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Sujet: La Purge: Sauver les apparences
Aelyn

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Rechercher dans: Le Marché Noir   Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Purge: Sauver les apparences    Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 23 Avr 2021 - 18:43

Le combat avait laissé les deux adversaires dans un triste état. Chacun arborait un visage tuméfié, la tête et les bras couvert de son propre sang et de celui de l’autre. Si Cereis avait la lèvre fendue, se promettait un œil au beurre noir conséquent et que son nez saignait abondamment, Sauer présentait des pommettes violacées, une arcade éclatée et, lorsqu’il montra les dents comme un animal, elles étaient teintées d’un rose vif qui laissait présager que plusieurs de ses gencives avaient subies le même sort. Les deux hommes, pendant une seconde, étaient dos au sol. L’air chargé de cendre et de fumée toxique les faisait tousser et cracher au rythme de leur respiration haletante.

Un moment de répit… C’était là la seule possibilité qu’avait Sauer de s’en sortir vivant mais quelque chose le retenait : la bête sombre et terrible qui était toujours tapie au fond de lui. Il était tiraillé par l’envie d’évacuer sa frustration, de cette journée abominable, des douleurs qu’on lui avait infligées, de l’humiliation et de cet homme qui avait fait emporter la vieille femme dans un cachot humide pour y être torturée. Il réussi à s’éloigner suffisamment de son adversaire pour se relever, non sans lui décocher un violent coup de pied dans la mâchoire. Son bras gauche, serrer contre son buste pour sécuriser sa côte blessée, tremblait sous l’effort. Le manque d’oxygène, ses blessures, l’épuisement physique et probablement un traumatisme crânien, rendaient ses gestes, habituellement lestes, lents et lourds. Il se tenait plié en deux, toussait et grimaçait de douleur quand les secousses de son buste agitaient ses os fêlés. L’air était brûlant. Il hésita entre l’homme à terre et la sortie. Une seconde de trop.
C’était plus de temps qu’il n’en fallait pour se redresser, et ce fut plus de temps qu’il n’en fallut pour que Cereis reprenne la main.  Avec une vitesse encore respectable pour un homme à demi asphyxié, Cereis mit Sauer à genoux. Et avant qu’il ne puisse réagir, le criminel se retrouva le visage plaqué au sol, un coude enfoncé entre les omoplates, une main qui enserrait sa nuque avec plus de force que nécessaire, son propre bras coincé sous lui. Il était totalement impuissant ! Le nettoyeur laissa échapper un hurlement de rage qui se noya rapidement dans les crépitements de l’incendie qui prenait de l’ampleur derrière eux. La chaleur était suffocante et la douleur, insoutenable à présent, mais ce n’était rien comparé à la fureur aveugle qui bouillonnait en lui.

« - Sois maudit, Cereis ! »

Décidément, c’était une mauvaise journée… Il savait ce qui l’attendait à présent : le cachot, la torture et une corde. Tout ça parce qu’un idiot n’avait pas respecté les règles ! Il arrêta de se débattre, il ne faisait que se blesser un peu plus. Mais contrairement à ce qu'aurait pu penser le lieutenant, il n’abandonnait pas pour autant la partie ; il préservait ses forces pour la prochaine opportunité. Car il y en aurait une, il y a en avait toujours une. Et il suffisait de faire preuve d’assez de sang-froid pour la saisir. Et s’il y avait bien quelque chose que Sauer possédait en quantité, c’était du sang-froid, aussi froid que son cœur diraient certains.

L’occasion qu’il attendait se présenta au milieu d’une quinte de toux. Si, à terre, Sauer était épargné de la majorité de la fumée et des vapeurs nocives de l’incendie, ce n’était pas le cas de Cereis, dont la tête se tenait bien plus haut. Elles attaquaient ses narines, ses poumons et ses yeux. Et soudain la pression sur la nuque de Sauer disparue.
Une poigne de fer sortit de la fumée saisie les cheveux blonds du lieutenant et tira brutalement sa tête vers l’arrière. La lame affutée d’un couteau vint se caler contre sa jugulaire d’un geste rendu presque gracieux par l’exercice. Un faux mouvement et s’en était fini… La nuque et la colonne vertébrale tordues dans un angle peu naturel, Cereis ne pouvait qu’apercevoir du coin de l’œil ce nouveau protagoniste qui bravait les flammes – ou semblait en sortir, à la couleur rousse flamboyante de sa chevelure. Comment était-il entré ?! Il avait le crâne horriblement balafré et les yeux perçants mais le bas de son visage était indistinct, couvert d’un épais linge mouillé pour protéger son nez et sa bouche de l’incendie. Une chose était sûre, son regard était braqué sur Sauer sans une once d’intérêt pour celui dont il tenait la vie sur la pointe de sa lame.


« - Patron ? » demanda-t-il d’un grognement.
« - Qu’est-ce que tu fous là ? » aboya Sauer, visiblement peu reconnaissant de l’aide apportée.
Le troisième homme ne sembla pas en prendre ombrage. Le coin de son œil se plissa comme s'il souriait sous son masque. Il continua :
« - M’a renvoyé à toi. »

Sauer acquiesça tout en s’extirpant tant bien que mal de l’étreinte de Cereis. Meld était une femme intelligente, qui le connaissait plus qu’il ne voulait bien l’admettre, semblerait-il. Elle avait dû se charger du reste de la mission qu’il avait initialement confiée à Jacob. Ses petits voleurs étaient des messagers de confiance, efficaces et qui passaient inaperçus au milieu de cette chasse aux sorcières que Cartogan avait lâché sur la Cité. Et bien que cela lui peinait de l’admettre, son âme damnée tombait à pic.

