Sur les traces de l'Ordre de la Couronne de Fer

Les choses s’enchainaient a une vitesse ahurissante… Les humains étaient visiblement incapables de garder l’esprit clair dans ces circonstances… Cette voix était certes désagréable mais Lorthon ne comprenait pas la réactions de ses nouveaux amis… Se précipiter les uns sur les autres dans le puits… C’était exactement ce qu’il convenait de faire pour tous finir en tas au fond dans un états plus ou moins enviable…

* Qu’es’c’que j’fait ? J’vais les aider ? S’ont d’ja trop dans c’puits… J’pourrais rien faire…

Telles étaient ses pensées lorsqu’un cri, humain cette fois, déchira l’air… Lorthon grimaça : il était beaucoup trop loin pour aller fermer la porte avant que le gardien du cimetière ne se dépêtre du sac de nœuds dans lequel il devait être enfermé… Avec un peu de chance ils avaient 10 minutes avant que cet énergumène ne les déniche et ne passe sa fureur sur Lorthon… Car il ne faisait aucun doute que le gardien connaissait le coupable… Après tout il avait déjà entendu le rire du môme a plusieurs reprises lorsqu’il se trouvait subitement précipité dans un tombeau et que la porte s’en refermait…

Comme pour confirmer ces pensées un deuxième cri, de colère cette fois s’éleva :

- LORTHON !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Le petit elfe poussa un gémissement de dépit… Mais les voix le débarrasseraient peut-être du trouble fête… Il parla d’une voix claire pour couvrir les diverses sources de bruit : ces voix grinçantes et les murmures paniqués des autres gamins…

- Heu… z’crois qu’y’a l’aut’ lourdaud d’gardien qu’a mit les pieds la ou fallait pô… S’il m’met la min dessus… Alors grouillez vous un peu… C’est qu’des voix. Pas b’soin paniquer… Par contre l’aut’ dingo l’vas nous foutre une zoli rouste s’il nous trouve la… Donc tou’l’monde dans l’puits !

Kalista était elle aussi descendue dans le puits. Il lui avait fallu un certain temps à se décider, mais le fait que les garçons n'aient vraisemblablement rencontré aucun problème avec les barreaux fixés au mur, et le fait que les voix et les cris mystérieux redoublaient d'intensité acheva de la décider. Au moins, une fois dans ce trou profond, au moins, elles ne parviendraient plus à eux aussi facilement... A moins qu'elles soient dans leur tête.

A présent tous avaient commencé la descente dans le puits, tant bien que mal, et en effet, il semblait que les mystérieuses voix étaient en train de diminuer en intensité. C'était là une excellente nouvelle, pour le moins.
Mais le sol tardait à venir...

"Mais bon sang, se dit Kalista plus pour elle-même, ce puits doit bien avoir un fond et aboutir quelque part..."

En effet, si l'on suivait les instructions du livre, le puits situé près de la statue devait impérativement arriver quelque part, où ils pourraient trouver la suite. Il était impossible que ce maudit trou ne mène nulle part. En fait, ils verraient bien assez vite où cela allait les faire arriver...

La longue descente dans le cylindre de pierre se poursuivait lentement et presque silencieusement depuis un certain temps déjà. L'obscurité se faisait plus profonde, la chaleur plus intense aussi. Les échelons de fer défilaient les uns après les autres, bien alignés, sans jamais sembler n'avoir de fin.

Marach s'appliquait à tenir un rythme régulier, prenant soin de bien poser son pied sur l'échelon suivant avant de lâcher le précédent. Il tentait de calmer sa peur et d'éviter le moindre faux pas, ce qui pourrait s'avérer fatal.

Il jetait Souvent de rapides coups d'oeil vers le haut … Là haut, Tout là haut où l'entrée du puits n'était plus qu'un petit cercle de lumière, éclairé par les rayons d'une lune pâlissante. Cette longue nuit qui ne tarderait plus à s'effacer pour laisser place à une aube nouvelle.

Pourtant, point de lumière du jour pour les enfants qui s'enfonçaient toujours plus profondément dans des ténèbres oppressant …

La paroi, emplie de lierre sur les premiers mètres de la longue descente avait laissée place à la pierre nue. Un flux d'air chaud remontait des profondeurs amenant avec lui une odeur particulière, mélange de vieux bois, de vieille terre, pas véritablement désagréable, mais qui, se faisant plus présent, en devenait gênant …
Alors que l'horrible voix avait finalement finie par totalement disparaitre, Marach ne percevait plus que le son étouffé de sa propre respiration. En proie à la peur, son souffle était court, les battements de son coeur rapides, trop ... Ils résonnaient dans sa tête, faisant palpiter ses tempes, il lui semblait qu'il allait sortir de sa poitrine.
Il avait le sentiment d'être engoncé dans ses vêtements qui lui collait à la peau à cause de la transpiration.

Il descendait, inlassablement … Le cerce de lumière, là haut s'était encore rétrécit pour n'être plus qu'un petit point brillant, si loin à présent …

Combien de temps progressait-il dans le cylindre de pierre ? Combien de temps cela durerait-il encore ? Y' avait-il au moins un fond à ce puits où continuait-il jusqu'à jamais ?

Le cercle de lumière, la haut, avait finit par disparaitre … Le sentiment de peur et d'oppression s'en trouvait décuplé.

Si, alors qu'il posait le pied sur les premiers échelons, il s'était senti rassuré, constatant que l'horrible voix s'estompait, que le halo verdâtre disparaissait, que les présences qui lui avait tournées autour jusqu'à le toucher parfois ne l'avaient pas suivi, à présent que les ténèbres l'enveloppaient, il n'était plus si sûr de vouloir atteindre le fond du puits …

Après encore un très long moment cependant, alors que les articulations de ses bras, de sa nuque, de ses jambes, le tiraillaient, lui faisaient mal, il dût soudain stopper sa progression.

