvirat d’employés qui, au demeurant, lui coûtait déjà assez cher, Evart n’avait aucune inquiétude sur la direction de son commerce.

Évidemment, il garderait toujours un œil sur ses affaires. Son cousin de Pelargir, qui s’entendait assez bien dans les affaires, lui avait promis qu’il surveillerait attentivement ses affaires. Par ailleurs, Evart attendait des nouvelles régulières, au moins deux fois par semaine, ainsi qu’une copie de sa comptabilité au moins une fois par mois. Il faudrait voir comment il ferait acheminer ce courrier, peut-être par l’intermédiaire d’Ella, dans l’hypothèse où elle le prendrait. Il faudrait qu’il négocie ça avec elle mais, de toute façon, elle devait bien échanger régulièrement, si ce n’est quotidiennement, avec son comptoir d’Osgiliath. Par ailleurs, il travaillait beaucoup à formaliser ses méthodes de travail et ses prises de décision pour bien expliquer à tous ce qu’il entendait faire. Il y aurait probablement un petit temps d’adaptation pour tout le monde mais, après, Evart ne doutait réussir à faire prospérer son commerce tout en restant occupé à d’autres taches. Bref tout semblait aller pour le mieux, pour l’instant.

Puis Evart reçut une lettre qui lui faisait plaisir. La grande marchande du Sud s’était enfin décidée à accepter ses services. Elle l’invitait même à venir à un bal où il devrait être présenté aux convives. Ce serait certainement un grand moment dans la vie du jeune homme qui serait ainsi mit en avant. Cette perspective ne lui était pas dès plus agréable, Evart était un homme de l’ombre qui appréciait peu d’être placé en pleine lumière. Cette perspective avait donc tendance à l’effrayer autant qu’à l’ennuyer. Il lui faudrait certainement se faire violence. D’ailleurs, à quoi pouvait bien correspondre ce poste de « secrétaire particulier » ? Cela pouvait tout aussi bien être un poste quelconque parmi des dizaines ou un collaborateur très proche. Il pourrait tout aussi bien s’occuper de ses affaires personnelles, ce qui n’était pas vraiment ce qui l’intéressait, ou de ses affaires publiques liées à son poste de Grande Marchande, ce qui convenait bien plus à l’ordre social et son sang. Cela limiterait aussi l’opprobre qui toucherait un noble devenu simple commis d’un négociant, une femme qui plus est. Bref il lui faudrait éclaircir cela au plus tôt.

Quoiqu’il en soit, il se devait de préparer au mieux cette soirée. Immédiatement, il écrivit une belle lettre à Dame Desbo. Bien entendu, il la remerciait pour sa confiance avec toute sa flagornerie habituelle. Par ailleurs, il demandait plusieurs détails sur la soirée qui s’annonçait notamment une copie de la liste des invités. Le reste, il préfèrerait en parler directement avec elle, c’était des détails qui ne s’écrivaient pas dans une lettre de ce type. Son idée était simple. Passer les jours qui le séparaient de ce grand bal pour apprendre tout sur tous les invités et, surtout, être capable de tous les reconnaître. Il ne comptait surtout pas y aller mal préparé et il lui faudrait jouer le jeu. Le Jeu, n’était-ce pas un terme tout à fait opportun ?
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Il n’avait pas fallu longtemps aux hommes d’Ella pour répondre aux demandes du jeune homme. Une longue liste de noms faisait suite à une lettre polie. Dedans, il y avait une foule de gens qu’il connaissait déjà, quelques nobles bien entendu, des officiers du Roi divers et variés, surtout des marchands et négociants. Quelques grands noms du commerce mais aussi un certain nombre de gens qu’ils ne connaissaient pas. Il y avait des notables de toute la vallée de l’Anduin et, plus loin encore. S’il parvenait à mettre un visage sur chacun des noms de Minas Tirith, Osgiliath et Pelargir, ce serait déjà bien suffisant. Avec Iroas, son homme de main, il faisait une liste des diverses personnalités, en ajoutant quelques informations qu’ils possédaient sur l’un ou l’autre.

Désormais il faudrait jouer serrer. Prenant de quoi écrire, il demanda à son cousin de Pelargir de lui organiser une petite visite de la ville avec une liste des personnes qu’il souhaitait voir, à tout le moins, entrevoir. Pendant ce temps, Iroas irait faire de même à Osgiliath et demanderait éventuellement l’aide d’un commis d’Ella à son comptoir. Pendant ce temps, lui ferait de même et demanderait l’aide de la Dame d’Ismaren. Il lui faudrait organiser un petit dîner avec quelques personnalités inaccessibles, des gens de la campagne proche voire du Lossarnach. Noyé dans quelques invités proches de la vieille dame, cela devrait passer inaperçu, surtout qu’Evart n’avait pas prévu de participer au repas mais bien d’y assister discrètement. Bref il ferait tout le nécessaire.
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Dans la chambre d’hôtellerie qu’il avait louée pour quelques nuits, Evart se préparait au grand soir. Tout était prêt, il avait pu voir une bonne partie des invités de la fête et, surtout, en apprendre plus sur leurs situations, affaires, intérêts… Aujourd’hui, il s’était habillé avec ostentation, après tout, c’était un grand moment même s’il lui pesait d’une certaine façon. Il arborait un beau pourpoint avec des motifs damassés, dessus, une veste courte en velours épais aux bras fendus avec de larges bordures de fourrure. En outre, il arborait un chapeau, pas très grand duquel dépassait à peine un plumet blanc, et il avait ressertir quelques pierres qu’il conservait, certaines sur le chapeau et sur sa veste, d’autres directement sur le grand collier qu’il portait à la poitrine. Bien qu’il ait un goût pour les teintes froides et sombres, le jeune noble avait l’effort de porter des couleurs chaudes, hommage évident à la patrie d Tandis que son petit char de voyage l’amenait au manoir de Desbo, Evart était pensif. C’était peut-être le seul moment de « repos » qu’il avait depuis qu’il avait appris la tenue de cette réception. En fait, il éprouvait à ce moment précis un certain vague à l’âme, comme si tout le dépassait ou lui paraissait insensé. Sa carriole longeait une longue rue dans laquelle il pouvait voir, à travers les carreaux, des pauvres hères. C’était probablement de jeunes campagnards venus à la ville dans l’espoir de trouver la richesse mais qui, finalement, se trouvaient juste à enchaîner les petites tâches mal payées. Néanmoins il éprouvait un certain frisson, depuis quelques jours il avait l’impression de courir sans parvenir à s’arrêter tant il avait traversé la vallée de l’Anduin en long en large et en travers.

Evart serait bien arrivé plus tôt mais il n’était pas sûr que cela ait eu l’effet voulu. Il avait préféré s’arranger pour louer une chambre dans une petite auberge qui avait vu sur l’entrée de la résidence de la famille Desbo. Se faisant, il pouvait mettre un nom sur les derniers visages qu’il lui restait à voir avant de lui-même s’y rendre. Lorsqu’il entra dans la grande salle de réception, il fut rapidement rejoint par Ella Desbo qui le prit à part pour lui donner quelques instructions. Tandis qu’elle délaissait Eamon de Ronce, celui-ci lança un regard dans la direction d’Evart. Le grand marchand était loin d’être un idiot et il devait donc se douter qu’il y avait anguille sous roche. Inclinant doucement la tête, le jeune homme fit un salut respectueux et sincère à celui qui l’avait aidé. Elle était impressionnante dans ses riches atours malgré quelques fautes de goût qu’il faudrait corriger. D’une voix assurée, il lui fit une réponse tout à fait polie :


- Vous ne pouvez être plus ravi que moi, ma dame. Je vous remercie de votre sollicitude, Dame Desbo mais ne vous inquiétez pas, toutes mes affaires sont en ordre. Il y aura bien quelques détails dont je compte discuter avec vous mais rien ne presse.

Manière discrète d’éluder la question à plus tard, après tout, ce n’était pas le lieu et Ella ne s’attendait certainement pas à ce qu’il lui fasse d’éventuelles demandes ce soir. La suivant jusque dans une petite alcôve, il l’écouta attentivement. Ce qu’elle avait prévu rentrait assez bien dans les compétences du jeune homme. Les mondanités, si elle pouvait le lasser à la longue, lui étaient tout à fait agréables. Toujours aussi empreint de solennité, il lui dit :

- Je vais faire mon possible. Jouant l’insouciance, ce qu’il n’avait jamais eu, et une pointe d’insolence, il demanda. Sauriez-vous où je peux trouver des fruits confits ?

La question allait peut-être étonner Ella mais c’était un peu le but. Tandis qu’elle rejoignait ses convives, Evart fit de même. Pour le moment, tous pouvaient lui parler à cœur ouvert. Après tout, ils ne savaient rien de sa nouvelle situation et ne craignait pas de voir leurs conversations directement rapportée à Ella. Il commençait donc à virevolter entre les groupes d’invités profitant de la présence inopinée de certaines connaissances. L’une de ses plus grosses prises de la soirée se fit à peu près à ce moment-là. Dans un coin d’une des salles de réception, il remarqua la présence du Grand Maître de la Corporation des Epiciers de Minas Tirith en compagnie de Sirius Rutherdast, Premier président du Bureau du commerce de Pelargir qui regroupait les intérêts de la plupart des armateurs de Pelargir. Si cette puissance corporation ne possédait pas de place au Conseil des Grands Marchands, elle était un acteur extrêmement influent et puissant, après tout, ses membres assuraient l’essentiel des activités de la plaque tournante du commerce entre la vallée de l’Anduin et les ports maritimes de toute la côte. Restant à distance raisonnable, bien en vue de son ancien protecteur, Evart attendait qu’on lui fasse signe. En fait, il n’eut pas à attendre puisqu’il fut rapidement introduit en termes élogieux :

- Messire Rutherdast, permettez-moi de vous présenter messire Evart Praven. Ce jeune homme est plein de talents et a grandement aidé la Guilde récemment. Malheureusement il a décidé de partir vers de nouveaux horizons. D’ailleurs où en êtes-vous ?

- Allons, messire. Je ne vous ai pas quitté, je vous ai demandé de m’accorder mon semestre plus tôt.

- Certes mais c’est une coutume qui était tombé en désuétude depuis quelques temps.

- Je comprends, Messire, mais j’ai eu un léger contretemps dans mes affaires.

- Réglé, je l’espère ?

- Bientôt, même si je vais devoir traiter à mon corps défendant pendant quelques temps. Et vous, messire Rutherdast, comment se portent vos affaires ? Avec les événements du Harondor, je suppose que cela doit perturber le commerce des armateurs de Pelargir ?

- En effet, c’est très préoccupant. D’autant qu’en cette période de trouble, Havarian a décidé de nommer une jeune et inexpérimentée demoiselle à un poste si important. La référence à Ella n’aurait pas pu être plus limpide. Il faudrait quelqu’un de plus expérimenté.

- Ne craigniez-vous pas que les accusations au sujet des Goloth soient prouvées ?

- Ce ne sont que de pures allégations. Cette affaire est instrumentalisée pour nuire aux Goloth et placer des pions dociles.

- Je comprends. Messire Havarian semble bien décidé à affermir son emprise sur la Compagnie du Sud.

- Oui, il n’est arrivé là que par l’intrigue et cette Desbo également.

- Soyez certain que je partage votre sentiment. Malheureusement, il faut bien composer.

- C’est bien pour cela que je suis là, ce soir.

- A qui le dites-vous, messire Rutherdast.


La discussion avait eu le mérite d’être clair, c’était même imprudent de la part d’un homme dans sa situation. Ayant obtenu ce qu’il voulait, Evart continua sur des sujets plus légers pendant un long moment. Plus encore qu’obtenir l’information voulut, le jeune homme ne voulait pas saboter une éventuelle relation, surtout avec un personnage aussi haut placé. Il fallait donc lui faire oublier le début de l’entretien, à tout le moins, lui faire croire que cela serait sans conséquence. Une fois qu’il eut pu faire montre de toutes ses qualités de courtisans, Evart repartit à la recherche de nouvelles relations et, pour cette première partie de soirée, ce fut assez fructueux.

Il était encore assez tôt lorsqu’un valet de pied vint le prier de rejoindre la salle principale. Il était en pleine discussion avec un groupe de notables de la Compagnie du Sud. Leurs avis sur la situation de la toute puissante corporation étaient intéressants, certains semblaient opposés à la nomination d’Ella, d’autres semblaient lui être plutôt favorables tandis qu’un certain nombre ne préférait pas prendre parti pour quiconque. Après quelques minutes de discussion autour d’un bon vin de Dol Amroth, Evart s’éclipsa discrètement pour rejoindre la Grande Marchande du Sud. Une fois dans la grande salle, Ella le présenta à l’assemblée des convives. D’une certaine façon, être présenté en second était presque une insulte pour le jeune homme. Finalement, après réflexion, il était bien plus jeune que ce « de Léant » donc cela démontrait, malgré tout, ses plus grandes capacités. La présentation qu’elle fit d’Evart était tout aussi élogieuse et, lui-même, la remercia d’un geste respectueux.

Quittant Dame Desbo, Evart serrait quelques mains de gens qui se pressait dans la salle comme c’était l’usage. A dire vrai, ce n’était pas vraiment eux qui intéressaient le hobereau mais plutôt un vieil homme. Il s’agissait d’Eamon de Ronce sur lequel Evart était tombé « fortuitement ». L’homme n’était pas dupe mais de le saluer chaleureusement :


- Evart, je suppose que vous souhaitiez me voir être le premier à vous féliciter. Tous mes compliments pour votre nomination.

- Messire de Ronce, ce soir, c’est moi qui aie une dette envers vous. Votre aide et votre soutien m’ont été plus que précieuses. Je serai votre éternel abonné.
Prenant une coupe qu’un valet de pied portait, Evart la leva en l’honneur du Grand Marchand de Minas Tirith. Aux Ronce.

Le petit attroupement qui s’était agglutiné autour d’eux porta volontiers son verre en l’honneur d’un homme que beaucoup appréciait. Pour le jeune homme, le coup était double. Premièrement il lui permettait de montrer à tous l’intérêt que pouvait cette grande figure de la Compagnie du Sud. Secondement, cela lui permettait de montrer à Eamon le grand respect qu’il avait pour lui. Discutant rapidement de quelques sujets légers, il prit le pari de lui demander s’il pouvait lui accorder quelques instants. Etrangement, le vieil homme accepta. Evart s’était toujours demandé pourquoi il lui apportait un peu d’attention. Certes il était un jeune homme poli, respectueux des conventions sociales et intéressé, par ailleurs un vrai admirateur d’Eamon de Ronce mais il présentait aussi une ambition peu compatible avec certaines valeurs de Ronce.

Se dégageant de la foule de la grande salle, les deux hommes arrivèrent sur un balcon qui donnait sur l’Anduin. Le calme d’Osgiliath endormie tranchait radicalement avec les bruits incessants de cette grande fête. En sortant, Evart avait demandé à un valet à ce que personne ne puisse les suivre. Il pouvait désormais lui parler seul à seul :


- J’étais sincère, messire de Ronce. Je ne pourrais jamais vous être assez reconnaissant pour l’aide que vous m’avez apporté.

