Vers Fornost

J’apercevais déjà le Mont Solitaire derrière moi. Le soleil semblait haut dans le ciel, il pouvait être 13h tout au plus. Je marchais donc depuis déjà deux heures mais le temps me paraissait bien long. De plus, je cuisais comme une cuisse de warg sur un feu dans mon armure sous l'ardeur du soleil. Ma hache Gûrzal à la main ainsi que quelques vivres dans mon sac à dos étaient les seules choses que j'avais emportées. Je me dirigeai vers l'Ouest, je devais regagner Fornost au plus vite même si je sais qu'il me faudra bien quelques jours pour arriver là bas. La ville d'Esgaroth était en vue plus qu'un ou deux kilomètres cependant ce n'était pas dans mes plans de m'y arrêter. Je pris le temps de me reposer un peu, m'asseyant sur un rocher près du Celduin. Je posai ma hache par terre et déposa mon sac à dos à mes pieds. En fouillant dans mon sac, je découvris certaines choses qui n’avaient pas leur place ici comme un dé à coudre humain que je lançai dans le cours d'eau. Enfin je touchai au but, je retrouvai mon modeste casse-croûte composé d'un morceau de pain avec un peu de fromage dessus. Timidement, je croquai un bout avant de tout recracher par terre ...
- « Beurk ! Je savais bien qu'il ne fallait pas faire confiance à ses marchands ambulants qui vendent du pain rassis. »
Je jetai cela aussi dans le Celduin avant de décider que j'avais trop trainé et de repartir en hâte vers Esgaroth. Toujours en suivant le fleuve, j'arrivais près de la mythique ville construite sur pilotis de bois. Enfin arrivé, je m’émerveillai devant la beauté de la ville bâtie sur le Long Lac car bien qu'étant un voyageur et qu'Esgaroth soit près du Mont Erebor, je n'y avais jamais été ... La ville était remplie ! Même les plus insignifiantes ruelles étaient bondées de monde. Je décidai de vite traverser la ville, je ne voulais pas arriver en retard à Fornost. Je ne devais point faire attendre Amadeo ! Alors que je tournai dans une ruelle ne sachant où me diriger, un homme de petite taille aux cheveux mauves vint vers moi et ouvra d’un cou son long manteau noir en déclarant :
- « Tu veux de l’herbe à pipe ? Elle vient de la Comté. C’est de la bonne qualité ! »
Soudain, je me souvins que j’avais oublié ma pipe à Erebor. Paniqué, je demandai à l’homme s’il avait également des pipes. Il me répondit que oui. Ni une ni deux, je lui balançai ma hache dans sa tronche avant de piquer toute sa marchandise. Malgré la foule présente dans la ville cette ruelle semblait vide et personne ne m’avait vu. L’air innocent, je repartis vers la sortie Sud de la ville. J’étais tout de même préoccupé car tuer un innocent n’était pas dans mes habitudes. Pour me rassurer, je me murmurai à moi-même que cet homme avait une tête de gobelin et que j’avais fait une bonne action en débarrassant Esgaroth de ce vil être. J’arrivai à la sortie de la ville et franchit la porte tout en souhaitant une bonne journée aux gardes qui me le rendirent bien en m’envoyant des pierres dessus. Je me demande encore pourquoi … Vers 16h30, j’étais devant la Forêt Noire. J’avais longé tout le Celduin jusqu’à trouver un passage qui me conduise de l’autre côté. Et ce passage, je le trouvai cependant pour rien au monde je ne serai rentré là-dedans. Un sombre chemin sinueux traversant un bois effrayant peuplé d’elfes. Brrr ! Ca me donnait la chair de poule ! Je pensai d’abord à contourner cette forêt mais cela me prendrait des jours et des jours supplémentaires. Et puis Amadeo comptait sur moi ! Lentement, je m’engouffrai dans cet étrange endroit. Des arbres … il n’y avait rien d’autres que des arbres ! Mais ces arbres craquaient ! Ils semblaient même se rapprocher de moi …

Tout ça n’était qu’une illusion bien sûr mais le passage se faisait étroit. J’entendis un bruit bizarre derrière moi, je me retournai d’un bond et vis un corbeau noir qui croassait. Me retenant de lui lancer ma hache dans sa gueule pour la frousse qu’il m’avait faite, je repartis entre les arbres qui envahissaient peu à peu le chemin. J’essayai de me donner du courage en me parlant de choses complètement débiles pour penser à autre chose que cette forêt étouffante plein de grandes-oreilles. Je me demandai qu’es-ce-que je pourrai inventer si les elfes me voyaient ici … Je ne savais même pas si j’avais le droit de traverser la forêt. Soudain, une lumière blanche m’interpella et me sortit de mes réflexions. D’abord légère puis grandissant au fur et à mesure que je m’approchai d’elle. Dans cet aura de lumière, je vis une silhouette féminine mais je ne pouvais distinguer son visage. Soudain, sa voix résonna dans ma tête :
- « Bien le bonjour ! Sais-tu où tu te trouves ? Tu es perdu dans la Forêt Noire ! C’est une des pires choses qu’il aurait pu t’arriver. Se perdre dans Mirkwood peut être dangereux. Si tu continue tout droit, dans quelques kilomètres, tu arriveras à Dol Guldur. Et je crois que ce n’est pas là que tu veux te rendre. »
- « Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? » demandai-je en prenant ma hache dans mes mains
- « Du calme, Azêbar. Je ne te veux aucun mal ! » répondit-elle
- « Comment connaissez-vous mon nom ? »
- « Une connaissance à toi m’envoie ! Suis-moi car dans quelques minutes une patrouille d’elfes arrivera ici. »
Je ne savais que faire. Tout à coup, la forme féminine se transforma en une belle louve blanche et avec un superbe rugissement, et s’élança dans une direction. Je décidai de la suivre ! Je ne distinguai déjà plus qu’un bout de queue de la louve. Je m’élançai à sa poursuite en essayant, tant bien que mal, de courir.
