4 résultats trouvés pour Egorgeur

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Sujet: La Purge: Sauver les apparences
Aelyn

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Rechercher dans: Le Marché Noir   Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Purge: Sauver les apparences    Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 23 Avr 2021 - 18:43

Le combat avait laissé les deux adversaires dans un triste état. Chacun arborait un visage tuméfié, la tête et les bras couvert de son propre sang et de celui de l’autre. Si Cereis avait la lèvre fendue, se promettait un œil au beurre noir conséquent et que son nez saignait abondamment, Sauer présentait des pommettes violacées, une arcade éclatée et, lorsqu’il montra les dents comme un animal, elles étaient teintées d’un rose vif qui laissait présager que plusieurs de ses gencives avaient subies le même sort. Les deux hommes, pendant une seconde, étaient dos au sol. L’air chargé de cendre et de fumée toxique les faisait tousser et cracher au rythme de leur respiration haletante.

Un moment de répit… C’était là la seule possibilité qu’avait Sauer de s’en sortir vivant mais quelque chose le retenait : la bête sombre et terrible qui était toujours tapie au fond de lui. Il était tiraillé par l’envie d’évacuer sa frustration, de cette journée abominable, des douleurs qu’on lui avait infligées, de l’humiliation et de cet homme qui avait fait emporter la vieille femme dans un cachot humide pour y être torturée. Il réussi à s’éloigner suffisamment de son adversaire pour se relever, non sans lui décocher un violent coup de pied dans la mâchoire. Son bras gauche, serrer contre son buste pour sécuriser sa côte blessée, tremblait sous l’effort. Le manque d’oxygène, ses blessures, l’épuisement physique et probablement un traumatisme crânien, rendaient ses gestes, habituellement lestes, lents et lourds. Il se tenait plié en deux, toussait et grimaçait de douleur quand les secousses de son buste agitaient ses os fêlés. L’air était brûlant. Il hésita entre l’homme à terre et la sortie. Une seconde de trop.
C’était plus de temps qu’il n’en fallait pour se redresser, et ce fut plus de temps qu’il n’en fallut pour que Cereis reprenne la main.  Avec une vitesse encore respectable pour un homme à demi asphyxié, Cereis mit Sauer à genoux. Et avant qu’il ne puisse réagir, le criminel se retrouva le visage plaqué au sol, un coude enfoncé entre les omoplates, une main qui enserrait sa nuque avec plus de force que nécessaire, son propre bras coincé sous lui. Il était totalement impuissant ! Le nettoyeur laissa échapper un hurlement de rage qui se noya rapidement dans les crépitements de l’incendie qui prenait de l’ampleur derrière eux. La chaleur était suffocante et la douleur, insoutenable à présent, mais ce n’était rien comparé à la fureur aveugle qui bouillonnait en lui.

« - Sois maudit, Cereis ! »

Décidément, c’était une mauvaise journée… Il savait ce qui l’attendait à présent : le cachot, la torture et une corde. Tout ça parce qu’un idiot n’avait pas respecté les règles ! Il arrêta de se débattre, il ne faisait que se blesser un peu plus. Mais contrairement à ce qu'aurait pu penser le lieutenant, il n’abandonnait pas pour autant la partie ; il préservait ses forces pour la prochaine opportunité. Car il y en aurait une, il y a en avait toujours une. Et il suffisait de faire preuve d’assez de sang-froid pour la saisir. Et s’il y avait bien quelque chose que Sauer possédait en quantité, c’était du sang-froid, aussi froid que son cœur diraient certains.

