#Floria #Morbise #PNJ #AuxdeuxfourchettesFloria remercia Orline d’un geste de la tête pour l’avoir aider à se relever. Elle observa et écouta l’ensemble des protagonistes désormais présents dans la demeure de sa sœur.
La Dame qui s’était cachée depuis un certain temps ne semblait pas connaître les deux autres inconnus. Floria en déduisit qu’elle l’avait sans doute entendu crier et qu’elle était entrée pour l’aider…elle n’avait pas l’air d’être une voleuse, plutôt d’une âme charitable. Elle se nommait Jenifaël, c’était la première fois que Floria entendait ce genre de prénom, elle le trouva joli et doux. Judia l’aurait aimé aussi…
Tout en laissant les trois individus discuter, la jeune Morbise alla fermer la portée d’entrée à clé. Elle aurait pu se sauver comme initialement envisagé, mais elle risquait de laisser cette nouvelle venue seule, elle serait peut-être en danger…et il y avait plus des biens de sa sœur. Il était inenvisageable qu’ils touchent à quoique ce soit, Floria devait protéger le peu de choses qu’il restait de Judia.
*Au moins…je ne risque plus d’avoir de mauvaises surprises…* elle raccrocha la clé sur le crochet mis à disposition.
Restant en retrait, Floria était en face de ce Syp, adossée contre le mur…elle n’avait émis aucune réaction quand il donna son prénom et qu’il osa parler de sa sœur. Il n’était en rien responsable de tout cela, mais le simple fait qu’il parle de Judia lui était insupportable : que avait-il vraiment d’elle ?
La jeune femme savait qu’elle ne devait pas reporter sa tristesse et sa colère contre cet homme, mais une partie d’elle n’arrivait pas à se contenir. Elle était aussi en colère contre sa sœur…car au final, que savait-elle vraiment d’elle ?
« Madame, au risque de paraître grossier ou de vous déranger, je ne puis remettre une chemise seul dans mon état, les bandages sont trop sensibles, et je pense cela assez déplacé de le demander à la pauvre Floria, alors j’abandonne toute virilité pour vous demander un peu d’aide... » dit le dénommait Syp, tout en déposant un baiser sur la joue de la noble Dame.
Une mine de dégoût se dessina sur son visage : l’attitude de Syp la dérangeait. Quand il déposa ce baiser sur la joue d’Orline, Floria eut une envie de vomir.
Mais cela n’avait rien à voir avec Syp. Cela faisait plutôt écho à un ancien et récent souvenir qu’elle avait vécu…
*Tous les mêmes…tous les mêmes…*
C’est alors qu’une nouvelle pensée vint la saisir : il fallait qu’elle parte et vite ! Son père était probablement à mi-chemin de cette demeure…ou même « lui »… Elle détourna son regard des inconnus et se dirigea vers la cour. Floria ouvrit la porte pour apporter à la fois de l’air et de la lumière dans ce logement, mieux ne valait pas ouvrir les volets.
Sans rien dire au groupe, elle prit une autre clé suspendue à côté de la cheminée et se dirigea vers la roulotte de sa sœur. Au vu de son attitude, la jeune Morbise faisait bien comprendre à cette petite assemblée qu’elle voulait être seule. De toute manière, ce Syp ou ce Spy avait besoin de soins importants.
Prendre l’air lui fit du bien.
Tenant la clé de la roulotte dans ses mains, Floria observa ce qui faisait la fierté de sa sœur. Les larmes perlèrent à nouveau ses yeux quand elle vit « Aux deux fourchettes » - avec deux fourchettes entremêlées dessinées, l’une avec un F et l’autre avec un J et un soleil au-dessus.
Cela la toucha en plein cœur. Judia avait-elle envisagé depuis le début de faire venir Floria avec elle ? Ou était-ce juste un clin d’œil à sa petite sœur, son rayon de soleil ?
De l’extérieur, la roulotte pouvait attirer la curiosité des gens. Il y avait plusieurs couleurs, de jolies fleurs dessinaient…celles que l’on retrouve dans les près, les préférées de Judia.
A l’intérieur, Judia avait aménagé un coin cuisine, une banquette convertible en lit avec des rangements en dessous, un petit coin intime pour se laver. Il y avait une carte de Minas Tirith d’affichée, avec les rues dans lesquelles Judia avait l’habitude de se rendre. Des affiches du commerce, le prix des différentes recettes proposées pour l’intérieur et l’extérieur du petit bâtiment.
Cela sentait son odeur et l’odeur de fritures…la roulotte avait été utilisée récemment.
Elle se laissa tomber sur l’une des banquettes et fondit en larmes. L’annonce brutale de la mort de sa sœur lui était difficile, et l’idée de retourner chez elle lui fit extrêmement peur.
Floria mit ses mains sur son visage. Elle était seule. Seule pour se consoler. Seule pour réfléchir.
