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Sujet: Un jour ou l'autre... tout se paie
Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag yalë sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un jour ou l'autre... tout se paie    Tag yalë sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 14 Mar 2024 - 22:27


L’elfe fit glisser la soie entre ses doigts, appréciant la texture de ce tissu gracieusement brodé plusieurs siècles auparavant. Après plusieurs longues secondes, il hocha lentement la tête d’un air satisfait : cette toge ferait l’affaire. À la fois sobre et élégante, d’un blanc immaculé simplement rehaussé de touches pourpres venant rappeler la couleur de sa maison.

Personnage influent au sein de la cité depuis la reconquête de la ville, le Seigneur Ovadiel avait acquis le prestigieux titre de Haut-Conseiller. Il avait l’oreille d’Arminas et des dirigeants les plus hauts placés ; sa parole était écoutée et respectée. Les crises les plus graves révélaient parfois des personnages dont les discours exaltés et les convictions affirmées parlaient au plus grand nombre. Ovadiel ne faisait pas partie de ceux-là; c’était au contraire son calme et sa bienfaisance. Loin de la fureur des combats, il avait joué un rôle-clef lors des négociations concernant le statut des réfugiés d’Imladris ayant fui à Gar Thulion à la suite de l’attaque de l’Ordre de la Couronne de Fer. Puis, il avait œuvré à la reconstruction tout en s’assurant que ceux qui avaient tout perdu ne manquent de rien entre les murs de Fondcombe. La dernière fois qu’il avait tiré l’épée remontait à un autre âge, il contribuait aux luttes des Premiers Nés d’une manière moins violente mais toute aussi importante.  

La voix cristalline de sa fille le tira de ses pensées.

Atarinya. Le soleil entame son ascension, le jugement ne saurait tarder…”


Le Seigneur Ovadiel se tourna vers Yalë, fièrement vêtue de son armure. Ses longs cheveux bruns descendaient en cascade derrière son dos, encadrant un visage presque centenaire mais toujours aussi doux qu’au premier jour. Comme celui de sa mère. L’elfe enfila prestement sa tunique et ajusta le diadème qu’il portrait au front.

“Le destin n’attend point pour choisir sa voie.”


D’un pas leste mais, sans effort, il quitta sa demeure qui se trouvait au pied d’un grand cyprès. Une petite silhouette familière se trouvait en bas de marches. L’Eldar écarta les bras en signe de bienvenue et sourit chaleureusement.

Sire Ionescgrin! Mae Govannen ! Votre présence emplit mon esprit d’alégresse. Le périple pour venir à nous n’est point des plus simples à faire.”

Le Semi-Homme salua le dignitaire dont il avait profité de l’hospitalité des mois plus tôt.

“Aaah ne vous-en faîtes pas. J’ai manqué de rations pour tenir le rythme des deux petits-déjeuners quotidiens sur la fin mais rien d’affolant ! Je ne pouvais me permettre de rater cela.
-Votre loyauté est une source d’inspiration pour toute âme mon cher ami. Sachez cependant que la justice des Elfes est bien différente de celle pratiquée chez les mortels. Nous ne nous perdons point en des procédures figées. Votre témoignage ne sera entendu que si le Conseil le juge utile. Une aide pour trouver le chemin de la vérité et non un droit.
-Vous dîtes que je suis peut-être venu juste pour compter des cacahuètes ?
-Précisément Sire Ionescgrin.
-Hm.”


Eugénion semblait visiblement contrarié. Tout ce voyage pour repartir le lendemain sans avoir rien fait d’autre que pester sur la nourriture qui lui avait été servie. Que de temps perdu ! Que de goûters ratés pour rien !

“Tiens ça me fait penser à une histoire…”
Finit-il par marmonner.
“Je n’en attendais pas moins de vous." Rétorqua Ovadiel avec un léger sourire en coin.

Ainsi, au côté de son compagnon qui lui contait un autre de ses apologues, le Haut-Conseiller prit la direction de la salle du Conseil d’Elrond.



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Installé dans le fauteuil qui lui était dédié, Ovadiel n’affichait plus aucun sourire. Il observait froidement l’accusée qui se tenait devant eux, au centre du cercle. Celle-là même qui avait abusée de son hospitalité pour commettre des crimes. Celle-là même qu’il avait décidé de faire entrer dans la cité contre l’avis de Serambeür. Les évènements avaient fini par prouver que le militaire avait eu raison de se méfier de cette amnésique en quête de sens.

Le Haut-Conseiller n’était point rancunier et aucun désir de vengeance ne l’animait. Seule une immense tristesse emplissait son cœur en écoutant le témoignage de Lithildren. Triste d’abord du drame que représentait la vie de cette elfe. Chaque âme qui se perdait en ces Terres Mortelles représentait une tragédie. Triste également de ce que son discours insinuait.

Aucun remords ?  Aucun regret ?

Ovadiel se redressa légèrement, indiquant qu’il voulait prendre la parole. Arminas la lui donna d’un signe discret.

“Dame Lithildren. Nul amour ne peut se com plaire de la mort d’âmes innocentes. Le dernier grand voyage vers les Terres Immortelles doit représenter la fin du parcours de chaque Eldar, toute autre issue est impardonnable. L’opportunité de tout recommencer, je vous l’ai donné, mais vous avez laissé la passion et la violence vous détourner de ce futur radieux.”

Il réajusta sa toge, visiblement déçu d’avoir à se montrer aussi critique. Après l’avoir trahi, était-ce là toute la défense qu’elle comptait leur présenter ?

“Nombreuses sont les voix appelant à la loi du talion. Réclamant votre âme pour celles que vous avez ôtées. Néanmoins, réparer un mal par un autre ne représente pas notre chemin.

Dame Lithildren, la force et la volonté qui vous animent n’ont pas été canalisées. Là est votre drame. Peut-être est-ce le rôle du Conseil aujourd’hui de s’assurer que votre passion serve la juste cause ? Si les menaces dont vous parlez sont réelles, pourquoi ne pas vous y être confrontées au lieu de vous mêler aux insignifiantes querelles des mortels ? “



#Yalë
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag yalë sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag yalë sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 28 Jan 2016 - 20:03

Eugénion marchait aussi vite que ses courtes jambes le lui permettaient à travers les longs et magnifiques couloirs de la maison de guérison. Mais pour le petit philosophe l’heure n’était point à la contemplation des ouvrages architecturaux des elfes, il essayait de faire le point sur les récents évènements et d’envisager les différentes options qui s’offriraient bientôt à lui.

