Le Voyage du Retour

Et c'était maintenant ainsi.
Les Armées des Peuples Libres - car il n'y avait plus de raison de l'appeller armée Unifiée, à présent - avaient toute quitté la Plaine de la Bataille Finale, encore fumante de bûchers funéraires et encore rouges du sang de milliers d'êtres qui n'avait que trop coulé deux longs jours durant.

Les elfes de la mer étaient partis les premiers, et à peine cet affrontement fini ils repartaient encore livrer bataille, comme si la paix s'acharnait à les éviter. Les messages qu'ils avaient reçu de leur contrée étaient alarmants, et il était grand temps qu'ils repartent aux Havres Gris.

Quand au reste des troupes, ils suivaient pour le moment la même direction, celle d'Annuminas. C'était naturellement la destination des soldats d'Arnor, mais les elfes et les nains devaient eux aussi repasser par le Royaume du Nord. C'était là aussi l'itinéraire des Gondoriens et des Rohirrims, eux qui s'en allaient vers le Sud. Et les Rhûniens, maintenant qu'ils ne se soucianet plus d'être reperés, préféraient éviter de repasser par les étendues glacées et préféraient suivre cet itinéraire commun - pour le moment, car tous devraient tôt ou tard se séparer.
Bien sûr, ils ne voyageaient plus en groupe compact, et il y avait parfois jusqu'à une lieue de marche entre les peuples, et on rencontrait parfois même des étrangers parmi certaines peuplades, prolongeant ainsi des liens qui s'étaient noués sur le champ de bataille, dans la mort et la souffrance. Ou bien pour des raisons politiques.
Ainsi, l'ambassadeur Sombre-Chêne s'entretenait à présent avec le Roi de Rhûn, Alâhan, perché sur son étalon noir.

Mais dans tous les peuples, tous étaient heureux d'être sur le retour.

[Pour un sujet commun. Voyage avec plus ou moins d'ellipses temporelles selon la participation.]

Un cavalier était parti en avant. Au galop, pour une course importante, envoyé par l'ambassadeur elfe. Il n'était que peu chargé, une simple besace contenant quelque vivres, un arc pour chasser, une gourde pour boire. Et une bourse dont le contenu cliquetait à chaque foulée du cheval. Rapidement, il ne fut plus qu'un point à l'horizon.


Sombre-chêne avait échangé quelques formalités avec Alâhan, quelques politesses. Derrière eux, une longue colonne scintillante de bronze progressait, étendards dressés vers le ciel, piques levés vers le ciel. Des Orientaux en Arnor... qui eut put jamais le croire? Seulement l'imaginer? Seulement une poignée, si ce n'avait été cette guerre. L'ambassadeur savait, de cette étrange elfe rencontrée dans un donjon du palais du roi oriental, que Blankânimad s'était levé. Mais jusqu'à l'intervention des Orientaux, chacun s'attendait à devoir croiser le fer avec ces hommes trop oubliés. Et l'improbable s'était produit. L'elfe ne pouvait que ressentir une pointe de satisfaction en pensant qu'il avait du être, sûrement au moins en partie, de ce revirement de situation.

Donc, après ces quelques formules de convenance, Sombre-chêne entama :

Encore une fois, je ne peux que souligner le fait que sans votre intervention, mes frère elfes, humains et nains et moi-même serions aujourd'hui morts. Ne me croyez néanmoins pas dupe. Si vous vous êtes ralliés aux peuples de l'Ouest, ce n'était pas par amitié pour nous. Vous y trouviez plus d'avantages que de se joindre à nos ennemis. Toutefois...

L'ambassadeur s'arrêta. Il retrouvait avec plaisir le goût de la parole. Bien qu'appréciant la solitude et le calme, discuter, parlementer était aussi un défi auquel il se prêtait volontiers. Il s'en était rendu compte que récemment, et cela l'avait surpris. Parler... exercice difficile. Trouver les bons mots, la bonne intonation, les bonnes pauses, sans être pour autant un beau parleur. Plutôt un bon parleur.

Toutefois, vous avez joué très dangereusement. Hormis la fin hasardeuse de cette bataille, vos ennuis ne font que commencer, si vous m'autorisez une telle prédiction. Car je doute que votre choix de vous joindre à nous ait fait l'unanimité dans vos rangs, et que malgré la victoire, tous se soient ralliés à votre cause. Soyez sûr de pouvoir compter au moins sur mon soutien si nécessaire, et sur celui des elfes. Ne ne m'hasarderais pas à parler au nom de peuples que je ne représente pas, mais j'imagine que tous agirons de même.

Le doute. Avait-il été trop direct? Avait-il prononcé une phrase de travers? Un mot de trop? Sombre-chêne resta impassible. Il aurait été stupide d'afficher toute hésitation.

Le Roi de Rhûn avait abandonné sa lourde armure de fer noir au profit de chauds et confortables vêtements de voyage. Il fallait avouer que même si Rhûn bénéficiait d'un climat tempéré, avec un hiver enneigé, ces sommets du Grand Nord semblaient particulièrement froids aux Orientaux.
Il chevauchait de front avec l'ambassadeur elfe, celui-là même qui avait été jusqu'à le trouver à Blankânimad. Alâhan trouvait possitif le fait que ce soit celui-là qui continue les négociations avec son royaume. Au moins, dans la Salle du Trône de son palais, l'elfe avait pu constater ô combien il y avait d'avis opposés, et il pouvait ainsi mesurer pleinement les conséquences de chaque acte.

"En effet, ambassadeur Sombre-Chêne, fit-il dans un Commun fort marqué par son accent. Je sais que si j'avais combattu contre vous, l'issue de la bataille aurait été différente. Mais je crains bien que si Xaphan avait réussi à triompher de tous les peuples de l'Occident, il ne lui aurait pas fallu longtemps avant qu'il ne se prenne l'idée d'annexer l'Orient... Il a bien gardé ses atouts, il faut le dire. J'ai bien failli regretter ma décision... Mais sachez que mes ennuis ont déjà commencé..."

Le Roi fit un petit signe du menton à l'elfe pour l'inviter à suivre son regard, et jeta un coup d'oeil derrière lui. La Reine Lyra avait choisit de chevaucher parmi l'armée, alors qu'elle bénéficiait d'un carosse, nettement plus confortable. Elle ne tenait pas à se cacher, malgré que même sa tentative d'assassinat ait échoué, elle se montrait, le visage impassible, pour montrer à tous les ennemis de l'Occident qu'elle n'abandonnait pas la lutte. L'elfe pouvait reconnaître en elle la femme qui avait hurlé dans la salle du conseil lors de sa visite dans le mystéreiux palais.