L’occasion qu’il attendait se présenta au milieu d’une quinte de toux. Si, à terre, Sauer était épargné de la majorité de la fumée et des vapeurs nocives de l’incendie, ce n’était pas le cas de Cereis, dont la tête se tenait bien plus haut. Elles attaquaient ses narines, ses poumons et ses yeux. Et soudain la pression sur la nuque de Sauer disparue.
Une poigne de fer sortit de la fumée saisie les cheveux blonds du lieutenant et tira brutalement sa tête vers l’arrière. La lame affutée d’un couteau vint se caler contre sa jugulaire d’un geste rendu presque gracieux par l’exercice. Un faux mouvement et s’en était fini… La nuque et la colonne vertébrale tordues dans un angle peu naturel, Cereis ne pouvait qu’apercevoir du coin de l’œil ce nouveau protagoniste qui bravait les flammes – ou semblait en sortir, à la couleur rousse flamboyante de sa chevelure. Comment était-il entré ?! Il avait le crâne horriblement balafré et les yeux perçants mais le bas de son visage était indistinct, couvert d’un épais linge mouillé pour protéger son nez et sa bouche de l’incendie. Une chose était sûre, son regard était braqué sur Sauer sans une once d’intérêt pour celui dont il tenait la vie sur la pointe de sa lame.


« - Patron ? » demanda-t-il d’un grognement.
« - Qu’est-ce que tu fous là ? » aboya Sauer, visiblement peu reconnaissant de l’aide apportée.
Le troisième homme ne sembla pas en prendre ombrage. Le coin de son œil se plissa comme s'il souriait sous son masque. Il continua :
« - M’a renvoyé à toi. »

Sauer acquiesça tout en s’extirpant tant bien que mal de l’étreinte de Cereis. Meld était une femme intelligente, qui le connaissait plus qu’il ne voulait bien l’admettre, semblerait-il. Elle avait dû se charger du reste de la mission qu’il avait initialement confiée à Jacob. Ses petits voleurs étaient des messagers de confiance, efficaces et qui passaient inaperçus au milieu de cette chasse aux sorcières que Cartogan avait lâché sur la Cité. Et bien que cela lui peinait de l’admettre, son âme damnée tombait à pic.

« - Faut sortir, S… Patron ! »

Sauer lui lança un regard sévère qui le fit taire et regarda autour de lui ce qui restait de la Cave, toujours accroupi au sol. La lumière aveuglante des flammes, la chaleur qui lui brûlait le visage, toutes les marchandises noircies, et dehors, les renforts de la Garde qui accourraient bientôt.

« - Une seconde ! »

A quatre pattes, il se rapprocha de Cereis. L’autre homme était fermement maintenu dans sa position à l’équilibre précaire. Si Sauer n’avait physiquement pas pu faire le poids face à Cereis dans leur rixe, avec l’Egorgeur, c’était une autre paire de manches. Bien que d’une carrure proche de celle de Sauer, ce homme-là avait des muscles forgés pour le combat à mains nues. Il n’avait pas dix ans qu’il se battait déjà dans les arènes clandestines des bas-fonds de la ville. Rapidement, il avait été capable de mettre à terre et tuer des garçons bien plus âgés que lui. Des trois hommes présents au milieu du bâtiment maintenant prêt à s’effondrer, il était le plus apte à ce genre de combat. C’était au tour de Cereis se sentir impuissant.
Sauer était si près à présent que le lieutenant pouvait distinguer chaque détail de son visage boursoufflé de coups malgré l’épais rideau de fumée. Sa colère semblait être retombée, ou redirigée. Ses yeux flamboyaient plus encore à la lueur de l’incendie mais les flammes ne semblaient pas réussir à réchauffer son regard.

« - Je t’aurais tué, Cereis, pour ce que tu as fait. Mais pas aujourd’hui. »
Il s’interrompit pour tousser et cracher un mélange de cendre et de sang. « On va se rendre un petit service tous les deux. Avant demain, je vais t’offrir un cadeau très spécial, tu vas l’accepter et tu vas complètement m’oublier. Dis-toi qu’un jour tu auras besoin d’un service et je viendrais te trouver. Alors tu me devras un service à ton tour. C’est comme ça que les choses marchent dans cette cité, c’était comme ça bien avant le…Général, et ça le sera encore bien après. » Il y avait tant de mépris dans sa voix qu’on pouvait presque le voir prendre corps dans ses paroles. « Tu te penses peut-être au dessus de moi mais le moment viendra, bientôt, très bientôt, où tu auras besoin de moi… »

Il y eu un craquement sourd au premier étage et Cereis pu sentir dans son dos le rouquin se tendre et trépigner. Mais à aucun moment il ne fit mine d’interrompre Sauer ni même ne le quitta du regard. Sa lame, elle, ne tremblait pas. Un autre craquement, plus puissant encore, poussa Sauer à lever la tête au plafond.

