2 résultats trouvés pour Issam

AuteurMessage
Sujet: {Forteresse des Ombres : Salle commune} L'épreuve (prologue)
Issam Ibn Djamal

Réponses: 2
Vues: 408

Rechercher dans: Al'Tyr   Tag issam sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: {Forteresse des Ombres : Salle commune} L'épreuve (prologue)    Tag issam sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 20 Juin 2016 - 19:55
A peine quelques minutes plus tard, la porte d’entrée de la salle commune s’ouvrit sans ménagement, faisant se retourner aussitôt Issam pour voir qui entrait ainsi dans cette pièce. Lui qui avait toujours eu l’habitude d’être le plus discret possible, par habitude et respect des locaux de la guilde et de ses membres, il considérait une telle façon de faire à la limite de l’incorrection et fronçait les sourcils au moment où il se retournait en direction de la personne qui était entrée ainsi. Mais il se ravisa à l’instant même où ses yeux se posèrent sur l’arrivant. Le jeune Haradrim ne s’en rendit même pas compte, mais l’expression de son visage était devenue plus neutre, lui qui quelques secondes plus tôt affichait un air légèrement sévère et outré. La personne qu’il avait en face de lui était inconnue. Issam n’avait eu que très peu d’occasion durant sa vie dans la forteresse, de voir les plus hautes autorités de la confrérie, mais s’il aurait déjà vu cet homme, il s’en serait souvenu. Or, ce n’était pas le cas. Qui était-il ? Un simple assassin ? Cela paraissait peu probable. Sûrement quelqu’un occupant une haute fonction. En tout les cas, il émanait de ce personnage une aura puissante qui déstabilisait le jeune apprenti. On aurait dit un lion dans un corps d’homme. Le jeune novice dissimulait ses émotions grâce à son entraînement, mais il était surpris et en même temps, intimidé par cet homme qu’il n’avait jamais vu. Des émotions qu’il n’avait pas ressenties depuis ces tragiques évènements il y a des années avant son admission à la confrérie refaisaient surface. Cela dit, Issam restait maître de lui-même. Il avait appris depuis bien longtemps à contrôler ses passions et affichait un air humble mais impassible devant cet homme.

L’homme porta d’abord son attention sur l’apprenti qui avait cessé sa lecture pour se mettre debout et saluer respectueusement le nouvel arrivant, imité par Issam qui inclina respectueusement la tête avant de se redresser de toute sa hauteur pour passer à nouveau les mains dans le dos, attendant silencieusement la suite des évènements. En tout cas, il n’y avait aucun doute sur le fait que c’était à lui que le jeune Haradrim devait avoir à faire pour son ultime épreuve en tant qu’apprenti. Cela se confirma lorsque l’assassin lui fit signe de le suivre sans dire un mot.

Le jeune apprenti suivit silencieusement cet intriguant et charismatique personnage dans un couloir sombre, à demi éclairé par les rayons du soleil et rafraîchi par les moucharabieh disposés à intervalles réguliers. Ce n’est que plusieurs secondes après que l’assassin brisa le silence pour prononcer le nom de son interlocuteur d’une voix à la fois calme et inquiétante. Il était impossible pour ce dernier de déceler quelque chose dans le ton de sa voix, mais le timbre trahissait une grande assurance et aussi de l’expérience. Cet homme là devait être un grand vétéran de la confrérie, Issam, n’aurait pu le dire, lui qui n’avait eu pour maître que des assassins, très bons et très professionnels certes, mais qui semblaient loin d’égaler cet homme qui marchait devant lui à cet instant. L’homme fixa brièvement le novice dans les yeux, qui ne détourna pas le regard, mais qui se sentait quand même tel un lionceau, comparé à ce personnage dont il ne connaissait pas le nom.

Puis l’homme reprit :

- C’est toi.