Le grand marchand fit un petit signe de tête, il semblait pensif. Se tenant au balcon, il semblait admirer l’horizon. Le reflet de la lune sur les eaux de l’Anduin était splendide. Dans ce moment, un peu hors du temps, Eamon brisa le silence :

- Il semblerait que, malgré tout, vous n’ayez pas suivi mes conseils.

- Ou,
prenant le temps de la réflexion, peut-être les ai-je trop suivis. Je suppose que cela fait partie du chemin de ma rédemption. Ce chemin que vous m’avez permis d’emprunter, d’une façon. Une nouvelle pause se fit sentir avant qu’une chose revint à l’esprit du garçon. J’oubliais. Evart sortit une sorte de petit médaillon. Je voulais vous remercier pour ce que vous avez fait. Je n’avais malheureusement pas de bouteilles mordues par un chien du Haut-Roi Eldarion, ni même par celui de Sa Majesté.

Cette pièce était finement ouvragée. L’essentiel était d’argent mais un jeu subtil des motifs d’or faisait de cette pièce un très beau travail d’orfèvrerie avec, en outre, quelques gemmes çà et là. L’intérieur du médaillon s’ouvrait sur deux petits camés. Le premier représentait un olivier, représentant l’abondance, la force et la paix, et le second une chouette qui représentait elle la constance d’Evart envers Eamon et l’esprit qu’il mettrait à défendre ses intérêts. Par ailleurs, il y avait une inscription en bordure qu’on ne pouvait malheureusement pas lire à la lueur de la nuit. Cependant, le médaillon se dépliait encore pour laisser apparaître quatre petites peintures sur bois qui représentait la splendide citadelle de Minas Tirith, le port d’Osgiliath avec un bateau de commerce, des vignes avec un château au loin, sur le dernier on y voyait une cave et des fûts de chêne.

Ce n’était probablement pas le plus précieux, le plus touchant et le plus beau cadeau qu’Eamon ait eu. D’ailleurs Evart n’attendait rien en retour, il souhaitait juste montrer sa reconnaissance et il espérait que ce serait pris comme tel. Ils n’allaient d’ailleurs pas tarder à rentrer, après tout, il se devait aux invités de la maîtresse des lieux… Profitant de ses derniers instants, Evart glissa :


- Au fait, que pensez-vous de notre nouvelle Grande Marchande de Sud ? Je dois avouer que je la connais très peu alors que je suis déjà son service et presque dans le Sud.

- Comme tout le monde je suppose. Je n’en sais que ce qui se dit même s’il m’est arrivé de rencontrer son père. Je suppose qu’elle fera de son mieux.


Cette petite discussion avait été assez plaisante pour le jeune noble. Il n’avait certes pas pu avoir beaucoup d’information sur la manière dont il voyait Ella Desbo mais il avait pu faire sa cour auprès du Grand Marchand avec, certes des arrière-pensées, mais aussi du cœur –ce qui était assez rare-. Il pouvait maintenant repartir dans cet incessant ballet de mondanités. S’enquérir de la situation commercial de tel ou tel marchand, des derniers offices de tel ou tel noble de la cour… tout devenait un jeu pour Evart. Puis c’était une excellente entrée à matière pour ce qu’il voulait « réellement » savoir. D’ailleurs il avait même reçu ses premières demandes et requêtes à placer auprès de la Grande Marchande.

La soirée battait son plein et le vin coulait à flots. Comme prévu, les langues se déliaient sous l’effet de l’alcool et le nouveau secrétaire particulier en profitait largement. C’est ainsi qu’il pouvait discuter avec un groupe de marchands qui venaient des divers endroits du Gondor et semblaient être des relations commerciales mutuelles. Après quelques minutes des banalités d’usage, Evart dévoila le « fond » de sa pensée :

- Vous savez, je ne suis à ce poste que le temps de me faire un nom et une réputation.

- Que voulez-vous dire ?

- Cette Ella Desbo n’est guère compétente. Déjà, c’est une femme puis elle manque d’expérience et de talent pour cette charge bien trop lourde pour ces maigres épaules.

- Sur ce point, je ne peux qu’être d’accord avec vous,
concéda le premier.

- Non, je pense qu’elle fera le nécessaire puis le Grand Maître n’est pas quelqu’un de stupide. Rétorqua un autre.

- Vous voulez dire que vous faîtes tout cela par pure ambition personnelle ?

- Parce que vous ne le feriez pas ?
répondit le jeune secrétaire du tac au tac. Il y a une opportunité de me faire des relations et de me rendre indispensable pour préparer la suite, pourquoi m’en priverais-je ? Ne feriez-vous pareil ?

- Certainement pas, j’ai ma conscience pour moi et je pense que la Compagnie doit réussir si on veut qu’elle assure notre sécurité.

- Personnellement, je pourrais ne le faire que dans la mesure où cela ne porte pas préjudice à notre communauté.

- Et vous, mon cher ?

- Oh, personnellement, je vous comprends. Et puis travailler pour cette femme n’est pas ce qu’on appelle un employeur digne de ce nom.

- Je suis bien d’accord.
Répondit Evart. Et vous que pensez-vous de la Grande Marchande ?

- Pas grand-chose pour tout vous dire. Puis je ne fais pas de commerce dans cette partie de la Terre du Milieu alors je fais contre mauvaise fortune, bon cœur.


Les discussions s’éternisaient et le jeune homme avait fait le tour de l’essentiel des personnalités présentes. Il lui restait quelques personnes à voir avant la fin de la soirée dont Gareth Howe. Tandis que les invités vidaient les lieux, Evart s’éclipsa discrètement sur un balcon. Il attendait de pouvoir voir Dame Desbo et profitait d’un instant de repos après cette longue soirée de mondanité. La nuit était noire et la lune très haute, dans quelques heures, il ferait jour. Puis un laquais vint le chercher et l’amena dans une alcôve où il y avait la Grande Marchande du Sud. S’asseyant, Evart commença :

- C’était une excellente soirée, Dame Desbo, on peut dire que vous savez recevoir et la plupart de vos invités ont été enchantées, soyez en certaine. Attrapant un verre propre, il se servit encore un peu de vin doux. Concernant la mission que vous m’avez confiée, je pense qu’il serait plus simple que je dresse une liste précise des positions de chacun et des informations que j’ai pu avoir pendant notre voyage pour le Sud. Pour vous donner déjà quelques généralités, je dirais qu’il y a une forte minorité qui vous regarde avec suspicion voire hostilité. Cependant beaucoup semblent plutôt attendre de voir vos compétences et vos actes. Je dirais même que la majorité d’entre eux serait prête à vous aider si cela était nécessaire. Enfin une minorité, plus petite que les autres groupes hélas, voit votre arrivée plutôt d’un bon œil. S’il fallait résumer la situation, il va falloir que nous montrions que vous avez l’étoffe d’une Grande Marchande. Pour les plus importants, Eamon de Ronce ne semblait pas avoir d’animosité à votre égard, je pense qu’il fait partie de ces neutres bienveillants. Gyan Oliri semble plutôt de votre côté, je suppose qu’il veut faire oublier quelque chose. Par contre le Premier Président du Bureau du Commerce de Pelargir ne vous porte pas dans son coeur. Cependant son avis n’est pas partagé par tous les négociants de Pelargir. La plupart d’entre eux sont des pragmatiques qui espèrent votre réussite dans l’intérêt de leur commerce avec le Sud. Le Maître de la Guilde des Changeurs et Bancs de Minas Tirith ainsi que celui de Pelargir vous sont favorables. Ils espèrent que votre poste renforcera l’influence du Gondor dans la région et participera à la stabilisation de la situation politique. Ils ont perdu beaucoup, et leurs hommes aussi, avec la défaite de l’Emir Radamanthe. Avez-vous des questions plus spécifiques en attendant un rapport détaillé ? Par ailleurs, souhaitez-vous que nous parlions des détails maintenant ou préférez-vous attendre le jour ?
#Evart #Praven
Sujet: Une visite de courtoisie
Evart Praven

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une visite de courtoisie    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 27 Sep 2015 - 21:24

S’étant levé avant l’aube pour partir dès l’ouverture des portes de Minas Tirith, Evart avait loué un cheval pour se rendre jusqu’à Osgiliath. La route reliant la capitale politique du Gondor à sa capitale économique était très empruntée donc particulièrement entretenue mais le jeune homme n’appréciait pas vraiment monter et, encore moins, sur des routes qui restaient malcommodes. Malgré tout, le voyage se déroula sans encombre et il parvint dans l’ancienne capitale sur les coups de midi. Laissant son cheval dans un des relais, il se permit de s’arrêter dans une taverne de bonne renommée pour prendre son déjeuner. Tout cet exercice lui avait ouvert l’appétit et il se doutait que l’après-midi serait longue. Une fois son repas ingurgité, Evart se dirigea vers un établissement de bains pour se laver et se changer avec des habits propres plus convenables. De couleurs toujours sombres, ils montraient une certaine dignité et une certaine froideur. Le jeune homme n'appréciait pas les effusions de sentiments symbolisés par les couleurs bigarrées. Puis il partit trouver l'hôtel de la grande marchande du Sud.

La demeure de Dame Desbo semblait être une fourmilière tant les gens semblaient s’activer à installer la grande marchande dans sa nouvelle résidence. Visiblement, elle venait juste d’acheter cet hôtel particulier. C’était certainement une mesure sage pour un membre influent du Conseil de la Compagnie du Sud, avoir sa propre demeure était un élément important pour montrer qu’on était quelqu’un. Traversant la cour, Evart atteint l’entrée du bâtiment de laquelle un huissier l’invita à entrer. Tandis que le jeune homme pouvait profiter du grand hall d’entrée élégamment décoré, on lui demanda :


- Que puis-je pour vous, messire ?

- Praven, Evart. J’ai une entrevue avec Dame Desbo.

- Elle n’est pas là pour le moment, messire.

- Il n’y a rien de grave, j’attendrais.

- Bien.


L’amenant dans une antichambre, Evart s’installa dans une des chaises. En fait, il avait même choisi avec soin l’endroit où il avait décidé de s’asseoir. Evitant le milieu de la pièce et les fauteuils les plus luxueux, il ne choisit pas non plus un coin sombre sur une chaise de domestique. Tout n’était pas encore en place et cela se voyait. Il y avait encore des caisses pleines dans les coins et certains meubles étaient même encore recouverts de draps blancs. Avec une politesse exquise, un laquais lui proposa un rafraichissement.

L’attente fut assez longue mais Evart savait se montrer patient. Au pire cela lui laissait le temps de réfléchir. Après un certain temps qu’il n’aurait pu évaluer, un bruit se fit attendre puis une porte s’ouvrit et Ella entra. Le jeune homme n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer la dame mais il devait avouer qu’elle en imposait. D’une taille assez moyenne, elle avait des traits d’une grande finesse avec des yeux noirs et splendide chevelure blonde aux reflets roux. Se levant promptement, le jeune homme lui déclara avec une certaine déférence :


- Dame Desbo. Evart Praven pour vous servir.A dire vrai, on n'aurait pu être plus exact. Je ne pourrais avoir plus grand plaisir et honneur que celui de vous rencontrer aujourd’hui. Je tiens à vous remercier bien humblement pour l'entrevue que vous avez accepté de m'accorder.

S’inclinant juste assez pour faire montre de la déférence nécessaire sans pour autant être trop révérencieux en raison de la différence des rangs entre lui qui descendait d’une noble famille et cette femme de roture. Il lui fallait faire montre d’une politesse suffisante sans tomber non plus dans l’excès. De bonne grâce, elle le conduisit vers son bureau où ils pourraient discuter plus amplement.
#Evart #Praven
Sujet: Pour que la terre rapporte de l'argent (ou l'inverse)
Evart Praven

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Pour que la terre rapporte de l'argent (ou l'inverse)    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 24 Sep 2015 - 1:31
Cela faisait plusieurs jours que le jeune Evart quadrillait tous les comtés et bailliages au Sud de Minas Tirith. Depuis plusieurs mois, il avait fait de nombreux investissements dans la région et il voulait s'assurer que la région promettait autant qu'elle le semblait. Pour l'heure, il explorait les terres et tissaient des connaissances avec pour principal objectif d'évaluer la valeur des terres qu'il avait en gage et des domaines de ceux qui lui devaient de l'argent. En fait, son idée était simple, il lui fallait maximiser la valeur nominale des terres gagées pour pouvoir les rentabiliser rapidement puis les revendre et faire un bénéfice suffisant, par contre, il devait minimiser la valeur des domaines des familles lui devant de l'argent pour pouvoir saisir le plus de biens possibles. Comme à son habitude, Evart travaillait dans une zone grise dont la légalité, si elle n'était pas flagrante, n'était pas non plus complètement absente. De toutes les manières, ni les remords, ni les scrupules n'étouffaient la conscience du garçon.

Avec sous le bras une liste des domaines qui l'intéressait, Evart consultait les archives d'un des bailliages du coin. Si on présentait une certaine respectabilité, il n'était pas bien difficile d'accéder à ses documents. Les étudiant, le jeune homme aux dents si longues préparait ses arguments. Cela ne suffirait probablement pas mais c'était toujours un bon préalable à la discussion.

Il faisait presque nuit lorsque le jeune homme rejoignit la demeure de la famille Vrawnen. Comme la majorité des nobles du Gondor, Evart répugnait à dormir à l'auberge. Dans son monde, on se devait d'avoir des amis et des relations susceptibles de vous accueillir. Se rendre dans une quelconque hôtellerie était la preuve d'un manque de relation et cela se faisait, au mieux, dans les grandes villes. Accueilli par la baronne d'Ascion, Evart s’empressa de s’excuser :

- Dame Ascion, je suis sincèrement désolé pour mon retard. J’ai été retenu sur la route.

- Ne vous inquiétez pas, messire Praven. La cloche n’a pas encore sonné, vous avez amplement le temps de vous débarbouiller.


A dire vrai, le jeune homme avait toujours trouvé que la maîtresse des lieux était une personne d’une exquise politesse et fort belle -ce qui ne gâchait-, tout comme sa fille bien que celle-ci fut un peu trop froide et cynique. Le Baron était lui un personnage avec une certaine grandeur, physique et morale, doublé d’un chevalier estimé par ses pairs. Profitant du laps de temps qui lui restait, Evart se lava sommairement -ce voyage dans la campagne gondorienne le recouvrait continuellement de poussière- et prit des habits allant mieux à un dîner de qualité...

Le repas avait été exquis, comme d’habitude, et le jeune homme avait trouvé une excellente compagnie. Apprenant qu’il faisait une étude de l’état des domaines dans la région, le Baron l’avait longuement questionné et il lui avait également demandé s’il serait possible qu’il étudie un peu en détail les terres d’Ascion pour lui donner son avis. De bonne grâce, Evart avait accepté. Cela rallongerait son voyage ici d’un ou deux jours mais c’était pas cher payé pour le gîte et le couvert et, surtout, des relations dans le baillage qui pouvait lui fournir informations de première main, influence et aide. C’est ainsi qu’il avait appris que le bailli avait tendance à se livrer à des activités peu légales, il touchait, volait les deniers du Roi et se livrait allègrement à la prévarication. A peu près tout le monde le savait ici mais l’homme était puissant et les gens du cru n’avait nul moyen de dire quoique ce soit. Ce ne serait pas sans faire les affaires du jeune homme.

