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Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
Lithildren Valbeön

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag erennel sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag erennel sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 15 Déc 2015 - 17:17
Elle se sentait flotter, légère, dans les ténèbres. Etait-elle morte ? Peut-être. Elle se sentait si bien, si... vivante. Si la mort avait décidé de son sort, peut-être l'avait-elle oubliée ? Lithildren souhaita rester ici à jamais, avec la tête de vide de soucis, sans avoir à se préoccuper de quiconque. Mais son souhait fut coupé court par des images nettes, précises. Elle ne se trouvait pas de ce Néant dont elle espérait la présence, mais au plus profond de ses souvenirs, là où ils étaient encore vivaces et foudroyants tels des éclairs. Défilèrent alors quantité de visages, de sourires, de rictus. Elle gémit et se sentit tomber. Elle lui sembla alors qu'elle glissait hors de sa mémoire, hors de son corps, comme si elle ne sentait plus sa propre enveloppe charnelle. Elle s'arrêta et en ouvrant les yeux, elle le vit sans masque.

Ses cheveux avaient la couleur de l'écorce d'un chêne, ses yeux portaient le vert pur de l'herbe tendre en début de printemps. Sa peau claire semblait de satin, et son sourire réchauffait le coeur de la belle aux cheveux d'argents. Geraïnh Vreanen. Son père, Braïn Vreanen, était un ami de Veroën Valbeön, père de Lithildren. Les deux elfes devaient s'entraîner ensemble aux différents arts elfiques : archerie, équestre, combat.

La nuit était claire. Pas un seul nuage ne troublait le ciel étoilé et la pleine lune. Les arbres en fleurs brillaient d'un éclat pur sous les rayons de la lune. Elle était là, habillée d'une robe blanche en satin, un peu transparente laissant deviner sous le tissu les formes de son corps fin et élancé ; ses pieds étaient nus et à son cou pendait un bijou elfique donné par sa mère quelques années plus tôt. Elle était debout, dans cette clairière à eux. Son visage divin était tourné vers l'oeil d'argent dont la caressa illuminait la belle, lui donnant l'air d'une déesse. Le parfum de l'elfe, un parfum de fleur de cerisier, paraissait aux narines de Geraïnh qui l'observait, à l'ombre. Il portait une longue robe verte ornée d'arabesques dorées.  Il finit par s'approcher sans un bruit de la belle. Depuis plusieurs mois, l'un et l'autre couvaient un amour réciproque que seuls des regards et le silence laissaient supposer.  Elle tourna la tête vers lui, doucement. Ses fines lèvres dessinèrent un sourire léger.

Plus tôt dans la journée, il était venu la voir.

- Ce soir, la lune nous observera, entière et brillante, depuis le ciel pur. Vous joindrez-vous à moi à la clairière ?

Elle était restée silencieuse un moment, se rendant compte du fait qu'il la conviait à un moment seuls cette nuit. Elle avait finit par accepter, timidement. Ce rendez-vous l'avait rendue nerveuse toute la journée. Le soir venu, elle avait mit cette robe, sa robe la plus simple, et était sortie pour l'attendre.

Il prit la peine de regarder la lune pendant qu'elle observait le trait du visage fin et sage de son ami. Elle avait été séduite par ses manières, ses gestes, ses paroles et ses qualités dans les disciplines du combat ; pour sa vaillance et sa patience, pour sa gentillesse et sa douceur, elle l'aimait. Elle ignorait s'il l'aimait en retour, mais elle avait adressé de nombreuses prières à la lune pour qu'il l'aime lui aussi. Elle n'osait aucunement briser le silence qui se faisait gênant pour elle. Elle échangea un regard avec lui, et eut un léger rire. Il finit par lui prendre une main, puis l'autre. Sa peau était tiède, douce. Il eut un sourire gêné en la regardant, mais prit une grande inspiration, qui amusa la belle.