Issam n’ouvrit pas la bouche pour répondre. De toute façon, c’était inutile, son interlocuteur avait tout de suite compris qu’il s’adressait à la bonne personne. L’homme marqua une pause, tout en continuant d’avancer lentement dans le couloir. Si Issam n’avait pas réussi son combat contre lui-même t sa formation, la frustration due à ce rythme de progression si lent aurait pu lui taper sur les nerfs. Au lieu de cela, le jeune apprenti suivait calmement et inlassablement son interlocuteur, mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir un certain mal être en présence de ce dernier, même s’il commençait à s’habituer à sa compagnie. Cela faisait il partie de l’épreuve ? Allait on lui réserver quelque chose dont il était loin de s’imaginer, comme par exemple, devoir rester ferme et impassible face à son interlocuteur ? Lui qui s’attendait à recevoir une mission d’assassinat ou d’espionnage, on allait peut être lui proposer autre chose pour voir comment il gèrerai cela.

La voix de l’assassin le tira de ses réflexions :    

- As-tu appris à tuer convenablement ?

Une question bien étonnante et inattendue. Cela avait tout l’air d’un test. Issam était apparemment jaugé, analysé, de son point de vue en tout cas. Cela ne le dérangea absolument pas. Après tout, ce genre de protocole devait faire partie des usages habituels lorsqu’un apprenti était sur le point de grimper les échelons hiérarchiques de la confrérie. Cela dit, il fallait répondre à la question et Issam semblait hésitant. Mais l’assassin attendait. Le problème n’était pas ce qu’il fallait répondre, mais la manière de le faire. Issam ne devait trahir aucune hésitation dans le ton de sa voix. Il ne devait pas en faire trop non plus, de crainte de se décrédibiliser tout seul pour finir par se ridiculiser.

- Oui, Maître !

Finalement, le jeune apprenti avait opté pour une réponse courte et concise. Cela pouvait peut être passer pour de l’arrogance, mais il n’en était rien. Issam était confiant en ses capacités. Ses maîtres avaient bien fait leur travail et le jeune Haradrim, en retour, avait appris leurs enseignements avec attention et s’était entraîné assidûment pour les assimiler et les maîtriser, du moins, l’espérait-il.

Issam, de par sa réponse, s’attendait à être testé soit au niveau théorique, soit pratique, mais il n’en fut rien. Son interlocuteur enchaîna sur une autre question qui n’avait rien à voir avec la précédente :

- Sais-tu pourquoi nous contrôlons désormais cette ville ? Pourquoi notre influence grandit au Harad ?

Voilà bien là une question à laquelle le jeune homme ne s’attendait pas et surtout, à laquelle il ne saurait répondre. Il se doutait certes que la Confrérie des Ombres avait son importance, une grande importance même. C’était une organisation puissante sur laquelle beaucoup de gens s’appuyaient pour « régler leurs problèmes ». Mais de là à affirmer que la confrérie contrôlait Al’Tyr… Cela dit, c’était logique. A force de faire appel aux Ombres, certaines personnes en étaient devenues sans doute dépendantes et n’envisageaient aucune autre alternative que de faire appel à eux pour parvenir à leurs fins.

- Pardonnez moi ! Je ne savais pas que nous étions aussi puissants.

C’était normal. Depuis son admission à la Confrérie des Ombres il y a 16 ans, toute la vie de Issam n’avait tourné qu’autour de la formation théorique et pratique, le savoir culturel, l’entraînement physique, l’apprentissage de quelques dialectes, entre autres celui d’une contrée appelée Gondor. En tout cas, il n’avait jamais été mit au fait de la situation politique, économique ou autre du Harondor, ni du Harad, sa terre natale, ni des autres contrées. On devait sans doute penser qu’il était inutile pour un apprenti de savoir tout cela, que le moment viendrait bien assez tôt.

- Nous sommes des assassins, Issam. Nous tuons. Parfois, cependant, il nous faut être capables de voir plus loin.

