25 résultats trouvés pour Oropher

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Sujet: [Note] La Grange - Quartier général des Âmes Perdues
Learamn

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Rechercher dans: Lossarnach   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Note] La Grange - Quartier général des Âmes Perdues    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 28 Déc 2020 - 15:26
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Les Âmes Perdues: Membres connus



Ald’ar Omenuir , alias "le Bras de Fer" ou "le Glaive" :


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#Aldar

Ce guerrier d’origine Lossoth est un ancien membre de l’Ordre de la Couronne de Fer : le tristement célèbre Bras de Fer , responsable de l’incendie des écuries de Fondcombe ou du massacre de Valdol . Après la chute de l’Ordre , il s’est reconverti dans le mercenariat . Il parvint à s’enrichir considérablement lors d’une mission pour un seigneur oriental et décida d’investir sa fortune dans la création d’un groupe de mercenaires : les  Âmes Perdues. Avec ses lieutenants, il choisit d’établir leur quartier général dans la vallée de Lossarnach ,  à quelques lieux d’Arnach. Reconnaissable à sa prothèse métallique qui remplace son bras gauche perdu lors d’affrontement , Ald’ar est un guerrier émérite et experimenté , c’est aussi  un homme qui peut se montrer tantôt clément et mesuré et tantôt incroyablement violent et bestial.



Palvan Jillar, alias « La Pièce »:



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#Jillar


Cet hommes d’affaire à l’allure sèche et nerveuse à réussi le tour de force de s’enrichir de manière considérable durant le Rude Hiver en achetant des terres qui avaient perdus de la valeur à cause de la rigueur du climat avant d’en reprendre avec la fonte des neiges.  Il finance et soutient activement  les activités des  Âmes Perdues qu’il voit comme une occasion en or de gagner encore plus d’or grâce à un accord financier passé avec l’organisation. Un accord fructueux pour les deux partis qui se font mutuellement confiance.



Lagor Grethat alias " le Sabre Rouge":



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#Lagor


Ce colosse à la peau sombre  originaire d’Esgaroth est un meneur d’homme aguerri. Il est l’un des lieutenants du Bras de Fer . Généralement sa silhouette imposante réussit à elle seule à décourager les potentiels  opposants locaux à l’organisation. Lagor est un homme de terrain , efficace et expérimenté mais ce n’est ni un bon diplomate ni un stratège de talent ; les décisions qu’il prend sont souvent discutables et pas forcément judicieuses.  En s’installant  à Lossarnach , Lagor espère pouvoir retrouver un certain confort de vie et son honneur perdu lors d’une mission où il avait lamentablement échoué.

Nomuas Arnarion alias "Le Sabre Noir"

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#Nomuas


Cet elfe sylvestre a longtemps appartenu à l'armée de la Forêt Noire qu'il finit par quitter , frustré de ne pas être reconnu à sa juste valeur. Exilé durant de très nombreuses années , Nomuas s'est peu à peu émancipé et a  abandonné les traditions de son peuple comme peut l'attester son allure atypique pour un Eldar. Contacté par le Bras de Fer pour participer au projet des  Âmes Perdue , l'elfe , d'abord réticent , a fini par accepter dans l'espoir de se faire enfin un nom et une réputation à travers le monde. Ald'ar lui a d'ailleurs confié les rênes de l'antenne de son organisation à Pelargir non seulement à cause des compétences de son bras droit mais aussi pour satisfaire l'ambition débordante de l'elfe.

Palkinto alias "Le Poignard"



Née esclave dans les contrées de l'Orient, la jeune fille fut amenée au Gondor par un réseau criminel sévissant dans les bas-fonds de Minas Tirith. Elle fut finalement arrachée à ses ravisseurs par le Bras de Fer, recouvrant ainsi sa liberté. Ne parlant pas le Commun et perdu dans cette région qu'elle ne connaît pas, elle fait le choix de suivre son libérateur jusqu'à Lossarnach. Là elle est confiée à Palvan Jillar en qualité de "servante" mais la jeune femme se révèle avant tout être une formidable informatrice pour le Bras de Fer. Elle est les yeux et les oreilles d'Ald'ar dans la demeure de Jillar. Il se murmure même qu'elle aurait appris l'art du meurtre auprès de Nomuas.

Norfal




Originaire d'Arnor, cet ancien informateur de l'Ordre de la Couronne de Fer a fait longtemps profil bas suite à la mort de l'Orchâl. Il a un temps fait équipe avec l'elfe dissident #Oropher avant de refaire surface à Pelargir où ses talents d'informateur et d'espion ont tapé dans l'oeil d'un certain Nomuas Arnarion, à la tête des Âmes Perdues dans la cité portuaire.
Elsner


Membre de la Garde Royale du Rohan durant le règne de Hogorwen, Elsner a fuit son pays à la mort de son roi. Après avoir un temps séjourné à Morthond avec d'autres réfugiés rohirrim, il a ensuite longtemps erré dans les Terres Sauvages. Il finit par se faire remarquer au Harondor où il vend ses services  de mercenaire, protégeant certains seigneurs locaux de le menace grandissante de la région. Finalement, ayant entendu l'installation d'une troupe de mercenaires à Lossarnach, il rallie les Âmes Perdues pour qui il travaille désormais.

Capitaine Fandral


Jadis pirate craint et puissant, Fandral est tombé en disgrâce à Umbar avant de se faire trahir par son équipage. Déchu, Fandral fuit le Sud et le courroux des Neuf Seigneurs Pirates et rallie secrètement Pelargir dans l'espoir de  reconstuire sa vie. Après plusieurs années passées sur un chalutier de pêche, il finit par passer un accord avec Nomuas Arnarion et les Âmes Perdues. En l'échange d'un nouveau vaisseau et d'un équipage de mercenaires, il accepte de reprendre les armes pour lutter contre le blocus pirate qui accable la ville portuaire. Cette fois du côté Gondorien et à la barre du "Pourfendeur' , il compte  mener à bien sa vengeance pour se refaire un nom.
Sujet: La Demeure dans les Fondations
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Ruines d'Ost-in-Edhil   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Demeure dans les Fondations    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 30 Juil 2017 - 19:48
Spoiler:





La pensée de devoir se séparer de Lithildren, même si ce n'était que temporaire, le hantait. Objectivement, le fait qu'il dût quitter cette salle et retourner dans les souterrain baignés d'obscurité ne changeait rien à la situation de celle qu'il aimait car, il devait bien se l'avouer, même en restant dans cette salle que pourrait-il bien faire pour lui porter secours si elle venait à être malmenée ? Pas grand-chose en vérité face à tous ces hommes, sinon manifester son désaccord, se révolter et mourir à ses côtés... Oui, c'était sans doute ce qui le dérangeait dans le fait de devoir partir, il avait l'impression de l'abandonner et de prendre le risque de ne pas partager son destin, bon ou funeste. Et pourtant il n'avait guère le loisir de discuter les ordres que le chef anonyme et Jessp lui avaient donnés avec un tact de façade : accepter d'enquêter sur la chose qui rôdait dans les boyaux rocheux d'Ost-in-Edhil constituait le seul moyen de ne pas offusquer leurs ravisseurs et ainsi de rester en vie. Lui et sa belle étaient devenus les pantins de ce drôle de seigneur, bien plus encore que les gaillards qui piochaient à s'en épuiser et qui, eux, avaient sans doute accepté de venir en ce lieu.

- Ecoutez... Jessp, j'ai échappé de peu à la menace que nous allons traquer et ce n'est pas de gaieté de cœur que je retournerai là-haut dans ces tunnels, surtout en sachant que je devrai à nouveau revenir ici-bas en fin de compte, si toutefois nous échappons à la mort. Mais je vais vous accompagner et faire mon possible pour éclaircir ce mystère, je n'ai guère le choix à vrai dire.

Il regarda autour de lui pour chercher le coin le moins inconfortable pour se reposer, et se faisant il remarqua que les travailleurs avaient cessé leur besogne et s'étaient ameutés en une file approximative non loin d'une grosse marmite. Le claquement des pioches contre le roc avait cessé, voilà qui était bien appréciable. Cherchant Lithildren du regard, il la discerna enfin et vit qu'elle était en discussion avec un solide bonhomme dont il ne pouvait deviner le visage. Que se disaient-ils ? Oropher espérait simplement qu'il n'était pas en train de la houspiller parce qu'elle faisait mal le travail, ou pis encore. Tout à coup sa comparse regarda dans sa direction et leur regard se croisèrent brièvement. La distance qui les séparait l'un de l'autre n'était pas mirobolante mais empêchait néanmoins toute communication verbale, et les gardes intercalés entre eux veillaient au grain.

- Qu'est-ce que vous regardez donc ?

La voix de Jessp n'était pas spécialement agressive, mais ferme, et elle fit se retourner le renégat.

- La soupe, mentit-il. Ou tout au moins le manger, que ce soit de la soupe ou autre chose... Ma longue marche dans les tunnels m'a donné faim, j'ai le ventre aussi creux qu'un tronc d'arbre mort, à moins que ce ne soient les questionnements de votre chef qui m'aient affamé. Je peux aller chercher une écuelle ? J'ai le dos meurtri, tout le corps endolori et contusionné et une cheville en vrac... Six heures ne seront pas de trop pour me faire reprendre quelques forces, à défaut de me remettre en état, mais je dors toujours mieux le ventre plein. Et si vous pouviez me délier les mains, je ne serais pas contre.

Naturellement il ne fut pas autorisé à rejoindre la file des travailleurs et se fut Jessp qui se chargea de lui apporter sa pitance. Après quoi il coupa les cordes qui maintenaient ses poignets attachés – juste pour la nuit, dit-il – et alla lui chercher une paillasse sommaire pour atténuer les aspérités du cruel sol pierreux. Bien que de nombreuses torches furent éteintes et que la luminosité baissa, il n'y eu point d'extinction des feux. Sans doute le grand manitou voulait-il que le soleil ne se couche jamais sur son royaume afin de pouvoir garder un œil vigilant sur ses hommes, et sur ses invités elfiques. Ceux qui avaient hérité du tour de garde lorgnaient souvent en sa direction et c'est avec un certain malaise que le noldo sombra enfin dans le sommeil, longtemps après Jessp qui, contrairement à lui, n'avait ni foulure, ni grosse ecchymose, ni lacérations. Sa nuit fut agité par des rêves inquiétants mais il n'en avait plus aucun souvenir au moment où il sentit Jessp lui secouer l'épaule.

Déjà...

Tandis que les premiers coups de pioches de la journée se répercutaient en échos, Oropher et le lieutenant passèrent le seuil, celui-là-même qui donnait sur la ligne droite éclairée par les torches que l'elfe avait arpenté la veille en traînant misérablement sa congénère. Là, à l'endroit où s'était déroulée leur arrestation musclée, il balaya du regard le sol sur lequel ils marchaient mais ne trouva rien d'autre que la dalle froide et morose. Il était pourtant sûr d'avoir perdu à cet endroit les petits fragments runiques qu'il s'était efforcé d'amasser durant leur descente en enfer.

Les deux hommes s'arrêtèrent et leurs regards se croisèrent.

Peut-être l'homme avait-il remarqué une légère hésitation dans le pas ou dans l'attitude de son prisonnier... Peut-être l'elfe lui-même avait-il eu quelque soupçon, fondé ou non, sur la cause de la disparition de ses petits trésors... Toujours est-il que l'espace d'un instant, une tension naquit entre eux. C'était comme si chacun des deux savait de quoi il en retournait, sans qu'aucun n'ose aborder le sujet. Oropher n'insista pas. Il n'avait aucune preuve et, même s'il en avait eu, il n'aurait rien gagné à exposer ouvertement ses griefs, sinon de nouveaux problèmes. Il préféra repartir de son pas claudicant.

- J'imagine que je dois vous guider jusqu'à l'endroit où nous avons senti la présence de cette... menace pour la dernière fois ?

Un hochement de tête affirmatif de Jessp lui fit comprendre que c'était bien cela qu'on attendait de lui. Il frissonna. Faire tout le chemin inverse l'emplissait de crainte. Si encore c'eût été la dernière fois et que le vent frais de l'extérieur l'eût attendu au bout... mais il savait que même si tout se passait bien et si contre toute attente ils ne connaissaient pas une fin funeste, il devrait quand même rentrer avec cet homme dans les bas-fonds.

- Y a-t-il plusieurs chemins d'accès ? Vers cette partie d'Ost-in-Edhil, j'entends. Car à l'aller nous sommes tombés sur un passage écroulé et nous avons été contraints de sauter en contrebas, ce qui nous a menés jusqu'à votre installation. Mais la voie normale menait bien quelque part, j'imagine... soit au même endroit, soit ailleurs... Et si c'est au même endroit, j'aimerais autant éviter de jouer au reptile une deuxième fois. Je n'ai pas abordé les questions géographiques avec votre chef, hélas. Il n'est pas du genre très loquace quand il s'agit de fournir des explications. J'ignore encore ce que vous cherchez précisément et pourquoi, et j'ignore même d'où vous venez, qui vous êtes tous, et qui il est lui... Même pas eu le temps de discerner des initiales sur sa fichue chevalière...

Bien que ses paroles n'aient pas été criées, on sentait poindre dans le ton d'Oropher une colère qu'il ne parvenait plus à dissimuler. Il avait peur pour Lithildren, peur pour lui-même aussi, il souffrait dans sa chair et il ignorait pour combien de temps il devrait rester dans ces corridors lugubres. La seule chose qui l'empêchait de sombrer dans un désespoir total était la curiosité pour ce que pouvait cacher cette cité. Cela et la pensée de l'elfe au cheveux de jais, bien entendu.

- Je me doutais bien que vous n'alliez pas me rendre mon arme pour partir avec vous, continua-t-il, mais j'aurais aimé que vous me laissiez les mains libres. Couperez-vous au moins la corde pour me laisser une chance si nous sommes agressés ?
Sujet: La Demeure dans les Fondations
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Ruines d'Ost-in-Edhil   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Demeure dans les Fondations    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 13 Mai 2017 - 17:33


Lithildren était-elle sienne ? Il voulait se dire que oui, mais il devait bien s'avouer que la réponse n'était pas aussi tranchée et que s'il souhaitait résoudre la question avec une approche dichotomique, elle se rapprocherait plutôt du non. Depuis sa libération et le début de leur aventure, il n'avait pu s'empêcher de remarquer l'attitude ambivalente de son amie à son égard, tantôt prête à se laisser aller dans ses bras et tantôt érigeant une clôture de fils barbelés entre eux deux. Ainsi, si l'on supposait qu'un conjoint était sien lorsqu'on pouvait compter sur lui et l'avoir à portée de main en toute circonstance, elle n'était certainement pas sienne, pas dans les faits en tout cas. D'un point de vue sentimental, cela restait à voir et peut-être un jour aurait-il lui-même la réponse à cette question... Quoi qu'il en fût, le vocabulaire employé par cet homme lui déplaisait au plus au point ; on aurait dit qu'il voyait les relations amoureuses sous le prisme de la possessivité, comme si l'un des amants pouvait être la propriété, l'objet de l'autre et vice versa. Oropher préféra axer ses réponses à cet interrogatoire sur son amitié passée avec l'elfe aux cheveux de jais et sur l'aspect factuel des péripéties récentes qu'ils avaient traversées, mais on eut dit qu'à chaque fin de phrase l'individu assis sur son fauteuil le poussait, par ses regards ou par de brefs questionnements, à infléchir son récit vers les aspects qui le mettaient, lui Oropher, à mal ou l'obligeaient à se dévoiler – sur ses sentiments envers la belle ou sur ses affiliations passées.

Bientôt on les sépara l'un de l'autre et les serviteurs du chef emportèrent Lithildren à l'extrémité de la salle, lui plaçant une pioche dans les mains pour qu'elle les aide à creuser. Privé de la présence de celle qu'il aimait, Oropher maudit la corde enroulée autour de ses poignets, à cause de laquelle il n'avait pas été en mesure de la serrer très fort dans ses bras, contre son corps, pour empêcher ces hommes de l'éloigner de lui. S'il avait pu faire cela, même la force de plusieurs paires de bras aux muscles noueux n'aurait pu lui arracher Lithildren. Et au moment-même où cette image lui traversa l'esprit, il réalisa qu'il s'agissait bel et bien là de la manifestation d'un désir de possession, et la sémantique de leur geôlier lui parut tout à coup plus à-propos. Cela ne lui fit pas ressentir davantage de sympathie pour cet être étrange qui prenait un malin plaisir à jouer avec eux, et en particulier avec lui, jusqu'à transformer ses supplications en un moyen de le faire souffrir encore davantage. Car c'était bien Oropher qui avait émis l'idée, dans sa crainte qu'on ne se débarrassât d'eux, qu'ils puissent aider en participant aux travaux d'excavations ; quand il avait proposé l'idée, il n'avait pas pensé que ce travail puisse commencer sur-le-champ, et surtout qu'il puisse en être exempté. Le regret et la honte s'emparèrent de lui, s'insinuant dans son corps en tirant partie de ses faiblesses, comme une peste maligne qui aurait profité de ses plaies rouvertes et du fait qu'il se retrouve dos nu pour entrer dans son organisme. L'image de Lithildren emmenée de force, le regardant de ses yeux implorants, le hantait littéralement. Était-ce pour lui réclamer de l'aide qu'elle avait prononcé son nom, ou pour lui reprocher son idée funeste ? L'une et l'autre des hypothèses mettaient son cœur au supplice.

Seule consolation à son mal-être, l'enrôlement de Lithildren comme travailleuse lui procurait une utilité et la sauvait d'une mise à mort. À moins que dans son esprit, le vieil homme au discours laborieux voulût la tuer à la tâche...

Oropher quant à lui, était sur la sellette. Trop faible, avait dit l'autre, et si ce dernier considérait le destin des individus sous ses ordres seulement à l'aune de leur utilité, il n'allait peut-être pas tarder à réclamer qu'on lui donne sa tête. Le noldo était conscient du danger. Ce n'était pas la mort en tant que telle qui lui faisait peur, mais plutôt le fait de perdre la vie, et donc de perdre Lithildren ; aussi il chercha un moyen de prolonger son existence. Ce drôle de personnage n'avait pas perdu une miette de ce qu'ils lui avaient dit, et il écoutait avec une attention confinant à l'avidité le discours des autres, comme s'il craignait qu'une bribe de phrase pût lui filer entre les doigts, tandis que de son côté il avait semblé rechigné, jusqu'à présent, à livrer la moindre explication sur sa présence en ce lieu ou sur la raison du labeur de ses hommes. Il fallait qu'Oropher distille encore des informations bien qu'il lui en eût déjà accordé beaucoup tout à l'heure. Il fallait lui en donner assez pour le tenir en haleine, mais en garder sous le coude pour être en mesure de tenir sur la durée. Une chance, il était des points sur lesquels il ne s'était pas encore exprimé, notamment l'affaire de la créature qui intéressait, semblait-il, particulièrement leur hôte.

- Le monstre dont vont a parlé mon amie n'est pas une invention de notre part, ni un stratagème, déclara-t-il soudain comme si la question venait tout juste de lui être posée. Vous savez, il y a bien quelque chose qui rôde dans les galeries qui relient l'orifice d'entrée à la salle où nous nous trouvons à présent. Ce quelque chose grogne et bruisse, racle le sol comme s'il rampait, et il a pris conscience de notre présence. Ce doit être plus volumineux qu'un homme, ou moins leste, car nous avons pu lui échapper en suivant un tunnel très étriqué où nous avons dû avancer à plat ventre.

Il lui décrivit alors comme il le put, s'appuyant sur les repères spatiaux qui lui revenaient en mémoire, l'endroit où ils avaient commencé à sentir la présence de cette menace tapie dans l'ombre, mais en revanche ne parvint à renseigner son interlocuteur que de manière très approximative quant au moment où c'était arrivé. En vérité, il avait perdu la notion du temps dans ces cavernes sans soleil et ignorait même tout bonnement depuis combien d'heures ou de jours ils avaient quitté la compagnie de Sadron et de ses fils.

- Et mon amie dit vrai, nous ne faisons pas partie des elfes qui gardent la surface de cette cité et nous ne sommes liés à eux que par une dette qu'ils ont exigés de nous en échange de ma guérison... Je vais vous parler très honnêtement, je n'éprouve pas plus d'attachement pour eux que pour vous. Eux, tout comme vous, ont exigé de moi et mon amie de les servir pour monayer une faveur. Entrer dans les outerrains pour voir ce qui s'y passe... frapper la pierre avec une pioche pour extraire quelque richesse... ce sont là deux sortes de paiements, et il semble bien que ce soit notre lot, ces temps-ci, de payer pour notre salut. Je le conçois, j'aurais fait pareil. Tout à l'heure j'ai été pris au dépourvu, et j'ai pensé que le mieux que nous puissions vous offrir, c'étaient des bras supplémentaires pour creuser. Je me rends compte que cela, vos hommes peuvent le faire aussi...

Tout en parlant, il tourna la tête vers l'endroit où sa chère Lithildren avait commencé de trimer, pour s'assurer qu'elle ne se faisait nullement malmener par ces hommes dont il ne savait rien. Il n'avait vu que des individus de sexe masculin et une crainte terrible vint s'abattre sur lui en pensant à ce qui pourrait arriver. Mais paradoxalement, la présence de leur chef sauvait sans doute la jeune femme de ce type de sévices, car toute énergie gaspillée pour s'adonner à des appétits personnels était de l'énergie en moins pour briser la roche.

- Mais nous pouvons vous être d'une plus grande utilité. Aux trois elfes qui nous ont ordonné de leur rendre des comptes, nous pouvons donner de fausses informations, si vous le désirez... Vous n'avez qu'à me dire quels mensonges pourraient vous aider dans le conflit que vous menez contre eux, ou plutôt qu'ils mènent contre vous, et je le ferai. Et si vous pensez que la solidarité elfique me prédispose à prendre parti pour eux dans cette affaire, je vais vous prouver que non : tout à l'heure vous m'avez longtemps questionné sur ma vie avant notre départ d'Imladris, et j'ai dû avouer que j'avais fait partie de cette organisation qui s'est rendue, pendant un temps, maître de la cité nordique. J'y ai tué de nombreux elfes.

En vérité, Oropher était tiraillé entre la volonté de se sortir une bonne fois pour toute de cette affaire et de ces profondeurs, et celle de creuser le mystère de la présence de ces humains ici. Parvenir à quitter le lieu signifiait trouver la liberté ; résoudre le mystère signifiait acquérir des connaissances et, qui sait, profiter de la découverte des fameuses merveilles tant recherchées. Quelques jours plus tôt il aurait choisi la première option sans hésiter, mais maintenant qu'il se trouvait au coeur de l'ancienne cité elfique, une curieuse attirance pour ses secrets cachés s'était immiscée en lui. Présentement, il avait espoir d'avoir le beurre et l'argent de beurre : de parvenir à gagner la confiance de l'homme assis sur le trône, ou du moins à le convaincre qu'ils pouvaient lui être utile, pour que peut-être ce dernier puisse lui donner des réponses plus claires ; et préparer au mieux leur sortie, laquelle devrait se faire au moment le plus opportun. Hélas, l'homme ne semblait pas encore prêt à dispenser des informations propices à éclairer Oropher. Il faudrait y aller petit à petit...

Le traître-à-son-peuple s'était beaucoup livré dans ses longs monologues, et il espérait que son vis-à-vis saurait faire preuve de gratitude – peut-être lui accorder un tout petit rien, le dixième... non, le centième de ce qu'il venait de recevoir...

- Puis-je espérer que vous me donniez votre nom, seigneur, pour savoir qui a réussi l'exploit de mener ses hommes dans le lieu que nul homme n'a jamais atteint avant lui ?
Sujet: La Demeure dans les Fondations
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Ruines d'Ost-in-Edhil   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Demeure dans les Fondations    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 6 Avr 2017 - 21:30

L'espace d'un instant, Oropher se vit mourir. La main qui venait de se plaquer contre sa bouche, et celle qui venait de se refermer sur ses poignets, il crut tout d'abord que c'étaient celles de l'être qui les poursuivait, qui par quelque miracle ou pouvoir surnaturel se serait retrouvé à leurs côtés dans la fosse sous l'escalier. Les respirations résonnantes lui avaient semblé provenir de partout et nulle part comme si c'était Ost-in-Edhil elle-même qui gémissait sinistrement après eux. Aussi, dans sa tête, la chose qu'ils avaient entendu pouvait tout aussi bien se trouver devant eux que derrière, et aussi bien au-dessus d'eux qu'à leur étage. Il était désorienté, perdu dans ce labyrinthe qui ne leur offrait presque aucun repaire digne de ce nom. Deux pauvres elfes noyés dans un océan de ténèbres.

La voix chuchotante de Lithildren le rassura. Elle lui intimait de se taire pour ne pas donner trop d'indices à celui qui les traquait, mais elle aurait tout aussi bien pu lui dire qu'il était l'homme de sa vie et qu'elle souhaitait passer le restant de ses jours avec lui que cela ne lui aurait pas apporté une joie plus grande : ils échappaient à l'horreur pour un temps, ils étaient ensemble et ils étaient vivants. Oropher se raccrochait à ce qu'il pouvait pour conserver cette flamme qui éclairait son cœur et le poussait à aller de l'avant, alors que la flamme de la torche, elle, s'était évanouie et ne renaîtrait pas.

Le silence fut brisé encore une fois. Un crissement métallique se fit entendre, ainsi que de nouveaux râles attestant d'une respiration. Puis le silence revint. C'était venu de là-haut, de derrière, cette fois Oropher en était certain. Une personne ou une créature venait de prendre la place qu'ils occupaient un instant plus tôt, au bord de la faille. Son cœur se mit à battre à tout rompre. Mais avant même qu'il ait pu réagir, Lithildren, qui s'était bien mieux remise que lui de son saut, avait pris les devants et le guidait le long des corridors plongés dans l'obscurité. Le sens de la vue était tout bonnement inutile. Ils allaient à l'aveuglette dans la direction qui leur paraissait la meilleure, se fiant simplement au toucher pour se faire une idée de leur environnement et à l'ouïe pour vérifier que personne ne les rattrapait. Silences et bruits se succédaient, se livrant à un lugubre jeu de saute-mouton. Chaque son les renseignait plus ou moins précisément sur la nature des agissements derrière eux et laissait leur imagination faire le reste, tandis que chaque moment de silence prolongé les faisaient appréhender celui où le bruit ferait à nouveau son apparition, encore plus proche et plus oppressant, comme si la mort pouvait surgir tout à coup au milieu d'eux et les croquer.

Cependant plus leur progression se compliquait, plus ils semblaient mettre de la distance avec leur poursuivant et lui échapper, maigre consolation qui compensait à grand-peine l'angoisse de voir le souterrain se rétrécir en hauteur comme en largeur, jusqu'à ne plus être qu'un boyau où ramper sur le ventre devenait leur seule option, ce que le dos meurtri du renégat, ses ecchymoses et sa cheville défaillante transformaient en véritable supplice. Oropher éprouva une drôle de sensation... Il lui semblait que la cité de leurs ancêtres les obligeait à se faire tout petit pour pouvoir continuer leur progression, comme si elle exigeait qu'ils perdent leur vanité et réduisent leur ego pour accepter de les recevoir en son sein.

- Non... Non, non, non, non !

Les exclamations répétées de son amie tirèrent Oropher de ses pensées et lui firent même oublier momentanément sa douleur. Il n'avait jamais vu son amie dans un tel état de désarroi, et il sut bien vite que quelque chose de terrible venait de se mettre en travers de leur chemin. Il lui fallut peu de temps pour comprendre qu'un bloc de rocher leur barrait le passage et que lui-même ne serait pas en mesure d'aider Lithildren dans sa tentative désespérée d'en venir à bout. Il sentit à plusieurs reprises un rapide souffle d'air lui frôler le visage, les bottes de sa comparse manquant de lui faire goûter leurs semelles tandis qu'elle se contorsionnait pour affermir sa position et mieux déployer la force de son corps frêle.

Mais au prix d'un effort qui brûla ses dernières forces et la fit tomber inconsciente, elle réussit.

Trouver un espace moins confiné et une source de lumière était une bénédiction qu'Oropher n'eut guère le loisir d'apprécier. Avant même de se demander comment une torche pouvait avoir été allumée dans ces profondeurs coupées du monde et s'il devait s'en réjouir ou s'en alarmer, il se précipita à la hauteur de celle qu'il aimait et remarqua les légères volutes de poussière que sa respiration soulevait du sol. Elle était évanouie, mais vivante, et se trouvait momentanément à l'abri de l'angoisse et du doute, de la souffrance et du désespoir, ce qui n'était pas le cas d'Oropher. Il fit doucement glisser son corps à côté du rocher et mit l'elfe aux cheveux de jais sur le dos. Malgré l'urgence et la gravité de la situation il ne put s'empêcher de laisser très brièvement vagabonder son regard sur son haut déchiré dont les lambeaux de tissus masquaient de manière fort imparfaite le corps de la belle. La culpabilité et la honte fondirent sur lui comme un aigle aux serres déployées sur un pauvre campagnol. S'insultant intérieurement pour son manque de délicatesse et son instinct qu'il n'avait pas eut la force de maîtriser, il reporta son attention sur les yeux clos d'une Lithildren qui semblait dormir paisiblement au beau milieu de cet endroit incongru. Dans un chuchotement il l'appela par son nom, mais elle ne répondit et ne réagit point. Cette fois-ci c'est la chape de plomb de la solitude qui tomba du plafond pour l'accabler.

Oropher n'avait plus le choix. Il ne pouvait laisser son amie d'enfance ici, à la merci du monstre qui les poursuivait et qui déboucherait du tunnel s'il trouvait le moyen d'y arriver. Et même si ce n'était pas le cas, il ne pouvait tout bonnement pas continuer sans elle. De même que le renégat avait pris le risque de se faire tuer pour finalement accepter l'aide de Sadron et se faire soigner par son fils, Lithildren était à présent en position de faiblesse et la présence d'êtres vivants dans les entrailles d'Ost-in-Edhil, pour menaçante qu'elle fût, constituait un espoir. Oropher devait prendre le risque.

