Au Dragon Vert

La jeune femme, résistait à l'envie d'ébouriffer ses cheveux que sa mère lui avait tressé pour les rendre plus présentables en se balançant d'une jambe sur l'autre devant l'entrée du Dragon Vert. Les paroles de son père sonnaient à ses oreilles.

Gaëllan, ma fille, tu es douée avec la terre. Tu la connais, tu la respectes, tu prends soin des bêtes. Mais un fermier de nos jours, ne fait pas que cultiver. Il doit aussi vendre ce qu'il produit et pour ça, il faut aller voir les gens, leur parler. Vas au Dragon Vert ma fille, montre toi, annonces qui tu es à présent...

Elle prit une longue inspiration et, n'osant pas jeter un regard à l'assemblée, se dirigea vers le comptoir.

"B... Bonsoir. Je... Je suis la fille du fermier Frizzik, c'est... c'est moi qui m'occupes de la Ferme à présent... Et euh je je voudrais une bière brune de la Comté s'il vous plait. "

Sa voix s'étouffa tandis qu'elle déposait 35 Po, sortie de la petite bourse à se ceinture sur le comptoir.

Elle se saisit de la choppe qui avait été posée devant elle, en aspira le surplus de mousse, et s'essuya les lèvres dans sa manche et se dirigea vers une table restée vacante.

Elle s'assit en silence et sortit de sa bourse de quoi se préparer une pipe.

Le jour qui suivait le retour d'Etelion était radieux. Les hobbits sortaient de chez eux de bon matin pour travailler ou pour profiter du ciel dégagé, malgré la basse température. L'aventurier avait une question en tête, une question qui restait là sans réponse: que faire de sa journée ?

- Oh j'ai pas envie d'me faire à manger ... A mon avis, ça va être l'auberge, ça !

Il regarda autour de lui, et réussit enfin à se motiver, enfila sa veste, et s'en alla avec un belle bourse en poche.
Quelques minutes plus tard, il arriva devant l'auberge. La porte était fermée pour conserver la chaleur du feu de bois à l'intérieur de la batisse. Etelion entra et fut étonné du calme qui reignait dans la salle. Il se dirigea vers le comptoir, et conversa à la premiere personne disponible:

- Salut ! Quel temps ..
- Ah Etelion, déjà de retour ?
- Ouep. Drole d'atmosphere chez les éleveurs de chevaux.
- Ca m'étonne pas ... Qu'es'que tu veux ?
- Un beau poulet avec un sauce à la bière, des patates grillées, une brioche, et un p'tit fromage de chèvre. A tiens, rajoute moi un vin d'ici. Oui oui, la bouteille entière. Tiens, j'te donne ça. Garde le trop.

Sur ces mots, il laissa sur le comptoir 200£ et alla s'installer à une table, à côté d'une jeune hobbite qui paraissait bien seule. Il s'assit, enleva sa veste, et regarda, étonné, la jeune kuduk qui se tenait là, avec sa bière en main. Il décida d'aller tenir compagnie à la jeune personne.

- Est-ce que je peux m'asseoir ici ?

N'attendant pas la réponse de l'intéressée, il s'assit. Lorsque son plat arriva, il commença à manger.

- Ah, du bon poulet ! Ca faisait un bail que j'en avais pas mangé ! Et cette sauce est excellente.

Il leva les yeux vers la solitaire, et rajouta:

- Eh bien, votre visage ne me dis rien. Vous êtes du Hobbitebourg ? Hum, désolé, autant me présenter avant. Je suis Etelion Piedvert, aventurier et pair du Royaume d'Arnor. Autant dire que j'en ai vu, des choses. M'enfin. A qui ai-je donc l'honneur ?

Il ajouta, voyant la hobbite regarder son assiette:

- Servez-vous. J'ai plus faim. La brioche m'a callé ! Prenez du fromage de chèvre, il est excellent. Un peu de vin ? Du bon, de chez nous !

Absorbée par la préparation de sa pipe, elle n'avait même pas remarqué le jeune hobbit qui s'approchait, ce qui lui valut un sursaut lorsqu'il lui adressa la parole. Peu habituée aux interactions sociales, elle resta muette quelques instant, les yeux dans le vide en direction de l'assiette du jeune homme avant de se ressaisir.

"Heu je heu... erm pardon. Je m'appelle Gaëllan Frizzik, je suis la plus jeune enfant du fermier Frizzik. Il a euh... pris sa retraite alors euh et ben j'ai... repris la Ferme et je suis venue, heu, me présenter à à l'aubergiste."

Elle se saisit de sa pipe et commença à tirer quelques bouffées, un léger sourire gourmand aux lêvres, elle fit quelques ronds de fumée avant de reporter son attention sur son compagnon de table.

"Euh non merci, pas de vin *puf puf*, j'ai ma bière déjà et euh merci, pour euh le repas *puf puf* Je vais m'y mettre après cette pipe..."

Elle regardait le jeune homme d'une air curieux, presque intriguée, comme s'il était une bête étrange....

"Mais euh *puf puf* vous êtes un aventurier comme dans les histoires?"

La jeune kuduk assise en face d'Etelion était un bien étrange personnage. Il s'agissait bien d'une hobbite, à sa voix et son visage, mais son comportement et ses vêtements laissaient penser à un être masculin. Elle était timide et c'était donc la fille d'un fermier ...