Disant cela, le Maître Assassin, en tout cas, c’est comme cela qu’il paraissait aux yeux de Issam, plongea son regard intense dans celui de ce dernier, le fixant longuement sans dire un mot. Le jeune homme soutint tant bien que mal son regard et fronçait légèrement et inconsciemment de temps à autre ses sourcils. Que voulait-il lui faire comprendre exactement ? La Confrérie aurait-elle d’autres aspirations ?

- Il faut être capable de savoir quand épargner une vie. Quand ne pas tuer. Est-ce que tu comprends ?

Voilà bien là une chose que l’on n’avait jamais enseignée à l’apprenti, jusque là. Certes, on lui avait inculqué le code de la confrérie, qui n’était pas dénué d’éthique, comme par exemple, l’interdiction de s’en prendre à une autre Ombre ainsi qu’aux innocents, sauf si un Maître l’ordonnait. Cela dit, il avait appris à traquer une cible pour que la finalité en soit son exécution pure et simple. Bien sur, il avait appris aussi l’espionnage et même les rudiments du cambriolage, mais son enseignement ne comportait pas de situation telle que la décrivait son interlocuteur. Le jeune homme commençait à ressentir une exaltation contenue, désireux d’en savoir plus. Cet homme l’intriguait, le fascinait et l’intimidait.

- Oui Maître !

Depuis le début, Issam s’était montré peu loquace, mais pouvait-on l’en blâmer. Il se retrouvait soudainement en terrain inconnu. L’Homme lui exposait des situations auxquelles le jeune Haradrim n’avait encore jamais été confronté. Il ne pouvait que prêter une oreille attentive à la suite de la conversation.

L’homme en arriva enfin au fait en expliquant la mission qui attendait Issam, mais resta très vague sur la nature même du contrat. La seule chose que le jeune apprenti apprit est qu’il devait se rendre à Umbar, une ville dans le Sud et contacter ses commanditaires, qui le trouveront eux-mêmes. La seule information qu’il obtint est qu’ils recherchaient quelqu’un capable de faire preuve de retenue pour cette mission. Issam semblait répondre à ce genre de critère car il n’avait rien du psychopathe sanguinaire qui tuait pour le plaisir de tuer. Bien au contraire, il était froid, pragmatique et maître de ses émotions.  

Tout ceci était louche. Autant qu’il s’en rappelle, lorsqu’il sortait en mission de groupe ou uniquement encadré par un assassin expérimenté, il avait eu des informations claires, nettes et précises sur la nature du contrat, le(s) commanditaire(s) ainsi que la ou les cible(s). Là, il nageait dans le néant, ce qui devenait légèrement stressant. Pour une première mission solo, cela semblait être corsé, mais il ne pouvait plus reculer. C’était son épreuve et le voile de mystère qui entourait cette mission avait quelque chose d’excitant. Il appréhendait la suite, mais en même temps, sa curiosité et son attrait étaient piqués au vif. Cela dit, il n’avait pas le droit à l’erreur, sa crédibilité était en jeu et par extension, celle de toute la guilde. L’echec n’était absolument pas permis.    

- Va, Issam. Et prends garde, car Umbar est une ville étrange. Surtout en ce moment.

- Oui ! Merci, Maître.

Cette mise en garde n’augurait rien de bon, mais au moins, elle avait le mérite de préparer Issam psychologiquement à rencontrer pas mal de difficultés pour réaliser son contrat. Du coup, cela semblait étrange que l’on fasse appel à une Ombre inexpérimentée pour réaliser une telle mission. Peut être était ce la seule alternative dans la mesure où il fallait quelqu’un qui n’est pas connu à Umbar, un deuxième critère que le jeune Haradrim remplissait très bien.

Les deux hommes se séparèrent, le plus âgé s’en allant dans une direction que Issam, en tant qu’Apprenti n’avait pas le droit de suivre. De son côté, le jeune homme, fort de toutes ces informations, se dirigea sans plus attendre vers la sortie de la forteresse pour gagner le port de Al’Tyr, duquel il paierait sa place dans un bateau en partance pour Umbar.

