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 Dans un trou vivait une prisonnière

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Mardil
Espion de Rhûn - Grand Guru du Culte Nathanaïque
Mardil

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Rôle : Espion de Rhûn

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Dans un trou vivait une prisonnière EmptyLun 7 Mar 2016 - 17:44

Elle ignorait depuis combien de temps elle était enfermée. Cela faisait plusieurs semaines qu’elle n’avait pas vu la lumière du jour. Elle s’obstinait à vivre pourtant, même si elle ne savait pas très bien pourquoi. L’espoir. Un mot. Une idée. Une folie. Et pourtant elle avait toujours le faible espoir de retrouver sa vie. Non, elle n’en demandait pas tant. Elle voulait juste retrouver une vie, n’importe quelle vie autre que la triste existence que le sort lui avait destinée. Elle voulait de nouveau sentir le soleil sur son visage et l’herbe sous ses pieds nus. Elle ne rêvait plus que de choses simples. Simples et belles. D’une beauté qu’elle n’avait pas su comprendre alors qu’elle était libre.

Pourquoi se bercer ainsi d’illusions ? Elle ne sortirait jamais des geôles de la Cité Blanche. Et pourtant, depuis qu’il était arrivé, sa vie était de nouveau devenue tolérable. Elle frissonna en repensant à ses premiers mois de détention. La prison n’avait pas été simple lorsqu’elle attendait son procès. L’absence d’intimité, l’ennui, les interrogatoires auxquels avaient succédé l’indifférence des gardes. Mais elle ne savait pas à quel point elle était chanceuse alors.

Depuis sa condamnation, elle avait été transférée dans les geôles. Pas de lumière du soleil, ses vêtements tombaient en lambeaux et elle était écorchée de partout à force de rester assise à même le sol dur et froid. La paillasse de sa cellule était dégoutante et l’odeur qui remontait du trou où elle faisait ses besoins était écœurante. Elle n’avait jamais été une grande mangeuse mais les rations suffisaient à peine à la maintenir en vie. Elle avait compris pourquoi les condamnés à vie ne tenaient pas longtemps. Personne ne se souciait de gens qui ne sortiraient plus jamais. Pourquoi dépenser du bon argent à les maintenir en vie ?

C’était donc là la justice de son pays ? Elle avait été condamnée sans preuve et ils la laissaient mourir à petit feu, privée de tout, privée du simple fait d’être encore un être humain. Elle ne niait pas être coupable mais personne ne méritait un tel châtiment. Elle n’était plus que l’ombre de la femme qu’elle avait été. Elle était sale, amaigrie au point d’avoir du mal à se déplacer. Elle ne se sentait plus une femme. Elle n’avait pas saigné depuis longtemps, son corps était trop affaibli pour lui permettre encore de concevoir un enfant.

C’était pour le mieux probablement. Personne ne se souciait d’elle et elle avait appris à craindre quiconque se souviendrait de son existence. Les geôliers n’hésitaient pas à assouvir leurs besoins les plus primaires avec les prisonnières. Elle avait cru être immunisée après tout ce qu’elle avait enduré lorsqu’elle était une professionnelle. Elle avait eu tort. Même les clients les plus ignobles lui paraissaient attentionnés en comparaison de ce qu’elle avait subi. C’est là qu’elle avait compris qu’elle n’était plus un être humain. Elle était un déchet dont pouvaient disposer à leur guise ses gardiens. Qui leur aurait dit quoi que ce soit ? Qui se souciait de ce qui pouvait arriver aux prisonniers ?

Elle avait pensé à mettre fin à ses jours. Si le manque de nourriture et la violence des gardes ne suffisaient pas à la tuer, elle n’avait qu’à s’en charger elle-même. Elle avait été sur le point de le faire. Et puis, il était arrivé. Sorge était le nouveau gardien responsable des geôles. Aux yeux d’Emelyne, il était un sauveur.

Il avait fait cesser les humiliations et les violences. Lorsqu’un garde avait voulu passer outre et s’en était de nouveau pris à elle, il l’avait rossé et présenté à la justice du Roi. Le viol était puni de mort, même s’il était commis sur une prisonnière. Personne ne l’avait plus touchée depuis ce jour. Certes la vie restait difficile. Les conditions de détention et la nourriture ne s’étaient pas améliorées mais Sorge semblait la traiter comme un être humain. Une prisonnière condamnée à la prison à vie certes, mais également un être doué de sensibilité. L’espoir. Le mot avait retrouvé son sens originel dans l’esprit d’Emelyne.

Un bruit de pas tira l’ancienne maquerelle de sa stupeur. Elle fût aveuglée par l’éclat d’une torche. Elle voyait si peu la lumière que la moindre clarté était douloureuse pour ses yeux. Elle entendit distinctement le bruit de la clé qui tournait dans la serrure avant de pouvoir retrouver l’usage de ses yeux. Puis sa voix s’éleva à côté d’elle.