« - On sort ! » exigea-t-il.

Aussitôt, comme s’il avait devancé l’ordre d’un quart de seconde, l’Egorgeur rejeta le lieutenant en arrière, l’envoyant s’échouer violemment sur le dos, se glissa immédiatement sous le bras libre de Sauer pour le soutenir et courir vers la sortie. Le temps que Cereis se redresse, ils avaient déjà disparu dans la foule. Au milieu de tout ces miséreux qui couraient et arrosaient les bâtiments alentour pour tenter de maîtriser les flammes, au milieu de toutes ces faces noircies, cette fumée opaque et cette agitation, il n’y avait plus personne à trouver.
Mais après tout, ils avaient Anakel. Il n’y avait que dans les histoires que les hydres existaient, aucune monstruosité ne pouvait vivre longtemps sans sa tête. Et avec la chute des autres organisations clandestines de la Cité, il ne restait plus grand monde pour reprendre le trône. Certes, Sauer leur avait échappé pour cette fois, Alrik le marchand véreux également. Certes les preuves brûlaient mais avec elle la marchandise d’Anakel. Certes la journée avait été rude, mais la Garde avait repris l’avantage !

Dissimulé dans une ruelle qui sentait le moisi et les excréments, lourdement affalé contre Jacob, Sauer regarda passer les renforts de la Garde au petit trot en direction de l’épais panache gris qui s’élevait vers les hauteurs de la Cité. Il avait eu chaud, très chaud… trop chaud. Et cela ne lui plaisait pas. D’autant qu’il le savait, il lui faudrait un long moment pour se remettre de cette mésaventure. Et il n’avait pas le temps ! Le Réseau avait subit une attaque comme il n’en avait jamais subi depuis qu’il en était membre. Il fallait prendre des mesures rapides et radicales. Et malgré toute la bonne volonté de Meld, il y avait certaine chose qu’il était le seul à savoir faire correctement !

***

Ce soir-là, comme promis, il envoya ses larbins rendre visite aux familles des trois Gardes. L’un retrouva un chat mort dans le berceau de son enfant, l’autre avait eu le lit conjugal imbibé du sang d’une chèvre et le dernier, célibataire, qui dormait dans les baraquements, c’était vu livrer les têtes tranchées de trente rats dissimulées derrière une chemise neuve.
Ce soir-là, comme promis, Cereis eu aussi droit à son cadeau. Durant la nuit, on avait pendu depuis le toit un immense paquet en toile de jute devant sa fenêtre. Il contenait le cadavre mutilé d’un homme à la face figée dans une expression de terreur. La plaie sur son cou indiquait qu’on l’avait égorgé d’une oreille à l’autre d’un geste sûr. Sa langue avait été arrachée et ses mains, coupées. Ses habits riches et son visage autrement intact ne laissaient que peu de doute sur l’identité de l’homme : il s’agissait d’Alrik Danten, le marchand qui avait échappé à la perquisition. Sur son pourpoint était épinglée une note à l’écriture pointue :

Je tiens toujours parole. S

Sujet: Les dettes se payent avec les intérêts
Aelyn

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les dettes se payent avec les intérêts    Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 21 Mai 2016 - 23:49


"J'estime que je ne vous dois rien. A vous, à Sauer, et a cette Elle que vous mentionniez hier... Je ne compte pas sur vous pour faire passer un message, car ce serais de la lâcheté plus qu'autre chose... A vous je ne demanderai qu'une chose, la réponse a cette question. Où puis je trouver Sauer, son acolyte roux et la femme qui semble a la tête de ce trafic."

Sandatt haussa les sourcils à cette curieuse demande. Le gamin ne manquait pas d’air… d’autant que demander après Sauer si tôt après une première mauvaise impression était au mieux du suicide, au pire, de la pure stupidité. Il était vraiment rare que Sandatt se trompe sur les gens en règle générale. Il était plutôt doué pour cibler les personnes qui rentraient dans sa boutique. Cet échec le frustra au plus haut point.