Une fois à bord quelque dizaines de minutes plus tard, Issam resta debout sur le pont du navire, les mains dans le dos, impassible, regardant les formes architecturales de la ville et du phare de la Confrérie des Ombres s’estomper dans l’immensité de la mer alors que le navire gagnait le large.


#Issam
Sujet: Si la Mort a Mordu
Ryad Assad

Réponses: 62
Vues: 3527

Rechercher dans: Les Havres d'Umbar   Tag issam sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Si la Mort a Mordu    Tag issam sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 20 Juin 2016 - 14:26
Si les matins de grisaille se teintent



De loin, Umbar ressemblait à une gigantesque fourmilière dont la logique ne pouvait pas être comprise par un esprit humain. Les structures anarchiques, chaotiques parfois, qui peuplaient les quais et les quartiers pauvres de la ville, jouxtaient les constructions plus anciennes, datant du temps des Numénoréens. Les habitants, venus de partout en Terre du Milieu, vaquaient à leurs occupations comme une horde grouillante et bruyante, chacun animé par une volonté propre, mais finalement soumis aux impératifs du Destin qui semblait guider les pas du plus noble au plus humble. Le port était l'incarnation de la puissance de la ville, et il aurait été impossible de compter le nombre de navires qui entraient et sortaient, chargés de marchandises précieuses ou vitales. Les vaisseaux des Corsaires, plus fins, plus élancés, au profil racé comme des chevaux de course taillés pour fendre la houle et prendre le vent, filaient en ondulant sur les vagues comme s'ils bondissaient par-dessus des obstacles mouvants. Les navires marchands, plus lourds et plus imposants, se laissaient porter tranquillement par les flots qui paraissaient même incapable de faire vaciller ces grandioses créations humaines. Ils entraient dans le port en portant sur leur dos des marins las, heureux de retrouver la terre pour quelques semaines. Ils agitaient les bras, minuscules personnages juchés sur le dos de gigantesques monstres de bois à la placidité relaxante.

La cité était devenue sans y paraître la plus active de la Terre du Milieu, et la guerre contre l'émirat du Harondor avait ramené jusqu'à la demeure des Seigneurs Pirates les mille et une richesse de la magnifique cité de Dur'Zork. Cette dernière avait été pillée, comme bien d'autres cités qui n'avaient pas voulu se soumettre. Les esclaves, capturés, avaient été ramenés sur le premier marché d'hommes d'Arda, devant même celui d'Albyor au Rhûn. Les navires qui sillonnaient les côtes en razziant les villages ne s'étaient jamais montrés aussi audacieux, et ils ramenaient un butin toujours plus grand à Umbar, le cœur du Sud qui battait à tout rompre.

Certainement, la ville était bien différente d'Al'Tyr. Plus agitée, plus colorée. Plus dangereuse aussi, dans un sens. Des prostituées sillonnaient les rues en proposant leurs charmes aux marins qui venaient de poser pied à terre, ou aux marchands qui arrivaient en ville par la porte du Nord. Certaines ne revenaient jamais de leurs passes, battues à mort par des hommes ivres d'alcool et de violence, qui déversaient sur elles leur frustration, leur colère et leur envie de meurtre. Parfois, c'étaient les clients eux-mêmes qui ne revenaient pas, saisis en plein ébat par une lame argentée qui venait se glisser contre leur gorge. La caresse glacée de la mort les gelait instantanément, figeant leur souffle et leurs pensées pour toujours. A défaut d'être courants, les assassinats n'étaient pas rares. Et pourtant, la ville restait un lieu agréable par bien des aspects. Les étals chaleureux où la population pouvait apprécier les richesses venues des quatre coins du monde. Des artisans au talent incroyable se massaient ici, certains attirés par l'opportunité de s'enrichir considérablement, d'autres amenés contre leur gré dans une cité qu'ils ne pouvaient désormais plus quitter.

