Mon pays..; [libre]

Une bise, bien que légère, soufflait en permanance sous la canopée. Glaciale, elle eut tôt fait de faire disparaître dans leur demeures les rares elfes qui avaient voulu profiter de l'éternel calme qui régnait en Lorien. Mais quand un regarda s'attardait sur les plus hautes ramures, on s'apercevait qu'on avait de la chance : là-haut, les dernières feuilles de l'autonne résistaient tant bien que mal aux puissantes rafales qui provoquaient de sinistres craquements.

Ainsi, tous les elfes restaient chez eux dans leurs maisons hautes perchées. Tous, sauf deux : Ewänà et un elfe des plus vieux. Bien sûr, l'immortalité de ce peuple rendait l'estimation d'un âge ardu, mais celui-là avait un de ces regard et une posture que seuls ceux ayant vécus ce nombreuses vies humaines ont.



Vêtu d'une unique et légère tunique de soie bleue ils marchait, pied nu, sur l'épais tapis de feuilles mortes. Un antique joyau couleur d'azur pendait aurout de son cou. De temps à autre, il s'arrêtait et regardait pensivement autour de lui, puis reprenait sa marche silencieuse.

Ainsi, peut-être sans s'en rendre compte, il arriva devant Ewänà à qui il dit simplement.

-Bonjour. Je suis Erindel.

L'elfe, comme plongé dans ses pensées, ne répondit pas immédiatement. Il regrdait Ewänà de ses yeux pronfonds, sans qu'on ait vraiment l'impression qu'il la voit. Sans la dévisager, ses yeux restaient posés sur le visage de la noble, mais il sembalit regarder derrière elle, au-delà des arbres et des montagnes. les paroles de l'elfe avaient-elles révéillé quelques anciens souvenirs?

Finalement, après être revenu à la réalité, il dit d'une voix sans ton mais puissante :

Une phrase ancienne me revient en mémoire : "le temps des des elfes est révolu, celui des hommes commence". C'est un triste réalité, mais devons-nous nous nous enfermer dans un regret du passé et contempler notre vie avec nostalgie? "Qui s'observe arrête son développement" a un jour dit un elfe.

Erindel se tut et fronça les sourcils, comme incertain de ce qu'il venait de dire. La suite fut plus un pensée exprimée à voix haute qu'une phrase à l'adresse de la noble :

Toutefois on pourrait alors dire que le reniement du passé est une bien mauvaise chose, et que basé sur le concept de l'avancée on ignorerait ses erreurs.

Encore une fois plongé dans ses réflexions, l'étrange elfe ignora quelques secondes Ewänà avant de reprendre finalement :

Voilà un débat qui pourrait durer longtemps sans qu'on puisse jamais arriver à un accord commun... comme de nombreux débats d'ailleurs. N'y entrons donc pas, ce pourrait être la naissance d'un désaccord. La Lorien vous semble vide? Mais ne vivons-nous pas au gré des saisons, nous les elfes sylvains? L'hiver est presque là, la vie s'éteint peu à peu, pour repartir avec plus de puissance à l'arrivée du printemps. Ne nous inquiétons pas pour cela, chaque être vivant a besoin de repos.

Erindel s'arrêta et regarda autour de lui, comme pour s'assurer de ses propos et après quelques secondes ou seul le craquement des branches se fit entendre, il parla à nouveau.

Mais qu'allez-vous faire vous? Dormir pour profiter pleinement de l'éclosion des bourgeons ou partir et aller à l'aventure, comme on le fait de plus en plus ces temps ci?