Marchant à travers les rues de la petite ville du bailli -qui méritait à peine ce nom tant elle était minuscule -, Evart repensait à la charmante hospitalité de ses hôtes. Il était tellement agréable d'être reçu par des gens de qualité. Tout était prêt pour sa discussion avec le bailli et, comble de la chance, il avait à peine attendu quelques minutes avant d'être reçu. Le bailli Boldehaut collait à l'image qu'on se faitlsait d'eux a la campagne: petit, arrogant, un air de parvenu, gras et se donnant toujours urbain pressé. Échangeant quelques banalités d'usage, Evart attaqua directement dans le vif du sujet :


- Messire Boldehaut, si je me présente à vous, c'est pour vous évoquer les impôts qui touchent un certain nombre de terres et domaines de votre bailliage.

- Eh ben ?

- Il me semble que vos comptes ne sont pas justes et que certains domaines sont bien trop taxés au regard de leur capacités réelles. Je suis totalement convaincu de votre bonne foi, c'est entendu mais il conviendrait de remettre les registres au vrai.

- En quoi cela vous regarde ?

- Parce que je m'intéresse de très près aux domaines de la région.

- Et qui êtes vous donc pour me parler sur ce ton ?


- Qui je suis ? Sachez, Monsieur, que je travaille pour des membres parmi les plus éminents de la Compagnie du Sud et du Conseil des Grands Marchands, ce n'etait évidemment pas le cas là mais Evart jouait sur la confusion entre le travail qu'il réalisait et la raison de sa venue ici, que je connais personnellement l'émir du Harondor, à nouveau, Evart jouait sur la confusion entre Taorin et Radamanthe, ainsi que l'intendant d'illicis, encore une fois c'était un peu exagéré mais à partir du moment où on avait eu unentretien personnes avec lui, ne le connaissait on par personnellement ? Peut-être voudriez vous que je lui demande de lancer une enquête sur les registres du bailliage, je suis convaincu qu'on. Donnerait raison à mon point de vue puisdes contrôles ne font jamais de mal dans l'administration du roi, n'est il pas ?

La menace à peine voilée d'Evart eut son petit effet. Le jeune homme ne manquait pas de baroud et puis son nom -il venait tout de même d'une famille estimable- avait achevé de convaincre l'officier qu'il pouvait mettre ses menaces à exécution alors que lui n'aurait pas mis sa main au feu.

- Je comprends votre demande messire mais si le revenu diminué, le trésor va me demander des comptes.

- C’est évident. Cependant s’il y a des domaines surestimés, il y en a nécessairement dont vous avez sous-estimé la possible contribution au finance de notre bon Roi. Au cours de mon étude dans la région, je me suis permis de faire une petite liste des contributions possibles de chaque domaine de la région. Je me disais qu’elle ferait une excellente base de travail pour vous, n’est il pas ?


Tendant un papier anonyme, Evart exultait. Il avait trouvé un moyen d’améliorer sa rentabilité tout en préservant, au mieux, sa réputation. Il était facile d’être modeste et honnête lorsqu’on était déjà un grand personnage mais lorsqu’on voulait s’élever, il fallait souvent faire preuve de cynisme. Malgré tout, le jeune homme voulait préserver son nom et celui de sa famille. L’entrevue ne dura pas longtemps, le bailli ne voulait pas qu’elle se prolongea tant tout cela le déplaisait et Evart ne le voulait pas plus tant cela commençait à l’ennuyer. D’ici six mois à un an, il pourrait récolter les fruits de son travail. Les domaines et terres de la région auraient payé leurs impôts, tailles… montrant qu’ils acceptent l’évaluation minorant la valeur de leurs biens. Puis ce serait Evart d’en profiter pour saisir le plus possible et remettre en état ce qui tombait en lambeaux. Pour le moment, tout était parfait.

#Evart #Praven
Sujet: Parce que des gens sont faits pour s'entendre...
Evart Praven

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Rechercher dans: L'Auberge des Murmures   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Parce que des gens sont faits pour s'entendre...    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 14 Juil 2015 - 1:26
Arrivé en tout début de soirée, Evart avait profité de la cohue pour commander à boire, s'installer dans un coin sombre puis s'éclipser après un petit quart d'heure à l'étage. Tâchant de tirer les leçons de sa précédente entrevue avec Taorin qui s'était arrivée calamiteuse, il voulait maintenant bien faire. Pour faire au mieux, il avait chargé Iroas de demander à un des ex-mendiants à son service de prendre une chambre pour quelques jours ainsi qu'une bonne bouteille de vin et quelques gâteaux secs pour l'entrevue. C'était seulement ensuite qu'il avait demandé une entrevue au seigneur pirate. Pour cette soirée, il avait choisi un pourpoint sombre de belle qualité qui le rendait discret dans la pénombre, en plus, il portait un grand manteau de laine, épais et assez grossier, il lui assurait la meilleure discrétion possible -au regard de sa situation et ses compétences-.

Au début de la soirée, il avait été étonnamment calme. Bien qu'il ait peu d'appétit et l'estomac noué, il avait grignoté quelques biscuits -ils étaient tout à fait exquis- puis il fit les cent pas avec une certaine angoisse. Son plan était-il vraiment parfait ? Le seigneur Taorin allait-il accepter le marché qu'il voulait lui soumettre ? Est ce que des yeux ne l'avaient pas vu ce soir ? Il avait eu la désagréable sensation d'être épié mais, d'un autre coté, il était véritablement paranoïaque. Puis avait-il vraiment le droit de faire ça ? On disait que le Grand Maitre Havarian était un homme intraitable, fourbe et cruel. Evart ne risquait il pas de mettre toute sa famille en danger ? Cependant que l'heure du rendez-vous approchait, le jeune homme entrait dans un état de bouillonnement.

Oui, il avait le droit de faire ce qu'il comptait faire. Pouvait on lui reprocher de faire tomber celui qui travestissait sous de bons sentiments la plus affreuse politique ? Il faisait de la Compagnie du Sud un trésor à partager à ses putains. Plus encore que la justice, c'était sa vengeance qu'il voulait obtenir. Havarian avait voulu le briser et ce serait Evart qui le ferait tomber. Desbo devrait payer son outrecuidance de l'avoir mise à sa porte comme un malpropre. Maintenant son plan était simple. Il était prêt à céder beaucoup à Taorin pour obtenir suffisamment d'argent pour vivre mais il souhaitait aussi l'aider dans la guerre future qui ruinerait définitivement la putain du grand maître. En attendant, il s'infiltrerait dans l'organisation de Desbo et la discréditerait pour la faire tomber elle -la corrompue- et son amant.

Alors qu'approchait l'heure de rendez-vous, Evart tâcha de se calmer et s'installa confortablement dans un fauteuil. Prenant calmement sa respiration, il réajusta ses vêtements et passa un coup de peigne dans ses cheveux. Puis il entendit un coup sur la porte et vit entrer le Seigneur Taorin qui ferma la porte derrière lui. Se levant il s'inclina respectueusement et salua son interlocuteur avec son ton le plus formel :


- Votre Altesse, je vous remercie infiniment pour votre venue à cette petite entrevue.

Une fois les formalités passées, Evart leur servit un verre de vin à chacun et commença par une bonne nouvelle en sortant une feuille pliée en quatre :

- Votre Altesse, suivant notre accord précédent, je me permets de vous donner ceci. J'ai profité d'un récent voyage à Pelargir pour obtenir quelques informations sur des navires en partance de la cité portuaire. Vous trouverez là les dates et itinéraires de quelques navires.

Tendant le pli au seigneur Taorin, celui-ci le regarda avec attention et semblait satisfait. A dire vrai, c'était surtout un gage de bonne volonté pour se mettre en de bonnes conditions pour la suite de la discussion. Ainsi il reprit d'un ton un peu misérabiliste :

- Je suppose que vous ne savez pas ce qui m'arrive ? Le maître de la Compagnie du Sud Havarian a appris notre petite négociation de la dernière fois et il m'a écarté de toute affaire liée à la Compagnie et ma réputation est en train de prendre un sale coup. Je ne pourrais bientôt plus commercer avec les membres les plus éminents de la Compagnie. Vous comprendrez qu'en l'état, notre accord n'est donc plus tenable pour moi.

S'éclaircissant la voix, Evart prit une voix plus sérieuse :

- Comme vous le savez, je ne mâche pas mes mots et j'aime aller à l'essentiel. Je cherche à me venger. Me venger de lui et me venger d'Ella Desbo, nouvelle grande marchande pour le Sud. Dans cette optique, je pense que nous avons des intérêts tout à fait convergents, n'est il pas ? Vous savez comme moi quel est le passé de Seamon Havarian, s'il tombe, cela n'en sera que mieux pour vous et vos affaires. Laissez moi vous expliquez ce que j'ai prévu.

Premièrement, je souhaiterai me lancer dans un commerce qui ne nécessite pas de passer par la Compagnie. J'avais pensé par exemple à faire de la contrebande et du commerce secret avec vos états comme des herbes illégales et addictives. On pourrait penser aussi à traficoter vos dernières prises de guerre. Que ce soit en mer ou à Dur'Zork, vous avez accumulé un grand nombre de richesses qu'il vous faudra bien vendre pour accroitre vos stocks d'or, d'argent. D'autre part, vous auriez certainement besoin de bois de construction pour produire de solides navires et des armes d'acier introuvables au Sud. Ce que je vous propose donc est de nous enrichir mutuellement en réalisant, pour votre compte, commerce avec le Gondor et les royaumes du Nord.

Mon idée pour nous débarrasser de Desbo et Havarian est d'impliquer la première dans des trafics et activités illégales qui la discréditeront définitivement et provoqueront sa chute. Comme elle n'est qu'un homme de paille du grand maître, il chutera inévitablement nous libérant tout deux d'un ennemi pesant. En échange de votre concours à leur ruine, je suis prêt à faire beaucoup. Je suppose que, bien que négociant la paix, vous vous préparez à la guerre car, une homme comme vous, ne se contentera pas uniquement de la moitié des terres de Radamanthe et qui appartiennent normalement au peuple haradrim. Est ce que je me trompe ?

Dans cet objectif, je suis prêt à devenir un agent actif et dévoué à votre cause. Comme vous le savez, une information secrète n'est jamais vraiment secrète. Les grands de ce monde ont toujours besoin de petites mains efficaces qui les aident et les soutiennent dans leur tâche. Ma famille fait partie de ces petites mains serviables. Vous y trouverez les secrétaires de la plus haute noblesse, des chevaliers servant le Roi ou le Prince Radamanthe, des officiers de la Marine de Dol Amroth... Bref une foule de gens qui, après de banales discussions en famille, seront à même de m'informer, donc de vous informer, sur les volontés et désirs des puissants du Gondor.

Je pense que nos intérêts mutuels seraient alors favorisés, ne pensez vous pas ?
#Evart #Praven
Sujet: Sur le chemin de la rédemption
Evart Praven

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Rechercher dans: L'Auberge des Murmures   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur le chemin de la rédemption    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 24 Juin 2015 - 1:53
Après avoir été très fier et inquiet d'avoir eu le premier sujet me concernant dans l'Auberge des Murmures (inauguré pour l'occasion ?), je suis maintenant très fier et inquiet de pouvoir poster mon premier post dans ce même établissement langue

Traversant les rues d'un pas rapide la ville d'Osgiliath, Evart se faisait distrait. Après s'être quelque peu rassuré sur sa situation, il éprouvait maintenant une vive inquiétude à mesure que cette rencontre désagréable s'approchait. Il ne faisait pas encore totalement nuit. Son inculture, désormais affichée, des arcanes de la Compagnie du Sud l'énervait au plus point. Pouvait-il tolérer d'être aussi stupide pour avoir fait ce qu'il avait fait avec une connaissance aussi maigre des rouages de cette institution ? En politique anfalaise, il ne pouvait se dire mauvais, au sein de la Guilde des Épiciers, il avait bien compris les mécanismes et les enjeux mais là, il avait des carences particulièrement importantes. Intérieurement, il se jura de palier à ce problème et il lui faudrait prendre le temps de lire le plus grand nombre d'archives publiques de la Compagnie du Sud. Certes elles ne consignaient pas tout et ne permettaient pas de comprendre avec une grande finesses tous les rouages mais, en s'exerçant un peu, on pouvait comprendre l'essentiel et éviter les erreurs aussi grossières. Plongé dans ses réflexions, il approchait du Lion d'Argent quand il fut bousculé. Déjà particulièrement tendu par sa situation actuelle, il se retourna avec un air passablement énervé... Lorsqu'il reconnut une jeune femme à l'allure et élégante, il ne se permit aucun commentaire. En temps  ordinaire, il se serait permit une remarqua agréable voire même ironique pour s'excuser mais il ne vivait pas ce qu'on pouvait appeler un moment ordinaire. Tout à coup, il remarqua son sourire entendu et, d'une voix douce presque murmurante, elle lui dit :

- A travers l'ombre jusqu'à la fin de la nuit.

Ce n'était donc pas une coïncidence mais qu'est que cela signifiait ? Voulait-on juste lui indiquer qu'il était surveillé ? Voulait-elle qu'il la suive ? Alors qu'il se retournait, la jeune femme avait disparu et, ne sachant que faire, il continua sa marche vers l'auberge. A un moment, il sentit comme quelque chose qui glissait entre ses doigts et il put rattraper un petit mot :

Une posture bien fâcheuse pour un marchand plein d'ambition et de qualités. Pense t-il qu'il sera bien reçu par celle à qui l'héritier du Lion a demandé expressément de s'occuper du jeune coq ? Peut-être ou peut-être pas … Il y a des moyens de s'assurer une place bien chaude... D'être certain de passer à travers l'ombre jusqu'à la fin de la nuit.
Rendez-vous chambre numéro 6 à la Sirène Futile.
G.H


Alors qu'il était devant la porte de l'auberge, Evart fourra la lettre dans sa poche et se détourna de l'établissement d’hostellerie. Au début, il avait hésité à passer par des petites rues pour éviter d'être suivi mais il avait bien assez de soucis comme ça et ne souhaitait pas vraiment être agressé en plus. Il se décida donc à repartir vers une des grosses artères de la ville et se trouva près d'un brasero où il prit cinq minutes pour analyser la lettre. La première phrase était de peu d'utilité bien qu'elle laissât entrevoir une lueur d'espoir pour le jeune homme. La deuxième était elle déjà plus intéressante où son interlocuteur se demandait si Dame Desbo accepterait les excuses d'Evart ou pas. Par contre, ce dernier appréciait assez peu la mention de « jeune coq », certes il était jeune, certes il était ambitieux mais il ne s'estimait pas comme quelqu'un qui se pavanait.