C'était dans cet endroit bien étrange que Issam avait pénétré, et conformément aux instructions qu'il avait pu recevoir il avait réussi à trouver une auberge miteuse dans un quartier relativement moins mal famé que les autres. Ce n'était pas luxueux, et son lit avait autant de puces que les autres, mais il avait moins à craindre ici qu'ailleurs, car un solide gaillard gardait la porte d'entrée et s'assurait que personne ne venait apporter du désordre à l'intérieur. Le patron, encore plus costaud que son molosse bipède, avait penché un regard peu amène sur Issam lorsque celui-ci était venu se présenter à lui – comme on lui avait demandé de le faire. Il lui avait indiqué sa chambre, et lui avait glissé l'air de rien :

- Je vous ferai appeler si quelqu'un vient pour vous.

Cela n'avait pas tardé. Issam avait eu une demi-douzaine d'heures à sa disposition pour se remettre de son voyage et s'installer quelque peu, avant qu'on vînt le chercher. La nuit menaçait de tomber sur la cité, qui se parait de centaines de flammes allumées par des lanterniers. Ces gens-là en savaient toujours plus qu'ils ne voulaient le laisser croire. A cette heure-ci, les gens de mauvaise vie sortait de leur tanière, protégés par l'obscurité, et ils allaient discuter de ces choses dont on ne peut même admettre l'existence en d'autres circonstances. Les assassinats, les missions secrètes… personne n'était du genre à vouloir reconnaître qu'il trempait là-dedans, pour sûr. Le jeune assassin découvrit qu'on avait envoyé une jeune fille ravissante pour l'accueillir. Elle n'était pas seulement ravissante à cause de son visage, lequel n'était pas d'une beauté si pure qu'elle aurait pu faire chavirer le cœur d'un homme d'un simple regard. Elle était, cependant, apprêtée et soigneusement maquillée. Assurément, elle servait quelqu'un de puissant. Elle ne put cacher son malaise en se retrouvant face à un assassin, craignant sans doute inconsciemment qu'il ne la prît pour cible, ignorant tout de l'entraînement que les Ombres recevaient pour précisément dompter leurs émotions.

- Sire, si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre…

Elle s'inclina légèrement, descendit l'escalier en se retenant prudemment à la rambarde. Sa robe était de qualité, quoique loin d'être ostentatoire, et elle devait prendre soin de ne pas glisser avec ses chaussures délicates. Une fois arrivée en bas, elle salua le patron d'un geste doux de la main, et il lui fit amener sa veste qu'elle referma sur ses épaules. Elle rabattit un capuchon sur ses cheveux bruns, et non sans jeter un regard en arrière pour s'assurer que l'assassin la suivait bien, elle se glissa dans les rues silencieusement.

Très silencieusement.

Elle ne pipa mot de tout le trajet, lequel s'avéra plus long que prévu. Elle marchait relativement lentement, et cela donna le temps à Issam d'observer les environs, de noter quelques détails de ci de là. Umbar était une ville incroyablement vivante, et même à cette heure de la nuit on pouvait voir bien des choses. Des personnages curieux qui entraient et sortaient de maisons en regardant par-dessus leur épaule tels des conspirateurs, des marins déjà ivres qui pourtant ne faisaient que débuter leur soirée, ou encore des gardes – car oui, il y avait bien une forme d'autorité incarnée par les Seigneurs Pirates – qui déambulaient dans les rues en n'attirant pas davantage la crainte que les rats qui couraient d'un tas d'ordures à un autre.

