Un Elfe et une Humaine

Un soleil invisible, une voute cotonneuse hostile, un vent mordant. Telle était cette fin d'été à Imladris, la Dernière Maison Simple des Terres Mortelles.

Les portes restaient fermées, les volets à peine entrebâillés. Cette demeure était-elle vraiment encore habitée? On ne pouvait en douter. Le souffle glacial portait les notes inaudibles et enchanteresses des chants et des lais. La masse laiteuse, là haut, qui grouillait et grondait silencieusement, n'arrivait à figer ni les murs, ni la vie qui palpitait en eux, derrière eux, autour d'eux. La lumière sombre qui cernait les lieux ne pouvait refroidir la chaleur que chaque pierre, chaque arbre répandait. Il y avait de la vie. La mort était bannie de cette maison qu'aucuns appelaient Fondcombe.

Sombre-chêne écoutait. Regardait. Touchait. Assis sur un banc immaculé, il attendait. Il attendait parce qu’il avait manqué à ses devoirs. Il avait manqué à ses promesses. Sur lui, un arc, ses dagues, une épée, un couteau. Une besace pour voyager. Une cape, des habites en tissu. Un visage à moitié brûlé.



Cinq ans plus tôt. Un bivouac près de la Lothlorien. De la chasse. Du tir à l’arc. Ils s’étaient éloignés, s’étaient approché de la forêt. Y étaient entrés, à la recherche de gibier. Sombre-chêne avait alors hésité, puis s’était lâchement abandonné à la contemplation des arbres, s’était englouti dans la terriblement belle symphonie de la Lorien. Envouté. Il n’avait jamais vu ou même imaginé de tels tableaux. Les deux autres avaient à un moment exprimé le souait de repartir : il se faisait tard. L’ambassadeur avait acquiescé e poursuivi son exploration. Il les rejoindrait plus tard.

Il ne l’avait pas fait. Il s’était perdu dans la canopée verdoyante, dans l’humus, dans le chant des oiseaux, dans le rire d’un ruisseau. Il s’était perdu, et n’avait pu retrouver le chemin. N’en avait pas eu la volonté. Impuissant, terrassé, honteux. Combien d’heures ? Combien de nuits ? Comment avait-il pu perdre à ce point le contrôle de lui-même ? Etait-il à ce point impuissant ? Finalement, il était retourné au bivouac, trois jours plus tard, d’après l’état des plus anciens tisons. Il ne restait personne, les autres avaient du partir quelques heures plus tôt, séparément. Il pouvait retrouver la fille facilement. Il n’en fit rien, il avait échoué.

Sombre-chêne avait fait le reste du trajet vers les caves d’Or rapidement. Lorsqu’il arriva, le magasin était fermé, la porté condamnée par deux barres en métal. Il chercha le commerçant pendant près de trois ans, en vain. Personne ne l’avait vu partir. L’avait-on enlevé ? Il y eut bien plusieurs pistes, mais aucune ne permirent de retrouver le bourgeois.

L’elfe était allé à Imladris. Il y avait à faire, du monde à réconcilier, à rassurer. Il fallait renouer des liens, rétablir les confiances. L’ancien ranger avait été chargé de cette mission. Trois ou quatre fois, il avait aussi participé à des embuscades visant des groupes de Peaux Vertes isolés et présomptueux, ou des conglomérats de brigands trop sûrs d’eux. Parfois, il n’y avait même pas eu besoin de faire couler une seule goutte de sang pour faire passer le message.

Et puis il y avait eu la proposition. Il avait réfléchi, puis accepté. Cela lui avait rappelé ses devoirs, ses promesses. Il avait écrit une courte lettre à la jeune femme, lui proposant de reprendre là où ils s’étaient arrêtés, faisant confiance à son aigle pour la trouver. Il avait reçu une réponse positive, lui annonçant qu’elle serait à Imladris deux mois plus tard.



Aujourd’hui, cela faisait exactement deux mois qu’il avait reçu la confirmation. Depuis une semaine déjà, il attendait, passant sa journée assis sur le banc, presque immobile. Improductif ? Il ne pensait pas. Il réfléchissait à l’avenir, à ce qu’il allait devoir faire, organisait les prochaines semaines, les prochaines années.

