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 Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier...

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier... EmptyJeu 24 Jan 2013 - 14:14

Des étoiles dansant. Une multitude de petits points lumineux cachant la vue, mais n'atténuant pas la douleur. Une douleur cuisante, et superficielle pour le moment. Une douleur pénétrant la cuirasse de la chair, des muscles et des os pour frapper les nerfs dans un premier temps, l'âme dans un second. Une douleur martelée, assenée, répétitive et destructrice, vouée à briser toute forme de résistance, à annihiler toute une existence pour ressortir des décombres une réponse, un indice, une seule information. La torture.

Rokh tomba à genoux. Ce simple geste aurait dû lui causer une grande honte, et le forcer à se redresser pour affronter vaillamment ses adversaires, mais ils le passaient à tabac depuis une bonne heure, et il n'avait plus la force de leur résister. Ses mains attachées ensemble dans son dos l'empêchaient de se protéger de quelque façon que ce fût. Il ne pouvait que rentrer la tête quand pleuvaient les coups de poing sur ses tempes, et serrer les dents pour endurer les chocs à sa poitrine et à son estomac. Encore conscient malgré le traitement terrible qu'on lui infligeait, le guerrier était secoué de tremblements nerveux qui lui agitaient le corps de manière involontaire. Il respirait bruyamment, cherchant avidement l'air que les crochets chassaient régulièrement de ses poumons. Tel un spectre, il regardait devant lui, sans voir les deux geôliers qui se défoulaient copieusement sur lui. Ses yeux étaient dans le lointain, et il était à deux doigts de l'inconscience, prêt à plonger dans ce sommeil réparateur qui le mettrait à l'abri de la douleur pour un temps.

Un seau d'eau froide lui arriva dessus, et il rugit de douleur, cherchant à se redresser. Un coup dans la mâchoire l'envoya à terre, où il resta étendu. L'eau qui gouttait sur lui était glaciale. Probablement de la neige fondue que les deux types avaient ramassé impitoyablement pour la jeter une fois liquide sur son corps blessé et meurtri. L'eau chassa un peu le sang qui s'écoulait de ses nombreuses blessures, reçues durant l'affrontement contre le Maréchal, ce qui révéla au grand jour les marques affreuses laissées par les poings de ses adversaires. On voyait distinctement la trace des phalanges, et en certains endroits, on peinait à distinguer combien de fois ils avaient frappé tant les traces étaient nombreuses. Rokh profita de ces quelques secondes étendues par terre pour rassembler ses forces. Il avait la tête sur le point d'exploser, et une douleur sourde dans son ventre lui donnait l'impression qu'il allait voir son estomac se déchirer. Mais rien qui pouvait le faire sombrer dans l'inconscience !

Les deux gardes le soulevèrent par les bras, et le remirent sur ses pieds. Chancelant, il s'effondra sitôt laissé debout, glanant quelques instants de répit, le temps d'inspirer à nouveau. Un des deux hommes le soutint, tandis que l'autre faisait jouer ses immenses épaules sous son armure abîmée. Il semblait prendre un plaisir sadique à infliger des souffrances, et si Rokh en avait eu l'énergie, il lui aurait craché quelques insultes bien senties. Mais pour l'heure, il devait focaliser toutes ses forces sur une seule pensée : tenir. Le rohirrim renifla, et lança :

- Alors, espèce d'assassin...je vais te le redemander...dis-nous ce que tu foutais sur nos terres, et pourquoi tu es venu d'aussi loin pour tuer nos frères. Dis-le où tu vas prendre une autre rouste !

Le rhûnien exténué trouva encore la force de lever la tête, et de dévisager le soldat qui lui parlait. Il ne le voyait pas en détail, mais il devinait sa présence. Il laissa un sourire fleurir sur ses lèvres : un sourire narquois et plein de suffisance qui allait très probablement lui attirer des ennuis. Mais il était un soldat, et il ne trahirait pas sa patrie, quelles qu'en fussent les conséquences. Le coup de poing le cueillit en plein abdomen, et il crut qu'il avait été coupé en deux. Ce bougre savait cogner, par Melkor ! Rokh tomba à la renverse, lâché par son soutien, et il essaya de retrouver son souffle. Les bras dans le dos, le corps meurtri, il avait l'impression qu'il n'allait jamais parvenir à respirer à nouveau. Il l'espérait, dans un sens. Mais malheureusement, il ne parvenait pas à dominer son corps, à lui ordonner de s'arrêter. Celui-ci semblait décidé à le maintenir en vie par tous les moyens. Quelle cruauté !

Les deux rohirrim s'approchèrent de lui à nouveau, prêts à le corriger sévèrement. Ils avaient arrêté de rire depuis un moment, c'était bon signe. Au début, ils étaient arrivés goguenards, en se disant qu'ils allaient pouvoir le faire parler rapidement, tout en lui donnant quelques beignes au passage. Mais s'ils avaient cogné tout leur saoul au point d'en avoir mal aux mains, il n'avait toujours pas desserré les mâchoires. Et lorsqu'un son indiqua qu'une porte venait de s'ouvrir, non loin derrière eux, ils semblèrent se décomposer littéralement. Ils avaient échoué à extirper des informations au prisonnier, et c'était désormais leur chef qui venait leur réclamer des comptes. Rokh sourit. Peut-être avait-il résisté mieux qu'il ne l'espérait. Peut-être allaient-ils enfin l'achever...