Frizzik. Ce nom rappellait quelque chose à l'aventurier. Comme si il l'avait déjà connu. Non, pas Etelion. Sa mère l'avait peut-être déjà rencontré. Ou, chose encore plus étonnante, son père. C'était un océan de questions qui s'imposait dans l'esprit du hobbit, chaque question faisant comme l'effet d'une vague qui casse sur les rochers. Il n'avait plus l'habitude, et ce depuis plus d'une dizaine d'années, de se questionner sur son passé. Plus exactement, de se questionner sur ce qui concernait son père.

Aprés que Gaëllan se fut présenté, Etelion hocha la tête, pour montrer qu'il suivait. Par chance, il était tombé sur une hobbite peu bavarde ... En l'espace d'une seconde, il se rappela la dernière fois qu'il avait eu affaire à une grande langue, racontant avec détails son arbre généalogique. Chose difficile et osée dans le petit peuple, à cause de la complexité des familles hobbites. Enfin, ce n'était pas le cas ici, et bien heureusement.

Lorsque la jeune hobbite refusa - avec politesse, certes -, le vin de la Comté, Etelion ne put s'empecher de répondre.

- Eh bien, vous ne savez pas ce que vous ratez. Bon, d'accord, ça vaut pas un bon vin du Gondor, à cause de la variété de fruit qui pousse là-bas bien meilleure que celle d'ici. Enfin, vous devez en savoir quelque chose, vous.

Voyant que Gaëllan s'appretait à rajouter quelque chose, le pair du Royaume d'Arnor se tut. Alors, elle lui posa une question, qui fit naitre un sourire sur le visage du hobbit.

- Comme dans les histoires, oui. Enfin, si on veut. Je n'ose pas me comparer à la famille Sacquet, côté aventures, mais on va dire que ... J'aime découvrir des choses nouvelles. Vous savez, je suis déjà allé vivre pendant un petit moment au Gondor, à Minas Tirith, la cité blanche. Formidable, impressionante. Enfin. C'était le temps d'un entrainement avec une escrimeuse de talent. Dame Sorge, Silka de son prénom si je me rappelle bien. Une femme formidable et courageuse. J'ai aussi combattu devant la cité blanche, avec les gardes du gondor. Il y avait des elfes renégats. Enfin, d'étranges personnages. Ahh, de la même manière, j'ai combattu aux côtés de quelques rohirrims. Un peuple ma foi fort orgueilleux, mais convivial. De bons guerriers, à, ça, oui. Qu'es'que j'ai fait d'autres ... J'ai cotoyé des elfes, des nains. Je me rappelle, cette elfe rousse. Une voleuse. La plus belle créature que j'ai pu voir sur ces terres. Enfin c'est ce que je me disais à l'époque. Aprés il y a eu ... Hum. Je m'écarte du sujet. L'enterrement du Roi Thénéor du Rohan fut le dernier évènement auquel j'ai participé. Triste moment ... Tant de violence à un pareil moment de deuil. C'était déplacé, mais compréhensible. Ah, je ne vous ai pas parlé des arnoréens. Etonnament, je n'en connais que trés peu. Un autre pair du Royaume d'Arnor, un khandéen, trés simple et plutôt simpathique. Et j'ai rencontré le Tar-Aldarion, notre Roi. En fait, c'est lui qui m'a nommé pair du Royaume. C'est un signe de noblesse, m'a t-il dit. Enfin bref, je crois que j'abuse un peu de votre temps, je m'en excuse. J'ai tendance à étaler ma vie à la première personne qui passe ...

Etelion ouvrit alors la bouteille de vin et s'en servit un grand verre, le but d'un trait, et s'en reservit un.

- Ah, c'est tout de même mieux avec la gorge moins sèche. Hmm. Et vous, qu'es'qui vous amène, exactement ? Vous aviez dit que vous vouliez rencontrer l'aubergiste. Pour une raison bien définie ? Peut-être que cela ne me regarde pas et, si c'est le cas, je vous prie de m'excuser.

Cela faisait plusieurs heures que je marchais dans la campagne. Le soleil était bien haut dans le ciel, et cela faisait bien trois heures que je n'avais pas mangé... Ma foi, il était sans aucun doute l'heure de prendre un petit en-cas ! Justement, par un heureux hasard, j'arrivais à Hobbitebourg ! Il devait bien y avoir une bonne auberge ! Je fouillais les recoins de ma mémoire. Il y avait longtemps que je n'étais venu dans cette charmante cité, bien qu'elle soit loin d'égaler les bourgs du pays de Touque ! Nulle colline ici ne pouvait rivaliser avec celles du quartier ouest, nul ruisseau ne chantait plus joyeusement que chez lui ! Mais bon, on restait en Comté, et s'il n'y avait pas assez de Touque en cette région à mon goût, et trop de Saquet, Fierpied et autres familles tout aussi peu recommandables, la nourriture y était bonne et les hobbits restaient gais et avenants. Soudain, un éclair illumina mon esprit. Le dragon vert ! Voilà une bonne auberge où aller ! Pressé par mon estomac gargouillant, je me hâtais vers la perspective d'un bon repas, ne saluant les passant que d'un rapide signe de tête.