*Oh Judia…si seulement tu étais là. Tu saurais quoi me dire et quoi faire, tu me protégerais de tout…Tu me rassurerais…tu…tu ferais tout pour moi. Tu aurais dit à père de me laisser avec toi. Tu « lui » aurais sans doute dit d’aller se faire voir et l’aurais sans doute giflé si tu savais tout…* elle se releva et essuya ses larmes * Mais tu n’es plus là…qu’est-ce que je peux faire, qu’est-ce que je dois faire…si seulement tu pouvais m’aid…*
Un tout petit signe gravé dans le bois de l’un des murs attira son attention. Leur défunte grand-mère fut une Dame très rusée, et assez cachotière. De son vivant, elle avait enseigné à ses petites filles plusieurs de ses astuces, dont l’art de la dissimulation.
A partir de ce minuscule signe gravé, la jeune Morbise posa sa main droite dessus, à l’envers. De son majeur, elle compta 7 pouces vers le bas et toqua deux fois sur le morceau de bois. Un petit claquement se fit entendre et Floria attrapa délicatement la latte qui venait de s’ouvrir.
Il y avait un carnet en cuir, plusieurs papiers…
*Ton carnet de recettes. Une sorte de sculpture, un arbre blanc ?! Un acte de propriété. Une autorisation de circuler dans et en dehors de Minas Tirith…Un laisser passer à ton nom…un autre…au mien ?!*
Une illumination se dessina sur son visage. Judia avait prévu des choses pour elle, et ce papier était son ticket de fuite. Un immense soulagement se dessina sur son visage, elle remercia du fond du cœur sa sœur, prévoyante en toutes circonstances.
Floria garda le carnet, son laisser passer – qu’elle rangea dans sa sacoche qui devenait un peu lourde- et rangea soigneusement le reste.
Une esquisse de plan se dessina petit à petit dans sa tête…mais il y avait ces trois personnes également. Il fallait leur parler.
Son absence avait duré quelques minutes. Les soins de Syp semblaient quasiment terminés tout comme son changement de vêtements. Tous se stoppèrent en voyant la jeune femme revenir.
Le visage de Floria avait gardé cette pâleur et cette tristesse de toute personne endeuillée :
« Je…je vous présente mes excuses pour mon attitude. » dit-elle sans regarder les trois individus « Les circonstances ne sont pas simples pour moi mais vous n’êtes en rien responsables. » elle posa alors son regard sur Syp et refermant la porte derrière elle. « Dame Jenifaël, merci pour l’aide que vous avez apporté, merci. Je vous paierai, pour les soins de cet homme.» elle marqua une pause et reprit « Il est de coutume chez nous de servir de quoi boire et de quoi manger à nos hôtes. Ma sœur…elle…m’hurlerait sans doute dessus en voyant que je ne vous ai rien servi.» elle eut un léger sourire triste « Vous semblez en avoir besoin…et moi également. Je reviens. »
Laissant Jenifaël et Orline finir leur ouvrage, Floria revint de la réserve avec un panier dans une main: il y avait du pain, de la viande séchée [HRPG : petite dédicace pour Hash’], des cornichons, du fromage soigneusement conservé, des bouteilles de cidre, de vin blanc et de vin rouge. Et dans l’autre main : une planche à découper et un couteau. Elle déposa l’ensemble des victuailles sur la table, sortit quatre verres en cristal d’un placard, des assiettes et des couverts et les mit à disposition des trois inconnus.
Syp venait d’être soigné et rhabillé totalement, il aura besoin de temps pour cicatriser mais il semblait en meilleur état.
La jeune Morbise sentait le regard de cet homme sur elle, mais il lui était difficile de discuter avec. Il était pourtant l’une des dernières personnes à avoir vu Judia. Elle avait tellement de questions à lui poser mais ses réponses seraient sans doute dures à entendre…aussi, préféra-t-elle se préserver.
« Servez-vous... Je dois écrire à mes parents pour ce qui est arrivée à J..ma sœur, cela ne prendra que quelques minutes. »
Il fut une nouvelle fois douloureux d’être dans sa chambre. Floria s’assit au secrétaire de Judia. Tous les tiroirs étaient vides, il n’y avait que des feuilles, des enveloppes, de la cire rouge, une plume, de l’encre et un sceau avec un « M » entouré de roses.
« Mes chers parents,
Je suis au regret de vous annoncer la mort de notre très chère Judia.
Les circonstances de son départ me sont encore inconnues mais je veillerai à les connaître, vous en serez informés dès lors.
Pardonnez-moi d’être partie.
Mon souhait le plus cher était de la retrouver et de vivre avec elle. Vous comprendrez que je ne peux laisser périr ce qu’elle avait construit, c’est la seule part d’elle qu’il me reste.
Je vous supplie d’abandonner cette idée de mariage. Je n’en voulais pas. Judia ne le souhaitait pas non plus. Je sais qu’elle vous avait écrit père à ce sujet.
Par amour pour notre Judia et par amour pour moi, laissez-moi vivre comme elle.
Je vous aime malgré tout,
Floria. »
Elle mit ladite lettre dans une enveloppe, alluma une bougie pour y laisser fondre la cire et y déposa ensuite le sceau de Judia pour la fermer.
Comme sa sœur avant elle, Floria déposa l’enveloppe sur le rebord de la cheminée. Il y était écrit : « Papa et Maman ».
Floria revint dans la pièce de vie et s’assit à côté de Jenifaël. Le fait de manger quelque chose lui fit du bien, elle but avec modération.
Tout comme sa sœur, Floria devint un peu plus loquace sans trop en dire sur elle et tout en gardant son plus grand secret…