Mais ses espoirs devaient être déçus. Deux silhouettes firent leur apparition dans la pénombre, loin de la torche qui brûlait à l'entrée de la cellule, et qui éclairait la scène violente qui s'était déroulée. Des voix s'élevèrent doucement, mais Rokh était tellement abasourdi qu'il n'y prêta guère attention. Il se focalisait sur sa respiration lente et sifflante, sur son souffle irrégulier, et sur les tremblements de son corps meurtri. Inspirer vite, bloquer, expirer longuement. Voilà quel était son rythme pour ralentir son rythme cardiaque, et essayer de retrouver ses esprits. Cela fonctionnait dans une certaine mesure. Le temps n'avait plus guère d'emprise sur lui, et ses pensées étaient circonscrites à sa seule personne. Son environnement avait disparu dans les ténèbres. Il errait entre deux mondes, cherchant à s'échapper de ses contraintes physiques pour rejoindre enfin ses ancêtres qui, nul doute, lui reprocheraient de ne pas avoir accompli sa mission qui était de tuer le Maréchal Mortensen.

Le cavalier sombre regagna la réalité en entendant une voix lui parler. Il leva la tête péniblement, comme si celle-ci n'était plus solidement fixée à son cou, comme si elle menaçait de tomber à chaque instant. Il n'avait pas compris ce qu'on lui avait dit, aussi ne répondit-il pas, mais il posa les yeux sur les deux personnes qui se présentaient désormais à lui. Deux jeunes novices. Deux occidentaux. Deux nouveaux bourreaux ? Les premiers avaient disparu. Probablement congédiés pour leur incapacité à obtenir des réponses. Cela signifiait-il que ces deux blancs-becs avaient de quoi le faire souffrir encore davantage ? Rokh sourit pour lui-même. Son regard était flou.

- Répondez à la question, soldat.

Le Rhûnien toussa, ce qui projeta des gouttelettes de sang par terre. Ainsi, il s'était coupé à l'intérieur de la bouche en recevant un mauvais coup. C'était cela qui le gênait depuis si longtemps. Il déglutit, et lança :

- Quelle question ?

Sa voix lasse était éraillée. Il était clair qu'il n'avait pas eu le droit de boire depuis son arrivée. Il cligna plusieurs fois des yeux, tout en cherchant une position plus confortable pour s'installer. Visiblement, ils ne cherchaient pas à le briser davantage. Ils essayaient de le convaincre par la parole. Son esprit était épuisé, et il savait que ce serait peut-être aussi difficile que de supporter les assauts de ses tortionnaires. Mais s'il ne répondait pas, s'il ne jouait pas le jeu, ils allaient continuer à le maltraiter indéfiniment. Un des deux prit la parole. Il ne pouvait même pas savoir lequel c'était, tant il avait mal au crâne :

- Je vous demandais qui vous étiez, et ce que vous faisiez là. Répondez.

Rokh ferma les yeux. Il savait que ce n'était qu'une pure formalité, destinée à mesure s'il était coopératif ou non. Son nom, peut-être le Maréchal le leur avait-il appris, ou peut-être que non. Comment savoir ? Considérant qu'il n'avait pas à en avoir honte, il parla :

- Je suis Rokh. Lieutenant. Envoyé ici pour prendre cette cité, combattre et tuer tous ceux qui la défendraient.

Il n'était pas du genre à faire dans la dentelle, et il s'était montré très franc avec ses interlocuteurs. Oui il était leur ennemi, mais il n'allait pas leur mentir en leur disant qu'il avait une autre mission, qu'il devait simplement faire diversion ou quelque autre excuse ridicule. Non. Il était un guerrier, avec une mission. Tuer tout sur son passage pour faciliter la victoire de feu le Roi du Rohan, c'était la seule chose qu'on lui avait demandée, et qu'il avait faite avec un certain brio. Pendant qu'il réfléchissait, les deux jeunes échangèrent quelques mots. Un plan d'attaque ? Des interrogations par rapport à ce qu'il venait de leur dire ? Peu importait.

- D'où venez-vous ? Qui vous a envoyé ici ? Qui étaient ces hommes en blanc et noir, aux côtés de Hogorwen ?

Le Rhûnien sentait cruellement la morsure des cordes sur ses poignets, et ses épaules tirées dans une direction anormale lui faisaient atrocement mal. Rien que cela l'empêchait de réfléchir convenablement. Il prit son temps pour analyser leurs paroles, mais ils le pressaient régulièrement, le bousculant tandis qu'il essayait de formuler quelque chose qui ne trahirait pas ses engagements. Il tarda trop, et l'un des jeunes vint lui attraper le col pour le secouer vivement. Il entendit qu'on lui criait dessus, mais ce remue-ménage ne l'aidait pas à se fixer. Tout semblait tourner autour de lui, et lorsqu'on le lâcha, il retomba à genoux :

- Je ne peux rien vous dire...Rien...

