La route de l'Ouest pour Tarkandil

Tarkandil et les deux autres Elfes qui l'accompagnaient continuaient d'avancer toujours plus loin vers l'Ouest, en direction de Mithlond. Ils se situaient quelque part entre Fondcombe et Amon Sûl, le Mont Venteux. Les trois marcheurs ne parlaient pas souvent, préférant écouter la nature qui les entourait et méditer. Tarkandil avait un point de vue sur les Humains moins négatif que celui de l'un des Elfes qui l'accompagnaient. Il avait plutôt un caractère pacifiste, car être belliqueux n'apportait, selon lui, rien de bon. Le mercenaire voyait d'interminables prairies et forêts défiler devant lui et disparaître dans son dos, le rapprochant toujours plus de son but. Il savait qu'il traverserait bientôt le pays des Semis-Hommes, que l'on nommait la Comté. Cependant, les Hobbits remarquaient rarement le passage d'Elfes dans leur territoire, préférant se consacrer à leurs propres affaires.

Une question vint alors à l'esprit de Tarkandil, et il n'eut d'autre choix que de l'exprimer à haute voix :

"L'un de vous sait-il dans combien de jours nous arriverons à Mithlond ?"

#Tarkandil

Ce fut cette fois-ci l'autre elfe, un archer de Fondcombe, qui répondit.

"Tout dépend de notre rythme, mais je pense pouvoir dire sans me tromper que nous avons deja fait un quart de notre trajet. Dans deux semaines tout au plus nous verrons Mithlond et les Havres Gris. Si rien ne nous ralentit, bien sûr.."

Et cet elfe semblait être divin, car en disant cela, il avait vu du coin de l'oeil des formes sombres bouger en contre bas. Une épée tirée du fourreau miroita sous les étoiles. L'elfe sombre qui n'aimait guère les humains eut un rictus mi-sinique, mi-ironique.

"En parlant d'Humains ! Surement des bandits de grand chemin ! Et ceux-là ne sont pas pacifistes, mon brave. Dégainez les épées, il nous faut nous battre ! Que Manwë nous garde.."

Il dégaina une longue et fine épée elfique qui semblait dater de nombreux siècles. L'autre elfe attrapa à la hâte son arc et encocha une première flèche..

Etre pacifiste ne signifiait pas rester inactif lorsque l'on se faisait attaquer, aussi Tarkandil prépara-t'il son arc à tirer. Il prit pour cible l'homme dont l'épée leur était apparue et attendit d'être sûr de son coup avant de décocher.

Soit la chance ne lui sourit pas, soit le tir avait manqué de précision, mais la flèche de Tarkandil ne toucha pas l'ennemi. Ce dernier sembla tirer profit de cet échec et changea d'endroit, tandis que Tarkandil attrapait une autre flèche dans son carquois. Il l'encocha et recula légèrement afin d'avoir une vision d'ensemble de la scène. Un silence inquiétant était tombé sur le lieu. Tarkandil jeta un bref regard à ses deux compagnons de route avant de reporter son attention sur les hommes qui les attaquaient.

Il décocha sa flèche et entendit un cri étouffé un peu plus loin, ce qui signifiait qu'il avait dû toucher sa cible. Il en eut la confirmation lorsqu'il vit un homme avec une flèche plantée dans la jambe gauche. Toutefois, cela ne suffirait pas à le tuer.

Deux secondes plus tard, Tarkandil eut la surprise de voir le bandit recevoir une deuxième flèche, cette fois-ci en pleine poitrine. Il ne put retenir un cri étouffé et tomba en arrière, raide mort.