« - Faut sortir, S… Patron ! »

Sauer lui lança un regard sévère qui le fit taire et regarda autour de lui ce qui restait de la Cave, toujours accroupi au sol. La lumière aveuglante des flammes, la chaleur qui lui brûlait le visage, toutes les marchandises noircies, et dehors, les renforts de la Garde qui accourraient bientôt.

« - Une seconde ! »

A quatre pattes, il se rapprocha de Cereis. L’autre homme était fermement maintenu dans sa position à l’équilibre précaire. Si Sauer n’avait physiquement pas pu faire le poids face à Cereis dans leur rixe, avec l’Egorgeur, c’était une autre paire de manches. Bien que d’une carrure proche de celle de Sauer, ce homme-là avait des muscles forgés pour le combat à mains nues. Il n’avait pas dix ans qu’il se battait déjà dans les arènes clandestines des bas-fonds de la ville. Rapidement, il avait été capable de mettre à terre et tuer des garçons bien plus âgés que lui. Des trois hommes présents au milieu du bâtiment maintenant prêt à s’effondrer, il était le plus apte à ce genre de combat. C’était au tour de Cereis se sentir impuissant.
Sauer était si près à présent que le lieutenant pouvait distinguer chaque détail de son visage boursoufflé de coups malgré l’épais rideau de fumée. Sa colère semblait être retombée, ou redirigée. Ses yeux flamboyaient plus encore à la lueur de l’incendie mais les flammes ne semblaient pas réussir à réchauffer son regard.

« - Je t’aurais tué, Cereis, pour ce que tu as fait. Mais pas aujourd’hui. »
Il s’interrompit pour tousser et cracher un mélange de cendre et de sang. « On va se rendre un petit service tous les deux. Avant demain, je vais t’offrir un cadeau très spécial, tu vas l’accepter et tu vas complètement m’oublier. Dis-toi qu’un jour tu auras besoin d’un service et je viendrais te trouver. Alors tu me devras un service à ton tour. C’est comme ça que les choses marchent dans cette cité, c’était comme ça bien avant le…Général, et ça le sera encore bien après. » Il y avait tant de mépris dans sa voix qu’on pouvait presque le voir prendre corps dans ses paroles. « Tu te penses peut-être au dessus de moi mais le moment viendra, bientôt, très bientôt, où tu auras besoin de moi… »

Il y eu un craquement sourd au premier étage et Cereis pu sentir dans son dos le rouquin se tendre et trépigner. Mais à aucun moment il ne fit mine d’interrompre Sauer ni même ne le quitta du regard. Sa lame, elle, ne tremblait pas. Un autre craquement, plus puissant encore, poussa Sauer à lever la tête au plafond.

« - On sort ! » exigea-t-il.

Aussitôt, comme s’il avait devancé l’ordre d’un quart de seconde, l’Egorgeur rejeta le lieutenant en arrière, l’envoyant s’échouer violemment sur le dos, se glissa immédiatement sous le bras libre de Sauer pour le soutenir et courir vers la sortie. Le temps que Cereis se redresse, ils avaient déjà disparu dans la foule. Au milieu de tout ces miséreux qui couraient et arrosaient les bâtiments alentour pour tenter de maîtriser les flammes, au milieu de toutes ces faces noircies, cette fumée opaque et cette agitation, il n’y avait plus personne à trouver.
Mais après tout, ils avaient Anakel. Il n’y avait que dans les histoires que les hydres existaient, aucune monstruosité ne pouvait vivre longtemps sans sa tête. Et avec la chute des autres organisations clandestines de la Cité, il ne restait plus grand monde pour reprendre le trône. Certes, Sauer leur avait échappé pour cette fois, Alrik le marchand véreux également. Certes les preuves brûlaient mais avec elle la marchandise d’Anakel. Certes la journée avait été rude, mais la Garde avait repris l’avantage !

Dissimulé dans une ruelle qui sentait le moisi et les excréments, lourdement affalé contre Jacob, Sauer regarda passer les renforts de la Garde au petit trot en direction de l’épais panache gris qui s’élevait vers les hauteurs de la Cité. Il avait eu chaud, très chaud… trop chaud. Et cela ne lui plaisait pas. D’autant qu’il le savait, il lui faudrait un long moment pour se remettre de cette mésaventure. Et il n’avait pas le temps ! Le Réseau avait subit une attaque comme il n’en avait jamais subi depuis qu’il en était membre. Il fallait prendre des mesures rapides et radicales. Et malgré toute la bonne volonté de Meld, il y avait certaine chose qu’il était le seul à savoir faire correctement !

***

Ce soir-là, comme promis, il envoya ses larbins rendre visite aux familles des trois Gardes. L’un retrouva un chat mort dans le berceau de son enfant, l’autre avait eu le lit conjugal imbibé du sang d’une chèvre et le dernier, célibataire, qui dormait dans les baraquements, c’était vu livrer les têtes tranchées de trente rats dissimulées derrière une chemise neuve.
Ce soir-là, comme promis, Cereis eu aussi droit à son cadeau. Durant la nuit, on avait pendu depuis le toit un immense paquet en toile de jute devant sa fenêtre. Il contenait le cadavre mutilé d’un homme à la face figée dans une expression de terreur. La plaie sur son cou indiquait qu’on l’avait égorgé d’une oreille à l’autre d’un geste sûr. Sa langue avait été arrachée et ses mains, coupées. Ses habits riches et son visage autrement intact ne laissaient que peu de doute sur l’identité de l’homme : il s’agissait d’Alrik Danten, le marchand qui avait échappé à la perquisition. Sur son pourpoint était épinglée une note à l’écriture pointue :

Je tiens toujours parole. S

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Rechercher dans: Le Marché Noir   Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Purge: Sauver les apparences    Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 23 Fév 2021 - 2:08