Rassemblant toutes ses forces, il souleva le buste de sa camarade inconsciente et fléchit le sien. À force d'efforts et nonobstant la douleur atroce qui irradiait son dos ensanglanté, il réussit à hisser son corps sur son épaule droite, mais comprit avec détresse que sa cheville ne supporterait pas ce poids supplémentaire. Avant que celle-ci ne flanche définitivement il reposa Lithildren avec autant de douceur qu'il le put. Maudit soit le destin cruel qui avait causé sa blessure et qui l'empêchait de porter celle qu'il aimait, maintenant qu'elle avait besoin de lui ! Il sentit les larmes de la colère lui monter aux yeux et frappa de son poing sur le stupide rocher qui semblait le narguer par son inutile présence. En désespoir de cause il se décida à saisir sa bien-aimée par les aisselles et à la traîner vers l'avant la mort dans l'âme, ne pouvant s'empêcher de faire le parallèle avec un vulgaire sac de patates. Cette image lui donna la nausée, mais que pouvait-il faire de mieux ? Dans sa panique il en oublia de repousser le bloc pour obturer le trou d'où ils venaient d'émerger.

Lentement, péniblement, les dents serrées, Oropher avança à reculons, essayant autant qu'il le pouvait d'ignorer le bruit désagréable que produisaient les jambes de son amie inanimée qui raclaient contre la dalle désagrégée du sol. Fort heureusement la déclivité l'aidait dans son entreprise, et bien qu'il dût prendre mille précautions pour réduire au maximum les secousses que la vétusté des couloirs rendait inévitables, il parvint à évoluer tant bien que mal. Le chemin serpentait, mais régulièrement une nouvelle torche fixée au mur flambait, tantôt sur une paroi tantôt sur l'autre, et la distance qui les séparaient les unes des autres était calculée de telle sorte que l'obscurité n'était jamais complète dans la galerie et que dès que déclinait la lumière de l'une, dès que les ténèbres étaient sur le point d'envahir le cœur d'Oropher, la suivante commençait à répandre la sienne et le poussaient à continuer encore, à atteindre ce nouveau jalon, puis le suivant et ainsi de suite.

Dieu sait combien de temps passa, car le pauvre elfe ne comptait plus en minutes, ni en heures, ni en jours, mais en fonction des forces qu'il usait et de la résistance de son corps qu'il sentait vaciller, s’amenuiser dangereusement. Il en vint même, dans le désespoir qui le gagnait, à ne plus se soucier du danger qui pouvait se trouver devant ou derrière lui, ni de son épée qui lui paraissait bien inutile dans un moment pareil. Il ne supportait plus le faible crépitement des torches qui avaient pourtant donné un coup de fouet à son moral dans un premier temps, et il aurait donné n'importe quoi pour que cesse ce morne et interminable cheminement. Même l'irruption soudaine d'un monstre sorti tout droit de l'imagination malsaine de Morgoth lui paraissait préférable à ce vide infini. Son unique source de réconfort, bizarrement, lui vint des petits fragments de pierre sculptés qu'il ne pouvait s'empêcher de ramasser lorsqu'il en voyait un, même si cela le stoppait dans sa progression et l'obligeait à allonger Lithildren au sol à chaque fois. Devenait-il fou, ou au contraire se donnait-il cette futile occupation pour éviter de sombrer dans la folie ? Lui-même n'aurait su le dire précisément...

Il arriva un moment où la fatigue et le désespoir devinrent tels qu'il se résigna à s'allonger en compagnie de celle avec qui il aurait voulu passer sa vie, pour attendre paisiblement que la mort vienne les chercher tous deux pour les réunir à jamais, si tant est que leurs fëar puissent retrouver le chemin de la sortie et ne soient pas coincées à jamais dans ce dédale, fantômes errants dans les profondeurs de la Terre du Milieu, loin de Mandos. À la prochaine torche, se dit-il, cherchant le maigre réconfort de mourir dans la lumière. Le souterrain faisait un angle droit vers la gauche, qu'il passa tant bien que mal. Oropher s'aperçut qu'aucun flambeau n'était plus fixé au mur, mais que le tunnel dans lequel il cheminait à présent était d'une rectitude parfaite, et surtout qu'il était irradié par une source de lumière intense provenant de son extrémité. Oui ! À une centaine de mètres tout au plus se dessinait le cadre d'une ouverture, rectangle aux teintes jaunes et orangées, éblouissant après la longue marche dans la demi-obscurité. Plus il avançait et plus il ressentait une chaleur apaisante envahir son corps.

Alors une étrange idée pointa dans son esprit... En réalité il venait de mourir. Ils venaient de mourir tous les deux et avançaient vers le Royaume Bienheureux où la lumière des Valar, racontaient les sages, éblouissait ceux qui n'avaient toujours connu que la grisaille de ce monde.
Sujet: La Demeure dans les Fondations
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Ruines d'Ost-in-Edhil   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Demeure dans les Fondations    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 19 Mar 2017 - 13:01

Plus ils s’enfonçaient dans les entrailles de la vieille cité et plus la panique de Lithildren déteignait sur Oropher. Voir sa belle elfe perdre sa froideur aurait dû le rendre heureux, et cela aurait été le cas en toute autre situation : il aurait alors pu profiter de ce regain d’humanité pour se rapprocher d’elle et lui avouer avec des mots simples et émanant du cœur toute la puissance des sentiments qu’il ressentait à son égard et qui étaient restés latents, attendant leur heure, depuis de trop nombreuses années. Il aurait tout simplement pu l’enlacer pour dire à quel point elle comptait pour lui. Mais cela n’était pas possible. Ils ne se trouvaient pas dans les prairies des terres sauvages, ni dans les bois de hêtres de la vallée d’Imladris. Ils ne pouvaient pas même apprécier la tranquillité temporaire de l’intérieur d’un chariot d’esclaves. Ici, le danger n’attendait pas la fin de la journée pour se manifester, il menaçait de survenir d’un instant à l’autre.

Le noldo n’avait pas vu Lithildren dans cet état depuis le début de leur voyage. Elle était fébrile, effrayée, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Et cela effrayait Oropher et le rendait fébrile en retour. Il se sentit faible et cela fit monter la colère en lui. Pourquoi était-il incapable de surmonter la situation ? Il avait connu maints dangers dans les batailles, il avait frôlé la mort de si près qu’il avait senti son souffle glacé lui souffler derrière la nuque, et pourtant sa force de volonté l’avait toujours tenu à l’écart de la peur. Alors pourquoi maintenant, par les Valar ?!

La réponse à sa question se tenait debout à côté de lui, au bord du gouffre noir qui leur barrait la route.

Cruel était le concours de circonstances qui les avait menés jusqu’à cette impasse morbide, jusqu’à ce lieu déchu que même Eru Ilúvatar avait dû oublier, lui qui a pourtant donné naissance au monde. Eä, que ces choses soient ! Ici les choses avaient été, mais elles n’étaient plus. Les bruits glauques qu’ils venaient d’entendre n’étaient peut-être que des chimères créées par leurs pauvres esprits d’elfes pour combler le vide de ce silence qu’il était trop dur d’assimiler.

Il faut trouver une solution, Oropher La voix de Lithildren le tira de ses pensées inutiles. D’habitude c’était lui l’homme pragmatique qui trouvait les solutions, qui mettait les problèmes à plat et les traitait de manière rationnelle sans se laisser emporter par ses émotions. Mais les rôles venaient de s’inverser. Il était le bambin perdu dans ses rêves que la question du maître ramène à la dure réalité. Le ton à la fois doux et apeuré de son amie d’enfance fit bondir son cœur d’un élan d’affection qu’il n’avait jamais connu encore. À cet instant, il se serait volontiers jeté tête la première dans le vide si quelqu’un avait pu lui assurer que cela ferait ressortir Lithildren vivante de cet enfer. Mais ni Eru ni les Valar, ni même probablement Morgoth n’étaient en mesure de lui signer un tel contrat, égarés et oubliés qu’ils étaient. Il n’y avait qu’eux deux et la chose qui les traquait si toutefois elle était réelle, chose qui dans l’esprit d’Oropher avait revêtu la forme d’un monstre plus hideux que les pires démons des histoires de l’ancien temps.

Un choix. Ils devaient simplement faire le choix qui leur permettrait de vivre un moment de plus, sans penser plus loin, sans même penser à l’espoir ou au désir de revoir le monde baigné de soleil.

- Attends !

Le cri d’Oropher brisa le silence avec une telle soudaineté qu’il fit vibrer leurs tympans comme un coup de tonnerre. Dans un sursaut presque automatique il s’était jeté en direction de Lithildren et lui avait saisi la main qui portait la torche. Ce brusque mouvement tira sur toutes les plaies de son dos et lui arracha un râle de douleur qu’il étouffa du mieux qu’il le put.

- Les Valar ne nous protègent pas, lança-t-il dans un chuchotement précipité. Ils ne me protègent plus et il en va de même pour ceux qui vont avec moi et qui me sont importants. Les Valar ne nous voient pas ici, et même s’ils nous voyaient ils ne nous accorderaient aucune miséricorde. Je leur ai trop déplu.

Il aurait voulu rebrousser chemin, aller dire à Sadron et ses fils de lui rouvrir ses cicatrices avec leurs lames et ainsi annuler la dette qu’il leur devait. Lithildren n’y était pour rien dans cette histoire, elle ne faisait que pâtir de son destin. Mais il savait qu’il était presque impossible de retrouver la sortie, d’autant plus que leur source de lumière se tarirait vite. La seule option était d’aller plus loin, de trouver… ce qu’il y avait à trouver. Il lâcha doucement la main de son amie et recula d’un pas en hochant doucement la tête, la bouche fermée, le regard résigné.

Et Lithildren Valbeön lâcha la torche.

Oropher compta. Un… deux…

Le bruit du bois contre la pierre résonna quelques instants avant de se résorber. Ils avaient tout juste eu le temps de voir ce qu’il y avait là en bas avant que la torche s’éteigne à cause du choc. Le traître-à-son-peuple n’eut pas le temps de réagir qu’il entendit les vêtements de Lithildren virevolter dans les airs. L’esprit plus alerte que lui, elle avait sauté pour ne pas lui laisser le temps de le faire avant. Il pria pour qu’elle ait mieux enregistré que lui la physionomie du terrain et sauta son tour, sans réfléchir aux conséquences. Dans sa chute ses pieds heurtèrent une irrégularité de la paroi, ce qui eut pour effet de l’envoyer rouler plus loin et lui évita une réception sèche. Mais en paiement de cette chance il dut y laisser un talon et peut-être même une cheville, sans parler des multiples ecchymoses qu’il glana partout sur le corps et des plus vilaines de ses cicatrices qui se rouvrirent dans son dos. Mais ses pensées étaient tournées ailleurs…

- Lith ? Lith !

Il ne pouvait la voir à cause de l’obscurité totale. Il eut tout juste la présence d’esprit de vider sa sacoche à la recherche de son briquet à amadou. Tout feu était impossible sans combustible et il le savait, mais le frottement du silex contre la pyrite permettrait de générer des flashs d’étincelles qui éclaireraient la scène de façon fulgurante. Ils verraient alors leur environnement par intermittence, comme un tableau dévoilé pendant une seconde puis replongé régulièrement dans le noir. Ils… Oropher priait pour que ce soient bien « Ils ».

- Lith !
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Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Ruines d'Ost-in-Edhil   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Demeure dans les Fondations    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 12 Nov 2016 - 21:49


Après avoir suivi les traces du chariot en sens inverse, le duo était arrivé au sommet d'une douce colline qui offrait une vue dégagée et permettait de voir loin à l'ouest. Ils avaient alors discerné les ruines dont avaient parlé les esclavagistes deux jours plus tôt et avaient tâché de s'y rendre en suivant une ligne aussi droite que le leur permettait le terrain. Ça n'avait pas été aisé car il s'agissait sans doute là de l'accès le moins évident pour atteindre l'ancienne cité des Mírdain, mais ils avaient néanmoins réussi : ils avaient atteint les ruines desquelles on disait que bien peu d'âmes jugeaient bon de s'approcher...

♦ ♦ ♦

À moitié courbé sur son cheval, Oropher tentait de garder un esprit lucide et pragmatique malgré la douleur atroce qui martyrisait son dos. Ce n'était pas chose facile, le sang s'étant remis à couler depuis quelques heures et il sentait le liquide chaud imprégner ses habits déjà bien souillés ; un sang mêlé d'humeurs jaunâtres dues à l'infection. De temps à autre le renégat agrippait sa tunique au niveau de son flan et la faisait glisser un peu, ce qui lui arrachait une grimace et un gémissement de douleur mais permettait au tissu de ne pas trop coller aux entailles. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était le silence pesant qui occupait les lieux, brisé seulement par les murmures du vent dans les aspérités des vieilles pierres et le croassement rauque et lugubres de quelque corbeau. Il n'entendait aucune voix humaine, ou elfique ou de quelque race douée de parole que ce fût et se demanda bientôt s'ils avaient fait le bon choix en venant ici. En deux jours, les individus que les esclavagistes avaient vus de loin n'étaient peut-être plus du tout dans les parages...

Il se risqua à faire part de son angoisse à Lithildren qui menait toujours le cheval par la bride. Elle avait ignoré ses paroles pendant la majeure partie du voyage, mais ils se voyaient maintenant dans l'obligation de se concerter pour prendre la meilleure décision possible.

- Lith...

Volontairement ou par habitude elle ne sembla pas l'entendre.

- Lithildren...

L'elfe à la chevelure de jais arrêta sa marche, imitée par l'équidé, et tourna légèrement la tête en sa direction comme pour tendre l'oreille. C'était plutôt bon signe à vrai dire. Oropher parla d'un voix que la douleur rendait presque éraillée par moment :

- Je commence à me demander si ce groupe de personnes n'est pas simplement né des hallucinations d'un de nos geôliers, qui aurait trop forcé sur la bouteille... Le Borgne ne les a pas vus, lui, et peut-être qu'il avait raison malgré son œil manquant. Et même si ce groupe a réellement existé, il ne sera pas resté à la même place pendant deux jours et deux nuits ! C'étaient là peut-être simplement des voyageurs égarés qui s'étaient attardés près de ces ruines par curiosité... Ou alors... ils venaient pour un but précis et sont entrés dans cette vielle cité, mais dans un endroit spécifique, caché, dans lequel nous ne pouvons les voir.

L'ex-agent de l'Ordre de la Couronne de Fer ne souhaitait pas attiser de discorde, aussi se garda-t-il bien de critiquer le choix de son amie de venir chercher de l'aide en ce lieu incongru, mais il regrettait en lui-même de ne pas avoir tenté leur chance au Pays de Dun où ils auraient à coup sûr trouvé des habitants. Cela aurait pu les mener vers une bonne ou une mauvaise fortune, mais ç'aurait été mieux que le calme plat qu'ils trouvaient là. Et pourtant il ne pouvait lui en vouloir, il lui avait clairement proposé les possibilités et lui avait laissé libre choix ; elle avait décidé de continuer la route avec lui plutôt que de le laisser à son triste sort et il lui en était reconnaissant. Reconnaissant mais malheureux car ne trouver personne ici lui promettait des jours et des jours de souffrance en l'absence de soins. Peut-être même risquait-il la septicémie si l'infection gagnait l'intérieur de son corps... Il avait trop peu de connaissance en médecine pour connaître précisément les risques et les séquelles éventuelles. Tout ce qu'il savait, c'est que le Borgne avait eu la main lourde, très lourde.

- J'espère que ma deuxième hypothèse est la bonne... Et il n'y a qu'un seul moyen de le savoir : en cherchant. Je me demande s'il vaut mieux partir chacun de notre côté pour fouiner dans ces ruines et nous retrouver ici même à une heure donnée, ou bien mener les recherches ensemble ? Mon cœur me dit clairement...

Mais Lithildren ne sut jamais ce que le cœur d'Oropher venait de lui dire de façon si claire, car ce dernier s'arrêta net au milieu de la phrase. Se tenir ainsi sur sa monture lui permettait d'avoir une vision plus haute que sa camarade et de toute évidence il venait d'apercevoir quelque chose. Les yeux plisser, il fixait un point à quelque distance derrière elle par dessus son épaule. Elle n'eut pas le temps de se retourner que des pas précipités se firent entendre. Il en arriva également de la gauche et de la droite, simultanément. En un clin d’œil trois silhouettes apparurent de nulle part. Elles arrivèrent avec une grâce et une rapidité digne des elfes, et effectivement leur allure filiforme et leur oreilles pointues confirmèrent leur nature : ils étaient bien de leur race quoique peut-être pas du même peuple. Tous trois avaient des cheveux blonds tirant légèrement sur le roux et ils étaient vêtus de différentes teintes de gris et de brun. Ils encerclèrent Oropher et Lithildren et gardant quelques mètres de distance, et les tinrent en joue avec leurs grands arcs bandés.

L'un d'eux, qui semblait plus calme et plus âgé que les deux autres, prit la parole en langue sindarine, que la majorité des elfes de la Terre du Milieu comprenaient :

- Le territoire sur lequel vous vous trouvez, vous n'avez rien à y faire. Pourquoi errez-vous dans ces ruines ? Vous ne trouverez rien là-dedans.

D'un discret signe de tête, il transmit un message tacite à ses deux semblables. Ceux-ci bandèrent leurs arcs plus que jamais. Visiblement cela ne les gênait aucunement que la question posée reste sans réponse...
Sujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]
Learamn

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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 22 Aoû 2016 - 13:21


Lithildren semblait entendre le plan d’Oropher sans l’écouter ; les mots lui parvenaient mais le sens général lui échappait. Contrairement à son acolyte elle ne s’était pas encore totalement remise du violent coup à la tempe qui l’avait assommé quelques heures plus tôt.

Elle observait avec une surprise mêlée à de l’effarement le sombre endroit dans lequel ils se trouvaient ; leurs nouveaux voisins étaient toujours plongé dans un sommeil profond  ce qui leur permettait d’échanger plus ou moins librement du moment que les esclavagistes assis devant ou chevauchant à l’extérieur n’entende rien. Comme il l’avait senti, le plan du forgeron n’avait que modérément passionné l’elfe aux cheveux de jais qui préféra aborder le sujet dont il ne voulait pas parler pour plusieurs raisons : son refus de fuir quand le bandit avait saisi Lithildren. Avait-il montré sa faiblesse à ce moment là? Le talon d’Achille que n’importe quel ennemi pouvait dorénavant exploiter à loisir? Venait-il , en l’espace de quelques secondes, de faire voler en éclats toute la carapace flegmatique qu’il avait mis des années à soigneusement construire ?

Pendant qu’il était perdu dans ses pensées, elle examina sa blessure  à la tempe et se fendit d’un commentaire qui en disait long sur la haine et la violence  qui ne cessaient de  l’habiter. Oropher esquissa un sourire :

“Je te laisserai ce privilège mais chaque chose en son temps Lith’... ne nous précipitons pas.”


Alors , au moment où il s’y attendait le moins , ce moment où ils étaient détenus par des esclavagistes dans un  chariot où  régnait une odeur putride de sueur et de moisissures , c’est à ce moment là  que Lithildren vint déposer un langoureux baiser sur les lèvres du renégat . Aucun signe annonciateur n’avait précédé cet acte soudain et inévitablement il repensa à la première et jusque là seule fois où leurs lèvres s’étaient rencontrés. C’était peu avant le départ de Lithildren, alors qu’elle était encore la fiancée de Geraïnh ; Oropher empli de rage,de  frustration et de  tristesse  l’avait embrassé sans vraiment lui demander son avis, un peu de force. Et pourtant elle n’avait pas résisté, elle ne s’était pas débattue et n’avait manifesté aucune forme de désapprobation comme si elle n’avait pas pu refuser ce baiser à celui qu’elle connaissait depuis si longtemps et qui lui avait toujours manifesté sa fidélité mais aussi peut-être son amour.

Une fois la surprise passée Oropher profita au maximum de cet instant qu’il avait tant espéré mais qui lui avait toujours paru impossible. Il y a quelques jours seulements , ils n’avaient jamais été aussi distants l’un de l’autre l’un derrière les barreaux l’autre en invité d’honneur du seigneur Ovadiel d’Imladris ; et à présent ils se retrouvaient associés dans un même objectif et renouaient avec leur lointain passé.

L’elfe félon passa une main dans les cheveux de sa partenaire avant de lui glisser de sa voix doucereuse :

“Tu me demandes pourquoi je n’ai pas fui? Tu dois déjà le savoir… Je t’ai fais une promesse Lith’ : on ira jusqu’au bout de cette quête de vengeance ensemble, le Bras de Fer succombera sous les coups de nos deux lames et alors une fois que nous aurons fini, seulement quand tout sera fait, nous pourrons songer à l’avenir et tu pourras te construire une nouvelle vie…”


Il allait rajouter “ensemble” mais se ravisa au dernier moment.

Un bruit près d’eux les alertèrent et mirent brusquement fin à leur discussion: le nain assis en face d’eux était en train de se réveiller. Les naugrim étaient robustes et pour pouvoir  maintenir ce beau spécimen endormi, ses geôliers auraient dû lui administrer une dose de drogue supérieure à celle des autres captifs. Le nain émit quelques grognement avant d’ouvrir les yeux et de découvrir devant lui ses deux nouveaux compagnons de route.

“Nom d’une fiente de Mumak ; des elfes ici! Ah! Décidément ces bâtards savent choisir leurs cibles ; avec ce qu’il y a dans ce chariot ils ont de quoi marcher sur l’or jusqu’à la fin de leur misérable vie.”

Oropher haussa un sourcil; il avait plusieurs fois fréquenté des nains notamment dans l’Ordre où ils avaient servis en nombre mais il fallait croire que l’animosité qui séparait les deux races était bien difficile à surmonter. Le renégat ne les appréciait que modérément même s’il leur reconnaissait une noblesse d’esprit et un courage qui manquait tant aux humains.

“Vous allez voir,   ici tout respire le luxe et l’opulence
, rajouta le nain un brin cynique, matelas de bois , soupe à l’eau et massages au fouet. Que du bonheur…”

Au fil des heures qui suivirent les autres détenus se réveillèrent ; d’abord les deux colosse à la peau d’ébène qui se ressemblaient tant qu’Oropher aurait mis sa main feu qu’ils s’agissaient de frères jumeaux. Malheureusement il était impossible d’en avoir la confirmation.

“ Si vous arrivez à taper le discussion avec ces deux gaillards chapeau bas. Ils ne baragouinent pas un mot de Commun à part le mot  “Merde” autant vous dire que les possibilités de dialogues restent limités.”

La jeune femme qui serait sans doute vendu pour son magnifique corps comme objet de plaisir pour son riche propriétaire s’éveilla sans bruit et sans que personne ne la remarque vraiment. Dans l’ombre des deux géants elle restait silencieuse et observait de ses grands yeux verts effrayés ce qui se passait.

A l’intérieur de la carriole , les “passagers”, privés de tout repère céleste avaient perdus toute notion du temps. La seule chose qu’ils surent c’était qu’au moment où les bandits stoppèrent le chariot pour faire une halte ; le soleil brillait de mille feux et la chaleur était étouffante.  Le borgne qui avait menacé d’égorger Lithildren ouvrit le rideau du chariot ; la lumière entra alors d’un coup à l’intérieur éblouissant sur le coup tous les détenus constamment plongés dans l’obscurité. Certains se protégèrent les yeux , le temps que ceux-ci s’habitue mais Oropher ne semblait nullement importuné.

“Allez sortez! C’est l’heure du repas!”

L’esclavagiste éclata alors d’un rire gras et moqueur. Il profitait odieusement de sa situation de supériorité et comptait bien le faire savoir. Ses acolytes le suivirent dans sa liesse.  Les captifs sortirent un à un et on les fit asseoir sous le soleil brûlant tandis que  les hors-la-loi s’étaient réfugiés à l’ombre. On leur tendit à la va vite des pots en terre cuite remplie d’une mixture qui n’avait de soupe que le nom. Le nain confia  aux deux elfes :

“Au temps pour moi , je me suis trompé. Ils ont changé les menus. Entrée: de la pisse ; Plat principal : de la pisse et Dessert : de la pisse… Bon appétit !”


Oropher approcha son visage de sa frugale portion et huma le délicieux fumet de celle-ci. Répugné sans l’avoir goûté il versa le contenu de son bol sur le sol chaud.

“Mauvaise idée Oreilles Pointues,
fit le Nain, je faisais la même chose au début mais au bout d’un moment on est prêt à manger n’importe quoi.”

Les deux géants du Sud mangeaient également tout en discutant entre eux dans leur dialecte natale ; la jeune fille elle bénéficiait d’un léger traitement de faveur avec de la nourriture qui semblait un peu plus comestible; il fallait bien entretenir ses formes pour séduire les futurs acheteurs.

“Eh la catin!”


Le borgne s’approchait de son pas balourd , un fouet à la main. L’humaine tourna la tête.

“Nan pas toi ma jolie , l’autre aux oreilles pointues!”


De son doigt crasseux il désigna Lithildren et continua à s’approcher avec un sourire mauvais.

“Pas bon signe pour ta copine mon vieux.
fit le nain qui raclait à présent le fond de sa jatte.
-Maître Nain , si à l’avenir vous gardez vos réflexions pour vous nous en serions tous ravis.” répondit Oropher d’un ton cassant.

Le borgne finit par arriver devant les deux elfes et le nain et répéta :

“Eh la catin!  Tu viens avec moi! “

Oropher réagit alors au quart de tour et se redressa d’un coup pour se placer entre le bandit et l’elfe aux cheveux de jais.

“Qu’allez vous lui faire? Elle ne va nulle part avec vous…”

Le sourire mauvais de l’homme s’élargit et ses petits yeux se mirent à briller; comme si l’opposition dont l’elfe faisait preuve l’émoustillait. Qu’il aimait calmer les ardeurs de ses nouvelles prises avant de les mater définitivement. Le nain par exemple avait aussi été un dur à cuir mais dorénavant il ne risquait plus rien de sa part.

“Quel courage…. mais quelle stupidité!”

Le vandale adressa alors un puissant coup de fouet à l’elfe qui s’écroula au sol avec un cri de douleur. Excité à l’idée de faire souffrir à nouveau, l’homme passa sa langue sur sa bouche dans un ignoble rictus.

“ICI C’EST MOI QUI DECIDE COMPRIS OREILLE POINTUES ? ET TA GOURGANDINE VA LA OU JE LE LUI ORDONNE !”

Il agrémenta ses réprimandes de plusieurs coups de fouets qui paralysèrent Oropher sur le sol ; perclu par la douleur il était à présent  incapable de faire le moindre mouvement. Qu’allait donc faire cet individu répugnant à Lith’ ? La violenter, la brimer, la violer?


Le bandit prit fermement le bras de l’elfe amnésique et la conduisit avec brutalité à l’écart du groupe puis il la jeta vers le sol avant de s’accroupir pour être à sa hauteur. Leurs deux visages étaient tout proches et Lithildren n’avait aucune porte de sortie pour échapper à l’haleine fétide de son ravisseur. Il pointa une dague sur son menton:

“Alors ma jolie? Le voyage te plaît? Je me fous de qui tu es et où tu te rendais quand on t’as capturé ; tout ce que je sais c’est le joli pactole que tu vas me rapporter. Une elfe avec ce corps ça se vend à prix d’or ; peut-être même plus cher que l’autre gigolette là.. Tu vois on va pas rester très longtemps ensemble ; juste le temps d’aller à Minas Tirith et de te vendre. Ce serait dommage de se quitter en mauvais termes non? Alors je te préviens maintenant si jamais toi ou ton copain décidez de semer le trouble dans ma cargaison je serai sans pitié.”

Il posa alors son autre main sur l’épaule de sa prisonnière et y exerça une forte pression comme s’il voulait broyer l’articulation sous ses doigts. Déjà , sous l’effet de la douleur des larmes se mirent à perler au coin des yeux de la belle.

“De plus j’ai trouvé sa faiblesse,  à ton copain. Il aurait pu se tirer ou se battre mais il s’est rendu à nous pour sauver ton scalp ; ah l’amour… qu’est ce qu’il peut pas nous faire. Le hic c’est que maintenant je sais que si je veux l’atteindre eh bien je le ferais par toi et inversement. Donc s'il commet ne serait-ce qu’un seul écart eh bien je te frapperais jusqu’au sang; et si tu en fais aussi un je l’égorgerai sans sourciller.”

Il passa un doigt sur sa gorge pour illustrer ses propos puis il relâcha Lithildren.

“J’espère que le message est passé.”


Quelques minutes  plus tard Lithildren retrouvait Oropher à l’arrière du chariot qui s’apprêtait à repartir. Le renégat lui murmura alors :

“Quoiqu’il t’ai dit ne te laisse pas impressionner. Il cherche à nous impressionner de la sorte; contentons nous de garder la tête haute et d’attendre notre heure.”

Les séquelles des plusieurs coups de fouet qu’il avait reçus empêchaient cependant l’elfe de faire le moindre geste sans être assailli par la douleur. En l’état il lui était impossible de faire quoique ce soit contre les esclavagistes ; mais ce n’était pas son plan et il espérait bien que au moment d’agir il serait prêt. Ni lui ni Lithildren n’avait bu de la soupe bourrée de drogues et somnifère contrairement aux autres qui ne tarderaient pas à s’endormir. Alors ils pourraient enfin s’exprimer librement.
Sujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 10 Aoû 2016 - 0:03

L’humeur de Lithildren était pour le moins changeante : elle était tantôt plutôt ouverte avec son compagnon de route qui pouvait enfin entrevoir une amélioration dans leur relation et tantôt elle se refermait complètement , refusant tout contact physique et verbale et rebutant un Oropher décontenancé.  Celui-ci ne pouvait pas vraiment lui en vouloir , il voyait bien qu’elle était complètement perdue , en pleine crise identitaire. Il était logique qu’on évite de chercher à savoir qui sont les autres quand on ignore sa propre personne.

Sans prendre la peine de répondre à la macabre question d’Oropher-l’avait-elle seulement entendue? - l’elfe aux cheveux de jais avaient violemment jeté les rênes du cheval du renégat vers sa figure avant d’enfourcher sa monture et de partir seule au double galop vers la sortie du virage. Surpris, Oropher ne réagit pas tout de suite et mit quelques fractions de secondes à comprendre ce qu’il venait de se passer ; il lâcha un juron et se lança à sa poursuite ; à pied.
Ces quelques instants avaient permis à Lithildren et à son destrier de prendre quelques mètres d’avance mais à terme Oropher les rattraperait : il le savaît. L’elfe félon avait suivi plusieurs siècles d’entraînement visant à améliorer sa vitesse et lorsqu’il était lancé nul adversaire ou proie ne pouvait lui échapper. Tel un félin il s’élança sur le sentier, ses foulées étaient longues, aériennes et gracieuses et petit à petit il gagnait du terrain sur une Lithildren bien trop perturbée pour conduire son cheval.   Oropher revint rapidement à sa hauteur et la devança en se plaçant sur sa route; les bras écartés comme pour faire barrière. Elle tira brusquement sur la bride et chuta au sol aux pieds du renégat. Celui-ci lui tendit une main à priori amicale pour l’aider à se relever mais elle voulut le faire seule et manqua de chuter une nouvelle fois; Oropher la rattrapa in extremis mais elle se dégagea aussitôt avec vigueur.

