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Sujet: Ombres et poussières
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: L'Arène   Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Ombres et poussières    Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 23 Fév 2024 - 15:55

Les portes de l'arène s'ouvrirent dans un bruit de chaîne et de bois grinçant, bientôt étouffé par les acclamations du public. Leif leva les yeux et réalisa à quel point les gradins étaient bondés. La marée humaine se mouvait comme une mer capricieuse au rythme des applaudissements et des poings levés. Tous les spectateurs semblaient en transe, exaltés qu'ils étaient par ce qui était sur le point de se jouer sous leurs yeux.

- Magnifique, n'est-ce pas ?

Leif se tourna vers l'homme assis à ses côtés.

- Pardon ?

L'homme à la chevelure argentée laissa quelques secondes avant de reprendre.

- C'est un spectacle devant lequel je ne me lasse jamais. Les hourras qui s'élèvent des gradins, le vent qui emporte le sable chaud... le sang que ce même sable boit et digère, jour après jour.

Le vétéran était comme happé par les paroles de l'homme et son flegme.

- Regarde, glissa-t-il à Leif.

Des portes béantes se révélèrent bientôt une nuée d'hommes et de femmes. Poussés vers le centre de l'arène, les gladiateurs entraient enfin en scène.

- Ton ami est là, en bas.

Le sang de Leif ne fit qu'un tour. Druss était donc bel et bien vivant.

- Vous m'avez étonné tous les deux. Je dois dire que je n'avais jamais vu quelqu'un mettre à mal mon avant-garde comme ton ami l'a fait à l'oasis.

Un flash. Leif se rappela alors les événements de l'oasis. L'embuscade. Le combat. Puis les fers et le coup sur sa vieille tête cabossée. Et Druss.

- Quatre.
- Comment ?
fit Leif encore perdu.
- C'est le nombre d'hommes que ton ami a tué ce jour-là.

Dans l'arène, les choses s'accélérèrent. Comme prévu, quatre-vingt huit âmes armées se mirent bientôt en cercle face au public, espacées de quelques pas entre elles. En tribune, un homme avec un certain embonpoint et vêtu d'une toge rouge écarlate leva les bras, invitant le public à se taire.

- Habitants de Kryam, la Belle ! Kryam, la Noire ! Bienvenue au Cercle !! Que les jeux... C O M M E N C E N T !

Une pluie d'acclamation s'éleva des gradins, faisant trembler l'édifice sous cette ferveur terrifiante.

L'homme près de Leif, après avoir laissé passer l'orage, pencha la tête vers le vétéran.

- Comme je le disais, toi et ton ami avez tué quatre des miens. Vous me devez donc quatre vies.

Leif tourna le regard vers l'homme. Celui-ci le fixait de ses yeux clairs.

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Si sa voix et ses mots étaient aussi cinglants que le vent du nord, son visage lisse et ses lèvres roses donnèrent à Leif l'impression de parler un jeune garçon. Il ne semblait guère avoir plus de vingt ans.

- Ton ami a du caractère. Une force de la nature. Sa vie en vaut bien trois. La tienne ne vaut pas plus qu'elle même. Le compte est donc correct.

Leif était complètement dépassé. Était-ce là l'effet de la poudre de Riga ou bien de ses blessures ? Ou bien était-ce cet endroit sinistre ?

- Pardon, mais j'ai peur de ne pas comprendre.

L'homme se leva brusquement et marcha jusqu'au bord de la tribune comme pour mieux contempler le spectacle. Leif, bousculé par Betel, fit de même et rejoignit le jeune homme.

- Voilà un moment que j'offre des âmes errantes à cette arène. Vous êtes les derniers que je devais offrir à Kryam. Mais vous m'avez pris de quatre des miens. Je vais donc devoir rétablir l'équilibre.

En bas, les premières lames s'entrechoquaient déjà, sous une pluie d'applaudissements.

- L'événement du Cercle est une aubaine je dois dire. Tu n'étais pas en mesure de combattre à armes égales avec les autres vu ton état, alors j'ai demandé ta grâce. Tu ne combattras pas dans l'arène.

S'il ne comprenait pas vraiment tout ce qui se jouait en cet instant, Leif sentit un poids s'envoler sous sa poitrine.

- Ton ami, en revanche, est bien un dur-à-cuire. Il n'a pas mis longtemps à se remettre. La justice divine fera donc son office avec lui, ici sur les sables de Kryam.
- Vous le libérerez s'il survit, c'est ça ?