Il sentit de la colère en face de lui, mais il s'en fichait désormais. S'ils voulaient le battre à nouveau, ils pouvaient essayer. Il résisterait jusqu'à la mort qu'il appelait de ses vœux. Mais ils durent comprendre qu'il était prêt à aller jusqu'au bout, et qu'il ne craignait pas pour sa vie. Ils changèrent alors de tactique, rusés qu'ils étaient :

- Je comprends. Vous êtes lié par votre serment. Je sais ce que c'est. Mais pensez que la guerre est finie. Hogorwen est mort. Nous souhaiterions simplement savoir quels sont les valeureux adversaires que nous avons combattu. Les vôtres sont soit morts soit en fuite. Vous n'avez pas à les protéger...

Les paroles de celui qui parlait, qui qu'il fût, étaient suaves et s'insinuaient dans l'esprit du rhûnien contre sa volonté. Il avait beau lutter de toutes ses forces, il sentait qu'il était en train de se laisser convaincre malgré lui. Cependant, lorsque les derniers mots du jeune homme lui parvinrent, il ne put s'empêcher d'éclater de rire. Un rire sauvage, rendu fou par le sang qui tachait ses dents, par ses yeux presque vides, et par son allure débraillée. On aurait dit un spectre désarticulé qui se tordait d'un rire macabre. En cet instant, il était véritablement effrayant. Il prononça quelques mots dans sa langue natale que les deux jeunes ne comprirent pas, comme s'il se parlait à lui-même...Ou comme s'il parlait à quelqu'un. Un mot lui échappa cependant : "Melkor". Il avait pris l'habitude de jurer par Melkor, le dieu que les prêtres avaient imposé à son pays. Il ne voyait pas cela comme un quelconque indice. Après avoir retrouvé un semblant de calme, il se mit à tousser bruyamment, pour finalement lancer :

- Vous ne savez pas de quoi vous parlez, occidentaux ! Vous ignorez tout ! La guerre n'est pas terminée, non. Votre misérable cité a tenu car Horogowen était un incapable, et qu'il a trouvé à se faire tuer quand la victoire était sienne ! Ha ! Mais la guerre continue, et vous n'imaginez pas à quel point nous progressons ! Eodoras demeure sous contrôle, Palergir est tombée ! Le Gondor est à genou, prêt à s'effondrer sans même s'en rendre compte. Les elfes - que Melkor les brûle ! - subiront le même sort. Ha ! Votre pathétique victoire...celle que vous a offert l'incompétence des hommes du Rohan...elle ne vaut rien.

Il s'interrompit, le souffle court, tandis que ses interlocuteurs demeuraient silencieux, probablement plongés dans leurs pensées. Rokh était content d'avoir ébranlé ainsi leurs certitudes. Oui, il accepterait la sentence létale qu'ils allaient lui infliger. Il ne s'en plaindrait d'ailleurs pas. Mais il était heureux car il avait brisé l'espoir en eux. Vaincre l'Ordre...impossible. Pas avec les forces dont ils disposaient. Quelques centaines de péquenauds dépenaillés ne faisaient pas une armée. Et leur courage à défendre leurs murs friables était aussi vide de sens que les cris d'une mésange que l'on vient chasser de son nid. Bruyant, intrigant, mais inutile ! Il sourit à nouveau, malgré la douleur qui le tenaillait. Il pensait que l'interrogatoire était fini, mais un des deux lança, l'inquiétude perçant dans sa voix :

- Comment ça "Edoras demeure sous contrôle" ? Nous avons vaincu Hogorwen. Edoras se ralliera à nous !

Le sourire de Rokh s'élargit perceptiblement, en sentant la colère poindre sous le masque de l'indifférence. Il avait donc réussi à en faire craquer un, au moins. Il répondit d'une voix fatiguée :

- Je ne répondrai à cette question qu'à deux conditions...donnez-moi une épée, et appelez faites venir le Maréchal...

Un rire sinistre s'éleva du fond de sa gorge, tandis que les deux jeunes réfléchissaient à sa proposition. Mais avaient-ils réellement le choix ?


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Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier... EmptyJeu 31 Jan 2013 - 2:57
Les tâches étaient nombreuses après la bataille : enterrer les morts, soigner les blessés, réparer les dégâts, s’occuper des prisonniers, compter les pertes…Pour l’instant, personne n’avait le temps de s’occuper des affaires de succession et de trône. Les rebelles avaient gagné la guerre, et cela devait suffire pour l’instant, bien que la route jusqu’au Château d’Or était encore longue.


Eradan et Orwen passaient beaucoup de temps ensemble, travaillant malgré les blessures et la fatigue. Ces deux jeunes héros charismatiques étaient respectés et admirés par les troupes, car ils avaient combattu aux côtés des simples soldats, et se vouaient à présent aux mêmes besognes qu'eux. Nombreux étaient ceux qui s'imaginaient Orwen Hogorwenson sur le trône, le jeune rohirrim qui avait affronté son père pour défendre sa patrie...on le surnommait le Mearas d'Ebène, pour sa chevelure et ses yeux noirs. D'autres parlaient de Gallen Mortensen ou d'Eoseld, mais le nom du jeune Fendor se faisait entendre bien plus rarement...le Rohan avait besoin d'un homme fort pour diriger le pays en ces temps difficiles, et ce jeune garçon n'avait même pas participé à la bataille...