Comme Ewänà avait pu l'observer faire durant toute la discussion passée, l'étrange elfe resta plusiuers instants les yeux dans le vague, laissant ses cheveux onduler au gré de la brise. Une feuille morte vint se plaquer contre son talon, poussée par l'air froid. Les extrémitée, libres, vibraient comme affolées. Erindel se baissa et la prit entre son pouce et son majeur et détourna lentement les yeux pour l'observer. Finalement, sans la lâcher et reporta son regard sur la noble et lui dit :

Que vais-je faire? La mâma chose que depuis des siècles : me poser à un endroit, puis repartir vers un autre. Voilà plusieurs décénnies queje vis ici, mais peut-être, un jour, porté par le vent, repartirai-je? Comme cette feuille..

Et liant le geste à la prole, il la lâcha et elle s'envola aussitôt pour disparaître dans la multitude. L'elfe reprit :

"Certains disent être maître de leurs pensées.. mais moi c'est le contraire : mes pensées sont mes maîtresses, et j'agis en fonction d'elles. D'aillleurs je ne pense pas être le seul, malgré tout ce qui se dit. Peu nombreux sont ceux qui savent vraiment ce qu'ils sont : "connais-toi toi-même". Vous avez déjà entendu cette maxime? J'ai mis de longus années à la comprendre en réalité."

Erindel se tut et ferma une seconde, une unique secondes ses paupières, malgré tout ce simple geste avait eu un effet incontestable sur lui, bien que difficilement définissable. Il n'était ni plus joyeux, ni plus vivant ou plus présent, mais la suite de ses paroles se firent plus fluide, et son ton devint plus chaleureux :

Suivez mon conseil : ne réfléchisssez pas trop longtemps à ce que vous voulez faire. A prendre trop tard la bonne décision, il est préférable de prendre tôt la mauvais, car vous aurez tout votre temps pour changer d'avis. Nous, les elfes, nous avons le luxe d'avoir un temps éternel devant nous. Libre à vous de choisir la réflexion à l'action, mais ce que je viens de dire s'applique là aussi. En somme, il n'y a pas de mauvais choix.

Erindel, pour la première fois, laissa l'ombre d'un sourire apparaître sur ses lèvres. Ce qu'il venait de dire lui sembalit évident, mais il semblait oublier que cela pouvait paraître aussi clair pour tous.

Le sourire d'Erindel se fit plus large, et cette fois ne quitta pas le yeux de l'elfe. Cette fois ci, c'était bien elle qu'il regardait. Son regarda n'était ni pesant, ni scrutateur, ni absent : il était simplement, simple. Et étrangement, c'était cela qui dérangeait le plus. Il finit par dire avec calme :

Pourquoi je ne reste jamais éternellement à un même endroit? Voyez-vous, c'est justement ce mot qui m'effraie : "éternellement". S'il y a une chose que je veux éviter, c'est la monotonie, et je fais tout mon possible pour que chacune des journées de ma vie soit unique. C'est, je l'avoue, difficile à réaliser. C'est d'ailleurs pour la même réison que je ne voyage pas sans cesse, même s'il y a une autre explication, beaucoup plus simple : comme tout personne, j'ai besoin de repos.

Sans se dépaître de son sourire, il continua :

Vous mettez là le doigt sur un des points sensible de mon riasonement, que j'ai mis de longues années à comprendre moi-même, et ce n'est pas fini. Ce que je déclare est tout à fait subjectif, et être d'accord est je le cnoçois difficile. Mais paradoxalement, il est tout aussi difficile d'expliquer. Par conséquent, ce n'est pas mon âge qui fait que ce raisonnement est juste. Je pourrais dire que je ne contrôle pas pleinement l'émission de mes pensées, qu'elles émanent d'un subconscient inconnu...

Erindel émit un petit rire, puis reprit :

Il parait que ne pas savoir expliquer signifie ne pas comprendre. Par conséquent, on pourrait dire que je ne compredns moi-même pas ce que je dis lorsque je me déclare dirigé par mes pensées... peut-être une de leur machinations pour m'embrouiller?

Son rire reprit, cristallin, et il continua :

Assez parlé de moi... Vous ne savez pas encore que faire, et vous voulez d'abord savoir ce que vous voulez. N'est-ce donc pas chose faîte? Vous avez un but, savoir ce que vous voulez, et peut-être ne trouverez-vous jamais la réponse. Ce n'est pas essentiel, mais cherchez la toujours.

