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Sujet: Le sage fuit la bêtise, les sots la traquent
Ryad Assad

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Rechercher dans: Dur'Zork   Tag haur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le sage fuit la bêtise, les sots la traquent    Tag haur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 22 Mai 2016 - 1:20
Tag haur sur Bienvenue à Minas Tirith ! Haur10

Haur faisait de son mieux pour ne pas s'effondrer, parce qu'elle en avait reçu l'ordre, mais au fond d'elle-même elle était tout bonnement terrifiée. Elle savait que l'homme qu'elle avait en face d'elle pouvait la tuer sur-le-champ s'il le souhaitait, et elle qui n'avait jamais pu supporter la violence ne pouvait décemment se sentir à l'aise dans cette situation. Depuis son départ de chez elle, elle avait affronté maints dangers, et elle avait cru plus d'une fois que sa dernière heure était arrivée. Pourtant, elle n'en était pas devenue plus tolérante vis-à-vis des armes pour autant. Leur vision lui glaçait toujours autant le sang, si ce n'était davantage encore. Elle n'avait jamais été brave, et devant la menace que son interlocuteur représentait, devant la menace argentée qu'il tenait entre ses mains, elle ne pouvait rien faire sinon obtempérer, obéir, et prier qu'il ne l'éliminât pas sans la moindre pitié. Elle essaya de lui demander son nom, avoir l'espoir vain que celui-ci accepterait enfin de la laisser en paix quand il comprendrait qu'elle ne représentait pas une menace. Cependant, sa réponse sèche et froide la frappa en plein visage comme une gifle. Elle sentit son visage se crisper légèrement, alors qu'elle retenait un sanglot qui aurait été malvenu en la circonstance.

Ses yeux s'embuèrent en un instant, et elle regarda le guerrier avec un air désespéré. Elle était convaincue désormais qu'il allait la tuer. Avec de la chance, il le ferait rapidement. Elle pouvait déjà se féliciter de savoir qu'elle ne serait pas offerte en sacrifice à Melkor lors d'une des sombres cérémonies que l'on pratiquait dans sa ville natale, mais cela ne rendrait pas sa fin différente. Le chemin pour y arriver serait seulement un peu plus court. Cependant, à sa plus grande surprise, l'homme changea d'avis et se décida finalement à lui donner son nom. Il avait baissé son arme, et également fait tomber le mur qu'il s'était évertué à ériger entre lui et elle. Haur n'en comprenait pas la raison, mais elle s'accrocha de manière déraisonnable à ce signe d'espoir.

- Kulak, répéta-t-elle en hochant la tête.

C'était un nom Haradrim, sans surprise, et cette information glissa sur elle comme l'eau sur les nervures d'une feuille. A dire vrai, bien des choses échappaient à Haur, qui aurait pu faire un bien meilleur usage de ce qu'elle venait d'apprendre. Kulak, puisque c'était son nom, paraissait ne pas être d'humeur à lui faire du mal et encore moins à l'effrayer. Si elle avait été un peu retorse, un peu roublarde, elle se serait servi de cette information pour le manipuler légèrement, le pousser dans une direction où il ne pourrait pas lui faire du mal, puis le trahir habilement avant qu'il eût été en mesure de comprendre. Toutefois, Haur n'était pas ce genre de personne, et il n'était pas exagéré de dire qu'elle n'avait pas une once de méchanceté en elle. Elle aurait été bien incapable de planifier à si long terme, et elle était tout simplement heureuse d'être en vie au point de ne pas réaliser qu'elle pouvait en tirer profit.

Constatant que l'homme semblait relativement apaisé, elle avait cru possible de l'interroger sur la nature de ses recherches sans que cela le dérangeât outre mesure. Après tout, il était à la recherche d'un vieil homme sans défense, il interrogeait une jeune femme sans défense… Qu'avait-il à craindre ? Cependant qu'il reporta son regard vers elle, elle n'y lut pas une confiance débordante : il avait l'air de se méfier d'elle, et ses paroles ne firent que confirmer l'impression désagréable qu'elle avait. Il la suspectait de quelque chose, et de toute évidence il ne paraissait pas prêt à déposer les armes en sa présence. En réponse, elle décida de garder les mains en l'air, même si elle commençait à avoir les bras qui fatiguaient.