“Eh!”
fit-il en essayant de lui agripper le poignet.

Mais encore une fois elle s’éloigna en lui demandant de continuer à avancer vers leur objectif. Il ne broncha pas , elle était fermé à toutes sortes de dialogues et l’elfe avait assez d’expérience pour savoir qu’il valait mieux attendre avant de parler à quelqu’un dans un tel état de rancoeur.  Il ne put cependant s’empêcher de dire de sa voix suave :

“Tu n’y arriveras pas toute seule Lith’ ; si tu dois être avec moi autant rendre le voyage agréable…”

Elle ne répondit pas , peut-être ne l’avait-elle même pas entendu….Et puis bien sûr c’était lui qui allait devoir porter toutes les provisions; il n’allait certainement pas se risquer à demander à Lithildren de porter sa part , il ne tenait pas vraiment à finir avec un nez cassé.

“Attends moi ici…”


Sans se presser Oropher retourna là où il avait laissé le cheval et les vivres fraîchement acquises et monta en selle. Il retourna au petit trot sur le sentier; si elle décidait de l’ignorer totalement alors lui n’avait aucune envie de se presser…


Les heures passaient , ils avançaient à un rythme modéré et n’échangèrent pas un mot. Lithildren ne se retourna même pas une fois vers son ancien ami pour lui demander un peu d’eau ou de nourriture, Oropher ne le lui en proposa pas non plus. Tout deux ils semblaient perdus dans les limbes de leur esprit où souvenirs, fantasmes, espoirs et rêves se croisent et s’entremêlent.


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CLING! CLING!

Le fracas du marteau qui percutait de plein fouet le métal chaud posé sur une large enclume résonnait dans toute la forge familiale des Elanessë. Forts d’une tradition de plusieurs siècles, les deux frères Elrohir et Oropher tenaient cet établissement dont ils avaient pris les rênes suite à la disparition de leur père.

Oropher avisa la lame encore chaude et écarlate qu’il était en train de travailler et estima qu’elle était achevée; il la plongea dans un grand bac d’eau d’où s’échappèrent instantanément des volutes de fumée.

A quelques mètres de là; Elrohir examinait le matériel déjà forgé par son cadet depuis le début de la semaine : il y avait tous types d’armes mais aussi des casques , jambières et plastrons , toute la panoplie militaire d’un guerrier d’Imladris digne de ce nom.

“C’est du beau travail
, commenta-t-il , tu t’améliores de jour en jour.
-Peut-être mais j’espère bien ne pas passer toute ma vie dans une forge…”

Oropher continuait à marteler le métal et ce de plus en plus fort; des étincelles commençaient à voler à travers la pièce. Elrohir s’approcha et saisit fermement le poignet de son frère qui fut stoppé net dans sa tâche. Il essaya de se dégager mais la prise était trop forte.

“Lâche-moi!
-Pas avant que tu ne me dis ce qui te lèse ainsi.”

Oropher lâcha un soupir. Evidemment qu’il avait remarqué son changement d’attitude; il avait grandi avec Elrohir et n’avaient jamais été séparé plus de quelques jours; comment avait il pu espérer pouvoir lui cacher quelque chose?  Il déposa le marteau et s’assit sur le tabourer en bois le plus proche.

“Tu te souviens de Lithildren?
-Oui...ton amie non? “


Elrohir esquissa un sourire avant de poser sa main sur l’épaule de son benjamin.

“Ton coeur serait-il en train d’embrumer ton esprit. Les sirènes irrationnelles de l’amour te feraient elles perdre tes moyens?
-Non...non ce n’est pas ça. Tu sais elle est partie il y a quelques jours ; comme ça…. Elle n’a pas hésité à laisser sa famille, son fiancé pour voguer vers de nouveaux horizons; vers des contrées encore inconnues. En quête de je ne sais quoi mais en quête de quelque chose alors que moi je reste là , dans ma forge à attendre que les années passent en sachant qu’elle passeront éternellement.
-Ah ...les velléités aventureuses de la jeunesse. Moi aussi je m’étais posé la question il y a plusieurs années.
-Et pourquoi n’es tu pas parti?”


Il n’y eut pas de réponse.

“Quoiqu’il en soit je partirai demain à l’aube; ma décision est prise et il est inutile de me retenir.” reprit Oropher d’une voix ferme.

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La nuit fut courte; Oropher avait passé plusieurs heures à empaqueter ses affaires les plus précieuses avec minutie. La décision de choisir tel ou tel objet était plutôt compliqué quand on savait qu’il fallait voyager le plus léger possible. Il ne pouvait pas se permettre de trop se lester : son épée, des provisions pour quelques jours, quelques un de ses effets personnels, quelques vêtements et le bracelet de sa défunte mère dont il prenait soin depuis la mort de celle-ci.  
Sur sa couche il avait eu du mal à trouver le sommeil, agité par l’excitation de son prochain départ mais aussi une part d’appréhension de l’inconnu. Il mit plusieurs heures à trouver le sommeil.

Quand il s’éveilla le Soleil était déjà haut dans le ciel, il avait raté l’aube. Il n’y avait plus une minute à perdre, Oropher bondit et s’habilla prestement. Il s’empara des paquetages et appela son frère qui ne répondit d’abord pas. Il devait sûrement déjà se trouver à la forge; il essaierait d’y passer pour lui faire ses adieux. Oropher poussa alors la porte de la maison et se dirigea vers l’endroit où son cheval l’attendait. Mais là-bas il ne trouva pas que son fidèle destrier ; Elrohir se tenait également là en tenant les rênes d’une autre monture ; un large sourire était dessiné sur son visage.

“Elrohir ! Que fais-tu là?
-Je pars avec toi Oropher ; il faut bien quelqu’un pour te surveiller et éviter que tu fasses trop de bêtises.”

Oropher se mit aussi à son sourire et tomba dans les bras de son frère.

“Alors allons-y mon frère!
-Allons-y.”


Côte-à-côte les deux derniers membres de la famille Elannessë partirent de leur ville natale au petit trot sans savoir que la prochaine fois qu’ils y viendraient ce sera pour la mettre à feu et à sang.

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Oropher fut tiré de ses pensées par une douleur au poignet , il baissa le regard et se rendit compte qu’il serrait si fort le poing que par endroit le sang s’était mis à couler. Ses souvenirs étaient toujours aussi douloureux à revivre. Elrohir… Son visage le hantait à nouveau à présent ; ce frère aîné , aimant et protecteur qui avait toujours veillé sur lui et l’avait guidé depuis la mort de leur parent. Lui Oropher avait été incapable de lui rendre la pareille quand il l’avait vu tomber de sa monture, transpercé par un trait mortel.  Il n’avait pu que regarder son cadavre disparaître à mesure qu’il battait en retraite. Son frère était mort comme un chien, sans aucune sépulture ni cérémonie funéraire ; peut-être aurait-il survécu si Oropher était venu l’aider à temps mais lui s’était plié aux ordres autoritaires de Validna qui lui avait enjoint de ne pas revenir sur ses pas.  Ce jour-là Oropher avait failli; il aurait dû désobéir aux ordres, voler au secours de son frère comme Elrohir l’aurait assurément fait. Mais lui ne l’avait pas fait et il portait à présent tout le poids de sa culpabilité.

Presque instinctivement il plongea la main dans la poche de son vêtement et en sortit le fameux bracelet. Un magnifique bijou forgé par son plus lointain aïeul il y avait de cela plusieurs millénaires; ce bijou s’était transmis de génération en génération à mesure que le fatal destin s’abattait sur leur famille. A présent il était le dernier des Elannessë; tous les autres étaient morts. Leur goût prononcé pour le risque et leur attirance vers l’aventure avaient eu raison des autres malgré leur immortalité naturelle.  Il observa pendant plusieurs longues secondes cette petite merveille dont il avait à présent la charge.

Quelques mètres plus loin Lithildren était toujours murée dans son silence; ne se retournant presque jamais vers le renégat.  Ils chevauchèrent ainsi jusqu’au crépuscule et alors que le soleil disparaissait à l’horizon.  

Toujours aussi fatalement silencieuse, Lithildren prit un peu de lembas et alla s’endormir un peu plus loin ; assez loin de l’elfe félon pour ne pas ressentir sa présence. Oropher ne protesta pas et se contenta de contempler longuement le panorama qui s’offrait à sa vue. A l’Est , tout près d’eux se dressaient les Monts Brumeux dont la cime transperçait les cieux et où l’on pouvait trouver les dernières neiges dans la région depuis la fin du Rude Hiver. Il avait l’intenton de longer l’imposante chaîne de montagne jusqu’à la Trouée du Rohan ; leur point de passage vers l’est. La traversée du Col de Caradhras était bien trop périlleuse et inutile d’attendre un accueil chaleureux de la part des naugrims de la Moria. Les plaines de l’Eregion , région que certains appelaient aussi Houssaye, s’étendaient à l’Ouest et les meilleurs vue pouvaient apercevoir le Bruinen au loin, le fleuve qui coulait jusqu’à Imladris.
C’est donc dans ce cadre magnifique que Oropher finit par trouver le sommeil. Un sommeil qui fut malheureusement de courte durée; il fut réveillé par un formidable fracas qui avait résonné dans tout le petit camp qu’ils avaient très sommairement installé avec Lithildren.  Il fit un bond de félin pour se redresser et saisit sa dague à la volée; grâce à sa nyctalopie il ne mit pas longtemps à identifier la source du danger. Des agresseurs, des bandits, des voyous ; appelez les comme vous le voulez; les attaquaient et ils étaient nombreux. Sans hésiter Oropher plongea la dague dans la gorge du premier qu’il croisa avant d’en pourfendre un second au niveau de la cage thoracique. Lent et peu rompu aux arts de la guerre, ces intrus ne faisaient pas le poids face à l’Eldat en face-à-face  mais ils étaient nombreux et surtout bien mieux armé.

Alors qu’Oropher s’apprêtait à lancer une nouvelle offensive , une voix un peu moqueuse et clairement provocatrice s’éleva.

“Hep hep hep Oreilles Pointues. Arrête toi un instant et regarde nous.”

L’elfe fit volte-face, quelqu’un avait allumé une torche et tous pouvaient distinguer la silhouette féminine de Lithildren agenouillée , la tête rabattue en arrière et un couteau sur la gorge.  L’homme qui la tenait par les cheveux portait une barbe hirsute et un bandeau noir qui cachait un oeil qu’il avait sûrement dû perdre. Il affichait un sourire mauvais qui révélait sa bouche où l’alignement des dents était pour le moins approximatif.

“Magnifique créature que voilà n’est-ce-pas?”
susurra le bandit avant de lécher de manière très peu subtile la joue de l’elfe aux cheveux de jais.
Il continua :

“Ce serait tellement dommage de lui trancher la gorge…”

Oropher serra le poing et fit un pas en direction du barbu, révolté par ce spectacle il se sentait prêt à se jeter sur ce bandit et lui faire ravaler chacun de ses mots un par un.

“Tsss...voyons mon bon ami… Tu veux la sauver? Pose ton arme et rends toi.”

Oropher tressaillit et hésita quelques secondes, dans son esprit une petite voix s’éleva “ Ne l’écoute pas...Laisse Lith’ à son sort…. Enfuis toi….Sois Libre...Reconstruis ta vie”. Oropher savait qu’au fond cette petite voix avait raison, c’était le meilleur choix qu’il avait fait; il pouvait leur échapper il le savait et cette Lithildren n’était plus vraiment celle qu’il avait connu.

“Allez!”
s’impatienta le vaurien qui accentua sa prise sur sa captive; déjà un filet de sang suintait sur le cou délicat de Lithildren.

Fuis...Fuis...mais Fuis! Voilà ce qu’il se disait dans sa tête mais ses jambes ne répondirent pas ; pire encore : il planta sa dague, sa seule défense, dans le sol se livrant par la même occasion à ses agresseurs.

“Bien ligotez-les et allons-y.”

Lithildren et Oropher échangèrent un regard avant qu’un coup de pommeau d’épée n’assome le félon.


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Pour la seconde fois de la journée Oropher se réveilla mais cette fois avec un mal de crâne presque insoutenable. Il observa l’endroit il se trouvait : vraisemblablement l’arrière d’un chariot qui évoluait sur un terrain irrégulier au vu des nombreuses secousses. A côté de lui se trouvait Lithildren mais autour d’eux se trouvaient d’autres individus, ligotés également.

Deux colosses à la peau sombre, une jeune femme aux formes généreuses et même un nain à la longue barbe tressée.  Pour l’instant ils étaient tous inconscients. Grâce à son ouïe exceptionnellement  fine Oropher put entendre une conversation qui se tenait à l’avant du véhicule. Sa mâchoire se crispa quand il reconnut la voix du barbu qui avait menacé Lith’.

“Une prise imprévue mais une très belle prise. T’imagines deux elfes en pleine forme dont une magnifique femelle ; ils valent le double de tout les reste de la marchandise réuni. “


“La marchandise”...
ainsi ils étaient tombaient sur des marchands d’esclaves ou du moins sur des crapules qui travaillaient avec ce genre de personne.
-C’est où déjà le rendez-vous?
-Sous une arche dans une ruelle des bas-fonds de Minas Tirith; j’en sais pas plus. Ces gars-là sont super discret. Je connais aucun nom , aucun lieu où les trouver etc. C’est eux qui viennent vers moi quand ils ont besoin de mes services , moi je peux toujours crever si j’ai besoin d’eux ; par contre ils paient plutôt bien.
-Des esclavagistes en pleine capitale?
-Mouais...le Gondor c’est plus ce que c’était. Dis...tu t’es assuré que la marchandise est bien dans les vapes.
-Avec les coups qu’on a mis aux Oreilles Pointues , ils doivent encore être sonnés quant aux autres, eh bien la drogue incorporée dans la nourriture fait bien son effet. ”



C’est quelques phrases échangées illuminèrent alors la matinée bien terne des deux elfes; ces vandales allaient les conduire pile là où ils le voulaient. Oropher secoua alors Lithildren par l’épaule pour la tirer de sa torpeur .

“Lith’ Lith’ ces bandits se rendent à Minas Tirith. On y va tout droit et c’est la promesse d’un voyage sans encombre. Une fois qu’on sera là-bas on aura plus qu’à s’échapper et trouver des armes et des informations.”

Un plan commençait à germer dans l’esprit d’Oropher même si la question du “Comment?” restait un souci majeur.  Ils étaient ligotés et désarmés face à une horde d’esclavagistes suréquipés: mais il fallait bien commencer par quelque part.
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 20 Juil 2016 - 13:18

L’attitude de Lithildren avait  changé du tout au tout  suite aux paroles d’Oropher qui paraissaient sincères. Pour la première fois elle évoquait avec nostalgie leur amitié d’antan à travers le souvenir de cette ancienne promesse  faite lors de cette fameuse nuit étoilée

“Oui je m’en souviens Lith’...”
lui répondit-il simplement dans un premier temps.

Peu à peu elle semblait retrouver certaines bribes de sa mémoires, des souvenirs comme celui-ci surgissaient d’un coup et peu à peu elle pouvait reconstruire son passé à l’aide des pièces qui se révélaient devant elle.

L’elfe aux cheveux de jais se lança à son tour dans un long monologue où elle y acceptait et assumait son nouveau statut de renégat avant de s’interroger sur le sens du meurtre, de ceux que l’on assimile à des monstres  et de se demander quel était au fond le sens véritable de sa quête.

“Peu importe que tu te dédouanes ou non par ce geste , que tu te perçoives ou non comme un assassin. La seule chose que tu dois garder à l’esprit c’est ton désir de vengeance.
La vengeance n’est jamais salvatrice en soi, elle ne te fera pas découvrir un nouveau sens à ton existence mais elle procure un plaisir intense et a le mérite de nous libérer de nos anciens fardeaux. Elle permet de tourner la page, d’en finir avec tout ces souvenirs douloureux ; elle est le pont de départ pour pouvoir à nouveau aller de l’avant. Nous sommes en route pour te venger, mets tes tourments de côté et focalise toi sur cela. “

Elle ne le voyait plus comme un monstre sanguinaire et leur relation, si elle n’était pas encore basée sur une totale confiance, semblait déjà moins électrique et tendue.

“Allons jusqu’à ce village , nous y trouverons bien quelques vivres.”
fit-il en désignant un petit hameau qui se dessinait au loin dans l’horizon.

Alors qu’ils faisaient avancer au petit trot leurs montures , Oropher lui aussi se chargeait de faire le tri de sa mémoire pour en extraire ses souvenirs les plus prégnants.


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L’aube venait tout juste d’apparaître mais déjà la ville de Fondcombe était éveillée et plusieurs dizaines de ses habitants s’étaient regroupés aux portes de la ville pour assister au départ de l’un des enfants de la cité. Les jeunes elfes qui faisaient le choix de quitter le cocon familial et leur cité  pour explorer d’autres contrées et voguer vers de nouveaux horizons étaient assez rares et chacun de ces départs était vécu comme une déchirure par la communauté  , comme si celle-ci n’avait pas assez bien fait son devoir puisque ces jeunes décidaient de s’en aller.
Ce matin là c’était une jeune elfe à la splendide crinière argentée qui s’apprêtait à quitter les siens et tout ce qu’elle avait connu depuis sa naissance : Lithildren.

Oropher avait appris de la principale intéressée elle-même son intention et la date du départ. Il savait depuis longtemps qu’elle désirait partir voir le monde extérieur, y vivre même et cela ne l’avait pas étonné mais il ne pouvait s’empêcher  de ressentir une certaine tristesse envahir son coeur.  Amis d’enfance , les deux elfes avaient été très proches pendant longtemps même si leur relation n’avait officiellement jamais franchi le cap d’une profonde amitié. Mais ces dernières années Oropher et Lithildren se voyaient de moins en moins souvent, elle s’était fiancé avec Geraïnh , un elfe noble et  respecté à Fondcombe   ; tandis que lui se contentait d’un monotone quotidien à la forge familiale où il travaillait avec son frère.

Lors du départ, Oropher était là, caché dans la foule il ne sut même pas si sa vieille ami l’avait aperçue. Il fit bien un petit signe de la main mais celui-ci était sûrement bien trop discret et même fade pour la jeune elfe qui étreignait ses parents et échangeait un dernier baiser avec son fiancé. Et ce fut tout , elle fit partir son cheval au galop et bientôt elle ne fut plus qu’un petit point à l’horizon.  Lithildren avait pris son envol , pendant que lui croupissait encore ici.
Une page se tournait et pour la première fois depuis bien des années, une larme coula le long de la joue d’Oropher.

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La bourgade où ils s’arrêtèrent n’était pas bien grande; elle ne devait pas compter plus d’une ou deux centaines d’habitants et les commerces étaient peu nombreux.   Les villageois qu’ils croisaient regardaient les deux voyageurs avec de grands yeux ronds, pour l’écrasante majorité d’entre eux c’était la première ( et sûrement la dernière ) fois qu’il croisait des elfes. Ces créatures de légendes dont ils avaient entendu parler dan les histoires féériques de leurs grands-parents et parents ou alors de la bouche des quelques rôdeurs , conteurs et colporteurs qui faisaient parfois halte dans la région.

Ils achetèrent de l’eau et de la nourriture végétale, l’épicier qui tenait la boutique où ils s’étaient rendu en premier lieu leur conseilla de passer par la boucherie pour y trouver un peu de viande séchée pour le périple.  Ils s’y rendirent donc, un homme d’âge mur , l’air aigri les accueillit avec un grognement peu accueillant.

“Bonjour monsieur “
fit poliment Oropher avec un sourire dans une attitude qui tranchait avec celle froide et dure qu’il adoptait d’ordinaire.
“Auriez-vous de la viande séchée s’il vous plaît? C’est pour un long voyage.”

Le boucher ne bougea pas d’un iota, il se contentait d’analyser ses nouveaux clients avec un regard suspect tout en se grattant nerveusement son menton mal rasé.  Au bout de quelques secondes un sourire goguenard se dessina sur son visage, laissant apparaître sa dentition effroyablement abîmée.

“Ah des elfes..Dites moi que font deux elfes dans ce trou perdu? “

A l’inverse des autres villageois , celui-ci paraissait avoir déjà eu affaire avec des Eldars et ne semblait nullement intimidé.

“ Nos affaires ne vous regardent pas mon cher monsieur”
lui rétorqua  l’ex-agent de l’Ordre.

Le boucher émit un petit rire sardonique; à priori il n’appréciait guère les représentants de leur “race” .

“Les affaires des mes clients sont aussi miennes quand on est entre ces murs. J’veux pas d’problèmes par ici moi. Les problèmes ça fait fuir les clients.”


Oropher soutint le regard narquois de son interlocuteur qui se moquait ouvertement d’eux mais ne montra aucun signe qui trahissait ses émotions ou ses pensées. A nouveau un voile opaque s’était fixé sur son visage rendant celui-ci vide de toute émotion. Il répliqua sur le même ton neutre qu’il avait utilisé pour demander de la viande quelques instants plus tôt.

“Je pourrai perdre patience mon cher monsieur.”

Devant ce qui ressemblait fort à une menace la face du commerçant s’empourpra et il haussa d’un ton.

-Faites attention ! C’est moi qui pourrai perdre patience et vous foutre dehors ni une ni deux avec un coup de balai dans le fion!”


Là encore il n’y eut encore aucune réaction immédiate et impulsive de l’elfe qui parvenait à contenir sa colère. Seule une veine qui palpitait sur sa temps indiquait son agacement , mais cela seule Lihildren put le voir. D’un revers de main , Oropher dévoila alors sa dague :

“Je vais être clair mon cher monsieur. Si vous continuez à m’irriter je pourrai vous couper la langue pour vous faire taire avant de la faire griller pour le souper. Je pourrai aussi vous couper le bout des doigts et enlever les quelques dents qui vous restent encore pour que vous ne puissiez plus mâcher votre précieuse marchandise. Ou alors si je suis vraiment très en colère je pourrai aussi vous ouvrir le crâne , en extraire la cervelle que je présenterai au comptoir comme un met de choix avant d’exposer votre corps atrocement mutilé sur ce crochet de boucher et le tout sans le moindre état d’âme. Donc contentez nous de nous vendre cette viande sans un mot de plus et tout se passera pour le mieux.”

Une lueur d’effroi traversa le regard auparavant hautain du  négociant,  les menaces de l’elfe ,sans avoir levé la voix , n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd ; il paraissait vraiment dangereux avec cette lueur meurtrière qui brillait dans ses yeux . Il s’empressa de se rendre à l’arrière boutique et empaqueta de la viande sèche.

Oropher paya et sortit de la boucherie,son précieux paquet sous le bras.

“Il faut parfois se montrer ferme avec ceux qui vous prennent de haut.”
commenta-t-il.

Il ne précisa toutefois pas si cela avait été des menaces en l’air pour intimider son interlocuteur ou s’il aurait été capable de les mettre en application.

“Et toi Lith’ , que réserves-tu à l’assassin de Geraïnh? “
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 14 Juil 2016 - 17:29

"Tu nous trouveras des armes ? "

Oropher émit un petit rire ironique tout en récupérant la dague qu’il accrocha à sa ceinture.  Elle était clairement perturbée depuis sa fuite avec un traître notoire de la cité et finalement ce dernier était peut-être plus à même de savoir quand sortir l’arme et quand il valait mieux la garder cachée.

“As-tu donc si peur que je le fasse moi-même? “

Sûrement craignait elle qu’il en vienne à tuer des personnes pour les déposséder de leurs armes. De toute manière ils seraient amenés à tuer tôt ou tard pour ne pas compromettre la réussite de leur périple et pas seulement des ennemis menaçants qui attaqueraient les premiers ; mieux valait il qu’elle s’habitue à ôter la vie au plus tôt. Elle avait fait déjà fait le pas et franchi la ligne rouge en tuant de sang-froid le géôlier à Fondcombe;  elle était à présent engagée dans un chemin sinueux dont elle ne pouvait plus sortir même si elle essaierait dans un premier temps.


- L'aube est largement dépassée depuis un moment. Mettons-nous en route au plus vite.

Oropher regarda un soleil et ajouta avec un sourire railleu.

“Perspicace... Il fallait me réveiller à l’aube puisque tu est  si lève-tôt.”

Ils se remirent donc en selle mais ne firent cette fois pas partir leur monture au triple galop; Oropher faisait avancer son cheval au pas et Lithildren se retrouvait bien obligé d’en faire de même. Le renégat jetait régulièrement des coups d’oeil vers l’elfe aux cheveux de jais: ils avaient été si proches par le passé mais le destin les avaient séparés avant de les réunir à nouveau au moment où ni lui ni elle ne s’y attendait pas.  La vie était ainsi faite de rencontre , séparation et retrouvailles inattendues ; un cycle qui ne prenait fin qu’avec une mort qui n’arrivait jamais pour les elfes , du moins de manière naturelle.

Aujourd’hui elle se méfiait de lui ; comment lui en vouloir? Oropher était si différent de l’elfe qu’elle avait quitté en même temps que sa famille plusieurs siècles auparavant et l’inconnu qu’il était devenu inspirait toujours la crainte.

“Je sais que tu  me vois comme un monstre…” déclara-t-il d’un ton neutre mettant ainsi fin à plusieurs heures d’un silence glacial.

“Après tout j’ai trahi ma cité , rejoins un Ordre que tu honnis et attaqué les miens. J’ai tué et encore tué ; je n’ai pas cessé de le faire depuis si longtemps. Cela fait il de moi un monstre? Tu te demandes sûrement où est passé ton ancien ami poète et rêveur ; tu te demandes sûrement ce qui a bien pu se passer en moi pour que je change tellement , tu te demandes sûrement si je suis seulement le même que tu as connu. Laisse- moi te dire oui.“

Alors qu’ils avançaient toujours  à une très lente cadence , Oropher se tourna vers Lithildren et la fixa intensément. Il n’y avait toujours pas la trace d’un moindre sourire censé la rassurer sur le visage du renégat mais pourtant quelque chose dans son expression paraissait changé. Ses traits étaient tirés , ses lèvres pincées et sa voix moins assurées ; elle était bien incapable de déterminer le sentiment de son ancien ami. Ce changement d’expression traduisait-il de la rage, de l’émotion, de la colère ou de l’amour ? Peut être même  aucun de ceux là  ou alors tous à la fois?

“Toutefois il faut que tu aie conscience que si tu penses que je suis réellement un monstre alors tu devrais en faire de même en te regardant. Après tout tu viens de tahir aussi , de tuer et de t’engager sur la voie tortueuse de la vengeance . Personnellement je ne peux pas croire que tu en es un. Après tout je n’ai jamais vu de monstre aussi gracieux , beau et délicat. Alors peut-être sommes nous des monstres , peut-être que non ; peu importe car à présent rien ni personne ne pourra changer ce que nous sommes devenus.“


Il marqua une pause à priori inexplicable , ce n’était pas scruter les alentours ou alors pour introduire un peu de théâtralité dans ses dires. Les mots semblaient réellement être  de plus en plus réticents à sortir de la bouche du renégat.

“Oui j’ai fais d’horribles choses mais j’ai toujours eu mes raisons comme toi qui a les tiennes. Peut-être ces “raisons “ ne sont pas valables et sont juste là pour me donner bonne conscience mais je n’en ai cure ; je sais juste qu’elles existent et c’est la seule chose qui importe.  Nous avons été rejeté du système et de la société de notre ville simplement car ce qu’il y avait ailleurs attisait notre curiosité , seulement car nous nous sommes dis qu’il y avait du bon  à prendre ailleurs et que l’ivraie se trouvait dans chaque cité et civilisation. Pour ça nous avons été bannis de peur que nous bousculions l’ordre établi. Peut-on en vouloir aux bannis et rejetés de devenir des monstres?  “

Il laissa ces derniers mots en suspens et attendit la réaction de Lithildren tout en se saisissant de l’outre d’eau qui se vidait dangereusement. Il allait bientôt falloir refaire le plein.
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 8 Juil 2016 - 11:55


Quand Lithildren pointa sa dague sur la gorge d’Oropher , celui-ci haussa des sourcils étonnés mais ne broncha et ne fit aucun geste. Il ne s’était certes pas attendue à une réaction aussi impulsive de la part de l’elfe aux cheveux de jais mais il ne craignait nullement pour sa sécurité.

Elle avait beau prétendre ne pas avoir confiance en lui, la vérité était que sans lui elle serait à nouveau seule et perdue. Après avoir trahi les siens elle ne disposait plus d’aucun soutien tangible , même ses amis avec qui elle avait tant partagé durant son périple lui tournait  à présent le dos ce qui était plutôt normal après qu’elle eut attaquée Erennel et abusé de la confiance d’Eugénion.

Oropher en avait conscience et il savait qu’il pourrait jouer là-dessus même si dans l’immédiat il jugea préférable de ne pas répliquer à Lithildren qui semblait avoir vraiment été mise hors d’elle. Il se contenta de continuer à la fixer intensément , ne se résignant pas à baisser le regard sous les menaces de sa nouvelle “ alliée”. Non il n’avait pas peur d’elle et il comptait bien le lui faire comprendre.

Elle se voyait différente de lui qu’elle considérait comme un monstre sanguinaire, leurs trajectoires respectives avaient certes été sensiblement différentes mais tant de choses les reliaient et les liaient à présent et que cela lui plaise ou non ils seraient amené à faire un bon bout de route ensemble.

Après une heure où l’elfe amnésique s’était retranchée dans son coin et murée dans son silence, Oropher l’invita à remonter en selle pour poursuivre leur avancée.

Durant les jours qui suivirent, Oropher et Lithildren ne se parlaient occasionnellement tout en prenant soin d’éviter les sujets qui fâchent même si tout cela ne semblait qu’être partie remise.
Ils refirent leurs provisions dans un petit hameau qui se trouvait près de la route qui devenait de plus en plus empruntés par marchands et voyageurs.

