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Sujet: Loyal rime avec vénal
Ryad Assad

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Rechercher dans: L'Auberge des Murmures   Tag assad sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Loyal rime avec vénal    Tag assad sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 13 Juin 2015 - 16:00
Flashback, pendant le mariage d'Aldarion à Minas Tirith


Quelle histoire que ce mariage, franchement… J'avais fait des centaines de lieues pour m'y rendre, en compagnie de Taorin et de la délégation pirate, et honnêtement, je ne m'attendais pas à tomber sur un tel spectacle. Il y avait vraiment de tout. Des hommes, des Elfes – qu'ils soient maudits, eux et leurs sortilèges ! – et des Nains. Les gens venaient de partout, de tous les coins de la Terre du Milieu pour participer aux festivités, ou plus vénalement pour vendre leurs marchandises en profitant de l'afflux de population. Il fallait dire que c'était un gros événement, que personne n'aurait voulu rater. Pas même moi, à la vérité. Non pas que j'avais envie de faire la fête, de boire et de chanter à tue-tête comme la plupart des soudards que l'on croisait dans les rues, mais plutôt que j'avais l'intuition qu'avec une telle concentration d'individus différents, il était possible d'obtenir des renseignements, et de mener quelques opérations intéressantes. D'ailleurs, Taorin comptait sur moi pour accomplir ses quatre volontés, et je n'entendais pas le décevoir. Ce type était vraiment étrange, et j'avais encore du mal à le cerner. Je l'avais d'abord vu comme un fou, puis comme un téméraire, puis comme un audacieux dont la chance insolente lui avait permis de s'imposer à Dur'Zork, malgré tout. Et par ce « malgré tout », j'entendais « malgré l'opposition de Radamanthe et de son armée, malgré les raids incessants des hommes du Khand, malgré l'opposition d'une partie de la population, les finances désastreuses, le service de renseignement catastrophique, malgré l'opposition des autres Seigneurs Pirates qui voulaient une part du gâteau, malgré les intérêts divergents, les trahisons et les retournement de veste nombreux ». Bref, malgré tout. C'était prodigieux de voir ce qu'un homme avec un seul œil pouvait faire avec de la chance, finalement. Une partie de cette chance s'appelait Salem Hamza, et travaillait en tant que son secrétaire et conseiller pour l'heure, ce qui n'était pas même suffisant à l'aider à assseoir sa domination sans partage.

Nous étions arrivés à Minas Tirith, et avions quelque peu profité des festivités. Taorin avait fait en sorte de bien se montrer, pour s'imposer comme un dirigeant de poids avec lequel il fallait compter – ils faisaient tous ça, et puis quelques mois après on retrouvait leur cadavre dans une rivière, sans que personne ne se rappelât de qui il s'agissait. Personnellement, j'avais fait en sorte de me montrer un peu plus discret, en me mêlant davantage aux serviteurs et aux esclaves qu'aux hauts dignitaires. Je savais que des yeux pouvaient me regarder, et je préférais éviter de m'afficher trop ouvertement proche de Taorin, car ce n'était pas particulièrement un allié sûr. Le vent pouvait tourner rapidement dans le désert, et il valait mieux ne pas montrer trop de fidélité à un parti, sans quoi on risquait d'être emporté avec lui lorsqu'il serait balayé par la prochaine tempête. Pour ma part, j'essayais de m'imposer par ma compétence davantage que ma mon allégeance – après tout, je n'imaginais pas Taorin avoir confiance en moi, puisqu'il n'avait confiance en personne. C'était, je crois, une attitude pleine de sagesse. Ma loyauté n'allait qu'au seul royaume de Rhûn, et c'était en définitive pour lui que je travaillais. Soutenir Taorin ou Reznor, quelle différence ? Tant que je pouvais récolter des informations, j'étais heureux. J'étais un homme plein de simplicité.