En relisant cette phrase, Evart se demandait si on ne pouvait pas analyser le terme « reçu » pour le voir comme une simple entrevue. Après tout, la lettre n'était pas signée E.D et il ne la verrait peut-être pas aujourd'hui... La phrase suivante fut elle dès plus intéressant et pouvait donner un peu d'espoir, s'il avait les moyens de se faire une place « bien chaude » dans le jeu du Grand Maître, c'était évidemment une occasion à prendre. Même s'il ne serait pas gratuite, c'était évident. La dernière phrase était encore plus énigmatique, elle avait quelque chose de poétique mais Evart ne parvenait pas à trouver quoi précisément. Enfin on lui fixait un rendez-vous immédiat à la Sirène Futile. Rien que le nom de cet établissement était tout un programme. Bien qu'il ne connut pas le lieu, le jeune hobereau se doutait bien qu'il abritait un type de sirènes fort gentilles et vénales. Au regard, du nom, il se trouvait certainement vers le port. Il eut rapidement confirmation en hélant un garde qui passait là. Enfin il y avait ces lettres G.H qui lui rappelaient aussi quelques choses.

Se dirigeant vers le port, Evart avait encore tout son esprit au décodage de cette lettre. Qui pouvait bien être ce G.H ? Cela lui disait quelque chose, évidemment, mais malgré sa mémoire exaltée, il ne parvenait pas à trouver un nom précis et convenable. Il cherchait parmi toutes les personnes qu'il connaissait ou dont il avait seulement entendu parler. Une fois les anfalais éliminés, il ne restait plus grand monde : deux marchands de la Cité Blanche, deux à Osgiliath, trois fonctionnaires et un commis de la Compagnie du Sud -Gilraen Heron-. S'il avait bonne mémoire, c'était un banal commis au sein du siège de la Compagnie. Évidemment c'était une couverture tout à fait convenable pour s'occuper d'affaires occultes. Il y avait tellement de servants qui, partout, ne faisaient rien alors un de plus ou de moins … Convaincu qu'il allait rencontrer ce Heron, Evart continua son périple jusqu'au port mais, tout à coup, il eut une autre idée. Un certain Hove, Gareth ou Gaheth -il n'était jamais parvenu à déchiffrer cette lettre- qui était apparu dans un rapport quelconque du comptoir des Oliri de la Cité Blanche. C'était un marchand d'huile qu'on disait fort peu avisé en affaires et très endetté. Après tant d'années, cela pouvait paraître louche à tout le moins intéressant. Serait-ce un signe d'une réelle influence ? Evart n'était pas assez connaisseur pour le savoir. Cette fois, il ne se ferait pas prendre deux fois à ce jeu... En réfléchissant encore, il se rappela aussi d'un certain Heamon Goram qui tenait un petit domaine dans la région et possédait même une carrière. Un domaine suffisamment grand et isolé pouvait aussi être une chose intéressante. Bref, le flou régnait encore dans la tête du jeune homme.

Ne parvenant à défaire cet écheveau de fils, Evart préféra alors se concentrer sur cette phrase « A travers l'ombre jusqu'à la fin de la nuit ». Il ne pouvait dire pourquoi mais cela lui rappelait furieusement quelque chose mais il ne pouvait dire quoi précisément. A dire vrai, cela lui rappelait des souvenirs lointains de son enfance. N'appréciant que peu cette période de son existence, il avait longtemps refoulé ses souvenirs peu agréables et se voyait maintenant obligé de les triturer. A force d'efforts, Evart se rappela cette petite chanson sous forme de poème que lui avait apprise son vieil oncle le Seigneur d'Imbel et il se mit à la fredonner :


La maison est derrière, le monde est devant,
Nombreux sentiers ainsi je prends,
A travers l'ombre jusqu'à la fin de la nuit
Jusqu'à la dernière étoile qui luit
Brumes et nuages noyés dans l'obscurité,
Tout va se mêler, tout va se mêler,


A l'époque, son oncle lui avait appris cette chanson qui convenait si bien à ce petit garçon mélancolique et triste que l'on arrachait à son foyer familial pour envoyer au loin vivre chez des inconnus. Au plus profond de son enfance, ce poème l'avait profondément marqué. On l'avait quasiment mis à la porte de chez lui pour l'envoyer sur les routes et il avait dû traversé bien des obscurités avant d'obtenir une vie, à minima, convenable. Après tout ne fallait-il pas déjà du courage pour traverser une enfance malheureuse ? A mesure qu'il repensait à cela, une émotion puissante remontait en lui mais Evart la repoussait. Ce n'était le moment pour une crise de neurasthénie et de dépression. Essayant de sortir de ses idées noires, le jeune homme préféra réfléchir à la signification que cela pouvait prendre maintenant.

Le premier vers pouvait se comprendre d'au moins deux façons. La première était de se dire qu'il lui faudrait sortir de sa « routine » pour survivre à ce coup du sort, la seconde, plus pragmatique et réaliste, était de se dire qu'il allait devoir quitter Minas Tirith pour voyager dans le monde -à tout le moins dans un autre pays-. Lié à cela, le deuxième vers indiquait que le chemin serait évidemment long et le rappelait à sa condition de « traître ». Les deux vers suivants pouvaient montrer à la fois la difficulté de ce qui l'attendait, l'objectif qu'il souhaitait maintenant atteindre, qu'il ne faudrait pas perdre espoir avant que la dernière des étoiles ne cesse de briller. Enfin Evart interprétait les derniers vers comme une mesure de la complexité de ce qu'il attendait qui serait flou, indéfini, compliqué dans un contexte tout aussi peu clair qui pourrait faire s’emmêler les conclusions et les fils au point de ne plus distinguer le vrai du faux. D'un autre coté, cela pouvait aussi simplement dire que des domaines autres que simplement commerciaux allaient se mélanger. Pour quelqu'un qui pensait à surtout ne pas faire de politique mais qui faisait exactement le contraire, cela ne manquait pas de sel...

Après ses multiples réflexions, Evart esquissa comme un sourire. Depuis toujours il avait tendance au secret, à la manipulation et à la fourberie. Cette ambiance de complot, ces rendez-vous secrets, ces messages cryptés et espions à tous les coins de rue lui faisait indéniablement quelque chose. Bien que sa réaction puisse être considéré comme légèrement enfantine, il ne pouvait nier qu'il appréciait aussi ce genre de situation. Tout à coup, il arriva près d'une demeure assez élégante aux petites fenêtres. Dans une rue perpendiculaire au fleuve, il remarqua l'enseigne qui représentait une sirène. Il était donc au bon endroit... S'approchant il croisa inévitablement un garde qui faisait deux têtes de plus que le garçon et se permit de le jauger. D'une voix rauque et peu amène, il lui dit :


- Ce n'est pas pour les marins ici, dehors.

- Ai-je l'air d'un marin ?
Lui répondit Evart du tac au tac en présentant des mains délicates et certainement pas habitués au travail manuel.

- Non, mais ça vous donne pas pour autant le droit d'entrer.

- Monsieur. Fils d'un grand aristocrate. Marchand au sein de la Compagnie du Sud. Grand officier des guildes de la région. Collaborateur des plus grands personnages de la ville. Et je ne pourrais pas entrer. Voyez ce tissu, je doute que vous pussiez vous le payer avec votre solde à l'année …
rétorqua-t-il en montrant le pan intérieur de son pourpoint.

A dire vrai, Evart avait toujours tendance à exagérer un peu. Ce tissu de damas noir était certes assez précieux -d'ailleurs Evart ne l'utilisait que dans les grandes occasions- mais il restait moins cher que les lourds habits de fils d'or que portaient certains marchands et nobles. De même se qualifier de « grand officier » était un peu prétentieux même s'il était convaincu que toutes les finances de la guilde reposaient en fait sur ses frèles épaules. C'était d'ailleurs pareil pour sa collaboration avec les éminents personnages de la ville : certes Gyan Oliri était influent mais il ne travaillait pas vraiment le Sire de Ronce et pas encore pour Havarian. Fort heureusement pour lui, Evart avait du bagout et savait se montrer sur de lui. Avec un soupçon de mauvaise grâce, le garde le laissa entrer.

Jetant à peine un œil à la décoration, il ne lui fallut pas longtemps pour la trouver de très mauvais goût : trop opulente, trop dorée, trop parvenue. Il régnait ici une sorte d'épaisse fumée qui protégeait l'intimité des sombres alcôves. On pouvait évidemment voir de jolies femmes légèrement vêtues mais aussi des jeux d'argent... Bref tout ce que le garçon abhorrait. Par contre un petit homme tout à fait élégant lui demanda poliment :


- Bonsoir Messire. Que puis-je faire pour vous ?

- J'ai rendez-vous dans votre établissement. Chambre 6, ce me semble.


Face à la réaction de ce petit homme, Evart resta frappé d'une certaine incompréhension. Il affichait un sourire étrange et tout à fait indescriptible. Attrapant une clef sous le contraire, ce serviable personnage le mena à l'étage, ouvrit la porte et lui remit sa clef. Laissant Evart seul dans cette chambre, il s'éclipsa. Encore une fois, le hobereau put constater combien il appréciait peu ce genre d'établissement : des coussins multicolores trônaient ça et là, un lit aux draps de soie dans un coin, des lambris aux sculptures dorées... Il n'y avait encore personne -à part lui, bien entendu-. Refermant soigneusement la porte à clef, Evart se dirigea vers la petite fenêtre. Située dans un petit renfoncement du mur -c'était une sorte d'alcôve-, il s'assit sur la banquette taillée à même la roche du mur. Pris d'un moment de vague-à-l'âme, il admirait par la fenêtre le fleuve et les maisons illuminées au loin. Sa jambe commençait à lui faire mal à force de cavaler dans toute l'Anorien... Quoiqu'il en fut, il était maintenant dans la gueule du loup à attendre pour savoir à quelle sauce il allait être dévoré.
#Evart #Praven
Sujet: Il n'est pas de marchand qui toujours gagne [PV Evart]
Evart Praven

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Il n'est pas de marchand qui toujours gagne [PV Evart]    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 11 Juin 2015 - 19:33
Parti dans la matinée de Minas Tirith dans un petit char loué pour l'occasion, Evart arriva assez tôt à Osgiliath où il se permit un repas puis un bon bain aux étuves pour se décrasser de ce long voyage. Profitant du temps qu'il lui restait, le jeune homme se permit de faire un tour dans la ville, d'aller jusqu'à la bibliothèque de la Compagnie du Sud avant de profiter un peu de cette fin de journée agréable avant de rejoindre le palais des Ronce.

Alors qu'il arrivait dans la grande demeure de la famille Ronce, Evart fut poliment invité dans un des salons de la demeure Ronce par un serviteur au bon goût exquis. C'était la chance des maisons les plus fortunées que d'avoir des domestiques de qualité ayant une parfaite connaissance de l'équilibre à trouver entre le sérieux, la sollicitude et une attitude néanmoins agréable. Pour tout dire, Evart enviait les Ronce d'avoir un maître d’hôtel aussi professionnel. Par contre, le jeune hobereau aimait bien peu l'opulence et la magnificence dont faisait preuve les Ronce. Certes Osgiliath n'était pas de Minas Tirith et les marchands dirigeaient la ville mais Evart n'aimait pas ce luxe de parvenu et de familles de peu d'ancienneté. Néanmoins il profita de la sollicitude du laquais qui lui proposa une assiette de petits gâteaux secs ainsi qu'un verre d'alcool.

Laissant aller le serviteur, Evart savoura un petit gâteau à la myrtille -il était tout simplement divin- et se permit de tremper les lèvres dans la coupe d'hypocras. Par bonheur, il ne lui fallut pas longtemps pour être introduit dans le bureau du grand marchand. Celui-ci était grand mais d'un meilleur goût et restait relativement sobre. Au fond, trônait un grand bureau derrière lequel le jeune homme pouvait apercevoir le Seigneur de Ronce. D'une politesse tout à fait bienvenue, celui-ci se leva et vint lui serrer la main. Tout de suite, il remarqua les traits tirés de l'homme qui paraissait plus vieux que l'âge qu'on lui attribuait emais il faisait preuve d'une amabilité presque humble :


- Messire de Ronce, je suis très honoré de vous rencontrer mais vous me faites bien trop d'honneurs, je ne suis qu'un modeste marchand au sein de l'honorable Guilde des Epiciers de la Cité Blanche.

De manière étonnante pour un marchand aussi influent que lui, Eamon de Ronce paraissait simple et modeste, ce qui résonnait particulièrement avec Evart. Malgré son ambition et son âge, il avait eu une éducation conservatrice qui prônait, outre une certaine humilité en propre, le caractère secondaire du pouvoir de l'argent, c'est à dire essentiellement marchand, sur le pouvoir politique, c'est à dire celui du sang. Alors qu'il lui demandait de se présenter plus avant, Evart répondit sans fausse modestie :

- Messire. Je suis né en Anfalas, il y a de cela une vingtaine d'années puis je suis venu m'occuper des biens familiaux dans l'Anorien et la Cité Blanche, il y a quelques mois. Je suis donc entré au service comme Secrétaire au Trésor de la très honorable corporation des Épiciers que vous connaissez bien, en tant que importateur de vins vers Minas Tirith, il devait forcément passer par la bénédiction de la corporation qui avait encore le monopole de l'importation de produits alimentaires. Je me suis également mis au service de Messire Gyan Oliri sur une affaire où il risquait de perdre quelques intérêts.

C'est alors que le seigneur de Ronce lui proposa une bouteille d'un grand vin qui avait une histoire tout à fait particulière. Admirant la bouteille, Evart n'osait même pas imaginer son prix et, d'une façon, il était assez choqué. Même s'il ne pouvait que louer son sens de l'hospitalité, Evart estimait qu'un vin comme celui-ci se devait d'être gardé pour les grandes occasions et pas pour recevoir un simple correspondant. C'était probablement un reste de son éducation provinciale modeste et austère -ce qui n'empêchait pas, au demeurant, de proposer un bon vin-. Quelque peu gêné, Evart déclara :

- Messire, vous me faites bien trop d'honneurs, vous devriez le garder pour un hôte de meilleure qualité que moi.

Face au regard insistant du grand marchand de Minas Tirith, Evart accepta la coupe de vin qu'il lui tendait. Connaisseur, il en contempla la robe en donnant à la coupe un mouvement circulaire. Puis il l'approcha de son visage et en sentit tous les arômes. Effectivement c'était un vin d'une grande qualité. Ensuite il reposa la coupe et se permit d'en parler quelque peu avec le sire de Ronce. Ne voulant pas l'occuper trop longtemps, Evart se permit de continuer :

Concernant le sujet de notre entrevue, je ne vous demande rien et, se faisant, je puis vous apporter énormément. Au cours des festivités qui ont célébré le mariage de Sa Majesté le Roi d'Arnor, j'ai eu l'opportunité de négocier avec le nouvel émir autoproclamé du Harondor. Ces négociations m'ont permis d'obtenir de substantiels dégrèvements d'impôts et taxes sur le commerce entre le Nord et le Sud que je souhaite mettre à votre entier et complet service. J'ai eu vent de toute l'opposition qu'il y a eu entre les maisons Goloth et Ronce lors de la mort de feu-messire de Sora. En vous proposant de mettre à votre entière disposition les dérogations que j'ai obtenu, je vous propose donc de développer un commerce dès plus profitable avec le Sud et démontrer à la maison Goloth que la gloire et la grandeur des Ronce peuvent les atteindre sur leur propre terrain. Dans les grandes lignes, c'est ce que je souhaitais humblement vous proposer, Messire.

