4 résultats trouvés pour Druss

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Sujet: Ombres et poussières
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: L'Arène   Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Ombres et poussières    Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 7 Mar 2024 - 15:14
La chaleur était terrible. Au milieu de ce couloir sombre où crasse, sueurs et peur se mêlaient, la tension ne cessait de croître parmi la colonne d'hommes et de femmes qui attendaient.

Les quatre vingtaines d'âmes étaient disposées en deux files parallèles séparées par une simple largeur d'épaules. C'est dans cet espace qu'un homme vêtu d'une armure d'écailles et tenant avec fermeté un nerf de bœuf entre ses doigts. Il n'était pas très grand et certains des prisonniers le dominaient d'une ou deux têtes. Pourtant, Alassyr n'était nullement impressionné. Cela faisait plusieurs décennies qu'il arpentait les recoins les plus sombres de la grande arène de Kryam. L'arène et lui étaient comme de vieux amis, se supportant l'un l'autre tout en gardant une once de méfiance tout autant que du respect.


D'aucuns racontaient qu'il était autrefois gladiateur et qu'il avait fini par gagner sa liberté. Son caractère bien trempé et son autorité au sein des couloirs de l'arène rebutaient pourtant les prisonniers à se risquer de lui demander confirmation. Alassyr arpentait le long corridor, examinant du regard ses ouailles prêtes à entrer sur scène. De temps à autre, il se laissait aller à une tape franche sur le dos ou à un léger coup de nerf de bœuf entre les omoplates, comme pour activer la circulation sanguine de ces pauvres hères.

- Vous voilà aux portes de l'éternité ! En cette heure où vos vies sont sur le point d'être posées sur la balance du destin, une question demeure. Allez-vous vous chier dessus ou bien au contraire montrer vos burnes à la mort ?

Le vieil homme laissa le silence lui répondre tandis que sa question continuait de résonner dans les esprits.

- Parmi vous, quelques uns arriveront peut-être à tirer leur épingle du jeu et à se faire bien voir par quelque nobliau pour être enrôlé. Mais ne soyez pas dupes ! Pour ces grands pontes, vous êtes comme une pièce de monnaie. Vous pouvez être de bronze ou d'or, peu importe. Ces gens-là en ont tellement qu'ils ne sauraient toutes les compter...

Alassyr arriva finalement en tête de la colonne. La colonne des quatre vingt huit.

- Non. Qu'importe le métal dont vous êtes faits. Soyez celui qui brillera plus que les autres à l'orée de la mort et laissez votre éclat illuminer leurs mirettes devant vos talents ! Car n'oubliez pas que chacun d'entre vous, chacun d'entre nous, pauvres mortels que nous sommes... nous ne serons bientôt qu'ombres et poussières devant l'immensité de l'éternité. Une bourrasque timide dans l'histoire du monde. Les terres du milieu auront tôt fait de vous éclipser. Alors brillez ! Brillez durant le temps qui vous est donné.

Le discours du vétéran avait peut-être tout d'une litanie funeste, il raviva l'esprit de plus d'une âme errante dans ce couloir. Alassyr avait ce genre de don. Et un profond respect pour tous ces condamnés. Il reprit sa marche en avant et défila à nouveau, tel un lion en cage prêt à en découdre. Il s'arrêta au milieu de la file et se tourna vers le colosse qu'on lui avait refilé deux jours plus tôt. Alassyr leva le menton pour croiser le regard du géant. Rares étaient ceux de sa taille. Parfois patauds sur le sable, souvent coriaces, pourtant le vieil homme avait eu le loisir d'admirer ce spécimen lors des entraînements. Celui-ci avait quelque chose.


- Si tu survis, géant, prends garde à ceux qui se tourneront vers toi. Un gladiateur est un esclave. Ne l'oublie pas.

Druss baissa les yeux vers Alassyr. Ce vieillard n'avait eu de cesse de lui aboyer dessus depuis son arrivée ici. Pourtant, il éprouvait un certain pour cet homme.

- Je ne suis l'esclave de personne, vieillard.