Son soulier grattait désespérément la paroi mais nul échelon ne se présentait …

Puis, soudain, une lueur érubescente, venue de nulle part, illumina faiblement les alentours.

Marach, sa main droite fortement accroché au dernier barreau, cligna des yeux le temps de s'habituer au léger halo lumineux. Il poussa un cri d'horreur lorsqu'il perçut enfin de quoi la paroi du puits était à présent composée et sur lequel il venait de poser son autre main …

Sous le choc, il lâcha le tout et bascula dans le vide ...

Mikhaïl, à l'instar des autres petits humains n'entendait plus les voix, ne voyaient plus de fantômes, ne nageait plus dans cette brume livide. Ses yeux, ses oreilles, se mains en étaient libéré, mais ils en gardaient encore l'affreux souvenir. La raison avait beau revenir peu à peu, le garçonnet avait beau se convaincre lentement que toutes ces horreurs n'avaient jamais existé, le fait restait qu'il en avait eu conscience. Peu importait alors que rien n'eût été réel : pour Mikhaïl, elles l'avaient été. Il avait vécu ce cauchemar. Un cauchemar tel qu'il n'en avait jamais fait, et qui ébranlait ses convictions les plus profondes.

Des convictions. Ce mot, il ne l'avait jamais réellement compris. Son père lui avait expliqué que c'était quelque chose dont on était certain, quelque chose d'inébranlable. Maintenant il comprenait ce que ça voulait dire. Il comprenait qu'il ne pourrait plus jamais jouer à cache-cache et s'enfermer dans un placard sans avoir une boule dans le ventre, ou s'endormir paisiblement.

Un cri retentit. C'était le garçon qui était juste en-dessous de lui. Que s'était-il passé? Le petit Rhûnien pencha prudemment la tête par-dessus son épaule. Sous-lui, il n'y avait plus personne.

Il n'y avait plus personne. Il voyait qu'il n'y avait plus personne. Il voyait. D'où venait la lumière? Il regarda autour de lui, inquiet. Les cris, les grincements... Pitié! Pas encore!

Il regarda autour de lui. Il vit ce qui avait surpris Marach. Les crânes, les os. Lui aussi, il faillit lâcher prise, se ressaisit au dernier moment. Il tâta du pied sous lui. Plus de barreaux. Étaient-ils coincé? Fallait-il remonter? Il souffla lentement, se calmant. Il fallait être logique, comme pour les problèmes que lui posaient ses parents de temps à autre et qu'il prenait chaque fois un malin plaisir à résoudre. La logique. Réfléchis donc!

Une échelle, ça sert à aller d'un endroit élevé à un endroit moins élevé. On met jamais une échelle de cinq mètres pour descendre un paroi de dix mètres. Donc les barreaux n'avaient pas été mis en place juste pour perdre des enfants. Elle devait obligatoirement mener quelque part, à la fin. Il était à cette fin. Donc il était arrivé. donc le sol ne devait plus être loin, seulement, il ne le voyait pas.

Une nouvelle fois il respira longuement, se calma. Et lâcha les barreaux.[center]

Le cri poussé par Marach, lorsque sa main se posa sur les crânes durs et froids, l'accompagna durant sa chute. Le son de sa voix se répercuta pendant un bon moment le long de la paroi du puits, faisant craindre le pire pour le jeune garçon.
Heureusement, il ne s'agissait là que du résultat de l'écho. Il rendait la situation bien plus alarmante qu'elle ne l'était en réalité …

En effet, Marach avait depuis longtemps touché terre avant que le dernier soupir de l'effet de résonance ne s'éteigne enfin, plongeant les lieux dans un silence inquiet.

Quelques secondes ... Voilà en réalité combien de temps Marach, croyant sa dernière heure arrivée, ferma les yeux et les poings. Pas même le temps d'adresser la moindre prière qu'un bruit remplaça son cri de désespoir. ''Floch'' ...
Après environ deux mètres cinquante de ''chute libre'', une épaisse mare de boue se fit réceptacle pour le corps de l'enfant. Ecrin inattendu, spongieux, visqueux et malodorant mais pour le moins bienvenue.
Après le son étrange résultant de la rencontre entre Marach et son nouvel environnement, de petits couinements et sifflements se firent entendre, emplissant l'endroit comme si les crânes faiblement éclairé par le halo rougeâtre s'étaient subitement mis à chuchoter entre eux.
La sinistre conversation dura quelques instants avant que les sussurements ne s'éloignent dans toutes les directions pour finalement s'évanouir, rendant aux cavités noires des bouches disparues leur silence éternel.

Le jeune garçon se releva péniblement et fit quelques pas dans le bourbier. Le sol se fit plus dur après quelques mètres. Il s'employa alors à se débarrasser du poids de la boue désagréable et collante.

- Pffffffffffh quelle purée dégoutante ! Zusque dans les cheveux z'en ai ! Par le grand bourzouffe à poil dur, mes souliers font bien une tonne chacun !! Z'en ai par dessus la' …

Il interrompu brusquement ses lamentations. Un nouveau ''Floch'' venait soudain de retentir … Il s' approcha du bord de la mare de boue mais n'alla pas plus loin. Pas question de crotter à nouveau ses souliers. Suffisamment proche cependant, il vit émerger la tête d'un de ses camarade dans la lueur rouge sang.

- 'Lut Mika ! T'as tombé aussi alors … Ze te préviens, elle fouette grave la bouillasse !