- « Attends-moi ! Je ne suis qu’un nain moi ! Hey, le loup ! » criai-je
La louve ralentit un peu mais je devais me dépêcher pour la rattraper. Un nain qui courait après une louve blanche dans une forêt d’elfes, je me sentais vraiment ridicule. Après quelques minutes, je me retrouvai à l’extérieur du bois mais la louve avait disparu. Je me demandai où je me trouvais. Plus dans le bois, c’était sur ! Mais étais-je du bon côté ? Le soleil devenu rouge déclinait derrière la forêt, j’étais parvenu à traverser Mirkwood. Je me mis en route mais très vite je m’écroulai par terre. En une seule journée, j’avais déjà parcouru des kilomètres entiers. Je commençai à rechercher des morceaux de bois puis j’allumai un feu. Je pris mon repas avant de sombrer dans un profond sommeil …

Je me réveillai vers 11h. J’étais extrêmement en retard, Amadeo m’attendait de pied ferme à Fornost à présent. Mais je n’aurai qu’à lui dire qu’un nain n’est pas fait pour courir et qu’après ça, c’est normal que je sois exténué. L’heure était tardive cependant il faisait toujours frais. Je remarquai que le feu que jamais allumé la veille était en parfait état. Malgré le temps, l’humidité et le froid, le feu brûlait fortement. Perplexe, je me réchauffai puis je me relevai en m’aidant de ma hache. Une fois debout, je remarquai un signe également surprenant : on sac semblait plus lourd. En le déposant à mes pieds, je l’ouvris et découvris du lembas. Après ces étranges découvertes, je pris la route vers les Monts Brumeux. Assez vite, j’arrivai au bord de l’Anduin. Le fleuve coulait fort, le courant était impressionnant. Je voyais le tableau d’ici : un nain avec sa hache et son armure en train de nager !
- « Oh ! Le loup ! Comment je fais maintenant, gros malin ? » criai-je en ne sachant à qui parler
La voix de la veille résonna encore une fois dans ma tête :
- « Regarde sur ta gauche abruti ! Alors, merci qui ? »
Je tournai la tête et vis une barque avec deux rames sur la berge.
- « N’espère pas de remerciement ! Je ne connais même pas ton prénom ! »
- « Tu n’as pas encore deviné ? Tout ce que je peut dire, c’est que je m’appelle Aëllan »
- « Eh bien, dame Aëllan, je vous remercie. »
Je me dirigeai rapidement vers la barque, m’installai et franchit l’Anduin en quelques minutes. Les Monts Brumeux étaient bientôt devant moi. Alors que je balayai la plaine qui me séparait des montagnes des yeux, j’aperçus un groupe d’orques.