Sans doute n’arriverait-elle pas aujourd’hui. La route était longue. Peut-être arriverait-elle demain, ou après demain, ou dans une semaine. Cela n’avait pas d’importance. Il l’attendait.

Cela faisait à présent cinq ans que Nathi avait quitté les mines de la Moria en compagnie de Sombre-Chène et Hadhod ... Mais un léger contre-temps avait repoussé son entrainement jusqu'à maintenant ... Sombre-chène était partie, elle ne savait où pour faire elle ne savait quoi ... Et cela faisait cinq ans ... Que le temps passe vite !

Amy avait grandit, murit, s'était développée mais elle avait garder son innocence. Styx commençait à se faire vieux et Enac partait de plus en plus voir ailleurs. Il arrivait qu'il disparaisse des semaines entières mais il revenait toujours voir la jeune femme. Et elle l'accueillait toujours de la même façon. Quand elle le sentait arrivé, elle sortait son sac de graine, en faisait rouler dans sa main et tendait celle-ci vers le ciel. Et puis l'oiseau rappliquait dans les secondes qui suivaient. Alors, du bout de l'index, elle remettait les plumes de sa tête en place délicatement et avec bonheur.
Cependant, la jeune fille n'était pas dupe, elle savait très bien que ces deux compagnons ne vivrait pas éternellement. Styx ne tenait les longues chevauchés et elle avait dut ralentir sa course pour rejoindre son maître. Dans le mot qu'elle lui avait adressé, elle avait dit qu'en deux mois, elle pourrait être présente mais finalement peut-être devrait-on rajouter deux semaines en plus ... voir un peu plus ... Mais elle avait la conviction qu'il l'attendait, elle n'avait donc pas à s'inquiéter.

Amy descendit de Styx et le laissa se reposer jusqu'à ce que la nuit tombe totalement et qu'elle puisse enlever son bandeau. Elle n'aurait jamais penser pouvoir vivre seule avec ses yeux et pourtant voilà un moment qu'elle avait quitté son compagnon nain et qu'elle était partit sur les chemins seules ... Combien de fois avait-elle eu peur de perdre la vie ? Elle n'avait pas retrouvée ses parents elfes, ni Elaïne ... Adossée contre un arbre, la jeune femme aux yeux bandés se demanda si elle aurait un jour l'opportunité de retrouver son amie. Amy se laissa aller au sommeil la fleur de bois en mains, Enac sur son épaule faisait de même et sans doute Styx également.

A la tombé de la nuit, la jeune femme s'étira alors que l'étalon posait son museau sur sa joue pour la réveiller. Il fallait se remettre en route, l'elfe avait de nombreuses choses à lui apprendre et elle se savait plus aptes à le comprendre et à suivre ses leçons avec cinq ans de plus. Amy enleva son bandeau et ouvrit doucement ses yeux. Son regard se posa instinctivement tout autour d'elle. Rien ... elle pouvait rabaisser sa garde le temps de manger un morceau et de repartir. La jeune femme arriverait dans la nuit à Imladris et retrouverait son maître à ce moment.

A cru sur Styx, Enac sur l'épaule, la jeune femme ressemblait à une Amazone mais n'avait rien de la cruauté de celle-ci. Sa jupe fendue sur chaque cotés lui permettait une meilleure assise et de plus amples mouvements. Ses bottes montantes lui évitait des brulures avec la selle et pour une fois, elle avait rangé celle-ci pour ne prendre qu'un tapis pour soulager son étalon. Amy avait coupé sa longue chevelure et rangeait à présent son poignard dans sa manche droite et avait pris le coup de main pour l'attraper et se défendre plus facilement. De plus, deux poignards, enfoncé jusqu'à la garde dans des rangements adaptés de ces bottes était facilement accessible. Et l'arc qu'elle avait lui permettait également de se défendre à distance. Au moment présent, celui-ci était attaché derrière la jeune femme et son carquois lui maintenait le dos droits, accroché avec des lanières de cuirs.