Il ne fallut pas très longtemps à Sauer pour se rendre compte que le lieutenant n’avait pas suivi la course. Cela signifiait très probablement qu’il était resté en arrière ! Pestant dans sa barbe, le criminel n’avait plus d’autre choix que d’aller au bout de la chasse. Heureusement, le quartier mal famé dans lequel il avait l’intention de perdre les Gardes n’était qu’à quelques rues.
Il y avait deux explications possibles à l’étrange réaction du militaire. Trois, à dire vrai, mais Sauer connaissait trop bien les lieutenants de la Cité pour croire que Cereis fut un lâche. Soit l’homme ne le connaissait pas autant qu’il le croyait et le pensait bien trop loyal au Réseau pour croire à son bluff, soit il avait sous-estimé son intelligence et le lieutenant avait mis le doigt sur une piste. L’une comme l’autre de ces explications n’était pas pour lui plaire. Cela lui compliquait sérieusement la tâche. Néanmoins ce n’était pas une réflexion pour le moment présent.
Une poignée de minutes suffit à faire se refermer le piège sur les malheureux Gardes. Une seconde, ils suivaient la silhouette en fuite, celle d’après ils étaient seuls au milieu des ruelles crasseuses. Un cri de chouette raisonna, tout proche. En pleine journée. Par deux fois. Mais avant qu’ils n’aient pu comprendre à quel point la situation était incongrue, ils se retrouvèrent entourés d’individus à la mine patibulaire qui étaient visiblement là pour en découdre. Sauer avait utilisé contre eux le cri d’alarme habituel de ces quartiers qui avait poussé les trafiquants de tous poils à se terrer et fait sortir gardes du corps et voyous sans foi ni loi pour régler la nuisance.

Sauer regarda une dernière fois les pauvres diables prêt à se faire passer à tabac en récitant de nouveau leurs noms dans sa tête. Ils rentreraient peut-être chez eux dans un piteux état mais ils rentreraient quand même. Les voyous n’étaient pas prêt à déclencher une guerre ouverte avec la Garde et surtout Cartogan. Mais Sauer n’était pas homme à manquer de parole, il avait l’intention de s’assurer qu’aucune de ces trois-là ne lui chercherait plus jamais de noises. Il irait faire une petite visite dans les demeures de ces braves gens. En personne ou en envoyant un de ses gars, il ne savait pas trop. Peut-être pas pour égorger toute la maisonnée. A la réflexion, un simple animal mort sur le lit d’un enfant pourrait suffire à faire son petit effet. Tout dépendrait des suites de cette journée pénible et surtout de son humeur finale. Anakel trouvait que le sang versé inutilement faisait du tord au Réseau et qu’il attirait trop l’attention. Etait-ce encore là du sentimentalisme ou une inquiétude saine pour l’intégrité de sa toile, il n’en était lui-même pas sûr.

Il commença à faire demi-tour, par le chemin le plus rapide. Son pas était vif mais il prit le parti de ne pas trop attirer l’attention sur lui en faisant le trajet retour en courant. A l’instar de ses longues enjambées, son cerveau tournait à pleine vitesse. Il n’avait pas spécialement envie de se dévoiler au lieutenant et aucun de ses sous-fifres ne se trouvait dans les parages pour exécuter cette basse besogne. Il était dans une position particulièrement inconfortable et quelqu’un devrait payer pour cela. Il avait même une idée très nette de qui cela pourrait être.
Il ignorait précisément quel document se trouvait dans la Cave. Il s’apprêtait peut-être à risquer sa peau pour deux trois lignes comptables qui ne pouvaient pas faire grand mal au Réseau ni même être d’un grand secours au Général. D’un autre côté, une seule petite information mal placée pourrait enfoncer un bélier dans les multiples défenses de l’organisation, mettre à mal son fonctionnement et mener à terme à l’écroulement de sa structure. Et il avait travaillé trop dur pour faire émerger ce petit groupe de rats au dessus de la masse grouillante pour regarder sans rien faire tous ses efforts réduits à néant par un arrogant militaire qui se voyait déjà roi dans l’ombre du roi.

Il lui fallut plus de temps que prévu pour retourner à la Cave. Les badauds avaient commencé à se disperser, non sans avoir attrapé au passage une partie de la marchandise jetée à même la rue durant la perquisition destructrice. Mais un reste d’agitation suffit à faire comprendre à Sauer que le lieutenant était toujours à l’intérieur. Mais cette fois-ci, il avait une chance, Cereis était désormais bel et bien seul.
Au corps à corps, il avait peu de chance de s’en sortir face à un homme rompu à l’art militaire. Mais il y avait bien des façons de neutraliser cet avantage. La Cave était exiguë, la place y manquait pour dégainer et se battre dans les règles de l’art. Seule l’élément de surprise avait fait perdre cet atout aux voyous dont les cadavres décoraient désormais le sol.

Sauer se tenait dans l’entrée. La bataille avait soufflé presque toutes les bougies et les lampes de la pièce et les petites fenêtres n’éclairaient que peu l’intérieur. Il releva son col pour dissimuler le bas de son visage et pénétra prudemment dans les lieux.
Un autre problème se présentait à lui. Il ne pouvait tout simplement pas éliminer le lieutenant. Cartogan ne verrait pas d’un bon œil de devoir compter les cadavres de ses hommes. Cela ne ferait qu’attiser sa colère et le rendre encore plus hargneux. Mais il devait à tout prix protéger les secrets du Réseau… tout prix, sauf celui de sa vie cela allait de soi.

Cereis était penché au dessus du bureau de bois précieux qui jurait avec le reste du décor. Sauer comprenait pourquoi son intérêt y avait été attiré. Encore et toujours : Alrik et son orgueil. Il fouillait et retournait les tiroirs avec acharnement. Pour le moment il n’avait rien trouvé mais s’il n’était pas totalement stupide, il finirait par tomber sur ce qu’il cherchait. Alrik n’était pas connu pour ses cachettes les plus subtiles.
Inutile de faire quelque chose d’inconsidéré pour le moment. En prenant grand soin à ne poser ses pieds sur rien de bruyant, Sauer se coula avec une lenteur extrême dans un recoin sombre. Le pied léger, la respiration silencieuse, patient, l’arme au clair. Si près de Cereis qu’il ne lui faudrait que trois enjambées pour être sur lui. S’il avait un minimum d’instinct, il sentirait la présence d’un autre prédateur à ses côtés.