Cependant, ce n'étaient pas dans les ténèbres que le conduisait la jeune fille, qui bifurqua bientôt vers des quartiers plus propres, moins fréquentés, et plus éclairés. Ils montèrent en pente douce pendant quelques temps, et s'arrêtèrent bientôt devant une maison de belle taille dont le style était curieux. Les fondations étaient de grosses pierres pâles, larges et lisses, tandis que le haut de la structure était complètement différent. Comme si on avait bâti un nouveau genre de demeure sur les ruines d'un ancien palais. Le contraste était intéressant, pour ne pas dire révélateur, mais ce n'était pas pour l'architecture que le jeune Issam était venu. Il pénétra à l'intérieur, et changea subitement de décor. L'entrée était vraiment superbe, faite de marbre et de bois précieux. Sur les murs bien éclairés par des torches placées stratégiquement et des miroirs qui en reflétaient la lumière, on voyait de magnifiques tentures qui coloraient le grand hall d'entrée. L'assassin, assurément, tranchait avec le décor dans lequel il venait de pénétrer comme une tâche d'huile sur un canevas immaculé. Fort heureusement, il n'était pas le seul dans ce cas, et deux hommes d'armes visiblement expérimentés prirent le relais de sa jeune hôte. Elle s'éclipsa dans une pièce adjacente, tandis qu'il était conduit de l'autre côté, vers un salon où on lui demanda de s'asseoir.

- Désirez-vous un verre de vin, Sire ?

Un serviteur venait de se matérialiser à ses côtés, aussi discret qu'un Maître Assassin. Il tenait entre les mains un plateau d'argent sur lequel trônait un verre et une carafe d'un liquide rouge comme le sang. Il déposa le tout sur un guéridon, servit le jeune apprenti, et s'effaça avec un professionnalisme incroyable. Issam attendit donc devant des fauteuils vides, pendant quelques minutes qui s'étiraient en longueur. Derrière lui, les deux gardes s'étaient postés de sorte à pouvoir garder un œil sur ce qu'il faisait sans pour autant se montrer menaçant. Ce n'était qu'une sécurité compréhensible, et cela signifiait qu'ils prenaient leur invité au sérieux. Finalement, une porte s'ouvrit au fond de la pièce, et trois hommes firent leur apparition.

Ils étaient riches, à n'en pas douter.

Tous avaient l'air incroyablement banal, cela dit. Des marchands fortunés, qui investissaient leur profit dans des tenues élégantes et coûteuses pour faire bonne impression auprès des pauvres qu'ils croisaient dans la rue. Ils s'avancèrent tranquillement, et saluèrent l'apprenti avec une froideur qui ne devait rien à leur manque de sympathie ou à la peur. Ils étaient tendus pour une autre raison.

- C'est donc vous… Oui, vous avez l'air assez jeune.

Celui qui s'était installé reprit son camarade, assis à sa gauche :

- Peut-être, avant toute chose, devrions-nous lui expliquer pourquoi il est ici. Puis, revenant à Issam, il enchaîna : Bienvenue, et désolé d'avoir dû vous convoquer ainsi. Nous avions besoin de nous assurer que vous étiez, eh bien… la bonne personne.

Celui de droite poursuivit :

- Oui, nous ne pouvions pas nous permettre de recruter n'importe qui. L'affaire qui nous occupe est très importante pour nous, et nous avons déjà essuyé quelques revers en faisant confiance à des individus qui se sont révélés incapables de faire preuve de… tact.

L'homme au centre, qui semblait être la tête pensante du groupe – et qui de toute évidence habitait les lieux, car il fit venir le serviteur d'un geste – expliqua plus en détail :

- Nous n'allons pas vous faire perdre votre temps. Nous avons souhaité qu'on nous envoie quelqu'un de jeune, qui soit capable de négocier une affaire délicate en notre nom. Nous ne souhaitons la mort de personne… enfin… cela ne signifie pas que nous ne pourrions pas avoir besoin de vos talents, mais… voici l'affaire qui nous occupe. Nous souhaiterions que vous vous rapprochiez d'un de nos concurrents, que vous fassiez sa connaissance, que vous vous introduisiez dans son cercle, et que vous dénichiez en fin de compte des éléments qui nous permettront de racheter son affaire. Les choses vont très bien en ce moment, et le commerce naval – notre domaine d'expertise – est en plein essor. Nous souhaitons acheter son entreprise, au prix le plus bas possible, mais il n'est pas envisageable de procéder à un assassinat. Un membre de sa famille hériterait de tout, et ne serait peut-être pas disposé à vendre. Est-ce que vous comprenez pourquoi tout ceci est très délicat ?