Le commerce triangulaire entre le Rohan , l’Arnor et le Gondor reprentait progressivement vie après le gel qu’il avait connu durant le Rude Hiver mais le soleil et la paix revenus ; les commerçants n’hésitaient plus à voyager sur des routes dorénavant beaucoup plus sûrs.

Oropher se tourna vers Lithildren :

“ Il commence à vraiment y avoir trop de monde ici et je ne tiens pas à ce que la rumeur court que deux elfes à cheval se dirigent vers la Cité Blanche. Coupons à travers champs. “

Sans attendre une quelconque approbation ou réfutation de sa partenaire, l’elfe fit changer de cap à sa monture et la fit partir au triple galop  à travers les longues étendues vertes de plaines chatoyantes . Lithildren n’avait pas vraiment d’autre choix que de le suivre.

Jusqu’à la nuit ils galopèrent ainsi à travers les champs où ils ne croisaient que quelques animaux sauvages ou paysans qui prenaient soin de leur parcelle de terre cultivée. Le soir venu et la visibilité étant réduite même pour les deux elfes aux  capacités nyctalopes plus élevé que celles des humains ; Oropher fit signe à Lithildren d’arrêter sa monture.

“Nous dormirons ici pour quelques heures , on reprend la route à l’aube.”

L’elfe n’avait pas vraiment peur d’évoluer de nuit mais il devait reconnaître qu’il éprouvait un sentiment fort de fatigue et le besoin impérieux de se reposer quelque peu au plus vite. Il n’avait pas bénéficié d’un traitement de faveur dans les géôles de Fondcombe et ne s’était pas reposé depuis son évasion.

Serein et apaisé , il s’assoupit à même le sol se demandant si li’dée de l’égorger pendant son sommeil passerait ou non dans la tête de Lithildren. Et même si cette pulsion meurtrière venait à passer dans son esprit , elle ne le ferait sans doute pas , ce serait si dommage pour elle.

Quand Oropher se réveilla , Lithildren se tenait debout auprès de son destrier. Elle s’était donc éveillée avant lui après s’être couché après … mais avait-elle seulement dormi ou ses rêves étaient-ils trop hantés pour qu’elle ne puisse profiter d’une nuit de sommeil?

Il grignota un morceau de lembas et envoya un autre vers Lithildren puis il se leva:

“Tu sais on n’arriveras pas au bout avec une simple dague pour nous deux; il nous faut des armes dignes de ce nom et vite car les dangers peuvent vite arriver. Dès que nous arriverons à Minas Tirith il nous faudra en trouver malgré leurs nouvelles réglementations sur le port d’arme. A part les voler à deux soldats isolés patrouillant dans de petites ruelles je ne vois pas de solution. Qu’en penses tu Lith’?”


Encore une fois Oropher désirait afficher une certaine proximité en appelant son ancienne amie comme par le passé ( des siècles auparavant lorsqu'ils avaient réellement étaient proches ) : “Lith’”... Décidément il ne lâchait pas l’affaire.
Sujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 23 Juin 2016 - 12:11
[HRP]: Je me remets au rp après une longue période de disette donc la qualité est pas encore vraiment au rendez-vous mais bon ça reviendra Smile



Sans laisser transparaître aucun émotion sur son beau visage quoique pâle et fatigué , Oropher écouta attentivement Lithildren.

“La vengeance apaisera ton esprit Lithildren , la vengeance calme toutes les âmes tourmentées.”

La vengeance...Combien de fois avait-elle déjà motivé l’elfe à agir? D’ailleurs ne continuait-elle pas à le consumer?  Mais Oropher avait commis des erreurs : au lieu de se mettre en quête de l’assassin de son frère Elrohir durant la reprise de Valdol par les forces de Gar Thulion , il s’était retranché loin de tous , désertant dès le début des affrontements à Fondcombe . Désespéré  il en avait conclu que jamais il ne pourrait retrouver le tueur de son  frère alors il s’était entouré de quelques hommes moins intelligents que son cheval et avait commencé à faire diverses petites activités de trafic et contrebande certes fructueuses mais bien indigne de son noble rang.

Dans sa cellule de Fondcombe il avait toutefois eu le temps de réfléchir à sa situation ; il avait tiré le bilan de ses erreurs et était parvenu à la conclusion que seule la vengeance l’assouvirait.  Il était pourtant à peu près certain qu’il ne trouverait jamais celui qui avait tiré cette flèche , d’ailleurs l’archer lui-même ignorait sûrement s’il avait fait mouche ou non .  Oropher avait alors rejeté la faute à d’autres personnes qu’ils voyaient comme fautives…
Validna et sa condescendance à l’égard du cadavre de son frère , Ald’ar et son ego démesuré et tous  les autres dont les actions avaient entraîné le désastre d’Imladris.

Et pour parvenir à ses fins il disposait à présent d’une arme de poids ; il connaissait Lithildren et il savait que c’était une véritable bombe à retardement. Ald’ar avait tué Geraïnh et nul doute qu’elle désirait la mort du Lossoth autant que lui , si ce n’est même plus.  Oropher avait conscience qu’il avait usé de ses talents de manipulateur pour la convaincre de le sortir de sa cellule et de s’enfuir avec lui mais pour autant était-elle seulement un outil à ses yeux? Il n’aurait jamais pu être aussi convaincant si ce qu’il avait dit à Lithildren ne comprenait pas une grande part de vérité . Il sentait un lien qui les unissait presque malgré eux  : ils avaient tous deux décidé de quitter leur ville natale en quête d’une vie plus aventureuses et grisante ; mais tous deux avaient échoué dans leur quête inespérée d’émancipation et de surcroît ils avaient chacun perdu des êtres chers. Les ressemblances étaient nombreuses et Oropher sentait que le destin les amènerait à faire un long chemin ensemble.

“Nunne...Le déserteur… Oui je le connais , c’était un soldat de l’Ordre qui a fui durant une mission après que la femme pour qui il s’est épris ne lui monte la tête . Ce n’est pas forcément le pire du lot mais un couard qui a profité de la première occasion pour filer .”



Oropher suivit Lithildren du regard , elle s’était levée  et s’appliquait à lustrer la robe de sa monture.

“C’est un superbe cheval que tu as.
fit alors Oropher sur un ton plus léger . Et il n’a vraiment pas peur de te voir utiliser une lame sur lui ; il te fait confiance … Après tout qu’y a-t-il de plus fidèle qu’un cheval? Aucun elfe , aucun humain , aucun nain n’est rééllement digne de confiance car chacun d’entre eux finira tôt ou tard par vous décevoir, mais un cheval jamais.
Si je suis tombé aussi bas aujourd’hui c’est certainement car j’ai donné trop de ma confiance aux autres.”


Oropher se redressa à son tour et d’un pas lent se dirigea vers sa compagne de route; ses yeux verts se posèrent un moment sur le destrier de Lithildren , c’était assurément une bête d’exception .  On pouvait même lire une certain admiration sur ces traits d’ordinaire si fermés ; finalement il y avait bien certaines choses qui permettaient d’entrevoir ce qu’il se trouvait derrière la carapace qu’Oropher s’était formé.  


“Je sais que tu ne me fais pas entièrement confiance et je ne peux pas vraiment t’en vouloir ; après tout ne t’ai je pas poursuivi avec violence durant de longs jours?  Et pour être franc avec toi je ne peux pas non plus t’accorder toute ma confiance ; je sais que tu éprouves encore de la rancoeur à mon égard et que je ne suis pas à l’abri d’un potentiel coup de poignard . J’ai conscience de tout ça mais pour autant je ne t’abandonnerai pas car que nul ne pourra nier que dorénavant nous sommes indéfectiblement liés : nous avons un passé semblable , nous avons été trahi par les gens de notre ville et nous poursuivons le même objectif : trouver notre place dans ce monde qui n’est pas nôtre.”

Il saisit alors le poignet de Lithildren qui tenait la dague et avisa la lame suintante de  sueur chevaline.

“N’émousse pas ta lame et ne prends pas le risque de l’oxyder , si tu as oublié ton épée cette dague te sera plus que précieuse pour survivre , donc prends en soin.”

Les dangers seraient nombreux et ils auront à se battre , Oropher le savait , pour atteindre le Bras de Fer ils devront batailler avant mais rien ne pouvait les arrêter.

“Es-tu prête à rechercher cette place ensemble avec moi Lith’? “
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Vengeance à coeur brisé . [ PV Lithildren ]    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 28 Avr 2016 - 14:56

Le soleil entamait sa lente ascension matinale tandis que derrière eux la cité de Fondcombe n’était plus qu’un petit point à l’horizon. Oropher affichait un léger sourire en coin depuis leur fuite de la ville elfique ; l’ancien membre de l’Ordre était parvenu à se sortir d’un très mauvais pas ; les traîtres étaient rarement traités avec tendresse dans les geôles d’Imlardis surtout en ces temps troubles. Son regard se porta sur celle qui lui avait permis de s'enfuir.

Oropher était parvenu  à cacher sa surprise quand il avait découvert que l’elfe qu’il poursuivait s’agissait de Lithildren , lui qui l’avait bien connu des décennies voire des siècles auparavant.

Jeunes ils s’étaient longtemps apprécié et il n’avait pas vraiment compris la raison du départ précipité de Lithildren même si à ce moment là il n’était déjà plus un de ses confidents et qu’ils étaient déjà  beaucoup moins proche qu’auparavant. Plus tard  lui aussi avait choisi de suivre son chemin , lassé de la vie monocorde et routinière à Fondcombe. En quête d’aventure il était parti  avec son frère Elrohir dans des contrées sauvages , louant occasionnellement leurs qualités de guerriers au plus offrant jusqu’au jour où un membre de l’Ordre de la Couronne de Fer leur avait proposés de rejoindre leurs rangs. Les deux frères avait d’abord accepté par souci financier ; l’Ordre payait bien les pies et la promesse de nombreux butins avait été très tentante. Puis Oropher s’était peu à peu laissé convaincre par l’idéologie de l’Ordre allant même jusqu’à devenir l’un de leur membre fidèle tandis qu’Elrohir était resté plus pragmatique et était surtout resté dans les rangs pour veiller sur son frère dont le fanatisme devenait de plus en plus prégnant.

Mais comme bon nombre de ces âmes perdues qui avaient crus en l’Ordre tout son bon monde s’était écroulé avec la chute de l’Ordre et la reconquête de Fondcombe par les armées de Gar Thulion où son frère Elrohir avait trouvé la mort.

Il avait erré pendant de longs mois avant de retrouver certains autres membres vagabonds de l’Ordre qui s’était rallié à l’elfe , voyant en cet être immortel un rassurant protecteur alors qu’il était plutôt un pauvre hère condamner à s’égarer pendant l’éternité.

Quand son espion Norfal l’avait informé qu’une elfe voyageait sur une route non loin de leur position , Oropher y avait d’abord vue un moyen de se faire un peu d’argent en la prenant comme otage et en réclamant une rançon dans sa cité d’origine puis il avait vu l’elfe en question : Lithildren. Son attitude avait alors changé sans qu’il ne prit la peine d’en informer ses hommes ; il continua a la poursuivre avec acharnement mais plus pour la kidnapper , il voulait tout simplement la rattraper coûte que  coûte sans qu’il ne put dire vraiment pourquoi ; il sentait qu’il le devait.  D’ailleurs il ne l’aurait certainement pas pisté avec autant d’obstination si près de Fondcombe si c’était seulement une question d’or.

Une fois emprisonné il avait immédiatement senti que l’elfe dont les cheveux viraient progressivement de l’argent au noir de jais représentait son dernier espoir ; et il avait vu juste.

A présent il était l’heure pour elle de venger la mort de ses proches avec lui-même qui voyait en cette quête un nouvel objectif qui animait et excitait tout son être comme cela n’avait pas été le cas depuis longtemps , depuis la mort de son frère.

“Arrêtons nous près de ce ruisseau un moment Lithildren ; à priori ils ne nous ont pas poursuivi. Les chevaux n’en peuvent plus et cela pourra nous permettre à nous aussi de nous désaltérer.”


Dans la précipitation de leur évasion , les deux nouveaux acolytes n’avaient pas vraiment eu le temps de prendre avec eux des vivres en quantité suffisante. Ils disposaient de quelques plaques de lembas rangées dans les selles des chevaux ainsi que des outres vides.

Les deux elfes mirent pied à terre , se désaltérèrent au ruisseau avant de s’asseoir sur d’immenses pierres. Oropher plongea alors son regard dans celui de Lithildren avant de répondre à la question silencieuse de l’elfe amnésique.

“Je connaissais bien l’assassin de Geraïnh : c’était un homme du Nord  , un Lossoth comme on les appelle. Ce peuple mystérieux et rugueux mais à vrai dire je ne sais pas grand chose de son passé si ce n’est qu’il a quitté très tôt la Baie de Forochel. C’est un combattant puissant et rusé qui est capable de vaincre des elfes pourtant meilleurs bretteurs ; il est aussi imprévisible que dangereux : c’est lui qui est à l’origine de l’incendie des écuries de Fondcombe durant la bataille et si Valdol n’est plus qu’un tas de ruines c’est aussi grâce à son oeuvre.”

Oropher omettait bien de dire qu’il avait lui même participé au massacre de Valdol sous les ordres du Bras de Fer puis de Lammâth au cours d’une sombre et sanglante nuit.

“ Il a perdu un bras durant la prise d’Imlardis ; lors d’un duel avec Sombre-Chêne qu’il avait naïvement cru pouvoir vaincre. Depuis il porte une prothèse métallique qu’il utilise à souhait comme une arme meurtrière. Il se faisait appeler depuis ce jour le Bras de Fer.
La dernière fois que j’ai  entendu parler de lui c’était dans la bouche d’un voyageur qu’il l’aurait vu traiter puis se disputer avec un autre homme dans une taverne des bas-quartiers de Minas Tirith.  Nous devrions commencer par là…



Lthildren acquiesca mais resta silencieuse dans un premier temps ; Oropher sentait qu’elle n’était pas à l’aise. La présence à ses côtés de celui qui l’avait pourchassé avait de quoi la troubler.

Oropher s’efforça de lui sourire .

“Lithildren , je te promets que tu n’as rien à craindre de moi. Nous sommes du même côté à présent et je t’aiderai à te venger ; j’en ai fais le serment.”


Il saisit délicatement une mèche obscure qui barrait le visage de Lithildren avant de la frotter doucement entre ses doigts.

“Qu’est-il arrivé à ta chevelure argentée? Pourquoi ce noir de jais?”
lui demanda-t-il.

Oropher cachait peut-être des secrets mais visiblement il n’était pas le seul à en avoir.
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
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Rechercher dans: Fondcombe   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 25 Mar 2016 - 16:43

Assis sur son tabouret en bois , au chevet d’Erennel , Eugénion ne pouvait retenir ses larmes : tant de certitudes s’étaient envolées en l’espace de quelques minutes ; tant d’illusions avaient volé en éclats.
 Quelques heures plus tôt alors qu’il était encore assis à la table d’Ovadiel un garde de la cité s’était précipité vers eux les avait informé qu’ils venaient de retrouver le cadavre d’un autre soldat dans les cachots et qu’Oropher s’était évadé ; de toute évidence il avait reçu de l’aide , il restait à déterminer de qui provenait cette aide. Mis en alerte Ovadiel , Serambeür et les autres elfes invités s’étaient levés immédiatement pour faire face à cette situation d’urgence. Le notable de la ville avait donné plusieurs ordres pour quadriller le périmètre tandis que Serambeür se dirigeait vers les prisons ; c’est alors, qu’aux abords des écuries  ,il avait vu une silhouette étendue sur le sol en plein de milieu de l’allée. Il s’ était empressé pour voir de qui il s’agissait et si cette personne était encore vivante.  Il ravait alors reconnu Erennel , l’humain qui avait quitté la table quelques minutes plus tôt : son flanc saignait abondamment.  L’officier n’avait pas hésité  une seule seconde et , après avoir vérifié que le blessé vivait encore , il l’avait soulevé  avec force et avait rejoint  aussi vite qu’il l’eut pu  la maison de guérison.

Après une rapide enquête , les autorités de la cité surent bientôt dans les grandes lignes ce qui s’était réellement passé. Plusieurs témoins avait affirmé avoir vu une silhouette entrer seul dans les cachots , quelques minutes seulement après que Lithildren eut prit congé de ses hôtes , et qu’un peu plus tard la même silhouette était ressortie accompagnée d’un autre individu.  Serambeür en vint à la conclusion qu’ils s’étaient ensuite rendu aux écuries où il manquait deux chevaux de haute valeur et qu’ils avaient agressé  le forgeron qui les avait interpellé puis ils s’étaient aussitôt enfui de la cité  ; tout les indices convergeaient vers un seul constat : Lithildren les avait trahi.  Elle avait quitté la table juste avant l’évasion d’Oropher et elle demeurait introuvable dans toute la table : les doutes n’étaient pas permis et malgré sa surprise  et son chagrin le seigneur Ovadiel dut se faire à l’idée que la jeune elfe vaillante et vertueuse qui les avait quitté quelques siècles plus tôt n’était plus la même aujourd’hui.

Quand on annonça cela à Eugénion , il ne voulut le croire et il imagina divers scénarios plus farfelus les uns que les autres mais qui innocentaient tous l’elfe aux cheveux de jais.  Mais le petit philosophe sentait bien que ces théories ne tenaient pas la route et mis devant les faits il n’eut d’autres choix que de se rendre à l’évidence . Accablé,  Eugénion avait passé le reste de la nuit assis au côté d’Erennel en tentant de contrôler ses bruyants sanglot. Depuis qu’il l’avait rencontré à Edoras , le marchand ambulant avait instantanément senti qu’il pouvait lui faire confiance ; une confiance qui n’avait cessé de croître tout au long de leur périples. L’elfe lui avait plusieurs fois sauvé la mise et le Hobbit lui avait rendu la pareille lorsque son amie était à son tour en position de vulnérabilité. Comment aurait-il pu prévoir un tel retournement de situation? Elle avait le choix de s’allier et de s’enfuir avec le monstre qui les avaient poursuivis pendant des jours pour les tuer , en blessant gravement au passage  l’homme qui leur avait sauvé la vie à Bree.

Peu avant l’aube Ovadiel rejoignit le Semi-Homme ; il était rare de voir ce Seigneur Elfe dans un tel état. Son teint était livide et ses gestes loin d’être aussi gracieux qu’à l’accoutumée ; lui aussi semblait être sous le choc. Il s’adressa toutefois à son valeureux invité avec douceur et bienveillance.

“Maître Ionescgrin , je...je ne sais vraiment comment vous l’annoncer mais nos derniers motifs d’espérance viennent de s’envoler : Lithildren n’a pas été forcé à faire cela , Oropher ne l’a pas fait chanté. Ce qu’elle a fait , elle l’a choisi : c’est d’ailleurs elle qui a tué le garde et agressé votre ami.  J’ai trouvé cette lettre aux abords de l’écurie et je crois bien qu’elle vous est destiné.”

Il lui tendit un parchemin replié sur lui même que le Hobbit saisit d’une main tremblante.

“Je suis désolé” ajouta le seigneur Elfe avant de quitter la pièce.

Plein d’appréhension mais désireux d’en savoir plus , Eugénion déplia la lettre et la lut attentivement.




Mon cher ami, Eugénion,

Par où commencer ? Tout d'abord... Je te suis infiniment reconnaissante de m'avoir accompagnée et soutenue durant mon périple. rien ne t'obligeait, après Bree, à continuer de me suivre.

Oh, oui... Oropher était notre ennemi. Mais lors de ma visite aux geôles, j'ai compris qu'il ne l'était pas. Par le passé, Oropher et moi étions... très proches, plus que des amis. J'ignore s'il m'a aimée, mais je l'ai toujours considéré comme plus qu'un ami. Il a commencé à me détester quand je me suis fiancée avec Geraïnh. Lors de mon départ d'Imladris, il était là et m'en a voulue. Lui aussi est parti loin, et a même attaqué la cité avec l'Ordre de la Couronne de Fer. Geraïnh, mon fiancé, est mort sous l'épée de l'un de ses membres. J'ai décidé de libérer Oropher qui me guidera jusqu'au meurtrier de Geraïnh, et de venger mon aimé.

Mais même lorsque j'écris ces mots, je me rends compte que je cours à ma perte. Je ne te reverrais plus jamais. Je serais bannie de toutes les cités elfiques de la Terre du Milieu, et si je viens à m'approcher trop près de l'une d'elle, je serais une cible à abattre à vue. Sans procès. Car je serais une criminelle, fugitive et bannie. Je ne suis plus vraiment une elfe, désormais. je suis une vagabonde à la recherche de qui elle est et qui elle sera, avec une mémoire qui oublie le passé. J'ai encore bien des secrets à retrouver dans mon esprit, bien de gens à tuer pour me venger. Mais je ne regrette pas mon choix : ils ont osé attaquer Imladris, et bien que l'Ordre est défait, mon fiancé n'est pas vengé. Et il m'incombe de venger mon fiancé... et mes parents.

Je ne peux plus écrire... Je prends le risque de mourir dans tout les cas, mais tant pis. je suis prête à affronter mon destin, quoi qu'il m'en coûte.

Adieu, mon ami,
Ton amie... Lithildren.



Ainsi c’était avec une quête de vengeance qu’elle tentait de justifier ces actes innommables ; Eugénion comprenait son choix mais n’en fut pas moins extrêmement déçu d’elle ; elle avait  sûrement agi sans prendre de recul. La mort de l’assassin de son fiancé ne ramènerait pas ce dernier ; et en choisissant cette voie elle venait de perdre tous ceux qui l’aimaient encore : Ovadiel, Erennel même et bien entendu le petit philosophe.  Elle avait pris le chemin de la violence , de la vengeance personnelle ; un chemin où elle serait seule pour affronter les obstacles qui se dresseraient devant elle , une voie qui risquerait bien de finir de consumer l’elfe.  Elle voulait faire payer le meurtrier de Geraïnh et obtenir justice pour ses parents ; tous morts durant l’attaque de la  cité et pour ce faire elle avait été prête à pactiser avec le diable.

Le coeur brisé , Eugénion replia la lettre et la rangea dans une des ses nombreuses poches. Au même moment , Erennel remua dans son lit ; le Semi-Homme bondit sur ses deux grands pieds velus pour pouvoir observer le visage du veuf blond : il reprenait peu  à peu ses esprits.  Eugénion sourit au forgeron avant d’aller prévenir les guérisseurs du réveil de leur patient.

Grâce au prodigieux travail des médecins de Fondcombe , Erennel était hors de tout danger et ne garderait que peu de séquelle de cette mésaventure , tout du moins de séquelle physiques , si ce n’est une grande cicatrice qui marquera son flanc à jamais et de potentiels douleurs dans les prochains mois ; mais cela aurait pu être bien pire mais le forgeron pouvait déduire que Lithildren avait agi de sorte à ne pas toucher trop grièvement celui qui fut sauveur.
Cependant la convalescence prenait un certain temps et le forgeron fut contrait de rester encore plusieurs semaines dans la cité elfique.

De son côté, Eugénion préparait son départ : il désirait rejoindre sa Comté natale et y rester un certain temps pour se remettre de toutes ses émotions et pouvoi prendre un peu de recul par rapport à cette éprouvante expérience. Il avait déjà identifié son itinéraire et avait fait ses paquetages quand il vint rendre visite à un Erennel encore souffrant mais qui pouvait dorénavant se redresser , se lever et même à marcher.

Le forgeron accueillit le Semi-Homme avec jovialité ; il fallait dire que malgré le confort de sa chambre et la bienveillance du personnel , la vie sociale de l’homme n’était pas toujours facile : il n’avait quasiment pas de visite car bien peu ici ne se souciait vraiment de son sort. Heureusement , d’ici quelques jours , il pourrait sortir de l’hôpital et enfin aller où bon lui semblait. Eugénion prit place sur un tabouret et avoua :

“Peut-être que je n’aurai pas dû attendre la veille pour te l’annoncer mais il vaut mieux tard que jamais alors je te le dis : demain je pars d’ici pour retourner chez moi , en Comté ; là où un Hobbit à sa place car s’il y a bien une chance que j’ai apprise de mes péripéties c’est que ce genre d’aventures ne sont vraiment pas faites pour nous paisibles Hobbits ; les chocs physiques et émotionnels sont trop forts et nombreux , je suppose qu’il faut avoir le coeur bien accroché. “


Il jouait nerveusement avec ses doigts , visiblement gêné d’annoncer à celui qu’il voyait maintenant comme un ami qu’il allait “l’abandonner” car c’était plus ou moins ce qu’il s’apprêtait à faire.

“Tant de peines et de désillusions; moi qui fanfaronnait il y a quelque temps et qui me voyais faire une entrée triomphale à Fondcombe avec une elfe amnésique à qui j’aurai redonné la mémoire. Il faut croire que mon succès n’aura été que très partiel. Cela me fait penser d’ailleurs penser à une histoire , une dernière histoire
.

Voici l’histoire d’un désillusionniste , un des meilleurs agents du Roi ayant pour mission de  briser les rêves , les projets et les illusions des uns et des autres.  Il avait eut maintes occasions de prouver sa va leur et son talent  ; il avait notamment cassé le projet de coup d’Etat d’un général ambitieux grâce à ses bons mots et avait démontré  au monarque du royaume voisin qu’il était bien inutile de résister aux forces de son Roi qui envahissait son territoire.  Habile orateur il était parfois contraint de passer aux actes pour arriver à ses fins comme quand il avait dû brûler les vignobles d’un riche bourgeois dont l’influence financière commençait à faire de l’ombre à celle du Roi.  Son rôle n’était pas de détruire toutes les possessions d’un potentiel concurrent du Roi mais bien de montrer à cette hypothétique tierce personne que ses rêves étaient voués à rester de simples rêves et leur portant un coup moral assez fort pour qu’ils ne s’en remettent pas.

Un matin il fut convoqué à la salle d’audience du Roi. Le souverain  , haut perché sur son trône toisa son subordonné avec une méfiance. Grâce aux talents du désillusionniste le Roi avait mis hors course toutes les personnes susceptibles de lui faire un tant soit peu d’ombres , tous ces individus ; enfin sauf un .  Et cette dernière personne en qui le Roi voyait une potentielle menace s’agissait justement du désillusioniste lui-même qui gagnait en notoriété et en magnétisme  auprès du peuple.  Mais le monarque était un véritable animal politique , capable de maîtres coups et il comptait bien piéger son agent. Cela faisait longtemps qu’il voulait mettre le désillusionniste dos au mur mais voilà qu’enfin une occasion en or pour le faire se présentait à lui.


“ L’on m’a rapporté que dans la campagne vit un modeste fermier dont il se dit qu’il ne nourrit aucune illusion.
-C’est impossible ,
argua le désillusionniste , Nul n’est bercé par aucune illusion.  L’illusion est le moteur de la vie humaine.
-Eh bien alors prouve le moi! Va chez ce fermier et brises ses rêves ; alors je pourrai juger si tu es aussi compétent que tu le prétends. “


Le désillusionniste sortit du palais très confiant ; il ne voyait clairement pas comment il pouvait échouer dans sa tâche. Il cavala jusqu’à la ferme indiquée où le fermier  et sa famille bienveillante se montrèrent accueillants avec ce visiteur qui prétendait venir de loin et simplement rechercher un gîte pour la nuit.
Durant le dîner qu’on lui offrit il put observer avec attention le comportement de ce fermier qui semblait très attaché à ses maigres possessions et à ses animaux. Il en vint en à la conclusion que toute source d’espoir serait annihilé dans l’esprit du paysan. La nuit venue , il quitta donc discrètement son lit et brûla les plants de céréales avant d’égorger les bovins dans l’étable .

Au matin , le désillusionniste scruta la réaction ; ’il s’attendait à entendre de longues complaintes de désespoir et de nombreuses lamentations mais il n’en fut rien.
Le fermier haussa les épaules avant de dire simplement


“Des vandales sont venus dans la nuit ; nous reconstruirons.”

Désappointé le désillusioniste ne renonça pas pour autant . Il quitta la ferme pour rejoindre le palais où le Roi lui demanda des nouvelles ; l’agent dut alors reconnaître que sa première tentative avait échoué mais il comptait bien rebondir après cette tentative infructueuse.

Il se rendit dans la garnison adjacente aux palais où il donna ordre aux gardes de mettre aux arrêts la famille du fermier pour cause de haute trahison envers la couronne ; les militaires s’exécutèrent sans poser de questions. Puis , sur la place publique de la capitale sous les yeux du peuple mais aussi di pauvre fermier , le désillusionniste exécuta froidement la femme et tous les enfants : de l’aîné au benjamin sans exceptions ; mais au grand agacement de l’agent du Roi le paysan ne manifesta aucun signe de découragement. Le Roi demanda alors à son homme si il ne préférait pas renoncer au lieu de se casser les dents sur ce fermier décidément inébranlable mais ce dernier refusa. “ Nul n’est bercé d’aucune illusion” se répétait-il constamment.

Après réflexion , le désillusioniste crut enfin trouvé le seul point qui risquer de briser psychologiquement cet homme : sa liberté. Tout homme aspire à la liberté et l’en priver et lui ôter tout espoir de la retrouver désespère tout individu vivant et bien-pensant. Le désillusioniste fit donc incendier la demeure du paysan et l’enferma dans le plus profond et le plus sombre des cachots d’où l’on ne recevait pas la moindre once de lumière : là-bas aucun espoir de liberté n’était permis. Mais là encore nul cri de désespoir ne monta aux oreilles d’un désillusionniste qui commençait à craindre de perdre à son propre jeu. Le Roi , quant à lui , se délectait de voir que son désillusionniste deviendrait bientôt un désillusionné.

Incapable de se résoudre à l’idée d’avoir perdu , le désillusionniste descendit de la cellule du fermier.


“Parle!
Cria-t-il.
-Bonjour ; quel temps magnifique n’est ce pas ? “

La stratégie du paysan fonctionnait à merveille et il eut tôt fait de mettre hors de lui l’agent du roi qui y perdait le nord et se mit à frapper violemment le pauvre captif ; oubliant que c’était psychologiquement qu’il devait l’anéantit et non physiquement. De son côté le fermier n’était nullement importuné par les coups et se contentait de rire. Voyant que les atteintes physiques ne l’avançait à rien ; le désillusioniste tenta de se calmer en répétant inlassablement :


“ Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humain. Je ne comprends pas.
Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humaine . Il y a forcément un moyen.
Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humaine. Si tu n’as pas d’illusions alors tu n’as pas de moteur dans ta vie dont tu ne devrais pas vivre ; je devrais alors te tuer…”

L’évidence frappa alors le désillusioniste , du moins ce qu’il crut être l’évidence : sans illusions l’homme ne pouvait , ne devait pas vivre ; par conséquent il était de se devoir de tuer cet individu qui ne respectait pas les codes humains. Mais son raisonnement comportait une faille et il le savait ; si vraiment ce fermier n’avait jamais été bercé par des rêves comment aurait-il pu vivre jusque maintenant ? Il aurait du mourir bien plus tôt? Il y avait forcément quelque chose.