L'archer elfe à ses côtés retint un sourire avant d'encocher une seconde flèche prête à abattre un autre brigand. Néanmoins, quatre hommes avaient réussi à monter la colline de l'autre versant et ils surgirent dans le dos des trois elfes, qui furent étonnés mais pas déconcentrés.
L'elfe sombre abbatit sa lame sur le premier et lui fracassa le crâne, avant de faucher son suivant. Les deux autres, pris de panique, s'enfuirent par où ils étaient venus. Le guerrier elfe revint vers l'archer et Tarkandil et murmura:

"Leur première attaque a échoué, mais ils reviendront. Et la prochaine attaque sera certainement mieux menée, ils ne s'attendaient sans doute pas à tant de réaction de notre part .. Il nous faut passer le nuit. Le petit matin nous sera bénéfique.."

Tarkandil, toujours décontenancé d'avoir raté ses tirs, jeta un regard autour de la colline pour voir d'éventuels nouveaux assaillants. Toutefois, il n'en vit pas un seul. Il croisa le regard du guerrier Elfe et lui répondit ces paroles :

"Dans ce cas, nous allons devoir tenir nos positions aussi longtemps que possible. Cela sera probablement difficile, contre des bandits Humains, mais nous avons le potentiel pour gagner cette bataille."

Le mercenaire vérifia ensuite qu'il lui restait suffisamment de flèches dans son carquois, ce qui était le cas, avant de faire le tour de la colline. Il ne remarqua aucune forme mouvante et revint près des deux autres Elfes.

"Cette colline est un avantage pour nous : nous sommes placés en hauteur par rapport à nos ennemis, qui auront plus de mal à nous atteindre et à nous toucher. Je propose que l'on se prépare et que l'on fasse des rondes autour de la colline. Qu'en pensez-vous ?" proposa Tarkandil.

Il attendit ensuite une réponse de l'un de ses interlocuteurs.

Les deux autres lui signifièrent leur approuvement et partirent chacun se poster à un coin de la colline surplombant la plaine en contrebas.

Bientôt, le soleil disparut derrière les Monts Brumeux et la lune prit sa place, faisant danser les ombres sur Amon Sûl. Un vent se leva, venant de l'est, et cela perturba l'archer. L'air songeur, il dit dans un murmure :

"Ce vent ne m'est pas familier. Craignons-le ! Mes flèches ne seront plus aussi précises et mes yeux ne verront plus aussi bien."

Plus loin dans la plaine, des formes emèrgèrent de la brume. Il semblait qu'il y en avaient plus de quinze, tout au moins. Le vent et cette vision les fit tous frissonner, sans exception. Les formes en contrebas s'arrêtèrent un moment, pour dialoguer leur sembla-t-il, et se remirent en marche. D'en haut, ils comprirent que les brigands allaient les encercler.
Une corde d'arc claqua, et une flèche siffla près des oreilles de Tarkandil. L'archer le regarde et fronça les sourcils, ne sachant pas s'il avait touché quelqu'un.. La nuit allait être longue.

Tarkandil, surpris par le tir, riposta en décochant une nouvelle flèche en direction des formes en contrebas. Cette fois-ci, il visa juste et abattit l'un des brigands. Cela eut pour effet d'enrager les autres, mettant les trois Elfes encore plus en danger.

"Ce n'est pas ainsi qu'Iluvatar voulait que soient le peuple des Humains lorsqu'il l'a créé. Nous devons punir ces brigands pour leurs actions indignes de leur créateur." déclara Tarkandil, encochant à nouveau une flèche à son arc.

Le mercenaire jeta un bref regard à ses deux collègues avant de reporter son attention sur les brigands qui les assaillaient. Tarkandil décocha sa flèche, qui manqua de peu sa cible. Dépité, l'Elfe recula de quelques pas et attrapa une autre flèche dans son carquois.

"Cela me semble plus difficile que je ne l'avais imaginé." commenta-t'il.

Il savait que la négociation ne leur serait d'aucune aide contre ces brigands et que la voix de la défense par les armes était à privilégier. Tarkandil fut alors déstabilisé par une flèche qui le frôla. Il se rattrapa à temps pour ne pas tomber mais lâcha son arc.