Simple mais pas inefficace, fort heureusement. Grâce à moi, Taorin s'était débarrassé d'un de ses concurrents les plus zélés. Riordan, le Seigneur Pirate, était mort dans une attaque que j'avais moi-même orchestrée. Oh, j'avais fait en sorte que personne ne pût remonter jusqu'à moi, et encore moins à Taorin qui après tout était le véritable commanditaire de cette action violente. Je n'étais qu'un messager, un simple émissaire chargé de faire exécuter sa volonté, et ses ennemis par la même occasion. Il n'avait pas été difficile d'orienter les tueurs pour qu'ils pussent frapper au moment opportun, étant donné que je connaissais parfaitement les habitudes de Riordan, la façon dont il anticipait une attaque sur sa personne. Il ne se confiait à personne sur ce point, mais il n'était pas difficile de laisser traîner une oreille quand on était aussi insignifiant à leurs yeux qu'un poteau de bois planté dans le sol. Les puissants sous-estimaient presque toujours les hommes qui les servaient, et qui dès lors constituaient de grandes sources d'information. Il suffisait de les faire parler – ce qui était parfois assez amusant – ou bien de réussir à faire partie de ces serviteurs. Ce n'était pas toujours une tâche ingrate, et faire le service auprès de ces messieurs n'était pas toujours un plaisir. Ils avaient des goûts horribles, des habitudes désagréables, et il fallait toujours se montrer affable. Mais c'était fou ce que l'on pouvait apprendre d'eux en quelques heures passées à les observer.

A la suite de ces incidents, Taorin m'avait demandé de prendre un peu de distance avec lui. Il devait se concentrer sur ses propres affaires, des négociations difficiles avec les émissaires du Harondor, et il préférait qu'on ne me voie pas dans ses pattes. Il avait raison, pour une fois, et je ne trouvai rien à redire, préférant m'éclipser avant qu'il ne changeât d'avis et me demandât de prendre note de tous les détails pendant leurs réunions. Il trouverait bien quelqu'un d'autre pour faire le travail de scribe. De préférence quelqu'un qui aurait déjà la langue coupée, car je tenais à la parole. Je me mis donc en route pour la Cité Blanche, troquant mes vêtements outrageusement tapageurs de secrétaire officiel de Taorin – il avait décidé de nous habiller richement pour afficher l'opulence d'une cité qui en réalité était en proie à des difficultés terribles, mais soit, cela faisait partie du jeu politique – pour quelque chose de plus seyant. Une tunique simple, de cuir, quelque chose de passe partout que j'avais l'habitude de porter, et qui ne me pèserait pas par cette chaleur étouffante qui régnait. Après l'hiver interminable, le redoux était difficile à supporter, même pour nous qui venions des terres lointaines du Harad.

Je pris premièrement la direction du campement du Rhûn, non pas pour y pénétrer mais simplement pour voir de quoi il retournait là-bas. J'arrivais à un moment inopportun, car il semblait n'y avoir personne, comme si une grande partie de la délégation s'était rendue en un endroit spécifique, à un grand rassemblement. J'aurais bien voulu en savoir davantage, mais je ne pris pas la peine de ruiner ma couverture pour des informations que je pourrais obtenir par ailleurs. Ainsi donc, je m'engageais entre les tentes, sur la voie bondée qui menait à Minas Tirith. Il y avait de tout : des visiteurs, des marchands de toute condition, des producteurs qui transportaient des grains et des blés jusqu'aux marchés de la place principale. Beaucoup étaient des artistes de rue, qui allaient trouver leur place pour amuser la galerie. Quant à moi, j'incarnais pour l'occasion le rôle de Salem Hamza, philosophe et penseur de son état, quelques papiers et un support en bois sous la main, un calame dans la petite sacoche que je transportais. Pour écrire, bien sûr, et pour le planter dans l'œil d'un malandrin en cas de besoin. Ca pouvait toujours servir. Les armes étaient prohibées et les gardes étaient en alerte en permanence pour prévenir toute dérive, mais les malheureux n'étaient certainement pas assez nombreux pour empêcher le moindre crime. Il fallait reconnaître que pour des Occidentaux, ils faisaient un travail plutôt correct, et qu'on ne se sentait pas menacé dans les rues. Peut-être était-ce parce que je revenais d'Umbar, en passant par Dur'Zork, où la sécurité était un concept strictement théorique.