"Sa Majesté mon Epouse va me donner le vie dure... Son frère est mort dans la bataille. De tous les opposants à une alliance avec mes anciens ennemis, elle sera la plus terrible, et elle n'hésitera peut-être pas à me tuer, si l'occasion se présente. N'oubliez pas, Sombre-Chêne, et que vos Souverains le sachent, la trève ne tient qu'à ma vie, qui est déjà fort avancée, et que beaucoup vont s'efforcer d'écourter. Si vous voulez que l'alliance tienne après ma mort, il va falloir y travailler. Je pense tout d'abord qu'un ambassadeur Rhûnien dans toutes les Contrées de l'Armée Unifiée serait judicieux. Ensuite, l'ouverture des frontières commerciales avec Erebor, la Lorien et Gondor. Il me faut montrer au peuple combien cette alliance serait profitable.
Et les Orientaux sont très attachés à certains symboles du passé... Qui ont été gardé comme trophées de guerre par vos contrées, jadis..."

Alâhan était tou également direct. Il était conscient de jouer avec le feu, depuis qu'il avait fait décapiter l'ambassadeur orc, s'était comme s'il tenait à pleine main un morceau de parchemin se consummant lentement. Mais il savait qu'il voulait réussir, s'il voulait rester en vie, il n'avait pas besoin de demi-mots et de longs débats fastidieux...

J'avais suivi le reste de l'armée vers le sud, vers mon royaume. Pourtant, au Nord, rien n'était fini. Il y avait encore du travail, des projets.. des ennemis à détruire. J'avais autour de moi l'élite de mon armée, les vétérans de nombreuses bataille. La garde de la Rose était diminuée, mais le nombre de soldat méritant d'en faire partie avait considérablement augmenté après la bataille . De plus, Rustor m'avait promis de chevaucher a mes cotés avec les derniers cavaliers de la Lune.
Nous étions maintenant au moins deux cents parmi les meilleurs cavaliers de la terre du milieu, assez que pour assainir le Nord et mettre en place nos projets. Nous arrivions maintenant à la frontière de mon royaume, Vilyan allait reprendre le commandement. Il était temps pour moi de faire demi-tour. Mais j'avais d'abord une mission à confié à un homme qui avait montré toute la confiance qu'il méritait.

- Faites venir le Capitaine Forlong.

Edgar acquiésa et s'éloigna du haut de son poney. Comme la plupart de mes hommes, le hobbit n'aspirait qu'à une chose : rentrer chez lui. Forlong arriva un peu après. Je fis un petit signe à Saemon, il me le rendit et fit ralentir le reste des cavaliers pour nous permettre de discuter.
Sur une colline un cavalier nous observait. Je levai la main, il répondit à mon signe et se mit à dévaler les hauteurs pour nous rejoindre.

- Capitaine Forlong Aglareb, connaisez toute ma gratitude à votre égard. Votre coeur fut vaillant et votre bras puissant... Je ne doutes pas que vous désiriez rejoindre sans attendre vos foyer. Mais j'ai encore une mission à vous confier. Une mission que d'habitude je n'aurais confié qu'a Saemon...

Le cavalier nous rejoint, c'était Rustor Erumelgos.

- Comme vous ne le savez sans doute pas, mon épouse enceinte a été mise en sécurité par un ancien maitre d'arme. Elle a été accueillie à Gar Thulion. Maintenant vient le temps de son retour.

Rustor prit alors la parole.

- J'ai confié sa garde à mes meilleurs soldats, une escorte peu nombreuse mais puissante. Ils la conduiront jusqu'au dernier pont au Sud-Est de l'Arnor. Ils remonteront l'Anduin passeront les Monts Brumeux au nord et redescendront en suivant le cours de la rivière Fondgrise.

J'acquiésai.

- Ils n'iront pas plus loin... Et c'est de là que j'aimerai que vous me la rameniez à Annuminas.

Je fis une petite pause.

- Vous aurez de l'argent pour convaincre les hommes les plus sur de votre entourage de vous suivre.. Et une belle promesse de récompense pour vous Capitaine.. Vous devez comprendre qu'après la mort de mon père, je ne fais plus confiance à personne parmi mon armée..

Bien installée dans le fond de sa charrette, au chaud sous une lourde couverture remontée sur ses épaules, Maïrwen ne se lassait pas de regarder Nârwel Rusk-Iar. Il chevauchait à quelques mètres de là, seul, perdu dans ses pensées et silencieux.
Le jeune homme fougueux qu'elle avait connue était devenu un homme mûre au regard pénétrant et profond. Son visage si lisse dans son souvenir était à présent constellé de petites rides et sa longue chevelure laissait apparaitre quelques filets blancs. Il était beau ...
Ils ne s'étaient pas beaucoup parlés depuis leurs retrouvailles inespérées. Il y avait tant à dire, tant à raconter, à décider, tant de questions à poser ... Par où commencer ?

Le destin, si cruel jusqu'à lors, venait, contre toute attente, de leur offrir une seconde chance ...

Maïrwen, depuis qu'elle avait retrouvée son bien aimée avait abandonnée son long châle noir et laissait resplendir sous les rayons du soleil, sa tunique blanche de guérisseuse de la Tour de la Clef d'Argent qu'elle portait toujours bien que libérée de son service quelques jours auparavant. Elle s'approcha du rebord du chariot et interpella son mari avec douceur :

- Nârwel ... Ne serait-ce pas l'occasion de parler un peu alors que la route est longue et que nous sommes esseulés ? Il est des choses importantes à dires ...

Le roi n'avait pas été réticent, et au grand soulagement de l'ambassadeur, était bien plus ouvert que lors de sa première visite au palais de Blankânimad. La chose n'avait rien d'étrange, le souverain n'étant que face à Sombre-chêne et plus devant toute une assemblée de hommes de Rhûn, il n'était plus dans l'obligation de mesurer chacun de ses mots... tout comme l'elfe d'ailleurs. La conversation s'était ainsi directement dirigée vers une franchise partagée.

Sa Majasté mon épouse. Oui, cette silhouette, il se rappelait l'avoir vu lors de sa visite dans la salle du trône. Était-ce tout? Il semblait à Sombre-chêne ne pas attendre parler pour la première fois de ce frère... Ah oui. Dans ce donjon, avec cette mystérieuse elfe. Elle lui avait parlé de la femme du roi, en précisant qu'elle était la seule personne de la gente féminine à pouvoir participer aux conseils. Son frère était un grand seigneur proche de leurs feux ennemis, et quoique sa mort puisse atterrer la jeune reine, cela n'en restait pas moins une bonne nouvelle pour les Peuples Libres. Se pouvait-il qu'il l'ait aperçu? Qui l'avait tué?