"Je sais que vous trouvez mon idée plus suicidaire que d'être parti et c'est bien pour cela que je n'ai pas besoin de votre accord... Je sais à quels risques vous vous exposez rien qu'en m'accueillant ici. Et si je ne peux obtenir de vous une quelconque aide, alors je vous tuerai."

Le prêteur sur gage manqua de s’étouffer de surprise face à cette menace si clairement édictée. Alors là ! C’était le summum de l’invraisemblance. Il devait s’être endormi à son comptoir et rêver, il n’y avait pas d’autre explication ! Le visage de l’homme se teinta de colère. Ses yeux semblèrent se rétrécirent. Sa mâchoire se serra derrière ses lèvres pincées.
Même l’explication saugrenue qu’utilisait le jeune homme pour justifier son raisonnement ne lui tira même pas un sourire. Et quand le vagabond tira son arme, les yeux mornes semblèrent prendre feu.
Mais, subtilement, l’expression de Sandatt changea en quelque chose d’indescriptible et d’étonnement inquiétant. Son sourire, bien que discret, rappelait pourtant, l’espace d’une demi seconde, l’inquiétant Sauer. Ce n’est qu’un temps après qu’Aranmorë put comprendre ce qui avait changé. La sensation d’un fil froid touchant sa gorge et celle d’une présence soudain massive derrière lui. Une poigne de fer ceintura sa main armée tandis qu’il comprenait enfin que c’était le tranchant d’une sorte de scalpel artisanal qui appuyait sur son artère avec une précision de professionnel.

« - Voilà un homme qui ne sait pas choisir ses adversaires. » murmura la voix de son agresseur contre son oreille.




Une voix claire qu’il ne pouvait que reconnaitre dans la seconde. Il s’agissait sans aucun doute possible de l’acolyte roux de Sauer.
Le rapport de force venait de changer. Comment l'âme damnée du psychopathe avait-il pu arriver à son niveau sans qu’il n’ait pu l’entendre, pas même ses pas crissant sur la fayence brisée au sol. Les épaules de Sandatt se détendirent et il reprit son attitude maussade qu’on lui avait toujours connue. Le prêteur sur gage lança un signe de tête reconnaissant au troisième homme et fit le tour du bureau pour se trouver précisément devant le jeune homme. D’un geste il arracha de ses mains l’arme avec laquelle l’impudent avait osé le menacer.

- Bien, maintenant que notre ami l’Egorgeur a pu capter toute votre attention, il est grand temps de mettre deux ou trois petites choses au point… Premièrement, je ne suis pas un contrebandier et je ne l’ai jamais été, quoique la Garde en pense. Deuxièmement, personne ne me menace dans ma propre boutique. Personne ! Troisièmement… N’avez-vous pas ramené votre précieux artefact grâce à mes conseils et contacts ? Et cela sans respecter votre part du marché ? Et vous estimez vraiment que vous ne me devez rien… Vous ne doutez vraiment de rien ! Quatrièmement, vous restez persuadé que la mission était de tuer Ivar, n’avez-vous pas pensé un seul instant à vous servir de votre tête et imaginer un moyen de le faire quitter la ville ou de lui faire peur ? Dernièrement, je vais poser une nouvelle fois la seule question qui nous intéresse maintenant : qu’est-ce qui est dans vos cordes ? Répondez ou mourrez, c’est aussi simple que ça.

Contre sa gorge, le scalpel oscilla, menaçant. Aranmorë avait littéralement le couteau sous la gorge.
Sujet: Les dettes se payent avec les intérêts
Aelyn

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les dettes se payent avec les intérêts    Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 29 Déc 2015 - 23:24
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#Sandatt     #Sauer      #Egorgeur