Pour tout dire, Evart aurait pu aller plus avant en se laissant aller à son penchant naturel de la discussion mais il n'osait pas vraiment. Il n'avait pas à affaire à un vulgaire noble voulant placer son argent chez lui puis sa démarche était déjà suffisamment osée pour ne pas trop en rajouter avant d'avoir la première réaction de Messire de Ronce sur la question. Affichant toujours une mine imperturbable, le jeune homme attendait maintenant la réponse du vieux marchand.
#Evart #Praven #Ronce
Sujet: De nouvelles affaires pour un marchand ...
Evart Praven

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De nouvelles affaires pour un marchand ...    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 3 Mai 2015 - 1:33

Écoutant attentivement l'Intendant, Evart put remarquer toute son habileté. Prétextant qu'il ne pouvait lui demander de prendre autant de risques, il lui montra aussi qu'il lui imposait presque de servir ses intérêts. Bien qu'il aimait pas qu'on lui force la main, le jeune homme ne pouvait qu'admirer cette manière de faire : « Je ne peux rien vous demander mais quand même… ». Renouvelant sa fidélité à l'Intendant et au Roi, le garçon protesta de sa dévotion et l'assura qu'ils reviendraient vers lui à la moindre information importante qu'il aurait. Alors qu'Alcide repartait à ses affaires, Evart fit de même en saluant son oncle puis en rentrant chez lui. Dans sa demeure l'attendait son brave Iroas, c'était désormais son seul homme sûr à Minas Tirith. Maintenant que le fidèle Harlaus était mort, il avait certainement perdu un précieux soutien logistique et moral. Bref, toujours inquiet, il demanda à Iroas de faire espionner l'auberge des haradrims. Il souhaitait un travail discret fait par un de ses mendiants mais il ne voulait absolument pas qu'il soit impliqué en personne. Il avait déjà assez perdu ces jours-ci et ne souhaitait pas prendre plus de risque.

Après avoir congédié son serviteur, il se claquemura dans son bureau et fut atteint d'un grave crise de mélancolie. L'excitation passée, il décompensait gravement et se sentait de plus en plus mal. Atteint d'un vertige soudain, il s'effondra sur son large et profond fauteuil. Qu'avait il fait ? N'était-il pas fou d'avoir fait ça ? Evart s'était toujours dit qu'il ne se mêlerait jamais de politique. C'était bien sûr un moyen de faire fortune plus aisément mais c'était dangereux. Très dangereux. Se mêler de politique était bien risqué pour un marchand. Ces réflexions rongeaient l'esprit d'Evart qui se complaisait dans une angoisse dévorante. Il s'était mis au service de Taorin au risque de se faire exécuter pour trahison par le Roi du Gondor. Puis il s'était mis au service de l'Intendant au risque de se faire massacrer par les pirates haradrims. Désormais il marchait sur un fil et risquait à tout moment de chuter. A dire vrai, il avait prit bien trop de risques et il pouvait maintenant mourir à tout instant. Dévoré par cette profonde angoisse, Evart ne pouvait absolument rien faire. Son esprit embrumé par la mélancolie, il n'arrivait plus à rien faire.

Essayant tant bien que mal de se rassurer, après tout, il ne manquait pas d'intelligence -il en était certain- et pourrait arriver à s'extirper de ce guêpier, il ne parvenait pas à sortir de cette profonde mélancolie. Pour s'aider dans cette tâche, il commença à boire du vin chaud et des tisanes de plantes qui le calmait. A dire vrai, cela n'entravait en rien son esprit délirant qui se perdait dans les affres de la désolation. Tétanisé à l'idée de faire quoi que ce soit -au plus grand dam d'Iroas qui se présentait régulièrement chez lui-, Evart resta enfermé pendant presque trois jours. Émergeant de sa chambre, il prit un repas frugal et, d'un pas encore fébrile, fit le tour de ses commerces. Tous ses commis  parurent soulagés de rencontrer leur maître et, notamment, ceux de l'épicerie qui connaissaient le jeune homme depuis assez longtemps et ceux de son établissement de change qui occupait l'essentiel de son temps. Il lui fallait désormais rattraper son retard et il se mit au travail pour le reste de la journée. Fort heureusement, ces commis avaient bien travaillé pendant son absence.

Lorsqu'il rentra enfin chez lui, il était assez tard et il se remit au travail. Il avait adopté une certaine forme de résignation vis-à-vis de sa bêtise et il devait maintenant tout faire pour profiter de la situation. Évidemment il ne pouvait pas créer une telle compagnie par lui-même. Premièrement il n'avait pas les moyens d'investir autant. D'autant que c'était très risqué de tout miser dans une telle aventure. Deuxièmement il n'avait pas les moyens logistiques de monter une telle entreprise. Troisièmement, et surtout, ce n'était pas son métier. Lui n'avait rien d'un grand marchand, il n'avait aucun réseau commercial, ni partenaires, ni bateaux, ni caravanes... Enfin, cela pourrait lui attirer de très grandes inimités au sein de la Compagnie du Sud et il n'avait pas les reins assez solides pour faire face à tant de politique. Bref tout concordait à adopter une stratégie un peu différente.

Son idée était donc de profiter de la situation autrement d'une manière plus détournée. Il fallait faire une véritable compagnie où chacun -en tout cas beaucoup de gens- pourrait investir de l'argent dans cette compagnie qui financerait ses affaires. Cela devrait lui éviter l'accusation d'accaparer des avantages honteux pour lui. Cependant il faudrait un protecteur, un homme d'envergure capable de diriger la compagnie, surveiller ses activités et surtout gérer les affres de la politique à Osgiliath. La famille Ronce-Oliri était le destinataire logique de ce poste. Ils pourraient ainsi trouver une nouvelle source de prospérité au cœur même de la « chasse gardée » des Goloth ce qui mettrait certainement en joie l'ambitieux Gyan Oliri. L'exécuteur se devait d'être une personne ayant une bonne connaissance du marché local, un réseau déjà bien implanté et des contacts nombreux. D'après les rumeurs qu'il avait entendu Ella Desbo était en ville, elle pourrait exceller à ce poste. C'était une marchande importante dans le Harondor, elle avait bien entendu mille raisons de vouloir ravir la place des Goloth et on la disait d'une grande intelligence. Evart lui-même ne devait pas prendre de poste particulier, peut-être celui d’épouvantail pour préserver les apparences vis-à-vis des lettres données par l'émir. Bien entendu il louerait ces lettres et demanderait à être intégré à la structure -d'une manière à définir-.

Bref, il y avait beaucoup à faire et il devait absolument en convaincre Gyan à Osgiliath. Bien entendu il devait préparer son entrevue avec soin et y passa une bonne partie de la nuit. Se couchant au beau milieu de la nuit, le jeune homme se leva avant l'aube pour se préparer. De manière amusante, il fut face à un vrai dilemme. Il lui fallait prendre une tenue permettant un voyage confortable et tranquille mais il voulait toujours faire une impression correcte auprès du Juge. Ne sachant quoi prendre, il se décida pour un compromis convenable avec des habits noirs élégants mais concéda au confort une solide paire de bottes et un très long manteau bordeau qui le protégerait de la poussière et des affres de la route. D'un pas paisible, il descendit les divers étages de la cité pour atteindre le relais au pied de la cité où il loua un petit char pour aller jusqu'à Osgiliath.
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Sujet: Entre deux loyautés ...
Alcide d'Illicis

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Rechercher dans: Le Palais   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux loyautés ...    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 28 Fév 2015 - 18:39
Alcide se pencha légèrement en avant, alors qu'il écoutait le jeune homme en face de lui. Il prenait cette posture particulière lorsqu'il prêtait une grande attention aux propos qui lui étaient adressés. Ses yeux de faucon plongèrent dans le regard du marchand, qui s'empressa de commencer son récit, dont chaque mot paraissait pesé avec grand soin. Il y avait un certain talent chez ce jeune homme, qui paraissait maîtriser ses gestes avec beaucoup d'expérience. Quel âge pouvait-il bien avoir pour se comporter ainsi ? A le regarder, on lui donnait un peu plus d'une vingtaine d'années, tout au plus. Un visage assez fin et imberbe, des traits encore vifs, et des yeux pétillants. L'Intendant le dévisageait avec une rare intensité, paraissant s'arrêter sur le moindre détail, comme s'il en découvrait surtout par l'observation, et non par l'écoute. Car après tout, ce que lui disait le jeune marchand n'était certainement pas la vérité… Qui à Minas Tirith venait voir le Comte d'Illicis pour lui parler franchement, et pour lui faire part d'une seule pensée sincère ? Un millier de courriers lui arrivaient chaque jour, essentiellement de Minas Tirith et de ses environs, mais également des provinces. A chaque fois, on demandait son aide ou son intervention, sans jamais vraiment expliquer les tenants et les aboutissants. Untel demandait un règlement royal pour une affaire où il s'estimait lésé, en omettant de préciser les torts qui étaient les siens, naturellement. Dès lors, Alcide ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce que ce jeune homme lui cachait...

Pour l'heure, Evart Praven paraissait déterminé à convaincre l'Intendant de ses bonnes intentions, et de sa fidélité. Processus assez logique, pour un individu qui avait eu l'idée saugrenue de se rapprocher de Taorin, sans même en informer quiconque. Les choses auraient pu très mal tourner pour lui, et il avait eu de la chance de ne pas être éliminé par le Seigneur Pirate. Après tout, qui pouvait savoir de quoi était capable un tel homme ? S'il prenait le risque de chercher à créer des réseaux d'amitié en plein cœur de Minas Tirith, c'était qu'il se sentait assez confiant pour agir au nez et à la barbe des services secrets de l'Arbre Blanc, et de tous les réseaux d'informateurs du Gondor. Dès lors, éliminer un jeune nobliau sans influence majeure ne lui aurait pas posé problème, pas même avec l'interdiction du port d'armes mise en place par le général Cartogan… Alors pourquoi ne l'avait-il pas fait quand les choses avaient commencé à mal tourner ? Fallait-il croire absolument le discours bien établi d'Evart, et supposer que Taorin voyait en lui un certain potentiel, ou bien les plans du Seigneur Pirate étaient-ils bien plus élaborés ?

Alcide écoutait attentivement les paroles du jeune noble, mais au fond, son esprit bouillonnait à la recherche de liens entre les différents éléments qu'il avait à sa disposition. Il y avait des causalités plus ou moins probables, certaines qui paraissaient revêtir un caractère naturel mais qui en réalité pouvaient être un piège. Par exemple, les rapports dont disposait Alcide précisaient que Taorin n'avait pas été vu en train de comploter d'une quelconque manière. Il ne paraissait pas avoir fait venir des mercenaires à lui, et ses déplacements hautement surveillés n'avaient pas pu conduire à une seule information concluante. Il apparaissait donc que ses plans de s'établir dans la Cité Blanche, ou à tout le moins au Gondor, passaient par l'acquisition de faveurs auprès de personnages relativement hauts placés. Il s'assurait des fidélités au bas de l'échelle, et laissait ensuite ses poulains monter progressivement les échelons du pouvoir, pour mieux les exploiter par la suite. Cela signifait qu'il entendait bel et bien rester au pouvoir longtemps au Harondor, et jouer un rôle majeur dans la région. Sans doute Radamanthe ne devait-il pas apprécier cette confiance excessive, qui pouvait expliquer pourquoi il avait engagé des tueurs pour se débarrasser des Pirates. Un geste risqué pour ne pas dire insensé, mais qui pouvait se comprendre. L'occasion était trop belle pour ne pas la tenter…

Restait la question du marchand. A mesure que celui-ci s'exprimait, il se dépeignait comme un individu tout à fait banal, un simple nobliau n'ayant « pas énormément de présent » actuellement à Minas Tirith. Effectivement, Alcide n'avait jamais entendu parler de lui avant aujourd'hui, en mal ou en bien, ce qui ne signifiait pas qu'il n'était personne. Venu de la province, il s'était imposé en deux mois seulement à un poste à responsabilité au sein de la Guilde des Epiciers, qui n'était pas n'importe quelle institution à Minas Tirith. On ne pouvait pas douter que l'influence de son oncle avait joué en sa faveur, mais voir un homme si jeune endosser pareil rôle et en minimiser grandement les honneurs était curieux. La plupart des nobliaux auraient mis en avant le prestige de ce poste, et auraient insisté sur leur contribution au sein de la corporation. Au lieu de quoi, il prenait grand soin de se présenter comme quelqu'un de modeste. Par modestie ? Alcide sourit intérieurement. Probablement pas. Intérêt était le seul mot que les marchands avaient en tête.

Le point sur lequel l'Intendant s'interrogeait néanmoins était de savoir pourquoi Taorin avait contacté précisément ce marchand précis. Comme l'avait très justement souligné Evart, il n'était pas encore quelqu'un dans la capitale. Pas suffisamment important, à tout le moins, pour qu'un étranger qui n'était pas le bienvenu dans la capitale eût entendu parler de lui auparavant. Dès lors, qu'est-ce qui avait pu pousser les deux hommes l'un vers l'autre ? A la question « qui ? », Alcide avait déjà quelques idées. Des dizaines de personnages louches se seraient proposés de faire l'intermédiaire entre de riches clients qui souhaitaient négocier tranquillement de sombres affaires, en échange de quelques pièces. Mais pourquoi Evart Praven ? Fils d'une famille apparemment tout à fait respectable, neveu d'un juge dont la réputation n'avait jamais été entâchée, comment avait-il pu se retrouver mêlé à des affaires d’État qui le dépassaient de très loin ? Ce point ne serait pas éclairci aujourd'hui, mais la question demeurait dans un coin de la tête d'Alcide, qui savait trop bien gérer des conversations diplomatiques pour laisser paraître le moindre indice de ses réflexions intérieures sur son visage où s'était plaqué un masque poli et courtois.

Le jeune marchand, sentant qu'il devait poursuivre son récit, en vint à raconter l'épisode de son agression par les hommes probablement engagés par Radamanthe. De toute évidence, ils avaient eu de la chance de s'en sortir, et c'était ce que rapportaient les différents espions dont Alcide disposait dans la cité. Des attaques coordonnées et simultanées, qui avaient été d'une rare violence. Les quelques témoins, qui avaient pris la fuite rapidement par crainte d'être associés aux criminels, avaient tous décrit la même chose. Des assaillants déterminés et brutaux, qui avaient fondu sans sommation sur leurs cibles. Ce n'était pas le fruit d'une rixe, ou les effets de l'alcool sur des individus qui n'aimaient pas les Umbarites. C'était bien davantage, assurément. Evart, qui avait dû tendre l'oreille auprès des Pirates, l'informa de ce qu'il savait déjà, à savoir le fait que les autres représentants de la délégation avaient été la cible d'agresseurs eux-aussi. Toutefois, l'informaiton précieuse qu'il lui communiqua laissa Alcide stupéfait.