Au bout de quelques heures de chevauchés, Amy se trouvait en vue d'Imladris. Elle salua les quelques personnes qu'elle croisait d'un hochement de tête et se rendit au rendez-vous donné par Sombre-Chène. Il faisait nuit, la Lune était haut dans le ciel mais la jeune femme se sentait bien contrairement à la plupart des humains qui se retrouvait dans le noir. Les étoiles brillait quand elle arriva à la Dernière Maison Simples. Amy se laissa glisser au sol, Enac voltigeait à coté d'elle et Styx la suivait sans qu'elle est besoin de le tenir par les rênes.

Assit sur un banc, l'air pensif, c'est ainsi qu'elle retrouva Sombre-Chêne. Il n'avait pas changer contrairement à elle, mais cela était propre aux Elfes. Elle s'avança vers lui sans faire de bruit, un sourire léger aux lèvres. Elle avait été heureuse d'avoir de ses nouvelles et l'était encore plus de voir qu'il allait bien. Amy s'assit à coté de lui en tailleur et leva la tête vers les étoiles avant de prononcés ses premières paroles.

"Et bien me voici ... Bonsoir Sombre-chêne ... Et félicitation pour votre monter au pouvoir ! Je n'en attendais pas moins de vous, je dois bien admettre que cela ne m'intrigue absolument pas ... Je me souviens parfaitement de la première fois où je vous ai vut et la façon dont vous avez réussit à faire passer tout le monde dans les mines ..."

Amy ne prononça pas un mot de plus et se laissa aller à la sérénité des lieux en fermant les yeux et respirant à plein poumons mais toujours dans le silence le plus absolue.

Sombre-chêne vit Amy arriver de loin. Elle avait changé. Elle avait vieilli et muri. Sa démarche, son regard avaient changé. L'elfe était toujours stupéfait de voir à quelle vitesse pouvaient changer les humains. En une trentaine d'années, ils pouvaient passer du bambin rigolard à l'adulte pleinement conscient des difficultés de la vie. Encore une trentaine d'années, et certains devenaient plus sages que certains elfes. Cela pouvait être vraiment stupéfiant.

La jeune femme fit les derniers pas qui la séparaient de son mentor sans d'abord dire un mot. C'est seulement une fois assise qu'elle prit la parole. Sombre-chêne apprécia la geste : elle avait su s'adapter au contexte, n'avait pas brisé la calme. Elle ne s'était pas précipité, n'était pas excitée, mais au contraire posée. Sereine. Ils pouvaient parler.

Montée au pouvoir? Non, je n'acquière pas un pouvoir en devenant Seigneur de Fondcombe. J'acquière une responsabilité dont je dois me montrer digne. Des elfes ont eu confiance en moi et m'ont nommé pour que je protège Imladris, pas pour que j'en devienne le propriétaire et utilise ses ressources à mes propres fins, ce que me suggère l'expression "montée au pouvoir".

Le ton n'était pas au reproche. Sombre-chêne avait parlé comme ce qu'il serait pour les semaines, les mois, peut-être les années à venir. Un professeur qui corrige un affirmation qu'il juge erronée.

C'est là la vision que j'ai du peuple elfe. De ma propre condition. Je ne suis le supérieur ou le subordonné de personne. Personne ne peut m'obliger à agir contre ma volonté, et je n'obligerai personne à agir contre sa volonté. Sur quelles bases créer une relation de maître à élève chez les elfes? L'âge importe peu. L'expérience, alors. Il parait plus judicieux de confier une armée à un vétéran de guerre qu'à un elfe errant, aussi importante soit sa connaissance des forêts, des animaux et du temps. Peut-on pour autant admettre que le vétéran puisse tout ordonner à l'ermite en temps de guerre? Mon avis est que non, car tous deux ont la même expérience de la vie. Ou du moins deux expériences différentes, mais sans qu'aucune ne soir meilleure que l'autre. Néanmoins, je crois que l'ermite laissera le vétéran décider à sa place. Oui, j'ai confiance en ma race. Je crois que chacun de nous, ou du moins la plus grande partie (et je déplore les exceptions) sait discerner caprice personnel et raison. Supériorité et infériorité dans un domaine donné. C'est pourquoi nos soldats suivent leur capitaine : ils savent qu'ils ont une meilleure expérience militaire qu'eux, et qu'ils feront sans doute de meilleurs choix qu'eux même. Je crois que les elfes savent aussi discerner intérêt personnel et intérêt collectif. S'ils ont l'occasion de faire quelque chose qui leur nuira mais qui apportera quelque chose à la collectivité, ils le feront. S'ils ne le font pas, ils vivront avec une poids sur leur conscience, sans chercher d'excuses.