Le sujet restait délicat, et l'ambassadeur hésita à continuer plus en avant. Toute potentielle meurtrière qu'elle puisse, la jeune femme restait reine de Rhûn. Si l'écarter du champ politique était une possible solution, la rallier à la cause de son mari restait préférable. En effet, ceux qui partageaient actuellement ses opinions la suivraient peut-être, et elle pourrait mieux que quiconque remplacer son mari dans le maintiens de la trêve... si toutefois il était possible de la raisonner, ce qui, d'après les dires d'Alâhan, serait loin d'être aisé.

Sombre-chêne répondit :

Si une alliance plus concrète doit être construite, nous ne pourrons en poser les bases si les fondations s'effritent au fur et à mesure qu'elle se bâtira. Il nous faut montrer à chacun de nos peuples tout l'intérêt qu'ils ont à tiré de cette alliance. En nous aidant, vous avez gagné la confiance de la plupart de mes frères, et les rares derniers ne poseront pas de problème majeur. Si le long terme ne peut les convaincre, j'ose espérer qu'ils seront assez intelligents pour ne pas interférer de manière outrageuse, même si évidemment leur opinion sera entendu.

L'ambassadeur tourna brièvement la tête vers la reine. Elle ne lui accorda pas un regard. Il faudrait qu'il lui parle. Pas encore.

Les réticences de certains des vôtre sont néanmoins compréhensibles. Se joindre aux elfes, aux hommes et aux nains pour une bataille a du déjà beaucoup leur coûter. A leur place également, je douterais sur le bien fondé d'une alliance plus durable, alors que rien n'a été fait en ce sens de notre part, et que les elfes aident les humains depuis de nombreux siècles, ces mêmes hommes que votre peuple a longtemps combattu. En ce sens, l'ouverture de route de commerces est évidemment une bonne idée. Nous tous en profiterons, et voilà peut-être un élément capable d'adoucir vos sujets qui nous sont hostiles. Il en est de même pour votre première proposition. Lorsque vous parlez de symbole du passé... avez-vous une idée précise d'un de ces symboles?

L'Homme de l'Arbre Blanc se retourna vers Maïrwen. Et sans n'aurait t-il pas sourit, si il n'avait un jour penser ne jamais revoir celle qu'il aimait. Car les questions devaient trouver des réponses désormais.

Maïrwen disparut sous la tenture alors que Nârwel attachait Ërol à la charrette. D'un petit bond, il sauta dans la carriole et alla se blottir contre sa femme.

"On m'a dit que tu était morte. Assassinée par les hordes d'Orcs qui ravagèrent le village...."

Nârwel sentit les mauvais souvenirs de Maïrwen remonter à la surface. Il la serra un peu plus contre lui et lui chuchota d'une voix amoureuse:

"Raconte moi chérie... Si tu es vivante, notre enfant..."

Mais plus aucun mots ne devait sortir de sa bouche avant que le baiser salvateur de sa femme ne lui fasse oublier la vie qu'ils avaient perdu. Et ils ne dirent rien pendant quelque temps, laissant leurs pensées vagabonder, ensemble ou séparées, mais c'est mains dans la main qu'ils faisaient le voyage. Réunis.

Les journees passaient une apres l'autre, remplies d'evenements et de responsabilites, ne donnant aucune chance au capitaine de l'Arnor de s'occuper de ses pensees.
Le lourd poids du commandement reposait sur les epaules de Forlong; il devait calculer les effectifs restants, s'occuper de ses hommes, rediger des lettres aux familles des defunts de son regiment.

Les remords...oui, les remords dechiraient l'ame du capitaine. Si il avait mieux mene ses hommes, n'aurait il pu eviter la mort de certains d'entre eux? Il essayait de chasser ces pensees, mais elles revenaient toujours, tard la nuit, lorsque tout etait silencieux et seules les etoiles eclairaient le monde.

L'hemissement d'un cheval reveilla Forlong de ses pensees, et il regarda autour de lui, en s'etirant. Son etalon noir du Rohan avancait au pas a la tete du regiment des dunedain. Un frisson parcourut le corps du capitaine et il reserra autour de lui sa vieille veste en cuir, essayant de se proteger du vent froid du Nord. Il serra ses dents lorsque ses mouvements trop brusques reveillerent la douleur de sa blessure a la jambe gauche.
*Je me fais vieux..." cette pensee traversa l'esprit du dunadan accompagnee par une grimace.

Soudain, il entendit une voix prononcant son nom, et lorsqu'il se tourna dans cette direction, il fut surpris d'y voir un hobbit.
Apparemment le roi Aldarion souhaitait le voir. Il n'avait pas vu son Seigneur depuis le debut de la bataille, tous les deux etaient occupes par les nombreuses taches.
Il acquiesca les paroles d'Edgar avec un hochement de la tete, et eperonna son cheval, en se detachant de son regiment.

Quelques minutes plus tard il rejoignit Tar Aldarion Aglareb, roi de l'Arnor, entoure de la Garde de la Rose.
Il s'inclina devant son Seigneur, et ecouta attentivement ses paroles.
Il repondit:

-Beaucoup de soldats ont combattus plus vaillament que moi pendant cette bataille...pour des nombreux parmis eux, la mort etait le prix de leur courage. Que les Valar les recompensent, et qu'ils soient immortalises dans les chants du peuple dunedain...

Un sourire amer s'afficha sur le visage detruit par les vents du nord et les epees ennemies du Capitaine, lorsqu'il ajouta:

-Rejoindre mon foyer...Je suis un rodeur, mon Seigneur, je n'ai pas de famille ni de maison.

Il ecouta les paroles du Roi. La vie de l'epouse de Tar Aldarion et de son futur enfant allait se retrouver entre les mains de Forlong. Une honneur et une responsabilite enormes.
Il repondit avec une voix serieuse:

-Je remplirai cette mission le mieux que je peux, mon Seigneur. Tant que je vis, aucun mal n'arrivera a la Reine. Je choisirai un groupe de guerriers sages et habiles au combat, et surtout dignes de confiance.

Forlong se tenait a present droit dans la selle, une certaine noblesse se degageant de son personnage malgre ses vetements vieux et uses. La medaille de veteran de la Grande Bataille etait attachee a sa veste, et Lunerill, la Flamme Bleue pendait dans son dos.

-Est ce tout mon Roi?