***



Pendant les rares moments de répit, les deux jeunes guerriers discutaient longuement des évènements au Rohan et en Terre du Milieu, et ils s'aperçurent rapidement que chaque réponse donnait naissance à des nouvelles questions...Il y avait un homme qui serait peut être capable de leur en dire plus. Un guerrier vêtu de blanc et de noir, détenu dans les geôles d'Aldburg.


Le spectacle qui s'offrit à leurs yeux lorsqu'ils pénétrèrent dans la cellule faiblement éclairée était fort désagréable. Le prisonnier était en piteux état, et le sol était recouvert de sang et d'eau. Orwen ordonna aux deux geôliers de sortir, ce qu'ils firent sans protester. Dans d'autres circonstances, le Rohirrim et le Gondorien auraient peut être eu pitié de ce guerrier torturé, mais pas aujourd'hui...il était venu sur ces terres pour semer la mort et la destruction, et cela méritait une punition.

-Qui êtes vous, et que faites vous au Rohan?

Rokh semblait ne pas entendre la question du prince...la voix d'Eradan était plus autoritaire et puissante, lorsqu'il dit:

- Répondez à la question, soldat.

La réponse du prisonnier était énigmatique...et pourtant il avait un rang militaire, et ce n'était clairement pas dans l'armée de Hogorwen. Les deux hommes échangèrent quelques remarques en baissant leurs voix...ils devaient en savoir plus.

- D'où venez-vous ? Qui vous a envoyé ici ? Qui étaient ces hommes en blanc et noir, aux côtés de Hogorwen ?

Le jeune Gondorien secoua le Rhûnien avec force, mais sans cruauté. Il avait besoin de réponses, et ne comptait pas laisser le prisonnier trouver refuge dans l'inconscience. Mais la volonté de Rokh semblait aussi solide que l'acier de son armure...Eradan lança un regard exaspéré à son ami. Ils n'allaient rien accomplir ici... mais le prince décida de tenter une autre approche.

- Je comprends. Vous êtes lié par votre serment. Je sais ce que c'est. Mais pensez que la guerre est finie. Hogorwen est mort. Nous souhaiterions simplement savoir quels sont les valeureux adversaires que nous avons combattu. Les vôtres sont soit morts soit en fuite. Vous n'avez pas à les protéger...

Le résultat fut inattendu. Et terrifiant. Le rire du guerrier et son monologue étaient trop réels...soit le Rhûnien était fou, soit il disait vrai...

-Comment ça "Edoras demeure sous contrôle" ? Nous avons vaincu Hogorwen. Edoras se ralliera à nous !

La colère et l'inquiétude se firent entendre dans la voix d'Orwen...il ne pouvait, ne voulait pas croire que son sacrifice, et celui de son peuple, lors de la bataille d'Aldburg n'était qu'un élément d'un tableau plus grand...Ils devaient en savoir plus. Eradan posa une main sur l'épaule du prince, son regard était sérieux.

-Orwen...tu connais bien le maréchal...nous devrions le faire venir ici. Qu'il accepte ou non la demande de ce chien furieux, il devrait entendre tout ceci. Si ce que le prisonnier dit est vrai, alors nous sommes encore en guerre, mon ami. Et nous devons agir vite.

Orwen s'apprêta à répondre, mais il eut la peine le temps d'ouvrir sa bouche, lorsque le bruit des pas retentit dans l'escalier menant vers la cellule. Les deux jeunes guerriers se tournèrent vers l'entrée, Eradan gardant tout de même un oeil méfiant sur le prisonnier. La silhouette de l'homme qui apparut était facilement reconnaissable...il s'agissait bien et bel de Gallen Mortensen, seigneur d'Aldburg. Cependant le prince, qui connaissait assez bien le maréchal, remarqua la douleur qui s'affichait dans son regard, et la colère qui bouillonnait sous le masque de son visage...

#Eradan #Orwen


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Gallen Mortensen
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Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier... EmptyDim 3 Fév 2013 - 18:12
Gallen s'arrêta trois fois dans l'étroit escalier qui menait à la geôle de son coriace adversaire de la récente bataille. Arrivé en bas, le maréchal respira profondément, la douleur était forte , très forte. mais plus douloureuse encore était sa conscience qui le taraudait: la mort de Lion opulent, l'empoisonnement de Farma, sa fureur incontrôlée contre Rihils et en dernier lieu il était une marionnette dans les mains de ce Swann.

Il posa sa main droite contre le mur frais du couloir, sa respiration était saccadée, ses cotes en avaient pris un coup. Mais il se redressa , il devait paraitre fort pour son prochain échange.......
Gallen fit ouvrir les portes et il découvrit un spectacle qui lui déplut au plus haut point. La silhouette du Champion du Rohan se découpait dans l'embrasure de la porte. Il avança d'un pas. Eradan et Orwen découvrirent le visage émacié du Maréchal blanc de colère , des cernes étaient apparues sous ses yeux bleus cobalt néanmoins toujours perçants

Pauvres fous mais que faites vous?

Mortensen comprit : les deux hommes torturaient ce Rokh pour obtenir des informations. Les deux jeunes nobliaux avaient compris qu'ils n'y avait un problème.