- Lithildren... Depuis que j'ai noyé mes yeux dans les vôtres, je n'ai de cesse de vous admirer, de vous observer. Tout ce temps à vos côtés n'ont fait que gonfler cette douce chaleur dans ma poitrine. Grâce à vous, j'ai découvert les douceurs et les joies que je n'espérais pas vivre...

Il marqua une pause et serra les mains de l'elfe dans les siennes. Elle se sentait rougir par ces belles paroles.

- Votre peau est si douce... constata-t-il. Aussi douce que le son de votre voix, que l'éclat de vos yeux... Aussi douce que le murmure du vent dans les feuilles, que le chant des flots de la rivière, que la vie elle-même... Lithildren... Je vous aime.

Elle avait frémit tout le long de ces courtes mais frappantes paroles. Sans un mot, ils se penchèrent l'un vers l'autre, doucement, et échangèrent un doux, timide et long baiser. Le reste de la nuit, leur amour s'embrasa dans un enlacement charnel qui ne prit fin que lorsque le sommeil les emporta et que, essoufflés, il s'endormirent l'un contre l'autre dans la clairière.


Elle se retrouva de nouveau dans le Néant en ouvrant les yeux. Elle resta pourtant allongée, prise d'une vive douleur au crâne. Elle vit défiler des visages, des sourires, des elfes aux noms oubliés. Des visages déformés, des sourires carnassiers ou avides, des rires gras et odieux. Des noms lui revinrent, bien qu'elle ignorait encore à quoi ils correspondaient. Un visage à cicatrices s'imposa à elle, comme un poing dans la figure.

Il avait un sourire pervers et vicieux, un regard déshabillant, et un rire gras. Il était mince mais clairement laid, une cicatrice lui balafrant l'oeil gauche, et le nez cassé. Elle sentait une aversion envers cet être laid et sale, ivrogne et vicieuse chose, il semblait à l'elfe qu'elle haïssait un cochon.

- Quelle délicieuse diablesse ! Une délicate furie, une divine forcenée !
- Votre douleur semblera bien douce que la mort, lorsque je sortirais de cette immonde prison.


Il fut prit d'un rire gras éclatant, un rire d'homme ivrogne. Ils passèrent trois jours à la narguer derrière ses barreaux, alors que ses poignets étaient attachés à des chaînes. L'un d'eux tenta de la violer dans sa cage, mais il eut tôt fait de regretter sa tentative. Lithildren était assez fière, et doutait qu'il puisse de nouveau attirer une femme à lui... Mais la haine et l'aversion que ces êtres immondes semblables à des cochons ou des rats la faisaient presque vomir tellement ils sentaient l'alcool et le sang. Un autre tenta le second jours de satisfaire ses envies près de la cage de l'elfe, souhaitant ainsi l'humilier : il ne pourrait plus porter une épée de la même manière, désormais...

Quand elle fût libérée, c'était comme si ils prenaient un chien en laisse : elle avait un collier de fer autour du cou attaché à des chaînes, et des sortes de menottes aux poignets. Elle portait une robe miteuse en cuir brun déchiré par endroits. Ses yeux bleus glacés et ses cheveux d'argents rayonnaient parmi tout ces humains pitoyables et faibles recroquevillés tels des chiens apeurés dans une ruelle sombre. Elle, la soif de vengeance, un fort désir violent de s'échapper, la haine et la rancoeur l'habitaient et la faisait se tenir droite et digne parmi ces pleutres chagrinants. Elle avisa un garde et se jeta brutalement sur lui. Elle évita les coups qu'il tenta de lui porter et lui disloqua la mâchoire d'un coup de pied bien placé. Un autre l'entoura violemment de ses bras, depuis le dos de l'elfe. Il serra et serra pour l'étouffer, mais elle balança sa tête pour lui briser le nez : l'elfe sentit le cartilage se rompre. Prenant un poignard d'un garde, elle le plante dans le coeur de l'un, et égorgea l'autre. Emplie d'adrénaline et lancée, elle profita de la cohue pour blesser un autre garde en lançant le poignard dans sa cuisse, puis s'acharna en blessa sept autres gardes, dont trois assez gravement pour les laisser agoniser. Ce fût l'être à la cicatrice qui parvint à l'endormir avec un linge imbibé d'une substance qui la fit perdre conscience presque instantanément.