“Tue-moi alors désillusioniste désillusionné “
,ricana alors le fermier.

En entendant les propos quasiment moqueur du captif , le désillusionniste comprit ; cet homme était animé par une unique illusion , par un seul but.


“Tu vas effectivement mourir mais je ne tuerai pas par dépit car je ne le ferai nullement en tant que désillusionné. Car la seule raison pour laquelle tu vis ; ta seule illusion;  ton seul but  c’est de pouvoir me battre sur mon propre terrain. Quelle prétention! Mais à présent que je l’ai compris tu n’as plus espoir de me battre et ton rêve s’écroule”


Les rires du fermier s’arrêtèrent net et son visage devint livide ; il avait échoué, et par la même occasion le Roi venait de perdre son pari. Affichant un large sourire le désillusionniste déclara.

“Et a présent que plus aucun rêve ne te motive , tu n’as plus aucune raison de vivre”

L’agent tendit alors sa dague au fermier qui , désillusionné , se la planta dans son propre coeur sans hésiter. Il n’avait plus raison de vivre.

Le désillusioniste remonta à la surface en fredonnant allègrement :


“ Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humaine.  Nul n’est bercé par aucun doute . L’illusion est le moteur de la vie humaine. “


A la fin de cette histoire aussi cynique que macabre , Eugénion se redressa et serra la main d’Erennel .

“Au revoir je l’espère et si vous passez du côté de la Comté demandez Eugénion Ionescgrin.”


Eugénion sortit de la maison de guérison , son baluchon sur le dos et avec un poney que le seigneur Ovadiel lui avait généreusement fourni.  Le petit philosophe autoproclamé serait bientôt de retour chez lui ; à sa place avec nul autre illusion que réussir la cuisson de ses tartes au pommes.



Quelques jours plus tard ’Erennel était quasiment remis de ses blessures et il ne devait pas tarder à “être libéré”. Dans l’après midi il reçut une visite bien inattendue ; quand il avait entendu que quelqu’un arrivait il s’attendait à voir un guérisseur rentrer ou alors Ovadiel ou Yalë qui étaient venu ponctuellement prendre de ses nouvelles. Mais il faillit avaler son infusion de travers quand il vit le capitaine Serambeür franchir le seuil de la port. Le valeureux officier de Gar Thulion avait il égaré sa fierté dans une partie de chasse pour rendre visite à un simple humain?  L’elfe s’assit au chevet du forgeron :

“On m’a dit que vous alliez mieux … Je ne peux que m’en réjouir ; nous pourrons  à nouveau croiser le fer ensemble.

L’officier esquissa un sourire qu’Erennel ne lui rendit pas.

“Ecoutez ; je ne vous appréciais que très relativement il y a encore quelques jours mais quand j’ai su ce que vous avez fait Lithildren… Il n’y a rien de pire que de se faire trahir par l’un de ses proches. “

Il remonta alors la manche de son bras gauche où se trouvait une profonde cicatrice.

“Quand ma soeur décida de quitter la ville pour partir dans le monde des humains j’ai tenté de l’en empêcher et de savoir pourquoi elle avait prise cette décision . Elle refusa de me le révéler prétextant qu’elle désirait me garder en dehors de tout cela et quand j’ai voulu la retenir ou la forcer à ce que je l’accompagne elle m’a attaqué , non pas pour me tuer mais pour m’éloigner.
Aujourd’hui j’ignore où elle est et ce qu’elle a fait mais cette cicatrice , elle , restera à jamais gravé en moi.”

Serambeür  se leva alors et se dirgea vers la sortie , arrivé au niveau du seuil de la porte et se retourna vers le forgeron.

“ Adieu Forgeron aux Cheveux d’Or puisse les Valars vous suivre dans vos projets.”

Il quitta alors les lieux.



----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Oropher et Lithildren galopait à bride abattue depuis qu’ils avaient franchi les portes de la cité où ils n’avaient pas été repérés ; à priori personne n’était à leur poursuite , mais l’ancien membre de l’Ordre désirait s’éloigner le plus possible d’Imladris avant de faire reposer les montures. Oropher respirait à plein poumons l’air pur des bois qu’ils traversait. Il n’avait pas été derrière les barreaux pendant un long moment mais ce goût de liberté lui avait tout de même manqué et il était réellement bon d’y goûter à nouveau.  

Ils s’arrêtèrent après quelques heures pour faire boire les chevaux auprès d’un ruisseau  ;Lithildren interrogea alors son nouvel allié sur la suite des évènements.  Oropher s’approcha alors de l’elfe aux cheveux de jais ; déplaça délicatement  une mèche qui cachait les yeux se sa partenaire et lui caressa la joue avec un sourire.

“A présent allons accomplir ton destin ma chère Lithildren.”


Il remonta aussitôt au selle .

“Vers le Sud. Cap vers le Gondor.”

Les deux traîtres à Imladris reprirent leur avancée.




HRP : Voilà c'était le rp de clôture de notre quête, tout d'abord merci à vous deux pour votre investissement sans failles , votre bonne humeur et surtout vos écrits de qualité qui ont fait vivre et animé cette quête tout de même plutôt longue mais non moins haletante qui risque d'avoir de grandes répercussions sur vos personnages et sur leur évolution.
Lithildren : Nous allons continuer à rp ensemble e je jouerai Oropher en PNJ dans des rps qui suvront ta quête de vengeance .
Erennel : Tu es désormais plus ou moins libre bien qu'un peu affaibli par ta blessure ; si tu veux postuler à une quête ou rp avec d'autres membres sans MJtage particulier libre à toi ( tu as largement démontré que tu avais de belles capacités dans cette première quête). Toutefois si tu désires toujours qu'un coloré guide un peu tes pas , no problem dis le nous et un autre membre du staff prendra le relais ;D.
Et encore merci pour tout !  


#Ovadiel #Oropher #Serambeür
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 18 Fév 2016 - 15:13

Autour de la table d’Ovadiel l’ambiance était à la fête ,  les dicussions allaient bon trains et les plats défilaient les uns après les autres tandis qu’Eugénion comblait les quelques instants de flottements  avec quelques bons mots dont il il avait le secret.  Après que les assiettes où furent servi les plats furent débarrassés et que l’on attendait le dessert , Ovadiel et Yalë commencèrent à entonner quelques mélodies elfiques ; ils furent bientôt suivis par les autres Eldar attablées. Cet harmonieux chant cristallin procura instantanément , et ce de manière plutôt mystérieuse , un sentiment de bien-être profond chez Eugénion.  Le Semi-Homme ferma les yeux et se laissa porter par ces transcendante mélodie que le Seigneur Ovadiel et sa famille chantait avec une ferveur rare. Erennel , de son côté , était clairement moins enthousiaste devant cette douce musique mais ne l’ écouta pas moins attentivement que son ami philosophe à la panse bien remplie. C’est ce moment que choisit Lithildren pour glisser discrètement au maître des lieux qu’elle ne se sentait pas très bien avant de quitter la table ; si la scène passa complètement inaperçu pour Eugénion qui ne vit rien ce n’était pas le cas d’Erennel qui se demandait bien ce qui lui arrivait.  Du regard il tenta de faire part de ses inquiétudes à son ami mais le Semi-Homme qui avait déjà bu une quantité non négligeable de vin ne comprit pas le message.  Légèrement contrarié face à ce manque de soutien le forgeron décida de faire impasse sur le dessert et s’éclipsa discrètement ; le capitaine Serambëur remarqua bien son départ mais ce n’allait certainement pas être l’officier de Gar Thulion qui retiendrait le veuf parmi eux.
Erennel descendit de la terrasse et sortit dans les rues de Fondcombe langoureusement éclairées par quelques rayons pâles d’une lune à la fois bienveillante et inquiétante.


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Oropher sourit en voyant Lithildren entrer ; il savait qu’elle viendrait, il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle ne pouvait pas simplement rester assise au festin d’Ovadiel tandis que l’assassin de Geraïnh courrait toujours dans la nature.  Elle était vêtue d’une magnifique robe sombre et somptueusement coiffée ; leur fuite allait donc se faire sous les plus beaux apparats.  Lithildren parut toutefois un peu hésitante au début ; elle s’apprêtait à commetre l’irréparable et ne pourrait plus jamais revenir en arrière ; Oropher s’attendait à cette réticence et il lui suffit d’un petit peu d’insistance pour la faire plier et c’est avec un sang-froid incroyable que même Oropher n’aurait pas pu prédire que l’elfe amnésique trompa le garde avant de le poignarder violemment.  L’ancien membre de l’Ordre lâcha un soupir d’admiration devant l’abnégation de sa salvatrice qui ne tarda pas à ouvrir les portes métalliques du cachot. Oropher sortit et lui tendit les bras pour qu’elle le libère de ses liens mais elle refusa de le faire avant d’avoir quitté la cité ; il fut un peu déçu mais haussa les épaules , elle devrait bien le libérer tôt ou tard.

Tu me déçois un peu Lith’... Nous avons conclu un accord et crois moi te poignarder est bien la dernière chose que j’ai envie de faire. Sache que je te fais entièrement confiance et tu ne arderas pas à me vouer la même confiance. Mais nous en rediscuterons plus tard , pour l’instant il nous faut quitter Imlardis au plus vite et pour cela nous allons avoir besoin de montures ; filons aux écuries!"

Laissant sur place le cadavre du pauvre garde sur place , Oropher et Lithildren remontèrent à la surface sans se faire remarquer mais ils avaient conscience que bientôt le corps du soldat serait retrouvé et que les portes de la cité se refermeraient ; leur marge de manoeuvre était très tenue. Dans la pénombre et sans un mot ils se dirigèrent vers les écuries qui par chance n’était pas vraiment gardé.

C’est alors qu’ils allaient rentrer dans le bâtiment qu’un individu de la ville aperçut deux silhouettes et s’approcha pour les identifier. Oropher étouffa un juron avant de se tourner vers sa libératrice:

“Je vais chercher deux chevaux équipés pour le voyage , pendant ce temps occupe-toi de lui”

Lithildren s’apprêta à entamer la conversation avec son plus beau sourire tout en serrant fermement son poignard encore ensanglanté dans sa main. Elle avait déjà tué une fois pour accomplir sa destinée et venger ses proches elle pourrait bien le faire une deuxième fois. C’est alors que quand le citoyen ne fut plus éloigné que de quelques mètres d’elle qu’elle reconnut Erennel. Elle se mit alors à paniquer et trembler , qu’allait -elle pouvoir faire ? Pouvait elle froidement assassiner celui avec qui elle avait tant partagée ces derniers jours? N’y avait il pas d’autres moyens? Il était trop tard pour faire machine arrière et elle le savait ; si elle restait elle devrait répondre de ses actes et ne pourrait jamais marcher vers son destin. Il fallait qu’elle trouve une solution au plus vite sans quoi ses projets seraient réduits à néant.

#Oropher
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Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 28 Jan 2016 - 20:03

Eugénion marchait aussi vite que ses courtes jambes le lui permettaient à travers les longs et magnifiques couloirs de la maison de guérison. Mais pour le petit philosophe l’heure n’était point à la contemplation des ouvrages architecturaux des elfes, il essayait de faire le point sur les récents évènements et d’envisager les différentes options qui s’offriraient bientôt à lui.

Le voyage qu’il avait choisi de faire avec Lithildren depuis Edoras était terminé ; ils avait atteint Fondcombe en un seul morceau et ils se trouvaient à présent en sécurité, son amie elfe était retournée dans sa ville natale mais cette cité n’était pas celle du Semi-Homme. S’il avait décidé de rester quelques jours voire quelques semaines ici pour prendre un peu de repos et se remettre de ses émotions, il savait que tôt ou tard il devrait quitter la région pour retourner vaquer à ses occupations qui le faisaient voyager entre la Comté et les royaumes humains. Cela ne lui déplairait pas forcément de revenir à sa routine habituelle et de retrouver son logis en Comté; les elfes avaient beau lui réserver un traitement de choix ils n’en appartenaient pas moins à une culture totalement différente de la sienne et Eugénion ne semblait pas très enclin à adopter leur mode de vie . Absorbé dans ses pensées, le petit penseur ne regardait pas vraiment devant lui et , au détour d’un virage, il percuta violemment le flanc d’un homme . Un peu sonné Eugénion s’excusa à la hâte avant même de se rendre compte que la personne qu’il venait de bousculer n’était autre qu’Erennel, ce forgeron qui lui avait sauvé la vie à Bree.
A priori lui aussi n’avait pas l’intention de s’éterniser ici d’autant plus qu’Eugénion doutait fort qu’on ait réservé le même traitement de faveur à cet homme plutôt taciturne qu’au charmant Hobbit.

"Ah! Monsieur Erennel, quel heureux hasard ! Je voulais justement vous remercier à nouveau pour votre geste salvateur. Vous m’avez sauvé la vie et j’ai une dette imprescriptible à votre égard bien que je sois à peu près certain que je ne pourrai jamais vous rendre la pareille.
"

Eugénion adressa un petit sourire reconnaissant au forgeron puis les deux voyageurs se remirent à marcher dans la même direction sans réellement savoir vers où ils se dirigeaient.

"Sinon comment se passe votre journée? De mon côté à part le petit incident à cause duquel nous avons dû passer une partie de la nuit à la belle étoile , je n’ai rien à reprocher à nos hôtes du moment. Je comptes rester ici un petit moment pour me ressourcer avant de reprendre la route ; et vous qu’avez vous prévu?"

C’est en formulant cette question qu’Eugénion, de nature toujours aussi curieuse, se rendit compte qu’il ne connaissait à peu près rien à propos de son sauveur , un peu comme pour Lithildren , mais les mystères entourant le passé elfe  était plus ou moins excusés par l’amnésie de la principale intéressée.  D’où venait cet homme? Que faisait-il à Bree? Pourquoi avait il fait le choix de quitter son foyer? Quel était son métier? Était-il de ces mercenaires qui parcouraient les routes à la recherche de quelque contrat juteux ? Tant de questions qui n’attendaient que des réponses , mais si le Hobbit voulait tirer quelque chose de l’homme blond il fallait les poser assez subtilement pour pas qu’il ne sente agressé par un individu faisant la moitié de sa taille qui lui ferait subir un interrogatoire.
Pour amorcer la discussion le Semi-Homme posa une question qui était , à ses yeux, pertinente. Il ne se doutait pas qu’elle risquait de raviver de douloureux souvenir dans le coeur d’Erennel.


"J’imagine que vous allez rejoindre votre foyer, votre famille ; non?"


Le forgeron s’arrêta net et tourna la tête vers Eugénion , la question du Semi-Homme lui avait visiblement fait un certain effet qui avait l’air d’être tout sauf positif.

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Oropher riait, oui il riait même aux éclats , lui le traître qui croupissait au fond de sa geôle riait d’un rire moqueur et désinvolte.  Lithildren lui faisait subir un interrogatoire dans les règles de l’art ; et il était à peu près certain que s'il n’y avait pas des barreaux entre eux , elle l’aurait déjà pris à la gorge . L’elfe amnésique lui avait ordonné de lui révéler des noms , des lieux et toutes les autres informations liées au défunt Ordre de la Couronne de Fer; quelle naïveté…

De toute façon le renégat n’avait pas tenue à parler à elle seule et à nul autre pour avoir la même discussion qu’il aurait eu avec un officier de la cité , non cela n’aurait eu aucun sens. Si c’était elle qu’il avait choisi ce n’était pas par hasard loin de là. Son regard sombre se posa sur son interlocutrice:

“Il y  a bien des choses que tu désires savoir Lithildren Valbeön de Fondcombe mais tes requêtes trahissent ton ignorance : tu sais si peu de choses.”


Il fut à nouveau secoué par un petit rire. Oropher semblait se délecter de cette situation malgré sa position précaire.

“Tu veux des noms et des informations ; je pourrai te les donner après tout , juste pour voir ce que tu en feras. Les transmettras tu sagement aux instances de la cité en attendant que ces derniers fassent quelque chose ? Ce qui , je te l’assure , n’arrivera jamais. Ou alors iras-tu seule et héroïquement combattre  ceux que tu considères comme tes ennemis? Dans tous les cas tu risquerais d’être déçue : l’Ordre a été dissout , ses têtes ont été abattues ; leur repères principales sont vides et les anciens agents sont traqués au quatre coins du continent , la plupart ont été tués et les survivants se cachent des autorités comme ils le peuvent. Je crains bien que tu arrives après la bataille Lithildren , d’autres se sont chargés de faire le travail ; tu ne seras pas la salvatrice du monde , tu as raté le coche.”

Il parlait tout en affichant un sourire qui semblait déstabiliser la jeune elfe. Il marqua une courte pause , le temps que Lithildren assimile complètement ses dernières paroles puis il continua à répandre son venin.

“T’es tu demandée pourquoi je me suis mis à te poursuivre sans relâche alors que tu ne m’avais rien fais? Certains pensent que c’était pour tirer une rançon de ta capture , effectivement c’est ce que je dis à mes hommes pour qu’il me suive mais la réalité est bien différente. J’étais là , Lithildren Valbeön quand tu as fait le choix de quitter ta cité pour accomplir tes rêves et servir tes intérêts . J’ai vu le désespoir de ceux qui tenaient à toi et qui attendaient vainement ton retour mais jamais tu ne leur a porté de nouvelles. Et puis quelques temps après , j’ai choisi de servir mes intérêts personnels , comme tu l’avais fait. Finalement nous ne sommes pas si différents toi et moi…”

Oropher laissa cette phrase lourde de sens en suspens pendant quelques secondes .

“Et puis nous avons tout les deux plus ou moins échoués.”


Il émit un petit rire ironique.

“Regarde nos situations respectives : je croupis au fond d’une geôle tandis que toi tu as erré durant des siècles avant de revenir vers le foyer que tu avais quitté. “


Ce dialogue était quasiment à sens unique ; Lithildren était absorbée et sans aucun doute hautement perturbée par les paroles néfastes  du renégat. C’était elle qui devait mener un interrogatoire mais c’était bien le prisonnier qui donnait le rythme. Et il n’en avait pas fini .

“Tu éprouves de la haine envers ceux qui ont tués tes proches et à présent tu veux les venger mais cela ne les fera pas revenir. Lithildren, où étais tu quand ils combattus pour défendre leur cité? Étais-tu à leur côté pour sacrifier ta vie comme ils l’ont fait?  C’est à ce moment là que tu aurais pu agir.”

L’elfe qui était assis au fond de sa cellule , dans l’ombre , se leva alors et se dirigea d’un pas très lent vers l’elfe aux cheveux de jais. Il s’approcha autant qu’il le put et seule une poignée de centimètres et quelques barreaux  séparaient leurs deux visages.

“Néanmoins, je comprends tout à fait tes ressentiments : ta haine et ta quête de vengeance sont parfaitement compréhensibles. La chance que tu as c’est qu’en face de toi se trouve la personne qui pourrait t’aider à mener à bien tes projets. J’étais là quand Geraïnh s’est fait tué , je l’ai vu et je connais son assassin. Je peux même te dire qu’il est encore vivant et je sais où il se trouve et comment l’atteindre ; seule tu ne pourras pas y parvenir."


Il marqua une pause.

"Pour cela il faudra que tu sois prête à détacher tes liens avec cette cité”

En disant ces mots , il désigna du regard ses mains qui étaient menottées  , visiblement il y avait d’autres liens à libérer.

Les deux elfes s’observèrent silencieusement quand une porte, à l’étage supérieur ,  s’ouvrit à la volée et le bruit de quelqu’un qui descendait prestement des escaliers de fit entendre. Oropher reprit sa position assise au fond du cachot tout en continuant à fixer Lithildren.

Le capitaine Sereambëur entra précipitamment dans le couloir où se tenait l’elfe amnésique.

"Alors , a-t-il parlé?"
Demanda-t-il brusquement à Lithildren avec un ton abrupt qui pouvait surprendre. "Qu’a t-il dit?"

De toute évidence , l’officier de Gar Thulion n’était pas la bonne personne pour partager les paroles du renégat. Pas que le capitaine n’était pas animé de bonnes intentions mais il était trop impulsif, trop impatient et sûrement trop rigide pour vouloir comprendre la situation. De toute façon rien de ce qu’avait dit Oropher à Lithildren ne risquait de l’intéresser. L’elfe aux cheveux de jais fit donc le choix de ne rien lui révéler ou tout du moins de ne lui dire que quelques bribes d’informations mineures dont l’officier n’avait cure.

"Rien de plus? Très bien , vous pouvez partir à présent ; je vais moi même me charger de faire parler ce traître."

Ne préférant pas penser par quels moyens Serambëur s’apprêtait à faire parler le prisonnier, Lithildren se dirigea vers la sortie , non mécontente de quitter cet endroit et le regard de celui qui fut son poursuiveur quelques jours plus tôt.
Elle put entendre , avant de monter les marches qui la ramèneraient vers la surface , le capitaine poser une question au captif avant de le menacer. La voix d’Oropher s’éleva alors , calme et sereine , et de toute évidence il ne s’adressait pas à l’officier de Gar Thulion .

"Si tu veux avoir tes chances il faudra agir vite ; dès cette nuit."



Parcourue par un frisson soudain , Lithildren monta les escaliers quatre-à-quatre. Elle désirait bien sûr venger Geraïnh et ses parents mais pour ce faire elle allait devoir faire évader son ennemi; Oropher avait raison , lui seul détenait les informations nécessaires et il comptait bien tirer profit de cette situation. Le jeu en valait-il la chandelle?

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Durant l’après-midi , chacun vaqua à ses occupations ; les guérisseurs prirent à nouveau en charge Lithildren qui passa la journée au fond de son lit. Les médecins de la maison de guérison jugeait que l’escapade qu’avait faite leur patiente dans les geôles l’avait affaiblie ; il ne cessait de répéter entre eux que personne ne tenait jamais compte de leur diagnostics et de leurs prescriptions.  

Erennel de son côté , après avoir longuement échangé avec Eugénion avait aussi fait le choix d’aller se reposer un peu ; le périple l’avait considérablement fatigué même s’il avait la chance de ne déplorer aucune blessure sérieuse.
Eugénion , toujours aussi curieux , ne put s’empêcher de visiter la ville et de parler avec les habitants qui avaient un peu de temps à lui consacrer. Il s’émerveillait tantôt devant les constructions des Eldars et il déplorait tantôt la destruction massive de la ville  faite par l’Ordre quelques mois auparavant. A titre d'exemple , les écuries ancestrales de l’entrée de la ville étaient en ruines, complètement calcinés ; un bien triste spectacle.

Le soir même , ils furent invités par le seigneur Ovadiel dans sa noble demeure pour partager le repas du soir. La table avait été dressée sur une terrasse spacieuse où la vue était imprenable. Lithildren avait été installée à droite du maître des lieux ; à sa gauche se trouvait Eugénion qui commença alors à lui conter les rencontres et découvertes qu’il avait faites dans l’après midi, Erennel se trouvait à côté du Semi-Homme. Ovadiel était également entouré par sa femme , sa fille Yalë et deux de ses fils . Une chaise , à coté du forgeron , était encore vide.

On servit les premiers plats ; de toute évidence l’hospitalité était un maître mot dans la famille d’Ovadiel. Il y en avait pour tout les goûts et chacun put trouver ce qu’il lui convenait,  même des étrangers non-habitués aux pratiques culinaires de Fondcombe; Ovadiel savait recevoir. Ce dernier demanda alors à ses invités du jour :

"A présent que vous êtes en sécurité et bien traité , du moins je l’espère , entre les murs de la ville ; je me permets de vous interroger à propos des circonstances qui vous ont amenés jusqu’ici , un Semi-Homme et un humain. C’est plutôt inhabituel ; je peux comprendre le désir de Lithildren de revenir vers sa ville natale mais vous quels sont vos motivations?"

Eugénion s’empressa alors de répondre .

"Eh bien je dirai que c’est à la fois simple et compliqué à comprendre. Je vendais mes marchandises à Edoras , il y a de cela quelque temps , quand j’ai rencontré Lithildren par un heureux coup du destin. Après avoir longuement discuté ensemble elle me fit part de son projet de rallier Fondcombe , je pris alors la décision de l’accompagner. Comprenez que mon quotidien n’est pas toujours très excitant et que j’avais besoin de casser ma routine. Et puis je désirais ardemment aider mon amie à retrouver sa voie jusqu’ici. Nous avons donc voyagé sans encombres jusqu’à Bree ; nos journées étaient rythmées par nos dialogues et histoires que nous nous échangions ou plutôt que je me chargeais de lui raconter ; Lithildren n’est pas d’un naturel très bavard. Nous fîmes donc une halte à Bree mais là-bas des agresseurs nous ont tendu en piège et c’est à ce moment là qu’Erennel , qui passait par là , est intervenu pour nous sauver la vie.  Notre ami comprit alors qu’il s’était embarqué avec nous et qu’il était dans le même sac  ; il n’avait plus le choix , il devait continuer la route jusqu’à Fondcombe. Grâce à l’aide d’un des habitants du village , nous avons pu quitter Bree en un seul morceau mais nos ennemis étaient déjà à nos trousses. Après moults péripéties et miracles nous avons réussi à atteindre les ruines de Valdol et la suite de l’histoire vous la connaissez.

Je crois que c’est un résumé assez complet , me trompes-je ? "
Demanda-t-il à Lithildren et Erennel.

Fasciné par leurs aventures Ovadiel et sa famille bombardèrent le petit trio si insolite de toutes les questions possibles. C’est alors , au bout de plus de deux heures , que le dernier convive fit son apparition.

Ah Capitaine! s’écria Ovadiel en voyant arriver Serambëur. Venez vous installer je vous prie. “

Le notable lui présenta le siège vide à gauche d’Erennel. Si l’officier de Gar Thulion était réticent à l’idée de s’asseoir à côté du forgeron , il n’en laissa rien paraître. Il s’assit et commença à se servir.

“Le prisonnier a-t-il parlé?
s’enquérit Yaël auprès de son supérieur

-Non , il est assez coriace ; il ne m’a rien révélé , il ne m’a même pas adressé la parole. Mais j’ai bon espoir que cela fonctionne mieux demain.”


Les minutes continuaient à s’écouler dans cette atmosphère joyeuse et chaleureuse et où tout le monde était plus ou moins à son aise y compris Erennel qui malgré la présence de son voisin antipathique , commençait presque à trouver ce repas agréable. Seule Lithildren semblait en retrait , elle parlait peu et ne mangeait pas mais personne n’y prêta vraiment attention ; Ovadiel mettant cela sur le compte de ses traumatismes passés mais l’elfe aux cheveux de jais était tourmentée par autre chose.

Eugénion , qui se sentait comme un poisson dans l’eau se risqua même à narrer l’une des petites histoires dont il avait le secret:

Voici l’histoire d’un roi qui régnait sur son royaume depuis sa tendre enfance et le décès de son père alors qu’il était encore dans un berceau. Il n’y avait rien au monde que cet homme aimait plus que son poste de monarque  malgré les nombreuses responsabilités qui incombaient à une telle position. En bon vivant et en parfait épicurien ce souverain passait son temps à satisfaire ses plaisirs divers et variés , tous plus improbables les un des autres.
Les années passèrent avec faste pour cet homme et sa cour, le vin coulait à flots , les femmes défilaient et le trésor personnel de notre bon roi augmentait de manière proportionnel à l’appauvrissement du peuple.
Mais , après de longues décennies d’opulence , le temps commença à faire son oeuvre. Des cheveux blancs apparurent sur les tempes du potentat, des petites rides firent leur apparition au coin de ses yeux et sur son front ; il commençait à ressentir de plus en plus de fatigue , ses gestes étaient moins vigoureux et ses réflexes bien moins vifs.
Il ne cessait de faire appel à ses médecins , jour après jour , qui lui diagnostiquaient sans cesse de nouveaux problèmes de santé ; une santé qui commençait sérieusement à se dégrader. En plus de ses membres qui rouillaient , il était régulièrement secoué par une fort toux et des maux d’estomac gênait considérablement le bon déroulé de ses nombreuses digestions. Bref cela n’allait pas très fort.
Un jour , alors qu’il était installé sur son trône pour entendre les requêtes des gens du peuple pendant un de ces événements mensuels où le contact entre la population et leur dirigeant devait devenir effectif selon les ministres malgré les profondes réticences du roi, un vieil homme entra dans le palais. Il avait des cheveux gris en bataille et une longue barbe miteuse cachait le bas de son visage émacié.

-Que désires tu vieil homme?questionna le Roi.

L’étranger leva alors  un doigt accusateur en direction du monarque qui se raidit sur son siège, se sentant comme agressé par ce simple geste.

-Vous! Majesté! Ne croyez pas que vos médecins vous seront utiles; avec leurs piètres remèdes ils ne font que fuir la vérité!

-Et quelle est donc cette vérité dont tu parles ? Fit le roi de plus en plus circonspect face à ce visiteur pour le moins inhabituel .

Le vieil lâcha un éclat de rire avant de répondre à la question de son roi :
-Mais Majesté, la raison de vos maux , le fléau qui vous frappe ; il ne s’agit pas d’une maladie quelconque ou autre menace physique , non celle qui vous affaiblit jour après jour n’est autre que la Mort en personne!Le temps fait son effet , la Nature reprend ses droits et vous ne pourrez y échapper.

Le visage du souverain se mit alors à pâlir brusquement alors qu’il ordonna d’une voix qui se voulait sereine mais qui ne le paraissait pas du tout , de faire sortir cet énergumène de son palais.

Les propos de ce mystérieux vieillard troublèrent le roi au plus haut point. Ainsi c’était la mort qui le guettait...A la simple évocation de cette idée, il fut parcouru par un frisson : c’était impossible , il ne pouvait pas mourir , pas lui ; la Mort ne pouvait pas avoir raison de lui , de son pouvoir.  Ce n’était pas une fatalité mais le plus grand des combats , un simple rapport de force.
Les maladies menaçaient sa santé , il fallait donc faire en sorte qu’elles deviennent inoffensives pour lui. Il se mit donc à investir de manière tout simplement stratosphérique dans la recherche médicale; tous les scientifiques du royaume se mirent à produire une multitude de remèdes pour immuniser le Roi contre tous les maux possibles et imaginables. L’audacieux projet du roi paya et au bout de quelques années , il n’y avait quasiment aucune maladie qui pouvait affaiblir un seigneur plus en forme que jamais.