Alâhan devait avouer qu'il appréciait définitivement de pouvoir converser ainsi librement avec l'ambassadeur, tout en avançant, loin des tous les autres notables et seigneurs de guerre. D'autant plus que, en constant mouvement, accompagnés par le claquement des sabots des chevaux et par le tintement des armures étincelantes des guerriers, il n'y avait pas de risque pour que quelqu'un puisse entendre les mots qu'ils échangeaient.
Le Roi était bien conscient que jamais dans la salle du conseil de Blankânimad il n'aurait pu parler aussi librement sans entraîner l'intervention d'un noble réfractaire ou l'autre. Bien sûr, il aurait pu facilement le remettre à sa place, il était Roi tout de même, et savit manier l'autorité allat avec ce titre. Mais les opposants à l'Occident bénéficierait d'un atout précieux... Il savait que comme lui et l'elfe à ce moment, Lyra parlerait sans détours, sans se soucier des apparences...

"Bien, ambassadeur. J'espère en effet que notre aide a convaincu la plupart des votres, et de vos alliés. Le contraire serait... fâcheux. De mon côté, sachez que le Rhûn n'est plus prospère. C'est du commerce que viendra les signes les plus encourageants pour mon peuple."

Le Roi remarqua le petit mouvement de la tête de l'elfe vers la Reine. Même s'il savait qu'un moment devrait arriver où ces deux-là pourraient s'adresser la parole, au risque d'anéantir des mois de diplomatie, il savait qu'il ne pouvait rien faire pour empêcher cela.

"Prenez garde, Sombre-Chêne... Vous serez constaement surveillé par des gardes du corps. Si elle trouve le moyen de vous assassiner, elle n'hésitera pas, et l'alliance serait ainsi brisée à coup sûr.
Quand aux objets anciens... Je sais qu'une bannière très spéciale est entre les mains d'un chasseur de trésor gondorien... Je sais que des épées princières sont gardées comme trophées par des nobles... Tant de choses qui ont disparu..."

//Poste pas très long, mais j'ai pas trop le temps, désolé//

Sombre-chêne sourit sans joie tandis lorsque le Roi évoqua le danger qui menaçait l'elfe :

Il me faudra pourtant lui parler. Certainement pas maintenant, mais le plus tôt possible. Comment faire sinon pour endurcir notre alliance? Et je ne pense pas avoir à craindre quoi que ce soit tant que je ne serai pas seul. Mon assassinat ruinerait certes une alliance, mais coûterait de nombreuses vies à vos hommes, tout comme aux elfes d'ailleurs, et je ne pense pas que votre épouse prenne ce risque. Sauf, bien sûr, si elle est prête à se sacrifier pour sa cause. Et d'ailleurs, vous êtes également en danger. Peut-être même plus. Votre mort, contrairement à la mienne, éviterait plus facilement tout conflit direct entre nos deux peuples, car plus facile à faire passer pour naturelle, sauf votre respect. Les vôtres pourraient ainsi regagner leur terre sans avoir subi au préalable de pertes. Néanmoins, je ne connais pas la reine aussi bien que vous, aussi suis-je peut-être en erreur, mais il me semble quand même que les gardes du corps vous seraient plus utiles qu'à moi.

L'elfe s'arrêta et réfléchit quelques secondes avant de continuer :

En parlant de commerce, je suis certain que votre vin connaitrait un vif succès dans les Terres de l'Ouest. Quant à ce chasseur de trésor gondorien, vous devez parler d'Asthrabal? Je ne l'ai jamais vu, mais sa réputation le précède dans tout Arda. Tous ses trésors font bien des envieux, c'est certain. Quelle est donc cette bannière qu'il possèderait?

Je fus soulager d'entendre que Forlong acceptait... Je ne vois pas qui aurait pu m'aider sinon lui.

" Parfait... Je n'ai rien de plus à vous demander.. car ce que vous m'offrez est déjà immense, sachez que le Roi s'en souviendra, et que nous arrangerons sans nul doute cette histoire de foyer..."


Je fis un sourire entendu, j'avais ma petite idée derrière la tête mais se gardait bien de la dire à mon compagnon. Je repris néanmoins, soucieux de n'oublier aucun détail.

" Je vais vous confier le nom d'un homme qui est actuellement à Annuminas mais qui fut des notres lors de la bataille. Il se prénomme Rines, Rines Havarian. C'est un grand infiltrateur, un bon comédien... Mais surtout il a ma totale confiance et un grand besoin de retrouver des missions moins difficile que sa précédente... Il m'assure qu'il aura trouver au moins un compagnon de voyage pour cette quête."

Je fit amener un papier que j'avais préparé à l'avance.

" Voici une lettre , lisez là à la Reine dès que vous la retrouverez. Ensuite, voici un parchemin sur lequel sont inscrit les deux dates et heures de rendez vous pour retrouver Rines, puis la Reine... Bonne chance Forlong..."

C'était tout, il n'y avait plus rien à dire.

Le Roi de Rhûn Alâhan esquissa une grimace et poussa un profond soupir, avant d'hocer calemement la tête. Son avenir n'allait pas être de tout repos, voilà au moins une chose dont il était sûr.

"Prenez garde tout de même, ambassadeur. Je ne saurais pas dire de quoi est capable Lyra. Même en cas de traîtrise, elle pourrait compter sur le soutien sans faille de la partie de la population dont elle est originaire. Et je ne pense que la perspective d'une guerre ouverte lui fasse peur. Le territoire de Rhûn est très grand, messire Sombre-Chêne, et si vous auriez bien moins d'hommes à affronter que lors de la Bataille qui vient de se dérouler, mais ce serait une guerre bien plus éprouvante.
Mais vous avez raison, il faudra que vous lui parliez. A un moment. Prenez garde de n'accepter aucune nourriture ni boisson de sa part. Elle n'oserait jamais tenter un assassinat à l'arme blanche, mais elle semble apprécier réellement le poison. J'ai déjà perdu trois goûteurs depuis que je vous ai rçu à Blankânimad..."

Alâhan releva la tête et la tourna vers l'elfe, à la recherche de la moindre trace de surprise sur son visage. Puis, il reprit.

"Oui, je n'ai pas attendu pour prendre des précautions. Je suis parfaitement conscient que si elle avait l'occasion, elle n'hésiterait pas.
Mais assez parlé de ça. Oui, Asthrabal, cela doit être ce nom là, je crois. C'est une bannière ancienne, qui date du milieu du Troisième Age, des invasions datant du moment où nous utlisions beaucoup nos chars. On l'appelle Bannière de Belfegor mais je doute que ce soit osus ce nom que vous la connaissiez. Sa valeur est grande, car elle a une tendance naturelle à inspirer la crainte chez l'ennemi..."