Gallen s'avança vers Rokh et sa voix de stentor claqua

"Debout Rokh. Soldat je viens te proposer un marché. Je sais que tu suis les règles ancestrales du duel. Elles t'imposent que tu te donnes la mort En occident un ennemi battu peut garder son honneur. Voilà ce que je te propose, je dois partir sous peu du Rohan. mon épouse Farma sera en danger . Si tu t'engages à la protéger pendant mon absence je te promets un duel en bonne et due forme. Si tu refuses , je te tue sur le champ comme un chien. Je te laisse cinq minutes de réflexion"


Puis Gallen s'écarte invitant de la main les deux jeunes hommes de le suivre

"Orwen , Eradan vous avez compris, en coulisse un ordre nommé l'ordre de la couronne de fer agit en coulisse, ils sont partout. Ils ont omnipotents . Orwen , le Rohan est perdu même avec la mort de votre père, je ne peux pa garantir votre sécurité. Prenez deux de mes éoreds et quittez cette nuit Aldburg . Si je reviens , je vous aiderai. Eradan si vous voulez combattre cet ordre , accompagnez le Comte Erco Skaline d'Esgaroth, il s'apprête à attaquer l'ordre, c'est notre dernière chance de les abattre !!"

Suite aux réponses des deux jeunes hommes , le maréchal se rapproche de Rokh et lui demande

"Ta décision soldat?"

#Gallen #Mortensen


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Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier... EmptyJeu 7 Fév 2013 - 2:09
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Rokh cligna des yeux avec un luxe de précaution, mais les points lumineux continuaient à danser devant ses yeux, comme une kyrielle de petits papillons lumineux qui se seraient pris à voler à l'intérieur de sa cellule, pour le distraire une dernière fois avant qu'il ne fût promptement occis par les deux jeunes occidentaux qui se tenaient au-dessus de lui, bourreaux étranges sur des terres qui l'étaient tout autant. Le guerrier se dit qu'il était tout de même triste de finir tué par des ennemis novices. Lui, Lieutenant des Cataphractes de Rhûn et très sûrement meilleur combattant de son unité, nommé meilleur épéiste de la Milice d'Albyor durant ses années de service là-bas, invaincu dans tous les duels qu'il a livré à Blankânimad, offert à la mort par un couple de gosses qui devaient à peine avoir la force de tenir une arme entre leurs doigts fragiles.

Sa fierté ne lui permettait pas d'accepter une telle fin, mais le traitement que lui avaient infligé les deux brutes ne lui donnait pas la possibilité de choisir son sort. Et pourtant...il était persuadé que s'il avait tenu une arme entre ses mains, et qu'il avait combattu pour obtenir sa liberté, il aurait réussi à la gagner. Lui, Lieutenant des Cataphractes de Rhûn et...et cela n'avait plus d'importance. Ici, ils ne le considéraient pas comme un combattant de valeur à qui on devait accorder les honneurs. Non, ils l'avaient traité comme un animal ! Ils avaient refusé de lui donner le droit de choisir sa mort, et ils ne souhaitaient même pas le réduire en esclavage. Ils avaient gagné la bataille, mais ils ne semblaient pas vouloir profiter des trophées. Qui étaient ces gens qui se croyaient tellement au-dessus des autres qu'ils pouvaient traiter leurs adversaires avec tant de mépris ? Pour qui se prenaient-ils pour humilier ainsi leurs adversaires ? Etaient-ils cruels et sadiques au point d'aimer les voir réduits à l'état de loques ? Se satisfaisaient-ils d'ôter la vie uniquement à un être qu'ils avaient au préalable brisé ? Rokh toussa, et le goût de sang envahit à nouveau sa bouche. Il cracha de côté, et une douleur sourde à la poitrine se réveilla. Elle le força à fermer les yeux, et il serra les dents pour ne laisser échapper aucun son. Rien qui put leur permettre de se dire que, d'une manière ou d'une autre, ils avaient ouvert une faille dans sa cuirasse.

Rokh se sentait épuisé, et il aurait souhaité pouvoir s'allonger afin de récupérer un peu. Mais les deux jeunes ne semblaient pas encore décidés à le laisser panser ses plaies, comme un animal blessé qui se réfugie dans sa tanière, à l'abri des regards. Ils continuaient à le fixer intensément, discutant à voix basse. Le Rhûnien ferma les yeux, et essaya de se calmer. Peut-être qu'en procédant ainsi, le sommeil parviendrait à le gagner. Et avec un peu de chance, il ne se réveillerait pas, et ces dresseurs de chevaux n'auraient pas le plaisir de le voir brisé entre leurs mains. Mais sur quelle pensée se concentrer lorsque l'on voulait mourir ? Il essaya de faire le bilan de sa vie, de toutes ses expériences, mais au final, ce n'était pas très compliqué. Tout ce qu'il avait toujours fait, tous ses rêves, tous ses espoirs, toutes ses déceptions et toutes ses peines étaient liées à la guerre, à l'armée, au combat en général. Le feu de la torche crépitait agréablement, et il l'entendait avec une précision saisissante, tout comme il ressentait autour de lui la présence de la pierre qui semblait vibrer d'une sorte d'énergie. Avec une facilité déconcertante, il plongea dans ses souvenirs, comme on plonge la tête dans l'eau.