Un silence étrange se fit. Leif déglutit.

- Je ne suis pas vraiment libre, n'est-ce pas ? Vous avez beau m'avoir épargné l'arène, je n'en suis pas libre pour autant.

L'homme esquissa un sourire sans vie avant de se tourner vers Leif.

- Tu es perspicace. Tu pourrais bel et bien m'être utile.

Puis jetant un regard en contrebas. Son regard bleu azur perça l'air, s'arrêtant sur une silhouette massive et ténébreuse dans l'arène.

- Et ton ami bien plus encore.
Sujet: Ombres et poussières
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: L'Arène   Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Ombres et poussières    Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 20 Fév 2024 - 12:27
Suite de: Manger les pissenlits par la racine

Le corps du mercenaire semblait s'être quelque peu apaisé. La poudre que Riga lui avait faite inhaler n'y était sans doute pas étrangère. Leif s'efforçait de suivre le rythme imposé par la femme qui était venue le chercher dans ce qui ressemblait fort à des catacombes.

- Par là, fit-elle avant de tourner à un croisement.

Ils avalèrent des dizaines de marches inégales avant d'atteindre la surface. Les échos de voix et autres tintements se firent de plus en plus forts à mesure qu'ils s'élevaient dans les hauteurs de la structure. L'esprit de Leif était envahi de doutes et de questions encore sans réponses. Betel l'emmenait-elle vraiment voir Druss ? Était-il seulement encore en vie ? Pouvait-il se fier aux paroles de Riga ? Qui était ce Odda et sa troupe qui les avaient coincés ? Allait-il recouvrer sa liberté un jour ?

Leif quitta ses bottes du regard et examina plus en détails celle qui lui servait de guide dans les entrailles de l'arène.


Betel était grande, bien plus grande que le vieux mercenaire. Élancée et vive dans ses mouvements, la jeune femme tenait du félin agile et toujours sur le qui-vive. Vêtue d'une armure complète aux reflets argentés, une cape blanche aux contours dorés recouvrait son dos tandis qu'une épée ouvragée tombait à son côté. Son regard était aussi acéré que celui d'un rapace et vous dévorait de l'intérieur.

Elle s'arrêta soudain devant une grille.

Leif suivit son regard et jeta un coup d'œil vers l'ouverture. Le sable et la lumière. Puis les cris d'une foule. Le contre-jour empêcha Leif de voir en détails ce qu'il se passait au dehors. Il se tourna vers Betel, semblait-il, intriguée par ce qu'elle voyait. Le visage interrogateur du mercenaire l'obligea à parler.

- Estime-toi heureux d'être de ce côté-ci de la grille, car l'enfer se trouve devant tes yeux.
- Où m'emmenez-vous ?


La jeune femme en avait à priori assez vu. Elle baissa le regard vers Leif, qu'elle dominait d'une bonne tête.

- Dans les hauteurs de l'empyrée où le commun des mortels n'a pas sa place.

Le visage de Leif blêmit. De quoi parlait-elle ? Sans un mot de plus, Betel reprit l'ascension des escaliers. En chemin, ils croisèrent quelques ouvriers de l'arène, des esclaves pour la plupart, curieux parias scrutant entre deux planches de bois le spectacle se déroulant dans l'arène. Bientôt, ils arrivèrent au dernier étage. Là où le reste des gradins de l'arène étaient de simples bancs serrés les uns contre les autres pour accueillir la foule hétéroclite, l'espace où Leif venait d'être conduit était d'un tout autre acabit.

Des sièges confortables, des tables où trônaient des hors-d'œuvre appétissants, d'innombrables serviteurs prêts à exaucer la moindre volonté de ceux pour qui cet endroit était pensé. Nobles, dignitaires, maîtres d'esclaves, invités de marque, il s'agissait là bien des puissants de Kryam, une caste très fermée. Leif baissa la tête, s'efforçant de rester le plus discret et le plus en retrait possible. Mais fort heureusement pour lui, leur arrivée n'avait, semble-t-il, attiré le regard de personne. D'un geste, Betel l'invita à la suivre. Ils se dirigèrent vers l'arrière de la grande loge, un peu plus éloigné du sable de l'arène mais aussi légèrement plus en hauteur que le reste de la loge où la plupart des puissants s'était installée.

- Assieds-toi.