- Je t’apporte ta ration.

Sorge. Le gentil Sorge qui l’avait délivrée de son enfer personnel. Délivrée n’était peut-être pas le terme approprié cela dit. Elle restait prisonnière mais elle était de nouveau une personne. Son sauveur aimait bien rester un peu avec elle pour discuter et elle appréciait ses visites quotidiennes. Elle l’aurait trouvé banal et sans intérêt dehors mais à l’intérieur de ces murs, il lui apparaissait comme l’homme le plus fascinant qu’elle n’ait jamais rencontré.

- Merci beaucoup.

Elle s’empara de l’écuelle qu’il lui tendait. Une soupe clairette dans laquelle flottait quelques légumes rachitiques et du gras de porc. Elle se dépêcha de manger. Elle savait par expérience que dès que le mélange refroidissait, la soupe devenait gluante et encore plus désagréable que lorsqu’elle était chaude. Un crouton de pain rassis et une grande cruche d’eau accompagnaient le breuvage. Il ne lui fallut pas plus de cinq minutes pour engloutir le tout. Elle avait toujours aussi faim.

- J’aimerais tant pouvoir faire plus pour toi Emelyne.

- Tu en as déjà fait suffisamment. Sans toi, je ne serai déjà plus de ce monde.

- Je crains de n’avoir fait que retarder l’échéance…


La jeune femme ne répondit pas. Elle en était consciente. Son corps la trahissait déjà et la situation ne pourrait que se détériorer. L’une de ses molaires était tombée la veille. Les carences dont elle souffrait finiraient par la conduire au tombeau. Mais elle avait tellement peur de mourir. Malgré tout ce qui s’était passé, elle voulait croire que la situation pourrait s’améliorer. L’espoir. L’espoir était parfois la pire faiblesse de l’humanité.

- Et pourtant, je sais que je pourrais faire plus pour toi Emelyne.

Le ton de la voix du gardien avait changé. Elle y décelait quelque chose de plus, une chose nouvelle qu’elle n’avait pas su voir avant. Il avait besoin d’elle et elle dépendait entièrement de lui. N’avait-il écarté les autres que pour être le seul à la posséder ? Un frisson la parcourût à cette idée. Son cauchemar ne prendrait-il jamais fin ?

- Ton quotidien pourrait grandement s’améliorer si tu acceptais une simple faveur…

- Laquelle ?

- Tout ce que je te demande c’est de me dire tout ce que tu sais des derniers mois de la vie de ton ancien associé Mardil…
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Mardil
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Dans un trou vivait une prisonnière EmptySam 12 Mar 2016 - 14:54
Dans un trou vivait une prisonnière Emelyn11

L’espoir avait laissé la place à l’indécision. Emelyne était perdue. Elle ne savait pas quoi faire. Cela faisait deux jours que Sorge était venu la voir avec son étonnante proposition. L’ancienne maquerelle lui avait répondu qu’elle avait besoin de temps pour se décider. Il lui avait donné deux journées pour prendre sa décision. Elle arrivait bientôt au terme du délai et elle savait qu’il ne tarderait pas à revenir. Elle devrait avoir fait son choix d’ici là.

Elle s’était d’abord sentie trahie par son geôlier. Elle avait cru qu’il s’intéressait honnêtement à elle et découvrir qu’il ne l’avait fait que par intérêt l’avait blessée plus que cela n’aurait dû. Elle s’était alors reprochée d’agir comme une enfant. Elle ne devait pas oublier qui elle était et ce que la vie dans les geôles avait fait d’elle. Pourquoi qui que ce soit lui accorderait de l’intérêt autrement que pour obtenir quelque chose d’elle. On disait que ce qui ne vous tuait pas vous rendait plus fort mais cela était un mensonge. Son incarcération l’avait rendue faible. Pire que ça, elle était brisée. Elle avait cru pouvoir échapper à cette réalité l’espace d’un instant mais la réalité avait cela de déplaisant qu’elle surgissait toujours au pire moment afin d’imposer son sceau sur tout ce qui doux et agréable. La réalité et l’espoir ne faisait pas bon ménage.

Alors Emelyne avait réfléchi à ce qu’elle devait faire. Ou plutôt à ce que l’ancienne elle aurait fait. Elle aurait tenté d’obtenir le maximum sans rien donner en échange. Oui c’est exactement ce qu’elle aurait fait. Seulement l’ancienne elle était morte et elle n’avait pas la force de se lancer dans une telle entreprise. Alors pourquoi tergiverser ainsi ?