Mais un jour , alors qu’il ne l’avait plus revu depuis leur première entrevue , le vieil homme qui avait annoncé sa mort revint parler au Roi. Le pauvre vagabond avait réussi à rentrer malgré la présence de la garde par on ne savait vraiment quel miracle ; mais à vrai dire , à ce moment là , l’entourage du roi qui était attablé avec ce dernier se souciait plus de savoir ce que ce vieillard allait bien pouvoir dire .

-Vous jouez à  un jeu dangereux Majesté! Nul ne peut réchapper à sa fatale destinée et si les maladies ne pourront pas vous emporter alors autre chose s’en chargera. Qui sait ? Après tout vous avez tant de rivaux ; un petit peu de poison dans une assiette et le tour est joué.

Profondément agacé mais à la fois encore troublé ; le roi chassa ce galvaudeur avant de prendre la décision de faire vérifier tous les aliments qu’il consommait par des spécialistes. Ainsi nul poison ne put entrer dans sa bouche.

Mais quelques jours plus tard le vieillard reparut, toujours aussi déterminé à proclamer le décès prochain du monarque.

-Le poison ne vous touchera peut être pas mais vos nombreux ennemis aux frontières finiront par avoir raison de vous.

Irrité mais à nouveau troublé , le roi fit tout d’abord enfermer cet homme si provocateur , il avait compris qu’en écoutant ses paroles il saurait quels chemins prendre pour accéder à l’immortalité et  l’éternité.
Après cela il fit lever une immense armée qu’il équipa des meilleures armes possibles et il partit en guerre contre tous les royaumes voisins qui furent écrasés les uns après les autres. En l’espace de quelques moi le Roi était devenu le seigneur omnipotent de la région entière et il n’avait pas à s’inquiéter de potentielles attaques extérieures.

C’est alors que depuis le fond de la cellule , la voix du vieillard retentit encore et secoua à nouveau tout le palais.

“Mort au rat! Mort au rat! Mort au rat! Mort au roi!” se mit-il à crier pendant plusieurs heures.

L’évidence frappa alors le roi ; la population de rats dans le royaume ne cessaient de croître et les rongeurs amenaient avec eux toutes sortes de maux , en particulier la peste qui risquait de décimer son territoire et peut-être même l’affecter lui.
Il lança donc une grande campagne de dératisation du territoire et grâce au prodigieux et harmonieux travail de plusieurs flûtistes spécialisés , les rats furent tous noyés dans le fleuve. Il n’y avait plus rien à craindre d’eux .

Mais le pauvre hère , qui croupissait encore dans les cachots , n’avait pas dit son dernier mot loin de là. Alors que la nuit venait de tomber et que le calme régnait , il se mit à hurler

-Vous pensez avoir éliminé la totalité de vos ennemis mais vous vous fourvoyez! Les hommes les plus dangereux se trouvent à l’intérieur de vos frontières! Ils auront votre tête et le cours naturel des choses pourra reprendre la place qui lui est dûe.

Le Roi avait toujours conscience de la pertinence des paroles de son captif même si  en d’autres circonstances il l’aurait probablement fait exécuter de manière sommaire.
Là encore le vieil homme visait juste et il fallait agir vite , très vite. Il fit arrêter et tua tous ses opposants politiques et il renforça considérablement sa sécurité personnelle. Il était toujours entouré de plusieurs gardes de confiance et il se fit fabriquer une cotte de maille indestructible qu’il portait en permanence pour se prémunir contre toute attaque.

Les années continuèrent à s’écouler mais elles ne semblaient avoir aucune emprise sur le Roi qui continuaient à gouverner le royaume comme il l’avait toujours fait. En effet ses chercheurs avaient mis au point une lotion qui stoppait le vieillissement de son corps. Un soir il descendit fièrement dans les prisons du palais ; il semblait satisfait de sa victoire contre la Mort et il comptait bien partager ce sentiment de puissance et d’invincibilité à son pauvre captif qui paraissait de plus en plus rachitique à mesure que les jours passaient.

-Alors vieillard ! Regarde moi ! J’ai gagné , tes prédictions se sont révélées fausses ; aujourd’hui j’ai atteint l’immortalité et la Mort ne peut m’atteindre. Je suis insensible aux maladies , aucun ennemi ne peut m’atteindre et dorénavant je peux même te dire que le vieillissement ne peut plus m’affecter. Je suis immortel! Le comprend-tu?

Le vieillard fut alors pris d’incontrôlables tremblements ; il s’assit sur le sol et balbutia :

-C’est impossible...ça ne peut pas...non !Non! Non!

Le monarque avait convaincu le vieil homme de sa victoire sur la Mort et les convictions du pauvre hère s’écroulait comme un château de cartes. Une création de la Nature pouvait donc outrepasser les lois qui la régissait pour toucher l’immortalité.

Non mécontent de son incroyable succès , le roi annonça publiquement son immortalité qui fit grand bruit. Ainsi le Roi était appelé à régner jusqu’à la nuit des temps et peut-être même au-delà; mais cela ne pouvait bien sûr pas être au goût de tout le monde.

Une nuit , le fils aîné du roi et héritier du trône égorgea son invincible père durant son sommeil. Le lendemain on proclama la mort du roi immortel et le couronnement du dauphin; le royaume fut alors plongé dans l’incompréhension la plus totale sauf au fond d’une geôle insalubre où un vieillard captif avait entendu les échos de cette nouvelle. L’homme affichait un large sourire : le rat avait voulu jouer avec la Mort mais , comme toujours , celle-ci avait fini par remporter cette lutte trop déséquilibrée pour connaître une issue différente.



La fin du récit d’Eugénion fut suivi par quelques secondes de silence avant qu’Ovadiel se mit à applaudir.


-Fantastique Maître Ionescgrin!
S’enthousiasma-t-il. Ainsi les gens de la Comté n’ont pas perdu leurs talents de conteurs. Qu’en pensez vous? demanda-t-il aux invités.

Mais autour de la table il y avait une convive qui semblait avoir l’esprit occupé par d’autres préoccupations bien plus pressantes.

#Ovadiel #Oropher #Serambeür #Yalë
Sujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 2 Déc 2015 - 22:40


Après tout ce chemin, se pouvait-il réellement que ce soit la mort qui les attende à la fin ? Cela en avait tout l’air. La vaillance et la détermination des voyageurs leur permettaient d’entretenir une très faible lueur d’espoir mais à terme , l’issue du combat était largement prévisible. Que pouvaient faire un forgeron de formation , un semi-Homme plus habitué aux élucubrations philosophiques qu’aux cris de guerre et une elfe totalement inconsciente face à de féroces combattants prêts  à en découdre ? Pas grand-chose si ce n’est repousser l’échéance finale de quelques minutes .

Eugénion s’agita légèrement sur sa selle . Avait-il peur ? Assurément oui , il pouvait la ressentir dans chaque parcelle de son petit corps mais il ne s’agissait pas là de ce genre de peur qui vous paralysait ou vous faisait fuir . Il n’avait nullement l’intention de se défiler , non la peur qu’il ressentait faisait partie de ces peurs bénéfiques qui repoussait les limites de vos capacités ; celle que l’on peut ressentir lorsque sa vie et celle de ses amis et en danger et que l’on se sent prêt à tout pour empêcher l’inévitable de se produire.  Il y avait quelque chose de paradoxal dans son attitude , d’un côté le petit être savait pertinemment qu’ils ne feraient pas le poids mais de l’autre il était impensable pour lui de songer à jeter l’éponge .

Un premier cavalier chargea Erennel qui réussit d’une fine parade à faire chuter son vis-à vis qui finit sa course à plat ventre au sol.  La manœuvre du forgeron avait eu le mérite d’être efficace mais il avait été déstabilisé par la rudesse du contact ; le second cavalier faillit profiter de ce moment pour porter un coup fatal au colosse blond mais c’était sans compter la bravoure d’un Semi-Homme bien décidé à dire son mot dans cette histoire.  
En voyant ce qui était en train de se passer et le grave danger que courrait son ompagnon , Eugénion n’hésita pas une seule seconde. De manière presque instinctive , il prit les rênes d’Olann et fonça sur l’ennemi tout en saisissant sa dague . Surpris par la manœuvre du Hobbit , Prash ne put frapper Erennel ; il faut dire qu’il ne s’attendait vraiment pas à ce que ce petit être si insignifiant à ses yeux puisse intervenir de la sorte . Le cavalier lança un regard meurtrier au hobbit.

"Oh,Oh !"
C’est à peu près la seule pensée qu’eut Eugénion quand leurs yeux se croisèrent ; le Hobbit était certes parvenu à détourner l’attention de son adversaire et Erennel n’était plus en danger immédiat ; mais il y avait bien un hic : à présent la cible c’était lui . Instantanément le Hobbit sentit cette envie de fuir remonter en lui ; fuir pour échapper à la mort incarnée par cette silhouette robuste et mauvaise : l’instinct de survie avait pris le dessus sur sa remarquable vaillance.

Mais il n’eut finalement pas besoin d’esquisser le moindre geste pour assurer sa survie : une lame traversa de part en part le torse de Prash sous les yeux ébahis d’un Eugénion en état de choc. Alors qu’Erennel retirait son arme et commençait à mesurer la portée de son geste , le sang se mit à coule abondamment et le cavalier s’effondra au sol , mort.  Le Hobbit , la bouche légèrement entrouverte , n’arrivait pas à détourner son regard du cadavre qui venait s’ajouter à longue liste des victimes mortes en ce lieu.

Oropher fronça les sourcils , la partie était censée être facile ; comment pouvait-il perdre un de ses hommes de mains dans un tel combat . Il fit lentement avancer son cheval et dégaina son épée , prêt à intervenir si les deux condamnés faisaient encore preuve de résistance ; mais il ne charge pas immédiatement : ce genre de situation était l’occasion rêvée pour voir ce que ses alliés avaient réellement dans le ventre .  Gommer , le second soldat , s’était empressé de remonter en selle ; il fut insensible à la mort de son compagnon mais chargea tout de même le forgeron qui semblait absorbé par ses pensées, décidé à en finir.  Quant à lui , Norfal , qui était resté en retrait depuis le début des hostilités , se tenait prêt à bondir sur Lithildren pour pouvoir enlever l’elfe comme Oropher le désirait. Mais pour les anciens de l’Ordre rien ne semblait vouloir se passer comme il le prévoyait. Alors que Gommer s’apprêtait à lever son arme pour l’abattre sèchement sur la nuque d’Erennel , un flèche siffla dans l’air et finit sa course entre les deux yeux du cavalier qui mourut sur le coup. Une clameur s’éleva alors ; une compagnie entière de cavaliers armés d’arcs et de sabres fondait sur eux . En l’espace de quelques secondes ils encerclèrent les acteurs de ce triste spectacle et les tenaient en joue.  

Un rapide coup d’œil permit à Eugénion d’identifier les nouveaux venus : des elfes de Fondcombe . Ceux-ci se tenaient fiers et droits sur leur belles montures et dans leurs armures reluisantes , toutefois leur air paraissait menaçant et il était certain qu’ils étaient prêt à réagir au moindre geste.
Oropher se mit alors à jeter des regards affolés dans toutes les directions comme pour trouver une porte de sortie mais c’était peine perdue ; il lança alors une série de jurons bien indignes dans la bouche d’un Eldar ; Norfal, de son côté , s’était volatilisé mais les elfes ne semblaient nullement s’en soucier. L’un d’eux , qui devait être leur chef , fit avancer sa monture et toisa la scène du regard ; il ne s’attarda pas sur les cadavres et ne fit transparaître aucune expression . Lorsqu’il vit Oropher il indiqua à deux de ses hommes d’arrêter l’ancien sbire de l’Ordre qui se débattit à peine , comme résigné à son triste sort.

Eugénion allait exploser de joie et de soulagement, un nouveau miracle venait de leur sauver la mise ; après tout peut-être qu’il y avait bien une entité supérieure susceptible de modeler leur destin. Mais le Hobbit s’était sûrement emballé un petit peu trop vite car le capitaine Serambëur faisait partie de ces êtres méfiants qui n’accordaient pas leur confiance aux premiers venus, surtout lorsque ceux-ci appartenaient à une race différente et quand l’un d ‘eux était un humain qui ne semblait pas particulièrement enthousiasmé par la présence d’une troupe d’elfes. Il jaugeait les étrangers d’un regard loin d’être bienveillant tout en adoptant , de manière presque instinctive , un air suffisant qui traduisait son sentiment de supériorité.  Lorsqu’il leur adressa enfin la parole , ce fut d’un ton sévère , sans politesse aucune qui tranchait avec la voix mélodieuse des Eldar qui transparaissait pourtant .

-Qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous dans cette ville maudite ? Et qu’avez-vous à voir avec cet individu ?


Il désigna du doigt Oropher que les soldats de Fondcombe avaient  promptement menotté et mis sous bonne garde.  L’officier de Fondcombe attendait des réponses précises et il ne bougerait probablement pas d’un millimètre avant de les avoir obtenu.

Entre temps une cavalière elfe aux magnifiques cheveux châtains qui descendaient en cascade depuis l’arrière de son casque ouvragé,  avait elle aussi mit pied à terre et s’était immédiatement précipité vers Lithildren qui gisait toujours inconscient au sol. Elle passa le dos de sa main sur son front , il était brûlant. Elle s’exclama alors:

-Capitaine , elle est en grave danger ! Il lui faut des soins !


Serambëur ignora tout simplement la cavalière ; il continuait à fixer intensément Erennel  comme s’il voulait analyser et avoir accès à chaque parcelle de l’esprit du forgeron afin de connaître ses intentions mais il se heurta à un mur.

-Capitaine , insista la jeune elfe , si nous ne faisons rien elle mourra ! Elle est des nôtres !

Ces derniers mots réussirent à faire réagir l’officier qui détacha son regard de l’humain pour s’intéresser à Lithildren .  Quelques secondes d’observation suffisait pour confirmer les dires de sa subordonnée ; elle avait les traits des elfes de Fondcombe . Sans cacher son mécontentement Serambëur remonta en selle et ordonna à sa troupe de reprendre la route vers la cité millénaire .
Eugénion , qui appréhendait surtout ce qui allait se passer une fois arrivé là-bas , remonta , non sans peine , sur Olann grâce à l’aide d’Erennel qui enfourcha à son tour Aldranys.
Quant à elle , Lithildren était entre les délicats bras de la jeune elfe qui était intervenu en sa faveur.
La troupe repartit au triple galop , l’elfe amnésique avait besoin d’un guérisseur au plus vite et d’ailleurs les cavaliers n’étaient pas mécontents de s’éloigner le plus rapidement possible des ruines de Valdol qui leur rappelaient des temps bien sombres.

Ils approchaient de Fondcombe mais de toute évidence le capitaine Serambëur n’en avait pas fini avec l’homme et le Semi-Homme. Eugénion soupira , ils avaient certes atteint leur but mais n’étaient sûrement pas au bout de leur soucis , loin de là ! Ah si seulement il avait la possibilité de fumer un peu de Vieux Tobie pour encaisser les péripéties du jour… Malheureusement  ces derniers temps il avait le sentiment de ne plus avoir la possibilité de faire grand chose.
« Crotte de porc »
jura Eugénion en exprimant toute sa lassitude.



[HRP] Ce rp prend fin ici , la suite à Fondcombe . Je la posterai prochainement.[HRP]


#Oropher #Serambeür
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 9 Nov 2015 - 12:17

Malgré leur avance relative qui fondait de plus en plus minute après minutes ; les choses commençaient sérieusement à se gâter pour le trio. Droguée , Lithildren avait totalement perdue connaissance et ne leur était plus d’aucun secours en cas d’attaque ; bien au contraire ils devaient désormais la transporter comme un fardeau . Eugénion quant à lui mobilisait toute ses forces et sa concentration pour rester en selle. Erennel lui avait dit monter seul sur Olann , de monter seul… Quelle idée de monter seul à cheval pour un Hobbit. Ses énormes pieds velues étaient à plusieurs vingtaines de centimètres des étriers et à chaque fois que le présumé philosophe jetait un regard vers le sol il était assailli par une forte crise de vertige.

Toutefois ils ne devaient pas perdre espoir pour autant ; Fondcombe n’était plus très loin.
Ils chevauchèrent ainsi pendant près d’une heure à travers ce petit bois tranquille ; puis ils entrèrent dans une grande vallée plane et dégagée où quelques villages s’étaient établies à divers endroits. Au loin , à l’horizon , on pouvait distinguer d’immenses chutes d’eau jouxtées par de hauts édifices qui brillaient d’une pâle lueur : Fondcombe.
A cette vue , le visage d’Eugénion s’illumina d’un grand sourire : Fondcombe était là , si proche ; ils y étaient enfin , ils avaient réussi. Soudainement ragaillardi le Semi-Homme s’excita tout en pointant du doigt la cité millénaire.

-C’est là Fondcombe, j’en ai déjà vu des illustrations dans les livres. On y est ; on a réussi !
cria-t-il à Erennel.

Le forgeron , bien qu’un peu soulagé , n’était pas dupe pour autant . Tout d’abord il fallait déjà arriver dans la cité en vie ; c’était bien utile de pouvoir l’admirer mais à vue d’œil la distance qui les séparait de la Bruinen était grande d’encore plusieurs lieux ; il n’y était pas encore arrivé. Et puis quand bien même ils y parvenaient, pour le forgeron, la perspective d’arriver et de rester au moins pour un temps dans une cité elfique ne l’enchantait guère. Il pourrait tout au plus essayer de glaner quelques informations à propos de l’elfe qu’il traquait depuis tant de temps.

Le trio se dirigea en ligne droite vers leur objectif ; il fallait faire au plus court. Sur leur route il n’y avait qu’une petite ville à traverser ou plutôt ce qu’il en restait. Le spectacle qui s’offrait à la vue des yeux effarés d’Eugénion et Erennel était désolant ; de la bourgade qui devait autrefois être riche et prospère il ne restait que des ruines calcinés. Des bâtisses et des maisons de bois il ne restait plus que quelques pans de mur et des poutres carbonisés , les bâtiments les plus imposants faits de pierre étaient complètement détruits et la muraille qui entourait autrefois la ville s’était pitoyablement effondrée. Il n’y avait aucune trace des victimes ; les caavres avaient dû être déplacés et enterrés par de bonnes âmes après la catastrophe. On aurait dit que Smaug , Glaumrung ou n’importe lequel des dragons cracheurs de feu des anciennes légendes était passé par ici pour tout brûler. En un sens c’est bien ce qu’il s’était passé , ces ruines étaient des  témoignages inertes du chaos engendré par l’ancienne  présence de l’Ordre de la Couronne de Fer dans cette région , cet Ordre avait sans doute été le fléau le plus important de ces dernières années ; le dragon le plus meurtrier.  Les voyageurs passèrent à côté d’une bannière déchirée portant les emblèmes de Valdol qui avait échappé au feu.  De toute évidence l’endroit n’inspirait pas confiance et de manière instinctive les montures pressèrent les pas devant ce sinistre tableau sans que leurs cavaliers n’esquissent le moindre geste pour cela ; ils étaient sûrement trop occupés à scruter les vestiges comme s’ils craignaient que quelque démon puisse en surgir pour les attaquer. A peu de choses près c’est effectivement ce qu’il se passa. Au détour d’une ruelle et alors qu’il devait déboucher sur ce qui restait de la porte de la sortie de la cité , un cavalier fonça en direction d’Erennel à toute allure , épée à la main. Le forgeron eut le bon réflexe de changer de trajectoire au dernier moment tandis que l’arme porta son coup dans l’air avec un sifflement ; l’assaillant fit alors arrêter la course de son cheval et s’arrêta à quelques mètres du trio. Le cavalier qu’il venait de les agresser était un homme grand et fort et avec une énorme mâchoire carrée ; un casque à cornes dissimulait le haut de son visage. Erennel se saisit de son épée et fixa ce nouvel adversaire prêt à en découdre.
Eugénion entendit un bruit de sabot derrière eux , le Hobbit tourna la tête et put constater avec horreur qu’un second homme s’était posté derrière eux , leur barrant la route et rendant toute retraire impossible.
Quelques secondes plus tard ce fut une silhouette familière qui apparut sur leur droite ; un homme maigre et frêle emmitouflé dans de larges et amples vêtements et qui avançait avec la discrétion de l’ombre : Norfal était là.

Les deux cavaliers adressèrent un sourire narquois au forgeron à et ses compagnons ; Erennel ne comptait pour allié qu’un Semi-Homme certes vaillant mais aussi utile au combat qu’un écureuil de garde et une elfe inconsciente. La partie était jouée d’avance ; de son côté , l’espion affichait toujours cette expression impassible et indéchiffrable.
Eugénion fut saisi d’effroi , malgré leur important retard , leurs poursuivants avaient fini par les rattraper. NON ! C’était impossible ! Cela ne se pouvait pas ! Si près du but , ils ne pouvaient pas échouer si près du but ! C’était impensable. Fondcombe était là , si proche et voilà que ces hommes avaient réussi à les devancer pour leur couper la router. Alors en était-ce fini de ce périple ? Allait-il mourir dans ce village désolé au milieu de ces décombres sans que personne avant bien longtemps ne s’en aperçoive.

Devant eux une silhouette elfique s’avançait tranquillement vers eux. Oropher affichait un air satisfait , cette fois il ne laisserait pas cette occasion filer entre ses doigts. Le regard de l’elfe aux cheveux de jais passa successivement du forgeron qui était prêt à défendre chèrement sa vie au petit Hobbit qui surmontait une vieille jument ; il était d’ailleurs compliqué de déterminer qui du Semi-Homme ou de la bête était le plus proche de la syncope , ses yeux finirent finalement par se poser sur Lithildren , toujours inconsciente ; l’objet de toute ses envies et de toute cette poursuite. Enfin justice pourrait être réclamée et faite.  Face à la résitance bien faible à laquelle il était opposé , Oropher ne put s’empêcher d’adopter une expression quelque peu amusée.
Le cadre dans lequel il évoluait était familier à l’elfe ; et pour cause, Oropher faisait partie du groupe qui avait incendié Valdol sous la direction du Bras de Fer et selon les ordres du défunt Seigneur Lammâth.  Aujourd’hui le sang coulerait à nouveau sur les pavés calcinés de la cité.
Lentement il fit approcher sa monture de ses adversaires tout en parlant de sa voix suave.

-Vous me semblez bien vaillant et inconscient pour vous être embarqué dans cette histoire quand rien ne vous y obligé. Après tout rien ne vous forcait à suivre cette elfe dans ses projets fous et dans ses élucubrations ; cela est d’autant plus remarquable que voys avez pu remarquer qu’elle n’est pas vraiment stable psychologiquement. Cela soulève en moi plusieurs interrogations. Noblesse de cœur ou conflits d’intêrets ? Courage et vaillance ou  démence et délire ? Malheureusement , voyez-vous , je ne considère pas ces questions comme assez intéressantes pour que la recherche de leur réponse me fasse perdre un temps précieux. . Messieurs veuillez agréer l’expression de mes condoléances distinguées.


Sur ces mots les deux cavaliers robustes ; Gommer et Prrash se ruèrent sur Erennel tandis que Norfal restait à l’affût , un peu en retrait et qu’Oropher s’apprêtait à observer avec délectation le massacre qui s’annonçait
La situation avait dépassé le stade critique et nul doute qu’ils auraient besoin d’un nouveau miracle  mais pour l’instant le forgeron ne pouvait que compter sur ses talents de combattant.

#Oropher
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 24 Oct 2015 - 23:39

Les miracles étaient rares et exceptionnels et beaucoup de monde y avaient cessé d’y croire depuis des lustres, Eugénion le premier du moins jusqu’à maintenant. Par quel autre terme que celui de « miracle » pouvait-on objectivement désigner cette soudaine retraite temporaire de la part de leurs poursuivants alors que ces derniers étaient sur le point de les rattraper.  Il ne savait quel être supérieur venait de leur offrir une opportunité d’atteindre Fondcombe et de s’en sortir indemne ; cette chance était à saisir car le Hobbit doutait fort qu’il y en aurait une seconde. Le pont était à des lieues de là et le petit trio venait par conséquent de prendre une sacrée avance sur leurs assaillants ; ils purent ralentir l’allure pour laisser les montures souffler un peu et la nuit tombé ils pourraient même se permettre le luxe de se reposer quelques heures à condition bien sûr de garder un œil attentif ouvert pour monter la garde et prévenir tout imprévu ; du repos , leurs organismes en avaient bien besoin .
L’épuisement gagnait tous les petits membres du philosophe, son corps n’était aps fait pour supporter ce genre d’aventure. Les elfes et les hommes en bonne condition physique pouvaient tenir le choc mais franchement y’avait-il une chose qu’un Semi-Homme puisse surmonter seul dans ce genre de périple ? A part la digestion d’un petit-déjeuner conséquent Eugénion ne voyait pas grand-chose.

Toujours assis juste devant Lithildren , le marchand ambulant observait d’un œil vitreux le paysage qui se profilait devant eux . Le climat se réchauffait quelque peu et le vent se faisait moins ressentir ; la végétation était de plus en plus luxuriante et une faune diversifiée habitait ces prairies. Autant de signes qu’ils approchaient de Fondcombe ; la cité elfique millénaire qui faisait resplendir et prospérer les  régions adjacentes par quelque magie ancestrale.
Bercé par le trot lent d’Aldranys ; Eugénion se laissa peu à peu gagner par le sommeil. Ainsi il somnolait, le menton sur le poitrine et la tête se balançant au rythme des pas du cheval. Les heures passèrent et ils pénétrèrent dans une forêt assez calme et clairsemée. Les arbres respiraient la sérénité  et les oiseaux gazouillaient gaiement. Autant de petits détails qui pouvaient redonner l’espoir et le sourire à des aventuriers éreintés. L’endroit était très peu fréquenté ; seuls quelques bûcherons discrets venaient faire leur travail en prenant gare à ne pas faire trop de bruit comme s’il craignait de briser l’harmonie qui régnait dans ce lieu. Nul plan et nul carte n’était nécessaire pour comprendre que Fondcombe n’était plus très loin.

Alors le soleil disparut pour laisser sa place à la lune qui illuminait la nuit noire de son éclat immaculé. Lithildren et Erennel se mirent rapidement d’accord pour s’installer dans une clairière pour la nuit ; de toute façon l’obscurité nocturne des bois ne leur permettait pas de continuer leur route sans risquer de perdre le cap.  Epuisé, le forgeron et le Hobbit s’endormirent à même le sol ; laissant très galamment à l’elfe le soin d’assurer le premier tour de garde malgré les vertiges dont elle était victime.

La drogue qui avait atteint la jambe de l’elfe aux cheveux argentés par le biais de la fléchette s’instillait doucement dans l’organisme de cette dernière et faisait peu à peu son effet pervers. Au fil des minutes les maux de têtes et les vertiges devenaient de plus en plus douloureux et fréquents tandis qu’elle avait l’impression que ses sens la trompaient. Sa vue n’était plus aussi perçante qu’auparavant et l’horizon lui apparaissait flou, son ouïe captait tellement de sons à des intensités très fortes qu’elle avait l’impression que son tympan allait exploser et elle était bien incapable de reconnaître une quelconque odeur ; et avec tout ça elle devait encore monter la garde.

Elle s’efforçait de rester éveillée et de ne pas perdre connaissance ; elle avait le devoir d’assurer son créneau de garde et elle comptait bien l’honorer. Erennel prendrait la relève bientôt .  Alors qu’elle luttait contre ses maux un fracas l’alerta sur sa droite ; quelque chose approchait. Elle fit volte-face en criant pour alerter ses compagnons ; le forgeron bondit d’un coup et se rangea immédiatement auprès de  l’elfe après avoir saisi sa lame ; prêt au combat. Eugénion fut bien réveillé par le cri d’alerte , il se mit assez péniblement debout sur ses deux petites jambes et serra ses poings tremblants ; lui aussi était prêt à en découdre, enfin le moins possible mais il était tout de même prêt . C’était déjà une effort surhobbitien que d’être prêt à l’affrontement.
La cause de cette alerte ne tarda pas à se manifester , un écureuil roux ; complètement affolé par le remue-ménage qu’il avait provoqué en marchant sur une malheureuse brindille , s’enfuit sans demander son reste. Un écureuil ! L’elfe les avait alertés de la présence d’un écureuil en plein milieu de la forêt ! Ah elle était bien bonne celle-là ! Lithildren n’en revenait pas ; comment un si petit animal avait pu produire un tel fracas , on aurait dit le bruit d’un énorme grizzly. Visiblement ses sens lui jouaient bien des tours . Erennel jeta un regard noir à l’elfe ; la situation aurait peut-être prêté à sourire si les esprits n’étaient pas aussi tendus.

C’est alors que les douleurs causés par al drogue arrivèrent à leur acmé  et d’un coup Lithildren qui avait jusque-là réussi à plus ou moins contenir les effets perdit connaissance. Elle s’écroula sur le plancher de mousse , de feuille et d’humus ; la respiration haletante. Affolé par l’évanouissement de son amie Eugénion se précipita sur elle ; il lui prit son pouls et la température : elle souffrait d’une violente fièvre.  Il leva les yeux vers Erennel qui d’un simple regard lui fit comprendre qu’il n’avait pas la moindre idée de la procédure à suivre. C’était un forgeron qui savait se battre pas un médecin ou un herboriste. Le Hobbit comprit alors que c’était à lui de prendre les choses en main ; l’avenir de l’expédition reposait sur ses petites épaules. Il sortit de sa sacoche une touffe d’herbes aux vertus médicinales qu’il avait toujours lui ; normalement il fallait les préparer en infusion mais en l’occurrence il n’avait ni le temps ni les moyens de faire une tisane pour la malade. Il tendit les herbes à Erennel

-Messire Erennel ! Mélangez ça à de l’eau s’il vous plaît et faites lui boire le mélange. Vite le temps est compté.