Les yeux d'Erindel se plissèrent presque imperceptiblement, et si son sourire disparut, aucune expression de contrariété ne le remplaça, si ne de colère. Désormais, son visage, sans être de marbre, ne laissait pas deviner quelles étaient ses pensées. Il répondit finalement :

Mais j'ai trouvé ma satisfaction : c'est le perpétuel mouvement, avec parfois, comme je l'ai dit des périodes plus ou moins longues de repos. Mais ce que vous dîtes est vrai, même si je ne vois pas en quoi c'est un tort : je ne suis pas satisfait en restant éternellement à un même endroit, car ce n'est pas ce que je cherche. Comme vous, il fut un temps où je ne savais pas ce que je voulais, c'est désormais chose faite : la liberté. bien entendu, on peu se considérer libre en restant à un même endroit, mais ce n'est pas ma vision à moi. Comme je l'ai dit, mes satisfactions sont les grands chemins, les larges plaines vides de vie, les place de marché bondée. Tout cela à la fois. pourrais-je tout trouver en restant en un même endroit? Je ne pense pas, et c'est pourquoi je voyage. Peut-on m'en blâmer? Chacun a une perception différente de ce qui l'entoure.

La suite se fit dans la continuité, et le silence entre les deux phrases fut presque inexistant :

En ce qui concerne votre deuxième remarque, vous n'avez pas complètement tort. Mais ce dont je parle ne concerne aucunement une décision qui pourrait changer ma vie, la preuve, elle continue. Je continue à chercher des réponses aux questions que je me pose, toutefois ma vie continue. malgré tout, il est vrai que trouver le juste équilibre entre réflexion et agissement est difficile, et parfois, je fais le contraire de ce que je préconise. Mais je fais mon possible pour trouver cet équilibre, sans trop réfléchir, sans trop m'arrêter. Et quand je le trouve, j'ai réellement l'impression de vivre.

L'elfe s'arrêta et soupira, puis reprit :

Mais comme je l'ai dit, chacun a des opinions différents, par conséquent que vous ne me compreniez pas et que vous ne soyez pas d'accord est normal.

Le sourire de l'elfe revint aussi rapidement qu'il était venu. Il répondit d'un air conciliant :

Aucun besoin d'excuses, les questions sont faites pour avoir des réponses, et si vous n'aviez pas fait ces deux remarques, vous seriez resté sans réponse. Et ce fut également l'occasion pour moi de mener une réflexion, donc vous voyez, nous sommes tous les deux gagnants. Je n'ai jamais blâmé la curiosité des autres.

Erindel se tut, et après un temps où il sembla réfléchir au bien fondé de ce qu'il allait dire, il reprit :

Mais vous me semblez troublée. J'espère que mes paroles ne vous ont pas dérangée... Vous disiez tout à l'heure ne pas savoir ce que vous vouliez. Je suis entièrement d'accord lorsque vous dîtes que vous seul avez la réponse, la réflexion pour trouver la réponse à cette question est purement personnelle, mais... accepteriez-vous quelque aide?

Erindel baissa les yeux et resta un instant interdit, et finalement dit :

"Sage réponse. Mais vous êtes la seule à pouvoir répondre justement à la question que vous venez de soulever. Toutefois... souvenez-vous de ce que je vous ai dit tout à l'heure."

L'elfe s'arrêta, et regardant autour de lui, il fronça soudainement les sourcils et se retourna vers Ewänà :

"Si je puis me permettre, vous semblez tenir à votre frère. Il me semble qu'il serait le plus apte à vous aider... alors pourquoi n'iriez vous pas le trouver? Cela étant, je deviens peut-être indiscret, et il serait dans votre droit de ne pas répondre."

L'elfe se tut, visiblement gêné.