La vérité était qu’Emelyne avait peur. Elle avait peur de tout avouer et de ne rien obtenir en échange. Comment pouvait-elle être sûre de pouvoir faire confiance à Sorge ? Une fois qu’elle n’aurait plus rien à offrir, quel intérêt aurait-il à la maintenir en vie, sans même parler d’améliorer son quotidien ? De plus, elle craignait que toute cette affaire ne soit qu’un piège des autorités afin de la faire avouer. Un instant, elle se dit que si tel était le cas, ils la condamneraient à mort et qu’elle n’aurait plus à subir cette demi-vie épuisante et humiliante.

Cependant, sa fierté n’avait pas entièrement disparue. Mardil et Sinove avaient donné leur vie et grâce à cela, même si elle doutait que telle fût la raison principale de leur sacrifice, le seul témoin qui aurait pu témoigner contre elle avait péri. Elle ne risquerait pas maintenant que tout ça ait été fait en vain pour se livrer elle-même en pâture à ceux qui voulaient sa mort. De plus, même si elle ne pouvait pas dire qu’elle avait apprécié ses collaborateurs, elle éprouvait toujours une certaine forme de respect devant leurs talents. Les criminels parlaient d’eux avec respect. Ils étaient devenus une légende vivante. Ils avaient maintenu en respect tous les garde de la cité blanche et d’Osgilliath. Ils avaient succombé mais pas avant d’entraîner dans leur chute tous ceux qui avaient essayé de les détruire. Elle ne tenait pas à détruire ce que les autorités gondoriennes considéraient comme un de leurs plus grands fiascos.

Plus elle y pensait et moins un piège des autorités lui apparaissait plausible. Ce serait se donner beaucoup de mal pour un maigre résultat. Et Emelyne ne les croyait pas aussi malins pour organiser un tel traquenard. De plus, Sorge ne lui avait demandé des informations que sur Mardil et non sur Sinove. Elle ne pouvait en être certaine mais elle pensait de plus en plus que la requête émanait des associés du jeune homme. Un instant, elle pensa dénoncer Sorge comme un espion oriental mais elle savait bien que ce serait sa parole contre celle de son geôlier. Personne ne la croirait. Pire encore, personne ne prendrait la peine de l’écouter.

Après tout, quel mal pouvait-il y avoir à leur parler. Mardil était mort et enterré. Elle ne risquait pas de lui nuire en aucune façon. Et peut-être pourrait-elle bénéficier de l’aide des puissants alliés de feu son associé…

Sa décision était donc prise lorsque Sorge fît son apparition avec son repas quotidien. Comme à l’accoutumée, elle avala l’immonde mixture sans même remarquer son goût. Rien n’avait davantage d’importance que de calmer, même pour quelques instants, les douleurs qu’elle ressentait à cause du froid et de la faim. Son geôlier n’attendît pas longtemps avant de s’enquérir de son choix.

- As tu pris ta décision, Emelyne ?

- Je te dirai ce que tu veux savoir mais qu’est ce que j’obtiendrais en échange ?

- Des rations plus conséquentes. Une nouvelle paillasse. Peut-être même une couverture…

- Ce n’est pas suffisant. Je sais pour qui tu travailles réellement, je ne suis pas idiote. Fais-moi sortir d’ici et je te dirais absolument tout ce que tu veux savoir.

- Tu n’obtiendras pas de moi ta liberté. Il y a des limites à ce que nous pouvons faire… En revanche que dirais-tu si je parvenais à te faire transférer à l’étage du dessus ? Une ouverture sur l’extérieur, deux vrais repas par jour. Et même de quoi meubler ta cellule. Penses-y Emelyne. Revoir la lumière du soleil. Des conditions de vie décentes…


Emelyne ne pensait qu’à cela. Auparavant, elle aurait pensé qu’il s’agissait de maigres réconforts par rapport à retrouver sa liberté. Dorénavant, cela lui apparaissait tout simplement merveilleux. Pouvoir de nouveau voir la lumière du jour et manger à sa fin. Des hommes étaient nés et morts sans avoir jamais connu le contentement qu’elle ressentît en entendant ces paroles.

- C’est d’accord mais je veux être transférée d’abord et je parlerai ensuite.

- Tu n’es pas en mesure de dicter tes conditions. Soit tu me parles maintenant et je fais mon possible pour que ta vie s’améliore dans très peu de temps soit tu regretteras de ne pas m’avoir parlé. Ma gentillesse à ton égard peut très vite disparaître… ainsi que ma protection.


Emelyne comprît instantanément la portée de ses menaces. Si elle refusait de lui révéler tout ce qu’elle savait, les tortures et les humiliations reprendraient. Elle serait battue et violée jusqu’à ce qu’elle finisse par en mourir. Elle ne pouvait pas vivre de nouveau un tel enfer. Elle n’en avait pas la force. Elle avait une opportunité inespérée et elle ne pouvait la gâcher. Elle prît une profonde inspiration.

- Que veux-tu savoir exactement ?
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