Le voyage qu’il avait choisi de faire avec Lithildren depuis Edoras était terminé ; ils avait atteint Fondcombe en un seul morceau et ils se trouvaient à présent en sécurité, son amie elfe était retournée dans sa ville natale mais cette cité n’était pas celle du Semi-Homme. S’il avait décidé de rester quelques jours voire quelques semaines ici pour prendre un peu de repos et se remettre de ses émotions, il savait que tôt ou tard il devrait quitter la région pour retourner vaquer à ses occupations qui le faisaient voyager entre la Comté et les royaumes humains. Cela ne lui déplairait pas forcément de revenir à sa routine habituelle et de retrouver son logis en Comté; les elfes avaient beau lui réserver un traitement de choix ils n’en appartenaient pas moins à une culture totalement différente de la sienne et Eugénion ne semblait pas très enclin à adopter leur mode de vie . Absorbé dans ses pensées, le petit penseur ne regardait pas vraiment devant lui et , au détour d’un virage, il percuta violemment le flanc d’un homme . Un peu sonné Eugénion s’excusa à la hâte avant même de se rendre compte que la personne qu’il venait de bousculer n’était autre qu’Erennel, ce forgeron qui lui avait sauvé la vie à Bree.
A priori lui aussi n’avait pas l’intention de s’éterniser ici d’autant plus qu’Eugénion doutait fort qu’on ait réservé le même traitement de faveur à cet homme plutôt taciturne qu’au charmant Hobbit.

"Ah! Monsieur Erennel, quel heureux hasard ! Je voulais justement vous remercier à nouveau pour votre geste salvateur. Vous m’avez sauvé la vie et j’ai une dette imprescriptible à votre égard bien que je sois à peu près certain que je ne pourrai jamais vous rendre la pareille.
"

Eugénion adressa un petit sourire reconnaissant au forgeron puis les deux voyageurs se remirent à marcher dans la même direction sans réellement savoir vers où ils se dirigeaient.

"Sinon comment se passe votre journée? De mon côté à part le petit incident à cause duquel nous avons dû passer une partie de la nuit à la belle étoile , je n’ai rien à reprocher à nos hôtes du moment. Je comptes rester ici un petit moment pour me ressourcer avant de reprendre la route ; et vous qu’avez vous prévu?"

C’est en formulant cette question qu’Eugénion, de nature toujours aussi curieuse, se rendit compte qu’il ne connaissait à peu près rien à propos de son sauveur , un peu comme pour Lithildren , mais les mystères entourant le passé elfe  était plus ou moins excusés par l’amnésie de la principale intéressée.  D’où venait cet homme? Que faisait-il à Bree? Pourquoi avait il fait le choix de quitter son foyer? Quel était son métier? Était-il de ces mercenaires qui parcouraient les routes à la recherche de quelque contrat juteux ? Tant de questions qui n’attendaient que des réponses , mais si le Hobbit voulait tirer quelque chose de l’homme blond il fallait les poser assez subtilement pour pas qu’il ne sente agressé par un individu faisant la moitié de sa taille qui lui ferait subir un interrogatoire.
Pour amorcer la discussion le Semi-Homme posa une question qui était , à ses yeux, pertinente. Il ne se doutait pas qu’elle risquait de raviver de douloureux souvenir dans le coeur d’Erennel.


"J’imagine que vous allez rejoindre votre foyer, votre famille ; non?"


Le forgeron s’arrêta net et tourna la tête vers Eugénion , la question du Semi-Homme lui avait visiblement fait un certain effet qui avait l’air d’être tout sauf positif.

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Oropher riait, oui il riait même aux éclats , lui le traître qui croupissait au fond de sa geôle riait d’un rire moqueur et désinvolte.  Lithildren lui faisait subir un interrogatoire dans les règles de l’art ; et il était à peu près certain que s'il n’y avait pas des barreaux entre eux , elle l’aurait déjà pris à la gorge . L’elfe amnésique lui avait ordonné de lui révéler des noms , des lieux et toutes les autres informations liées au défunt Ordre de la Couronne de Fer; quelle naïveté…

De toute façon le renégat n’avait pas tenue à parler à elle seule et à nul autre pour avoir la même discussion qu’il aurait eu avec un officier de la cité , non cela n’aurait eu aucun sens. Si c’était elle qu’il avait choisi ce n’était pas par hasard loin de là. Son regard sombre se posa sur son interlocutrice:

“Il y  a bien des choses que tu désires savoir Lithildren Valbeön de Fondcombe mais tes requêtes trahissent ton ignorance : tu sais si peu de choses.”


Il fut à nouveau secoué par un petit rire. Oropher semblait se délecter de cette situation malgré sa position précaire.

“Tu veux des noms et des informations ; je pourrai te les donner après tout , juste pour voir ce que tu en feras. Les transmettras tu sagement aux instances de la cité en attendant que ces derniers fassent quelque chose ? Ce qui , je te l’assure , n’arrivera jamais. Ou alors iras-tu seule et héroïquement combattre  ceux que tu considères comme tes ennemis? Dans tous les cas tu risquerais d’être déçue : l’Ordre a été dissout , ses têtes ont été abattues ; leur repères principales sont vides et les anciens agents sont traqués au quatre coins du continent , la plupart ont été tués et les survivants se cachent des autorités comme ils le peuvent. Je crains bien que tu arrives après la bataille Lithildren , d’autres se sont chargés de faire le travail ; tu ne seras pas la salvatrice du monde , tu as raté le coche.”

Il parlait tout en affichant un sourire qui semblait déstabiliser la jeune elfe. Il marqua une courte pause , le temps que Lithildren assimile complètement ses dernières paroles puis il continua à répandre son venin.

“T’es tu demandée pourquoi je me suis mis à te poursuivre sans relâche alors que tu ne m’avais rien fais? Certains pensent que c’était pour tirer une rançon de ta capture , effectivement c’est ce que je dis à mes hommes pour qu’il me suive mais la réalité est bien différente. J’étais là , Lithildren Valbeön quand tu as fait le choix de quitter ta cité pour accomplir tes rêves et servir tes intérêts . J’ai vu le désespoir de ceux qui tenaient à toi et qui attendaient vainement ton retour mais jamais tu ne leur a porté de nouvelles. Et puis quelques temps après , j’ai choisi de servir mes intérêts personnels , comme tu l’avais fait. Finalement nous ne sommes pas si différents toi et moi…”

Oropher laissa cette phrase lourde de sens en suspens pendant quelques secondes .