Enfin, après un rapide marche à travers le bourg tout de même charmant, j'arrivais devant le long bâtiment, le plus réputé à travers toute la Comté. Je poussais la porte. Rapidement, une délicieuse odeur de sauce aux champignons, aux morilles me semblait-il, m'assaillit. L'eau me monta à la bouche, et mon ventre réclama bruyamment de quoi manger. Je parcourais la salle du regard. L'heure étant avancée, la majorité des tables étaient occupées, et de puissants éclats de rire se faisaient entendre. Une pareille ambiance faisait chaud au cœur, d'autant plus que j'avais marché sous la pluie la majeure partie de la matinée, enquêtant sur une sombre affaire de vols de navets. Mais le coupable avait été trouvé et n'avait opposé aucune résistance, payant au fermier dépouillé le double de ce que valait son butin. Tout était bien qui finissait bien, d'autant plus que je serais bientôt attablé en train de manger. La Comté me semblait bien calme ces temps-ci, et je ne m'en plaignait pas, bien que l'envie d'aventures ne me quittait pas. Finalement, j'avisais une table à laquelle n'était attablé que deux hobbits. Mais je fronçais les sourcils en apercevant que l'un d'eux portait à la ceinture quelques mathoms tranchants, des dagues me semblait-il. Bah, sans doute un hobbit rêvant d'aventures ! Je m'approchais tout de même, mon bâton à la main. Mais pour l'instant, il était l'heure de manger, aussi allais-je trouver l'aubergiste et lui demandai :

"Bien le bonjour ! Auriez-vous pitié d'un pauvre shirrif mourant de faim ? Tenez, je prendrais bien du lapin et quelques carottes !"

Je lui tendais 30£ et m'avançai vers la table des deux hobbits que j'avais aperçu auparavant. Avec stupeur, je remarquer que l'un d'eux était une hobbite. Je rougis de mégarde, mais me repris rapidement. La saluant d'un grand sourire, je m'exclamai :

"Bonjour, messieurs, dames ! Puis-je m'asseoir à cette table, si mes habits crottés ne vous gênent pas ? C'est une rude journée pour les voleurs de navets et les shirrifs aujourd'hui !"

J'attendais leur réponse, n'osant m'asseoir, de peur de paraître impoli.

Le hobbits aux dagues me répondit spontanément :

"Bien l'bonjour. Vous pouvez, bien sûr. Si des habits crottés nous gênaient, j'pense pas qu'on serait venu par ici ! Ah les vols de navets ... Il y en aura toujours ! Et pourquoi serait-ce une rude journée pour les shiriffs ? J'aurais tendance à penser qu'au contraire, les shiriffs sont bien tranquilles en ce moment. Les vols de navets et de carottes valent mieux qu'autre chose ... Et croyez moi, il vaut mieux que ça reste comme ça. Je me rappelle encore du moment où Bree a été rasé ... Bien sombre journée pour la Comté. M'enfin, je suis Etelion Piedvert, aventurier et pair du Royaume d'Arnor. Voici Gaëllan Frizzik, fermière de Hobbitebourg. Et à qui avons-nous l'honneur de parler ?"

Je le dévisageai. Il ne semblait pas être un mauvais bougre, et son parler franc me plaisait, mais le fait de porter des armes à la ceinture n'était pas courant dans la Comté, aussi me gardais-je de porter sur lui un jugement trop hâtif. On ne sait jamais. Je me repris rapidement. Mais quel genre d'hobbit étais-je donc ! J'avais perdu tout le caractère confiant de ceux de ma race, au profit d'une méfiance excessive. Le passé nous marque à jamais. Chassant mes noires idées, je m'assis en souriant. Je n'avais à me soucier de rien, j'étais dans la meilleure auberge de toute la Comté et je pourrais bientôt avoir le ventre plein. Alors il fallait mieux en profiter ! J'étendis mes jambes sous la table, laissant mon bâton par terre, et écoutai mon interlocuteur. Celui-ci semblait fort au courant de tous les sombres épisodes qu'avait passée la Comté ces trente dernières années. Mais peut-être n'avait-il, comme tous les hobbits, entendu que quelques rumeurs de la ruine de Bree, tout comme moi d'ailleurs. Il se présenta alors, ainsi que la jeune hobbite l'accompagnant. Il était donc un aventurier... Cela était rare chez les hobbits, même parmi les Touques qui ont un sang bouillonnant dans leurs veines, d'autant plus que la Comté est paisible la plupart du temps. Mais tant qu'il ne gênait personne, cela ne me dérangeait pas le moins du monde. A peine avait-il finit de parler que l'aubergiste posa sur la table une assiette de carottes et de lapin ainsi qu'une bouteille de vin, sans doute commandée par cet aventurier.

"Merci beaucoup ! dis-je au tenancier. Ce plat à l'air à la hauteur de votre réputation."

Je me tournais alors vers mon interlocuteur. La faim me tenaillait le ventre, cependant, bien que le manche d'une cuiller fichée dans l'assiette semblait vouloir être saisit le plus rapidement possible, je me présentais à mon tour aux deux hobbits :

"Je suis un Touque. Nob Touque pour vous servir ! Fils de Drogon Touque, lui même fils d'Othon Touque, dont la cousine par alliance n'est autre que Elanor Boffin !"