Faestel était las de tout ces combat, elle était bléssée, elle avait sommeil, mais avec toute les choses qu'elles avait récupéré elle devait en faire quelques chose, elle n'avait nul part où aller de toute façon.
L'armée n'était plus faite pour elle, ses visions ne lui était que peu utiles, car de toute façon elle fut bléssée tout de même et sa masse s'était brisée contre l'armure et la chitine d'une araignée géante.

Le soleil n'était pas là non plus pour tout arranger.

-Lieutenant, vous devriez vous reposez?

-Oui je sais, je me reposerai!

-Mais il va bientôt faire nuit, et il reste plus d'une semaine pour aller à Minas-Tirith!

-Je partirai seule dès demain!
Rien ne me retiendra, j'ai besoin de voyager!

-...

Faestel dormis sans gène cette nuit là, seuls quelques rèves un peu étranges furent génant sans pour autant la reveiller.
Le lendemain elle se leva, les nuages étaient encore là, et la pluie aller surement tomber d'ici peu, elle prépara ses affaire qu'elle avait moindre, pris son cheval et galopa vers le sud....toujours vers le sud!

Personne ne sait pourquoi elle partit...elle avait laisser sa lettre de démission sur le bureau du général, avec écrit :
"Peut être un jour reviendrai-je! Qui sait?
Faestel Ziladùn"

Le Milieu du TRoisième Âge... Des chariots... Aucun doute possible, les possesseurs de cette antique bannière devaient être les Gens-des-Chariots, ces Orientaux qui avaient ébranlé le Gondor, et failli s'en emparer. Une vieille histoire chargée de douleur et de rancune... que Alâhan demandait à refaire surgir. Les elfes n'avaient pas été impliqués dans ce conflit, mais les Gondoriens qui connaissaient cette bannière ne verrait pas d'un bon oeil qu'elle flotte à nouveau au vent. Sans compter qu'elle pourrait réveiller quelques désirs de vangeance chez certains nostalgiques rhûnien.

Que vous la récupériez, ne serait peut-être finalement pas un bonne chose pour nous. Je suis prêt à aller la chercher pour vous, mais vous devrez veiller à ce qu'elle ne ravive pas des désirs de vengeance chez vos gens. Je me chargerai quant à moi de calmer toute protestation du Gondor. Heureusement d'ailleurs que cet objet ne se trouve pas dans le trésor royal, car le récupérer aurait pu soulever quelques difficultés... Quoiqu'il en soit, cela calmera peut-être la fureur de votre épouse.

L'ambassadeur resta un instant interdit, envisageant divers scénarios quant à l'acquisition de la bannière.

Le plus tôt serait le mieux pour mon départ, mais je pense que ma présence ne vous sera pas inutile pour traverser la Moria. J'entretiens une relation de longue date avec les nains, et j'espère que mes mots apaiseront leur légendaire colère. Ils gardent un très mauvais souvenir des esclavagistes originaires de votre territoire qui ont mis en cage beaucoup des leurs. N'y voyez aucune accusation, les elfes seraient mal placés pour en faire alors qu'eux mêmes n'ont pas su rester unis et se sont entretués.

La voix de l'elfe s'était assombrie sur ces derniers mots, évocateur d'un triste passé...


//On arrive directement aux Mines, ou tu veux qu'on continue un peu à papoter?//

L'Armée avait déjà passé Annuminas les soldats d'Arnor avaient dès lors quitté le convoi. Eux rentraient chez eux, déjà, ils pourraient rassuré leurs épouses et leurs enfants, et festoyer longtemps pour célébrer la victoire sur les ténèbres.
Bientôt, ils arriveraient à Imladris, la ville des elfes, et le convoi serait alors divisé en deux. Il y aurait là ceux qui devaient aller vers l'Est, vers la Lorien, Gar Thulion et la lointaine et sombre contrée de Rhûn, ceux là qui devraint passer par la profonde Moria des Nains, et les Gondoriens et les Rohirrims qui descendraient vers le Sud, en longenant les montagnes et en les traversant par la trouée de Rohan, pour rentrer dans leurs pays.



Le Roi de Rhûn hocha la tête quand Sombre-Chêne lui fit par de ses craintes. Néanmoins, cela ne le troubla pas et il répondit simplement :

"Ne craignez pas que cette bannière provoque des mouvements de foule. Elle ne sera pas exposée au vent. Ce n'est pas pour calmer le peuple, mais les descendants des anciennes familles qui vouent une haine sans fin aux Peuples Libres et à Gondor en particulier que cet étendard aura sa place sur les murs de Blankânimad. Je vous remercie de votre dévouement, ambassadeur. Les votres vous doivent beaucoup."

La mine d'Alâhan se renfrogna quand il évoqua la Moria. Le simple fait que toute son armée traverse ces sombres mines dont il ne connaissait rien lui faisait horreur, d'autant plus que l'elfe avait tout à fait raison. Les nains avaient beau avoir un caractère épouvantable, ces robustes créatures avaient toujours fait des esclaves de choix.

"Sans doute avez-vous raison. J'aurais évité la Moria, si je l'avais pu, mais le froid nous a fait trop de mal à l'aller lorsque nous sommes passé par le Nord des Monts Brumeux. J'espère que ce sera un moindre mal, ambassadeur..."

Le Roi soupira. Ils avaient passé Fondcombe sans faire de détour ni d'arrêt, peu intéressé par faire du tourrisme sur le voyage du retour. La prochaine étape était Khazad-Dum.

En effet la jeune fille ne s'était pas trompé. Depuis que la nuit était tombé, Amy avait bien avancé. Cela faisait maintenant une heure, qu'elle était à proximité du camps et ne savait pas vraiment comment y entré sans se faire rejeter. La jeune continuait à retourner cette pensée dans son esprit. Le petit oiseau tournait toujours autour d'elle, a présent, elle s'y était habituée. Cette petite chose l'amusait grandement. Styx broutait non loin d'elle. Amy tourna la tete vers le campement pour la nieme fois.