L'elfe s'arrêta. Un chouette hululait. Sa chanson laconique dura quelques secondes, puis le rapace se tut.

C'est la vision que j'ai. Malheureusement, elle ne se vérifie pas tout le temps, aussi peut-elle paraitre utopique et niaise. Les elfes ne sont pas parfaits. Parfois, notre immortalité et notre prétendue supériorité nous font perdre la raison. L'horreur n'est jamais bien loin.

Souvenirs d'une époque néfaste. Tristesse.

Ce que je viens de dire s'applique à notre relation. Je ne suis pas ton maître, et ne le serai jamais. Tu es venu me chercher pour apprendre, pas pour être mon écuyer. J'ai accepté car j'ai senti que ce désir était pur. Tu veux apprendre pour apprendre, pour t'épanouir. Pas pour t'imposer. Les Valars me pardonnent si je me trompe. Pendant un certain temps, nous serons ensemble. Tu m'interrogeras, je répondrai. Si tu veux partir et n'es pas satisfaite, fais. Parfois, je t'éprouverai. Peut-être difficilement. Tu seras peut-être à bout, et voudras t'en aller. Tout dépendra de la confiance que tu as en moi.

Le nouveau Seigneur d'Imladris se tourna pour la première fois fers Amy. Son visage restait désespérément serein, presque inexpressif. Etait-il soucieux? Heureux?

Malgré ce que j'ai pu dire sur toi, je te connais à peine. Qui es-tu? Ai-je vu juste quant à tes motivations? Que veux-tu vraiment apprendre de moi?

La jeune femme écouta attentivement les paroles de l'Elfe. Décidément, elle ne regrettais pas le choix qu'elle avait fait cinq ans auparavant en déposant son dévolu sur lui. Cet homme était sage et sa voix avait encore une fois apaisé les craintes de la jeune femme. Tout le temps de sa prise de parole, elle ne prononça pas le moindre mot, ne jetta pas un coup d'oeil en sa direction. A partir du moment où il se mit à parler d'elle, Amy tourna très légèrement la tête vers lui et posa son regard sur son profil non endommagé tout en restant appuyé sur ses mains, poser sur la pierre, derrière son dos.

Sombre-chêne avait vu juste, la jeune femme ne désirais en aucun cas imposer sa présence au monde entier, tout ce qu'elle voulait, c'était grandir en s'épanouissant mais également trouver un moyen de savoir qui était ses véritable parent même si cela lui parraissait à l'heure actuel bien prétentieux puisqu'elle ne connaissait absolument rien d'eux. Seule sa flûte pourrait l'aider ... Quoi qu'il en soit, Amy était contente que Sombre-Chêne soit franc avec elle. Ils n'avaient pas eu l'occasion de beaucoup parler avant leur séparation cinq ans auparavant mais elle était à présent persuadée qu'elle était avec la bonne personne. Lorsque l'elfe se tourna vers elle, la jeune femme se rendit compte qu'elle le fixait. Et puis il lui demanda plusieurs.

Amy garda son regard rivé vers Sombre-Chêne et réfléchit avant de parler, ce qu'elle n'aurait pas fait quelques années auparavant. Et puis, elle se lança. Sa voix avait changer également, elle était posé, douce, féminine, bien plus adulte qu'auparavant mais elle gardait cette innocence qui lui était propre ainsi que cette légère étincelle qui la différenciait des autres.

" Mon nom, vous le connaissez déjà ... Je ne sais que dire sur moi, puisqu'il n'y a pas grand chose à dire ... Mais je m'efforcerais de répondre à vos questions du mieux que je peux ! J'ai été élevé par des elfes qui m'ont caché mon identité mais, à présent, je doute qu'ils la connaissaient vraiment. D'après mes propres déductions, mes parents ne viennent pas des Terres du milieu à cause de ceci."