“Et puis nous avons tout les deux plus ou moins échoués.”


Il émit un petit rire ironique.

“Regarde nos situations respectives : je croupis au fond d’une geôle tandis que toi tu as erré durant des siècles avant de revenir vers le foyer que tu avais quitté. “


Ce dialogue était quasiment à sens unique ; Lithildren était absorbée et sans aucun doute hautement perturbée par les paroles néfastes  du renégat. C’était elle qui devait mener un interrogatoire mais c’était bien le prisonnier qui donnait le rythme. Et il n’en avait pas fini .

“Tu éprouves de la haine envers ceux qui ont tués tes proches et à présent tu veux les venger mais cela ne les fera pas revenir. Lithildren, où étais tu quand ils combattus pour défendre leur cité? Étais-tu à leur côté pour sacrifier ta vie comme ils l’ont fait?  C’est à ce moment là que tu aurais pu agir.”

L’elfe qui était assis au fond de sa cellule , dans l’ombre , se leva alors et se dirigea d’un pas très lent vers l’elfe aux cheveux de jais. Il s’approcha autant qu’il le put et seule une poignée de centimètres et quelques barreaux  séparaient leurs deux visages.

“Néanmoins, je comprends tout à fait tes ressentiments : ta haine et ta quête de vengeance sont parfaitement compréhensibles. La chance que tu as c’est qu’en face de toi se trouve la personne qui pourrait t’aider à mener à bien tes projets. J’étais là quand Geraïnh s’est fait tué , je l’ai vu et je connais son assassin. Je peux même te dire qu’il est encore vivant et je sais où il se trouve et comment l’atteindre ; seule tu ne pourras pas y parvenir."


Il marqua une pause.

"Pour cela il faudra que tu sois prête à détacher tes liens avec cette cité”

En disant ces mots , il désigna du regard ses mains qui étaient menottées  , visiblement il y avait d’autres liens à libérer.

Les deux elfes s’observèrent silencieusement quand une porte, à l’étage supérieur ,  s’ouvrit à la volée et le bruit de quelqu’un qui descendait prestement des escaliers de fit entendre. Oropher reprit sa position assise au fond du cachot tout en continuant à fixer Lithildren.

Le capitaine Sereambëur entra précipitamment dans le couloir où se tenait l’elfe amnésique.

"Alors , a-t-il parlé?"
Demanda-t-il brusquement à Lithildren avec un ton abrupt qui pouvait surprendre. "Qu’a t-il dit?"

De toute évidence , l’officier de Gar Thulion n’était pas la bonne personne pour partager les paroles du renégat. Pas que le capitaine n’était pas animé de bonnes intentions mais il était trop impulsif, trop impatient et sûrement trop rigide pour vouloir comprendre la situation. De toute façon rien de ce qu’avait dit Oropher à Lithildren ne risquait de l’intéresser. L’elfe aux cheveux de jais fit donc le choix de ne rien lui révéler ou tout du moins de ne lui dire que quelques bribes d’informations mineures dont l’officier n’avait cure.

"Rien de plus? Très bien , vous pouvez partir à présent ; je vais moi même me charger de faire parler ce traître."

Ne préférant pas penser par quels moyens Serambëur s’apprêtait à faire parler le prisonnier, Lithildren se dirigea vers la sortie , non mécontente de quitter cet endroit et le regard de celui qui fut son poursuiveur quelques jours plus tôt.
Elle put entendre , avant de monter les marches qui la ramèneraient vers la surface , le capitaine poser une question au captif avant de le menacer. La voix d’Oropher s’éleva alors , calme et sereine , et de toute évidence il ne s’adressait pas à l’officier de Gar Thulion .

"Si tu veux avoir tes chances il faudra agir vite ; dès cette nuit."



Parcourue par un frisson soudain , Lithildren monta les escaliers quatre-à-quatre. Elle désirait bien sûr venger Geraïnh et ses parents mais pour ce faire elle allait devoir faire évader son ennemi; Oropher avait raison , lui seul détenait les informations nécessaires et il comptait bien tirer profit de cette situation. Le jeu en valait-il la chandelle?

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Durant l’après-midi , chacun vaqua à ses occupations ; les guérisseurs prirent à nouveau en charge Lithildren qui passa la journée au fond de son lit. Les médecins de la maison de guérison jugeait que l’escapade qu’avait faite leur patiente dans les geôles l’avait affaiblie ; il ne cessait de répéter entre eux que personne ne tenait jamais compte de leur diagnostics et de leurs prescriptions.  

Erennel de son côté , après avoir longuement échangé avec Eugénion avait aussi fait le choix d’aller se reposer un peu ; le périple l’avait considérablement fatigué même s’il avait la chance de ne déplorer aucune blessure sérieuse.
Eugénion , toujours aussi curieux , ne put s’empêcher de visiter la ville et de parler avec les habitants qui avaient un peu de temps à lui consacrer. Il s’émerveillait tantôt devant les constructions des Eldars et il déplorait tantôt la destruction massive de la ville  faite par l’Ordre quelques mois auparavant. A titre d'exemple , les écuries ancestrales de l’entrée de la ville étaient en ruines, complètement calcinés ; un bien triste spectacle.

Le soir même , ils furent invités par le seigneur Ovadiel dans sa noble demeure pour partager le repas du soir. La table avait été dressée sur une terrasse spacieuse où la vue était imprenable. Lithildren avait été installée à droite du maître des lieux ; à sa gauche se trouvait Eugénion qui commença alors à lui conter les rencontres et découvertes qu’il avait faites dans l’après midi, Erennel se trouvait à côté du Semi-Homme. Ovadiel était également entouré par sa femme , sa fille Yalë et deux de ses fils . Une chaise , à coté du forgeron , était encore vide.