Elle reprit conscience dans une cellule puant les âges, la poussière et le renfermé. L'humidité gouttait partout, et ses compagnons devinrent des rats qu'elle exécrait. Splendide. Son geôlier vint la voir avec un plateau. De la nourriture, et abondante ou presque ! Elle dévora avidement sa nourriture. Quelques minutes plus tard, elle sentit une forte douleur à la tête, et tomba dans l'inconscience. Elle oublia la veille, et le jour d'avant, et ainsi chaque jour elle oubliait un peu plus de son passé.


Le Néant, encore. Elle se souvenait maintenant de comment ses yeux virèrent au blauc, et pourquoi elle se sentait si mal : son corps ne supportait donc plus les substances empoisonnées ou drogues en son sein. Etait-ce vraiment cela..? Une voix sembla alors percer les ténèbres, et apporter une lumière belle, libératrice. Reviens Lithildren, reviens. La voix était si douce, caressante, chaleureuse. Elle se sentit tomber dans un précipice, à mesure que la voix se répétait dans sa tête, devenant un écho amplifié par la chute brutale.

##
Lithildren ouvrit les yeux et se redressa dans un hurlement de peur, de peur de tomber et de s'écraser lorsqu'elle eut l'impression que son corps venit de rencontrer le lit. D'un air hagard, et perdu, elle dévisagea l'elfe à son chevet et d'un voix basse, éteinte, comme si elle se souvenait d'un vieil ami, elle parla :

- Seigneur Ovadiel...?

Elle s'effondra dans son lit sans reperdre conscience. Elle tourna la tête, couverte de sueur. Son front était bouillant, mais ses mains étaient glacées. Son teint était encore plus pâle que la blancheur d'un linceul, contrastant avec le noir de jais de ses cheveux. L'argenté d'origine ne se voyait que sur la moitié de sa chevelure. Ses yeux, eux, étaient toujours aussi blancs-argents, mais une lueur nouvelle, plus vivante, dansait en eux. Elle tourna la tête vers le Ovadiel, sans le regarder. Elle eut un grand sourire.

- Eugénion, mon cher ami...

Elle le vit verser des larmes, de joie ou d'inquiétude elle ne saurait le dire. Elle tendit la main, il la prit en tremblant et vint enlacer l'elfe malade. Elle serra contre elle le Hobbit, rassurée qu'il aille bien. Elle le lâcha lorsqu'Ovadiel mit la main sur l'épaule du petit être pour l'écarter de la malade. Elle regarda de nouveau le Seigneur, et un sourire las, fatigué se dessina sur les lèvres de la native de la cité.

- Je suis de retour, mon Seigneur... Je suis enfin revenue, comme je l'ai promis...

Ovadiel était présent, comme bien des elfes, lorsqu'elle avait fait ses adieux. Geraïhn lui avait offert un cheval blanc, Aldranys. Il était le sien, et en hommage à leur amour, il le lui avait donné. Lithildren avait parlé de son départ à quelques elfes, dont le Seigneur Ovadiel. Il n'avait pas approuvé son départ, mais ne l'avait pas empêché non plus. Se mettre au service de la Lorien était une noble chose pour tout elfe qui soit, enfin c'était ce qu'elle pensait.

Désormais, elle était de retour. Enfin ! Sa cité natale avait bien changé : quelque chose en elle avait disparu, ou changé. Une chose qu'elle n'aurait su décrire. Les visages avaient changé. Les réponses attendraient, Lithildren devait encore se battre contre son propre esprit...