Après s'être stabilisé, l'Elfe chercha son arc des yeux et ne tarda pas à le retrouver, non loin de lui. Il se pencha pour le ramasser et récupéra en même temps sa flèche.

Il se redressa ensuite et visa un brigand, qu'il blessa à l'épaule gauche.

Soudain, alors que la nuit était bien avancée, des cris de rage confirmèrent la venue de brigands dans leur dos. Se retournant tous les trois dans le même mouvement, ils virent cinq hommes, assez gros et barbus, se jeter sur eux.

L'elfe sombre avait déjà son épée en main, et l'archer dégaina sa lame à une vitesse ahurissante. Le premier para une attaque du chef de troupe et répliqua bien plus vite. L'homme était déjà mort avant de s'en rendre compte. Le second qui enjamba le mort ne resta pas debout plus longtemps, et chuta sur le sol d'Amon Sûl, souillant la colline de son sang. Ses mains étaient toujours crispées au manche de sa hache.

Chacun des trois hommes survivants engagea un elfe au corps à corps. Tarkandil dût faire face à la furie d'un grand roux hagard équipé d'une épée à deux mains.
D'un coup d'oeil, il put voir ses deux compagnons prendre le dessus sur leur opposant. Les elfes combattaient avec une grâce et une finesse hors norme. Leurs mouvements n'étaient sacadés que par leurs parades, sinon ils étaient fluides et chacun de leurs coups touchait les guerriers humains nettement inférieurs au combat martial.

Déjà, le matin approchait.

Tout comme ses deux collègues, Tarkandil avait tiré sa dague de son fourreau à une vitesse bien trop rapide pour que son assaillant n'ait le temps de réagir. Le combat qui s'ensuivit fut hargneux : d'un côté le brigand Humain qui devait réussir à manier sa grande et lourde épée, de l'autre le mercenaire Elfe qui empoignait sa fine dague pour toucher son adversaire.

"Désolé de te le dire, l'ami, mais tu ne fais pas le poids contre moi, du moins au sens figuré !!" ironisa Tarkandil, pour déstabiliser le brigand.

Celui-ci sembla chercher une réplique pendant un instant, ce qui laissa l'occasion à l'Elfe de lui planter sa dague dans la poitrine. D'un geste instinctif, le brigand asséna un violent coup de poing dans la figure de Tarkandil. Ce dernier vacilla tandis que son adversaire s'écroulait, mort.

Légèrement sonné, Tarkandil se massa la mâchoire en observant le cadavre de l'Humain.

"Tant de violence ... à quoi bon ? Enfin, je ne crois pas que tu sois en état de répondre ..." commenta le mercenaire.

Il se tourna ensuite vers ses deux collègues, qui ne semblaient pas avoir de problème pour maîtriser leurs adversaires respectifs.

"Nous devrions nous remettre en marche assez rapidement, nous n'avons que trop traîné ici, qu'en pensez-vous ?" demanda Tarkandil.

Lorsque le crâne du dernier brigand eclata en même temps que son casque, le combat fut terminé. Rassemblant à la hâte leurs affaires respectives, ils descendirent la pente d'Amon sûl.

L'archer s'avança jusqu'aux cadavres en contrebas, de ceux qu'il avait abbatu depuis la colline.

"Tu permets que je récupère ceci ? Merci .."fit-il en arrachant ses flèches des corps sans vie des humains.

Le voyage reprit alors, et ne changea pas de sa première partie où le silence règnait entre les compagnons. La dernière partie de leur périple fut vite avalée, et ils ne tardèrent pas à traverser la Comté. Les petites gens appelées Hobbits ne remarquèrent pas leur passage, pourtant les elfes en virent un grand nombre à labourer les champs et se ballader dans les bois.
Très vite, ils traversèrent la Comté et arrivèrent en vue des hautes tours de Mithlond ..

( Je t'invite à présent à continuer aux Havres )

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