Alassyr fit mine de sourire.

- Crois-tu. Nous sommes tous les esclaves de ce monde sans foi ni loi. Allez, choisis bien ton arme là-bas et ne tremble pas.

La grande porte s'ouvrit dans un grondement. La colonne se mit bientôt en marche, s'enfonçant dans la lumière de l'arène, poussée par les acclamations des milliers de spectateurs massés pour assister à cet événement.

Tandis qu'ils avançaient vers le centre, Druss contempla l'arène et ce qui les attendait. À peine remis de ses blessures, le géant avait rapidement été mis au diapason. Sa vie ne lui appartenait plus. Sa barbe pleine de son sang avait été rasée plutôt que lavée, ses effets personnels lui avaient été confisqués et on avait fait de lui un combattant des sables de Kryam. Ses instincts bestiaux et son feu intérieur l'avaient conduit à ne pas faire de vague tant l'appel du sang et du combat étaient forts chez lui. La tension, l'adrénaline inondaient ses veines d'un brasier ardent qu'aucun nectar n'aurait pu étancher. Que sa vie de bourreau lui paraissait loin derrière lui en cet instant. Et qu'était-il advenu du vieux Leif ?

On amena un chariot rempli d'armes pour que les condamnés puissent choisir leur compagnon d'infortune. Druss se mêla aux autres. Son choix se porta sur une hache double dotée d'un manche étonnamment long. Si la plupart s'était orientée vers des épées et autres lances et boucliers, Druss savait que cette arme lui était destinée. Certains spectateurs au premier rang s'esclaffèrent même de pouvoir admirer ce stéréotype vivant du géant barbare à la hache.

- Habitants de Kryam, la Belle ! Kryam, la Noire ! Bienvenue au Cercle !! Que les jeux... C O M M E N C E N T !

Le temps s'arrêta soudainement.

Car en cet instant, l'homme cédait sa place à la bête déchainée.
Sujet: Qui se fait brebis le loup le mange
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: Rhûn   Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Qui se fait brebis le loup le mange    Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 2 Fév 2021 - 17:12
La chaleur avait été écrasante.

Durant des semaines, aucune goutte de pluie n'avait frappé la région. Le Précoce Été dont parlaient les sages occidentaux ne s'était pas arrêté à de simples rumeurs. Il fut vérité implacable. La richesse avait troqué l'or pour l'eau comme valeur la plus forte et l'ombre comme une denrée chérie. Les oiseaux du printemps s'en étaient allés plus au nord, laissant le champ libre aux charognards ailés. Les bêtes, assoiffées, se rapprochèrent des villes et les ordures devinrent le paradis des rongeurs de toute taille. La bourgade perdue au milieu de la lande où s'était réfugié Druss portait déjà les stigmates de cet été beaucoup trop long.

- Hé.


Les paupières du géant étaient encore baissées ; son esprit en train de divaguer, profitant de l'un de ces rares instants de paix. Son ombre recouvrait les trois quarts de la couche où ils avaient passé la nuit. Seul un ridicule pan de drap masquait sa virilité, laissant libre la toison noire et fournie qui parsemait son torse.

- Hé ! répéta une voix féminine.
- Je t'ai payé, se contenta-t-il de répondre.

Druss sentit l'une de ses bottes percuter le matelas non loin de lui. Celle qui lui avait vendu ses services le temps d'une nuit semblait garder son caractère ardent même en dehors du lit. Il daigna enfin ouvrir un œil dans sa direction. La jeune femme était appuyée contre le mur bordant une fenêtre. Dehors, le jour était déjà bien entamé. Druss remarqua l'air étrange sur le visage de la courtisane.

- Il se passe quelque chose là-bas, dit-elle.

Il n'en fallut pas davantage pour que les sourcils broussailleux du colosse se froncent. Au même instant, des bruits de pas se firent pressants de l'autre côté de la porte. Une silhouette passa le seuil dans un fracas, la même mine creusée que Druss.


- Habille-toi, faut dégager ! Ils sont ici.