On servit les premiers plats ; de toute évidence l’hospitalité était un maître mot dans la famille d’Ovadiel. Il y en avait pour tout les goûts et chacun put trouver ce qu’il lui convenait,  même des étrangers non-habitués aux pratiques culinaires de Fondcombe; Ovadiel savait recevoir. Ce dernier demanda alors à ses invités du jour :

"A présent que vous êtes en sécurité et bien traité , du moins je l’espère , entre les murs de la ville ; je me permets de vous interroger à propos des circonstances qui vous ont amenés jusqu’ici , un Semi-Homme et un humain. C’est plutôt inhabituel ; je peux comprendre le désir de Lithildren de revenir vers sa ville natale mais vous quels sont vos motivations?"

Eugénion s’empressa alors de répondre .

"Eh bien je dirai que c’est à la fois simple et compliqué à comprendre. Je vendais mes marchandises à Edoras , il y a de cela quelque temps , quand j’ai rencontré Lithildren par un heureux coup du destin. Après avoir longuement discuté ensemble elle me fit part de son projet de rallier Fondcombe , je pris alors la décision de l’accompagner. Comprenez que mon quotidien n’est pas toujours très excitant et que j’avais besoin de casser ma routine. Et puis je désirais ardemment aider mon amie à retrouver sa voie jusqu’ici. Nous avons donc voyagé sans encombres jusqu’à Bree ; nos journées étaient rythmées par nos dialogues et histoires que nous nous échangions ou plutôt que je me chargeais de lui raconter ; Lithildren n’est pas d’un naturel très bavard. Nous fîmes donc une halte à Bree mais là-bas des agresseurs nous ont tendu en piège et c’est à ce moment là qu’Erennel , qui passait par là , est intervenu pour nous sauver la vie.  Notre ami comprit alors qu’il s’était embarqué avec nous et qu’il était dans le même sac  ; il n’avait plus le choix , il devait continuer la route jusqu’à Fondcombe. Grâce à l’aide d’un des habitants du village , nous avons pu quitter Bree en un seul morceau mais nos ennemis étaient déjà à nos trousses. Après moults péripéties et miracles nous avons réussi à atteindre les ruines de Valdol et la suite de l’histoire vous la connaissez.

Je crois que c’est un résumé assez complet , me trompes-je ? "
Demanda-t-il à Lithildren et Erennel.

Fasciné par leurs aventures Ovadiel et sa famille bombardèrent le petit trio si insolite de toutes les questions possibles. C’est alors , au bout de plus de deux heures , que le dernier convive fit son apparition.

Ah Capitaine! s’écria Ovadiel en voyant arriver Serambëur. Venez vous installer je vous prie. “

Le notable lui présenta le siège vide à gauche d’Erennel. Si l’officier de Gar Thulion était réticent à l’idée de s’asseoir à côté du forgeron , il n’en laissa rien paraître. Il s’assit et commença à se servir.

“Le prisonnier a-t-il parlé?
s’enquérit Yaël auprès de son supérieur

-Non , il est assez coriace ; il ne m’a rien révélé , il ne m’a même pas adressé la parole. Mais j’ai bon espoir que cela fonctionne mieux demain.”


Les minutes continuaient à s’écouler dans cette atmosphère joyeuse et chaleureuse et où tout le monde était plus ou moins à son aise y compris Erennel qui malgré la présence de son voisin antipathique , commençait presque à trouver ce repas agréable. Seule Lithildren semblait en retrait , elle parlait peu et ne mangeait pas mais personne n’y prêta vraiment attention ; Ovadiel mettant cela sur le compte de ses traumatismes passés mais l’elfe aux cheveux de jais était tourmentée par autre chose.

Eugénion , qui se sentait comme un poisson dans l’eau se risqua même à narrer l’une des petites histoires dont il avait le secret:

Voici l’histoire d’un roi qui régnait sur son royaume depuis sa tendre enfance et le décès de son père alors qu’il était encore dans un berceau. Il n’y avait rien au monde que cet homme aimait plus que son poste de monarque  malgré les nombreuses responsabilités qui incombaient à une telle position. En bon vivant et en parfait épicurien ce souverain passait son temps à satisfaire ses plaisirs divers et variés , tous plus improbables les un des autres.
Les années passèrent avec faste pour cet homme et sa cour, le vin coulait à flots , les femmes défilaient et le trésor personnel de notre bon roi augmentait de manière proportionnel à l’appauvrissement du peuple.
Mais , après de longues décennies d’opulence , le temps commença à faire son oeuvre. Des cheveux blancs apparurent sur les tempes du potentat, des petites rides firent leur apparition au coin de ses yeux et sur son front ; il commençait à ressentir de plus en plus de fatigue , ses gestes étaient moins vigoureux et ses réflexes bien moins vifs.
Il ne cessait de faire appel à ses médecins , jour après jour , qui lui diagnostiquaient sans cesse de nouveaux problèmes de santé ; une santé qui commençait sérieusement à se dégrader. En plus de ses membres qui rouillaient , il était régulièrement secoué par une fort toux et des maux d’estomac gênait considérablement le bon déroulé de ses nombreuses digestions. Bref cela n’allait pas très fort.
Un jour , alors qu’il était installé sur son trône pour entendre les requêtes des gens du peuple pendant un de ces événements mensuels où le contact entre la population et leur dirigeant devait devenir effectif selon les ministres malgré les profondes réticences du roi, un vieil homme entra dans le palais. Il avait des cheveux gris en bataille et une longue barbe miteuse cachait le bas de son visage émacié.

-Que désires tu vieil homme?questionna le Roi.

L’étranger leva alors  un doigt accusateur en direction du monarque qui se raidit sur son siège, se sentant comme agressé par ce simple geste.

-Vous! Majesté! Ne croyez pas que vos médecins vous seront utiles; avec leurs piètres remèdes ils ne font que fuir la vérité!

-Et quelle est donc cette vérité dont tu parles ? Fit le roi de plus en plus circonspect face à ce visiteur pour le moins inhabituel .

Le vieil lâcha un éclat de rire avant de répondre à la question de son roi :
-Mais Majesté, la raison de vos maux , le fléau qui vous frappe ; il ne s’agit pas d’une maladie quelconque ou autre menace physique , non celle qui vous affaiblit jour après jour n’est autre que la Mort en personne!Le temps fait son effet , la Nature reprend ses droits et vous ne pourrez y échapper.