#Lithildren #Erennel
Sujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.
Erennel

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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag erennel sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.    Tag erennel sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 24 Sep 2015 - 13:53
Ils avaient quitté Bree à vive allure. Olann semblait tenir le rythme, du moins pour l'instant.

Devant lui, Lithildren chevauchait avec une grâce que seuls les elfes savaient avoir. Même Erennel était obligé de le reconnaître.

Eugénion, lui, était loin d'avoir la même élégance. Il semblait même plutôt mal à l'aise. Pâle comme un linge, il se cramponnait aussi bien que possible à sa monture.

Il est vrai que la situation n'était guère réjouissante. Si les hommes qui les pourchassaient les rattrapaient, ils auraient peu de chance de s'en sortir. Dans l'impasse où il les avait rencontré pour la première fois, l'effet de surprise avait joué en sa faveur et il en avait pleinement conscience mais là...

Même si l'elfe se défendait bien, ils ne seraient que deux contre eux, le semi-homme ne leur serait pas d'une grande aide.

L'inquiétude le gagnait, il en oubliait même son exercice favori : chercher les moindres défauts, les moindres reproches à faire contre l'elfe.
De toutes façons, cela devenait agaçant, il ne trouvait plus rien à critiquer.

Le vent soufflait plus fort chargeant le ciel de sombres nuages, l'air se rafraîchit. L'ambiance devint plus pesante d'un seul coup.

Après plus d'une heure de course folle, les chevaux étaient fatigués. D'un commun accord, le trio décida de ralentir le rythme.

Olann semblait soupirer de soulagement.

Erennel était inquiet pour sa jument. Le rythme était trop intense pour elle mais ils n'avaient pas le choix et il espéra très fort que sa pauvre grand-mère tiendrait jusqu'à Fontcombe.

D'un geste doux, il lui caressa l'encolure avec une infinie tendresse. Il s'était réellement attaché à elle.
D'un seul coup, il redressa la tête. Un moment de laisser aller...

Il regarda le hobbit. Il était occupé à fumer sa pipe.

Non, il ne l'avait pas vu.

L'elfe... Elle était retournée mais son regard semblait porter plus au loin. Il regarda à son tour et ne vit rien. Mais Lithildren, elle, avait vu quelque chose.

Elle leur signala que leurs poursuivants avaient retrouvé leurs traces.

Immédiatement, il donna des coup de talons sur les flancs de l'animal pour qu'il accélère.

-La route est trop longue jusqu’à Fondcombe , si nous restons sur le sentier ils vont nous tomber dessus! Il faut couper à travers champs!

C'était le hobbit qui venait de parler.

Erennel et Lithildren se tournèrent vers lui. Lui, qui semblait toujours s'affoler très vite, avait parlé avec une telle assurance.

Le semi-homme avait l'air de savoir de quoi il parlait et il fallait se décider rapidement.

Le forgeron regarda l'elfe et lui dit :

- Je pense qu'Eugénion a raison. La route n'est plus très sûre, ils nous rattraperont très vite. Si couper à travers champs peut nous faire gagner du temps alors il faut le faire car le temps, c'est ce dont nous avons le plus besoin. Nous devrions l'écouter.

Cette fois, c'est vers lui que les regards se tournèrent.

C'était la phrase la plus longue qu'il ait prononcé depuis le début et ce n'était même pas pour se plaindre.

Sans attendre leur réponse, Erennel quitta la route.

#Erennel #Lithildren
Sujet: Dis moi où tu es , je te dirai qui tu étais...
Learamn

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Rechercher dans: Bree   Tag erennel sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu es , je te dirai qui tu étais...    Tag erennel sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 21 Juil 2015 - 15:41