Sauer écouta l’explication d’Aranmorë sans un mot, le fixant sans ciller ou bouger la moindre phalange. Son visage n’affichait aucune expression qui aurait pu aiguiller le jeune homme sur la portée de ses paroles, ni si c’était finalement la bonne chose à dire. A côté du vagabond, Sandatt semblait mal à l’aise, son visage toujours morne mais sa main droite, la plus proche de l’étranger, était agitée de tics nerveux et, en guise d’indicateur, ce n’était pas bon signe.
Et quand finalement, Aranmorë se tourna directement vers lui en ignorant totalement le duo derrière le bureau, Sandatt fronça imperceptiblement les sourcils. Soit ce gamin avait un cran monstre, soit il n’avait aucun instinct de survie. Tourner le dos à Sauer c’était tourner le dos à un fauve. Le prêteur sur gage commençait à vraiment regretter d’avoir engager ce gamin pour le job. Pas que ça l’aurait déranger de voir Sauer le mettre en pièce, quoique si, surtout s’il fallait faire le ménage derrière… Mais cet étranger avait montré qu’il avait un certain… potentiel pour retrouver la gourde. Sathie l’avait d’ailleurs décrit comme agaçant, complètement banal mais avec de la ressource pour un paumé. Ce qui était déjà une sorte de vague compliment de la part de la messagère irrévérencieuse. Au fond, il avait de la peine pour le gamin de devoir faire face à un type comme Sauer. Il aurait préférer régler ça lui-même, donner à Aranmorë une tâche pas trop compliquée à effectuer en payement et s’en débarrasser au plus vite pour n’en plus reparler. Mais Sauer s’était présenté avec son âme damnée à sa porte, furieux et il n’avait plus eu qu’à se plier à la volonté du psychopathe.

Lorsqu’enfin Aranmorë ne dit plus un mot, le visage du plus dangereux des hommes de la pièce s’étira en un sourire froid qui n’avait rien à voir avec une quelconque démonstration de joie. C’était celui d’un amusement cruel, un sourire de prédateur. Celui du loup qui a acculé sa proie, tremblante devant lui, et qui n’a plus qu’à la cueillir. Il se leva sans un bruit et arriva vers les deux autres hommes avec une vitesse et une grâce qui n’avait rien à envier ni aux fauves ni aux serpents.
Il ne se tenait plus qu’à quelques dizaines de centimètres du vagabond. C’était comme sentir le souffle de la Mort elle-même sur son visage quand les yeux sombres se plantèrent sur le visage du jeune homme.

« - Un trafiquant des plus puissants, hein ?... Quel âge es-tu donc pour être naïf à ce point ? »

Les mots sifflaient entre les dents de Sauer, certains sons râpaient, d’autres glissaient, tous vibraient gravement dans sa poitrine, donnant à l’ensemble de ses paroles une mélodie aussi doucereuse que désagréable.

« - Ivar n’est qu’un petit, tout petit cafard. Un insecte insignifiant, entouré d’une poignée de lourdauds mal dégrossis et guère plus intelligents que des pourceaux, la plupart du temps trop ivres pour trouver seuls le laçage de leurs pantalons. Leurs têtes sont aussi vides que leurs bras sont lourds. Je pourrais lancer Jacob à leurs trousses d’un mot et le regarder tous les mettre en pièces sans même avoir besoin d’intervenir. N’est-ce pas, Jacob ? »

Il se trouva vers le rouquin qui, les yeux toujours braqués sur lui, acquiesça en souriant discrètement, mais presque fièrement.

« - Mais voilà, c’est bien des idées de Sandatt d’envoyer un gamin qui a encore du lait derrière les oreilles s’occuper d’un gars comme lui. »

Le prêteur sur gage grogna mais ne protesta pas. Sauer continua à tourner lentement autour du vagabond, avançant d’un pas chaque fois que celui-ci en faisait un en arrière, ne laissant jamais s’agrandir le faible écart qui les séparait.

« - Alors dis-moi Vagabond, qu’est-ce qui est "dans tes cordes" ? Qu’est-ce que tu sais faire ? Ou, éventuellement, qu’est-ce que tu peux faire sans le louper lamentablement ? »

Sandatt lança un regard désapprobateur à Sauer sans que celui-ci en paraisse le moins du monde affecté.

- Au pire, on pourrait l’utiliser comme appât pour chasser les rats ? proposa le rouquin d’un ton bien trop léger pour une proposition si sérieusement exposée.