Je débutais mon repas avec délectation. Il y avait bien longtemps que je n'avais goûté de tels mets, si toutefois j'en avais déjà goûté, ce qui n'était pas certain. Au bout de quelques bouchées, je repris :

"Il est vrai que les shirrifs n'ont pas à se plaindre, les temps sont calmes, mais pas le temps, si vous voyez ce que je veux dire. J'envie tous les commerçants, tous les artisans, même les cordonniers, qui peuvent rester à regarder de chez eux la pluie tomber tandis que les shirrifs doivent marcher sous l'averse... Mais allons, les aventuriers doivent subir le même sort ! Et puisque nous sommes assis au sec et au chaud, oublions donc ces conditions météorologiques déplorables ! Vous semblez avoir beaucoup voyagé au-delà du Brandevin. Avez-vous des nouvelles du vaste monde ?"

Je ne m'intéressais que peu des affaires des hommes, des elfes ou des nains. Cependant, avoir des nouvelles de ce qui se passait au loin pouvait être intéressant, car même ce qui se passait après les monts pouvait avoir une incidence sur notre chère Comté, et j'aimais entendre les récits lointains qui ressemblent tellement à des légendes ! Aussi prêtais-je une oreille attentive à cet Etelion.

Je soupirai. Ce travail était assurément un travail de shirrif, et je n'avais aucune raison de le refuser, si ce n'est qu'on est mieux au sec et à manger qu' à marcher sous une pluie battante. Hélas, cela faisait partie de mes fonctions ! Non pas que je soit feignant, loin de là ! Un Touque a toujours le sens du devoir et de l'entraide ! Cependant, cela faisait trop peu de temps que j'avais échappé à l'étau glacial de la boue, et je n'étais guère pressé de profiter de telles conditions météorologiques. De plus, je finissais actuellement de remplir les derniers coins, comme disent les hobbits, et écoutais des histoires de l'extérieur dignes des contes, et n'aimais guère être déranger en ces moments-là. Mais bon, je devais y aller. Plus je retrouverais ces vaches fugueuses, plus tôt je pourrais m'attabler à nouveau ! Et puis, une promenade, même sous un tel temps, c'est toujours agréable ! L'heure de se remettre à l'exercice sonnait pour moi, car il était vrai que je commençais à prendre un peu d'embonpoint, un bon ventre de hobbit. J'entendis l'un après l'autre mes deux compagnons décliner l'offre. Tant pis pour eux, il ne bénéficieraient pas d'un bon exercice ! Le pauvre éleveur se tourna vers moi et m'implora du regard. J'étais donc le seul dans cette salle pour cette glorieuse mission ? A la bonne heure ! Nob Touque, le shirrif rôdeur, était de retour ! Je me baissai et saisit mon bâton. Le brave hobbit eut peur que je ne l'abandonnasse, et semblait sur le point de s'effondrer. Je m'avançai vers lui en souriant et lui déclarai :

"Eh bien, vous avez bien de la chance de tomber sur un shirrif ! Nob Touque pour vous servir ! Je n'ai pas habitude de parcourir la campagne à cette heure là, mais allons ! Une bonne marche ne me fera pas de mal."

Je me dirigeai alors vers la porte et, alors que j'étais sur le point de l'ouvrir, je me retournai.

"Eh bien Tomi, tu ne viens pas ? Ce n'est pas le meilleurs temps pour une ballade, j'en convient, mais quelques goûtes ne doivent pas effrayer un brave cœur de hobbit ! Et puis, en marchant, tu auras le temps de m'expliquer la situation !"

Le jeune hobbit eu un air catastrophé. Il me semblait déchirer entre son devoir de fils et l'envie de boire une bonne bière. Cependant, j'avais besoin de lui, aussi lui lançai-je un clin d'œil et lui assurai :

"Ne t'inquiète pas, je te paierais une bonne bière en réconfort quand ces bêtes auront regagné leur enclot ! Foi de Touque, elle ne joueront pas longtemps les filles de l'air dans la nature !"

Je fouillai dans mes poches et en extirpai quelques pièces, que je lançai au pauvre éleveur.

"Voilà pour vous réconforter, et patienter en attendant notre retour ! Profitez-en, il paraît que la bière d'ici est la meilleure de toute la Comté !"

Je me lançai alors sans plus attendre hors de l'accueillante auberge, et marchai sous la pluie, bâton au poing, souriant. Il ne me restai plus qu'à aller de l'avant !

///HRP : désolé du petit retard, un shirrif n'est jamais en retard, c'est l'exception qui confirme la règle. Et Gaellan ne sera pas contente quand elle verra que tu l'as traité de garçon ! ///

Quand Joseph Touque entra au Dragon Vert, il fût heureux de constater que la taverne n'avait en rien perdu la chaleureuse ambiance qui faisait sa renommée... Cela faisait bien longtemps qu'il n'était pas revenu dans la Comté, et il se rendait bien compte que même la plus sympathique des auberges de Minas Tirith ne pouvait espérer atteindre cette joie de vivre caractéristique aux Hobbits.

Il soupira d'aise, alluma sa pipe et commanda une bière au tavernier. La soirée pouvait commencer!

Il se dirigea vers une bande de vieux Hobbits, plus ou moins affalés sur le comptoir, dans un état d'ébriété encore tolérable (ils semblaient tous aptes à tenir debout et à vider leur chopine) mais qui n'allaient pas durer. Il leur adressa la parole:

-Bonsoir Messieurs! Comme vous devez le savoir, je suis nouveau par ici, et je n'ai pas encore mes habitudes au Dragon Vert. Me permettez vous de me joindre à vous?