Je pénétrai enfin dans l'enceinte majestueuse de la ville, ne m'étonnant plus guère de voir des animations et des amuseurs publics m'aborder pour me demander de venir observer leur spectacle, ici de dressage d'animaux, là de jonglerie. Je déclinais toujours avec politesse, et m'enfonçais sans ralentir vers les quartiers qui m'intéressaient davantage : ceux où on pouvait trouver des érudits. S'il y avait bien une chose que j'avais apprise, c'était que les vieux sages séniles étaient du genre à partager leurs connaissances – souvent très pointues – sans réserve. Il fallait créer un lien de confiance, bien entendu, mais une fois qu'on avait réussi à leur faire accepter que l'on était vraiment intéressé, il n'était pas difficile de les faire parler de tout et de rien. Ils ne colportaient pas de rumeurs, ou en tout cas pas consciemment, et ils avaient plutôt tendance à parler de choses factuelles, qu'ils avaient la certitude d'être vraies. Il fallait, en échange, leur fournir quelques informations qui en général ne valaient pas grand-chose en comparaison. Pour ma part, j'avais réussi à trouver un vieux sage avec qui j'étais déjà resté discuter deux bonnes heures, et que j'avais promis de revenir voir. L'homme était intéressé par la culture des autres royaumes, et il avait l'intention d'utiliser la présence de nombreux étrangers ici pour se renseigner. Les ouvrages historiques dataient, et il essayait de voir si ceux-ci étaient toujours d'actualité ou non. Fatalement, mes origines orientales l'avaient immédiatement attiré, et il s'était mis à me poser de nombreuses questions. Lorsque nous nous étions quittés, je lui parlais de la diversité de nos paysages, ce qui avait l'air de beaucoup l'intéresser. Il fallait dire que le Rhûn était un royaume vaste, avec des montagnes au Nord, le Mordor au Sud, les déserts du Khand pas très loin, de grandes steppes à l'Est, mais une mer à l'Ouest. Bref, la richesse de notre territoire était fascinante, et il était heureux de pouvoir bénéficier de quelques informations que j'allais puiser dans ma mémoire.

J'avais l'intention de lui parler un peu plus des coutumes de Vieille-Tombe, qui cultivait le vin. J'avais de la famille là-bas, notamment un oncle et une cousine, et je présumais que la ville serait d'un intérêt bien plus grand à ses yeux qu'Albyor la Noire, qui fournissait la plupart des esclaves du pays. Elle jouissait d'une mauvaise réputation dans notre royaume, et il était certain qu'un Occidental, aussi érudit fût-il, aurait du mal à comprendre le rôle économique capital qu'elle jouait. Il était certaines choses qu'il n'était tout simplement pas possible d'expliquer. L'esclavage n'était pas un mal en soi. C'étaient les mauvais traitements qui étaient souvent déplorables, car contre-productifs. Les esclaves bien traités pouvaient faire des travailleurs tout à fait convenables, que l'on rémunérait en nature et que l'on pouvait acheter et vendre. L'économie était prospère. A Albyor, toutefois, on trouvait le pire de ce que l'esclavage pouvait compter. Ceux qui travaillaient dans les mines étaient parmi les plus à plaindre, car ils devaient se courber toute la journée à la recherche de métaux précieux. Et encore, ils étaient chanceux par rapport à ceux qui étaient envoyés au Temple Sharaman. Quand j'étais parti du Rhûn, le culte se développait, mais j'avais entendu dire qu'on sacrifiait désormais plusieurs esclaves quotidiennement. La pratique me laissait toujours dubitatif : pourquoi tuer des individus qui pouvaient encore servir ? Mes propres convictions religieuses me poussaient à respecter la nature et notamment un concept d'utilité assez facile à comprendre. Chaque chose avait un intérêt en soi : les plantes poussaient et nourrissaient les animaux, qui eux-mêmes nourrissaient les hommes, qui eux-mêmes nourrissaient les animaux à leur mort. Pourquoi tuer en masse des hommes pour les priver de leur substance vitale, et la dévouer à un Dieu Sombre qui de toute façon devait s'en ficher. Attention, on ne pouvait pas dire que je ne croyais pas en Melkor. Après tout, qui pouvait douter de son existence ? Cependant, je n'étais pas convaincu qu'il aurait voulu qu'on sacrifiât des âmes innocentes. J'avais plutôt la conviction qu'il souhaitait des guerriers, pour mener sa guerre contre les dieux de l'Ouest. Sans doute les prêtres de Sharaman interprétaient-ils les choses différemment.