Il se souvint de son retour à Blankânimad, après avoir passé trois longues années à la Milice. Il avait cruellement souffert de l'ennui et de victoires trop faciles alors qu'il se trouvait à Albyor, où tous les cent jours ils devaient s'occuper d'un esclave décharné à peine capable de tenir sur ses jambes. Il avait travaillé en y mettant toute la mauvaise volonté du monde, s'attirant les foudres de ses supérieurs. Et pourtant, même ainsi, il demeurait le meilleur parmi tous ceux qui l'entouraient. Après avoir été renvoyé pour un énième manquement à la discipline - une triste histoire où il avait envoyé à l'infirmerie quatre de ses collègues qui l'avaient cherché en disant qu'il avait été envoyé à la milice parce que les Cataphractes ne le trouvaient pas assez bon -, il avait décidé de rentrer à la capitale, et de s'y faire une réputation à la pointe de son épée. Il revoyait encore son premier duel, contre un type qui croyait certainement que vivre à la capitale faisait de lui un être supérieur à ceux qui n'en étaient pas originaires. La foule des curieux était nombreuse, et comme les deux combattants s'étaient entendus sur les termes du duel, il y avait même des soldats qui s'assuraient que celui-ci fût réglé dans les meilleures conditions. En tendant l'oreille, le Rhûnien entendait encore les acclamations de la foule, lorsqu'il avait expédié son adversaire. Sans le tuer, bien entendu, mais en le blessant si durement qu'il ne devait plus faire le fier, désormais. Il les entendait encore scander son nom, à sa cinquième victoire clandestine. Il avait même trouvé un endroit parfait pour combattre, une rue où tout le monde savait qu'il réglait ses comptes avec quiconque en avait envie. Les paris allaient bon train, et il aurait pu se faire payer pour ça. Mais ce qui l'intéressait, avant tout, c'était la victoire. Gagner, gagner, toujours gagner ! Prouver qu'il était le meilleur. Ecraser le visage de ses ennemis sous ses bottes, sentir la lame de son épée grincer contre leurs côtes.

On lui payait des verres dans les auberges, on l'invitait à dormir, on l'invitait à danser. Il était devenu un héros populaire pour les gens de ce quartier mal famé où les plus démunis trouvaient dans le spectacle qu'il offrait une satisfaction toute nouvelle. Il était si bon qu'il aurait pu aller défier les champions du royaume, les meilleurs guerriers du pays. Peut-être était-il de la trempe de Rostam, le plus célèbre général qui ait jamais servi ? Peut-être qu'il était meilleur que lui ? Il le croyait sincèrement, mais il ne s'estimait pas encore prêt. Il devait d'abord acquérir une réputation suffisante, écraser tous ses adversaires, du plus faible des mendiants de cette ville au plus gros loubard qui essaierait de le défier. Quand son heure serait venue, Rostam en personne serait descendu sur la place qu'il occupait, et l'aurait supplié de lui accorder un duel. Oui. Mais ce jour n'était jamais venu. Il ne viendrait jamais.

Le combattant du Rhûn leva la tête péniblement, en entendant autour de lui une voix qui lui paraissait étrangement familière. Une voix qu'il n'avait pourtant entendue qu'une seule fois, et qu'il lui aurait été normalement bien difficile de différencier d'une autre. Et pourtant, il l'appelait de ses vœux depuis plus d'une heure maintenant. Il posa ses yeux injectés de sang sur la silhouette, fière bien que blessée, du Maréchal victorieux. Celui-ci, dégageant une aura de charisme rare, paraissait pourtant bien sombre en cette heure où il aurait dû célébrer sa victoire. C'était quelque chose que Rokh ne comprendrait jamais. Il avait gagné, et il semblait en plus mauvais état que son prisonnier. Illogique. Le Champion du Rohan s'avança, claudiquant quelque peu malgré qu'il tentât de le cacher. Pourtant, le guerrier du Rhûn qui était à l'origine de cette blessure avait remarqué ce détail, cherchant à voir si, malgré sa non-victoire, il avait réussi à faire souffrir son opposant. C'était de toute évidence le cas. Ils se regardèrent, l'un debout, l'autre à genoux, comme deux combattants se respectant l'un l'autre. Malgré son aversion pour les hommes de l'Ouest, Rokh devait reconnaître qu'il avait face à lui un adversaire à sa hauteur, et il ne pouvait pas s'abaisser à se comporter comme un rustre. Pas en sa présence.

L'injonction du Maréchal électrisa le cavalier sombre. Oui. Cet homme savait parler à un soldat, lui ! Têtu comme une mule, Rokh avait refusé de coopérer jusqu'à présent, mais lorsqu'on lui parlait dans un langage qu'il comprenait, il n'était plus enclin à faire le difficile. Malgré la douleur qui tiraillait tous ses muscles, malgré son importante perte de sang, et malgré les liens qui l'entravaient, il se débrouilla pour se remettre debout. Le torse bombé, le menton levé, comme un homme rendant hommage à un égal. Sa mise sale et souillée de vermeil ne suffisait pas à altérer la noblesse de sa tenue, et s'il devait mourir en cet instant de la main du Maréchal, il partirait sans honte. Il n'avait pas faibli.

Mais le Champion n'était vraisemblablement pas là pour lui proposer de choisir comment mourir. Non. Au contraire, il semblait là pour lui offrir une alternative à la mort. Rokh n'avait même pas envisagé cette possibilité, car il n'avait pas désiré négocier sa vie. Seuls les lâches suppliaient qu'on les épargnât, et il aurait préféré être décapité et jeté dans une fosse commune plutôt que de s'abaisser à implorer un ennemi. Mais ce que cet homme lui proposait ouvrait une voie nouvelle, et il se devait d'y réfléchir. Cinq minutes. Ce fut ce que lui accorda le Maréchal comme délai de réflexion, tandis qu'il allait parler aux deux novices. Lorsqu'il eut détourné les yeux, le cavalier sombre sembla se tasser sur lui-même. Il avait forcé pour paraître insensible à la douleur devant ce courageux adversaire, mais en réalité tenir sur ses deux jambes était déjà un effort considérable en soi, et il ne passerait plus longtemps pour un dur à cuire.

Il n'avait pas les idées claires, à cause des coups reçus, mais il essaya tout de même de se concentrer sur les termes de leur engagement. Ainsi donc, le Maréchal voulait lui confier la protection de sa femme tandis qu'il partait à l'étranger. C'était une demande extrêmement surprenante, probablement autant pour que Rhûnien que pour les deux occidentaux qui se trouvaient dans la pièce. Pourquoi un homme tel que lui confierait-il la vie de son épouse à un ennemi ? Parce qu'il honorait l'art du duel ? Oui, et alors ? N'y avait-il pas d'hommes de confiance au Rohan ? D'hommes sur qui il pouvait compter ? Etaient-ils tombés pendant la bataille ? Après tout, il y avait eu un grand nombre de victimes, et le sang du Rohan avait inondé la terre. Mais même pour l'esprit las de l'Oriental, cette demande cachait quelque chose de plus profond. Pourquoi était-il venu jusque dans cette geôle pour lui proposer cet accord ?

Rokh secoua la tête, ce qui lui causa une vive douleur. Il ne devait pas se préoccuper de cela pour l'heure. Le Maréchal avait très probablement d'excellentes raisons de procéder ainsi, et il ne devait pas faire ça de gaieté de cœur. Nul ne confierait un proche à un ennemi sans avoir auparavant épuisé toutes les possibilités. Mais quelle que fût sa détermination à trouver la bonne explication, le cavalier n'avait pas tous les éléments en main pour se faire une idée de la réalité. Il devait décider en son âme et conscience, et choisir quel sort serait le sien. D'un côté, la mort ne lui faisait pas peur, et il y était déjà préparé. Il l'attendait depuis longtemps désormais, et si le Maréchal lui tranchait la tête, il le libérerait de ses peines. Mais d'un autre côté, le Champion du Rohan lui avait proposé la seule chose qu'il ne pouvait pas refuser. L'or, les richesses, les titres, la célébrité...il aurait jeté tout cela aux orties pour qu'on lui tranchât prestement le cou. Mais la possibilité d'une revanche...La possibilité de prouver qu'il était le meilleur combattant... Cela, il ne pouvait pas s'empêcher de le désirer. En outre, un duel reporté avait des avantages sur un duel immédiat. Ils seraient tous deux remis de leurs blessures, et ils s'affronteraient dans la meilleure des formes, pour mieux se départager. Se battre maintenant n'aurait présenté que peu d'intérêt. Rokh sourit, tandis que le goût de la vie revenait peu à peu en lui. Oui. Il vivrait pour affronter et vaincre ce Maréchal. Il vivrait pour mieux le tuer par la suite, devant une foule rassemblée qui reconnaîtrait sa puissance. Il tuerait le Champion du Rohan, et il s'approcherait ainsi de son rêve : être reconnu comme le meilleur combattant de la Terre du Milieu.

Lorsque le Maréchal s'approcha à nouveau de lui, le Rhûnien se redonna une contenance en chassant la douleur de ses traits. Il voulut s'éclaircir la gorge, en vain, car il n'avait pas bu depuis fort longtemps. Malgré sa voix éraillée, il parla sans détour :

- J'accepte ta proposition, Maréchal, bien que j'ignore tes motivations.

Il plongea son regard dans celui de son interlocuteur, et il se heurta à un mur d'acier. Une détermination inflexible. Le regard d'un homme résolu. Néanmoins, il poursuivit, prêtant serment comme le lui avait appris son père :

- Moi, Rokh, fils de Hôma le Féroce, lui-même fils de Sênmurw le Glorieux, du clan Visuni loyal à la Reine, (il marqua une pause, à court de souffle) je m'engage à protéger ton épouse de tout ennemi et de tout danger. Je m'y engage sur mon honneur.

Il aurait voulu se frapper la poitrine pour marquer cela, mais ses mains liées l'en empêchaient. Il inspira profondément, et acheva :

- Quant à toi, Maréchal du Rohan, prête serment ici et maintenant. Promets-moi qu'à ton retour, nous nous affronterons dans les règles, afin de déterminer qui de nous est le meilleur. Et...Promets-moi que, où que tu ailles et quels que soient les dangers, tu reviendras en vie pour honorer ta parole. Promets-le !