Il avait une voix claire, presque agréable, surtout en comparaison de ses deux compères dont l’une était morne et l’autre sinistre. Se disant, il afficha un sourire qui laissa entrevoir toutes ses dents. C’était la première fois qu’il ouvrait la bouche depuis le début de cette entrevue et, encore une fois, il ne prêtait aucune attention au principal intéressé, se concentrant entièrement sur Sauer. Il avait cet éclat dans les yeux qu’avaient les chiens en quête de l’approbation de leurs maîtres. Ce dernier lui adressa un petit sourire en coin, fit mine de considérer l’idée et échangea un autre coup d’œil vers le rouquin. Un échange de regards et toute l’attention se redirigea vers Aranmorë.
Sandatt frissonna à la simple idée de l’argument du bras droit de Sauer ne gagne la faveur de l’homme en question. Il se mordilla la lèvre avant de reprendre contenance et faire un pas entre le fauve et sa proie.

« - Ecoutes Sauer, ce n’est pas à moi de te dire ce que tu dois faire de tes affaires mais… je suis sûr qu’il nous rendra de meilleurs services s’il n’est pas découpé en morceaux. »
« - Je conçois que faire mieux que son tour de force d’hier, ça ne devra pas être bien compliqué, ricana méchamment Sauer. Mais tu as raison sur un point Sandatt, ce sans-le-sou a bien trop de dettes envers nous pour nous rembourser au kilo de viande. Qu’en penses-tu… Aranmorë – c’est bien ça ? –. Serais-tu capable d’accomplir quelques missions pour notre ami, ici présent, sans les rater lamentablement ? Et ce, sans chercher à aller pleurer dans les jupes de la Garde ? »

La dernière question était posée, presque chantonnée, si lourde de menace, qu’elle sembla peser sur la pièce alors que plusieurs minutes s’étaient déjà écoulée.
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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les dettes se payent avec les intérêts    Tag egorgeur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 1 Déc 2015 - 23:23


Le soleil commençait à bien décliner à l’horizon et ses rayons ne pénétraient plus qu’à peine dans la petite boutique surchargée de Sandatt, formant de grands traits jaunes entre les rayonnages des étagères. La devanture verte à la peinture écaillée affichait un petit écriteau indiquait que les lieux étaient fermés. A l’intérieur, l’atmosphère était tendue. Le prêteur sur gages papillonnait d’un bout à l’autre de son établissement, une feuille à la main, donnant l’illusion, de l’extérieur, de faire son inventaire. Mais en réalité, le vendeur à l’air morne avait une discussion houleuse avec un autre individu dissimulé dans l’ombre. La voix de celui-ci, aux accents de croque-mort, résonnait dans la pièce comme un mauvais présage.

« - Tu n’es qu’un imbécile, Sandatt ! Tu as vraiment cru qu’un vagabond et une hobbite seraient capables de faire mon travail ? » gronda l’homme dans l’obscurité.

Sandatt serra les dents et siffla.

- Je n’avais rien à risquer à essayer. Ivar nous cause des soucis depuis plusieurs mois maintenant, c’était une bonne occasion que le vieux Tyr nous offrait, un moyen de se débarrasser de ce cafard sans nous impliquer…
« - Ce n’était pas à toi d’en décider ! Tu devrais apprendre à rester à ta place Sandatt, je n’aime pas qu’on marche sur mes plates bandes. Sans compter que tu as pris des décisions sans t’en référer à Elle. »
- Qu’est-ce que tu crois ? Elle était d’accord pour mon plan. Sathie ne serait jamais allée au rendez-vous si cela avait été contre Sa volonté.
« - Certes… mais ne crois pas qu’Elle ait apprécié ton initiative. »
- Elle l’aurait appréciée si ça avait marché,
répliqua amèrement Sandatt en continuant de noter le nombre de services en argent dans le rayon.
« - Sans doute, mais ça n’a pas marché. Et c’est pourquoi on en est là. Je sais qu’Elle te fait confiance pour certaines affaires de tes compétences, mais à l’avenir, laisse-moi faire mon travail, au pire refile-le à ce lourdaud de Kett, mais n’en charge pas le premier mendiant venu. C’est de l’amateurisme. Mauvais pour notre image. »
- Comment veux-tu que quiconque fasse le lien ?
soupira de nouveau le prêteur sur gages d’une voix égale.
« - Tout fini par se savoir. Tout ! »