Riordan ? Mort ? Impossible ! Evart dut se méprendre sur le léger sourire qui fleurit sur le visage de l'Intendant. Ce n'était pas de la satisfaction ou du plaisir, mais bien une profonde résignation. La situation était bien plus catastrophique qu'il n'avait pu l'imaginer au préalable, et il devait rapidement réfléchir à un plan pour parer à la déferlante qui allait suivre. Malheureusement, les choses tournaient sous un angle imprévu, et à moins de jouer finement, il y aurait d'autres morts avant que cette histoire ne fût terminée… Alcide demeura de marbre face à l'enthousiasme du jeune nobliau, qui paraissait ressentir le frisson de l'action, et qui prenait de toute évidence plaisir à se trouver impliqué dans une pareille affaire. L'Intendant aurait voulu lui dire qu'il ne savait pas dans quoi il avait plongé, que les choses étaient mille fois plus compliquées qu'il ne pouvait l'imaginer, et que les chances qu'il y laissât la vie étaient bien plus importantes qu'il ne paraissait le croire. Contre les Pirates aucune loi ne semblait se dresser fatalement, et s'il prenait l'envie aux hommes de Riordan de se venger aveuglément, ils risquaient fort de passer leurs nerfs sur le premier Gondorien qu'ils trouveraient.

Répondant machinalement pour ne pas laisser un silence gênant s'installer, Alcide lâcha d'une voix morne :

- C'est une situation très embarrassante, Evart…

Le mot était faible, et Evart ne semblait pas mesurer le rôle qu'il jouait dans cette histoire. Il se présentait comme un fidèle serviteur de la couronne, mais sa présence ici faisait le jeu de Taorin désormais. Si les Pirates avaient eu l'intention de porter une réclamation officielle, ou de se plaindre ouvertement de ce qu'ils avaient été attaqués dans la cité, Alcide aurait eu vent du meurtre de Riordan à la première heure ce matin. On serait même venu le tirer du lit pour répondre aux questions de la délégation Pirate qui serait venue en force, pour lui demander des comptes. Au lieu de quoi, ils avaient pris grand soin de cacher le décès de leur compagnon, et d'envoyer un émissaire informel pour communiquer cette information « l'air de rien ». Evart était-il habilement manipulé par Taorin, qui lui avait laissé croire qu'il avait capté cette information seul, alors que le Pirate le laissait volontairement y avoir accès, ou bien était-il lié à eux par un véritable serment, qui l'avait poussé à venir ici pour mettre pression sur le gouvernement du Gondor ?

Quant à la mention du prisonnier, elle venait se rajouter à l'horrible scénario qui s'était déroulé dans les murs de Minas Tirith. En plus d'avoir été attaqués et d'avoir perdu un de leurs plus éminents représentants, les Pirates allaient désormais pouvoir bénéficier d'informations capitales. Si leur prisonnier leur révélait un nom compromettant, comme celui de Radamanthe par exemple – et nul doute que les Pirates obtiendraient ce qu'ils voudraient, ils en avaient largement les moyens –, alors ils auraient un cassus belli tout trouvé. Au nom de cette sordide et lâche agression, ils pouvaient fédérer les territoires du Sud une nouvelle fois, et submerger le Harondor définitivement, amenant la menace des armées Haradrim aux portes de Pelargir.

Mais ils ne l'avaient pas encore fait.

Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi. Taorin devait bien savoir que ses actions militaires n'avaient été couronnées de succès que parce que Gondor n'était pas intervenu dans cette guerre lointaine. La défaite à Dur'Zork avait été une surprise pour tout le monde, et ne laissait plus de place au doute. Si les Pirates remontaient encore vers le Nord, ils seraient accueillis par les régiments de tout le Gondor, qui les repousseraient jusqu'à Umbar s'il le fallait. Une guerre de conquête serait longue et coûteuse pour les hommes de la Cité du Destin, et elle les forcerait à mobiliser l'ensemble de leurs ressources, là où les seules troupes du Lebennin pouvaient leur poser d'énormes difficultés. Le nouveau Seigneur de Dur'Zork voulait négocier ce qu'il savait pouvoir contester par la force, mais il était toujours plus aisé de traiter en position de force, avec la menace d'une guerre terriblement violente au Sud, plutôt que de passer à l'action de manière inconsidérée. Les yeux d'Alcide revinrent à Evart, qui attendait sa réponse. Quel rôle pouvait bien jouer ce noble jusque là inconnu dans cette trame sordide ? Quels avantages pouvait-il bien tirer à s'associer avec un ennemi de la Couronne ? En se présentant ici, dans ces murs, il s'exposait à la réaction furieuse de l'Intendant, qui aurait tout aussi bien pu le faire arrêter, pour couper court à toutes ces manigances.

Dans la journée, les Seigneurs Pirates auraient été mis aux arrêts eux-aussi, et au lieu de célébrer dignement le mariage du Roi d'Aldarion, le Gondor aurait immédiatement donné l'ordre de mobilisation pour masser ses troupes à la frontière Sud. Ce scénario n'aurait pas déplu au général Cartogan, qui aurait sans aucun doute pris personnellement la tête des opérations pour aller massacrer les armées Pirates. On disait de lui que c'était un fin stratège, et surtout un homme si charismatique que ses hommes étaient capables d'exploits hors du commun sous son commandement. Aucun homme de son acabit ne parcourait actuellement les terres du Harad, et si Taorin, Yse et Reznor étaient coincés à Minas Tirith, en plus de la mort de Riordan, cela faisait presque la moitié du conseil des Neufs mis hors-jeu. La guerre, assurément, n'était pas une mauvaise option. Mais l'Intendant avec des principes, et il préférait n'avoir recours aux armes qu'en dernier recours. Enchaînant d'une voix lasse, il dit :

- Je ne m'étonne pas de ce qu'ils nous soupçonnent. Toutefois, nous ne sommes pour rien dans cette sombre affaire…

Alcide ignorait si Evart travaillait véritablement pour Taorin ou non, mais puisqu'il entendait le laisser repartir librement, au moins pour apaiser les craintes de son oncle, il préférait imaginer qu'il répéterait toute leur conversation au Seigneur Pirate, et que ce dernier entendrait que le Gondor n'était pas lié à cette affaire. Un vœu pieux, mais on ne savait jamais…

- Vous avez fait preuve d'une grande loyauté envers le Gondor, et votre intelligence vous a permis d'en apprendre beaucoup sur les Pirates. Cependant, je ne peux décemment vous demander de poursuivre dans une entreprise aussi dangereuse. Les risques pour vous seraient trop importants…

Il était prêt à prendre le pari que le nobliau insisterait, aussi continua-t-il :

- Toutefois, si votre cœur vous commande de servir bravement votre Roi, alors je ne saurais vous en empêcher. Les informations que vous nous ramènerez sont susceptibles de sauver des milliers de victimes. Je suppose que vous connaissez le traitement que le Roi réserve à ceux qui le servent fidèlement, et bien que votre engagement à son endroit soit mû par de nobles désirs, il n'est pas de sacrifice qui ne soit remercié en Gondor. En revanche, vous avez également vu le sort que Sa Majesté réservait aux traîtres, tel que ce Warin. Si d'aventure vous aviez vent d'une quelconque trahison, rapportez-le moi sans délai, que je puisse prendre les mesures qui s'imposeront.

Impossible de lire à travers la carapace de l'Intendant, qui avait eu des années d'expérience pour peaufiner son attitude, sa gestuelle, le ton de sa voix. On ne pouvait pas décemment croire qu'il était sincère dans ses paroles, qui paraissaient bien trop naïves, mais personne n'aurait pu déceler exactement l'ampleur de ses doutes, ou de ses cheminements intérieurs. Il avait l'art et la manière de toujours paraître honnête, ce qui avait fait de lui un ambassadeur si brillant, et qui l'avait désigné tout naturellement au poste d'Intendant quand Mephisto avait exigé que cette fonction fût de nouveau occupée. Son intelligence politique redoutable, façonnée par des années d'expérience, pesait désormais de tout son poids sur les épaules d'Evart, qui devait deviner que quelque chose n'allait pas derrière ce charmant sourire et ces yeux inquisiteurs. Toutefois, maintenant qu'il avait mis le doigt dans l'engrenage, il ne pouvait plus reculer. Pas maintenant qu'il s'était confié à l'Intendant du Gondor.

- Bien, à moins que vous n'ayez une dernière confidence à me faire, j'ai des affaires à traiter. Je suppose que vous comprenez…

L'Intendant se redressa, et avec un signe de tête élégant, prit congé d'Evart qui demeura seul dans la pièce, sitôt que les gardes en armures l'eurent quittée à leur tour. Alcide, dehors, fut abordé par le Juge Praven, qui paraissait au comble de l'inquiétude. Il s'empressa de s'approcher du Comte d'Illicis, et lui demanda d'une voix anxieuse :

- Alors ? J'espère que mon neveu n'a rien fait de grave, Sire…

- Rassurez-vous, Juge Praven. Votre neveu est un homme loyal au Gondor, qui suit fidèlement vos traces (ce disant, il avait posé sa main sur l'épaule du Juge). Continuez à l'éduquer de belle façon, et il pourrait avoir un bel avenir.

Le sourire de l'Intendant acheva de rassurer le Juge, qui sourit à son tour. Ils se séparèrent donc, non sans une poignée de main détendue, mais avant qu'Alcide eût fait trois pas, il s'arrêta et lança par-dessus son épaule :

- Oh, une dernière chose Juge Praven… Si votre neveu voulait ne pas vous donner tous les détails de cette conversation, soyez sans crainte. Il s'agit d'affaires d’État. Je suis certain que vous comprenez…

Sur ces mots, il s'empressa de filer vers sa prochaine mission. Il y avait beaucoup de gens à qui il devait parler de tout urgence, et beaucoup d'informations qu'il allait devoir rassembler. Escorté par ses gardes personnels, il descendit les marches qui conduisaient sur la grande place du dernier niveau, et partit d'un pas rapide en direction de la cité. Il devait vraiment lui dire deux mots.

#Alcide #Alphros #Praven
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Alcide d'Illicis

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Rechercher dans: Le Palais   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux loyautés ...    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 17 Fév 2015 - 5:13
L'intendant Alcide pianotait sur son bureau, un geste d'agacement et d'anxiété qui ne lui était pas coutumier. Lui qui était d'ordinaire toujours si calme et si mesuré paraissait, aujourd'hui, quelque peu perturbé. Il fallait dire que les choses ne s'étaient pas passées exactement comme prévu, et qu'il avait désormais un véritable problème diplomatique à gérer. Son ambition de rassembler pacifiquement autour de la table les délégations du Harondor gondorien et du Harondor umbarite venaient de tomber à l'eau, sans qu'il fût encore possible de déterminer les véritables responsabilités. De folles rumeurs circulaient partout parmi son réseau d'informateurs pourtant extrêmement bien renseigné, et la seule constante que l'on pouvait en dégager était que les Seigneurs Pirates avaient été victimes d'une tentative d'assassinat, et que Radamanthe était pour l'heure introuvable. Dire que la situation était tendue aurait été un doux euphémisme. Les festivités continuaient tranquillement, comme si de rien n'était, alors qu'en réalité une guerre était peut-être en train de se préparer au cœur même de la Cité Blanche. Une guerre qu'il devait éviter absolument, ou à tout le moins circonscrire au territoire de Radamanthe.

Le Sud était, comme souvent, sur le point de s'embraser. Cependant cette fois, le charismatique chef Haradrim était ce pirate de Taorin, qui paraissait avoir davantage d'ambition que ses camarades, membres du conseil des Neufs. Les façons de neutraliser son influence étaient nombreuses, et il faudrait rapidement faire en sorte qu'il calme ses ardeurs. Prendre la moitié Sud du Harondor, au nez et à la barbe de l'armée de l'Emirat, était déjà une prouesse en soi. Un exploit qui avait de lui l'un des hommes les plus puissants du Sud. Essayer de croquer le reste du territoire de Radamanthe était folie, et surtout provoquerait la réaction du Gondor et de ses immenses ressources. Tout aurait pu s'arrêter là, à un statu quo qui profiterait largement aux Suderons et aux Gondoriens – laissant les Harondorim lésés, mais qu'importait ? – mais il semblait que la situation venait de dégénérer violemment. Les responsabilités n'étaient pas encore bien établies, mais les interprétations allaient filer bon train, et il faudrait gérer la situation rapidement pour ne pas se laisser déborder.

On frappa soudain à la porte, et Alcide se leva, prêt à accueillir son visiteur. Il avait toujours été courtois, et sans savoir encore à qui il allait parler, il contourna son épais bureau et traversa la pièce pour aller le saluer. Il eut le plaisir de voir apparaître le Juge Praven, un homme discret et efficace dont il n'avait jamais entendu parler en mal. Celui-ci parut avec un sourire mal assuré, comme s'il venait faire une bien triste confession. L'Intendant le mit instantanément à l'aise, en lui serrant chaleureusement la main :

- Juge Praven, que me vaut le plaisir de votre visite ? Rien de grave, j'espère !

Le visage du Juge afficha une moue guère rassurante, et il se tordit les mains, de toute évidence mal à l'aise :

- Je crains bien que si, Sire. Je veux dire… Je viens vous parler au sujet de l'Emir Taorin, le pirate…

Alcide conserva le silence, mais dans sa tête les pensées se bousculèrent. Il ne comprenait tout simplement pas. Le Juge Praven n'était pas un noble assez influent pour avoir des renseignements que lui-même n'aurait pas obtenu. Comment pouvait-il être au courant d'un événement que tout le monde s'efforçait de tenir secret pour l'instant ? A moins que ce ne fût une coïncidence, et qu'il vînt pour parler d'autre chose. Mais aujourd'hui même ? Précisément quand les Seigneurs Pirates étaient attaqués au cœur même de la Cité Blanche, en dépit de l'impressionnant système de sécurité ? Non, il y avait forcément quelque chose d'autre… En dépit de ses questionnement intérieurs, l'Intendant avait su garder un visage de marbre, parfaitement maîtrisé comme il convenait à un homme de son rang.

- Et que s'est-il passé mon brave ? Vous l'avez rencontré ?

- Non, Sire, les Valar en soient loués. Il s'agit de mon neveu, Evart… Il est loyal au Gondor, quoique jeune et téméraire. Je ne crois pas qu'il mesurait vraiment les conséquences de ses actes.

Les sourcils de l'Intendant se froncèrent légèrement. Ce n'était pas de la colère, toutefois, mais bien de la perplexité. Il ne comprenait pas tout à fait ce que le Juge était en train de lui expliquer, et s'il rassemblait les éléments qu'il avait à sa disposition, cela ne lui disait rien de bon. Ce jeune Evart s'était-il compromis avec Taorin ? Avait-il secrètement pactisé avec lui ? Ou bien à l'inverse, avait-il planifié l'assassinat des Seigneurs Pirates ? Au risque de compromettre un accord de paix dont pouviat dépendre l'entièreté de l'équilibre du Sud ? Masquant péniblement les questions nombreuses qui lui traversaient la tête, Alcide dégaina son sourire le plus affable, et lança d'une voix apaisante :

- Soyez sans crainte, je suis persuadé que si votre neveu n'a rien fait de répréhensible, il n'aura rien à se reprocher. Où donc puis-je trouver ce jeune homme ?