Leif s'exécuta et prit place dans l'un des deux sièges encore vacants. Betel s'installa près de lui, à sa gauche. À sa droite, se trouvait un homme aux traits fins le regard fixé vers l'arène. Sa longue chevelure argentée éveilla en Leif des images perdues de sa mémoire.

Durant de longues minutes, le mercenaire garda le silence. Il n'osait rien dire ni faire. Si disparaître avait été en son pouvoir, Leif se serait empressé de le faire, tant la situation lui était inconfortable. Pourtant, ce qui était sur le point d'apparaître sous ses yeux, là, plus bas, sur le sable de Kryam allait bientôt le faire changer d'avis.
Sujet: Manger les pissenlits par la racine
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: Cité-Forteresse de Kryam   Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Manger les pissenlits par la racine    Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 16 Fév 2024 - 15:22

Kryam ?

Ce seul nom donna des frissons au mercenaire. En tant que combattant, Leif pouvait aujourd'hui se vanter d'avoir vécu suffisamment longtemps que pour voir ses cheveux grisonner. Pourtant, jamais dans sa vie il n'avait mis un pied dans cette cité. Cité qui avait plus de la prison puante que de la ville paisible. Et si Kryam était l'enfer du sud, son arène en était le joyau.

- Vous voulez dire..
- Que ta vie ne t'appartient plus,
le coupa Riga en pleine intervention.

Leif laissa sa tête s'écraser contre la table d'opération, le regard perdu sur le plafond humide et crasseux qui les surplombait. La fatigue et ses blessures avaient mis à mal sa mémoire immédiate. Comment étaient-ils arrivés là ?

Il se rappela une oasis. Des cavaliers. Des coups. Une chevelure blanche comme la nacre.

- Depuis quand est-on ici ? questionna-t-il la médecin, tentant de remettre les pièces au bon endroit.

Riga se redressa, visiblement satisfaite de son dernier coup de scalpel.

- La troupe de Odda vous a ramené il y a deux jours avec le dernier convoi. Vous êtes les derniers participants 'conviés' au Cercle. Vous êtes chanceux.

Bien évidemment, aucune part de chance ou bien était-ce plutôt de la malchance. Leif grimaça. Une vive brûlure le rappela à l'ordre sur son flanc droit.

- Où est l'homme qui était avec moi ?
- L'ours ? Ils ont déjà dû le préparer pour le Cercle. Il est arrivé dans un piteux état. Rien d'illogique, vu la dérouillée qu'il s'est prise. Mais ! Un sacré costaud malgré tout !


Riga pointa son scalpel ensanglanté vers Leif, qui l'écoutait avec attention et crainte.

- Selon le rapport des hommes de Odda, il a fallu six gaillards pour le maîtriser. Une vraie pépite. Enfin, pour ce qui l'attend du moins.

L'intervention médicale dura une bonne heure durant laquelle Leif profita pour étancher sa soif de réponses. Et Riga d'avoir le loisir d'échanger avec quelqu'un plus de trois mots. Dans cet intervalle, le mercenaire apprit que le Cercle était un événement au sein de l'arène de Kryam. Durant huit jours et huit nuits, quatre-vingt huit gladiateurs -esclaves, prisonniers et autres rebuts de la société- s'y affrontaient à mort. Et comble de la fameuse malchance, il semblait bien que Druss et Leif soient les derniers invités à la fête.

On frappa à la porte du cabinet. Riga répondit par l'affirmative, invitant le visiteur à entrer. Au premier abord, Leif eut l'impression de voir un jeune écuyer. Il n'en était rien.


Avec sa coupe de garçonne et ses traits anguleux, la jeune femme avait de quoi en surprendre plus d'un. L'épée à sa ceinture révélait également quel était son rôle.

- Betel, cela faisait longtemps.
- Bonjour Riga. Je viens le chercher.
- Je n'ai pas vraiment terminé..


Le regard de Betel ne laissa aucune place à la négociation. La médecin acquiesça non sans un soupir de dépit. Elle donna les derniers soins de manière expéditive et invita Leif à se relever.

- Bien, suis-moi, ordonna la jeune femme au mercenaire.
- Où m'emmenez-vous ?

Betel ne prit pas même la peine de se retourner et répondit à Leif tout en avançant à un rythme bien trop cadencé pour le blessé.

- Je t'emmène voir ton ami.