*Comment je peux faire...si j'arrive comme si de rien était...on peut me prendre pour une voleuse ou autre...si je reste la à les espionner....ça ne sers à rien....si je reste et qu'ils me voient....ils peuvent pesner n'importe quoi de moi ... bon je fais quoi ... j'attend qu'on m'aperçoivent ou je rentre dans ce campement en essayant de trouver quelqu'un qui pourrait m'aide... hum...c'est peut-etre la meilleurs solution.*

La jeune fille ramasssa donc ses affaires, les remits dans les fontes de Styx qu'elle lui apposa sur le dos. Elle prit tout de meme quelques graines, qu'elle avait pu trouver en chemin, les mits dans sa main et attendit que le petit oiseau viennent picorer avant de repartir. Enac, le petit oiseau suivait tout ces mouvements et finit par piquer dans la main d'Amy. La jeune fille monta sur l'étalon et partit en chemin vers le camp d'un pas léger mais vif. De nombreux soldats l'observerent quand elle traverça entre les tentes mais personnes le l'interpella. Certains dormaient, d'autres parlaient au coin du feu, d'autres encore, allongés regardaient les étoiles, les yeux dans le vide. Amy posa pieds à terre, pris Styx en longe. Enac s'était enfin posé et arrétait de voleter dans tout autour d'elle. Amy longeait les tente avec l'espoirs que quelqu'un l'invite à se poser autour d'un feu...mais apparement personne ne prétait vraiment attention à elle.

*Comment se fait il qu'il y est autant de soldat...la guerre surement...mes...pseudo parents ont vraiment fait en sorte que je sois protéger...hum...j'ai l'impression d'avoir beaucoup de chose à découvrir...*

Amy se posa dans un coin où il n'y avait pas trop de monde. Elle s'assit dans un coin, sortit sa flute et commença à jouer doucement pour ne pas trop déranger. Le son monta dans les airs. L'oiseau virevolta dans les airs au rythme de la musique. Amy se laissa aller à sa mélodie. lle ferma les yeux et continua à jouer, ne se souciant pas des regards qui commençait les uns aprés les autres à se tourner vers elle. Elle finit par s'endormir sa flute à la main, épuisée par son voyage, au coin du feu.

Megor Lhamb avait écouté le son d’une flute avec étonnement… A sa connaissance peu de personnes pouvaient jouer ainsi… Mais il n’avait entendu à aucun moment de leur voyage des gammes de cet ordre… C’est donc avec une certaine prudence qu’il s’avança vers l’origine de sa musique. Mais à vrais dire… si le musicien était belliqueux il était aussi suicidaire… Il ne pouvait pas ne pas avoir remarqué l’armée qui campait non loin… Et il savait que le son de sa flute porterait.

Le général de la harpe découvrit aisément le musicien… ou plutôt la musicienne puisqu’il s’agissait d’une petite fille… Elle avait fini par s’endormir sur son instrument… Megor Lhamb décida de repasser plus tard pour comprendre ce qu’il en était…

***

Le lendemain matin, le général était de nouveau là lorsque la petite fille s'éveilla :

- Qui est-tu ? Que veux-tu ? Toi qui au fond de la nuit
Fait sortir de ce bois une si douce musique ?

Quand Amy se reveilla, elle n'était pas seule. Une personne la regardait dormir...sans doute un soldat. C'était sans aucun doute le son de sa flute qui l'avait fait réagir...c'était l'effet escompté par la jeune fille donc tout allait bien. Un sourire étira le visage de la jeune fille encore toute endormi.

*Quelle façon bizare de parler...*

Pour lui répondre, la jeune fille tira son bandeau sur ses yeux ainsi elle était sur d'etre protéger du soleil qui se levait.

" Je me nomme Amibra, mais je préfère que l'on m'appelle Amy. Ce que je veux importe peu pour le moment. Je ne voudrais vous demandez qu'une chose...heu ...est-il possible pour moi de vous accompagner...ou est-ce totalement impossible???

Elle sentit des mouvements d'airs sur sa peau qui signifiait que l'homme bougeait. Il s'approchait d'elle pour etre plus précise. Elle sentit son bras se faire attraper avec douceur puis se sentit tiré avec précaution. Apparement, on comptait l'emmener quelque part...mais ou??? elle l'ignorait et préféra poser la question.

"Où m'emmener vous???"

La personne ne répondit pas pour autant. Amy avait froid. Enac lui tournait autour, sans se poser, il parraissait inquiet que la jeune fille soit entrainer quelque part sans que ce soit elle qui controle ses propres pas.
La jeune fille sentit la chaleur d'un feu et s'en réjoui. >Ainsi l'homme l'avait emmener dans un endroit plus chaud que celui où elle s'était installé pour la nuit.

"Merci." furent les seuls mots que la jeune fille prononça. Elle se trouvait à présent en compagnie d'un groupe d'homme qu'elle ne voyait.

Pour calmer sa peur et celle de Styx qui venait de la rejoindre, Elle prit sa flute et en tira quelque note. Voyant qu le groupe s'était arrété de bouger pour l'écouter et que les mouvements d'airs se calmait, la jeune fille continua à jouer sa mélodie.

Sombre-chêne entendit la mélodie, et abandonna ses occupations pour l'écouter. Les premières notes avaient suffi à l'enchanter, et aussitôt il s'était évadé pour se laisser porter par les notes, tantôt longues, tantôt courtes, parfois aussi piquantes que des aiguilles, parfois aussi douces que de la soie. La musique. Quelle magnifique invention. Il n'avait jamais essayé de jouer. par peur de l'échec peut-être. Sûrement même. Il soupira, et cette lente expiration le ramena à la réalité.

Le Rhûn. Alâhan. Son épouse. Les tentatives de meurtres. le danger permanent qui planait au-dessus du souverain. Les ébauches d'une alliance. Asthrabal. La bannière. Les Mines de la Moria. Les Nains.

Les Nains. L'elfe ouvrit les yeux, qu'il avait jusqu'alors gardé clos. Les Nains. Le problème le plus épineux du moment. Les elfes et les orientaux campaient dans les contreforts des Monts Brumeux, à une centaine de mètres de la porte Ouest des mines. Elles étaient restées fermées. Les éclaireurs partis en avant des deux armées avaient été accueillis par la voix gutturale d'un gardien nain. Ils n'avaient pas osé aller plus loin, et étaient revenus à bride abattue pour prévenir leurs supérieurs.

L'ambassadeur avait insisté pour ne pas forcer les choses. Les Nains avaient refusé une première fois le passage aux éclaireurs, et ils n'apprécieraient sûrement pas toute forme de protestation. Néanmoins, un message avait été sans doute envoyé aux supérieurs pour signaler l'arrivée des elfes et des Orientaux. A l'intérieur, il y avait de l'agitation.

Convaincre les Naugrim des bonnes intentions de tous ces soldats ne serait pas mince affaire, alors autant mettre toutes les chances de leur côté. Ne pas forcer la main de ces petits êtres y contribuait. Alors un campement avait été monté à distance respectable de la porte, et l'attente avait débuté. Depuis, on guettait l'arrivée d'une délégation naine. Sombre-chêne en particulier : il devait être là pour l'accueillir. Assis sur un rocher, il observait et patientait.