Seul un grognement lui répondit. La masse sombre de Druss s'extirpa du lit dans un sursaut. Bientôt, des cris résonnèrent à l'extérieur. On aboyait des ordres. Les chiens n'allaient pas tarder à répliquer. Leif prit place près de la fenêtre après avoir bloqué la poignée de la porte. Ses doigts tapotaient la garde de son épée avec insistance et une légère impatience.

- Les chevaux ? s'enquerra Druss.
- À l'arrière du bordel. Faut faire vite avant qu'un crétin se barre avec.
- Détends-toi, Leif.
- Je te l'ai déjà dit, on ne pourra pas leur échapper éternellement ! Surtout si on s'arrête toutes les dix lieues pour que tu sautes la première venue !
- Nan mais pour qui tu te prends, vieux schnock ! gronda la professionnelle.

Druss, enfin prêt, s'approcha de la jeune femme et lui prit la main. Une poignée de pièces de bronze tomba entre ses doigts fins tandis que ceux, gigantesques, du colosse les laissaient s'échapper une à une.

- Pour le désagrément.
- Bon, on dégage,
paniqua Leif.

Le mercenaire traversa la chambre et prit la tête. Druss attrapa sa hache avant de suivre Leif. Tous deux empruntèrent l'une des portes menant aux autres couloirs de l'établissement. Ce bordel n'était pas très grand mais à l'instar de tous les autres bordels, les voies dérobées ne manquaient pas pour échapper à une épouse ou à un mari trop curieux.
Derrière eux, le bruit d'une porte fracassée arriva jusqu'à leurs oreilles. Leurs méthodes n'avaient guère évolué depuis la dernière fois. Ils voulaient la tête du géant. À n'importe quel prix.

Le passage menant aux écuries était désert. C'était leur chance. Leif fut le premier à arriver dehors. La lueur du jour lui masqua la vue l'espace d'un instant. Druss l'anticipa, sa large main le protégeant des rayons ardents du soleil. Il découvrit alors les ombres qui leur faisaient face. Quatre silhouettes, dont l'une d'elles tenant les rênes de leurs bêtes.

- Par Melkor ! La chance est avec nous, fit l'un d'eux.

Question de point de vue.

- Voilà les deux brebis galeuses tant recherchées...
Sujet: Un lieu de rencontres
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: Vieille-Tombe   Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un lieu de rencontres    Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 14 Sep 2011 - 21:38

Le capitaine Firaz s'était de nouveau tendu suite aux paroles plus qu'étonnantes du colosse. La main resserrée autour du pommeau de sa lame, il était prêt à se défendre contre cette montagne de muscles et de graisse. À la faible lueur de la lune, l'inconnu aurait pu être confondu avec un ours ou une autre créature du même acabit. Qui était-il ? C'était la question de l'ancien capitaine qui résonnait encore entre les murs de la ruelle et à laquelle le géant ne tarda pas de donner une réponse.

"Mon nom est Druss, fils de Bress et ancien bourreau attitré d'Albyor, la Sombre. Les noms des survivants à la Bataille du Nord sont devenus plus ou moins célèbres dans le royaume. Je connais plusieurs personnes qui m'ont parlé de toi, je t'ai reconnu il y a quelques jours. Il m'a suffit de te suivre."

Le regard du colosse rencontra celui de la jeune aspirante qui avait toujours son arme en main. La jeune demoiselle ne semblait pas encore apaisée.

"N'aies aucune crainte à avoir, lui dit-il. Ma hache a suffisamment servi pour cette nuit et je ne compte pas la ressortir contre vous."

Puis se fixant à nouveau sur son vis-à-vis.

"Je sais parfaitement de quoi tu es capable, capitaine. Je suis un déserteur au même titre que toi, on pourrait même dire que je suis un traître puisque j'ai participé à l'assassinat d'un haut dignitaire d'Albyor. Tu n'es pas seul capitaine."