- Il est dans mon office, Sire. Il voulait s'entretenir avec vous de certaines choses. Accepteriez-vous de le rencontrer ?

Naturellement qu'il acceptait ! Ce jeune garçon l'intriguait trop pour qu'il n'allât pas le voir, et entendre en personne la drôle d'histoire qu'il pouvait bien avoir à raconter. Il se composa une mine tout à fait tranquille, afin de rassurer ce pauvre juge qui semblait choqué de voir que son neveu s'était acoquiné avec la pire des vermines, les ennemis les plus farouches des intérêts de la Couronne. Et nul autre que Taorin, le Chien Borgne, lui-même. Il y avait beaucoup de choses que l'Intendant devait éclaircir, et il lui paraissait soudainement des plus urgents d'interroger le jeune homme. Il abandonna donc ses réflexions, et, posant une main rassurante sur l'épaule du Juge Praven, il accompagna celui-ci en direction de son bureau.

En franchissant la porte, les six gardes qui surveillaient l'entrée se placèrent en formation autour d'eux, afin de leur servir d'escorte. Trois devant, et trois derrière, afin de parer à toute tentative d'assassinat. Cartogan s'était montré très strict sur les mesures de sécurité, doublées en période de festivité afin d'éviter qu'il arrivât quoi que ce fût à l'Intendant ou aux hauts dignitaires du royaume. Alcide bénéficiait d'une protection maximale, et d'hommes d'élite qui l'accompagnaient en permanence, habillés pour la guerre de pied en cap. Au début, il s'était agacé de cette présence constante et bruyante sur ses talons, trouvant insupportable d'être chaperonné et d'être empêché dans ses déplacements par le capitaine des gardes, qui parfois le mettait en garde contre certains dangers. En l'occurrence, aujourd'hui, il leur trouvait un véritable intérêt, et il se félicitait de ne pas avoir congédié ces militaires imposants et expérimentés, qui sauraient remplir le rôle qu'il avait prévu pour eux.

Ils traversèrent donc les couloirs de la forteresse, forçant quiconque les croisant à s'écarter de leur chemin prestement, au risque de s'attirer le regard foudroyant d'une demi-douzaine de soldats qui n'étaient pas là pour plaisanter. Les serviteurs et les messagers se rangeaient prudemment, certains s'inclinant même au passage de la petite troupe. Alcide adressait un sourire à chacun, et il s'arrêta même pour saluer personnellement un page qui lui avait rendu service quelques jours auparavant, alors qu'il était pris d'un violent mal de crâne. Le jeune homme eut l'air à la fois honoré et effrayé, si bien qu'il ne trouva quasiment rien à répondre. Quand les mots lui vinrent, Alcide tournait déjà l'angle du couloir, suivi de près par les hommes du rang. Au milieu de tout cela, le Juge semblait quelque peu mal à l'aise. Il paraissait ne pas savoir quoi dire ou faire, et il fallait bien avouer que la présence intimidante de l'escorte ne facilitait pas les conversations… pas même pour l'Intendant qui commençait à peine à s'y habituer, lui qui avait vécu bien plus modestement avant d'être hissé à cette position prestigieuse. Jamais il n'aurait pu refuser pareille promotion, non, mais il aurait volontiers abandonné toutes les contraintes qui y étaient liées, si cela avait été possible. Qu'il aurait préféré travailler dans l'ombre, agir efficacement et discrètement, sans avoir à se soucier du protocole et de l'apparat !

Ils arrivèrent bientôt à destination, et le Juge se sentit soudainement très inquiet, si bien qu'il demanda d'une voix quelque peu implorante :

- Il n'arrivera rien à mon neveu, n'est-ce pas ? C'est un jeune homme très loyal, et…

- Rassurez-vous, mon cher Juge. Rassurez-vous…

Alors que l'Intendant tournait la tête pour emboîter le pas à ses hommes, le Juge put voir une ombre passer sur le visage de celui-ci. Une ombre qui, elle, n'avait rien de rassurant. Il n'eut le temps de rien dire, qu'Alcide franchissait déjà la porte.

Evart vit d'abord arriver face à lui trois hommes en armes, la mine patibulaire. Ils le regardèrent avec un air sévère, la main sur le pommeau de leur arme. Leur attitude était impressionnante, mais non, ils n'étaient pas venus pour procéder à l'arrestation du neveu du Juge. Pas encore, tout du moins. Alcide fit alors son apparition, se frayant un chemin entre les colosses qui lui servaient d'escorte. Son visage était neutre, mais son attitude quelque peu rigide ne trompait pas. Il était là pour une affaire très sérieuse, et il la traiterait comme telle. Le jeune noble put constater rapidement que son oncle n'avait pas été convié à la réunion improvisée, étant demeuré dehors auprès du reste des soldats qui montaient la garde devant l'unique entrée. Ce serait donc un entretien privé, qui ressemblait à s'y méprendre à un interrogatoire. Toutefois, Alcide paraissait loin de l'archétype du tortionnaire sadique et cruel, prenant plaisir à faire souffrir ou à arracher violemment des confidences à sa victime. Il était plutôt un homme charmant, élégant et raffiné, qui paraissait tout à fait disposé à la conversation. Une façade tout à fait crédible, mais qui dissimulait un danger tout aussi grand.

- Evart… Evart Praven. Restez assis, je vous en prie.

L'œil affûté de l'Intendant n'avait pas pu s'empêcher de remarquer que le jeune homme portait une canne, et qu'il avait du mal à se tenir debout. Son geste pour se lever en témoignait, ainsi que la très légère grimace qui avait déformé ses traits. Coïncidence ? Sûrement pas. Pas plus que les fards subtils et discrets qu'il avait utilisés pour harmoniser son teint. Peut-être parce qu'il était particulièrement coquet, ou bien parce qu'il souhaitait dissimuler une quelconque marque particulière. Il y avait bien des choses sur lesquelles le jeune homme devrait s'expliquer, décidément, mais Alcide décida de prendre son temps. Il devait tirer les choses au clair en douceur, sans se laisser aller à des méthodes qui n'étaient pas les siennes. D'une voix calme, il lança :

- Je viens d'avoir une petite discussion avec votre oncle, un homme fort apprécié à Minas Tirith. Je crois que vous lui avez fait peur, en quelque sorte. Il dit que vous vous êtes entretenu personnellement avec Taorin, le Seigneur Pirate. D'aucuns pourraient trouver que pareille attitude est séditieuse…

Il leva la main pour couper court aux objections du jeune noble. Celui-ci avait ouvert la bouche pour se défendre, mais l'Intendant ne lui en laissa pas le temps. Il n'avait pas encore terminé :

- J'ose croire, ajouta-t-il donc, que vous n'êtes pas idiot, et que vous avez donc une bonne raison de venir me trouver. J'irais même jusqu'à supposer que vous avez une proposition à me faire, Evart. Une proposition que je suis prêt à écouter, sans quoi ni vous ni moi ne serions là.

Il marqua une brève pause, et se fendit d'un sourire agréable. Non, assurément, il n'était pas de ces hommes retors et malveillants. Il était même plutôt ouvert, et sa façon de procéder, son côté très direct, pouvait paraître déstabilisant. Il n'était pas le genre d'hommes à qui on avait intérêt à cacher des choses, et en retour il se montrait étonnamment franc. Peut-être trop. Reprenant, il conclut :

- J'espère donc que vous ne me prendrez pas pour un idiot, et que vous ne me ferez pas perdre mon temps. Jouez carte sur table, et nous verrons ce qu'il est possible de faire pour apaiser les craintes de votre oncle là-dehors, voulez-vous ?

Sa main pivota en un geste qui invitait explicitement Evart à répondre. Ce dernier n'avait que peu de temps pour convaincre, car les secondes d'un homme comme l'Intendant valaient une petite fortune. Chaque mot qu'il prononcerait devrait être mesuré, calculé avec soin, optimisé pour tendre vers son but ultime, sans s'égarer en route. Il lui faudrait se montrer clair, et surtout faire preuve de beaucoup de maîtrise, car Alcide le regardait droit dans les yeux, attentif à la moindre de ses réactions. En dépit de la sympathie affichée de l'Intendant, il n'était pas permis de douter des conséquences fâcheuses d'une réponse insatisfaisante.

#Alcide #Alphros #Praven
Sujet: Un négoce pour le Sud
Evart Praven

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un négoce pour le Sud    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 16 Juin 2014 - 2:41

Ainsi quelqu'un lui envoyait un pli suffisamment urgent pour qu'on vienne l'importuner en pleine cérémonie de mariage du Roi d'Arnor. Le cachet de la lettre était étrange et, en tout cas, totalement inconnu aux yeux, il avait un aspect étranger, légèrement oriental ou suderone. Tachant de le préserver au mieux, il ouvrit la lettre et remarqua l'invitation de l'émir Taorin à souper au Repos du Bon Prince, une auberge de bonne renommée à Minas Tirith. Taorin … Le nouvel dirigeant de Dur'Zork, c'était pas peu de chose. Même si « condition » de nouveau monarque me rendait peu légitime, une invitation de la sorte ne se refusait pas surtout quand il s'agissait d'affaires.

A la vérité le lieu de l'invitation le fit tiquer car le lieu était inhabituel. Généralement les hommes importants logeaient chez des amis, des relations ou des affidés. Si cet émir était obligé de dormir dans une auberge, c'est bien qu'il n'avait aucune relation ici en Gondor et qu'il cherchait ici des alliés. C'était bien sa chance car il avait l'occasion de devenir l'intermédiaire quasiment exclusif dans les relations commerciales avec son pays. Cependant il pouvait se demander pourquoi il avait été choisi par l'émir. Certes il avait eu un début de carrière prometteur mais il était de condition et de richesse bien inférieure à nombre d'autres marchands. A vrai dire Evart ignorait s'il agissait ainsi par méconnaissance, ne connaissant pas la véritable puissance du jeune homme il surestimait sa position dans le Gondor, ou par calcul politique, en donnant pareil privilège à un petit marchand, il gagnerait un allié solide qui serait entièrement dans ses mains. Ainsi donc s'il parvenait à arracher un accord commercial avantageux, il ne lui faudrait pas s'attacher trop à cet émir qui pourrait devenir dangereux et encombrant. Quoiqu'il en soit, il lui faudrait jouer serrer pour obtenir le mieux de la situation et il devait pour cela se dépêcher. Il s'esquiva en vitesse de la cérémonie pour rejoindre son serviteur Harlaus qui attendait un peu et il lui donna quelques ordres :


- Nous avons rendez-vous ce soir avec le nouvel émir de Dur'Zork, il faut nous changer au plus vite et trouver un présent convenable.

Les deux hommes eurent grand mal à rejoindre la résidence Praven. La ville était encombrée des gens qui venaient assister à ce mariage royal et, en plus, ils convergeaient tous vers le sommet  de la cité alors qui lui essayait précisément d'aller dans l'autre sens. Même les petites rues détournées qui servaient de raccourcis aux habitués de Minas Tirith, les gens se pressaient et vaquaient à milles occupations. Il lui fallut donc deux fois plus de temps pour rejoindre sa maison qu'à l'accoutumée et une fois arrivé, il put donner des ordres à Harlaus :

- Prends de beaux habits pour ce soir mais sobres. Nous devons simplement paraître plus riches que nous le sommes, cela devrait nous aider dans nos négociations. Prends également le bâton de mon ancêtre Andriet. Il faudra ensuite préparer un cadeau convenable pour l'émir.

Après ces quelques instructions, le jeune homme fila dans sa garde-robe pour se changer. Il préféra opter pour son pourpoint de velours bleu nuit aux fils d'argent avec le pantalon du même velours et une belle broche d'argent. Cette tenue présentait l'avantage d'être à la fois discrète par la couleur mais également élégante par la qualité des étoffes et la coupe. Puis il se mit à la recherche d'un présent à offrir à ce Taorin. Normalement il aurait bien offert une arme à ce guerrier presque barbare mais il était interdit de transporter des armes dans la cité blanche. Par contre les guerriers du Sud devaient apprécier la boisson comme les guerriers du Nord. Il se décida pour un excellent vin de l'Ouest du Gondor qui ferait honneur à l'émir qui lui faudrait prendre sur les réserves de sa boutique.

Lorsqu'il redescendit, il croisa à nouveau Harlaus qui avait lui aussi revêtit des habits adaptés. Il portait un pourpoint léger d'un gris presque noir avec des chausses de même couleur. Au dessus, il portait une longue cape de velours bleu nuit fermé par une broche argentée, ces vêtements n'étaient pas sans rappeler ceux du jeune marchand. Sous cette belle cape, il portait le fameux bâton d'Andriet. A la vérité, c'était un porte parchemin assez épais qui tenait bien en main, fait d'un solide bois, il était suffisamment long pour mettre un parchemin de bonne taille et pouvait donc servir de bâton pour se défendre. Après avoir glissé divers parchemins de contrats dedans, ils purent récupérer la coupe qu'il allait offrir ainsi qu'un petit coffret dans laquelle il la plaça. A la suite de cela, ils purent filer jusqu'au commerce d'Evart pour y trouver une forte cohue, malgré l'heure tardive. Se dirigeant vers l'arrière-boutique, il récupéra l'un des tonnelets qu'il réservait pour les grandes occasions. D'une contenance d'un gallon, il était fort beau à voir grâce à quelques peintures dorées, à un cerclage ouvragé et une cannelle sculptée qui représentait un chien bondissant. Il prit donc la peine de le remplir d'un excellent vin de sa région natale.

Une fois ces quelques affaires terminées, ils partirent jusqu'au Repos du Bon Prince. Cette auberge était de bonne renommée. D'extérieur, elle ressemblait à une maison cossue aux hautes fenêtres de verre. La première salle était assez grande où se mêlaient un certain nombre de marchands et nobles qui n'avaient pas d'amis en la capitale et qui venaient tous pour assister au mariage du Roi Aldarion. Quoiqu'il en soit, il se dirigea vers le comptoir où le gros aubergiste apparut comme par enchantement :


- Que puis-je faire pour vous mon bon seigneur ?

- J'ai quelque affaire avec Son Altesse Taorin de Harondor.

- Son Altesse m'a prévenu. Je vous ai réservé une alcôve pour vous entretenir au secret le plus complet.

- Je vous remercie.


Alors un serviteur le mena à travers nombre de teintures pour le mener jusqu'à une petite alcôve avec, en son centre, une table assez grande autour de laquelle il y avait deux chaises de bois ouvragé ainsi que quelques autres meubles. S'asseyant autour de la table, le jeune homme se mit à attendre l'émir. Il trempa ses lèvres dans une coupe avant que Taorin ne vint. A la vérité, c'était un homme de petite taille aux cheveux courts et au visage affreusement balafré avec même un bandeau pour cacher son œil gauche. Ces vêtements, s'ils étaient assez légers comme cela sied aux peuplades du désert, ne semblaient pas vraiment dignes de son titre. Quoiqu'il en soit, Evart se leva et s'inclina par respect vis à vis d'un chef d'état puis déclara avec déférence.