Le débat aurait encore pu être long si, au même moment, la petite clochette de la porte d’entrée n’avait pas raisonnée dans la boutique. Aranmorë était là. L’homme dans l’ombre se tut aussitôt alors que le propriétaire des lieux fit face à l’arrivant, posant son paquet de feuilles dans un recoin d’étagère.

- Vous voilà donc. Je commençais à craindre que Sathie n’ait pas transmis mon message.

Pourtant aucune émotion de la sorte ne transparaissait dans le ton utilisé. Les yeux sans étincelle de Sandatt fixèrent sans ciller le jeune homme jusqu’à ce que celui-ci s’en sente mal à l’aise.

- J’ai appris que vous avez réussi à récupérer ce que vous cherchiez grâce à mes informations et ma guide. Malheureusement, j’ai été peiné d’apprendre que vous n’avez pas respecté votre part du contrat.

Bien que la voix de l’homme semblait particulièrement neutre, l’arrivant pouvait y déceler une petite pointe d’agacement et de déception.

« - Assez joué, Sandatt ! » grogna soudain la voix glaciale cachée dans la pénombre, derrière le bureau du propriétaire des lieux.

Ce dernier se tendit visiblement sous l’ordre sec.
Jusque là rendu totalement invisible par la luminosité rase qui créait des ombres opaques dans la pièce et par son silence total, l’homme caché claqua des doigts. On entendit le craquement distinct d’un briquet et la lumière fut, dévoilant deux hommes derrière le bureau.


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#Sauer   #Egorgeur


Le plus remarquable était celui qui était affalé dans le siège de Sandatt, les jambes écartés, les coudes reposants sur les accoudoirs, la tête supportée par un bras, le visage fermé, à l’image d’un seigneur sur son trône, ployant sous la nonchalance et l’ennui. A l’exception du fait que la simple vue de cet homme sembla refroidir la pièce de plusieurs degrés. L’atmosphère se chargea d’une tension aussi soudaine qu’effrayante. Cet homme-là dégageait une aura malsaine que ses yeux de prédateur, enfoncés dans leurs orbites, accentuaient plus encore. La façon dont il jaugeait le nouvel arrivant faisait froid dans le dos.
A ses côtés, debout en retrait, se tenait celui qui avait allumé la lampe. Un homme de taille moyenne, assez fin et aux courts cheveux d’un roux flamboyant. Lui au contraire semblait bien peu intéressé par Aranmorë et ne le regarda pas au-delà d’un rapide coup d’œil en coin.

Il y eut un moment de battement. Puis rapidement, Sandatt reprit ses esprits. Il tira tous les rideaux de la boutique. Chaque fenêtre était maintenant obturée d’épais pans de tissus noirs qui ne laissaient filtrer qu’une lumière diffuse dans la ruelle. L’autre homme, quant à lui, n’avait pas lâché Aranmorë du regard.

« - Bien, tu dois être le responsable du fiasco d’hier, j’imagine. » lança-t-il dédaigneux. « Il va sans dire que j’attends des explications sur ce qui s’est passé chez Ivar et la réponse à intérêt de me convenir… »
- Sauer !
protesta Sandatt en se plaçant entre le vagabond et l’autre homme qui n’avait pas bougé de sa chaise.

Sauer… Ce nom résonna dans la tête d’Aranmorë, écho d’un souvenir de la veille et de la réaction particulière des hommes d’Ivar aux sons de ce nom. Il pouvait comprendre que l’homme qui se tenait devant lui était craint et surtout… surtout dangereux. Très dangereux. Et il s’impatientait.
Le dénommé Sauer jeta un bref regard à Sandatt qui battit immédiatement en retraite, libérant le passage entre son invité et l’autre homme.

« - J’attends. » insista de nouveau le sinistre personnage en direction d’Aranmorë.
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