Vînt alors la bohémienne, remise de son altercation avec son agresseur, elle commença d'abord par remercier le colosse, non sans flatter les pupilles de Druss comme pour mieux l'amadouer. Le regard de glace du géant ne dévoila aucune bassesse ou une quelconque malice dans ses pensées. La danseuse asséna ensuite une grande gifle au Soldat vétéran qui ne vit rien venir. La femme était encore toute tremblante et le choc émotionnel qu'elle avait enduré en quelques instants la marquait encore. Druss connaissait bien cet état. La lame qui tombe, la tête qui roule, les veuves qui sanglotent. Le colosse chassa cette pensée de son esprit ténébreux.

"Ne sois pas trop dur avec lui, danseuse. Cet homme a connu l'enfer et c'est un vieux soldat usé qui a dû oublier pour un instant la galanterie. Hein, l'ami ?"

Un chuchotement arriva aux oreilles des quatre protagonistes. Il s'agissait d'un enfant. Druss, qui savait pertinemment que son physique effrayait nombre de gens, s'efforça d'avoir un visage amical et recula de deux pas comme pour éviter de faire fuir le garçonnet. Il semblait connaître la bohémienne et ils échangèrent quelques paroles mais bientôt, Druss s'adressa de nouveau à Firaz.

"Nous ne devrions pas tarder ici. On devrait trouver un endroit plus discret et plus chaud."

Puis ses yeux couleur sable scrutèrent le jeune garçon.

"Et tâchons de trouver quelque chose à manger à ce minot."
Sujet: La Cinquième Cible
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: La Ville Haute   Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Cinquième Cible    Tag druss sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 7 Juil 2010 - 20:10
Trois grands rapaces sillonaient le ciel clair en quête de viande fraîche. Formant un cercle, ils survolaient la place où un homme au visage cagoulé attendait, assis sur le billot en train de terminer un bout de pain sec. La foule s'amassait peu à peu sur les pavés brûlants sous le soleil de plomb. L'on parlait du condamné du jour. L'ancien garde du Port selon les rumeurs les plus certaines. Mais alors pourquoi un bon gars avec un métier fixe était-il devenu fou en tuant à plusieurs reprises ? Seules les autorités le savaient mais aucun communiqué à ce sujet n'avait été annoncé.

De tout cela, Druss s'en fichait complètement. Une tête de plus à trancher, se disait-il en avalant la dernière bouchée de son pain. La chaleur l'innondait comme toujours lorsqu'il montait sur cette estrade de mort. Sans ombre aucune, il devait tout préparer, tout vérifier avant l'éxécution, le soleil frappant sa peau mate. Ses bras épais dégoulinant de sueur n'attendaient qu'un ordre pour faire leur mouvement final. Ses mains rugueuses habituées à tenir fermement l'arme de mort tenaient pour l'instant une grande outre d'eau fraîche.

Et la hache. Quelle hache ! Celle de son grand-père. Bourreau lui-aussi, tout comme son père. Une besogne de famille, une besogne d'hommes forts et la famille de Druss en avait toujours dénombré plus que chez les autres. Sa famille était crainte pour cela : elle engendrait des gaillards durs au mal et dur à tuer.

L'arme de mort reposait à ses côtés, le métal reflétait l'astre solaire.

De grands cris d'exaltation se firent entendre tout à coup. Deux gardes du Palais venaient tout juste d'apparaître entourant un homme à la stature plutôt imposante. Druss se leva aussitôt, jetant son outre plus loin sans la moindre la délicatesse. Ses mains devinrent moites pour la première fois depuis qu'il faisait ce travail. Les paroles de l'homme lui revinrent en tête.

Une tête de plus à libérer... des liens le reliant à la vie ?

Le condamné approchait toujours un peu plus. Druss souleva sa lourde hache d'une main et la posa sur son épaule d'un geste vif. Le condamné, fers aux mains, monta les cinq marches le menant vers une fin sinistre. Les deux gardes n'étaient pas loin.

Druss croisa le regard du condamné, seuls les yeux du bourreau et le bas de son visage étaient visibles derrière le masque sombre.

"Veux-tu qu'on te couvre la tête ? Qu'on te libère de tes chaînes ? Une dernière volonté ?"


#Druss
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