Ah Bree ! Un petit coin de vie au milieu de terres plutôt hostiles , un oasis planté en plein désert. Eugénion et Lithildren était entré un peu plus tôt sans encombre dans la ville en empruntant le grand porche monumentale et un poil disproportionnée par rapport à la taille de la ville qui était en fin de compte relativement petite. En ce début de soirée , l’activité était intense aux portes de la cité ; beaucoup de voyageurs entraient dans la ville après de longues journées de voyage et se précipitaient vers les échoppes , magasins et auberges pour refaire leur stock , placer leurs animaux , se retrouver devant un bon plat et se reposer sur un vrai lit. L’étroitesse des rues augmentait encore l”effet d’intensité de là foule tant est si bien qu’Eugénion et Lithildren durent presque jouer des coudes pour se frayer un chemin ignorant les incessant regards étonnés des autres passants de voir une elfe par ici  car si jusqu’ici l’elfe et le Semi-Homme se partageait la vedette , à Bree où les Hobbits étaient en nombre c’était elle qui devenait le centre de toutes les attentions.   Si la route était déjà bruyante ce qu’il se passait dans les rues principales de Bree en ses heures de pointes  dépassait de loin la route au niveau sonore , entre les cris d’animaux , les exclamations diverses , les annonces des vendeurs qui comptaient bien vendre leur dernier non-vendus de la journée avant de fermer leur comptoir , bref c’était une véritable cacophonie .

Tout en avançant tant bien que mal Lithildren explorait de ses yeux si uniques et intrigant ce lieu qu’elle ne connaissait pas . Des maisons de bois , de briques et de pierre à l’architecture sensiblement identique se succédait dans des rangées qui créaient des rues plutôt étroites , il y avait peu ou pas de grandes places et encore moins de larges boulevards.  La foule était très hétéroclite mais essentiellement composé d’Hommes et d’hobbits qui vivaient ici en parfaite symbiose , on pouvait aussi noter la présence de quelque nain venu faire une halte ici avant de reprendre la route car rares étaient les nains à vivre en dehors de leur montagne , de leur communauté mais ces derniers n’hésitaient pas à voyager  , loin parfois.  Lithildren semblait être la seule elfe dans les environs bien que l’on n’était jamais à l’abri d’une surpris mais de tels êtres se faisaient rares à Bree. L’elfe amnésique en balayant les lieux du regard put remarquer un homme posté sur le toit  , un arc à la main ; c’était un Rôdeur du Nord , l’un de ces mystérieux guerriers qui veillaient sur la région. Les deux compagnons croisèrent également la route d’une milice : la Garde Marchande. Des soldats armés d’une lance et d’un bouclier et coiffé d’un casque circulaire ; ils ne paraissaient pas bien menaçants mais les malfaiteurs auraient tort de les sous-estimer , ils étaient tous des combattants entraînés.

Eugénion posa son bras sur celui de Lithildren comme pour lui signaler qu’il voulait lui parler et il s’exprima d’une voix forte pour se faire comprendre au-dessus du tumulte environnant.

-Suis moi , on va aller à la meilleure auberge de la ville ; elle doit être bondée mais si on y va maintenant on pourrait avoir une chambre et une table et puis le patron est un ami , on pourra s’arranger.


Quelque minutes de marches à travers les rues et la foules plus tard il se retrouvèrent devant une haute maison . Au dessus de la porte se trouvait une enseigne qui se balançait au gré du vent , un équidé était dessiné dessus et au dessus de la porte il était inscrit en lettre blanches “ Le Poney Fringant” ; la célèbre auberge de Bree serait donc la prochaine étape d’Eugénion et Lithildren.

Le Hobbit poussa la porte de l’établissement et laissa entrer l’elfe puis il se dirigea vers le comptoir et appela l’aubergiste, ce dernier , interpellé se retourna et chercha des yeux qui avait bien pu le héler mais il avait beau chercher personne ne l’attendait derrière le comptoir .
Levant les yeux aux ciel Eugénion reprit

-C’est moi Eugénion !


Le regard de l’aubergiste sembla alors s’illuminer et un large sourire se dessina sur son visage . Il posa son torchon et se pencha en avant sur le comptoir pour pouvoir voir son ami si particulier.

-Aha vieille crapule ! Tu es de retour de tes voyages hein? C’est bon de te revoir .