J'en étais là de mes réflexions, quand j'eus soudain la désagréable impression d'être suivi. En général, cela se manifestait quand mon contact se trouvait non loin de moi, mais je savais que ce n'était pas lui. Son physique particulier ne lui permettait pas de m'aborder facilement à Minas Tirith, et j'étais convaincu qu'il aurait privilégié une rencontre dans les Champs du Pelennor. Qui donc pouvait bien m'en vouloir ? Après tout, je n'étais qu'un simple secrétaire, qui pour l'heure n'était même pas en service. Conscient qu'au milieu de la foule, je ne risquais absolument rien, je m'arrêtai un instant pour observer un spectacle, en essayant de ne pas regarder autour de moi. Le danseur était bon, et j'applaudissais des deux mains en rythme avec le musicien qui jouait un air festif. C'était un violoniste, qui paraissait absorbé par sa prestation. Lorsqu'il eût terminé, il y eut de nombreux applaudissements, et on s'approcha pour leur donner quelques pièces. Je me laissai porter, et allai les rémunérer misérablement, avant de reprendre ma route. La cohue derrière moi risquait de ne pas faciliter la tâche de ceux qui me suivaient, et j'entrepris de bifurquer sèchement pour les semer. J'attaquai une rue moins fréquentée, qui me permit de forcer un peu l'allure. Je tournai de nouveau, sans trop savoir où j'allais, essayant surtout de garder une démarche naturelle pour ne pas donner l'impression de fuir. Au fond de moi, j'étais toujours très calme. Je savais que des voleurs n'avaient aucun intérêt à s'en prendre à moi, et qu'ils verraient rapidement que je n'avais aucun bien de valeur. Ils finiraient par me lâcher.

Cependant, alors que je bifurquais de nouveau, je me retrouvai nez-à-nez avec un homme qui marchait droit dans ma direction. Je devinai instantanément qu'il n'était pas du genre à s'être perdu lui aussi, et il paraissait me chercher. Pourquoi donc ? Je reculai de quelques pas, et vis dans la rue d'où je venais qu'un autre homme arrivait, marchant d'un pas décidé. Très honnêtement, j'aurais pu courir, essayer de les semer, mais pour faire quoi au final ? Je n'avais rien, je ne savais rien – tout du moins, c'état ce que j'allais leur dire – et ils ne pouvaient pas vraiment m'enlever ou me torturer en pleine rue, pas avec le nombre de gardes qui traînaient là. Je n'exhibai pas trop ma confiance, et me contentai d'afficher un visage calme, mais passablement inquiet – j'étais doué dans mon genre. Ils s'avancèrent jusqu'à se trouver à la limite de la portée de mon bras, et s'arrêtèrent. Je lâchai tranquillement :

- Si vous voler moi, moi pas rrésister. Moi pas fuirr. Tiens, prrendrre sac.

Je lui tendis ma bourse, qui contenait quelques misérables pièces, à peine de quoi acheter deux repas. J'avais fait exprès de parler comme un étranger, en espérant que cela les dissuaderait de poursuivre leur entreprise. La main toujours tendue, ils ne réagirent pas à l'or que je leur proposais, et je compris alors qu'ils n'étaient pas ceux que je croyais. Sous leur cape apparemment banale, je pouvais entrevoir un plastron aux armes du Gondor. Le premier était un soldat, capable de prendre immédiatement ses fonctions si le besoin de faisait sentir. Le second n'arborait pas de tunique semblable, mais je devinai qu'il devait être, comme l'autre, un militaire. Je levai les mains tranquillement, et lançai en laissant tomber mon simulacre de parler étranger :

- Alorrs vous n'êtes pas des voleurrs… Suis-je en état d'arrestation ?

#Ryad #Assad
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