La compagnie des pochetrons et des piliers de bar lui av[/b]aient toujours été agréable, et ils ne connaissait rien de tel qu'une bonne vieille chanson hobbite chantée entre amis... Mais avant, il désirait s'instruire un peu:

-J'ai quitté la Comté il y a de cela bien longtemps, et je dois vous avouer que la ou je me trouvais, il n'était pas aisé d'en avoir des nouvelles... Vous pouvez m'en dire plus? J'entends parler de reconstruction, de réfugiés... Il y a eu la guerre ou quoi??

Une belle soirée comme Wili en avait connu beaucoup. A vrai dire, il lui en fallait bien peu pour qu'une soirée se révèle être proche de la perfection. Le simple mélange des plats de la Comté, d'un banc en bois, d'une herbe à pipe de qualité, et de sa pipe gravée par un maître sculpteur arnoréen, faisait d'un moment basique - si l'on peut dire ça de cette manière - un moment complice avec quiconque le partageait. Ajoutez à cela une petite histoire sortant de sa propre bouche, et il était tout bonnement heureux. Un homme simple, malgré ses 90 ans bien tassés. Et malgré la solitude causée par le décès de sa femme. M'enfin, inutile de partir dans la nostalgie, maladie du passé.

La semaine touchait à sa fin, en Comté comme partout ailleurs, et le soleil avait déjà bien entamé la course qui le mènerait à son lit. L'auberge du Dragon Vert était bondée de monde. Des hobbits et hobbites de tout âge, de toute couche de la société, réunis autour des tables rondes de la plus fameuse auberge de la Comté. Il fallait dire que la bière blonde, purement d'ici, était une denrée convoitée par la plupart des auberges arnoréennes. Sans parler des truites presque fraiches pêchées pas si loin d'ici. Excellentes, avec une sauce aux herbes. La fumée d'herbe à pipe masquait le plafond de l'auberge. Chaque hobbit qui se respecte avait une pipe au coin de la bouche. Il arrivait même parfois de voir des hobbits qui en avait deux. C'était là, d'ailleurs, le sujet de l'histoire contée par Wilibald, le sage et conteur officiel de Hobbitebourg.

- ...Et là, que voit-on ? Un hobbit, pas plus de la cinquantième année, avec quatre pipe dans la bouche ! Imaginez le souffle qu'il devait avoir ! C'était une légende dans ce village du quartier Sud. Malheureusement, j'ai appris sa mort il y a quelques mois. Une maladie étrange l'avait emporté. Certains disaient que c'était parce qu'il fumait trop. Seuls des imbéciles auraient pu croire ça ! Franchement...
- Bonsoir Messieurs! Comme vous devez le savoir, je suis nouveau par ici, et je n'ai pas encore mes habitudes au Dragon Vert. Me permettez vous de me joindre à vous?
- Fais donc, jeune kuduk ! Etrange... Tu ne me dis rien. Et pourtant, je connais presque tout le monde à Hobbitebourg. Tu n'es pas d'ici, je me trompe ?

Pour réponse, il eut ceci:

- J'ai quitté la Comté il y a de cela bien longtemps, et je dois vous avouer que la ou je me trouvais, il n'était pas aisé d'en avoir des nouvelles... Vous pouvez m'en dire plus? J'entends parler de reconstruction, de réfugiés... Il y a eu la guerre ou quoi??
- Ah mais je te reconnais. Tu es un des fils Touque ! Je me souviens plus de ton prénom, mes excuses. Vous êtes tellement que mon vieux crâne ne garde plus tout ! Oui, oui, une bien sale histoire à vrai dire... Bree a été attaquée il y a cinq années de cela, par une horde de cavaliers. Il y a eu la guerre dans toute la Terre du Milieu. Et je te laisse imaginer les morts. Les réfugiés étaient ceux qui avaient eu le temps de quitter Bree sans être massacré. La ville est en reconstruction depuis bien quatre ans, ça avance doucement... Ils sont repartis, mais tout est resté dans les esprits. M'enfin, tu auras tout le temps d'entendre ce qui c'est passé ! Toi, dis moi, tu étais passé où ? J'crois bien avoir entendu tes parents me parler de tes aventures... Ou alors c'est un autre... Parce qu'il y a le fils Fierpied, mais il est reparti en Gondor il y a quelques semaines. Tu l'as raté de peu. Donc, je disais, qu'est-ce que tu as donc bien pu faire toutes ces années ???




[ Désolé, j'ai totalement oublié de te dire les endroits où tu pouvais demander à quelqu'un de faire des RPs avec toi... J'éspère que tu m'excuseras, ainsi que du temps de réponse Donc, pour les quêtes et autres RPs, tout se passe ici: Quêtes et RPs, MJtage. Je pense que tu n'as pas besoin de la case départ, mais si tu veux tu peux demander une quête. C'est, en fait, pour lancer les joueurs qui n'ont jamais fait (ou peu) de Role Play. Voila voila, pour questions éventuelles, ma boite MP t'es ouverte ]

-Ainsi la guerre a atteint notre belle Comté... Quel malheur! Du Gondor ou je me trouvais lors de ces troubles, peu de nouvelles de la région me parvenaient. J'espérais que les puissants puissent oublier notre bonne contrée...
J'ai quitté la région il y a fort longtemps cher Wilibald, et j'étais fort jeune alors. Je ne te reproche pas d'avoir oublié mon prénom: Joseph. Moi je ne t'ai pas oublié en tout cas, et sache que de toutes les tavernes que j'ai visité, nulle ne peut se targuer de compter un conteur de ta qualité! Je me rappelle encore la frayeur que m'avait causé ta description d'un Balrog...
J'ai passé ces longues années à parcourir le monde, à accumuler un petit pécule en commerçant, et j'ai vécu moult aventures. Sache qu'il m'est même arrivé de faire un (court) voyage en mer!