Mais soudain, une idée germa dans l’esprit de Sauer. Deux grosses lampes à huile en terre cuite trônaient, encore allumées, dans un coin de la pièce, miraculées du massacre. Lestement, il rengaina son poignard et se précipita dans cette direction. Le mouvement soudain attira inévitablement l’attention du lieutenant, qui fut pris au dépourvu de le voir ainsi devant lui. Qui aurait pu croire qu’un criminel recherché oserait à ce point braver la Garde.
Sauer n’eut qu’une fraction de seconde. Il saisit l’une des lampes, banda ses muscles et l’envoya s’écraser avec fracas aux pieds de Cereis. L’huile répandue s’enflamma aussitôt, occasionnant un mouvement de recul de la part de son adversaire. Sauer attrapa immédiatement la deuxième lampe et l’explosa à son tour sur le bureau de houx. Les nombreux parchemins éparpillés par la fouille prirent feu, puis se fut au tour du bois dont le vernis fortement inflammable laissait déjà échapper une fumée épaisse et acre.

Il y eut un cri, ou un grondement, et Sauer se retrouva brusquement projeté à terre. Cereis l’y avait plaqué, l’écrasant du poids combiné de ses muscles et de son armure. Sauer jura et envoya son poing percuter la lèvre déjà abimée du lieutenant. S’en suivit un pugilat désordonné alors que les flammes commençaient à gagner du terrain dans la boutique, courant le long des les rideaux mités et des poutres antiques.
Sauer était un combattant vicieux, qui n’hésitait pas à se servir de toutes les faiblesses qu’il pouvait trouver. Son regard était terrible, froid, menaçant et traversé d’une vive douleur, mais on n’y trouvait aucune trace de cette saine peur qu’aurait ressenti tout homme dans sa situation. Au souvenir de ces yeux, Cereis comprendrait que quelque chose clochait chez cet homme-là, quelque chose qui était censé être là mais qui n’y était pas. Dans ce regard il y avait également le désir de tuer, non pas pour sauver sa vie, mais par la simple pulsion du geste.

Sauer avait bien conscience que la situation était critique. S’ils ne sortaient pas rapidement, l’un comme l’autre seraient asphyxiés par l’incendie. Mais engagés comme ils l’étaient dans cette bataille de volonté, ils risquaient simplement d’y passer. Et plus important encore, il fallait qu’il sorte le premier s’il ne voulait pas être accueilli par les geôles de Minas Tirith sitôt extrait de la Cave. Les aléas de la matinée l’avaient cependant affaibli pour ce combat. Les dizaines de kilos supplémentaires qui pesaient sur ses côtes abimées le faisaient souffrir le martyr.
Cereis ne lâchait pas prise. Chaque fois que le nettoyeur reprenait le dessus, la situation se retournait. Tant et tant qu’à force de rouler au sol, les deux hommes s’étaient retrouvés à quelques mètres de la sortie tout au plus. Si seulement il pouvait se débarrasser quelques secondes de cet homme, il serait sur ses jambes en un rien de temps, déjà loin avant même que le lieutenant ne reprenne ses esprits.
La rage lui fit décocher un coup de coude particulièrement violent qui désarçonna le lieutenant. Une part de lui voulait continuer à le frapper et le frapper encore. Comment cet homme avait-il osé poser ses mains sur lui ?! Mais ce n’était ni le lieu ni le moment. La liberté était là, à portée de main. Il n’avait que quelques pas à faire.
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Rechercher dans: Le Marché Noir   Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Purge: Sauver les apparences    Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 6 Fév 2021 - 2:24

C’était une mauvaise journée ! Sauer l’avait tout de suite su. A la seconde où il avait été réveillé, à peine minuit passé, par le fracas du poing de Jacob qui avait traversé le mur de torchis. Il l’avait su en luttant pendant de longues minutes contre son âme damnée rendu ivre de rage par l’un de ses vieux cauchemars, souvenirs de multiples années comme bête de combat. Il en avait récolté une pommette bleuâtre, une côte probablement fêlée, un vague grognement de remerciement, et la certitude que, décidément, ce serait une mauvaise journée !

S’en était suivi une matinée aussi désastreuse. Les rumeurs du zèle de Cartogan et des dégâts occasionnés sur les principales organisations criminelles de la Cité Blanche avaient jetées un vent de panique parmi les alliés, associés et petits exécutants du Réseau. C’était désormais une certitude : à tout moment le regard du terrible général se tournerait vers eux. Ils avaient pris trop d’ampleur pour demeurer encore longtemps invisibles.
Certains rats voulaient quitter le navire. Certes, le noyau dur des Anakel était d’une loyauté sans faille mais ils ne devaient leur puissance qu’aux nombreux satellites qui gravitaient autour d'eux, pour étendre leur influence et leur emprise. Pas qu’il était théoriquement interdit de quitter le Réseau, mais il revenait à Sauer la tâche ardue de s’assurer que personne ne partait en emportant avec lui les trésors et secrets de l’organisation. Un travail à sa mesure et dont il tirait la satisfaction malsaine du travail accompli. La tâche n’était pas sans attrait mais le temps lui manquait. Il avait dû se montrer expéditif et sans finesse. Un travail à la chaine qui ne lui ressemblait pas et qui le frustra beaucoup. C’était une mauvaise journée !