La descente dans le puits avait été éprouvante… C’était le moins qu’on puisse dire… Combien de temps cela allait-il durer ? Combien de barreaux allait-il devoir dévaler ? Et surtout… Combien de temps les humains allaient-ils mettre pour passer le prochain barreau ? N’étant pas affecté par la peur qui paralysait à moitié les autres il ne rencontrait aucune difficulté dans sa descente… A part la peur d’écraser la main d’un des escargots qui étaient sous lui…

Finalement un cri retenti… March… C’était lui qui avait commencé en premier la descente… et apparemment (ou plutôt ouïe-ment ne put s’empêcher de songer le petit elfe… Quelque soit la manière qu’il convienne il ne voyait rien ça ne pouvait donc pas être "apparemment") ce qu’il avait découvert en bas ne lui plaisait pas…

Le petit elfe dévala adroitement ce qu’il lui restait d’échelle…

Contrairement aux autres il parvint à atterrir plus ou moins adroitement sur le sol bourbeux… Cette fois le frisson qui le parcouru n’était pas factice… Combien de personnes pouvaient bien être là ? Il avait l’habitude des cimetières et les morts ne le gênaient plus depuis longtemps… Mais là… Empiler les os de cette manière… Un tel manque de respect… Brrrrr…

Et puis cette boue… Cette boue rouge… Difficile d’ignorer ce qui la composait sans doute… Mais à la connaissance de Lorthon "ça" ne restait pas liquide longtemps… "c"’était frais ? encore chaud ?? D’ou tout "ça" pouvait-il venir ???

- Heum… J’sait pô si c’est la vraie boue ça March… On ferais p’têt mieux d’cherche d’ou qu’ça vient…

Les crânes qui tapissaient les murs et la voûte de la galerie semblaient reprendre vie sous l'effet de l'étrange halo de lumière rouge. Les profondes orbites, vidées de leurs pupilles depuis des siècles, s'illuminaient pour apparaître comme des centaines d'yeux injectés de sang, comme des étoiles rougeoyantes parsemant un ciel d'ossement.
Les enfants en terminaient de leur longue et fastidieuse descente vers la moite chaleur des entrailles du cimetière de Minas Tirith. Trois d'entre eux avaient déjà marqués la boue visqueuse des empreintes de leurs souliers. Les autres ne tarderaient pas ... Surement ...

Mikhaïl et Lorthon furent les premiers à atteindre le fond du puits et rejoindre Marach. Ce dernier aurait certainement rit de les voir se dépêtrer à leur tour du bourbier dans lequel ils venaient d'atterrir. Mais la situation alarmante dans laquelle ils se trouvaient ne se prêtait guère à l'amusement ou à la moquerie, le coeur n'y était pas ...

Lorsque le petit elfe prit la parole pour donner ses impressions sur la boue qu'il venait de quitter, sa voix fluette et chantante se répercuta sur les parois humides, suintantes d'humeurs nauséabonde, composées d'os. Marach approuva les commentaires de son ami :

- Tu as aison Lo', l'est trop bizarre c'te bouillasse !! Brrrrh, z'suis content de plus patauger la-dedans ...

Il se retourna et d'un air las, montra de son bras tendu, la galerie des ossements, éclairée de reflets rouges qui s'allongeait sur une centaines de mètres avant de bifurquer brusquement vers la droite, préservant ainsi le mystère sur l'endroit où elle pouvait bien déboucher ... Le jeune garçon reprit la parole :

- Me demande où se que ça va par là ... Fin bon, au moins, on a échappé à l'horrible voix et' ...

Mais Marach ne termina pas sa phrase. Comme si elles n'étaient pas d'accord avec ce qui venait d'être dit, les lugubres plaintes de la voix qui avait terrorisé les enfants à l'entrée du puits reprirent de plus belle, plus proches, plus puissantes, plus terrifiantes, accompagnées de rafales de vents aux relents pestilentiels, si bien que le garçonnet ne savait plus si il devait se boucher le nez ou les oreilles.
Cloué sur place pendant quelques secondes, à nouveau soumis à la peur panique qu'il avait ressenti avant d'entamer sa longue descente dans le cylindre de pierre, il jeta un regard affolé vers ses deux camarades ne sachant que faire. Il se mit à pousser un hurlement, tentant de couvrir le son lugubre de l'horrible voix et s'élança, éperdu, dans la galerie.

Le mugissement de la voix semblait émaner des mâchoires même des crânes comme les rafales de vent à l'odeur infect qui se frayaient un passage à travers les dents pourries qui s' y accrochaient encore ...

Hors d'haleine, Marach dépassa la bifurcation avant de s'arrêter net. A quelques mètres de lui, une grille de fer barrait le passage ...

Hrp dsl du retard Hrp



Hirlon sentit qu'il écrasait quelques choses. Des doigts comprit-'il après quelques instants. Il souleva ses pieds et voulut s'excuser, mais aucun sons ne sortit, il avait trop peur de parler. Lorsqu'il reposa ses pieds sur le barreau, il ne sentit rien. Il reprit donc sa descente la peur au ventre. il n'aimait pas ce genre de descente et il savait que plus jamais il ne regardera un puits de la même façon.
Il descendit, descendit et encore descendit. Cela lui parut une descente interminable, puis enfin il vit un halo rougeâtre qui s'accompagnait par la fin de l'échelle. Il prit son souffle puis lâcha tout. Il, poussa un cris qui se stoppa net lorsqu'il heurta le sol, ou plutôt cette boue à l'allure guère réjouissante.
Le petit Hirlon paniqua un moment croyant être tombé dans des sables mouvent. Il cria à l'adresse de ses compagnons qui l'avait précédé:

-Hé, les amis, venez m'aider, je coule!!! V'nez!!!

En plus un courant d'aire froid vint l'ébouriffer les cheveux et lui glaça le sang avec les hurlements de femme qu'il portait avec lui. Cela ne fit qu'augmenter l'angoisse d'Hirlon qui sentit sa tête s'enfoncer dans cette boue. Il la ressortit tout de suite et poussant un sanglot. Il espérait que ses mais viendront bientôt....