Elle suivit néanmoins la direction de son regard qui se portait vers les barreaux, sans vraiment comprendre ce qu'il espérait qu'elle en tirât comme conclusion. Devait-elle répondre ? Elle n'en avait aucune idée, mais elle ne calculait pas vraiment. Il lui paraissait pour l'heure que se montrer honnête avec Kulak ne pouvait être qu'une bonne chose :

- Il est tout sauf cruel, messire. Voudrait-il faire du mal à son prochain qu'il en serait bien incapable. Je vous en donne ma parole.

Sa sincérité était stupéfiante, et il était curieux de constater qu'elle pouvait admettre sans la moindre difficulté connaître la personne que ce Kulak recherchait. N'importe qui de sensé aurait gardé cette information pour lui, car si c'était un assassin dont il s'agissait, il risquait fort de faire d'elle sa prochaine victime sitôt qu'il aurait localisé le vieillard et qu'il aurait mis fin à sa vie. Mais Haur était bien loin de ces considérations. Elle voulait simplement qu'il l'autorisât à baisser les bras, par Melkor. Elle regardait toujours les barreaux, quand il revint à elle doucement. Alors, elle croisa son regard, et y lut une sincère perplexité qu'elle ne s'expliquait pas. Elle n'avait rien fait de mal, sinon aider un vieil homme un peu étrange à accomplir le rêve de sa vie. Rien de répréhensible, assurément.

- Je ne suis personne, messire. Simplement Haur. Mon travail consiste à… eh bien… mettre de l'ordre.

Les mains levées elle désigna de l'index la pièce qui était, il fallait bien l'avouer, dans un état chaotique. Nulle personne saine d'esprit ne se serait lancé dans cette entreprise titanesque, et il n'était pas difficile de soupçonner la jeune femme de cacher quelque chose. Dans une ville où tant de gens mentaient sur qui ils étaient, ce qu'ils faisaient ou comment ils s'appelaient, comment réagir en face de l'expression d'ingénuité la plus pure ? Il n'y avait rien de plus déstabilisant pour un individu que de se voir confronté à son exact opposé. Un monde séparait Haur de Kulak, mais de toute évidence elle était la seule à ne pas s'en rendre compte.

- Quant à ma présence dans cette cave, je… Oh attendez…

Elle venait de voir un objet froid et lourd fracassé violemment au fond d'une étagère, laquelle se trouvait immédiatement derrière Kulak. Elle se pencha légèrement pour l'observer, mais il ne l'imita pas en se retournant. Craignait-il ce piège vieux comme le monde ? Elle était à des lieues de penser à cela, car ce qu'elle venait de découvrir lui donnait une information cruciale et tout à fait surprenante. Un cadenas. L'objet avait dû valdinguer dans la confrontation qui avait suivi sa libération. Cependant, ce qu'elle pouvait constater de là où elle se trouvait, c'était que le cadenas n'était pas brisé. Il avait simplement été projeté là après que la cage eût été ouverte. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement, d'une surprise non feinte :

- Mais… Pourquoi le libérer ?

Sa question resta suspendue dans l'air comme une mouche piégée au bout d'un fil arachnéen. Kulak,  au centre, avait senti la vibration, et il remonterait bientôt jusqu'au frêle petit insecte dans sa toile piégé. Une jeune femme du Rhûn aux grands yeux écarquillés.

#Kulak #Haur
Sujet: Hors-la-loi de l'aurore
Ryad Assad

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Rechercher dans: Vieille-Tombe   Tag haur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Hors-la-loi de l'aurore    Tag haur sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 10 Mar 2013 - 14:32
- Hey ! Ca va ?

La voix s'éleva, brisant le silence pesant qui régnait pourtant en maître dans la vaste campagne. Vaste et déserte. Le silence, contrarié de voir sa suprématie ainsi contestée, s'érigea en seule réponse à l'homme qui avait ouvert la bouche. Ce dernier passa une main sur sa tête chauve, la laissant descendre jusqu'à sa barbe mal rasée. Il se tourna vers son voisin, qui semblait perplexe lui aussi. Devant eux, à une vingtaine de mètres, une forme était étendue par terre, au milieu du chemin. C'était étrange. Ils avaient d'abord pensé qu'il s'agissait d'un animal mort, mais en réfléchissant un peu, ils en étaient venus à la conclusion qu'il serait quand même surprenant qu'un animal pût venir mourir là où les humains passaient tous les jours. Non. C'était trop étrange. Ils avaient continué à avancer, de moins en moins rassurés, jusqu'à se trouver suffisamment proches pour distinguer des jambes dans cet enchevêtrement de tissu. C'était donc bien un être vivant. Et un humain, à en juger par ses souliers.