La dernière tentative de la Garde pour mettre à bas le Réseau s’était soldé par la perte tragique de la précédente Avatar, avait jeté un coup de pied dans la fourmilière mais surtout assuré quelques temps de tranquillité bien mérité au Réseau. Après tout, sitôt le perturbateur à quelques pas plus loin, les fourmis se remettaient en ligne. Le Réseau était bien protégé, à un niveau qui dépassait la compréhension des pantins de Cartogan. Mais comme toute chose, il serait éphémère. Sauer avait fourni à Anakel les moyens de ses ambitions mais si les choses devaient mal tourner, il pourrait aussi bien trouver une autre tête de rat pour poser la couronne. Il n’était pas pressé. Travailler pour Elle était confortable, jamais ennuyeux et lui offrait un contrôle et une restriction qui le maintenait entre les lignes, loin de la tentation de ses vieux démons. Sans compter qu’il savait reconnaitre et respecter un esprit brillant quand il en voyait un. En parlant de ça… il était bien dommage que Cartogan soit à ce point réputé incorruptible, il y avait du potentiel chez cet homme-là, pensa justement Sauer alors que sa lame tranchait méthodiquement la gorge tendre d’un mendiant un peu trop avide qu’il avait traqué jusque dans les ruines noircies de flammes d’une ancienne habitation.

Le Général se rapprochait d’eux, il ne pouvait pas le nier. La boutique de Sandatt avait encore été retournée, sans preuve de nouveau – ils n’apprenaient donc jamais – et cela commençait à irriter Anakel. Sandatt, quant à lui, l’avait pris avec beaucoup de philosophie comme à son habitude. Les prêteurs sur gages étaient évidement les premiers qu’on soupçonnait de recèle. En ce point Sandatt était blanc comme neige et à ce titre intouchable. S’il n’y avait pas de soucis à se faire pour lui personnellement, il n’empêchait que nombre de petits prestataires de la branche d’Alrik s’étaient fait attrapés avec de la marchandise volée, deux des filles de Thyia étaient derrière les barreaux à attendre la corde et Meld était dans tous ses états depuis qu’elle avait appris qu’on avait passé les fers à six de ses garçons, parmi ses meilleurs voleurs.
Sauer était un loup. Il était le chasseur, pas la proie. Il n’aimait pas se sentir traqué et cette situation lui portait de plus en plus sur les nerfs.

Le dernier signe que Sauer aurait dû lire sur la suite des évènements de la journée fut quand la petite voleuse était venue lui annoncer un changement dans le lieu de réunion des Six, lieutenants fidèles d’Anakel, relocalisée dans la Cave, la petite boutique qui servait de couverture à leurs trafics.
Depuis que Cartogan avait agité le Marché Noir, les Anakel évitaient comme la peste leur planque principale, dans la citerne-cathédrale située sous le Sanctuaire. Les trésors qui y dormaient ne devaient pas voir se braquer sur eux le regard du Général.
Cependant, la Cave n’était pas prévue pour accueillir autant de monde. C’était un petit commerce qui tirait sa force de son anonymat relatif. Heureusement, sur les Six, seuls quatre étaient présents dans la Cité. Kett et Thyia étaient restés coincés à l’extérieur quand les portes avaient été closes et la quarantaine décrétée pour la Cité, et Anakel avait décrété qu’ils leur seraient plus utiles dehors de toute façon – Sauer soupçonnait que ses raisons ait été plus sentimentales que pratiques. Rolf avait refusé de se rendre dans les bas-quartiers de peur d’être surveillé et Meld devait les rejoindre plus tard après avoir fait acte de présence à un évènement mondain. Ne restait plus que deux pour répondre à l’appel : Alrik, qui de toute façon était le propriétaire des lieux, et Sauer lui-même. Et la perspective de passer une heure dans la même pièce que cet homme n’était pas pour lui plaire. Danten était efficace mais il ne lui faisait aucunement confiance et attendait patiemment le jour où un faux pas lui permettrait de le rayer du tableau une bonne fois pour toute.

Malheureusement, malgré toutes ces alertes, il n’avait pas su voir ces signes pourtant évidents. Et c’est ainsi qu’il s’était retrouvé avec l’Egorcheur, dissimulé derrière un groupe de badauds curieux et mécontents qui se pressaient autour de l’entrée enfoncée de la Cave. Ils étaient arrivés juste à temps pour voir les gardes faire une entrée fracassante dans la petite boutique, faire le ménage par le fer et finalement porter – ou plutôt trainer – hors de la boutique la Vieille Femme qui demeura pourtant d’une grande dignité.

Il était temps d’agir. Sauer se tourna vers Jacob à son côté et d’un simple claquement de doigts et un regard appuyé, l’envoya en mission. D’abord avertir Meld de ne pas se présenter au rendez-vous, protéger ce qui pouvait l’être, avertir qui de droit et surtout s’assurer que cette frappe, qui ne devait pas être isolée, n’avait pas touché le cœur de l’organisation. Le rouquin avait fort à faire. Ensuite, il serait grand temps d’éliminer ceux qui avait su pour la réunion et qui avaient trahi. A ceux-là Sauer réservait les pires supplices. Il était nettoyeur et il était grand temps de faire le ménage.

Il se glissa sans peine dans une ruelle parallèle étroite et se faufila près d’une minuscule ouverture pour espionner ce qui se passait à l’intérieur. Les dégâts étaient considérables. Bien que la plupart des objets vendus ici n’avaient qu’une faible valeur marchande, la quantité brisée au sol commençait à faire grimper sérieusement la facture.
Il reconnu sans mal le lieutenant Cereis. Encore un incorruptible, voilà qui n’arrangeait pas ses affaires ! Sauer eut un rictus satisfait en constatant que la Vieille lui avait rendu la monnaie de sa pièce. Bien… Néanmoins les ordres qu’il donnait n’auguraient rien de bon. Sauer se savait recherché, et cela depuis bien avant son intégration au Réseau, mais jamais on ne l’y avait associé de si près et si exclusivement. Pour être honnête, il n’avait rien vu venir. Malgré les nombreux avertissements et la guerre éclair que Cartogan avait mené contre les autres groupes, Sauer ne s’était pas attendu à être frappé si vite et si juste dès le départ. Les sécurités du Réseau s’en trouvaient gravement ébranlées. Il ne restait que le secret de leur système de commandement pour encore protéger ses membres les plus vitaux. Ils s’étaient fait avoir comme des bleus !