Amy se leva et alla chercher sa flute de Pan qu'elle tendit à Sombre-Chêne.

" On ne trouve pas de bois semblable par ici ... Si vous avez la moindre idée d'où il peut provenir, je vous serez gré de me le dire. Ceci est le seul lien qui me rattache à ma véritable famille !"

La jeune femme fit une courte pause pour reprendre le court de son récit.

" Ce que je suis, une simple demoiselle qui n'a pour seul but que de retrouver ces origines. Et pour cela, je suis prête à beaucoup de chose ! Peut-être trouverez cela futile, mais je ne me sens pas prête à affronté le monde sans savoir qui je suis vraiment ... Encore que des fois, je me dis qu'il est préférable de ne pas savoir ..."

Sa voix mourut dans la nuit alors qu'elle se rasseyait au coté de l'elfe. Un soupir lui échappa et elle remonta ses genoux pour appuyer sa tête dessus. Elle n'avait pas énormément eut de contact ces cinq dernières années. Pendant tout ce temps, elle avait plus vécut la nuit que le jour et avait fuit tout ce qu'elle pourrait trouver. Pourquoi avait-elle agit ainsi ? Plus par prudence qu'autre chose, elle se savait largement inférieur à la plupart des hommes. Et une jeune fille seule attirait la mauvaise compagnie ... De plus, elle se refusait à tuer !

Elle n'avait pas répondu à la seconde partie des questions de Sombre-chêne mais elle savait que le temps viendrais où elle y répondrait ... Mais le moment n'était pas encore venu !

Sombre-chêne crût s'entendre lui-même, plusieurs dizaines d'années plus tôt, lorsqu'il ne savait pas encore. Il s'était posé les mêmes questions. Qui? Pourquoi? Savoir ou ne pas savoir? Et finalement, lorsqu'il avait appris la vérité, il l'avait acceptée, sans jugement. Mais son histoire était particulière.

Quoiqu'il en soit, la quête de la vérité semblait mener beaucoup de personnes, beaucoup de destinées. Le désir de savoir poussait souvent à se surpasser, et faisait oublier toute éventuelle désillusion lors de la révélation. Finalement, qu'attendait-on le plus? Le moment de la révélation en lui-même, ou les faits qu'elle exposait? Un orphelin cherchant sa mère s'intéresse-t-il vraiment à qui elle est? Cela lui importe-t-il qu'elle soit princesse, paysanne ou prostituée? Il veut connaitre sa famille, mais une fois sa quête achevée, la réponse n'a peut-être plus vraiment d'importance. Ce qui le réconforte, c'est simplement d'avoir eu sa réponse.

Le Seigneur de Fondcombe ferma les yeux, et médita encore quelques instants. Amy n'avait pas répondu à sa dernière question. Elle ne devait pas encore connaitre la réponse. Ce serait alors peut-être à l'ancien ranger de trouver la réponse. Qu'était-il le plus à même de lui apporter? Elle l'avait choisi lui pour certaines raisons. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce qu'il se contente de lui apprendre l'escrime, le tir à l'arc et la lutte. N'importe quel maître d'armes pouvait le faire, et peut-être mieux que lui. Ils aborderaient bien sûr ces thèmes, mais pas seulement.

L'elfe se leva et invita la jeune femme d'un geste de la tête à en faire de même.

Il y a quelques jours, Thénéor, fils de Firion de Rohan, est mort. Comme de nombreux seigneurs d'Arda, je vais lui rendre hommage lors de son enterrement. M'accompagnerez-vous? Le trajet sera l'occasion de commencer ce pour quoi vous êtes venu me trouver. Nous pourrions partir avant que le jour ne se lève.

Il s'arrêta, pensant au long voyage qu'avait du entreprendre Amy.

Le temps ne joue pas contre nous, et nous n'aurons aucun besoin de nous presser.