(Joseph ménagea un court silence, pendant lequel il tira longuement sur sa pipe. Cette histoire de bateau faisait toujours son petit effet sur les Hobbits. Et si elle lui avait attiré quelques regards légèrement malveillants, elle était aussi source d'admiration et de respect. Il but une longue rasade de sa chopine et reprit la discussion.)

- Il me serait bien trop long de vous raconter toutes mes histoires, et elles paraîtraient de bien mauvaise facture après celles de Maître Bophin, je m'arrêterai donc la. Que diable, il me faut bien garder quelques histoires pour les longues soirées d'hiver!
Si vous me le permettez, j'aimerai mettre sur le tapis un sujet un peu plus conflictuel. Qu'en est-il de notre bourgmestre? Qui est-il? Mes affaires fonctionnent sans trop de difficultés, et il me plairait de mettre mon énergie et mon temps au service de ma Comté, qui a su si bien m'accueillir malgré ma longue absence...

[Désolé pour le retard, j'ai eu des gros problèmes internet...Je sais que je fais pour l'instant des posts un peu courts et que je fais pas trop avancer le sujet, mais c'est histoire de se mettre dans le bain. Ca ira mieux après!]

Le vieux Billy, le regard perdu entre une ficelle de fumée et le fanal flamboyant d'une pipe, prit son temps pour répondre. Derrière ses énormes joues qui dégoulinaient joyeusement de part et d'autre de son visage, on pouvait deviner se mâchoires, musclées par des décennies de bonne chère, mordre avec violence le calumet. Le sujet était délicat, en effet.

Notre bourgmestre, notre bourgmestre... Hum... Oh, il est pas bien méchant notre bourgmestre, il fait de son mieux. Liour Gamegie, qu'il s'appelle. Un bon gars, pour sûr, je l'ai vu grandir. Il fait de son mieux, oui, mais il a pes la tête d'un bourgmestre. Je dis pas, c'est un gars honnête, mais il a pas la carrure. Avant, c'était Poppi, Poppi Saccalice. Je sais pas comment ce gobelin a pu être élu, c'est comme si on n'avait rien retenu de tout ce qui s'était passé. Il est arrivé avec ces mots doux, et il les a tous mis à sa botte. Et c'est pas faute d'avoir essayé de les raisonner, mais que veux-tu, les têtes de mule...

La petite assemblée acquiesça en silence. Eux connaissaient assez les choses de la vie pour voir derrière les mots et les événements, mais il y avait encore une bonne moitié de Hobbits au moins qui regrettaient Saccalice. Les conversations s'enflammaient vite à son sujet.

Saccalice... Lui, c'était même une tête de pioche, il avait même pas de cerveau. Ou alors il en avait trop, et sa tête était trop petite. Pff... Il se prenait pour le Roi d'Arnor, cet idiot : tu me crois si je te dis qu'il avait même sa petite cour avec lui, avec secrétaire, garde et tout? Il a ruiné notre commerce, et surtout, surtout, notre réputation. Heureusement, l'Arnor est intervenu et il reparti dans son trou la queue entre les jambes, rouge comme une tomate. Ca a été une bonne correction, pour lui et pour nous tous qui avions oublié notre place.

Et de contempler une énième fois les gravures de sa pipe. Il en tira une longue bouffée qu'il souffla négligemment vers le plafond, puis poursuivit :

Donc Liour, c'est un brave, il a remis dans l'ordre dans tout cela et notre herbe part à nouveau par charrettes entières vers le Nord, l'Est et le Sud. Mais le Saccalice, il a pas fini de faire du grabuge, on le voit encore se pavaner dans les rues. Il se risquera pas redevenir maire, avec la frousse qu'il a eu, mais il y a des gens qui le suivent, et ça donne une mauvaise ambiance. Ce qui m'inquiète, c'est que je suis pas certain que le Liour soit assez costaud pour garder le calme indéfiniment, et je sais pas comment il réagirait face à des problèmes plus imortants. Parce que jusque là, ça a été plutôt calme.

Wili se tourna vers Joseph et lui dévoila des dents jaunies par le tabac dans un sourire encourageant.

Tant que ça continue, tes affaires devraient bien marcher : l'Arnor, le Rohan, le Gondor, les Nains, et même un peu les elfes achètent. Je te donne un filon : il y a trois ou quatre villages humains à l'Ouest, qui jusque là commerçaient pas trop avec nous. Le cousin Gamegie est allé les voir, ils se sont montrés très réceptifs. Attention, c'est une fleur que je te fait là : Gamegie est rentré il y a à peine deux heures, je l'ai croisé et il m'en a parlé, alors t'es le premier fermier à le savoir. Si tu vas vite le voir demain, il te réservera peut-être une bonne place pour les commandes. Bon, ça restera jamais qu'un petit marché, mais c'est toujours pas mal pour te faire une place ici.