Le visage du souverain se mit alors à pâlir brusquement alors qu’il ordonna d’une voix qui se voulait sereine mais qui ne le paraissait pas du tout , de faire sortir cet énergumène de son palais.

Les propos de ce mystérieux vieillard troublèrent le roi au plus haut point. Ainsi c’était la mort qui le guettait...A la simple évocation de cette idée, il fut parcouru par un frisson : c’était impossible , il ne pouvait pas mourir , pas lui ; la Mort ne pouvait pas avoir raison de lui , de son pouvoir.  Ce n’était pas une fatalité mais le plus grand des combats , un simple rapport de force.
Les maladies menaçaient sa santé , il fallait donc faire en sorte qu’elles deviennent inoffensives pour lui. Il se mit donc à investir de manière tout simplement stratosphérique dans la recherche médicale; tous les scientifiques du royaume se mirent à produire une multitude de remèdes pour immuniser le Roi contre tous les maux possibles et imaginables. L’audacieux projet du roi paya et au bout de quelques années , il n’y avait quasiment aucune maladie qui pouvait affaiblir un seigneur plus en forme que jamais.

Mais un jour , alors qu’il ne l’avait plus revu depuis leur première entrevue , le vieil homme qui avait annoncé sa mort revint parler au Roi. Le pauvre vagabond avait réussi à rentrer malgré la présence de la garde par on ne savait vraiment quel miracle ; mais à vrai dire , à ce moment là , l’entourage du roi qui était attablé avec ce dernier se souciait plus de savoir ce que ce vieillard allait bien pouvoir dire .

-Vous jouez à  un jeu dangereux Majesté! Nul ne peut réchapper à sa fatale destinée et si les maladies ne pourront pas vous emporter alors autre chose s’en chargera. Qui sait ? Après tout vous avez tant de rivaux ; un petit peu de poison dans une assiette et le tour est joué.

Profondément agacé mais à la fois encore troublé ; le roi chassa ce galvaudeur avant de prendre la décision de faire vérifier tous les aliments qu’il consommait par des spécialistes. Ainsi nul poison ne put entrer dans sa bouche.

Mais quelques jours plus tard le vieillard reparut, toujours aussi déterminé à proclamer le décès prochain du monarque.

-Le poison ne vous touchera peut être pas mais vos nombreux ennemis aux frontières finiront par avoir raison de vous.

Irrité mais à nouveau troublé , le roi fit tout d’abord enfermer cet homme si provocateur , il avait compris qu’en écoutant ses paroles il saurait quels chemins prendre pour accéder à l’immortalité et  l’éternité.
Après cela il fit lever une immense armée qu’il équipa des meilleures armes possibles et il partit en guerre contre tous les royaumes voisins qui furent écrasés les uns après les autres. En l’espace de quelques moi le Roi était devenu le seigneur omnipotent de la région entière et il n’avait pas à s’inquiéter de potentielles attaques extérieures.

C’est alors que depuis le fond de la cellule , la voix du vieillard retentit encore et secoua à nouveau tout le palais.

“Mort au rat! Mort au rat! Mort au rat! Mort au roi!” se mit-il à crier pendant plusieurs heures.

L’évidence frappa alors le roi ; la population de rats dans le royaume ne cessaient de croître et les rongeurs amenaient avec eux toutes sortes de maux , en particulier la peste qui risquait de décimer son territoire et peut-être même l’affecter lui.
Il lança donc une grande campagne de dératisation du territoire et grâce au prodigieux et harmonieux travail de plusieurs flûtistes spécialisés , les rats furent tous noyés dans le fleuve. Il n’y avait plus rien à craindre d’eux .

Mais le pauvre hère , qui croupissait encore dans les cachots , n’avait pas dit son dernier mot loin de là. Alors que la nuit venait de tomber et que le calme régnait , il se mit à hurler

-Vous pensez avoir éliminé la totalité de vos ennemis mais vous vous fourvoyez! Les hommes les plus dangereux se trouvent à l’intérieur de vos frontières! Ils auront votre tête et le cours naturel des choses pourra reprendre la place qui lui est dûe.

Le Roi avait toujours conscience de la pertinence des paroles de son captif même si  en d’autres circonstances il l’aurait probablement fait exécuter de manière sommaire.
Là encore le vieil homme visait juste et il fallait agir vite , très vite. Il fit arrêter et tua tous ses opposants politiques et il renforça considérablement sa sécurité personnelle. Il était toujours entouré de plusieurs gardes de confiance et il se fit fabriquer une cotte de maille indestructible qu’il portait en permanence pour se prémunir contre toute attaque.

Les années continuèrent à s’écouler mais elles ne semblaient avoir aucune emprise sur le Roi qui continuaient à gouverner le royaume comme il l’avait toujours fait. En effet ses chercheurs avaient mis au point une lotion qui stoppait le vieillissement de son corps. Un soir il descendit fièrement dans les prisons du palais ; il semblait satisfait de sa victoire contre la Mort et il comptait bien partager ce sentiment de puissance et d’invincibilité à son pauvre captif qui paraissait de plus en plus rachitique à mesure que les jours passaient.

-Alors vieillard ! Regarde moi ! J’ai gagné , tes prédictions se sont révélées fausses ; aujourd’hui j’ai atteint l’immortalité et la Mort ne peut m’atteindre. Je suis insensible aux maladies , aucun ennemi ne peut m’atteindre et dorénavant je peux même te dire que le vieillissement ne peut plus m’affecter. Je suis immortel! Le comprend-tu?

Le vieillard fut alors pris d’incontrôlables tremblements ; il s’assit sur le sol et balbutia :

-C’est impossible...ça ne peut pas...non !Non! Non!

Le monarque avait convaincu le vieil homme de sa victoire sur la Mort et les convictions du pauvre hère s’écroulait comme un château de cartes. Une création de la Nature pouvait donc outrepasser les lois qui la régissait pour toucher l’immortalité.

Non mécontent de son incroyable succès , le roi annonça publiquement son immortalité qui fit grand bruit. Ainsi le Roi était appelé à régner jusqu’à la nuit des temps et peut-être même au-delà; mais cela ne pouvait bien sûr pas être au goût de tout le monde.