Il se serrèrent chaleureusement la main et alors que le tavernier se redressait pour regarder dans son registre quelle chambre était libre pour le Semi-Homme , ce dernier demanda

-J’aimerais deux chambres , sans odeurs et parasites s’il te plaît.

L’homme s’arrêta dans ses recherches .

-Deux chambres ? Pourquoi ça ?
-Une première pour moi et une seconde pour ma camarade.

Eugénion désigna d’un geste de la tête Lithildren qui patientait un peu plus loin , l’aubergiste eut un rire de surprise

-Ah ! Bah ça alors ! Une elfe dans mon établissement , qui l’eut crû? Quand je vais dire ça à Frida… Mais où t’as été la cherchée?
-Tu  doute de mon charme naturel?

Le tavernier éclata d’un rire bourru et sincère et tapa fortement , bien qu’amicalement sur l’épaule du Hobbit , qui vacilla.

-Franchement oui , j’en doute fort.

Eugénion répondit au tac-au-tac

-C’est un elfe que j’ai croisé au Rohan , elle est un peu perdue tu vois alors j’essaie de l’aider un peu .

-Ne me dis pas que tu lui rabâche tes théories philosophiques .


-Je ne les lui rabâche pas je lui les distille de façon inspirée .

-Ah t’es vraiment irrécupérable...enfin compte pas sur moi pour te laisser faire une nouvelle conférence ici , la dernière fois tu as manqué de te faire lyncher. Ce serait bête de te perdre.


Eugénion poussa un soupir de découragement et leva les bras au ciel

-Si les gens sont trop bêtes pour comprendre que veux-tu que j’y fasse?

-En même temps tu leur dis que leur existence n’a aucun sens , on peut comprendre leur emportment. Bon j’ai les chambres 17 et 18 qui pourraient convenir et il y a une table de libre près de la fenêtre là-bas vous y serez bien. Installez vous , la serveuse va venir pour que vous passiez commande.

Une dizaine de minutes plus tard Lithildren et Eugénion était assis face à face à leur table devant leur assiette qu’on venait de leur apporter . Il y avait une généreuse portion de ragoût accompagné de pain et de fromage pour le Hobbit et une grande chope de bière qu’il aurait tôt fait de vider ; pour le menu de Lithildren les cuisiniers avaient dû improviser un plat correspondant aux habitudes alimentaires elfique. Elle avait droit à une salade de jeune pousse d’épinard , de carotte , de topinambours et de brocoli le tout accompagné d’un simple pichet d’eau; un plat qu’Eugénion regardait étrangement , se demandait comment elle comptait reprendre des forces avec ça. Ils mangèrent une fois n’est pas coutume en silence.

L’auberge était quasiment pleine et les serveurs couraient entre les tables pour servir les clients à temps avant que ceux - ci ne s’énervent pour le temps d’attente avant de pouvoir se remplir la panse .