- Votre Altesse, je suis extrêmement honoré de vous présenté aujourd'hui. Avant toute chose, permettez-moi de vous offrir ce modeste présent en gage de ma bonne foi. Puisse-t-il faciliter nos échanges.

Alors il se dégagea quelque peu et dévoila Harlaus qui portait le tonnelet qu'il présenta au nouvel émir (d'une moitié) du Harondor. Il ne leur fallut pas longtemps pour s'installer autour de la table que des serviteurs vinrent garnir richement. Vins blanc, rouge, épicé et même du vin des roses tenaient bonne place sur la table tandis qu'on apportait également plusieurs plats : un potage au lait d'amande, un autre au petits pois, une tourte à la viande, une épaule d'agneau braisée accompagnée d'une bonne potée, quelques cailles grillées à la Braveroc dont la peau luisante semblait croustiller comme il se devait mais aussi un poulet en carapace d'écrevisse et plusieurs poissons d'eau douce et de mer cuits de diverses façons. Après que les serviteurs eurent tout placer, Evart congédia le sien et son hôte fit de même avec son garde du corps. C'est alors que le jeune homme reprit :

- Votre Altesse. Puisse que tout cela ne semble attendre que nous, je pense qu'il est grand temps de discuter des affaires dont vous vouliez m'entretenir.
#Evart #Praven
Sujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence
Evart Praven

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 12 Juin 2014 - 20:48
Petit hors-RP : La resynchro se fera gentillement en flashback !

Aujourd'hui était un grand jour à Minas Tirith. Un mariage royal n'était pas une chose commune, d'autant plus qu'il survenait après une longue période de malheurs. La guerre, la mort, la maladie et le froid avaient frappé l'ensemble de la Terre du Milieu pendant trop longtemps. Les gens avaient maintenant besoin de joie et d'espoir pour oublier les ténèbres qu'ils venaient de traverser. Le retour du Soleil et ce mariage entre deux des plus puissants états de la région ne pouvait annoncer que des jours meilleurs que tout le peuple espérait. Désormais il ne pouvait plus rien arriver de mal à quiconque et, tous, nous pourrons profiter des fruits de la paix.

Profiter était le terme juste pour Evart. En réalité, il ne pouvait imaginer une situation plus enviable. Avec la venue d'étrangers des quatre coins du monde, il n'avait jamais vu ses commerces aussi remplis. Des dunedains du Nord aux umbarites en passant par des habitants de Dale, tous avaient besoin de boire et manger. Choses que le jeune marchand pouvait leur fournir en abondance. Les premières récoltes avaient remplis les greniers et tonneaux du royaume. Lui-même avait fait de grands stocks de ces précieuses denrées dont il tirait grand bénéfice. En effet, la Corporation des Épiciers avait obtenu du Roi que les prix ne soient plus réglementés après l'aube. Se faisant les habitants de la ville pouvaient toujours acheter leur pain à bon prix tandis que les marchands pouvait afficher des prix prohibitifs aux visiteurs étrangers. Dès lors ce commerce s'avérait des plus lucratifs pour tout le monde.

Comme certainement beaucoup de gens, Evart profitait des premières lueurs de l'aube pour s'habiller dignement pour le mariage de Leurs Majestés. Le jeune homme avait passé un pourpoint damassé de couleur bordeaux dont les manches fendues et la doublure laissait apparaître du noir. Il s'était presque ruiné pour acheter des vêtements dignes de son rang mais c'était un mal nécessaire. En effet, les corps constitués de Minas Tirith avaient obtenu d'envoyer des représentants au mariage et la puissante corporation des Épiciers avait obtenu d'envoyer onze personnes, outre le grand maître de la guilde, deux représentants des clercs de la guilde, deux du trésor et six représentants des maîtres et compagnons. En tant que l'un des secrétaires au Trésor, Evart avait obtenu une place. A la vérité ce n'était pas tant son poste que ses actions -et sa condition noble- qui lui avaient permis d'arracher cela. Après tout il avait permis à la guilde d'échapper à une dette qui semblait insurmontables grâce à divers montages financiers quelque peu amoraux -enfin, il avait volé aux pauvres pour donner aux riches, c'était donc dans l'ordre des choses-. Quoiqu'il en soit, ce petit fait d'armes lui avait valu toute la reconnaissance des dirigeants de la guilde et un poste enviable.

Par contre sa demeure était désormais remplie de membres de sa famille : ses parents, ses frères ô combien détestés, des cousins et des oncles à ne plus savoir qu'en faire, … Avant que tout le monde ne fut bien réveillé, il s'esquiva et rejoignit le siège de la guilde. Le Soleil perçait doucement de lointains nuages et Evart pouvait sentir les premiers rayons de la journée sur son visage. Après des mois à affronter un astre pâle, froid et sinistre, ce Soleil éclatant était une véritable renaissance. S'autorisant à laisser son esprit vagabonder, le jeune noble repensa à tout ce qu'il avait pu se passer depuis le temps où il avait quitté ces ridicules terres à l'Ouest du royaume. Il devait avouer qu'il pouvait être assez fier du chemin qu'il parcourut, il lui avait fallu deux mois pour s'installer convenablement et six de plus pour obtenir un poste plus que convenable dans la guilde et des relations avec des gens puissants -Oliri, Heagon ou Ismaren-. Il espérait bien pouvoir obtenir un poste encore plus prestigieux d'ici six mois et arrêter de vendre ses choux et sa piquette pour des choses plus lucratives.

Lorsque enfin il arriva au siège, il put remarquer la magnificence des lieux. Les grands maîtres successifs avaient voulu montrer leur puissance en embellissant sans cesse les lieux tant et si bien qu'il était maintenant recouvert de statues, moulures et autres travaux de maçonnerie. Comme il n'y avait pas encore grand monde, il préféra rejoindre les caves qui dissimulaient la chambre-forte de l'ordre. Celle-ci était protégé par l'un des gardes-trésor, compagnons ou maîtres qui avaient reçu l'honneur d'assurer la protection des biens les plus précieux de la guilde. Ensemble ils purent inspecter les pièces que la Guilde allait offrir aux souverains d'Arnor. Elles étaient splendides et feraient honneur à la réputation de la corporation. Après être remontés dans le grand hall où les représentaient attendaient le grand maître qui apparut cinq minutes plus tard. Ainsi ils purent répéter une dernière fois le rituel de l'offre des cadeaux de mariage. En tête de la procession, il y aurait le grand maître qui avancerait devant deux colonnes. A la tête de chacune d'entre elle, il y aurait le Trésorier et le Secrétaire du Conseil suivi des deux porteurs de cadeaux -dont Evart-, de trois autres représentants du Trésor à gauche et trois du Secrétariat à droite tandis qu'ensuite il y aurait vingt représentants dans chaque colonne. Une fois cela terminé, ils purent vaquer quelque peu à leurs occupations avant de partir à la cérémonie.

Le parcours pour aller jusqu'au Palais fut bien long aux yeux du jeune homme. Solennelles et majestueuses, toutes les délégations se devaient de faire bonne figure et montrer leur puissance. A la tête du cortège, les dignitaires et nobles de Gondor ouvraient la voie puis on trouvait les corps constitués du Gondor au prestige suffisamment bas pour ne pas avoir de place de choix. Derrière eux et à bonne distance, on trouvait quantités de délégations étrangères à fière allure avant de tomber sur Dale, l'Arnor puis Leurs Majestés. Une fois disposés, ils purent écouter l'adresse du Roi Mephisto. Celle-ci commença par un recueillement assez solennel, le Haut-Roi put unir les deux époux. Le jeune homme ne pouvait nier que le couple avait une certaine prestance. Sa Majesté Aldarion avait de l'allure à revendre, il était grand et puissant, son visage carré montrait toute sa détermination et son autorité. La princesse Didael était belle, ce qui ne gâchait rien mais n'avait rien de nécessaire pour être une bonne reine, mais il ignorait ses qualités. Ne la connaissant pas, même de réputation, il ne pouvait absolument pas la juger. Quoiqu'il en soit, ce fut une très correcte cérémonie sans intérêt majeur mais convenable.

Ensuite vint la longue procession des cadeaux, là encore tout était codifié et chacun avait sa place. D'abord tous les émissaires étrangers comme ceux du Rohan ou de Rhun. Ensuite il y eut une foule de dignitaires divers et variés puis les corps constitués auxquels appartenait Evart. Lui-même, en tant que Secrétaire au Trésor, avait la chance de porter le cadeau qu'ils feraient à la nouvelle reine d'Arnor. En réalité, le jeune homme n'était en rien honoré, les souverains oublieraient son visage sitôt qu'il serait sorti de la tente et cela ne porterait strictement aucun intérêt en soi, par contre, son prestige au sein de la corporation ne pouvait qu'être amélioré. Ce serait donc particulièrement profitable. Mais alors que la cérémonie de remise des cadeaux commençait à peine, un chambellan sortit pour annoncer que leurs majestés prenaient un rafraîchissement. A la vérité s'était d'une grande inconvenance et on ne pouvait qu'espérer que cela ne durerait pas longtemps. S'ils n'étaient pas capables de résister plus de quelques minutes à des mondanités inutiles de la sorte, qu'en serait-il plus tard ?
#Evart #Praven
Sujet: Le Manoir Oliri d'Osgiliath
Evart Praven

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Manoir Oliri d'Osgiliath    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 20 Avr 2013 - 17:27

Le voyage avait été relativement peu long mais néanmoins très désagréable. Il y avait tant de gens de la populace qui voyageaient avec lui mais il devait le supporter le temps d'acheter un cheval. Heureusement que les routes étaient bien entretenues et calmes, il n'eut pas à subir les tracas qui, souvent, émaillent un quelconque voyage.

Une fois arrivé à Osgiliath, il était pas loin d'être midi et le jeune homme décida d'aller manger avant de se diriger vers le manoir de Gyan Oliri. Il s'arrêta donc dans une auberge qui avait l'air respectable et commanda une pièce de viande, un bouillon consistant et du pain. Une fois cela englouti, il demanda où il pouvait trouver la résidence du fameux marchand. Elle ne semblait pas très loin. Après avoir payé, il partit à pied, s'arrêta à une fontaine pour se débarbouiller rapidement le visage -qu'il essuya aussitôt pour éviter d'être complètement congelé-.

Il se dirigea donc vers le manoir. Celui-ci était assez grand, architecturalement travaillé bien que trop clinquant à son goût. Il devait certainement être fait pour montrer toute la richesse du possesseur et servir à l'apparat, de cela il ne pouvait lui faire aucun reproche. Frappant à la porte, un serviteur vint lui ouvrir et lui proposa d'entrer :


- Je suis Evart Praven, j'ai envoyé un pli ce matin même pour demander une entrevue à Maitre Gyan Orili.

- Oui, je vais le mettre au courant, il ne saurait tarder.
#Evart #Praven
Sujet: Affaires d'un simple marchand ...
Evart Praven

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Affaires d'un simple marchand ...    Tag praven sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 20 Avr 2013 - 16:32
Alors que le Soleil se levait, Evart eut un frisson et réajusta la fourrure qui lui couvrait les épaules. Cet hiver était le plus rude qu'il n'ait jamais connu, le froid envahissait tout le monde connu, les sols étaient aussi dur que la pierre à cause du gel et l'eau de certaines fontaines avait même gelé. D'après ce que lui avait dit ses métayers, les vergers avaient gelé et de nombreux arbres étaient morts. La récolte serait extrêmement mauvaise et l'argent ne rentrerait pas … Quelle tristesse … De l'argent perdu ! Mais ce serait peut-être une chance, s'il parvenait à importer de la nourriture de terres plus riches, il parviendrait certainement à empocher un petit pactole.

Il s'éloigna donc de la fenêtre pour s'habiller puis descendre jusqu'à la cuisine. Isola, sa servante, était déjà entrain de travailler et lui servit son petit déjeuner composé d'un bouillon et de deux tranches de pain. Les prix étaient chers ces derniers temps et Evart, comme tout le monde, était contraint de réduire son train de vie. Une fois ce frugal repas englouti, il décida d'aller faire un tour jusqu'aux quelques commerces qu'il possédait.

Il lui fallut un peu moins de deux heures pour visiter ses employés et donner des instructions. Les affaires n'allaient pas si mal puisque les remèdes et plantes « miracles » se vendaient bien dans ses temps de maladie tandis que les gens devaient toujours manger. Cependant il lui était difficile d'acheter de la nourriture pour remplir les râteliers de ses commerces et faisaient fondre ses bénéfices. Heureusement que l'on pouvait extraire du cuivre par beau et mauvais temps. Les rues de la ville étaient sinistres. Minas Tirith était une ville splendide lorsque le Soleil était haut et le temps clair mais le gris et le blanc étaient lugubres et inquiétants dans ses temps sombres.

Une fois rentré chez lui, Isola lui dit qu'un messager lui avait donné une lettre de son père, le comte de Padraig, lui avait envoyé. Il monta immédiatement à l'étage, s'enferma à double tour dans son bureau et sortit la lettre. Le sceau était parfait, elle ne semblait pas avoir été ouverte, il la décacheta et sortit un parchemin.


[size=15]Evart,

J'ai appris que le dirigeant de la Compagnie du Sud venait de mourir. Il semble que sa succession puisse être difficile et cela devrait être une occasion pour vous de vous distinguer. Essayez d'entrer en contact avec un des partis pour devenir un de leurs fidèles. Un des commis de la famille Oliri pourra vous faire rencontrer l'un des membres de la famille. Il se prénomme Vicente Motierre et vous pourrez lui remettre la seconde lettre. Profitez bien de cette occasion et ne me décevez pas.

Harlaus


C'était une bonne nouvelle mais il faudrait bien faire suffisamment habile pour être effectivement au service des Orili. Il lui fallait donc partir au plus vite pour Osgiliath. Il se dirigea donc vers le fond de la pièce, ôta la teinture et déclencha l'ouverture secrète de la pièce du fond. Une fois à l'intérieur, il ouvrit la huche, y plaça la lettre de son père et déplia le seconde.

Vicente,

Je vous remercie de m'avoir informé des ambitions des Orili. Un de mes agents sur place a pu rafler les baux d'exploitation de plusieurs fermesde l'Ithilien et faire suffisamment monter les prix pour trois mines de fer en Lossarnach. Vos informations nous ont été précieuses et votre pension a été entreposée où vous savez.


C'était donc ce qui lui permettrait d'entrer dans les bonnes grâces des fameux Orili. C'était habile mais Evart perfectionnerait le plan. Il allait plutôt demander directement une entrevue à Gyan Oliri. Fourrant la lettre dans sa poche, Evart sortit de la pièce -qu'il referma consciencieusement- et commença à rédiger une brève note lui demandant audience, il ne s'occupa même pas de la cacheter et la remit à Isola qui devait dépêcher le premier message qui partait pour Osgiliath. Il remonta à l'étage prépara quelques affaires et prépara son départ en rédigeant des instructions au contremaitre de la mine et aux commerçants de Minas Tirith. Ensuite, il décida de partir et se dirigea jusqu'à l'entrée de la cité. Tous les jours, plusieurs diligences partaient pour Osgiliath et il en prit pour une somme modique. Moins de dix minutes plus tard, la carriole s'en allait vers le fleuve …



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