Une nuit , le fils aîné du roi et héritier du trône égorgea son invincible père durant son sommeil. Le lendemain on proclama la mort du roi immortel et le couronnement du dauphin; le royaume fut alors plongé dans l’incompréhension la plus totale sauf au fond d’une geôle insalubre où un vieillard captif avait entendu les échos de cette nouvelle. L’homme affichait un large sourire : le rat avait voulu jouer avec la Mort mais , comme toujours , celle-ci avait fini par remporter cette lutte trop déséquilibrée pour connaître une issue différente.



La fin du récit d’Eugénion fut suivi par quelques secondes de silence avant qu’Ovadiel se mit à applaudir.


-Fantastique Maître Ionescgrin!
S’enthousiasma-t-il. Ainsi les gens de la Comté n’ont pas perdu leurs talents de conteurs. Qu’en pensez vous? demanda-t-il aux invités.

Mais autour de la table il y avait une convive qui semblait avoir l’esprit occupé par d’autres préoccupations bien plus pressantes.

#Ovadiel #Oropher #Serambeür #Yalë
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
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Rechercher dans: Fondcombe   Tag yalë sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag yalë sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 14 Déc 2015 - 12:14



Ils arrivèrent bientôt à l’entrée de la cité millénaire , Eugénion observa les lieux avec un regard curieux . Les contes et les histoires que l’on racontaient en Comté parlaient de Fondcombe comme une cité splendide qui n’avait pas son pareil sur toutes les Terres du  Millieu ; il était vrai que le cadre était réellement splendide.  Fondcombe avait été construite au fond d’une grande vallée sur les flancs d’une grande falaise d’où s’écoulaient de multiples cascades d’eau qui émettaient un bruit harmonieux.  Mais de toute évidence la ville avait perdu de sa superbe ; de nombreux bâtiments étaient détruits et ceux qui étaient à peu près intact semblaient avoir perdu de leur éclat , tout paraissait un peu gris , morose comme si la cité faisait encore le deuil des victimes assassinées en son  sein. Le bain de sang et les profanations qui s’y étaient produits avaient marqués chacune des pierres et des dalles de manière indélébile.
Alors qu’ils allaient franchir le portail pour passer sur le pont , le capitaine Serambeür se tourna en direction d’Erennel et d’Eugénion tout en s’adressant à ces hommes.

-Je refuse que ces personnes entrent dans la cité avant que nous en sachions plus à leur sujet. Qu’il passe la nuit à l’extérieur , nous aviserons sur leur cas plus tard.


A priori il n’y avait pas que la magnificence de la ville qui avait été mise à mal ; l’hospitalité légendaire des elfes semblait elle aussi perdue. Depuis quand laissait-on de pauvres voyageurs épuisés devant la porte d’une cité ? Eugénion aurait pu protester et entamer de longues discussions pour pouvoir rentrer mais après un court instant de réflexion le Semi-Homme en vint à la conclusion qu’il ne valait mieux pas froisser l’officier elfe qui semblait peu commode.  

La jeune elfe nommée Yalë qui s’était souciée de l’état de Lithildren quelques minutes plus tôt s’avança alors vers Erennel et lui tendit discrètement une outre d’eau ainsi qu’un paquet rempli de biscuits blanchâtres.

-Ce sont des lembas , cela devrait vous permettre de tenir un petit moment . Je vais faire tout mon possible pour vous faire entrer au plus vite mais je ne peux rien vous garantir.

Eugénion remercia Yalë tandis que le reste de la troupe entrait dans la cité.


-Yalë !
ordonna Serambëur . Amène la blessée aux soins et vous envoyez ce renégat au cachot.

Alors que l’on amenait Oropher en cellule , Yalë fit partir sa monture au triple galop jusqu’à la maison de guérison . Elle la porta au plus vite dans un lit où plusieurs guérisseurs s’attelèrent directement à la tâche. Ils commencèrent par repérer l’endroit où la fléchette de Norfal l’avait atteinte puis ils nettoyèrent sommairement la plaie. Ils appliquèrent divers plantes et remèdes et prononcèrent quelques incantations curatives.  La drogue fut rapidement extraite de l’organisme de Lithildren mais l’elfe souffrait d’un autre mal, beaucoup plus profond et dangereux.

De leur côté Eugénion et Erennel s’était installé aussi confortablement qu’ils le purent, à même le sol et ils grignotaient quelques lembas tout en tremblotant légèrement , leurs tentatives successives pour faire un feu avaient toutes échouées  et un vent frais balayait la vallée alors qu’au loin le soleil commençait à tirer sa révérence.

-C’es marrant ça me fait penser à une histoire tout ça
, fit alors Eugénion

Voici ici  l’histoire d’un jeune barde
Dont la voix et les chants en repoussaient plus d’un .
Lui se voyait  tel un chantre d’avant-garde
Mais en fait son timbre était surtout très craint.

Comprenant cela,  notre fier et bon aède
Se mit en tête d’y remédier prestement
Il se mit donc en quête d’un vrai  remède
En allant voir les Notes pour un médicament.

Ainsi il commença son périple chez le Do
Il frappa  à la porte avec vigueur
Le Do ouvrit et montra ses longs et grands crocs
Sans dire un mot le barde s’enfuit par grande peur.

Notre pauvre hère alla donc chez le Ré
Peut-être aurait il plus de chances.
En voyant  ce ménestrel si déprecié
Ré ferma net l’entrée de sa résidence

Le rhapsode ne perdit pas pourtant espoir
Il se rendit chez le vaniteux et fier Mi
Cette note était encore en peignoir
Et ne daigna pas ouvrir au pauvre banni .

Ce rejet vil et brutal fut systématique
Du Fa au Si en passant par le Fa et le La
Dans les lieux musicaux il était un hic
Voilà qu’il se retrouvait dans de si beaux draps

Se laissa-t-il pour autant sombrer et couler ?
Non , non , bien au contraire , il persévéra
Et se dit avec sagesse et maturité
« A priori nulle note ne veut de moi,

Qu’à cela n’en tienne , je n’ai pas besoin d’elles
J’ouvrirai mon propre domaine musical
Où l’entrée ne sera pas aussi formelle
Et où l’atmosphère sera convivial "

Bien vite sa demeure connut le succès
Les aspirants bardes et chantres  s’y pressaient
Ainsi avec force, valeur et volonté
Le barde a pu enfin faire ce dont il rêvait
Jouer de la musique comme il l’entendait
Sans qu’on puisse le juger ou le dénigrer


Après avoir fini son histoire , Eugénion s’allongea à même le sol et se laissa peu à peu porter par le sommeil pour une nuit qui s’annonçait longue et qui pourtant ne le fut pas du tout.
Le forgeron et le Semi-hommes , complètement épuisés , dormaient à poings fermés et ne purent donc pas remarquer la fine  silhouette qui se filait silencieusement  vers eux. Pour leur signaler sa présence , Yalë n’eut d’autre choix que de secouer vigoureusement l’épaule de l’homme blond qui sortit alors de sa torpeur .