//Hadhod, tu es l'invité d'honneur pour cette petite discussion diplomatique //

Et Sombre-Chêne put voir, au bout de quelques instants, les battants de la Porte Ouest de la Moria s'ouvrir presque avec un silence étonnant au vu de leur grandeur et de leur poids... ils devaient être extrêmement bien équilibrés ou contenir quelque magie secrète. Un petit individu à la barbe aussi blanche que la neige s'avança alors par l'ouverture béante ainsi ménagée, puis quatre autres personnages de taille à peu près égale sortirent à sa suite de l'obscurité des mines.

Il va sans dire qu'il s'agissaient de Naugrim, "le peuple rabougris", comme les nommèrent jadis les Elfes Noldorin. Ils appartenaient à la famille des Idrafangs, les Longues-Barbes, pour être précis, mais cela se serait deviné sans grande peine. Le premier d'entre eux n'était autre, sans doute, que Hadhod, le Seigneur de la Moria... ce fut tout du moins se que pensèrent beaucoup des sentinelles qui montaient la garde autour du campement. Mais ils se trompaient.

Les cinq silhouettes restèrent un moment sur le seuil de la porte, jetant des regards inquisiteurs aux diverses tentes qui avaient poussé sur le sol. Puis ils reprirent leur marche d'un pas lent, presque nonchalant, contournant tout d'abord le lac qui fut autrefois le repère du terrible Guetteur de l'Eau. Les rayons du soleil n'avaient point d'éclat sur sa surface sombre. Ils descendirent alors les contreforts herbeux - qui avaient gardé les stigmates de la bataille qui avait eu lieu - et allaient arriver à hauteur des premières tentes lorsqu'il virent la présence d'un Elfe, assis sur un rocher.

Ce fut le Nain aux cheveux et à la barbe blancs qui s'arrêta et parla, les quatre autres se contentant d'observer l'étranger de leurs regards profonds.


- Bonjour à vous, voyageur qui arrivez en vue du Royaume de Hadhod Croix-de-Fer et de Krohr, Haut Roi des Nains. Notre Seigneur se trouve de l'autre côté de la Moria, à l'Est, vers nos demeures. Il a à faire. Aussi vais-je le représenter. Je suis Kofur, ambassadeur des Nains du Khazad-dûm, et voici mes suivants. Y a-t-il ici quelqu'un qui ait autorité pour traiter avec nous?

Son ton était moins mauvais que ce que Sombre-Chêne craignait sans doute. En vérité, Kofur semblait presque accueillant; du moins était-il respectueux. Mais ce dernier ignorait qu'il avait à faire à son homologue.

En effet, l'elfe était étonné. Sûrement son imagination et ses craintes avaient-elles amplifié ses appréhensions. Il avait vu la délégation arriver de loin, à la recherche d'un visage familier. En vain. Des cinq Nains qui s'avançaient, aucun ne lui était connu. Tandis qu'ils approchaient, l'elfe les détailla, néanmoins confiant. Lorsque son homologue se présenta, il sourit et se leva, avant de s'incliner. Voilà longtemps qu'il n'avait plus eu l'occasion de parler à un Nain. Des souvenirs d'une époque qui paraissait si lointaine jaillirent.

Je suis honoré de vous rencontré, seigneur Kofur. Comme vous l'avez sûrement remarqué, c'est une troupe bien étrange qui a monté le camp derrière moi. Des elfes et des Hommes de Rhûn. En tant qu'ambassadeur de mon peuple, je serai le représentant des elfes. Le roi Alâhan, qui je pense ne devrait pas tarder à nous rejoindre, sera la voix des Rhûniens.

Sombre-chêne marqua une pause, sans laisser paraître de trouble. Mais il savait comme ce qu'il venait d'annoncer pouvait perturber les émissaires. Les Orientaux et les Nains étaient depuis longtemps ennemis, et à la connaissance de l'ambassadeur, rien n'avait été fait pour y remédier, que ce soit après la chute de Sauron. Ou même d'ailleurs plus récemment, lorsque des Hommes de Rhûn malveillants avaient réduits à l'esclavage plusieurs Nains.

J'accompagne plusieurs compagnies de mes frères, et nous aimerions pouvoir traverser les Montagnes en passant par vos mines pour rejoindre nos maisons, de manière à nous éviter un long détour par la trouée du Rohan. Si toutefois vous y consentez.

L'elfe s'inclina une nouvelle fois sans rien ajouter.

Des représentants de Hadhod, Kofur était sans doute le mieux disposé envers les peuples étrangers. Il portait, si cela se pouvait, une certaine admiration envers les Elfes, qui furent, rappelons-le, pendant une période, alliés des Naugrim. Mais ce temps-là était révolu et oublié de beaucoup depuis longtemps. Plus d'un Âge avait en effet passé depuis l'époque où les portes de la Moria étaient ouvertes en permanence et où les Nains du Khazad-dûm entretenaient des relations étroites avec les forgerons Nordor d'Eregion.

Mais le souvenir de ce temps heureux avait tout de même perduré, se transmettant de génération en génération, dans le cœur d'un petit nombre d'individus. Kofur était de ceux-là. Il s'inclina légèrement en retour devant l'ambassadeur Elfe comme il convenait de faire puis s'entretint à voix basse, mais en langue commune, avec ses associés. Au bout de quelques dizaines de secondes, l'émissaire de Hadhod parla à haute et intelligible voix:

- Le Seigneur de Cavenain m'a mis au courant de votre demande bien avant que vous ne me l'ayez transmise. C'est pour cette raison qu'il m'a ordonné de rester posté à la porte Ouest afin d'accueillir les bataillons venant du Nord. Le seigneur Arminas, envoyé du prince Rustor Erumelgos, et Hadhod Croix-de-Fer avaient mis en place une stratégie commune visant à mener à bien la traversée de votre peuple dans nos demeures, ne le saviez-vous point?

Une pointe de curiosité et de doute s'immisça dans l'expression du visage de Kofur, mais elle ne troubla pas la suite de son discours:

- Par conséquent, les Elfes de l'armée des peuples libres ont l'autorisation d'emprunter le chemin sous la montagnes, en ligne la plus directe et sans détour inutile, à moins que le Seigneur le permette... ou ne l'oblige. Ils seront guidés par nos gens à travers le passage récemment repris par nos régiments, de la Porte Ouest à celle de l'Est.