A présent des secrets compromettants de l’organisation étaient à portés de main de la Garde. Encore une fois Alrik était à blâmer. Il s’était montré trop fier et confiant, trop imbu de sa personne pour faire preuve de la prudence la plus élémentaire. Ce n’était pas pour rien que le Réseau compartimentait tout. Mais bien sûr, les règles ne s’appliquaient visiblement qu’aux sous-fifres !
Sauer analysa ses possibilités avec beaucoup soin. Il ne pouvait pas permettre que des informations tombent entre de mauvaises mains mais il n’avait aucune envie de lancer la Garde dans une joyeuse chasse à l’homme dont il serait le gibier pour les éloigner de l’objectif. Il regretta d’avoir envoyé Jacob ailleurs, lui aurait fait le lapin idéal pour mener ces lévriers. Tant pis ! Il ne pouvait pas se permettre de les laisser fouiller la Cave. Il claqua de la langue.

Lentement mais surement, il se positionna à côté de la fenêtre la plus éloignée de la porte d’entrée. Elle était si étroite que les hommes de Cereis seraient bien obligés de faire le grand tour. Il prit soin de rester hors de vue, dans l’ombre des bâtiments alentours. La Garde ne connaissait pas son visage, et il espérait bien qu’il en soit ainsi encore longtemps.
Sortant un poignard des plis de sa chemise, il fit crisser la lame contre la pierre friable de la paroi extérieure. Le bruit sinistre attira l’attention des occupants de la boutique. Il s’adossa tranquillement contre la paroi. Il avait le temps. Parmi les badauds présents sur ce côté peu fréquenté, aucun n’oserait se mettre en travers de sa route. Il était le croque-mitaine dont on racontait les horreurs pour effrayer les enfants… et les adultes.

« - Bonjour Lieutenant… Cereis, n’est-ce pas ? » lança-t-il d’une voix trainante et doucereuse.

Les soldats aurait pu jurer que la température avait baissé de quelques degrés à l’intérieur lorsque la voix de Sauer retentit, à peine plus haute qu’un murmure et qui pourtant sembla résonner dans la pièce. La petite fenêtre laissait paraitre une ombre floue sur le mur en vis-à-vis comme un fantôme vengeur.

« - Ce taudis avait beaucoup d’importance pour les gens du quartier, ils risquent de vous en tenir rigueur. » continua-t-il sur un ton de conversation qui laissait entendre qu’il n’y attachait lui-même pas la moindre importance.

Il profita de la sidération des gardes pour lancer son unique avertissement.

« - Vous avez visiblement trouvé ce que vous étiez venu chercher. Elle survivra peut-être même assez longtemps à votre passoire à barreaux pour voir le jour de son procès, qui sait… Vous êtes libre d’écraser tous les cafards qu’il vous chante. Mais si vous lancez vos chiens après moi, prenez garde. Que tous les rats de ce cercle m’en soient témoins, je noierais cette Cité dans le sang de tant d’innocents que vous en perdrez le sommeil. Vos familles, vos amis, personne ne sera à l’abri. Vous savez qui je suis, Cereis. Vous savez de quoi je suis capable. Ne me tentez pas… Waldemar… Drauler… Bernor… » énuméra-t-il, savourant chaque syllabe. « Je pourrais me souvenir de ces noms-là… Ou pas… L’avenir nous le dira. »

Il ne prit pas le temps de savourer son effet. Déjà le bruit de cavalcade qui lui parvenait lui disait que les gardes n’avaient pas l’intention de s’avouer vaincus si vite. Avec un sourire mauvais, il prit un pas rapide, fendit un petit attroupement et disparu dans les ombres. Il connaissait aussi bien les ruelles de la Cité que s’il les avait construites. Et si la Garde ne mordait pas à l’hameçon, il lui suffirait de faire un crochet pour revenir sur ses pas et repenser son plan premier. Sinon, il allait les mener jusque dans le quartier le plus mal famé de Minas Tirith, parmi les taudis. Là où les patrouilles étaient les moins nombreuses et où l’on retrouvait encore des gars prompts à l’affrontement avec l’autorité.
Sujet: Les dettes se payent avec les intérêts
Aelyn

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les dettes se payent avec les intérêts    Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 29 Déc 2015 - 23:24
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Sauer écouta l’explication d’Aranmorë sans un mot, le fixant sans ciller ou bouger la moindre phalange. Son visage n’affichait aucune expression qui aurait pu aiguiller le jeune homme sur la portée de ses paroles, ni si c’était finalement la bonne chose à dire. A côté du vagabond, Sandatt semblait mal à l’aise, son visage toujours morne mais sa main droite, la plus proche de l’étranger, était agitée de tics nerveux et, en guise d’indicateur, ce n’était pas bon signe.
Et quand finalement, Aranmorë se tourna directement vers lui en ignorant totalement le duo derrière le bureau, Sandatt fronça imperceptiblement les sourcils. Soit ce gamin avait un cran monstre, soit il n’avait aucun instinct de survie. Tourner le dos à Sauer c’était tourner le dos à un fauve. Le prêteur sur gage commençait à vraiment regretter d’avoir engager ce gamin pour le job. Pas que ça l’aurait déranger de voir Sauer le mettre en pièce, quoique si, surtout s’il fallait faire le ménage derrière… Mais cet étranger avait montré qu’il avait un certain… potentiel pour retrouver la gourde. Sathie l’avait d’ailleurs décrit comme agaçant, complètement banal mais avec de la ressource pour un paumé. Ce qui était déjà une sorte de vague compliment de la part de la messagère irrévérencieuse. Au fond, il avait de la peine pour le gamin de devoir faire face à un type comme Sauer. Il aurait préférer régler ça lui-même, donner à Aranmorë une tâche pas trop compliquée à effectuer en payement et s’en débarrasser au plus vite pour n’en plus reparler. Mais Sauer s’était présenté avec son âme damnée à sa porte, furieux et il n’avait plus eu qu’à se plier à la volonté du psychopathe.