La suite ici: Ombres et poussières
Sujet: Manger les pissenlits par la racine
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: Cité-Forteresse de Kryam   Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Manger les pissenlits par la racine    Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 30 Nov 2023 - 17:03
Suite de : Qui se fait brebis le loup le mange



Leif ouvrit un œil. Son corps le brûlait. La faible lueur suffisait à l'éblouir. Il scruta le plafond au-dessus de sa tête. Le silence l'entourait. La peur, elle, avait décidé de s'éloigner quelque temps. Le petit guerrier tendit son bras tremblant devant son regard. Le sang séché parsemait ses doigts, au même titre que son visage et ses vêtements. Ou plutôt les haillons qui lui restaient sur la peau. Au prix d'un gros effort, il s'assit sur la planche de bois qui lui servait de couchette.

Les dernières heures n'étaient que brouillard et douleur pour le rhûnien. Il tenta de se remémorer. Une migraine frappa à la porte de son esprit blessé. La tête entre ses mains, Leif contint la douleur en fermant les yeux comme pour empêcher sa souffrance de croître. En vain. Il bloqua sa respiration avant de cracher à plein poumon, à bout de souffle. La situation avait eu raison de son flegme habituel. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas reçu pareille correction. Il repensa à son père, au tison et au visage de sa petite sœur cachée dans le placard.

- À lui, allez.

La serrure chanta et la porte de sa cellule s'ouvrit soudain. Deux ombres apparurent dans l'encadrement.

- Alors pépé, toujours pas remis ?

Les deux hommes ricanèrent avant de se saisir de Leif, sans ménagement qui n'opposa aucune résistance. On le traîna à travers des couloirs sans fin, durant de longues minutes. Bientôt, des voix se firent entendre. Le bruit du métal, ça et là. Leif se laissa porter tout le long du chemin, ses pieds râclant la terre battue, les bras ballants soutenus par les colosses lui servant d'escorte. Il sombra plusieurs fois, sous le coup de la douleur continue qui s'abattait sur son corps meurtri. Une vive brûlure au bas ventre lui rappela le coup de poing dévastateur qu'il avait encaissé quelques heures auparavant. Son foie déjà attaqué par l'alcool l'avait subi de plein fouet.

- Emmenez-le à Riga. Il a besoin d'être recousu ce machin.

Quelques minutes plus tard, Leif fut amené dans une petite pièce où l'odeur ambiante n'avait rien d'agréable pour les sens. Un faisceau de lumière émergeait d'un coin du plafond pour éclairer une table au centre de l'endroit. Ses guides le soulevèrent pour l'allonger sans retenue sur la table.

- On t'en amène un autre.
- J'espère qu'il sera moins récalcitrant.


Une femme apparut de la pénombre. Leif eut toutes les peines du monde à poser le regard sur elle. Allongé, ébloui et migraineux, ça n'était pas sa meilleure entrée en matière avec une femme. Loin de là.

- Tiens, un modèle réduit, fit-elle. Merci messieurs, je vous appelle quand j'ai fini.

Riga s'approcha de la table. Elle souleva les lambeaux de tissus ça et là pour examiner l'ampleur des dégâts.

- Ma question te semblera peut-être sarcastique mais, où as-tu mal ?

En son for intérieur, Leif avait presque envie de rire. Mais son corps tout entier lui semblait en miettes.

- Je peux... je peux vous dire où je n'ai pas mal.
- Ce sera un début, grimaça la femme. Vous êtes déjà plus loquace que le précédent. Un colosse sans cervelle, aussi poilu qu'un warg. Et aussi mauvais qu'un warg, soit dit en passant.

Druss. Impossible. Leif n'en crut pas ses oreilles. Il était donc encore en vie.

- Une vraie saloperie. Mais un sacré dur à cuire. Il risque de faire sensation ici.
- Il est en vie ?


Riga releva la tête.

- Il semblerait que vous vous soyez frottés aux mauvaises personnes. Mais oui, il est encore de ce monde. Pour l'instant. Mais si j'étais vous, je penserais à ma propre survie.

Soudain, Leif réalisa. Il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait. La seule chose dont il était certain c'est que l'endroit puait la mort et la crasse. Et au milieu de cet enfer, Riga -à travers cette bribe d'échange verbal- semblait être la seule personne le rattachant à la vie. Et à un espoir.

- Où on est ?

La femme se saisit d'un scalpel. Le regard de Leif se fixa sur l'outil.

- N'aie crainte. Tu as besoin d'être rafistolé. Et crois-moi d'ici quelques jours, tu regretteras que je ne t'ai pas égorgé avec cette lame.

Leif déglutit. Tout son corps se mit soudain à suer. La peur avait finalement décidé de revenir le visiter.