Les deux hommes mirent pied à terre avec un air peu rassuré. Les attaques de bandits n'étaient pas légion aussi près des villes, mais il fallait toujours se méfier. Ils n'avaient pas encore croisé de gardes, aussi peut-être se trouvaient-ils plus loin de la civilisation qu'ils ne le croyaient. Ils n'étaient pas experts du trajet, eux qui avaient été engagés par un marchand malade pour acheminer ses biens jusqu'à Vieille-Tombe. Ils n'avaient pas semblé malhonnêtes, et ils avaient assuré qu'ils feraient la livraison dans les temps. La ville n'était plus très loin désormais, et le chariot qu'ils conduisaient serait bientôt récupéré par un tiers. Ils n'auraient plus qu'à faire la tournée des bars avec leur salaire, avant de se mettre en quête d'un autre petit boulot. C'était comme ça que ça fonctionnait, pour eux. Mais restait cet obstacle sur leur route. Une silhouette étendue, qui pouvait aussi bien être un bandit prêt à leur tendre un piège. Mais malheureusement, le chariot ne pouvait pas passer à côté, sous peine d'abîmer le chargement sur le sol inégal. Il fallait s'approcher. Les deux hommes, pas plus courageux que sobres, dégainèrent les dagues qu'ils portaient au côté et s'avancèrent en s'écartant l'un de l'autre, prenant chacun un côté. Arrivés à bonne distance, le plus proche tendit son pied, et poussa de sa botte le corps immobile. Aucune réaction. Ils échangèrent un nouveau regard, puis se penchèrent pour observer de plus près.

- Tu es sûr de toi ? Demanda celui au crâne chauve.

L'autre lui répondit d'un signe de tête, et retourna le corps pour dévoiler son visage. Tous deux haussèrent alors un sourcil étonné.


~ ~ ~ ~

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Avec un gémissement indéchiffrable, ses yeux s'ouvrirent lentement. Ses paupières semblaient peser une tonne, et seule une impérieuse nécessité pouvait expliquer le besoin de dépenser autant d'énergie à ne serait-ce que voir. Mais de quelle nécessité pouvait-il bien s'agir ? Quelques secondes de réflexion lui apportèrent la réponse : survivre. Brusquement, son cerveau intima à son corps l'ordre de se débattre, de bouger, pour à la fois vérifier qu'elle était entière et en bonne santé, mais aussi pour se protéger d'éventuels dangers. Ce fut seulement, et seulement alors qu'elle se rendit compte qu'elle était attachée, pieds et poings liés, bâillonnée, installée sur un support branlant qui semblait prendre un malin plaisir à tanguer de droite à gauche. Un bateau ? Elle se trouvait sur un bateau ? Cette seule pensée la fit frémir, et elle se mit à sangloter, se débattant furieusement pour défaire ces liens qui lui faisaient mal. Elle cria de toutes ses forces, tant et si bien que le bâillon qui lui meurtrissait les commissures des lèvres, et qu'elle mordait férocement ne parvint pas à empêcher totalement les sons de parvenir à l'extérieur.

Alors, le bateau s'arrêta de bouger. Elle songea qu'il devait s'être échoué sur les berges, ou quelque chose comme ça. Des bruits de bottes lui parvinrent depuis l'extérieur, et elle s'immobilisa immédiatement, encline à croire que si elle se montrait suffisamment silencieuse, personne ne remarquerait sa présence à l'intérieur de cette cale sombre et humide. Même sans voir, elle put suivre le déplacement d'un individu qui contournait la coque, en tapant de ses doigts sur le bois. S'étaient-ils échoué si loin dans les terres que le navire reposait tout entier sur le sable ? Elle avait la tête qui lui faisait mal, et réfléchir était difficile dans ses conditions. Elle tenta pourtant, de trouver une solution, et ramena à elle ses jambes ligotées, dans l'espoir de ne pas trop attirer l'attention.