Lorsqu’enfin Aranmorë ne dit plus un mot, le visage du plus dangereux des hommes de la pièce s’étira en un sourire froid qui n’avait rien à voir avec une quelconque démonstration de joie. C’était celui d’un amusement cruel, un sourire de prédateur. Celui du loup qui a acculé sa proie, tremblante devant lui, et qui n’a plus qu’à la cueillir. Il se leva sans un bruit et arriva vers les deux autres hommes avec une vitesse et une grâce qui n’avait rien à envier ni aux fauves ni aux serpents.
Il ne se tenait plus qu’à quelques dizaines de centimètres du vagabond. C’était comme sentir le souffle de la Mort elle-même sur son visage quand les yeux sombres se plantèrent sur le visage du jeune homme.

« - Un trafiquant des plus puissants, hein ?... Quel âge es-tu donc pour être naïf à ce point ? »

Les mots sifflaient entre les dents de Sauer, certains sons râpaient, d’autres glissaient, tous vibraient gravement dans sa poitrine, donnant à l’ensemble de ses paroles une mélodie aussi doucereuse que désagréable.

« - Ivar n’est qu’un petit, tout petit cafard. Un insecte insignifiant, entouré d’une poignée de lourdauds mal dégrossis et guère plus intelligents que des pourceaux, la plupart du temps trop ivres pour trouver seuls le laçage de leurs pantalons. Leurs têtes sont aussi vides que leurs bras sont lourds. Je pourrais lancer Jacob à leurs trousses d’un mot et le regarder tous les mettre en pièces sans même avoir besoin d’intervenir. N’est-ce pas, Jacob ? »

Il se trouva vers le rouquin qui, les yeux toujours braqués sur lui, acquiesça en souriant discrètement, mais presque fièrement.

« - Mais voilà, c’est bien des idées de Sandatt d’envoyer un gamin qui a encore du lait derrière les oreilles s’occuper d’un gars comme lui. »

Le prêteur sur gage grogna mais ne protesta pas. Sauer continua à tourner lentement autour du vagabond, avançant d’un pas chaque fois que celui-ci en faisait un en arrière, ne laissant jamais s’agrandir le faible écart qui les séparait.

« - Alors dis-moi Vagabond, qu’est-ce qui est "dans tes cordes" ? Qu’est-ce que tu sais faire ? Ou, éventuellement, qu’est-ce que tu peux faire sans le louper lamentablement ? »

Sandatt lança un regard désapprobateur à Sauer sans que celui-ci en paraisse le moins du monde affecté.

- Au pire, on pourrait l’utiliser comme appât pour chasser les rats ? proposa le rouquin d’un ton bien trop léger pour une proposition si sérieusement exposée.

Il avait une voix claire, presque agréable, surtout en comparaison de ses deux compères dont l’une était morne et l’autre sinistre. Se disant, il afficha un sourire qui laissa entrevoir toutes ses dents. C’était la première fois qu’il ouvrait la bouche depuis le début de cette entrevue et, encore une fois, il ne prêtait aucune attention au principal intéressé, se concentrant entièrement sur Sauer. Il avait cet éclat dans les yeux qu’avaient les chiens en quête de l’approbation de leurs maîtres. Ce dernier lui adressa un petit sourire en coin, fit mine de considérer l’idée et échangea un autre coup d’œil vers le rouquin. Un échange de regards et toute l’attention se redirigea vers Aranmorë.
Sandatt frissonna à la simple idée de l’argument du bras droit de Sauer ne gagne la faveur de l’homme en question. Il se mordilla la lèvre avant de reprendre contenance et faire un pas entre le fauve et sa proie.

« - Ecoutes Sauer, ce n’est pas à moi de te dire ce que tu dois faire de tes affaires mais… je suis sûr qu’il nous rendra de meilleurs services s’il n’est pas découpé en morceaux. »
« - Je conçois que faire mieux que son tour de force d’hier, ça ne devra pas être bien compliqué, ricana méchamment Sauer. Mais tu as raison sur un point Sandatt, ce sans-le-sou a bien trop de dettes envers nous pour nous rembourser au kilo de viande. Qu’en penses-tu… Aranmorë – c’est bien ça ? –. Serais-tu capable d’accomplir quelques missions pour notre ami, ici présent, sans les rater lamentablement ? Et ce, sans chercher à aller pleurer dans les jupes de la Garde ? »

La dernière question était posée, presque chantonnée, si lourde de menace, qu’elle sembla peser sur la pièce alors que plusieurs minutes s’étaient déjà écoulée.
Sujet: Les dettes se payent avec les intérêts
Aelyn

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les dettes se payent avec les intérêts    Tag sauer sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 1 Déc 2015 - 23:23


Le soleil commençait à bien décliner à l’horizon et ses rayons ne pénétraient plus qu’à peine dans la petite boutique surchargée de Sandatt, formant de grands traits jaunes entre les rayonnages des étagères. La devanture verte à la peinture écaillée affichait un petit écriteau indiquait que les lieux étaient fermés. A l’intérieur, l’atmosphère était tendue. Le prêteur sur gages papillonnait d’un bout à l’autre de son établissement, une feuille à la main, donnant l’illusion, de l’extérieur, de faire son inventaire. Mais en réalité, le vendeur à l’air morne avait une discussion houleuse avec un autre individu dissimulé dans l’ombre. La voix de celui-ci, aux accents de croque-mort, résonnait dans la pièce comme un mauvais présage.