- « Ah ! Enfin de la baston, je commençais à me faire chier ! » déclarai-je avant de foncer sur eux
Ils étaient quatre. Celui du milieu semblait être le chef, il possédait une hache de guerre. Les autres, autour de lui, possédaient chacun une épée orque. Ils marmonnèrent quelques paroles incompréhensibles en noir parler puis ils m’attaquèrent. Je tranchai la tête du premier de coup de Gûrzal. Un autre bondit sur moi et essaya de me frapper à l’épaule. J’esquivai et lui donna un coup de hache dans le ventre. En retirant ma hache du ventre de l’orque, je blessai l’autre pas doué qui n’aura même pas réussi à me toucher. Quant au chef, je le neutralisai d’un autre coup de hache dans la gueule. Je me penchai pour les dépouiller mais ne trouvai rien d’intéressant. Je repartis vers les Monts Brumeux quand j’entendis une flèche fendre l’air. Je me retournai et sentis une flèche d’orque s’encastrer dans mon bras gauche. Et c’est à ce moment là que j’aperçus dans les bosquets un dernier orque armé d’un arc. Sans hésiter, je fonçai sur ce débile qui voulait mourir et lui balançai Gûrzal dans sa gueule. J’inspectai les environs pour être sûr qu’il ne restait pas d’orques dans les environs puis je continuai mon chemin vers les Monts Brumeux, une flèche dans mon bras …

Au bout d’une heure de marche, je me trouvai enfin au pied des Monts Brumeux. Décidant de faire une pause car mon bras me faisait extrêmement souffrir en effet la flèche orque était empoisonnée, je fouillai dans mon sac et découvris une trousse de premiers soins. Ravie de cette aide opportune, je retirai la flèche du Mordor et désinfectai ma sale plaie. Il me semblait que le poison n’avait pas pénétré à l’intérieur de mon bras je ne sais comment. Je bandai ma blessure et mangeai un peu de lembas. Alors que je dégustai le lembas, je me demandai comment traverser les Monts Brumeux. Après de nombreuses réflexions, je me souvins d’un passage que mon tuteur m’avait appris lors de mon enfance. Il s’agissait d’un passage sans risques pour passer de l’autre côté de la chaine de montagnes. Même parmi les nains, ce passage était très peu connu. Sans passer ni par la Moria ni par le Col de Caradhras, on pouvait accéder de l’autre côté sans être obligé d’emprunter le chemin de la Trouée du Rohan. Me souvenant, peu à peu de l’endroit du passage, je me relevai et me dirigeai vers le chemin. Je le trouvai difficilement mais néanmoins j’y arrivai entier. Le passage était obstrué de rochers comme si un éboulement récent avait eut lieu. Bien que très peu distinguable, le chemin était cependant très fiable et très court. En effet, le soleil affichait 16h quand j’atteignis l’autre côté, j’avais donc mis quelques heures seulement pour effectuer la traversée. J’étais à présent en Eregion … La traversée d’Eregion se fit sans encombre particulière. Je marchais, je mangeais, je dormais, je pétais, je rotais : bref la routine ! Je pris la direction nord-ouest et après quelques jours de marche, j’arrivai aux Hauts du Sud que je contournai par l’ouest avant d’arriver finalement à Bree. La ville de Bree, je la connaissais bien, je l’y étais déjà rendu plusieurs fois auparavant. J’adorais cette ville avec ses maisons à colombages. Je traversai rapidement la ville. Je ne devais point traîner, Amadeo m’attendait pour cette fameuse quête dont il ne voulait me dire un mot. Je m’arrêtai une minute au Poney Fringant pour me reposer et grignoter mon lembas. Mais un serveur me jeta dehors car j’occupais une place mais ne consommais rien. Je fus contraint de reprendre ma route. Je quittais le village de Bree pour prendre la Route du Nord, celle qui me conduirait à Fornost. La nuit était tombée depuis bien longtemps mais je m’efforçai de continuer à marcher. La fatigue gagnait peu à peu mon esprit et tous mes membres furent bientôt endoloris. Je m’arrêtai et m’endormis comme un loir …Je fus réveillé par des coups de langue sur mon visage. Lorsque j’ouvris les yeux, je vis près de moi la louve blanche qui m’avait guidé quelques jours auparavant et que je n’avais plus rencontré depuis.
- Encore toi ? demandai-je encore tout endormi
- Oui, encore moi. Elle n’est pas contente, tu n’es pas venu la voir. Je sais bien que quelqu’un t’attend à Fornost mais je ne suis que la messagère.
- Qui ne suis-je pas allé voir ? questionnai-je en me relevant mais il n’y avait plus personne
Agacé par tous ses loups blancs qui savent tous, j’allumai un feu pour me réchauffer et je me disais que dans quelques jours je pourrai me faire la main sur quelques viles créatures. Après une demi-heure et avoir mangé ma dernière part de lembas, je me relevai en m’aidant de ma hache et suivis la Route du Nord. Hier soir, je n’étais même pas arrivé au bois de Chet tellement la fatigue se faisait sentir. Il me restait donc plusieurs longs kilomètres à parcourir. À mesure que je marchais, le ciel s’obscurcissait et j’eus peur de recevoir une bonne douche mais les nuages se dispersèrent plus tard dans la matinée. Je rencontrai un groupe de rôdeurs à mi-chemin. Nous parlâmes un court instant de tout et de rien. Ils me posèrent de nombreuses questions à propos d’Erebor. Ils ne s’y étaient visiblement jamais rendus. Nous nous saluâmes poliment puis nous partîmes chacun de son côté. Mon ventre gargouillait, j’avais soif et faim mais je ne possédais plus de lembas ni d’eau. J’étais épuisé. Mais Fornost était en vue enfin ! Plus que deux kilomètres à tout casser et j’y serai. En route, je trouvai un arbre fruitier. Je décidai d’en manger les fruits ainsi je n’aurai pas à chercher à manger à Fornost. Bien que peut consistant, ils me suffirent pour ne pas mourir de faim. Quelques minutes après, j’arrivai à Fornost, ma destination. Enfin, j’y étais !Je traversai rapidement la ville jusqu’à arriver devant le Canard Noir.
- Ce nom … pas de doute c’est ici que m’attend Amadeo ! dis-je à moi-même en entrant dans l’établissement.