L'air ambiant était doux. Amy se sentait dans son élément, il faisait nuit et elle se savait une des seules personnes à y voir comme un plein jour. Un sourire apparut sur son visage alors qu'elle fixait la lune. Et puis, celui-ci disparut quand Sombre-Chène repris la parole. Un mort en plus. Pourquoi ? Comment ? Un soupir s'échappa à travers ses lèvres et elle murmura en silence et dans un souffle une légère prière à la Lune pour que cet homme repose en paix.

" Si vous voulez y aller, nous pouvons partir quand vous voulez. Le voyage ne m'a pas épuisé ! loin de là ! Maleureusement, je ne pense pas que Styx pourras suivre très longtemps mon rythme de vie."

La jeune femme posa son regard sur l'étalon qui broutait tranquillement l'herbe voisine. Il avait été avec elle depuis ses cinq ans. Et elle redoutait le moment où elle devrait s'en séparer. La mort arrivait de partout ? Où peut-être en prenait-elle conscience en grandissant ... Après tout peu importait ceci, les faits étaient ce qu'ils étaient et il fallait continuer à avancer malgré tout. En pensant ainsi, Amy serra les poings et détourna son regard vers le ciel. Et puis, elle s'allongea sur le dos, les mains derrière la tête et observa toutes ces étoiles qui brillait dans le ciel.

" Je suis prête à partir n'importe quand ! Laissez moi juste quelques jours pour rendre sa liberté à mon étalon ... si j'y arrive ..."

Sa voix mouru en fin de phrase si bien qu'elle même n'entendit pas ce qu'elle disait. Elle espérait juste que le seigneur de Fondcbombe la laisserait agir comme elle l'entendait ... Et ceci-ci elle le saurais bien assez tôt. S'il acceptait, elle se séparerait de Styx le lendemain ou dans les jours qui suivrait. Elle savait que l'animal pourrait vivre sans elle. Elle l'avait élever de cette manière. Cependant quand étai-il d'Enac ? L'oiseau était un jour venu à elle et ne l'avait jamais véritablement quitté.

Le coeur serré, elle regarda par dessus son coude ses deux compagnons et puis son regard tomba sur l'elfe. Qu'allait-il bien pouvoir faire ? Qu'allait-il trouvé à lui apprendre ? Il était vrai qu'elle lui avait demandé de la former ... mais la former à quoi ? Et pourquoi lui ? On revenait à la question posé précédemment par Sombre-Chêne. En faites, elle ignorait totalement la réponse !

L'ambassadeur hocha la tête et rassura Amy d'un geste évasif de la main.

Vous n'aurez pas à abandonner votre compagnon. Le temps ne presse pas. S'il faut, nous marcherons. Votre monture pourra se reposer ton son saoûl. Il nous faut néanmoins partir sans trop tarder. Vous n'êtes ici qu'à l'entrée d'Imladris, aussi est-il préférable de ne pas aller plus loin. C'est un lieu enchanteur qu'il est toujours difficile de quitter, et partir vous sera plus difficile dans trois jours que maintenant. Vous reviendrez néanmoins. Avec ou sans moi.

La route s'annonçait longue. Tant mieux. Ils auraient du temps pour... pour tout. Pour courir dans le froid. Pour parler à côté d'un feu. Pour réfléchir en silence. Pour s'entrainer sans penser. Serait-ce assez long pour la formation? Ou peut-être au contraire serait-ce seulement une introduction, un prologue? Cette formation allait-elle un jour toucher à sa fin? Certainement non. Amy aurait toujours à apprendre. Mais viendrait un jour ou Sombre-chêne ne pourrait plus rien lui apporter. Le reste serait construit d'expériences personnelles glanées au fil des années et aux quatre coins du monde. Une éternelle quête.

Un elfe au regard dur et aux traits tirés s'annonça d'un éclaircissement de gorge obligé. Il tenait la jument du Seigneur de Fondcombe par la bride, un cheval de jais aussi poli que finement musclé. Sombre-chêne remercia l'elfe, qui eut alors tôt fait de faire demi-tour après un salut rigide et forcé. Tous ne voyaient pas les choix de leur suzerain d'un bon œil. L'intéressé ne s'en formalisait pas et respectait leur pensée.

Puis, sans préavis, Sombre-chêne questionna Amy :

Si la possibilité vous était offerte de pouvoir voir le jour, que feriez-vous?

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