-Réveillez vite votre ami
.lui souffla alors la jeune elfe .

Une simple tape au niveau de l’abdomen d’Eugénion suffit à réveiller ce dernier qui adressa d’abord un regard réprobateur à Erennel . Quell impolitesse ! Réveiller quelqu’un  de manière si violente  devrait être répréhensible ; ce fut seulement au bout de  quelques seconde qu’il remarqua la présence de Yalë ; il l’interrogea alors du regard.

-Vous pouvez rentrer dans la cité , mais faites vite je vous en prie.


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Les deux voyageurs ne se firent pas prier une seconde de plus et ils s’empressèrent de remballer les paquetages qui leur restaient avant d’emboîter le pas à leur salvatrice qui pénétrait dans Fondcombe. La ville était bien silencieuse à cette heure-ci et peut-être même encore un brin inquiétante à cause de ses bâtiments encore délabrés et mal éclairés ; les travaux de rénovation avaient peut-être commencé mais ils étaient loin d’être fini.
Ils marchèrent ainsi dans l’obscurité durant de longues minutes jusqu’à une grande demeure dans laquelle Yalë entra en invitant les étrangers à l’imiter. Ils montèrent silencieusement au dernier étage ou la jeune elfe leur désigna une porte du doigt .

-C’est votre chambre , vous y trouverez deux lits ; nous nous reverrons demain .

Elle redescendit alors sans une explications de plus sous les yeux incrédules d’un Eugénion qui voulait tout de même bien savoir ce qu’il venait de se passer et pourquoi on s’était brutalement décidé à les accueillir juste après de les avoir laissé dormir à la belle étoile . Oui il voulait savoir , mais il ne voulait sûrement pas assez savoir pour passer outre ses besoins primordiaux ; à savoir rattraper son retard de sommeil. Il fusa aussi vite que ses courtes jambes et son état actuel de fatigue le lui permettaient  jusqu’à son lit où il s’endormit à nouveau , cette fois jusqu’au matin.

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-Soldat ! Vous m’avez formellement désobéi ! Je leur avais interdit l’entrée dans la cité !
-Mon capi…
-Je ne veux pas d’explications ni d’excuses .


Le forgeron et le Hobbit furent réveillés par des éclats de voix venant du rez-de-chaussée mais qui semblait progressivement se rapprocher. Les deux « invités » échangèrent un regard quelque peu inquiet , qu’est ce que pouvait encore leur réserver la suite des événements ?

La porte s’ouvrit alors à la volée laissant apparaître le capitaine Serambëur visiblement très mécontent suivie d’une Yalë quelque peu confuse . En entrant dans la pièce Serambëur jaugea les visiteurs avec un regard méfiant et suspicieux comme il l’avait fait dans les ruines de Valdol ; même dans sa colère l’elfe n’avait rien perdu de sa prestance. Il se tourna alors vers Yalë

-Qui êtes vous pour contrevenir à mes ordres jeune insolente ? Qui vous a permis de faire entrer ces gens ?

-C’est moi qui les ai fait entrer capitaine
. fit alors une voix derrière eux .

Serambëur fit volte-face et se retrouva nez-à-nez avec un elfe de grande taille aux longs cheveux blancs et au visage paisible. Il était bien compliqué d’estimer l’âge d’un Eldar m ais il était assurément d’un âge vénérable. Il était vêtu d’une longue toge ivoire qui lui donnaient une contenance  certaine.

-Cela vous dérange-t-il vraiment outre mesure ?
renchérit alors le nouveau-venu.
- Non seigneur Ovadiel , j’ignorai que c’était vous qui aviez pris cette décision . répondit l’officier qui semblait très embarrassé et contrarié. Je vous présente tout mes excuses.

Serambëur courba très légèrement la tête avant de quitter la pièce d’un pas précipité.  Eugénion , dont l’excitation avait fini par prendre le dessus sur son appréhension , ne put s’empêcher d’interroger leurs hôtes .

-Alors c’est vous qui nous avez ouvert les portes de la cité ?


Visiblement plus amusé que méfiant d’accueillir des étrangers , l’elfe émit un petit rire cristallin .

-Non maître Hobbit , ce n’est pas moi . En réalité j’ignorais même que deux voyageurs s’étaient vu refuser l’entrée de la cité. S’il y a bien une personne que vous devez remercier ici c’est ma nièce Yalë.


La guerrière qu’ils avaient croisés pour la première fois à Valdol et qui les avaient donc fait entrer malgré les ordres contraires poursuivit

-Je ne pouvais décemment pas vous laisser à l’extérieur , c’est contraire à nos valeurs. Au fait permettez moi de vous présenter mon oncle , le Seigneur Ovadiel,  un haut notable de la cité.

-Une telle position présente l’avantage de pouvoir couvrir les agissements de sa nièce. Fit Ovadiel avec un sourire , il se tourna alors vers ses invités . Vous êtes à présent en sécurité , ici dans ma demeure ainsi que dans l’ensemble de la cité, vous êtes désormais sous ma protection et si jamais quelqu’un désire porter atteinte à votre intégrité  il devra répondre de ses actes devant moi. Nous ne pouvons-nous permettre de traiter de pauvres voyageurs comme de vils espions.

.
-Le capitaine Serambëur ne vient pas d’Imladris ; c’est un elfe de Gar Thulion qui a participé à la reconquête et qui a choisi de rester ici jusqu’à ce que tout soit rentré dans l’ordre . Les elfes de cette région  n’ont pas la même vision des choses , ils vivent très reclus et sont d’un naturel assez méfiant ; peut-être est ce aussi ce qui les a préservé ; ici nous sommes tous reconnaissants envers puisque ce sont eux qui ont accueilli les réfugiés après la prise de la cité . Veuillez lui pardonner , il se montre très vigilant surtout après tout ces évènements ; néanmoins vous devez savoir que c’est un guerrier valeureux et loyal  , ne  voyez pas en lui un ennemi et tâcher de gagner sa confiance .