Joseph, tout en écoutant son interlocuteur, portait à intervalles réguliers sa chope à sa bouche. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pu savourer une des goûteuses bières de la Comté. Voila une soirée comme il les appréciait: confortablement installé, avec une bière, une pipe et une aimable compagnie. Il écouta attentivement son compagnon lui relater les actions de ce Saccalice... A part lui, il ne pouvait s'empêcher de penser que le manque d'ambition de son peuple lui serait un jour dommageable. Mais subitement, il se rendit compte qu'il ne faisait que se répéter ce qu'il se disait chez les hommes et les nains. Que les Hobbits n'avaient pas besoin de cela, que personne n'avait besoin de cela! Quel être sur cette terre pouvait désirer plus qu'un voisinage amical, un coin doux et joli, un cadre paisible pour s'amuser, aimer, fonder une famille...?

Pourtant, même ici, ou être paisible était un art de vivre, on lui parlait de conquête, de cour, de puissant... Il détesta furieusement ce Saccaline, et faillit à cause de cela manquer le précieux conseil de maître Bophin:
-Attention, c'est une fleur que je te fait là : Gamegie est rentré il y a à peine deux heures, je l'ai croisé et il m'en a parlé, alors t'es le premier fermier à le savoir.

-Bigre, voila qui est interessant! Je ne suis pas dans l'herbe à pipe pour ma part, mais dans la patate! Cependant je pense que rencontrer ce Gamegie ne peut que m'être profitable. J'y pars sur l'heure! (il consulta sa lourde montre à gousset) La soirée n'est pas encore trop avancé, je ne le dérangerai pas. Pourriez vous m'indiquer ou je peux le trouver?

Hum.

Dans les règles il est écrit;

Citation :

De plus, un multicompte doit être signalé par Mp aux admins, et le staff
pourra refuser si votre premier personnage semble suffisant. Si vous en
avez marre de celui-ci, il pourrait y avoir besoin de faire un choix.

Tout
multi-compte non déclaré pourrait faire l'objet de sanctions. Et on a
les moyens de vérifier, ne vous inquiétez pas.

As tu demandé d'obtenir un multi-compte à un membre de l'équipe d'administration? As tu reçu une réponse positive?

J'attends des explications par mp

Fofo'

La patate? Dis donc, il y a possibilité de faire fortune la dedans, c'est pas un marché couru!

Wili prit sa pipe entre son pouce et son index et examina la tabac. Levant un sourcil désapprobateur, il approcha sa chope vide et y vida les cendres. Puis, avec une application qui dénotait plaisir et expérience, il sortit le tabac, en sélectionna une feuille et bourra sa pipe, puis l'alluma. Il inspira, expira, puis acquiesça, satisfait.

Le jeune Gamegie il habite à deux pas du moulin, tu peux pas te tromper, c'est le trou avec la porte toute verte, il l'a repeinte juste avant de partir. Il est gentil comme un poisson rouge, mais je sais qu'il aime bien se reposer, et je sais pas s'il va trop aimer parler affaires si tôt après être rentré. Soit tu attends demain, soit tu te montres aimable. Et pour ça, amène lui de la brioche fraiche, il en raffole. Avec ça dans l'assiette, il te parlera de ce que tu veux, crois-moi!

Il s'enfonça un peu plus dans son tabouret, une moue de plaisir parfait gravée sur son visage heureux. Il commanda une autre bière, et but.

"Le bonheur, c'est pas grand chose. Souviens-t-en mon gars! La jeunesse, elle l'oublie un peu trop de nos jours!".

Joseph tira pensivement sur sa pipe en écoutant Will rappeler l'importance du bonheur. Il se sentit pris d'une sourde mélancolie, et il se perdit dans l'observation des volutes de la fumée de sa pipe. Il n'était plus tout jeune, et pourtant il n'avait pas réellement connu de réel bonheur. Toute sa vie, il l'avait passé dans la mélancolie de sa jeunesse parmi les siens, dans la Comté. Il avait noué chez les Hommes, avec des Hommes et des Nains, de profondes et belles amitiés, mais il n'avait jamais eu ce sentiment d'être "chez lui".

La, confortablement installé dans son siège, fumant et buvant tranquillement dans la douce atmosphère du vieux pub, il sentait une chaleur monter en lui, et cela était sans doute ce qu'il connaissait de plus proche de ce sentiment. Comme d'habitude, le vieux Will savait comment plonger son auditoire dans un sentiment paisible et reposant, propice à la réflexion.
C'était cette force qui faisait de lui le meilleur conteur qu'il connaissait.h.

-Les Hommes connaissent de belles sagas et des histoires fantastiques, mais seuls les Hobbits en ont fait un art... songea Joseph. Il ignorait que cet art venait en réalité des Elfes, et il n'avait jamais eu la chance d'assister à la performance d'un conteur elfe.

Après quelques minutes d'un paisible silence, que tous savaient savourer à sa juste valeur, Joseph décida de partir. Il ne voulait pas se coucher tard pour être en forme: il aurait une longue discussion avec le fameux Liour Gamegie le lendemain, et il savait d'expérience que les bonnes négations sont faites par des hommes reposés.
Il prit congé à regret de la sympathique assemblée et quitta le pub. La nuit lui parût ce soir plus noire et froide que jamais...