- Tu es à Kryam. Et son arène sera ta tombe.
Sujet: Qui se fait brebis le loup le mange
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: Rhûn   Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Qui se fait brebis le loup le mange    Tag leif sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 2 Fév 2021 - 17:12
La chaleur avait été écrasante.

Durant des semaines, aucune goutte de pluie n'avait frappé la région. Le Précoce Été dont parlaient les sages occidentaux ne s'était pas arrêté à de simples rumeurs. Il fut vérité implacable. La richesse avait troqué l'or pour l'eau comme valeur la plus forte et l'ombre comme une denrée chérie. Les oiseaux du printemps s'en étaient allés plus au nord, laissant le champ libre aux charognards ailés. Les bêtes, assoiffées, se rapprochèrent des villes et les ordures devinrent le paradis des rongeurs de toute taille. La bourgade perdue au milieu de la lande où s'était réfugié Druss portait déjà les stigmates de cet été beaucoup trop long.

- Hé.


Les paupières du géant étaient encore baissées ; son esprit en train de divaguer, profitant de l'un de ces rares instants de paix. Son ombre recouvrait les trois quarts de la couche où ils avaient passé la nuit. Seul un ridicule pan de drap masquait sa virilité, laissant libre la toison noire et fournie qui parsemait son torse.

- Hé ! répéta une voix féminine.
- Je t'ai payé, se contenta-t-il de répondre.

Druss sentit l'une de ses bottes percuter le matelas non loin de lui. Celle qui lui avait vendu ses services le temps d'une nuit semblait garder son caractère ardent même en dehors du lit. Il daigna enfin ouvrir un œil dans sa direction. La jeune femme était appuyée contre le mur bordant une fenêtre. Dehors, le jour était déjà bien entamé. Druss remarqua l'air étrange sur le visage de la courtisane.

- Il se passe quelque chose là-bas, dit-elle.

Il n'en fallut pas davantage pour que les sourcils broussailleux du colosse se froncent. Au même instant, des bruits de pas se firent pressants de l'autre côté de la porte. Une silhouette passa le seuil dans un fracas, la même mine creusée que Druss.


- Habille-toi, faut dégager ! Ils sont ici.

Seul un grognement lui répondit. La masse sombre de Druss s'extirpa du lit dans un sursaut. Bientôt, des cris résonnèrent à l'extérieur. On aboyait des ordres. Les chiens n'allaient pas tarder à répliquer. Leif prit place près de la fenêtre après avoir bloqué la poignée de la porte. Ses doigts tapotaient la garde de son épée avec insistance et une légère impatience.

- Les chevaux ? s'enquerra Druss.
- À l'arrière du bordel. Faut faire vite avant qu'un crétin se barre avec.
- Détends-toi, Leif.
- Je te l'ai déjà dit, on ne pourra pas leur échapper éternellement ! Surtout si on s'arrête toutes les dix lieues pour que tu sautes la première venue !
- Nan mais pour qui tu te prends, vieux schnock ! gronda la professionnelle.

Druss, enfin prêt, s'approcha de la jeune femme et lui prit la main. Une poignée de pièces de bronze tomba entre ses doigts fins tandis que ceux, gigantesques, du colosse les laissaient s'échapper une à une.

- Pour le désagrément.
- Bon, on dégage,
paniqua Leif.

Le mercenaire traversa la chambre et prit la tête. Druss attrapa sa hache avant de suivre Leif. Tous deux empruntèrent l'une des portes menant aux autres couloirs de l'établissement. Ce bordel n'était pas très grand mais à l'instar de tous les autres bordels, les voies dérobées ne manquaient pas pour échapper à une épouse ou à un mari trop curieux.
Derrière eux, le bruit d'une porte fracassée arriva jusqu'à leurs oreilles. Leurs méthodes n'avaient guère évolué depuis la dernière fois. Ils voulaient la tête du géant. À n'importe quel prix.

Le passage menant aux écuries était désert. C'était leur chance. Leif fut le premier à arriver dehors. La lueur du jour lui masqua la vue l'espace d'un instant. Druss l'anticipa, sa large main le protégeant des rayons ardents du soleil. Il découvrit alors les ombres qui leur faisaient face. Quatre silhouettes, dont l'une d'elles tenant les rênes de leurs bêtes.

- Par Melkor ! La chance est avec nous, fit l'un d'eux.

Question de point de vue.

- Voilà les deux brebis galeuses tant recherchées...
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