Lorthon avait poussé un gémissement de dépit lorsque les voix avaient repris leur lugubre chant… Ce n’était pas que ca l’effrayait mais ces grincement commençaient à lui taper sur le système :

- Pfff… L’en a pas mare ? Chante faux, chante mal… Pis c’même pas une chanson valable…

Le petit elfe se remémora une soirée qu’il avait passé une fois dans une taverne ou il avait réussi a se cacher un moment… Un troubadour jouait de la scie musicale… Et bien ces voies ressemblaient beaucoup a ce qui jaillissait de l’étrange instrument lorsqu’une fausse note venait lui vriller les tympans. Pis cette fois c’était si fort que même le petit elfe en eu la chaire de poule… Comme lorsque des clients faisaient grincer leurs poignards dans leurs assiettes de céramique.

Comme March partait en courant, Lorthon hésita… Il lui avait bien semblé entendre un appel a l’aide quelques instants avant le cri… Il fouilla des yeux l’obscurité et découvrit l’un de leurs amis complètement enfoncé dans la boue quel était son nom déjà ? Impossible de sans souvenir… On allait faire sans.

L’elfe s’avança dans la boue et attrapa l’autre enfant pour le tirer tant bien que mal hors de… la chose… Mieux valait ne pas donner le nom qui venait à l’esprit de Lorthon…

Lorsqu’il parvint enfin a libérer l’autre enfant, le petit elfe ne murmura pas grand chose :

- Bon… Heum… Pleur pas… C’est que d’la boue… Bon… Vrais qu’elle sent pas bon… ‘fin bon… Tu vient ? Les autres vont arriver j’pense… J’espère…

Sur ce, il partit au pas de course vers là ou il avait vu March disparaître…

- MAAAAARCHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!

Le petit Hirlon vit une main tendue vers lui. Cela le réconforta un peu, mais pas assez pur qu'il arrête de pleurer. La boue lui collait au cheveux dès à présent et il n'aimait pas ça. Il saisit la main et se laissa traîner hors de cette mixture à l'aspect douteux.
Une fois dehors, il entendit la voix de 'elfe lui dire que ce n'était que de la boue, rien d'autre. Il acquiesça sans vraiment être convaincu, mais la douce voix du long oreille le réconforta et Hirlon arrêta de pleurer et se remit debout. Il suivit Lorthon avec quelques mètres de retard, apparemment Marach et les autres étaient devant. Heureusement pour lui que les elfes possédait une meilleurs ouïe que les hommes autrement il serait mort. Il rattrapa Lorthon et lui dit le souffle court:

-M...Merci de m'avoir sortit ce cet...cette boue....Si...je peux t'aider un jours...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase car Lorthon prenait un tournant à angle droit. Lorsqu'il fut passé Hirlon continua:

-Si je peux t'aider....un jours n'hésite pas à me demand...er....

Puis, il se tut essayant de tenir le rythme de l'elfe et en espérant qu'il parviendront à sortir de ce sinistre lieu assez vite.

Impossible de dire combien de temps avait durée la descente jusqu'au fond du puits. Le temps semblait ne plus exister dans cet endroit. Le halo rougeâtre, comme une lumière provenant d'un soleil qui ne se couche jamais, semblait immuable. Il donnait la même couleur à la pierre, à la terre, aux os qui tapissaient les murs, même le bourbier infecte dans lequel les enfants avaient atterris était de ce même rouge sinistre.

La peau du visage de Marach était rouge lui aussi, ses mains, ses vêtements, ses cheveux … Il avait l'impression qu'il allait se noyer au sein des effluves du sang des centaines de morts qui reposaient ici.

Qui étaient-ils … Des guerriers ayant participer à des batailles oubliées ? Etaient-ils punis d'être ainsi entassés les uns sur les autres pour former des voutes d'ossements pourrissant lentement dans une nuit éternellement rubis ? Avaient-ils trahis ? Ou peut être n'étaient-ce simplement que de pauvres hères, aussi misérables dans la vie qu'il le sont désormais et à jamais dans la mort avec les rats putrides pour seules visiteurs ?

Les pensées se bousculaient dans la tête de Marach tandis que la complainte de la voix, la mélopée sinistre, se transformait soudain en rire, un rire de satisfaction, glacé, vertigineux, comme si la voix était satisfaite, satisfaite de voir les enfants prisonniers du piège qu'elle leur avait tendu, satisfaite de les voir se réunir là, là où elle voulait qu'ils l'attendent, bloqués par la grille de fer aux fines arabesques qui se dessinait dans le halo de feux …

Le garçonnet se tourna vers ses camarades, Lothron et Hirlon arrivaient … Eux aussi ne pourraient aller plus loin … Ni les autres … Il prit une profonde inspiration et déclara :

- C'est fichu les gars, n'est bloqué !!

Alors qu'il prononçait ces quelques mots, le rire hystérique redoubla d'intensité ...

Lorsque Marach leur dit, à Lorthon et à lui, que c'était bloqué. Le garçon crut qu'il allait étouffer. C'était impossible, tout ça pour rester en plan devant cette fichue grille. Non, ça ne pouvait être vrais! Il se redemanda dans quoi il s'était fourré. Sa mère lui avait toujours dit que les bêtises n'amenaient rien de bon, mais ce qu'ils faisaient n'étaient pas pas une bêtises, ils cherchaient simplement un trésors...
Les rires se levèrent, un rire méchant et froid. Hirlon sentit dans son dos coulé une sueur froide. Et voilà qu'il se mettait à transpirer. Déjà que la boue l'accommodait, alors mêlé à la transpiration...
Il cria comme pour répondre au rire:

-VOUS ÊTES OU? MONTREZ-VOUS!

Lorsque son cri fut passé, il se sentit un peu mieux. Il donna un grand coup de rage contre la grille et dit à Marach et s'asseyant par terre complètement démoralisé:

-Là, t'as pas une idée? J'en ai marre des saches (chasses) au trésors. Pi quand ma mère va m'voir, elle va m'eclafer la tête...

Il tapa de nouveau de rage, mais cette fois contre le sol. Ha il se jura que quand il sera grand, plus jamais il ne fera de chasse au trésors ou qu'il descendra dans des puits. Jurer sur la tombe de son père. Il se contentera de trancher de l'orc et c'est tout.

Kalista n'avait pas pu retenir un cri de terreur lorsqu'elle avait vu la galerie de cranes qui bordaient les parois du souterrain. Dans quoi étaitent-ils tombés ? Oui, dans un boue pestilentielle et plus que douteuse, manifestement mais il fallait prendre la question de la fille du capitaine Nogard au figuré, bien sûr. Dans quelle histoire de cinglés s'étaient-il engagés ? Il lui semblait qu'elle regrettait plus que jamais d'avoir trouvé ce fichu bout de parchemin et qu'ils aient décidé de le suivre pour trouver ce maudit grimoire d'Arzazâth. Mais elle se trompait. Lorsque les cris monstrueux reprirent de plus belle, là elle était sûre qu'elle regrettait plus que jamais d'avoir trouvé ce papier.

Elle poussa un nouveau cri et se mit à courir pour ratrapper les garçons qui avaient pris un peu d'avance. Ce n'était pas très agréable de courir dans la gadoue dans laquelle ils était tous, tellement c'était désagréable comme texture et comme odeur. Tous se plaignaient de ce qu'allaient dire leurs parents à leur retour, mais à dire vrai, aucun n'avait idée de ce qui l'attendait elle. Car de tous les pères, il n'y avait pas plus sévère que Nogard, le capitaine de nos gardes et dont la voix grave était particulièrement forte et portait loin lorsqu'il criait, ce qui ne manquerait pas d'arriver.
Elle ratrappa enfin les autres.

"Oh non !" fit-elle désepérée... "C'est pas vrai qu'on est coincés..."

C'était en effet une perspective près peu réjouissante, surtout avec les rires machiavéliques qui avaient repris de plus belle et l'odeur qui se faisait de pire en pire. Mais il ne fallait pas perdre espoir. Ils avaient suivi les isntructions du livre après tout, ils devaient donc arriver quelque part. A moins que les inscructions soient un piè... Elle n'osa pas penser la fin de sa phrase.

"Allez, il doit bien y avoir un moyen d'ouvrir cette grille, un truc secret, une trappe ou j'sais pas moi..."

Kalista s'approcha alos de la grille et se mis à en examiner fréntiquement chaque bord, chaque contours, chaque barreau, à la recherche de Eru sait quoi...

Hirlon s'était reculé pour laisser Kalista examiné la grille qui avait une apparence des plus douteuses, comme la pseudo boue. Le petit essaya alors de percer l'obscurité avec ses petits yeux. Au début il ne vit rien, sûrement à cause du stresse, mais peu à peu il redevint plus calme, et se rendit compte que la voix ne se faisait plus entendre. Quel soulagement. Il poussa un lourd soupir et c'est là qu'il vit quelques choses brillé à trois mètres de la grille. Il s'écria à l'adresse des autres:

-Hé, regardez par là (il tendit le bras à travers la grille dans la direction voulue). Ça serait pas une clés?

Il se tut et tenta de mieux voir la chose brillante. Pour finir, il était sûr que c'était une clés, mais était-elle celle qu'il leur fallait? Peut-être que oui, peut-être que non. Il ne savait, mais il ne risquait rien à essayer de la récupéré.
Hirlon se mit à réfléchir comment faire. Il ne pouvait pas passer à travers la grille, ils leurs faudraient alors trouver autre chose. Il regarda se qu'il avait sur lui et vit sa ceinture. Est-ce possible d'accrocher plusieurs ceinture ensemble et d'aller tiré la clés jusqu'à eux? Possible, mais il fallait réussir à accroché la clés. Peut-être en la faisant tomber avec un bout de pierre, puis la faire glissé vers les enfants....
Hirlon releva la tête (car il l'avait baissé pour mieux réfléchir). Il lança à ses compagnons un coups d'oeil rapide voyant se qu'il pensait de la clés.

Bloqués.

Les enfants se lamentaient d'être arrivés si loin pour finalement voir la galerie fermée par cette grille aux ferrures ciselées.

Marach s'était assis par terre, le dos contre la paroi de pierre, la tête dans les genoux, totalement démoralisé … Comme les autres, il cherchait une solution, mais la peur, la fatigue, l'empêchait de réfléchir correctement et rien ne lui venait.

Il avait même pendant un instant pensé à faire demi tour. Seulement, cela semblait peu probable qu'il y parvienne … Avant d'atterrir dans la boue, lui et ses camarades avaient chuter sur deux trois mètres, ce qui laissait le premier échelon pour la remontée à distance respectable ... Dès lors, comment faire pour aller récupérer ?

Le visage de Marach s'éclaira soudain lorsque Hirlon prit la parole ...

''Une excellente idée''

Voilà ce que pensa Marach lorsque Hirlon proposa de tenter d'accrocher la clef en liant quelques ceintures. Il se leva d'un bond et retira immédiatement la sienne bien qu'il fût obligé dès lors de retenir son pantalon, trop large, avec une de ses mains, et la tendit à son ami.
Tous s'approchèrent alors de la grille.
Ils pouvaient apercevoir la clef qui brillait dans le hâlo rougeâtre, si proche et pourtant si lointaine …

Sous les rires étranges et sinistres qui fusaient de temps en temps, Les enfants lièrent patiemment les ceintures qu'ils avaient à leur disposition entres elles.
A présent tout proche des barreaux recouvert du liquide rouge et poisseux avec pour seul objectif de s'emparer de cette fameuse clef, les enfants attendaient fébriles de tester l'idée d'Hirlon.

Marach tendit la ligne de ceinture à Hirlon. Après tout, c'était son idée et donc il était légitime qu'il procède aux premiers lancés :

- Par les cornes du grand Bourzouffe espérons que ça marche !! Allez, vas y Hirlon !! A toi l'honneur … On compte sur toi ...

Hirlon prit la chaîne de ceinture et se colla contre les barreaux pour pouvoir faire passer son bras aussi loin que les tiges de fer le permettaient. Puis, il prit sa respiration, il avait le trac. Il fixa sa cible: l'anneau de fer. Il cligna des yeux et lança. Il vit les ceintures décrire un beau arc de cercle. Mais beaucoup trop court. Elles heurtèrent le sol dans un bruit métallique qui it sursauter Hirlon. Le petit murmura comme excuse:

-C'était...c'était le...premier essaie...

Il tira sur son lasso jusqu'à qu'il l'aille en main. Cette fois, il recula un peu ayant été légèrement gêné par les barreau lors de son premier tir. Ses yeux firent des allés retour entre la boucle de ceinture et l'anneau fer. Il tira son bras en arrière et le jeta en avant lâchant les ceintures au dernier moment. De son autre main il tenait aussi fermement que possible l'extrémité du cordage. Il regardait les ceintures arrivé à leur point culminant et redescendre en cloche. C'était possible, la trajectoire était bonne. Hirlon ferma les yeux car de ou il était le tir paraissait impossible et il ne voulait voir une deuxième fois son échec. Que devait penser les autres de lui?
Au même moment la voix reprit un peu de volume. Le petit Hirlon frémit et rouvrit les yeux....

Les enfants s'étaient rassemblés en arc de cercle autour d'Hirlon. Ils l'encourageaient dans ses tentatives. La première, il fallait bien l'avouer, était complètement manquée et un murmure de dépit retentit sous la voute de pierre alors que la ligne de ceintures retombaient sur le sol en passant très loin du crochet. Le second essai, par contre, fut nettement plus probant et c'est alors des cris d'espoir qui accompagnèrent les ceintures lorsqu'elles effleurèrent la clef tant désirée.

Marach, croyant même que la clef allait tomber, leva les bras au ciel, lâchant par la même son pantalon trop large qui n'était plus tenu par rien. Sa ceinture se trouvant au milieu des autres dans les mains d'Hirlon. Sa culotte tomba soudain d'un coup presque jusqu'en bas de ses pieds, révélant un joli caleçon à fleurs l'espace d'une seconde. Il ne lui fallut pas plus de temps pour la remonter d'un geste rapide. La couleur de son visage passa du blanc, au rose, puis carrément au rouge en voyant que Annaëlle le regardait avec de grands yeux malicieux, la petite chipie n'avait rien manquée de l' incident ... Kalista, quand à elle, semblait regarder ailleurs, bien que le petit sourire qui naissait sur ses lèvres indiquait que peut être, elle aussi, avait remarquée quelque chose ...

Quoi qu'il en soit, Marach jeta un regard noir à la petite Annaëlle (qui semblait avoir bien du mal à ne pas éclater de rire) et se concentra à nouveau sur les ceintures que tenait Hirlon attendant sa prochaine tentative ........

Clac ...

Après un lancer magistrale, la boucle de la dernière ceinture glissa sur la paroi avant de se poser sur la clef brillante la faisant vaciller ... Marach ne put retenir un cri :

- AYÈ !!!

Avant d'enchainer en ayant le plus grand mal à garder son calme :

- Houlalalala !!!! Par les cornes du Bourzouffe d'or !!! Trop fooooort, t'es un chef !! Doucement maintenant, vas y doucement ... Allez, tire tout doux ...

Lorthon adressa un sourire a Hirlon… Les remerciement qu’il lui faisaient étaient agréables a entendre… Mais un brin gênant malgré tout… Il continua sa course sans la moindre difficulté et se contenta de répondre :

- T’laurais pas fait sinon ? ‘fin bon… A..

Mais son dernier mot resta dans sa gorge comme ils rejoignaient enfin March. Le jeune humain était là, bloqué devant une grille qu’il ne parvenait manifestement pas a passer…

* Pffffffffff…… On est pas sortit…

Le rire fou repris de plus belle… Si le petit elfe n’en était pas trop affecté les autres en soufraient visiblement bien plus… Aussi Lorthon commença a se creuser désespérément les méninges dans l’espoir de trouver un moyen d’ouvrir cette grille… L’un des barreaux avait-il du jeu ? Le mortier était-il encore solide ? Peut-être qu’en descellant une pierre… Ou en utilisant cette clef ? De toute manière… L’atteindre ne serait pas une mince affaire…

Il réfléchissait ainsi dans le vide lorsqu’il réalisa que Kalista était a son tour arrivée, que les autres avaient vu la clefs, et faisaient en sorte de la récupérer pour l’introduire dans la serrure…

- Hum… S’cusez moi… J’sait pô trop s’qui ma pris… Z’rêvais a j’sais pô trop quoi… J’rais du v’s’aider… Pour la clef z’veux dire… Allez… Loupe toi pô…

Il regarda la clefs pencher lentement pour se décrocher de son support…

La boucle metallique de la dernière ceinture s'était finalement accrochée à la clé... Mais l'attache était fragile, le moindre faux mouvement pouvait tout faire échouer...

Toutefois la présente était satisfaite : les enfants avaient fait preuve de sang froid, d'ingéniosité et surtout d'un esprit d'équipe... Des centaines d'années... Des centaines d'années qu'elle attendait ce moment... Enfin un groupe d'individu allait reussir à pénétrer dans son antre... Elle les voulait, elle voulait qu'ils reussisent...

Bien des personnes avaient été tentés par l'aventure au cours des siècles passés : chasseurs de trésors, aventuriers... Tous plus avide les uns que les autres, ils avaient été incapable de parvenir jusqu'ici, ils avaient été incapables de résister à la peur et à l'appel de l'or...

Ces enfants étaient si... délicieux... Tendre... Leur peau douce sentait encore le soleil...

Mais ses pensées furent soudainement troublées par un autre cri, de détresse celui la : la boucle s'était détachée de la clé avant de retomber lourdement au sol...

La patience n'avait jamais été son point fort, surtout depuis sa mort... Il était temps de passer aux choses sérieuses...

Elle approchait...

La clef, accrochée l'espace d' un bref instant à la boucle de la ceinture, s'était brusquement désolidarisée de l'ensemble, pour finalement atterrir dans la poussière sans émettre le moindre son.

Les cris de dépit des enfants accompagnèrent la clef ...

L'échec fut durement ressenti au sein de la petite bande, d'autant que l'objet de toute les convoitises avait chut derrière une pierre avant de disparaître à la vue des enfants ...

Un silence de cathédrale tomba dans le boyau étroit de la galerie aux reflets rouge. Plus de rires démoniaques, plus de sifflement. Le son de la voix à la sonorité si effrayante et même les couinements des rats, pourtant si présent jusqu'à lors s'étaient tut.

Les regards des enfants se tournèrent les uns vers les autres, interrogatif ...

Même Marach, si prolixe habituellement, ne prononçait plus un mot. Une sorte de nouvelle tension, un climat encore plus oppressant s'insinua tandis que les minutes s'égrenaient sans que personne n'ose rompre le silence.

Chacun retenait son souffle ... Pourquoi ce profond silence tout à coup ?

C'est alors qu'arriva la chose la plus inattendue qui soit …

Le profond silence qui s'était installé depuis de longues minutes fût brisé par le son mélodieux de cordes que l'on effleure doucement … Les premières notes dispensées par une harpe, tout juste perceptibles au départ, comme si le musicien, peu sûr de lui, hésitait à véritablement se lancer, se transformèrent lentement en une mélodie d'une grâce, d'une beauté, d'une tristesse inouïe.

Les enfants, bouche bée, écoutaient sans oser faire le moindre mouvement …

Les parois verdâtres et sinistres du tunnel disparurent brusquement pour laisser place à des paysages inconnus. Là s'élevait des tours anciennes et majestueuses, des fontaines blanches aux eaux argentées, des forêts profondes et des ports grandioses abritant de superbes navires … Au centre s'élevait une haute montagne …

Ils n'étaient plus dans cet affreux cimetière, dans les sinistres catacombes, ils se trouvaient au centre d'une ile, une ile magnifique en forme d'étoile.

La harpe ne cessait de distiller sa belle mélodie mais soudain, elle changea de thème pour se faire plus triste encore …

Les visions changèrent soudain et les enfants discernèrent un temple, gigantesque et circulaire d'où s'échappait une épaisse fumée noire …

La mélodie se fit moins précise, le son de la harpe plus métallique, les doigts qui caressaient avec douceur les cordes de la harpe se mirent à trembler …

La coupole qui couronnait le temple, aux reflets d'argent, devint aussi noir que les plus profondes ténèbres … Debout, sur un trône d'acier au centre du temple, une haute silhouette levait les bras et hurlait des mots dans une langue inconnue avant de s'en aller d'un long rire machiavélique ...

Un fracas assourdissant s'éleva soudain, La harpe ne distillait plus qu'un seul son, disgracieux, d'une profondeur insondable …

Les enfants se bouchèrent les oreilles tandis que sous leurs yeux écarquillés, l'ile s'enfonçait lentement dans un maelström en furie ...

Le fracas cessa soudain … La note unique de la harpe aussi … la vision se figea subitement sur le mouvement des vagues d'un océan redevenu calme.

Après un moment, une nouvelle mélodie se fit entendre. Au rythme des cordes que l'on pince, la clef tant désirée par les enfants s'éleva du sol, quittant le sable dans lequel elle avait chu auparavant.
Lentement, sans que personne ne la touche, elle prit la direction de la grille ouvragée, s'enfonça dans la serrure ...

Un cliquetis se fit entendre puis la grille de fer s'ouvrit … La passage était ouvert …

Une silhouette vêtue d'un simple pagne blanc s'avança lentement vers les enfants. Lorsqu'elle appaue dans le halo rougeâtre, les enfants purent voir une femme. Elle portait un bandage couvert de sang autour de la tête, lui couvrant les yeux. Sur son bras, un étrange tatouage tranchait sur sa peau d'une blancheur immaculée.

Ses bras s'ouvrirent et sa voix résonna sous la voute des catacombes …

- Je vous attendais !



Suite : [Enigme, relique et pierre précieuse]

A moitié satisfaits seulement des informations qu'ils avaient pu obtenir chez le professeur Irvine, le tandem improvisé avait fini par s'éclipser, après avoir remercié le vieil homme. Ils s'étaient immédiatement mis en route vers le haut de la Cité, vers Rath Dinen, la Cité Silencieuse, d'abord sans mot dire. Neige et Etelion éprouvaient manifestement encore une certain méfiance à l'égard de l'un l'autre, et l'espionne en particulier se demandait ce qui avait bien pu pousser le hobbit à partir ainsi enquêter sur ce mystérieux Ordre, et, ce qui était encore davantage étrange, comment ce dernier avait-il pu remonter la piste jusqu'à cet énigmatique Marach, dont le meurtre, même après les explications du vieil enseignant, restait incompréhensible. Elle avait déjà brièvement expliqué comment elle avait réalisé l'importance du garçon, dans le sens qu'il était dans les fichiers du Service. Et en cela, il n'y avait pas à en dire plus, et elle n'était pas malhonnête pour autant, car elle n'en savait vraiment pas plus. Mais du côté du hobbit... Elle lui avait fait promettre qu'il lui en révèle davantage après avoir laissé parler le professeur, mais elle n'avait pas vraiment eu le temps d'avoir une confirmation avant que ce dernier ne commence à raconter son histoire. Et elle était bien décidée à lui tirer les vers du nez. Il était temps. Ils venaient de franchir le dernier cercle, le plus haut, résidence des plus nobles. Ici même les pavés des rues étaient d'une blancheur immaculée. La Cité Silencieuse approchait. Il était temps de discuter, avant que les choses sérieuses ne commencent.

"Maître hobbit, il est de temps de satisfaire ma curiosité. Je ne comprend toujours pas comment vous avez pu être mêlé à cette histoire, si loin de votre paisible contrée..."

Etelion s'attendait à cette question bien sûr, il savait que l'espionne ne le lâcherait pas. Mais même s'il avait eu le temps d'y réfléchir, il parut décontenancé un moment. Finalement, c'est avec un large sourire qu'il lui répondit.

"Les apparences peuvent être trompeuses... Comme je vous l'ai dit, je suis Pair du Royaume d'Arnor et de ce fait, il n'y a pas que les affaires de la Comté qui me concernent. J'ai été confronté à l'Ordre de la Couronne de Fer. Plusieurs fois, et nombres de mes amis aussi. Ils sont partout, c'est pourquoi j'ai été envoyé à Minas Tirith. Naturellement, quand des choses étranges se sont manifestées, j'ai mené l'énquête. Avec une certain succès, je dois dire."

C'était évidemment une vérité bien simplifiée. Il était impossible au hobbit de parler des Passeurs d'Etoiles à la gondorienne, celle-ci devait sûrement ignorer leur existence. Mais il espérait que cela suffise pour le moment. Se cacher derrière son statut de notable Arnorien était sans doute la meilleure situation. Il y avait des secrets d'Etat qu'il pouvait ainsi taire même à un agent de l'Arbre, ce qui était bien pratique pour dissimuler d'où venaient précisément ses ordres. La jeune femme esquissa une moue renfrognée. C'était un début d'explication, certes, mais elle n'apprenait toujours rien qu'elle ne sache déjà sur l'Ordre. Tout de même, quelle que soit sa mission, son compagnon pouvait bien lui partager davantage. Elle fit remarquer sa frustration à haute voix, ce à quoi le hobbit répondit, après un moment d'hésitation.

"Nous avons en effet découvert plusieurs choses... Le nom de certains des chefs de l'Ordre. Warin n'a pas été sorti de prison par hasard, par exemple. Balthzar le Noir non plus. Mais grâce à certains de mes collègues et moi, le Fléau ne terrorisera plus jamais le Gondor, ni aucun Royaume. Mais je ne peux vous dire plus sans me livrer à des suppositions hasardeuses. J'espère pouvoir faire le point si notre entreprise est un succès."

L'avant dernière phrase était un petit mensonge, le premier... Mais il n'avait pas vraiment le choix. Ses paroles semblaient avoir apaisé Neige tout autant qu'elles avaient attisé sa curiosité. Mais au moins elle avait maintenant du concret, de quoi la satisfaire pour l'instant. Balthazar, mort, elle n'en revenait pas. Elle voulait en savoir davantage, bien sûr, mais comprenait bien que cela ne servait à rien de presser le hobbit. Elle espérait bien qu'il se livre naturellement à mesure que leur expédition avancerait. Ils arrivaient d'ailleurs à l'entrée de la Rue du Silence et son calme inquiétant. L'heure n'était plus à la parole, il fallait être discret et méthodique.

Les deux compères discutèrent un instant à voix basse avant de convenir qu'il était plus prometteur de se séparer et couvrir ainsi plus vite l'immense surface du cimetière. Aussi se mirent-ils à la tâche, scrutant minutieusement chaque endroit, à la recherche du moindre élément ayant un rapport avec les paroles du vieil homme. Il fallut pas loin d'une demi-heure pour obtenir enfin un résultat. Ce fut Etelion qui fit signe à l'espionne de le rejoindre. Il avait trouvé quelque chose dans un mausolée. Une dalle marquée de la couronne ouvragée appartenant au symbole de l'Ordre. Une dalle de nacre. Ils avaient la première partie de l'énigme. La dalle avait été bougée, dévoilant une cambre funéraire où reposait un squelette, dressé comme une statue. Ils examinèrent la tombe et le mausolée dans ses moindres recoins, en vain. C'est alors que Neige s'intéressa davantage au squelette et sa surprise fut grande lorsqu'elle remarqua qu'il ne s'agissait que d'un personnage de pierre. Dès lors, la position de ses bras n'était pas un hasard... Il portait jadis quelque chose, qui avait été enlevé...(*)


"Regardez ces bras... il y avait à l'évidence quelque chose là, qui n'y est plus. Une clé peut-être. Nous n'avons fait que la moitié du chemin, il nous faut trouver la statue d'Anarion."

Le hobbit acquiessa, et ils sortirent. Ce faisant, Etelion leva les yeux sur le fronton de la tombe. Il déchiffra un nom.

"Arzazâth... ça vous dit quelque chose ?"

"Absolument rien... Mais je peux vous dire que ce n'est pas notre ami dans sa tombe... Ce n'est qu'une statue."

Les deux compagnons continuèrent leurs recherches. Cette fois-ci, vingt minutes suffirent pour atteindre un résultat. Il n'y avait pas de doute. La statue d'Anarion. A ses côtés, un puits.


Humaine et hobbit hésitèrent un instant après avoir examiné la statue, qui ne révéla rien de particulier. Le puits devait être la solution. L'espionne laissa tomber une pierre, qui produisit immédiatement un bruit sourd. Le puits était à sec. Ce fut le hobbit qui les remarqua le premier. Des petites encoches taillées dans la pierre, à l'intérieur. De petites encoches qui invitaient inexorablement les deux enquêteurs à descendre vers les ténèbres. Ce fut le hobbit, avantagé par sa petite taille, qui s'engagea le premier. La jeune femme le suivit, pour, après une longue descente mais finalement sans risque pour quelqu'un d'aussi agile que Neige, rejoindre son partenaire, qui arborait une expression de dégoût. Elle comprit immédiatement pourquoi. Ce sur quoi le hobbit, et elle-même marchaient, c'était des cranes humains. ils étaient dans une crypte. Et celle-ci semblait continuer dans un couloir.
Une sensation étrange les envahit. Ils frissonnèrent. Des voix semblaient s'élever, chantant une mélodie étrange dans une langue inconnue, et pourtant dont ils comprenaient le sens. Et inexorablement ils étaient attirés plus profondément...