Dans l'obscurité et la froideur de la nuit, l'auberge semblait un phare, prompt à vous remonter le moral de part la promesse d'un peu de chaleur, de lumière et de bonne mangeaille. Ce pays était réputé, selon les dires, pour être maître en matière de boustifaille et tout autre plaisirs accompagnant la bonhomie. La bière y était fameuse, même si selon lui, elle ne pouvait égaler celle des nains.

Fraha arrivait enfin au terme de son périple. Voila des jours qu'il était partit, sur les ordres de Frehod et à la demande de Mohrnar. Des rumeurs étaient parvenues aux oreilles des marchands père et fils. Rumeurs qui si elles se confirmaient, devraient être traitée par un nain sûr et de confiance. Frehod ne pouvant quitter son commerce et Mohrnar étant en Moria, c'était à Fraha qu'incombait de faire se voyage.

Le nain poussa la porte du Dragon Vert, impatient de quitter la nuit glaciale. Il fut immédiatement assailli par des nuages de fumée et par le brouhaha ambiant. A chaque tables des hobbits s'affairaient, les mains pleines de chopes. Ils mangeaient, buvaient et riaient dans une ambiance des plus folkloriques.

Fraha prit le chemin du comptoir et s'adressa au patron rubicon qui s'employait à nettoyer une chope avec un torchon à la couleur douteuse:

- Bonsoir patron, servez moi une de vos bières blonde. J'ai besoin de me revigorer après ce froid.

Le patron lui servit sa bière et lui dit en passant un coup de chiffon sur le comptoir:

- Qu'est ce qui vous amène ici voyageur ?
Et Fraha de repondre:
- Je suis ici pour un voyage d'affaire, je cherche un certain Etelion...

Fraha écoutait la réponse du tavernier tout en goûtant à sa chope de bière. Pardis, se dit-il, voila une bière qui ne manquait pas de saveur. Le liquide ambré apportait des notes quelque peu fruitées, à peine dissimulées derrière le savoureux gout de miel. Cette bière pourrait tout à fait paraître, sans aucune honte parmi les délices proposés dans les meilleurs tripots nains.
C'est sur cette réflexion que Fraha leva les yeux de sa chope pour les poser sur le patron.

- Tavernier, cette bière est du meilleur effet sur un corps fatigué. Voila vos 35£. Largement méritées. Je ne vous ferai pas l'offense de marchander... pas cette fois.

Fraha passa sa main droite sous son veston et en extirpa les pièces d'or qu'il posa sur le comptoir devant le Hobbit. Puis il vida d'un trait le restant de sa chope.

- Je cherche monsieur Etelion car il a fait mander mon patron. Ignorant tout de ce que ce monsieur lui veut et étant très occupé, j'ai du faire le voyage en son nom. Et me voici dans cette lointaine contrée. Il est navrant que monsieur Etelion ne soit pas au rendez-vous et qu'il me faille reprendre sous peu la route.

Vigo Gamegie écoutait attentivement les quelques mots que prononçait le nain. Quand celui-ci lui paya la bière, il la complimenta d'une manière qui sonna agréablement aux oreilles du vieil hobbit. Tout le monde savait que les nains appréciaient et fabriquaient les meilleures bières de toute la terre du milieu. L'étranger remontait un peu plus dans l'estime de l'aubergiste. Il fit ensuite une remarque à propos du marchandage... Visiblement, il ne savait pas comment fonctionnait une auberge hobbite. Marchander serait une injure faite aux gérants de l'établissement. Vigo se retint de lui dire quelque chose du genre "ici, vous n'êtes pas dans un bordel", ne voulant pas refroidir la chaude ambiance qui reignait dans la salle. Le nain lui reparla ensuite d'Etelion Piedvert, qui habitait un peu plus haut, à la périphérie de Hobbitebourg.

- Je n'ai pas la moindre idée de la raison qui a poussé Etelion a demander une rencontre avec votre patron, mais il me parait étrange qu'il vous ai demandé de venir dans notre Comté alors qu'il sait trés bien qu'il n'y reste généralement pas souvent. M'enfin, cela ne me regarde pas, j'imagine. Et il m'est impossible de vous dire où il est actuellement. Aux dernières nouvelles, il était parti dans le Grand Peuple, vers le Nord-Est. Je sais que c'est bien trop large, j'en suis désolé, mais je ne peux rien de plus pour vous. Vous voulez peut-être quelque chose avant de vous remettre en route ? Allez, je vous l'offre !

Sans attendre la réponse du nain, Vigo s'en alla en cuisine et demanda à sa fille une grande assiette composée d'un bon morceau de chevreuil, de patates grillées et d'un sauce a la bière légèrement épicée. Il ajouta à celà une bière blonde, la même que celle que le nain avait commandé quelques instants plus tôt. Vigo revint quelques minutes plus tard, les bras chargés.

- Tenez, mangez. C'est un cadeau de la maison. Ne vous demandez pas pourquoi, vous me paraissez être un être honnête et sincère. J'éspere que vous apprécierez ce modeste plat. Je retourne au comptoir, si vous avez quelque chose à me demander, n'hésitez pas. Et bon appétit !

Vigo était sûr qu'il l'avait compris, le nain ne pouvait pas refuser le plat préparé par la fille Gamegie, pour la simple et bonne raison que lorsqu'un hobbit vous offre un repas, la politesse vous interdit de ne pas en vouloir et de ne pas le finir.