Eugénion savait qu’il fallait remettre l’elfe sur pied au plus vite pour pouvoir repartir et préserver un peu d’avance mais ce n’était pas simplement pour cela qu’il s’acharnait à déployer ses maigres connaissance médicales puisées ça et là dans quelques ouvrages poussiéreux. Non , il désirait aussi ardemment sauver et soigner ce qu’il pouvait appeler « une amie » . L’elfe avait été depuis leur rencontre une oreille attentive à son discours si particulier , elle avait été la personne parfaite avec qui débattre ou échanger à propos de tel ou tel sujet et elle lui avait sauvée la mise à maintes reprises . Leur rencontre à Edoras avait peut-être été fortuite mais elle avait été bienheureuse.  

Il appliqua des compresses sur le front de l’elfe amnésique tandis qu’Erennel qui avait achevé sa préparation s’efforçait de la donner à boire tout en prenant soin de ne pas étouffer la patiente du soir. Ils ne pouvaient rien faire de plus pour l’instant ; Eugénion avait épuisé tout son savoir et ses moyens médicaux , il ne restait plus qu’attendre si les efforts produits paierait .

Au petit matin la situation n’avait pas franchement évoluée de manière significative , l’elfe avait ouvert les yeux mais elle semblait encore trop faible pour pouvoir reprendre la route . Malheureusement il n’y avait plus le temps de tergiverser ; déjà au loin on pouvait entendre le bruit de cavaliers ; apeuré Eugénion jeta un regard interrogateur au forgeron blond . Que fallait-il faire à présent ?

------------------------------------------------------------------

Le rythme imposé par Oropher à ses hommes et leurs montures était tout bonnement infernale ; ils filaient à une allure impressionnante. Il fallait dire que s’ils voulaient combler leur retard sur l’elfe et ses alliés ils avaient intérêt à galoper sans s’arrêter ; en moins de deux heures ils avaient déjà atteint le pont de bois et ils le franchissaient. L’elfe jeta un très rapide coup d’œil en direction du fleuve qui coulait en dessous d’eux. L’eau… Il détourna prestement le regard comme s’il ne pouvait pas soutenir la vue d’un tel spectacle. L’eau , il la craignait profondément et plus jamais il n’aurait le courage de traverser une rivière .

Courir , courir et courir encore et encore . Courir pour fuir , courir pour semer tes poursuivants , courir pour vivre , courir car l’elfe n’a pas d’autres choix. Fondcombe vient de tomber entre les mains des elfes de Gar Thulion sous les ordre de cet être impétueux : Calion Palantir. Les chefs de l’Ordre ont été défaits durant la bataille : Lammâth est mort , Corbeau à disparu dans la nature et Le Bras de Fer s’est enfui . Oropher a survécu à la bataille malgré une profonde entaille qui court de l’épaule jusqu’au thorax ; avec trois autres sbires de l’OCF il a réussi à s’extirper à temps de la mêlée et à s’enfuir. A présent ils doivent fuir au plus vite et au plus loin car déjà les elfes de « la reconquête » sont à leur trousses et eux ne sont sûrement pas à pieds.  Les quatre agents de l’Ordre arrive au niveau d’un cours d’eau , ils choisissent de le longer sans prendre le temps de s’arrêter ; pas le temps pour se reposer , pas le temps pour boire , pas le temps pour réfléchir. C’est alors que juste devant Oropher un de ses alliés s’écroulent une flèche fichée dans le crâne ; il dégaine sa lame comme ses compagnons le font. Trois cavaliers elfes arrivent sur eux ; trois contre trois mais l’effet de surprise est à mettre du côté des assaillants qui n’étaient pas attendus de si tôt déjà un autre fuyard est éliminé . Oropher n’a pas le temps d’esquisser la moindre riposte qu’un cavalier saute de sa monture pour bondir sur lui ; les deux elfes tombent eu sol et roulent dans la rivière. Le cavalier est plus fort physiquement , mieux protégé par sa lourde armure et animé par une colère meurtrière : il veut se venger des crimes commis par l’Ordre dans le havre sacré d’Imladris. Les deux belligérants ont perdus leurs armes dans leur chute mais le combat ne s’arrête pas pour autant , les coups s’échangent avec violence ; le cavalier prend le dessus et saisit alors Oropher à la gorge et plonge son visage sous la surface de l’eau. Le sbire de l’Ordre se débat dans tout les sens , le cavalier tient solidement sa prise ; Oropher suffoque déjà sa vue se trouble et le courant froid commence à engourdir ses membres . Sous son bras il sent alors un gros rocher , d’un geste désespéré il s’en saisit et frappe son adversaire au visage. Le rocher s’abat avec un bruit sourd sur la tempe de l’assaillant qui relâche sa prise avec un cri de douleur avant de s’écrouler dans l’eau , le crâne fracassé .  Oropher reprend son souffle avec difficulté avant de courir récupérer son épée ; le combat n’est pas terminé. L’autre sbire a réussi à abattre un des cavaliers mais a fini par céder face au second qui se rue à présent sur Oropher ; amoindri après être passé à deux doigts de la mort. Mais d’un geste expert et qu’il réalise avec un poil de chance il parvient à trancher la gorge de son adversaire. Le danger est passé , l’elfe est épuisé : l’elfe est assoiffé mais ne boit pas et il part en s’éloignant du fleuve : il ne veut plus voir cette eau qui a faillit être à la fois son bourreau et son cercueil .

L’elfe fut tiré de ses pensées par la voix de Norfal

-Là ! Regardez !

Du doigt l’espion désignait des traces encore fraîches de sabots de chevaux ; des traces que beaucoup n’auraient pas été en mesure d’apercevoir mais Norfal n’était pas l’un des acolytes favoris d’Oropher pour rien , cet homme était indéniablement doué.
Ils s’engagèrent tout les quatre dans une petite forêt à vive allure : Fondcombe n’était plus très loin mais avec un brin de réussite ils parviendrait peut être à rattraper à temps cette elfe si lucrative , ce maudit homme et ce stupide Semi-Homme .
#Oropher
Sujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 7 Oct 2015 - 11:42

Si la maîtrise de la situation par Erennel et son fidèle destrier Olann pris dans les flots était toute relative celle de Lithildren et Eugénion était clairement catastrophique. Sans que l’elfe n’eut pu le prévoir , Aldranys fit un bond phénoménal pour plonger dans la rivière ; envoyant au passage valser ses deux cavaliers. L’eau était glacée et le courant étonnamment puissant pour un petit cours d’eau tel que celui-ci . Pris de panique par cette chute soudaine Eugénion commença à s’agiter ; il effectuait de grands gestes inutiles avec ses bras et ses jambes dans l’espoir de lutter contre le courant. L’elfe amnésique ne s’était pas laissé déstabilisée , elle tenait fermement d’une main les rênes de son cheval et de l’autre elle s’était saisie d’Eugénion pour l’amener avec elle vers la rive. Complètement affolé le Semi-Homme ne comprenait pas réellement ce qui était en train de lui arriver ; l’eau déferlait sans cesse et n’avait pas manqué de le recouvrir entièrement à plusieurs reprises . Le Hobbit préférait l’eau quand elle était chaude et dans une baignoire mais dans ces conditions cette eau lui apparaissait en tout points détestable.

A grand peine mais en faisant preuve d’une détermination à toute épreuve , Lithildren se rapprochait de plus en plus du rivage , tirant derrière elle son cheval et son ami. Elle devait lutter contre le courant , le froid et le sol glissant  ; devant elle Erennel venait d’atteindre la terre ferme .  Le forgeron avait su faire preuve de sang-froid et il avait effectué la traversée avec plus ou moins de facilité.

De son côté Eugénion prit enfin conscience que continuer à se débattre de la sorte gênait plus l’elfe qu’autre chose ; il tenta donc de se calmer bien que la chose n’était pas aisée . En effet si le niveau venait à gagner encore un peu plus en profondeur ou si le débit de l’eau augmentait  c’était lui et pas un autre qui se retrouverait intégralement sous l’eau .

Au fur et à mesure que Lithildren avançait , la traversée devenait de plus en plus difficile . La nature semblait déchaîner ses éléments pour empêcher l’elfe aux cheveux d’argent d’atteindre son but  ; le courant était encore plus fort , l’eau encore plus froide , le terrain encore plus accidenté. Chaque pas supplémentaire était plus dur à faire que le précédent ; de nombreux voyageurs se seraient découragés , épuisés , et auraient fait le choix de laisser le courant les emporter ; un choix peu judicieux car c’était la mort qui se trouvait au bout du chemin , cela Lithildren l’avait compris et elle continuait à se démener comme une lionne pour sauver sa vie et celle de ses lionceaux . Erennel , depuis la rive , observait la scène , impuissant.  Mais courage , persévérance et abnégation finissent toujours par payer , et au prix d’innombrables efforts ils atteignirent la berge sains et sauf.  Avec l’aide du forgeron Eugénion se hissa sur la berge , rapidement imité par l’elfe qui tirait son cheval derrière elle .
Epuisés et trempés le petit groupe n’avait assurément pas la force de reprendre une intense course-poursuite . Ils restèrent sur la berge où ils reprenaient leur souffle tant bien que mal tandis qu’ils grelottaient à cause du vent qui soufflait sur leurs organismes meurtris et mouillés jusqu’au os .  Ils tournèrent instinctivement leur regard vers la rive opposée ; il n’y avait plus qu’à espérer qu’un miracle se produise pour empêcher les sbires d’Oropher de franchir la rivière car s’ils y parvenaient c’en était fini du petit trio bien trop fatigué pour pouvoir fuir ou opposer une résistance ne serait ce qu'un tant soit peu crédible. Un miracle oui , et c’est à peu de choses près ce qui se produisit…







Ils étaient enfin à leur portée , quelques mètres à peine devant eux , en train de fuir vainement l’inéluctable  . Bientôt ils seraient sur eux et l’issue de ce combat inégal était dores et déjà écrite ; Norfal le savait. Déjà les flèches des ex-agents de l’Ordre pouvaient atteindre les fuyards ; Oropher avait pris pour cible cet homme blond qui avait contrecarré ses plans à Bree . L’elfe n’avait nullement l’intention de le capturer en vie et comptait bien envoyer cet homme incommodant sur les plaines de lumières.  Mais même pour un elfe ayant des siècles d’expérience , tirer à l’arc sur une cible en mouvement tout en galopant n’était pas une chose aisée et à plusieurs reprises Oropher rata sa cible de peu .

Quand il vit qu’un ruisseau se trouvait devant eux , Norfal esquissa un sourire ; la traversée prendrait beaucoup de temps aux trio qu’ils poursuivaient . La poursuite s’arrêterait donc ici , à proximité de ce cours d’eau qui serait bientôt teinté de rouge sang. Mais alors que l’espion allait lancer son cheval dans l’eau à la suite des fugitifs Oropher leva le bras et cria


-Arrêtez-vous!


Surpris , Norfal stoppa sa monture et observa son supérieur qui semblait profondément troublé . L’elfe fixait la rivière avec de grand yeux écarquillés dans lequel on pouvait lire de la peur, de mémoire humaine , jamais l’espion n’avait vu Oropher dans un tel état. Ce dernier fit même reculer son cheval de quelques mètres sans pouvoir détacher son regard terrifié du courant . Après de longues secondes il releva enfin son regard tout en lançant un regard plein de haine à cet elfe , cet homme et ce Hobbit qui osait le défier . Mais ces derniers semblaient , sans vraiment comprendre comment , avoir remporté cette manche-ci.


-Au pont! Tous au pont vite!


Au pont? Mais celui-ci se trouvait à des lieux d’ici ! Pourquoi ne pas simplement traverser la rivière ici? S’ils prenaient le pont les fuyards prendraient une avance conséquente et avaient de fortes chances d’atteindre Fondcombe avant qu’ils ne puissent les rattraper. C’était rageant ! Ils étaient si proches du but , à portée de mains . Norfal tenta de protester:


-Mais prendre le pont nous ferait faire une détour de plus…


Oropher fit alors volte-face et adressa un regard noir à son subordonné


-Il suffit ! Nous prenons le pont!


De frustration Norfal frappa du poing la croupe de son cheval mais ne répondit pas . Quand Oropher était dans cette humeur là il ne valait mieux pas le contredire au risque de s’attirer les foudres de ce combattant émérite. Mais la manoeuvre de l’elfe avait de quoi étonner , lui qui était d’ordinaire un fin stratège était en train de commettre une erreur qui risquait bien de leur coûter cher. Qu’est ce qui pouvait bien le motiver?


Avant de suivre Oropher et les deux autres qui se dirigeaient déjà au triple galop vers la passerelle  , Norfal , animé par un éclair de lucidité , sortit de sa sacoche une petit fléchette qu’il plaça dans sa sarbacane. Il propulsa le projectile de l’autre côté de la rivière et il ne manqua pas sa cible. La fléchette se ficha sèchement dans la cuisse d’une Lithildren qui ne s’y attendait pas réellement . En  voyant cela Eugénion courut se mettre à l’abri derrièr eun rocher , il ne désirait pas être pris pour cible. Le projectile fit heureusement plus de peur que de mal , la souffrance engendrée était minime et l’elfe retira aisément la fléchette avant de monter à nouveau en selle . Il était temps pour le petit groupe de repartir avant que la nuit ne tombe ; il valait mieux profiter de l’avance qui leur avait été offerte par les Valars .


Norfal de son côté avait conscience qu’avec ce détour la partie allait être beaucoup plus compliquée à remporter mais au moins restait-il un espoir . Il n’y avait plus qu’à prier pour que la drogue injectée dans le projectile fasse son effet.

#Oropher
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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 17 Sep 2015 - 23:34
Suite de : Dis moi où tu es je te dirai qui tu étais



La route allant de Bree à Fondcombe avait été beaucoup moins emprunté ces derniers temps que les autres axes ; la région avait été sous l’influence néfaste de l’Ordre de la Couronne de Fer et les voyageurs avaient peu à peu évités de s’en approcher de trop près , y compris les plus intrépides. Le sentier était donc plus accidenté et peu de monde ne l’empruntaient ; les elfes avaient beau avoir repris la cité celle-ci était en ruine et la région entière avait perdue de sa splendeur passée ; il n’y avait presque plus d’échanges commerciaux dans cette contrée et on disait que les corbeaux rôdaient encore dans le ciel en quête d’un nouveau cadavre à déguster . Que ce soit un mensonge ou non il fallait toutefois se rendre à l’évidence ; sur cette route la solitude et le vide ambiant pesaient sur les rares aventuriers qui s’y risquaient.

Cependant les trois voyageurs qui cheminaient à présent sur cette voie aurait bien aimé être seuls ; en effet ils avait que derrière eux des êtres hostiles aux intentions troubles les pourchassaient . Le constat était simple : il fallait atteindre Fondcombe avant que ceux-ci ne les rattrapent , leur vie en dépendait et ils en prenaient peu à peu conscience.

Ils avaient quitté Bree une demi-heure plus tôt au triple-galop et ils avaient filé à une telle allure que le village n’était à présent presque plus visible à l’horizon . Ils étaient en train d’épusier leur montures mais celles-ci ne s’en plaignaient pas comme si elles aussi avaient compris l’ampleur du danger qui les guettaient. Pour l’instant il n’y avait aucune trace de leur potentiels “poursuivants” ; se pouvait il qu’ils les avaient semés dans leur départ précipité? Mieux valait il ne pas se reposer sur ses lauriers et rester vigilants. Nunne les avait prévenus , ces hommes là ne lâchaient jamais rien et ils risquaient de rappliquer d’une seconde à l’autre.

Assis juste devant Lithildren , Eugénion ne semblait pas vraiment être dans son assiette . Il n’avait pas vraiment l’habitude de monter de vrais chevaux et encore moins quand ceux-ci galopaient à bride abattue . Ballotté dans tous les sens il semblait être sur le point de chuter à chaque seconde et il se cramponnait tant bien que mal à la crinière du cheval  . Ce qui était certain c’était que toute ces histoire n’aidaient pas vraiment la digestion de son immense petit déjeuner. Ah ça non alors! Çà n’aidait pas du tout!  Pour le Semi-Homme la question n’était plus de savoir si il rendrait son repas mais de savoir quand il le rendrait. Ah mais franchement que pouvait on penser de toute cette précipitation? Courir , galoper , fuir pour sauver sa vie comme une proie voulant échapper au prédateur . Cela lui rappelait les gens auxquels les enfants Hobbits jouaient constamment dans la Comté durant leurs heures libres ; certains étaient les chats et devaient attraper les autres qui étaient les souris  , sauf qu’à la différence d’un jeu d’enfant si les souris perdaient dans ce cas elles ne risquaient plus de pouvoir rejouer à nouveau. Finalement la civilisation et la soi-disant évolution n’étaient que poudre aux yeux ; seule la loi de la jungle comptait ; les proies devaient fuir leur poursuivant pour sauver leur vie. Ô absurdité de ce vil monde quand tu nous tiens!

A leur côté Erennel chevauchait et suivait le rythme , légèrement en retrait. Le forgeron blond avait le visage fermé , si bien qu’il était quasiment impossible de deviner ce qu’il pensait ou ressentait. Il avait fait le choix de partir avec le groupe alors que son antipathie évidente à l’égard de Lithildren aurait dû l’en empêcher , et pourtant il avait tout de même décidé de finir cette quête dans laquelle il s'était bien malgré lui mêlé. A présent que les ennuis leur couraient après regrettait il d’être venu héroïquement à leur secours la nuit précédente ? Eugénion ne pouvait que faire des suppositions mais la réponse seul l’homme la connaissait vraiment.

Le temps s’était rafraîchi par rapport à celui des jours passés: le ciel s’était couvert d’un épais tapis de nuages et un vent balayait les plaines et les collines en faisant frémir l’herbe et les feuilles.

Eugénion fit la moue ; il n’aimait pas vraiment ce changement météorologique . Superstitieux? Absolument pas ! Il était bien le dernier à faire un parallèle entre le mauvais temps et un quelconque présage mais tout de même ! Ce temps maussade ! C’était  ce qui devait leur tomber dessus à ce moment précis  ! Et s’il se mettait à pleuvoir? Le philosophe autoproclamé ne voyait pas un seul abri à des kilomètres à la ronde ; ils seraient trempés et l’herbe à pipe sans aucun doute bonne à vendre pour deux crottins à un gobelin ! Nom d’une flûte à bec!

Heureusement pour le petit marchand ambulant la pluie ne tomba pour l”instant et après près d’une heure de cavalcade  à folle allure le trio se mit d’accord pour ralentir un peu la cadence et permettre aux chevaux de souffler un peu. Eugénion profita de ce moment plus calme pour sortir sa pipe et la bourrer de Vieux Tobie ; il en avait bien besoin pour se calmer et se détendre après les sensations fortes dont il avait fait l’expérience et puis les nuages étaient si menaçants que la pluie ne tarderait pas à venir et son herbe à pipe serait alors inutilisable ou du moins pas dans les meilleurs conditions et un Hobbit ne fumait son Vieux Tobie que dans les meilleurs conditions. Décidément ce qui ne devait être qu’un paisible voyage s’était soudainement métamorphosé en un véritable cauchemar ; c’en était bien trop pour un Hobbit quelqu’il soit , même aussi intrépide que le pseudo-philosophe.

D’un geste qu’il avait répété moult fois mais qui semblait un peu hésitant Eugénion alluma sa pipe ; de toute évidence il n’était pas serein et quand il n’était pas serein il tremblait et avait du mal à exécuter le mouvement correctement. Alors qu’ils continuaient à avancer lentement Lithildren , animée par un pressentiment instinctif , tourna la tête. A l’aide de sa vue perçante elle put distinguer au loin ce que ses compagnons de route ne pouvaient pas voir : un nuage de poussière soulevé par quatre cavaliers qui fonçaient dans leur direction : le danger était de retour et il était imminent.  L’elfe aux cheveux d’argent , alarmée , transmit l’information aux autres : ils étaient poursuivis à nouveau. Eugénion sursauta , et mit quelque seconde à mesurer l’ampleur et la gravité de la situation ; heureusement pour lui Lithildren et Erennel étaient bien plus réactif et avaient déjà lancé leur monture au triple galop pour maintenir la distance. Le taux d’adrénaline du Semi-Homme monta en flèche et son coeur se mit à battre à un rythme dément. Effrayé ? Assurément. Craintif pour sa vie? Encore plus certainement.

Mais le petit être ne se proclamait pas un éminent logicien et philosophe pour rien ; il avait de fortes capacités intellectuelles et avaient également étudiées de nombreuses cartes du continent soit pour préparer certains de ses périples soit par simple curiosité érudite . En continuant sur cette route , Eugénion savait qu’ils perdaient un temps considérable et à long terme ils perdraient du terrain avant de se faire rattraper . Il cria alors de sa voix aigüe

-La route est trop longue jusqu’à Fondcombe , si nous restons sur le sentier ils vont nous tomber dessus! Il faut couper à travers champs!

Les regards se tournèrent vers le Hobbit , visiblement personne ne s’attendaient à ce qu’il parle de façon constructive ; on l’imaginait plus aisément paniqué et plaintif dans ce genre de situations hostile.  Mais il avait cette fois parlé avec son esprit et était certain de ce qu’il avançait , de toute façon il ne se trompait jamais.  En coupant à travers champs ils rallieraient Fondcombe beaucoup plus rapidement qu’en restant sur la route : bon il y avait bien cette rivière à traverser ( le pont principal se trouvant sur la route principale) mais ils trouveraient bien un moyen pour régler ce détail de toute manière Eugénion omit volontairement d’en parler ; il ne fallait pas rester sur la route. Il attendit que les deux autres rejoignent son avis et changent de cap.

----------------------------------------------------





-Ratés! Nous les avons ratés! Mais comment avons nous pu les rater? Comme des bleus !

Oropher fulminait littéralement , dans une colère noire il semblait prêt à prendre feu d’un moment à un autre mais pourtant pour cette fois il ne pouvaient que s’en prendre à lui même. Norfal était venu le retrouver à temps pour lui indiquer la position et le trajet probable du groupe mais le temps que les anciens membres de l’Ordre se mettent en branle et rejoignent l’endroit indiqué l’elfe et ses deux compagnons étaient déjà parti du village.

Quand l’elfe était dans cet état il valait mieux se taire et faire profil bas et c’est précisément ce que faisait Norfal ; Oropher était réellement imprévisible quand il était dans cet état : si on le contrariait d’une quelconque manière il était capable de frapper et de blesser. Gommer et Prash ne dirent pas un mot non plus , conscients qu’il valait mieux rester silencieux .

-Eh bien alors ! Qu’attendez vous plantés là? Dépêchons nous de rattraper cette garce et ses misérables “protecteurs”  avant qu’ils n’atteignent Imladris!
cria Oropher.

Il avait prononcé le mot “protecteur “ avec un certain dédain et une certaine suffisance  ; de toute évidence l’elfe ne doutait pas de ses capacités à les balayer d’un revers de la main avant de pouvoir capturer l’elfe aux cheveux d’argent. Le Hobbit ne serait assurément pas un problème pour eux mais pour avoir vu l’homme blond en action Norfal savait que c’était un adversaire sérieux quoique fasse à quatre adversaire expérimentés il devrait rapidement  être neutralisé.

Oropher enfourcha sa monture ; ses hommes l’imitèrent et ils partirent à leur tour au galop sur la route d’Imladris. Au bout de quelques minutes un sourire carnassier se forma sur le visage teinté de haine de l’elfe ; grâce à sa vue perçante il apercevait clairement des cavaliers plus loin . Ce n’était plus qu’une question de temps...
#Oropher
Sujet: Dis moi où tu es , je te dirai qui tu étais...
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Rechercher dans: Bree   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu es , je te dirai qui tu étais...    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 2 Aoû 2015 - 13:41

C’était la fin ; les fabuleuses aventures d’Eugénion prendraient donc fin dans une sombre ruelle de Bree . Égorgé sans sommations , était-ce ainsi que le sage Hobbit devait finir? Lithildren ne pouvait plus le défendre à présent , un homme avait surgi de l’ombre dans son dos et l’avait attaqué par surprise ; le Semi-Homme se retrouvait seul face à ces trois colosses et il ne faisait assurément pas le poids . Tetanisé et incapable de faire un geste face au guerrier qui lui faisait face , Eugénion ferma les yeux et attendit le choc de l’épée qui séparerait sa tête du reste de son corps ; mais il ne sentit rien . La mort était elle si peu douloureuse? Ce n’était pas si terrible d’être décapité en fin de compte , il n’avait rien senti. Prudemment il ouvrit les yeux et se toucha le visage comme pour s’assurer que sa tête était bien en place ; il était toujours vivant et sans la moindre égratignure. En effet un homme mystérieux venant d’il ne savait où était intervenu de façon miraculeuse pour sauver la vie d’Eugénion.  Le nouveau venu qui avait des airs d’ange salvateur aux yeux du philosophe voyageur neutralisa avec une aisance déconcertante le premier adversaire qui s’était retrouvé étendu sur le sol sans avoir compris ce qui lui était arrivé , un dernier coup de pied bien placé l’assomma violemment.  Les deux autres guerriers mirent un temps certain à réagir , de toute évidence ils n’étaient pas de grands et redoutables combattants , ils finirent tout de même par attaquer ensemble cet intrus qui n’était pas prévu dans le plan ; un intrus qui se défendait d’ailleurs fort bien. Les deux brutes attaquaient à deux certes , mais de façon individuelle , sans aucune coordination dans leurs attaques si bien qu’Erennel aurait pu avoir l’impression d’affronter un seul adversaire peu doué. D’une parade habile , il désarma l’un de ses vis-à-vis et pointa sa lame en dessous de sa gorge  et il les conseilla de filer au plus vite. Les deux agresseurs ne se firent pas prier et filèrent sans demander leur reste , disparaissant dans la nuit de Bree . Eugénion encore tout tremblant et profondément  choqué par la scène inattendue à laquelle il venait d’assister dut s’asseoir par terre ; ses jambes flageolantes ne pouvaient plus le soutenir. Il avait été attaqué par surprise par trois agresseurs peu commodes ; il avait vu son amie se faire malmener par un homme inquiétant et  il était passé à deux doigt de la mort avant l’arrivée salvatrice d’un inconnu bienvenu . C’en était sûrement trop pour son petit coeur de Hobbit qui battait la chamade . Il eut toutes les peines du monde  à balbutier un timide remerciement au nouveau venu qui semblait plus préoccupé par l’adresse du Poney Fringant.  Une adresse que le Semi-Homme était bien incapable de lui donner dans son état actuel . Et ce n’était pas Lithildren qui risquait de l’aider , l’elfe aux cheveux d’argent était au sol , étourdie par le chloroforme qui lui avait fait perdre connaissance ; de son côté l’espion avait filé en toute discrétion . Un silence pesant s’installa pendant quelques secondes , puis en voyant qu’il n’obtiendrai pas plus de renseignements Erennel s’apprêta à repartir en quête d’un bon plat chaud . Mais il n’avait pas encore bougé que de nombreux bruits de pas se firent entendre et une voix forte résonna dans la ruelle

-Holà ! Qu’est ce qui s’est passé ici ? Répondez ou je vous fait arrêter !

Ce n’étaient pas des menaces en l’air qui venaient d’être prononcés car l’homme qui venait de parler était un sergent de la Garde Marchande qui commandait une patrouille d’une demi dizaine de soldats . Ceux ci étaient entraînés et prêt à intervenir si la situation l’imposait. La patrouille avait été alertée par des bruits de lutte alors qu’elle faisait sa ronde nocturne habituel , ils avaient accourus ici au plus vite mais l’affrontement était déjà terminé . A présent le sous-officier arnorien était décidé à tirer la situation au clair . D’un signe de la main il ordonna à l’un de ses hommes qui tenait une torche de s’approcher pour éclairer un peu plus le lieu . Le sergent observa silencieusement ce qu’il avait sous les yeux et fronça les sourcils ; tout ceci était bien étrange. Deux individus étaient étendus sur le sol , évanouis : un colosse sale et hirsute et une frêle jeune femme à la beauté trop inhabituelle pour être humaine ; un Hobbit terrifié et tremblant de peur s’était assis sur le sol et un homme blond se tenait debout .  Le sous-officier se gratta la tête ; c’était bien la première fois qu’il était confronté à une telle situation ; d’ordinaire son travail de patrouille se limitait à calmer ou arrêter quelques ivrognes devenus violents mais là la scène était plutôt atypique et il n’avait strictement aucune idée de la procédure à suivre et s’il fallait croire ce que l’homme lui dirait .

Ils étaient dans de beaux draps…

Alors qu’il attendait les explications d’Erennel , le soldat réfléchissait à ce qu’il ferait dans l’immédiat ; la solution la plus logique serait d’embarquer tout le monde et attendre les directives du capitaine et les résultats d’une potentielle enquête. C’est alors qu’une nouvelle voix , plus apaisée et calme , se fit entendre

-Enur ! Cet homme n’est pas responsable !

Le sergent , surpris d’entendre son prénom et une voix familière , fit volte-face. Une silhouette avançait dans leur direction dans l’obscurité , le visage du sous-officier se fendit alors d’un honnête sourire

-Nunne ! Diable ! Que fais -tu ici?

L’homme s’approcha un peu plus ; c’était un homme encore jeune , ayant entre vingt et trente ans , il avait le teint mat et des cheveux auburn coupés mi-long . Ses yeux couleur noisette semblait appeler le calme et l’apaisement . Si elle avait été consciente Lithildren aurait pu reconnaître cet homme , c’était l’ébéniste qu’elle avait brièvement rencontrée un peu plus tôt dans la journée. Le dénommé Nunne répondit au sergent Enur

- Je rentrais d’une livraison tardive quand je suis passé pas loin d’ici , alerté par des bruits de combat je me suis empressé de venir observer ce qui se passait sous mes yeux .

-Ah et qu’as tu vu ?

-Trois hommes ont agressé le Hobbit et l’elfe , ils étaient venus pour tuer et le sang aurait coulé si cet homme n’était pas intervenu pour leur sauver la mise .

-Tu es sûr de ce que tu avances ?
Fit Enur presque convaincu par la parole d’un ami de confiance mais dont le professionnalisme militaire le forçait à garder une ultime point de suspicion  .

- J’en  suis au moins aussi certain que la table de ta cuisine est faite en chêne.

Le sergent Enur se mit alors  à rire et tapa amicalement sur l’épaule de son ami ébéniste .

- Je suis heureux que tu sois là , j’étais vraiment trop fatigué pour m’occuper d’enquêter sur une telle histoire moi !

-Embarque le grand barbu là et c’est tout ; les autres sont innocents .

-Bon ! Allez - y!