« - Tu n’es qu’un imbécile, Sandatt ! Tu as vraiment cru qu’un vagabond et une hobbite seraient capables de faire mon travail ? » gronda l’homme dans l’obscurité.

Sandatt serra les dents et siffla.

- Je n’avais rien à risquer à essayer. Ivar nous cause des soucis depuis plusieurs mois maintenant, c’était une bonne occasion que le vieux Tyr nous offrait, un moyen de se débarrasser de ce cafard sans nous impliquer…
« - Ce n’était pas à toi d’en décider ! Tu devrais apprendre à rester à ta place Sandatt, je n’aime pas qu’on marche sur mes plates bandes. Sans compter que tu as pris des décisions sans t’en référer à Elle. »
- Qu’est-ce que tu crois ? Elle était d’accord pour mon plan. Sathie ne serait jamais allée au rendez-vous si cela avait été contre Sa volonté.
« - Certes… mais ne crois pas qu’Elle ait apprécié ton initiative. »
- Elle l’aurait appréciée si ça avait marché,
répliqua amèrement Sandatt en continuant de noter le nombre de services en argent dans le rayon.
« - Sans doute, mais ça n’a pas marché. Et c’est pourquoi on en est là. Je sais qu’Elle te fait confiance pour certaines affaires de tes compétences, mais à l’avenir, laisse-moi faire mon travail, au pire refile-le à ce lourdaud de Kett, mais n’en charge pas le premier mendiant venu. C’est de l’amateurisme. Mauvais pour notre image. »
- Comment veux-tu que quiconque fasse le lien ?
soupira de nouveau le prêteur sur gages d’une voix égale.
« - Tout fini par se savoir. Tout ! »

Le débat aurait encore pu être long si, au même moment, la petite clochette de la porte d’entrée n’avait pas raisonnée dans la boutique. Aranmorë était là. L’homme dans l’ombre se tut aussitôt alors que le propriétaire des lieux fit face à l’arrivant, posant son paquet de feuilles dans un recoin d’étagère.

- Vous voilà donc. Je commençais à craindre que Sathie n’ait pas transmis mon message.

Pourtant aucune émotion de la sorte ne transparaissait dans le ton utilisé. Les yeux sans étincelle de Sandatt fixèrent sans ciller le jeune homme jusqu’à ce que celui-ci s’en sente mal à l’aise.

- J’ai appris que vous avez réussi à récupérer ce que vous cherchiez grâce à mes informations et ma guide. Malheureusement, j’ai été peiné d’apprendre que vous n’avez pas respecté votre part du contrat.

Bien que la voix de l’homme semblait particulièrement neutre, l’arrivant pouvait y déceler une petite pointe d’agacement et de déception.

« - Assez joué, Sandatt ! » grogna soudain la voix glaciale cachée dans la pénombre, derrière le bureau du propriétaire des lieux.

Ce dernier se tendit visiblement sous l’ordre sec.
Jusque là rendu totalement invisible par la luminosité rase qui créait des ombres opaques dans la pièce et par son silence total, l’homme caché claqua des doigts. On entendit le craquement distinct d’un briquet et la lumière fut, dévoilant deux hommes derrière le bureau.


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Le plus remarquable était celui qui était affalé dans le siège de Sandatt, les jambes écartés, les coudes reposants sur les accoudoirs, la tête supportée par un bras, le visage fermé, à l’image d’un seigneur sur son trône, ployant sous la nonchalance et l’ennui. A l’exception du fait que la simple vue de cet homme sembla refroidir la pièce de plusieurs degrés. L’atmosphère se chargea d’une tension aussi soudaine qu’effrayante. Cet homme-là dégageait une aura malsaine que ses yeux de prédateur, enfoncés dans leurs orbites, accentuaient plus encore. La façon dont il jaugeait le nouvel arrivant faisait froid dans le dos.
A ses côtés, debout en retrait, se tenait celui qui avait allumé la lampe. Un homme de taille moyenne, assez fin et aux courts cheveux d’un roux flamboyant. Lui au contraire semblait bien peu intéressé par Aranmorë et ne le regarda pas au-delà d’un rapide coup d’œil en coin.

Il y eut un moment de battement. Puis rapidement, Sandatt reprit ses esprits. Il tira tous les rideaux de la boutique. Chaque fenêtre était maintenant obturée d’épais pans de tissus noirs qui ne laissaient filtrer qu’une lumière diffuse dans la ruelle. L’autre homme, quant à lui, n’avait pas lâché Aranmorë du regard.

« - Bien, tu dois être le responsable du fiasco d’hier, j’imagine. » lança-t-il dédaigneux. « Il va sans dire que j’attends des explications sur ce qui s’est passé chez Ivar et la réponse à intérêt de me convenir… »
- Sauer !
protesta Sandatt en se plaçant entre le vagabond et l’autre homme qui n’avait pas bougé de sa chaise.

Sauer… Ce nom résonna dans la tête d’Aranmorë, écho d’un souvenir de la veille et de la réaction particulière des hommes d’Ivar aux sons de ce nom. Il pouvait comprendre que l’homme qui se tenait devant lui était craint et surtout… surtout dangereux. Très dangereux. Et il s’impatientait.
Le dénommé Sauer jeta un bref regard à Sandatt qui battit immédiatement en retraite, libérant le passage entre son invité et l’autre homme.

« - J’attends. » insista de nouveau le sinistre personnage en direction d’Aranmorë.
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