Sur sa droite, un pan de toile fut rejeté en arrière, et une clarté soudaine lui parvint, ainsi que des odeurs puissantes. Des odeurs d'arbre, de nature verdoyante. Elle comprit qu'elle ne se trouvait pas à bord d'un navire. Mais où était-elle alors ? Une ombre passa, et une silhouette grimpa à l'intérieur du chariot. Une silhouette trapue et massive, qui devait marcher voûtée pour ne pas heurter la toile au-dessus de leurs têtes. L'homme s'avança sans hésiter, et la pauvre prisonnière comprit qu'elle ne se trouvait pas là par hasard. On savait sa présence. On l'avait peut-être même amenée ici. Avait-elle finalement été rattrapée ? Etait-ce la fin ? L'homme posa un genou à terre devant elle, la fixant un instant. Sur le visage de la jeune femme, se lisait une terreur sans nom, et ses yeux brillants de larmes semblaient sur le point de déverser sur ses joues un flot salé que rien ne pourrait arrêter. Il y avait dans le même temps une supplique qu'elle ne pouvait pas formuler à haute voix. Elle implorait la pitié. L'homme était plongé dans l'ombre, son visage aux traits durs à demi-dissimulé. Il inspira, et prit la parole d'une voix rauque :

- Ecoute. Je vais te poser quelques questions, et toi, tu vas y répondre bien sagement, et sans faire d'histoires. Ok ? Si tu hurles, je vais devoir te trancher la gorge. C'est clair ?

Avec précipitation, elle hocha la tête, consciente que sa survie dépendrait de son degré de coopération. Les doigts rugueux de l'homme s'approchèrent de son visage, et retirèrent son bâillon. Elle sentit un intense soulagement, et se remit à respirer normalement, à grandes goulées, comme pour revigorer ses poumons meurtris. Elle voulut dire quelque chose, mais l'homme lui intima de se taire, et il chuchota dans un rhûnien populaire :

- C'est quoi ton nom ?

- Ha...Haur. Je m'appelle Haur, je suis d'Albyor et je...

Il ne la laissa pas terminer, et fronça ses épais sourcils, avant de plaquer une main sauvage sur sa bouche. Elle ouvrit grand les yeux, et demeura immobile, entièrement à la merci de cet inconnu. Il attendit quelques secondes, avant de retirer sa main. Le message était clair. Répondre au question, point barre. Elle déglutit, et attendit la prochaine interrogation, qui ne tarda pas à venir :

- Où tu vas ?

- Je me rendais à Vieille-Tombe.

A cette réponse, son attitude changea sans qu'il fût possible à la jeune femme d'expliquer dans quelle mesure, et ce que cela pouvait bien signifier. L'homme revint à la charge :

- Pourquoi tu étais allongée sur la route ? Personne ne t'attend à Vieille-Tombe ?

- Je voyage seule, et j'ai surestimé mes forces. Je suis tombée à cours d'eau, et j'ai dû marcher longtemps sans croiser personne. Je ne me souviens pas de tout.

- Et à Vieille-Tombe, quelqu'un t'attend ?

Elle fit non de la tête, et l'homme se permit un petit sourire discret. Elle le lui rendit. Une sorte de complicité s'était installée entre eux. Elle considéra que c'était peut-être l'occasion de lui poser la question qui pour l'instant lui brûlait les lèvres. Elle lut dans son regard qu'il était réceptif, et osa parler sans qu'il lui en ait donné la permission :

- Dites-moi...Pourriez-vous me détacher, de grâce ? Ces attaches me font si mal !

L'homme pouffa, comme s'il se rendait compte de l'absurde de la situation. Elle pouffa avec lui, et ce ne fut que parce qu'il lui avait demandé de rester discrète qu'elle ne s'autorisa pas à éclater franchement de rire. Avec délicatesse, il attrapa le bâillon, et le remit en place dans la bouche de Haur, qui ouvrit des yeux interrogateurs. L'homme répondit à cette question muette avec un sourire sarcastique sur le visage :

- Pas tout de suite, beauté. Je ne voudrais pas que tu cries ou que tu te défiles.

Ce disant, il avait resserré le bâillon, et s'était rapproché comme un prédateur. Haur avait tenté de reculer, pour se rendre compte qu'elle était coincée entre des caisses de marchandises, et le fond du chariot. Elle fit "non" de la tête, tenta de le crier malgré cette entrave, mais cela ne fit qu'amuser l'inconnu qui l'attrapa fermement par les cheveux. Elle sentit des larmes de douleur et de honte couler le long de ses joues, au moment où le visage buriné de ce rustre s'approcha du sien. Elle frémit de dégoût quand des lèvres inconnues vinrent embrasser ses joues, son oreille, descendant jusque son cou. Des doigts indélicats se mirent à courir sur ses cuisses, sur ses hanches, sur son ventre, tandis qu'elle se débattait tant bien que mal sous ces assauts ignobles. Elle voulut se défendre, mais elle ne pouvait ni agir ni quémander de l'aide. Seules ses larmes se dressaient en un obstacle ridicule à la violence de cet individu.