Les gardes marchands s’empressèrent alors d’aller soulever , non sans peine le colosse , et de le transporter jusqu’au poste de commandement . Le jeune ébéniste , qui apparaissait dorénavant comme un second ange salvateur pour un Eugénion de plus en plus désorienté , s’approcha et il indiqua d’un signe  à Erennel de ne pas s’éloigner . Les soldats embarquèrent l’agresseur et disparurent le plus promptement possible sous les ordre du sergent Enur , bien heureux de ne pas avoir à s’occuper d’une telle affaire qui l’aurait ennuyé en pleine nuit alors qu’il ne songeait plus qu’à la relève.  L’ébéniste promena son regard sur la scène , ce dernier s’attarda sur l’arme de l’agresseur qui se trouvait au sol  ; il s’en approcha lentement et la prit dans ses mains . Il l’observa de façon minutieuse  et ses yeux s’écarquillèrent de surprise et de crainte quand il vit le sceau qui marqué sur la garde de la lame ; un blason qu’il aurait reconnu entre mille : une couronne cerclée de fer .

-C’est impossible...
murmura-t-il en laissant retomber l’épée .

Le jeune homme , indiscutablement troublé était dans un état proche de celui d’une personne qui aurait vu apparaître des fantômes. Et c’était plus ou moins ce qu’il venait de voir.  Il observa ensuite l’elfe étendue sans connaissance au sol et mit peu de temps à reconnaître Lithildren qu’il avait bousculé involontairement un peu plus tôt ; il avait aussi aperçu le Semi-Homme à l’auberge mais pour l’instant seul Erennel semblait être en mesure de lui répondre .

-Vous ne devez pas rester ici ni retourner au Poney Fringant , pas pour l’instant c’est trop risqué . Les hommes qui en ont après vous sont des personnes dangereuses et s’ils en ont après vous d’autres guerriers plu doués rappliqueront .

Il sembla hésiter quelques secondes avant de reprendre d’une voix décidée .

-Venez chez moi , vous y serez en sécurité .

Il y eut à nouveau un moment de silence pesant ; Eugénion se remettait peu à peu de ses émotions et Erennel semblait sceptique et puis il commençait à avoir vraiment faim . De plus il fit comprendre à l’ébéniste que ce n’était pas à lui qu’il fallait demander de porter l’elfe . Soulever une Oreille Pointue? Et puis quoi encore ? La sauver était largement suffisant  .
Le jeune artisan comprit le message et alla soulever délicatement l’elfe amnésique sans être réellement intimidée, si le contact avec les elfes avait toujours quelque chose de particulier l’homme lui semblait le connaître , l’avoir déjà vécu à l’inverse de  l’écrasante majorité des habitants du village. Lithildren dans les bras il prit donc la direction de sa maison , Eugénion était déjà sur ses talons ; le petit Hobbit ne désirait pas être séparée de l’elfe et dans un sens l’ébéniste le rassurait un peu plus que le guerrier blond , certes ce dernier l’avait sauvé d’une mort certaine mais il était tout de même un peu inquiétant .
Derrière Erennel hésita un moment , il mit un certain temps à se décider. D’abord il voulut se remettre en quête du Poney Fringant puis finalement il se rendit compte que dans l’obscurité ambiante il n’avait strictement aucune idée du chemin à emprunter et finalement peu de monde pouvait à cette heure-ci  le renseigner . S’il voulait avoir un endroit où il pourrait peut-être manger convenablement c’était peut-être chez ce curieux ébéniste , tant qu’il évitait la mixture immonde qui n’avait de “repas” que le nom que préparait la femme du forgeron c’était déjà ça .  Il leur emboîta donc le pas. Sur le chemin , le jeune artisan répondit à la question silencieuse qu’Eugénion et Erennel se posaient sûrement

-Je n’ai pas été tout à fait honnête avec le sergent Enur , je n’ai pas pu voir toute la scène ; si j’étais arrivé à temps je serai intervenu . Tout ce que j’ai pu voir c’est deux hommes à la large carrure fuir le plus rapidement possible dans les rues du village puis je suis tombé sur vous et la patrouille . Quelques secondes d’observation m’ont permis de me faire une idée de la scène . Quant à vous , il se tourna vers Erennel , je vous avais croisé quelques minutes plus tôt dans les rues en quête du Poney Fringant ; il me semblait évident que vous ne fassiez pas partie du complot . Et puis votre arme et différente de la leur .


Ils marchèrent ainsi pendant quelques minutes puis s’arrêtèrent devant une porte ouvragée , le plus silencieusement possible le jeune homme glissa la clef dans la serrure et poussa la porte. Il leur chuchota

-Ma femme , Amiel , doit dormir à l’heure qu’il est . S’il vous plaît évitez d’être trop bruyant . Je vais monter l’elfe dans une chambre . Attendez moi ici .

Il porta l’elfe à l’étage sans encombre , la frêle Lithildren était remarquablement légère  . Il la plaça avec attention dans la chambre d’invité et la défit de sa cape de voyage sans toutefois oser la déshabiller plus ; il était un homme respectueux et jamais il ne s’imaginait pouvoir ainsi profiter d’une telle situation et puis il était marié et bientôt père et il devait accepter toutes les responsabilités qui allaient avec.

Il redescendit dans l’âtre et voyant l’état d’Eugénion il conclut que bien qu’intact physiquement le Hobbit avait lui aussi besoin de repos . Le philosophe , encore en état de choc , était pour une fois étonnamment silencieux , incapable de prononcer une phrase un tant soit peu cohérente. Une bonne nuit de repos devrait l’aider à se remettre les idées en places , quoique les idées d’Eugénion n’ont jamais vraiment été en place. L’ébéniste conduisit donc le marchand ambulant dans une autre minuscule chambre déjà aménagée pour le futur nourrisson  puis il revint vers Erennel silencieux bien que les gargouillis de son ventre en disaient long.

-Vous avez faim?

Le forgeron blond répondit à l’affirmative d’un hochement de tête .  L’ébéniste s’empressa alors de sortir une miche de pain qu’il tendit à son invité et il alla remplir une chope de bière . Puis il sortit deux petites sardines encore fraîches qu’il mit à griller sur le feu avant de les placer dans une assiette et de les tendre avec Erennel qui calmait déjà son appétit avec le pain.

-Je suis Nunne , Nunne Adelne .  Et vous êtes?

Il marqua une pause .

-Je suis curieux de savoir ce qui vous a poussé à intervenir en faveur de ce curieux duo de voyageurs  et si vous avez déjà rencontré les agresseurs par le passé. Mais pou l’instant mangez et reposez vous sur le divan vous en avez bien besoin . Nous aurons tout le temps de discuter de cela demain.


Le dénommé Nunne se leva alors et monta à l’étage pour se coucher au côté de sa femme et lui annoncer le plus calmement du monde qu’il avait invité à dormir une elfe , un Hobbit et un homme inconnu chez eux.

#Nunne

------------------------
Le lendemain matin , la belle Amiel ; une jeune femme aux longs et ondulés cheveux blonds , s’affairait à préparer une belle table pour le petit déjeuner de leurs invités . Erennel s’était réveillé avant tout le monde et il attendait pensif sur le divan  ;Lithildren et Eugénion n’avait pas encore quitté leur chambre . Nunne s’approcha alors du forgeron et s’asseoir à côté de lui .

-Avez vous bien dormi?
Lui demanda-t-il .

Sans vraiment attendre de réponse l’artisan enchaîna

-Alors  êtes-vous prêt à me parler de vous et de la raison de votre présence et de votre intervention ? Vous avez été courageux en intervenant ainsi mais il se pourrait qu’en faisant cela vous veniez de plonger dans quelque chose de plus grand qui risque de vous suivre un moment .

Les deux hommes se regardèrent dans les yeux , décidés à percer les mystères de l’autre.

----------------------------------------------



Dans la nuit un cavalier solitaire galopait à toute allure sur un petit sentier peu emprunté par de rares voyageurs . Norfal fulminait intérieurement : ils avaient échoués . Ces trois abrutis avaient échoués à neutraliser l’elfe et à tuer le Semi-Homme et ces couards , ces lâches avaient fui devant un inconnu qui les avaient ridiculisés au combat , l’un d’eux avait même réussi à se faire prendre .  Un inconnu qui avait réussi à contrer leur plan , il était si près du but , il tenait l’elfe et avait réussi à lui faire perdre connaissance . Une histoire de quelques secondes ; que dirait Oropher ?  Il arrêta sa monture devant ce qui semblait être une ancienne casemate militaire désaffectée .  Alors qu’il s’approchait de la porte un garde lui barra la route

-Mot de passe ?
fit-il d’une voix qui ne souffrait d’aucune forme de politesse ou de courtoise .

-Plat froid
. Répondit l’espion en entrant dans la petite bâtisse .

Celle-ci était composée d’une grande pièce centrale et d’autres petites salles annexes dans des état plus ou moins importants de délabrement . La salle principale avait été relativement épargnée par les années et était à peu près intacte , elle était éclairée de quelques chadelles posées sur de vieux lustres accrochées au plafond ; au fond quelques personnes discutaient entre elles autour d’une silhouette assise au centre . Alors que tous n’avaient ni vu ni entendu l’arrivée de Norfal , silencieux comme son ombre , l’homme assis au centre l’avait lui bien perçu . D’une voix autoritaire il ordonna

- Sortez d’ici ! Sortez tous !

Les hommes s’échangèrent bien quelques regards incrédules devant cet ordre soudain et violent mais il ne protestèrent pas , de toute évidence l’autorité de la personne assise ne souffrait d’aucune contestation . Et si ce dernier avait pu voir arriver Norfal alors qu’aucun homme ne l’avait aperçu c’était justement car ce n’était pas un humain. Alors que les hommes sortirent de la pièce les uns après les autres , l’espion s’approcha du chef ; un elfe assis sur son trône de fortune , à savoir une chaise en frêne . Il était grand , ses longs et lisses cheveux bruns tombaient sur son torse , ses yeux verts brillaient dans la pénombre , il était vêtu d’une armure très légère mais protectrice et un bel arc elfique était posé à ses pieds avec un carquois bien fourni .  L’elfe aurait pu être beau et inspirait la confiance si une grande et profonde cicatrice qui courait depuis la temps jusqu’à sa gorge ne défigurait la partie gauche de son visage , il aurait été agréable à regarder si sa fine et belle bouche ne se déformait pas dans un rictus vengeur et hostile , il aurait inspiré la confiance à quiconque si ses beaux yeux ne brillaient pas d’une lueur meurtrière : c’était Oropher Elanessë .

-Quelles nouvelles m’apporte tu Norfal ?
Fit l’elfe de sa voix suave

- J’avais réussi à localiser l’elfe et le Semi-Homme et à les isoler mais les trois guerriers ont échoué . Ils n’ont pas été capable de les neutraliser notamment à cause de l’intervention d’un homme armé et robuste .

-L’intervention d’un homme? Un homme a fait reculé nos trois colosses?

Les traits d’Oropher se durcirent alors , et toute trace d’apaisement avait disparu de ses traits .  Il fulminait intérieurement , la colère le rongeait ; il arrivait la plupart du temps à la canaliser mais parfois  elle ressurgissait sans crier gare car les blessures du passé étaient trop profondes.   Mais toujours cette colère restait différente de celle des humains , elle semblait plus pure ; le coeur des elfes était bien différent

-Ah ! Les incapables ! Les couards! Les lâches! Les traîtres ! Je savais qu’on ne pouvait pas leur faire confiance. Sommes-nous toujours obligé de tout faire nous même?

Il se leva alors et se saisit de son arc et de ses flèches

-Norfal , tu es un des meilleurs éléments de notre petit groupe ; viens avec moi et demande à Gommer et Prash de se préparer , ils viennent aussi . Nous allons nous occuper de ces trois là …

Oropher enfourcha son cheval , le regard fixé vers l’horizon ; décidé à régler cette histoire une bonne fois pour toute .

#Oropher
Sujet: La reconquête ?
Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La reconquête ?    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 30 Mar 2014 - 22:15

Les sbires de l'Ordre étaient débordés de toute part. En infériorité numérique les défenseurs de l'Ordre avaient bien du mal à contenir des assaillants vaillants et entraînés. Les jumeaux côte à côte , qui étaient réputés pour leur qualité de bretteur étaient eux-même en difficulté. Dans la mêlée ils avaient bien du mal à se faire une idée générale du combat et se contentait de faire face à des adversaires toujours plus nombreux. Si ils évitèrent les blessures graves les jumeaux avaient subis quelques égratignures  ça et là qui pourraient se révéler très gênantes pour la suite des opérations. A deux , car ils se battaient toujours ensemble , ils vinrent  à bout d'un elfe particulièrement coriace. Dos à dos  les deux frères ne semblaient faire qu'un seul et même être , repoussant ensemble leurs adversaires , séparés l'un de l'autre Oropher ou Elrohir étaient loin d'être des épéistes hors du commun mais ensemble ils faisaient des ravages. C'est alors que l'ordre de Validna , qu'ils avaient perdu de vus résonna comme un coup de tonnerre
- On se replie ! On se replie ! A Imladris !
Les jumeaux elfes furent d'abord un peu surpris par l'ordre de leur supérieure , reculer n'était pas dans les habitudes d ela guerrière ; la situation devait vraiment être critique , peut être la retraite était la chose la plus raisonnable. Légèrement soulagés à l'idée de pouvoir fuit les combats les jumeaux mirent au sol un dernier adversaire et commencèrent à se frayer un chemin dans la mêlée. Validna n'avait aps été choisi pour organiser la défense de Valdol que pour ses talents de combattante pais aussi pour son intelligence stratégique largement supérieure à celle des jumeaux. Pour elel il était facile d'analyser une situation dans son ensemble et d'y réfléchir tandis que les jumeaux étaient trop focalisés sur le simple affrontement de base. C'est ce qui faisait la différence entre les hommes d'élites de l'ordre et les soldats de base , les chefs savaient analyser et réflechir sans se ruer. Validna avait cette capacité et il ne lui manquait plus qu'un petit coup de pouce du destin pour rejoindre le capitaine Brandt ou Le Bras de Fer parmi les combattants de première ligne les plus reconnus.

Les jumeaux elfes réussirent , non sans mal , à atteindre leur monture. Il les firent avancer au triple galop et suivirent Validna vers Imlardis. Ils chevauchaient à bride abattue afin de laisser les troupes de Palantir derrière eux mais alors un léger sifflement se fit entendre. Une flèche une seule , venait d'être tirée depuis la cité  elle s'éleva dans els aires et retomba à une vitesse fulgurante pour finir sa course dans la nuque d'Elrohir qui chuta au sol , mortellement touché.  Oropher fit ralentir sa monture , Validna lui lança alors un regard sévère

-Il faut aller l'aider ! cria alors Oropher

En guise de réponse Validna fit encore accélérer sa monture , Oropher regarda son frère , le sang coulait abondamment de sa plaie et les spasmes qui le secouaient étaient sûrement les signes de sa fin proche. Il n'y avait plsu rien à faire pour lui. Résigné il reprit la course vers Foncombe.





Valdol était à présent aux mains des troupes de Gar Thulion , la bataille avait été de courte durée mais très intense. On s'occupait à présent de trier les cadavres ennemis et alliés. On avait posté quelques sentinelles pour prévenir une improbable contre-attaque . L'une d'entre elle vit alors s'approcher une silhouette encapuchonné qui montait un très bel étalon noir .

-Halte ! Qui va là?
L'homme s'avança encore un peu et l'elfe put le distinguer , c'était un homme âgé à la longue barbe blanche et à l'allure fière et sage , ce n'était qu'un humain et pourtant il inspirait le respect.  Ses yeux bleus électriques se tournèrent alors vers le garde.
-Sombre-Chêne , il faut que je parle à Sombre-Chêne , c'est important...
L'homme semblait éreinté et au bout de ses forces.
-Sombre-Chêne n'est pas ici , je peux peut être vous faire rencontrer le prince Palantir mais il faut d'abord que vous m'expliquiez la raison de votre venue.

- Il faut que votre chef le sache...
-Quoi donc?
-Lammâth ,n'est pas le seul elfe millénaire que vous vous apprêtez à affronter...


#Halmun
Sujet: La reconquête ?
Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La reconquête ?    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 2 Fév 2014 - 15:12
Postés côte à côte sur les remparts de Valdol ,  Elrohir et Oropher Elanessë , les deux frères elfes scrutaient l'horizon. Quelques mètres en dessous d'eux les sbires de l'Ordre s'affairaient à renforcer la porte Est de la ville gravement endommagé  par les Suppôts de la Mort dirigé par Brandt. Derrière eux se dressaient les ruines fumantes de la ville , l'incendie avait fait des ravages et de la maison de Lombard , l'es-dirigeant de la ville , il ne restait rien. Les corps avaient été déplacés puis brûlés mais on pouvait encore aisément trouvé ça et là des membres tranchés sur le sol immaculé de sang séché. Le désastre était tel que les soldats de l'Ordre resté sur place préféraient dormir dans des tentes que dans les maisons complètement détruite. Valdol n'était plus , la folie de l'Ordre avait eu raison de la vaillante Cité-Etat et si l'Ordre y maintenait une présence militaire c'était en raison de la position stratégique de la ville  située à l'est de Fondcombe et qui surplombait la vallée environnante. Si on attaquait par ici les instances de Fondcombe en seraient informés. Le commandement de cette garnison avait été légué à Validna secondée par les deux frères elfes . Le Bras de Fer et les Suppôts de la Mort étaient retournés à Fondcombe.

Ce fut précisément au moment où les deux frères elfes descendirent de leur poste afin de manger un peu que déferlèrent en nombre les attaquants de Gar Thulion. Cette attaque surprise sema la panique dans les rangs de l'Ordre désorganisés et acculés. Elrohir , archer de grande classe , se saisit de son arc et se mit à faire des ravages dans les rangs ennemis. Chacune de ses flèches atteignaient se cibles , sa précision était impressionnante. Oropher se saisit de son épée et tenta de réorganiser ses troupes.

-On ne pourra pas tenir longtemps cette position , cria Elrohir à son frère , nous nous ferons tous massacrer

- On se replie ,
ordonna alors Oropher.

La dizaine de combattants encore debout s'extirpèrent de la mêlée et suivirent les deux frère elfes  dans les rues de Valdol.

-Nous sommes trop peu nombreux , observa Oropher , il nous faut rallier les troupes de Validna si nous voulons avoir une chance.

Alors Elrohir porta son cor à ses lèvres et souffla aussi fort que ses poumons le lui permettaient. Les attaquants ne semblaient pas vouloir courser les sbires de l'Ordre dans leur retraite. Ils ne voulaient sûrement pas se précipiter dans ce qu'ils redoutaient être possiblement un piège. Les quelques survivants du groupe chargé de la défense de la porte Est rejoignirent finalement les troupes de Validna rassemblés derrière la deuxième barricade.

-Validna , fit Oropher , ils nous sont tombés dessus par surprise , nous avons essuyé de lourdes pertes et ils sont indéniablement plus nombreux .
Sujet: [Villages environnants] Le sac de Fondcombe.
Ryad Assad

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Villages environnants] Le sac de Fondcombe.    Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 25 Juil 2013 - 16:48
Tag oropher sur Bienvenue à Minas Tirith ! Edonia10

Aliénor se tenait dans les rangs des soldats de l'Ordre, écoutant les directives énoncées par Ald'ar Omenuir, le chef de l'expédition. Il s'était placé face à ses hommes, et leur parlait comme un général à ses troupes. Une troupe qui n'avait cependant pas la cohésion d'une armée, loin de là. Parmi les guerriers rassemblés là, se trouvait Corbeau, notamment. L'elfe semblait hors de tout contrôle, et s'il se pliait au jeu, cela semblait être simplement parce que cela l'amusait. Il semblait trouver un plaisir inexplicable à se trouver là, aux côtés de son esclave, obéissant aux ordres. Mais ce n'était pas parce qu'il s'était positionné du côté des simples soldats qu'il avait perdu son autorité, son charisme, et sa capacité à rallier les gens à lui. Aliénor, bon gré mal gré, lui était totalement soumise, et elle n'avait d'autre choix que de le suivre où qu'il se décidât à aller. Mais elle n'était pas la seule dans cette situation. Le boucher, bien qu'il fût terriblement difficile de lire quelque chose sur ses traits inquiétants, paraissait ne pas éprouver envers lui le mépris habituel qu'il éprouvait pour les autres êtres vivants...ou  morts. Mais ils se gardaient bien tous deux de s'afficher ouvertement l'un à côté de l'autre, et ils gardaient soigneusement leurs distances lorsqu'ils étaient en public. Cet état de fait ne s'appliquait néanmoins pas à tout le monde, et plus particulièrement à Validna. La guerrière elfe semblait demeurer dans l'ombre de Corbeau, et elle se comportait avec lui comme si attirer son attention, recueillir de sa part des félicitations, était la chose la plus importante de tout l'univers. Autant d'électrons libérés par la présence de Corbeau, qui pouvaient dès lors agir à leur guise, et qui menaçaient de plus en plus sérieusement l'équilibre fragile de la compagnie.

Mais d'un autre côté, Ald'ar disposait toujours de l'avantage numérique, et sur les quinze membres de la compagnie, seuls quatre - en comptant Corbeau - menaçaient de lui tourner le dos à un moment donné. Et même s'ils comptaient dans leurs rangs la redoutable Validna, l'énigmatique boucher du Khand, et le mystérieux Corbeau, il n'en demeurait pas moins qu'il était possible de les neutraliser. Les autres combattants n'avaient peut-être pas encore perçu à quel point le groupe risquait de se scinder, mais ils étaient suffisamment entraînés, disciplinés, pour ne pas dire conditionnés, qu'ils répondraient dans la seconde à l'ordre émanant de Ald'ar ou de Nunne. Cela donnait au chef de l'expédition un avantage considérable, mais qu'il était difficile de préserver. En effet, peu à peu, le nombre de ses fidèles s'amenuisait, et il n'avait toujours aucune preuve tangible que quelqu'un cherchait à le trahir, ou à l'évincer. Il ne pouvait pas agir impunément contre un Neleg, mais dans le même temps, il ne pouvait pas rester inactif. Pour le moment, toutefois, il avait misé sur le mauvais cheval en la personne du boucher. Il avait cru que ce dernier, vraisemblablement incapable de s'attacher, pourrait servir d'arme parfaite contre l'elfe. Il n'aurait jamais pu prévoir que le boucher, pour la première fois de sa vie, se sentît proche de la cible qu'on lui avait assignée. Une coïncidence terrible qui avait fragilisé la position de Ald'ar, et qui l'obligeait à agir différemment pour reprendre le contrôle de son groupe.

Ainsi, ce fut d'une voix forte qu'il déclara à ses hommes qu'ils passeraient la nuit en dehors des limites de la ville. A priori, les habitants d'Echtebourg n'étaient pas des guerriers, et ils avaient une philosophie de vie plutôt pacifique. Mais il fallait savoir se méfier de ceux qui apparaissaient les moins dangereux. Nul ne pouvait rester insensible à voir son village envahi par des troupes étrangères, et lorsque l'on voyait sa terre foulée par des gens considérés comme des ennemis, on avait tendance à se rebeller, même lorsqu'on était un pacifiste convaincu. Il n'était pas question pour les guerriers de l'Ordre de fournir une opportunité en or à un révolté zélé, même si les risques étaient faibles. Après avoir terminé de donner ses consignes, Ald'ar ordonna à tous qu'il était l'heure de partir, et les combattants se hissèrent en selle, avant de reformer la colonne qui mit le cap vers la sortie du village. Ils marchèrent pendant une bonne vingtaine de minutes, jusqu'à se trouver suffisamment éloignés d'Echtebourg pour voir venir tout individu suspect, mais en même temps ils demeuraient suffisamment proches pour rallier le village rapidement en cas de nécessité. Nul ne savait quelle impérieuse nécessité pouvait les pousser à se rendre là-bas, mais il valait mieux se tenir prêt à tout. Le campement sortit de terre en quelques minutes, monté par les mains habiles des membres de l'expédition. Les chevaux furent placés à l'écart du centre, où serait allumé un feu, mais ils demeuraient toutefois dans la lumière, et à quelques mètres seulement des tentes, de sorte qu'il demeurât très difficile de s'en approcher sans éveiller l'attention des sentinelles. Les tentes furent disposées en cercle, et chacun s'occupa d'animer les lieux. Certains allèrent chercher du bois sec, pour faire partir le feu qui servirait au repas commun, tandis que d'autres quadrillaient le périmètre, pour étudier au grand jour la configuration des lieux, afin de ne pas se retrouver surpris à la nuit tombée par les ombres, les creux et les bosses du relief qui les entourait. Parmi les guerriers, certains semblaient heureux d'avoir passé une journée sans perdre de membre de leur compagnie, tandis que d'autres, absorbés dans leurs pensées, paraissaient regretter qu'aucun villageois n'eut eu le cran de sortir une arme.

Dans cet univers guerrier, Aliénor se sentait toujours aussi peu à sa place. Elle avait l'impression que les soldats l'avaient finalement acceptée. Peut-être parce qu'elle était avec Corbeau, et que nul ne voulait le contrarier lui. Elle se plaisait à croire que c'était plutôt parce qu'elle avait fait ses preuves en tant que négociatrice, et que même si elle ne combattait pas, son expertise était capitale pour le succès de la mission. Elle ne se faisait cependant pas d'illusions, et elle était pleinement consciente du fait que personne ne la respectait vraiment dans cette compagnie. A l'exception de Nunne, peut-être. Elle le chercha des yeux, et le trouva affairé avec les autres soldats, occupé à vérifier que le camp était parfaitement sécurisé. C'était peut-être une habitude de militaire, ou un réflexe conditionné, car aux yeux de la jeune femme, il n'y avait pas de danger particulier. Les alentours semblaient calmes, Echtebourg semblait être un village tout à fait accueillant, et il ne paraissait y avoir aux alentours d'Imladris que la paix et la tranquillité. Ils n'avaient croisé aucun animal dangereux depuis leur départ, et les seules présences que la jeune femme avait notées étaient celles de mulots qui s'enfuyaient dès qu'ils sentaient approcher les lourds chevaux qui martelaient le sol de leurs sabots. Cela dit, elle n'avait pas l'entraînement militaire qui permettait de déceler des dangers là où un civil ne voyait rien d'anormal, ni la vue prodigieuse des elfes qui leur permettait de repérer les menaces bien avant les Hommes. La jeune femme avait décidé de profiter un peu de l'air frais du soir, tout en sachant bien que la nuit allait une nouvelle fois être difficile. Elle appréciait de voir le ciel étoilé apparaître peu à peu, et elle se régalait du crépitement du feu qui dansait au milieu du camp, projetant des ombres à la fois inquiétantes et attirantes. Cela lui permettait d'oublier pour un temps la situation dans laquelle elle se trouvait, et de plonger dans ses pensées, le seul refuge qu'il lui restait.

Pendant qu'Aliénor se livrait à une séance d'introspection, Corbeau déambulait dans le campement. Il souriait à tous les gens qui croisaient sa route, et s'il dérangeait par son l'aura de mystère qui l'entourait, nul ne pouvait se plaindre de son comportement. Tous le trouvaient sympathique, et il savait entretenir ce sentiment, en échangeant quelques mots avec chacun, trouvant toujours les paroles les plus justes pour plaire. Il était avec des guerriers, aussi il était facile de trouver des sujets de conversation à entretenir. Il leur posait quelques questions sur la prise d'Imladris, compatissait à leur peine lorsqu'ils évoquaient des compagnons tombés au combat. Avec d'autres, il parlait de la famille, de la vie en général, de leurs rêves et de leurs espoirs. Il n'en disait jamais long sur lui, en apprenait toujours beaucoup sur les autres, sans jamais donner l'impression de forcer la personne à parler. Ce faisant, il s'installait dans le groupe, et sans se créer des alliés solides, il se mettait dans une situation où personne n'avait particulièrement envie de l'éliminer. Au bout d'un moment, son chemin croisa presque par hasard celui du boucher. L'homme vaquait à ses occupations, et Corbeau toussa discrètement pour s'annoncer, et ne pas surprendre celui-ci. Le Khandien se retourna, et l'elfe lui demanda d'une voix innocente - suffisamment fort - comment il allait. Les hommes du camp levèrent la tête, surpris de voir quelqu'un oser venir discuter avec le boucher, mais ils n'entendirent pas Corbeau ajouter, plus discrètement :

- Allons parler.

Ils s'éloignèrent sans trop se faire remarquer, mais sans se cacher non plus, si bien que tout le monde savait que Corbeau était avec le boucher. Cela ne dérangerait personne, mis à part Ald'ar s'il venait à l'apprendre. Une fois que les deux hommes furent certains que personne ne pouvait les entendre, l'elfe sourit de toutes ses dents, et souffla :

- Que ne faut-il pas faire pour un peu d'intimité, n'est-ce pas ? Mais je ne dois pas m'égarer, nous n'avons guère le temps de divaguer si nous ne voulons pas attirer l'attention.

Il se retourna brièvement, et observa le campement. Ald'ar se tenait dans sa tente, probablement occupé à penser au lendemain. Nunne demeurait dans le campement, mais avait-il remarqué que le boucher et Corbeau s'entretenaient ? Difficile à affirmer avec certitude. L'elfe reprit :

- Je voudrais en apprendre plus sur vous, boucher. Mais ne vous détrompez pas. Votre passé vous appartient, et je n'ai nul besoin de savoir quelles ont été les embûches que vous avez rencontrées sur votre chemin. Même nos noms n'ont plus d'importance, désormais. Ce qui compte, c'est que vous êtes sur la voie, et je suis curieux de savoir pourquoi, dans quel but. Lorsque j'étais jeune, j'avais l'impression que la seule chose qui comptait était le présent, le petit plaisir même éphémère. Mais je me trompais, et j'ai compris qu'il fallait garder le regard tourné vers l'avenir.

Il leva les yeux, et regarda dans le lointain, comme si à l'horizon, au-delà du village qui semblait baigné dans les ombres, il pouvait discerner quelque chose que lui seul était en mesure de percevoir. Et sur son visage d'albâtre, un petit sourire se mit à flotter, comme celui du marin qui, perché sur le gaillard d'avant, profite des embruns qui lui caressent le visage en songeant à tous ceux qui n'ont jamais pris la mer. Se tournant vers le boucher, il conclut :

- Quel est l'avenir que vous vous voulez construire, mon ami ? Racontez-moi...

#Corbeau #Validna #Oropher
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