Il marqua une pause et son teint devint tout à coup plus blême, ses yeux plus sombres, et ses traits plus durs. Sans un regard en arrière à ses conseillers, comme si tout avait été dit lors de leur rapide entretien à voix basse, l'ambassadeur des Nains ajouta:

- Mais les Hommes de Rhûn qui vous accompagnent auront besoin de tous vos talents de persuasion ou de ceux de leur représentant pour que l'entrée dans la Moria leur soit accordée. Cela fait bien longtemps que nous avons renoncé à inviter nos ennemis, et ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer. Je ne croyais pas voir un jour des Elfes camper aux côtés du Roi de Rhûn, dont le nom est de sinistre augure chez les peuples qui ne regrettent pas le temps de Sauron. Si Hadhod apprend cela, il pourrait même revenir sur sa décision et interdire l'accès à quiconque accompagne ces ennemis des Nains.

Et de rester debout, à contempler l'étendue du campement et à attendre une réponse, une explication, une justification... ou l'arrivée d'un nouvel interlocuteur.

Amy comme toute jeune fille qui se respectait était d'un naturel curieux. Quand elle entendit des voix, elle arréta de jouer et tendit l'oreille.

*Apparement, ils veulent traverser les mines... je n'y suis jamais allé...et cet endroit est surement propice car peu ensoleiller...peut-etre que je pourrais demander d'y passer également...et bien...allons-y!!!*

L'adolescente au yeux bandés se leva et se dirigea vers les voix. Ne pouvant voir à la lumière du soleil, elle se cogna dans plusieurs personnes en s'excusant à chaque fois. A un moment donné, la personne dans laquelle la jeune fille se cogna était plus petite que les précédentes.

"Oh excusez-moi...." dit-elle en faisant une légère révérence " je ne vois pas où je vais et il y a trop de mouvements pour que j'en distingue un en particulier....veuillez m'excuser s'il vous plait... mais pourriez-vous m'emmener à l'endroit d'où proviennent ces voix si différentes les unes que les autres ??? J'ai juste entendu qu'ils parlaient de traverser les Mines de la Moria...et j'aimerais également le faire...Savez-vous si se serait possible???"

Amy posait trop de question et surtout ne laissait pas le temps à la petite personne de lui répondre. La jeune fille s'en rendit compte et attendit que son interlocuteur lui répondit et lui "montre" le chemin qui la mènerais jusqu'aux voix.

[hrp] qui peut faire le nain qui va m'aider ??? s'il y a quelqu'un...et bah ...je veux bien ^^ merci !!![/hrp]

[HRP: Amy, le camp n'a pas été investi par des dizaines de petits barbus. Il y a juste Kofur qui s'entretient avec SC, et quatre de ses suivants de l'ambassade qui sont tout près de lui. Ce qui veut dire que si tu t'es cogné contre un Nain, tu es déjà tout près de Kofur et SC. ]

Sa vue défaillante au soleil avait mené les pas d'Amy au bord même du camp de l'armée, celui qui faisait face aux trois montagnes de la Moria: Caradhras, Fanuidhol, et Celebdîl. L'un des ambassadeurs de Hadhod qui se trouvait un peu à l'écart des autres, écoutant la conversation entre Kofur et son homologue Elfe, avait tout d'un coup vu une jeune fille marcher d'un pas chancelant et incertain dans sa direction, comme si elle était... aveugle, en quelque sorte.

Mais il ne s'en soucia pas davantage et continua de porter son attention aux négociations qui se poursuivaient de plus belle. Cela lui valut un petit heurt avec Amibra, mais il continua pourtant de saisir les dernières paroles de son compatriote avant de s'apercevoir que la jeune humaine se confondait en excuses.

- Hum, ah oui... heu non, ce n'est pas grave. Les voix que vous considérez, et vous n'êtes pas la seule, comme si différentes les unes des autres sont en réalité toute proches. Il est vrai que la voix rauque d'un Nain contraste fortement avec la voix cristalline d'un Elfe, je vous l'accorde. Les ambassadeurs des deux peuples sont en train de traiter ensemble, afin de décider qui passera par nos mines et qui n'y passera point.

La voix grave qui s'entendait de sous sa barbe brune convenait parfaitement à sa forte carrure. Tharkûm - puisque tel était le nom de ce Naugrim - jeta un regard noir aux tentes rougeâtres de Rhûn en prononçant ces derniers mots.

Puis, voyant la gêne de l'intruse malvoyante et ne pouvant lui-même quitter la discussion diplomatique pour la raccompagner au sein du campement, il se rapprocha du reste de l'ambassade Naine tout en guidant Amy. Qu'aurait-il pu faire d'autre? L'envoyer promener, seul, désorientée, dans les prairies sous prétexte qu'elle n'avait pas assez de rang et d'autorité pour rester là?

Alâhan s'était approché du petit groupe formé par les ambassades des elfes et des nains. Il pestait de ne pas avoir été prévenu plus tôt, car il craignait que la Reine ne remarque cette entrevue et y arrive avant lui. C'était alors l'incident diplomatique assuré, et il était sûr que cela ne déplairait absolument pas à sa royale épouse de conquérir Khazad-Dûm.
Mais le vieux Roi s'était suffisament dépêché, il n'y avait là aucun trace de Lyra. Il put même entendre les dernières paroles de l'émissaire nain. Et ses yeux s'écarquillèrent de colère.

"Merci de votre accueil chaleureux, Seigneur Nain." fit-il, raide. On voyait que son visage ridé était sec et figé, derrière sa barbe quasi aussi longque que celle du nain, bien que lui-même soit nettement plus grand. Sa voix était doucereuse, pleine d'ironie, et lorsqu'il ouvrit à nouveau la bouche, le ton était nettement plus cassant.

"Je ne me présente pas en ennemi à vos portes, Seigneur Nain. Bien à l'inverse, je pense pouvoir revendiquer une part importante dans la victoire sur les séides de Melkor, dans le Nord. Contrairement à... certains."

Le fait qu'il n'ait quasi pas vu de nains portant les couleurs de la Moria durant la bataille n'avait pas échappé à Alâhan. Il se pouvait même dès lors que les débats tournent au vinaigre sans l'intervention de la Reine. Le vieil homme n'appréciait pas de se faire dénigrer par ce qu'il considérait comme des lâches, et encore, il retenait sa langue.

"Cette victoire bénificie à tous les Peuples Libres de l'Ouest, dont vous faites encore partie, je crois... J'ai rénié toutes mes anciennes alliances et j'ai du affronter mes plus anciens collaborateurs. Alors je pense, Seigneur Nain, que vous pouvez aussi renier vos anciennes rancunes..."

Le Roi fixait Kofur du haut de toute sa taille, et ses yeux sombres brillaient d'un éclat féroce pour quelqu'un de si âgé.