- Les gardes ! Dépêche-toi de revenir ! Cria une voix venue du dehors.

L'homme désormais allongé sur Haur se figea en plein mouvement. Ses mains interrompues alors qu'elles exploraient le corps de la jeune femme se serrèrent en un poing de rage, et il se releva sans la moindre gêne, comme s'il ne s'était penché que pour lui dire quelque chose à l'oreille. Il s'appuya sur une caisse tandis que le chariot s'ébranlait et reprenait sa route. Il en descendit sans un regard en arrière pour sa pauvre victime, qui à ses yeux ne valait sans doute pas plus qu'un vulgaire morceau de viande. Il prit place à côté de son compagnon, et se prépara à affronter les gardes, qui ne manqueraient pas de les escorter jusqu'à Vieille-Tombe, pour des raisons de sécurité. Voilà qui retardait le calvaire de la jeune femme. Retardait seulement.

Tout le corps de cette dernière était agité de tremblements nerveux, et elle pleurait désormais à chaudes larmes. Elle pleurait pour cette situation effroyable, bien entendu, mais aussi pour sa solitude, pour ce maudit pays, pour ces mauvais hommes, et pour ce mauvais dieu ! Elle demeura ainsi prostrée, à pleurer en attendant l'heure où son bourreau allait revenir terminer ce qu'il avait commencé. Elle ne pouvait rien faire sinon attendre d'être à nouveau l'objet de ses désirs, vulgaire jouet entre ses mains souillées. Dans cette prison ambulante, elle était comme coupée du monde, et la seule porte de sortie qu'elle entrapercevait laisserait bientôt entrer un monstre qui allait s'en prendre à elle sans pitié. La tuer aurait été cent fois plus galant et, elle l'aurait supplié d'en finir plutôt que de la prendre de force. Car quelle que pût être la bassesse et la cruauté de cet acte, le pire était qu'elle vivrait, et en souffrirait encore et encore, jusqu'à la fin de ses jours.

Alors, le chariot s'arrêta enfin. Combien de temps s'était déroulé depuis ? Impossible pour elle de le dire. Tout ce qu'elle savait, c'était que ce répit n'avait pas duré assez. Elle aurait tout donné pour quelques secondes supplémentaires. Elle ferma les yeux, tandis que le sang lui battait les tempes. Son cœur cognait dans sa poitrine si fort qu'elle n'entendit pas les gardes qui avaient pris les deux marchands à part pour les questionner. Elle ne se rendit pas compte, aux bruits qui provenaient du dehors, qu'elle se trouvait enfin dans la ville, là où elle avait tant désiré se rendre. Son corps était trop affaibli, son esprit trop désespéré pour accorder la moindre importance à tout cela. Alors, elle entendit le chuintement caractéristique d'un pan de toile que l'on rejette. Un pan de toile qu'elle aurait souhaité être de l'acier, pour pouvoir la préserver de cet homme mauvais. Ses larmes se mirent à couler derechef, et ses mâchoires se refermèrent encore plus fort autour du bâillon. Elle tremblait de tout son être, condamnée à une fin que nul ne peut souhaiter à quiconque.

Elle ouvrit les yeux, espérant lire dans les yeux de son bourreau une once de compassion, voir renaître en lui l'humanité qui lui permettrait de se rendre compte de l'ignobilité de son acte. Mais elle ne lut rien de tout cela. Au lieu de quoi, elle vit quelque chose qu'elle ne s'attendait pas à voir. Le visage d'une enfant, d'une fille à peine nubile, qui la regardait de ses grands yeux sables. Le regard brun-gris de Haur accrocha celui de cette inconnue, et ses larmes s'arrêtèrent un instant de couler. Un bref instant seulement. Un bref instant pendant lequel, sans prononcer le moindre mot, elle lui transmit un message capital : "qui que tu sois, tu es mon seul espoir".

Allongée par terre sans noblesse, Haur sentit les larmes revenir et inonder son doux visage. Elle priait pour être sortie de là. Par pitié. Par charité. Par humanité.

#Haur
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