Les choses l'étaient en effet. Un peu trop de pression risquait de compromettre toute l'opération, et il allait falloir faire preuve d'ingéniosité et de délicatesse. Ce n'était pas vraiment pour de telles missions que le jeune homme avait été formé, mais il ne pouvait pas vraiment refuser. S'il échouait, il n'obtiendrait jamais son titre d'assassin, et il n'aurait plus aucun avenir dans la Confrérie. Les perspectives n'étaient pas réjouissantes dans ce cas.

- Votre cible est une femme, il s'agit de Lucinia Nakâda. Vous la trouverez normalement autour de…


~ ~ ~ ~

Tag issam sur Bienvenue à Minas Tirith ! Lucini10

Les quais étaient très animés en cette matinée relativement grisâtre, peuplés par des centaines de matelots en plein préparatifs. Il faisait toujours bon pour la saison, et l'été paraissait vouloir durer plus que de raison, mais de sombres nuages pointaient à l'horizon. Des nuages qui faisaient écho à ceux qui se trouvaient dans le cœur de la jeune femme très élégante qui attendait là. Elle était en pleine discussion avec un homme qui lui rendait une bonne tête, et qui pourtant paraissait écouter ce qu'elle avait à dire avec beaucoup d'attention. Lui, visiblement marin sur le départ, et elle jeune femme délicate… Ils avaient l'air d'un couple improbable sur le point de se séparer, et un observateur extérieur aurait pu être trompé par les émotions qu'ils ressentaient en ce moment. Elle posa une main sur son bras :

- Capitaine, je vous en prie soyez prudent…

- Tout ira bien, madame. Nous ferons attention, et nous ramènerons le navire chargé d'autant de biens que possible, je vous assure.

Elle baissa la tête, et se mordit la lèvre :

- Ce n'est pas la marchandise qui m'inquiète… Le Lueur de Vermeil, son équipage, vous… Je ne veux pas qu'on m'annonce une nouvelle disparition. S'il y avait une autre solution… Oh, Capitaine, si seulement je pouvais être sûre que…

- Madame, je vous en prie. Rien n'est sûr dans ce monde, et nous n'avons pas le choix que d'essayer. Votre père a beaucoup fait pour moi, et même si nous avons perdu une partie de l'équipage, ceux qui restent sont déterminés. Nous reviendrons bientôt, et tout ira bien. D'ailleurs, qu'en est-il du Mille Soleils ?

Elle nota la manœuvre pour changer de sujet, mais se laissa guider vers cette nouvelle conversation pour justement ne pas céder aux larmes. Elle avait eu quelques bonnes nouvelles de ce côté, et elle était heureuse de pouvoir en parler. Accrochant un sourire qu'elle voulait sincère sur son visage, elle lui expliqua :

- Nous avons réussi à accélérer les réparations, et les choses avancent bien. L'équipage est toujours prêt à travailler, et nous avons recruté de nouveaux marins. Je ne sais pas encore quand est-ce qu'il pourra prendre la mer, mais on m'a dit que cela ne saurait tarder. Quand il pourra voguer, je pense que les choses iront un peu mieux…

- Vous voyez ? Les choses s'arrangent.

Elle eut un sourire timide, et il lui posa une main sur l'épaule, avant de rejoindre son équipage qui achevait les préparatifs pour le départ. Lucinia resta sur le quai à les observer, l'inquiétude peinte sur son visage. Son regard se perdit dans le lointain quand le Lueur de Vermeil quitta le port et acheva de disparaître à l'horizon. Elle demeura là un instant, adressant des prières silencieuses au Destin qui semblait gouverner la cité. Elle demeura là, frissonnant comme si un froid insidieux refermait ses griffes autour de son corps frêle. Elle demeura là.

Silhouette solitaire au milieu de la foule qui gravitait autour d'elle.

#Lucinia #Issam
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Sauter vers: