Un Elfe et une Humaine (suite)

Pour la partie précédente, c'est ici !!!


Amy se sentait le coeur en joie. Elle n'aurait pas à se séparer de Styx maintenant et cela l'enchantait. Elle hocha la tête quand Sombre-chêne lui dit qu'il était préférable ne pas trop rester dans ces foret. Elle se sentait en effet plus calme et sereine que ce qu'elle était habituellement et se rendit compte qu'elle avait baissé complètement sa garde. Ainsi c'était la raison pour laquelle l'elfe avait disparut ce jour là. Il s'était laissé aller à la sérénité des lieux. La jeune inspira calmement l'air frais de la nuit tout en levant le visage vers le ciel. Son regards rencontra la Lune et elle inclina légèrement le menton comme à son habitude quand elle croisait cet astre.

Et puis le silence fut troublé par l'arrivée d'un autre elfe qui amenait une jument fine et bien proportionner. Pendant qu'Amy observait cette dernière, l'elfe repartit sans un mot et même assez froidement. La jeune femme se demandait ce que pensait le seigneur de Fondcombe de son peuple.

Alors qu'elle réfléchissait à cela, une question quelque peu surprenante la fit sursauté légèrement.

Si la possibilité vous était offerte de pouvoir voir le jour, que feriez-vous?

Elle haussa un sourcil et regarda Sombre-Chêne dans les yeux. Jamais elle n'avait pensé à cette possibilité et puis ... Pourquoi lui posait-il cette question ? Etait-ce un piège ? Finalement, elle répondit simplement ce qui lui venait à l'esprit.

"Votre question me surprend ... J'avoue n'avoir jamais envisagé cela et donc, ne sait que répondre. Cependant, je ne pense que j'accepterais ... Non parce que le changement me fait peur, juste parce que ma vision est différente de celle des autres grâce à cette maladie que j'estime plus comme un don qu'une disgrâce."

Elle fit une légère pose pour organiser sa pensé et repris.

"Oui, vraiment, je n'accepterais pas. Je suis comme je suis et je m'accepte en tant que tel. Je me suis forgé un système de vie particulier grâce à cela qui me convient parfaitement. Pour moi, pouvoir voir le jour maintenant, serait gênant. Il faudrait que je découvre la vie diurne alors que j'ai une vingtaine d'année ? Je n'ai plus la force d'endurance des enfants et me fatiguerais vite. Non ... décidément, je refuserais cette possibilité ..."

Amy se leva et alla rejoindre Styx. Avait-elle bien répondu ? En tout cas, elle avait dit ce qu'elle avait sur le coeur. La jeune femme fourra la main dans son sac et en sortit une brosse qu'elle passa sur tout le corps de son étalon et ami.

Sombre-chêne hocha la tête, satisfait. Non pas de la réponse elle même, mais de l'argumentation. Amy avait la réponse, et la comprenait. L'elfe hésita quelques instants, prêt à rependre la parole, puis se ravisa. Ce n'était pas le moment le plus propice pour parler. L'heure viendrait certainement où ses propos seraient mieux illustrés. Il se contenta donc d'embrasser une dernière fois du regard la Maison Simple dont la protection était désormais son devoir, puis fit le premier pas d'un long voyage vers le Sud. Quelques syllabes aux accents chantants du sindarin, et sa jument le suivit. Lorsque le claquement balancé de ses sabots sur le pavement blanc s'éteignit, la première goutte tomba.


Voilà trois heures que l'Humaine et l'Elfe marchaient sous une pluie impitoyable. Leurs habits collaient, épousaient leur forme aussi sûrement qu'un manteau d'huile. Leurs cheveux, rabattus sur leur visage par quelque bourrasque malveillante, conduisaient docilement l'eau jusque dans leurs yeux. L'herbe rase, déjà verdie par de récents orages, était un tapis spongieux qui les ralentissait et alourdissait leurs pieds.

Un coup de tonnerre, invisible et violent, qui claque et s'éteint lentement dans un grondement sourd, comme à regret. Des puits de lumière aussi éblouissant que bref. Le bruit monotone de l'eau qui tombe sur les arbres, sur les pierre, sur le sol. L'immobilité du monde, l'absence de vie dans ce déluge pourtant messager de croissance, de renouveau.

Sombre-chêne et la jeune femme n'avaient pas échangé un seul mot depuis qu'ils avaient quitté Fondcombe. L'elfe n'avait même pas proposé de s'abriter, Amy pouvait considérer cela comme le début de sa formation. Leur rythme avait même été soutenu. Et, comme aucune accalmie ne semblait s'annoncer, le Seigneur d'Imladirs proposa avec une malice à peine dissimulée :

Accélèrerions-nous?

Sans attendre de réponse, il s'élança d'une foulée légère et rapide. Niphredil partit à sa suite au trot.