Alors qu’il entamait son pain Eugénion prit la parole

-Tiens ça me fait penser à une histoire , il y avait un roi dans une contrée lointaine. Il n’était ni fou ni foncièrement mauvais mais il avait un grand défaut il était extrêmement près de ses pièces d’or , avare oui c’est le mot . Si bien et tant bien que la moindre petite chose qu’il pouvait apparenter  du gaspillage et donc à une perte d’argent l’horrifiait . Il avait donc rédigé un code de lois pour régir le gaspillage : il était dorénavant obligatoire de manger les pépins de raisin , de boire les fonds de bouteilles , de manger les abats ou encore de manger la peau des légumes , de même il était bien sûr interdit d’arroser ses plantes plus d’une fois par semaine , de prendre des bains toutes les semaines ou de jeter des vêtements usagés .  Il fallait à tout prix que chaque produit soit entièrement consommé et utilisé sous peine d’amande ; il créa même une milice spéciale pour surveiller le taux de gaspillage , une troupe très originalement nommée : La Milice du Gaspillage.  
Une famille du royaume , pas riche mais pas non plus pauvre , disons modeste , s’était faite à ce mode de vie et ne se posait plus trop de questions quant aux questions de gaspillage , tout recycler était devenu naturel pour eux et ils s’y étaient fait . Mais un jour où le maître de maison revenait de chez le boulanger après avoir acheté du pain frais , sa femme lui dit qu’il en restait de la veille  ; ils mangèrent donc le pain dur de la veille et laissèrent le frais de côté. Le lendemain matin le mari se rendit à nouveau à la boulangerie et acheta du pain frais alors qu’il restait celui de la veille . Durant le déjeuner , devant le pain dur , l’homme râla mais se plia à la règle et il laissa le pain frais et il ne changea aucunement son habitude naissante. Ainsi chaque jour il continuait à acheter du pain frais et à manger le pain dur de la veille en râlant. Les années passèrent et ils vécurent donc ainsi , condamnés à manger du pain dur jusque dans leur tombe , faisant de ce geste , à savoir acheter le pain frais du jour et manger la rassis un bien désagréable habitude  ; la femme de l’homme mourut d’abord et quand ce dernier se trouva à son tour sur son lit de mort et qu’il fut entouré de ses héritiers il déclara

“Mes enfants , j’ai eu une longue et belle vie éclairée  mais une dernière question dont la réponse me reste obscure taraude encore mon esprit : Qu’est ce qui m’est passé par la tête quand j’ai acheté cette foutue baguette en trop? “

Ridicule tu me diras , ma jolie , l’homme n’avait qu’à ne pas acheter pendant un seul jour le pain frais et tout rentrerait dans l’ordre.  Je te dirais que ce n’est pas si simple , depuis qu’il était en mesure de marcher ce type accompagnait son père chaque matin à la boulangerie , et cette habitude devint presque sacrée , chaque matin il se devait d’aller acheter du pain frais ; jusqu’à ce jour où il commit l’erreur d’acheter trop de pain. Donc à partir de ce moment là il était condamné à ne manger plus que du pain dur.

L’histoire est caricaturale certes mais garde à l’esprit le message qu’elle transmet , la forme permet de raconter de beaux apologues mais c’est le fond qui compte. Les Hommes et les autres êtres en général sont entravés dans des habitudes inexplicables , absurdes , qu’ils transforment en rite sacré et ils sont incapable de prendre du recul sur la chose pour modifier leur routine et arranger les choses.

Eugénion , rassasié après son copieux repas et sa chope vidée , sortit sa pipe , la bourra et l’alluma une fois de plus du même geste expert qui commençait à devenir familier pour Litildren.



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De l’autre côté de la salle , dans un coin faiblement éclairé , et une chope de bière encore remplie devant lui Norfal scrutait l’Elfe et le Hobbit. Toujours encapuchonné il s’efforçait de se faire le plus discret possible car il savait que l’elfe connaissait maintenant sa silhouette et sa voix mais d’ici heureusement elle ne pouvait pas l’apercevoir.

Il avait choisi la bonne table .

L’homme avait reçu l’ordre de continuer à suivre ces deux là sans rien faire de plus avant que les autres ne le rejoigne pour lui transmettre les directives à suivre . Sous sa capuche se cachait des traits étonnamment jeunes et quelque peu crispés , s’il était un homme entraîné et plutôt talentueux il manquait encore cruellement d’expérience et il était très tendue . Lors de leur courte entrevue Norfal avait vu que l’elfe disposait de deux dagues , il ne savait pas avec quelle expertise elle les maniait mais ce qu’il avait entendu sur les talents de bretteur des elfes ne le rassurait guère quant à ses chances de victoire en duel frontal. Pour l’instant il allait devoir faire profil bas et attendre la suite des opérations .D’une main tremblante il porte la chope de bière à sa bouche , cherchant le réconfort dans l’alcool.

#Lithildren #Erennel
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