Pour sa part Eugénion ne savait pas vraiment s’il considérait Serambëur comme un ennemi mais ce dont il était certain c’était qu’il n’avait vraiment mais alors vraiment pas envie de croiser seul cet elfe antipathique au détour d’un couloir .

-La blessée est toujours à la maison de guérison ?
demanda alors Ovadiel à sa nièce.

-Oui, elle n’est plus en danger de mort immédiate mais elle est encore inconsciente et malade et ce malgré tout nos efforts

Le Semi-Homme mit quelques secondes pour se rendre compte qu’ils étaient en train de parler de Lithildren ; il fut soulagé d’entendre que son amie n’était plus en danger de mort mais également très inquiet de son état. Elle ne s’était toujours pas réveillée ce qui indiquait que son mal était certainement très profond si même les guérisseurs de Fondcombe ne parvenait pas à l’éradiquer.

-Mène moi jusqu’à elle .
fit le Seigneur elfe.

Le Semi-Homme bondit alors de son lit et s’exclama

-Je viens avec vous ! Je dois la voir !
-Son état n’est pas encore stable
, lui répondit Yalë d’une voix douce , il faudrait peut-être éviter qu’il y ait trop de monde à…
-Qu’il vienne
, la coupa son oncle , quelque chose me dit qu’il le mérite .

Eugénion adressa un regard reconnaissant à l’elfe avant de leur emboîter le pas , laissant ainsi Erennel seul dans cette chambre elfique. Visiblement le forgeron avait bien du mal à sortir totalement  de son état léthargique.


La maison de guérison était une merveille architecturale qui avait échappé aux destructions et saccages successifs de la cité.  La façade du bâtiment étaient composés d’arches de bois qui s’entremêlaient de manière harmonieuse laissant entre elles des espaces vides ; ainsi cet hospice n’était pas un bâtiment fermé mais plutôt une invitation à l’échange entre l’intérieur et la nature extérieure .  Ainsi , à plusieurs endroits , des troncs d’arbres se faufilaient à dans l’enceinte du bâtiment pour en ressortit plusieurs étages plus haut par une autre ouverture.  C’était un lieu calme et silencieux où tous les patients étaient traités avec la plus grande attention.
Yalë les fit monter deux étage et ils traversèrent un dédale de couloirs identiques avant de s’arrêter devant une porte en noisetier.

-C’est ici . murmura-t-elle.

Ils entrèrent discrètement et s’approchèrent de la blessée allongée sur un grand lit nappé de draps blancs qui contrastaient avec sa chevelure noir de jais. Eugénion ouvrit de grands yeux écarquillés , ce mal qui assombrissaient sa chevelure jadis si claire et brillantes s’était répandue . En tendant l’oreille on pouvait entendre ce que disait Lithildren dans son « sommeil » , rien de bien cohérent mais l’on pouvait capter ça et là quelques termes intrigants comme « poison » , « bataille » ou «  lune » . De toute évidence elle n’allait pas bien et il fallait faire quelque chose au plus vite.

-Les guérisseurs font de leur mieux mais pour l’instant ils ne peuvent garantir aucun résultat ; il est encore trop tôt. Au fait comment s’appelle-t-elle ?

Eugénion , qui était complètement dépité face à l’état de sa fidèle amie , ouvrit la bouche pour répondre à la question mais ce ne fut pas lui qui renseigna Yalë sur l’identité de la souffrante.

-Lithildren , fit le seigneur Ovadiel qui semblait interloqué , comme s’il avait face à lui un fantôme des autres temps , son nom est Lithildren .

Il s’agenouilla auprès de cette dernière et scruta tout les traits de son visage ; il y reconnaissait la jeune elfe qui avait jadis grandi  entre les murs de cette ville mais il y percevait aussi un profond changement accompagné d’une indéfinissable souffrance . Si semblable et pourtant si différente.
Le seigneur Ovadiel souffla à l’oreille de l’elfe amnésique

-Lithildren, tu es rentré maintenant , sois en paix . Reviens parmi nous , chasse les démons de tes esprits , nous en avons déjà trop perdu. Reviens Lithildren , reviens.


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Au prix de nombreux efforts , Erennel s’était enfin décidé à s’extirper de son lit. Il n’était pas rééllement fatigué mais la perspective de devoir éoluer dans une cité où n’habitaient que des elfes et où tout respirait la culture elfique n’enchantait guère le forgeron blond qui voyait bien en là une excuse pour repousser le moment où il se lèverait.  Il se rendit finalement à l’évidence quand il constata que même ces draps sentaient la lavande . Avec un grognement il se leva et se lava sommairement le visage avant de se diriger vers la fenêtre. En contrebas  , un groupe de guerriers elfes s’entraînaient au maniement des armes.
L’agilité et la dexterité dont ils faisaient preuve avaient de quoi impressionner n’importe qui y compris un Champion du Rohan ou un membre de l’Arbre Blanc , alors que dire d’un forgeron certes bon combattant mais qui était  plus habitué au marteau et l’enclume qu’à la hallebarde et la rapière.
D’ailleurs il ne pouvait pas se comparer à eux , rien que sur le plan de l’expérience ; ces elfes fréquentaient les armes depuis des siècle et chacun d’entre eux devaient avoir tués de nombreux ennemis au cours des batailles où ils prirent part. Erennel ne pouvait pas en dire autant lui qui était encore traumatisé par le seul homicide qu’il avait commis.
C’est alors qu’un voix familière s’éleva ; grâce à sa vue perçante , le capitaine Serambëur avait repéré l’humain qui les observait à la fenêtre et il le héla

-Holà ! Descendez de votre nid mon ami et venez vous mesurez à nous ; voyons si votre survie en cette terres hostiles est dû à vos compétences ou à la chance et au hasard.

L’officier elfe se savait bien supérieur au forgeron et cette invitation à un noble duel n’était certainement qu’un moyen d’humilier cet homme qui était entré dans la ville contre sa volonté .  
Ceci l’homme blond en avait conscience , mais se défiler et refuser un affrontement ne faisait pas non plus partie de ses habitudes.

#Ovadiel #Yalë #Serambeür
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