Rokh avait haussé le ton, et cela lui coûta. Il n'était pas aussi fort qu'il voulait le laisser paraître, et il sentit ses jambes faiblir. Peut-être le Maréchal remarqua-t-il ses tremblements qu'il n'arrivait désormais plus à contrôler, et la fatigue qu'il ne parvenait plus à refouler derrière un masque d'impassibilité. Encore une fois, ce qui frappait chez lui, c'était sa jeunesse. A peine vingt-trois hivers qui contrastaient cruellement avec sa froideur et sa rage de guerrier qui le transfiguraient. Avec son casque, on aurait pu croire qu'il était un vétéran entraîné. Sans, il ressemblait davantage à une bête entraînée dès l'enfance pour tuer sans pitié. Le Rhûnien tourna la tête vers les deux jeunes hommes, qui lui semblaient habillés comme des princes. Peut-être l'un d'eux était-il le fameux fils du Roi tombé un peu plus tôt, que nombre d'hommes avaient évoqué avec un air étrange sur le visage ? Comment savoir ? Il leur parla sur un ton sec :

- Je vais vous dire ce que je sais. Malgré la défaite du Roi, il reste des gens qui tiennent le pouvoir. Je n'ai pas de détails à vous donner, sinon qu'il reste des...(il prononça quelques mots dans sa langue) des tigres dans le pâturage. Pas de nom. J'ai simplement entendu que c'est un pion qui est en place depuis longtemps.

Il leur en avait dit beaucoup. Il leur avait tout raconté, en réalité. Pourquoi ? Pourquoi trahir l'Ordre en cet instant précis ? Parce qu'il n'avait jamais épousé les convictions de l'OCF. C'étaient des hommes et des femmes qui avaient uni temporairement leurs forces, mais qui allaient tous vers leur propre objectif. Rokh ne s'était jamais menti lorsqu'il avait endossé leurs couleurs. A travers eux, il protégeait le Rhûn, et il combattait les Occidentaux. Cela lui convenait parfaitement. Son pays était peut-être trop pacifique pour l'heure, et en s'aidant de l'Ordre, il pouvait participer à une véritable guerre contre eux. Mais il avait toujours été fidèle à son pays, et c'était la raison pour laquelle il se présentait encore comme un Lieutenant, et non sous les grades que ces hommes leur imposaient. Des mots elfiques pour le qualifier ? Outre le fait qu'il n'arrivait pas à les prononcer, il n'aurait pas supporté d'être affublé ainsi d'un nom étrange. Non.

Alors qu'il laissait les deux jeunes réfléchir à ce qu'il venait de leur dire, il se sentit tout à coup vaciller. Il fut pris d'un violent vertige, et il tituba, avant de s'appuyer lourdement de l'épaule contre les barreaux de sa cellule. Il cligna des yeux, cherchant à chasser l'impression désagréable que tout tournait autour de lui. Il avait la nausée, et il éprouvait le besoin de s'allonger. Mais il ne pouvait s'y résoudre devant le Maréchal. D'autant que cet état de faiblesse le rendait déjà assez ridicule comme ça. Il ne souhaitait pas demander de l'aide à cet homme, ayant trop de fierté pour s'abaisser à cela, mais il déclara quand même :

- Je ne vous servirai à rien dans mon état, Maréchal. Vous en êtes conscient. Si vous tenez à me faire dormir ici...j'aurais besoin davantage de sommeil que de massages.

Il sourit pour lui-même, en repensant aux deux soldats qui n'avaient pas obtenu d'aveux de sa part. Toujours appuyé sur les barreaux, il se laissa aller à s'imaginer dans un bon lit douillet, où on soignerait ses blessures afin qu'il fût prêt au combat au retour du Maréchal. Ah...l'espoir... Il se demandait bien ce que le rohirrim allait répondre à ça.


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Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier... EmptyMar 12 Fév 2013 - 0:14
Pauvres fous mais que faites vous?

Les deux jeunes hommes se sentirent insultés par les mots et le ton du maréchal, qui les réprimanda tels des enfants. Il ne savait pas que la plupart des blessures du guerrier de Rhûn avaient été infligées par des geôliers et non par le Gondorien et le Rohirrim.

Ils n’eurent cependant pas le temps de réagir, car le seigneur d’Aldburg s’adressa au prisonnier. Il l’avait choisi comme le défenseur de Dame Farma ? Lui, un tueur ? Un ennemi ? Un étranger venu semer la mort sur les plaines du Rohan ?! Les deux jeunes hommes ne pouvaient pas comprendre la décision du maréchal…

Gallen les mena dans un coin de la cellule…ils eurent à peine le temps de digérer les informations sur l’Ordre de la Couronne de Fer, avant que le maréchal ne dévoile une vérité terrible à Orwen. Les yeux grands ouverts, le regard choqué du jeune prince rencontra celui du seigneur d’Aldburg…Le Rohan perdu…Alors, tout cela n’avait servi à rien ? Les victimes de la bataille ? Le combat désespéré dans la tempête de neige ? La mort de son père ?! Si un autre homme avait insinué cela, Orwen l’aurait attrapé par la gorge et plaqué contre le mur…mais il devait tout au maréchal Mortensen…et lorsque leurs regards se croisèrent, il eut l’impression que Gallen avait payé un prix encore plus terrible que lui pour la liberté du Rohan...Il sut alors que le maréchal ne lui dévoilerait pas la destination de son voyage…Tous ses muscles étaient tendus et sa gorge serrée, mais il répondit :

-Des mensonges…des intrigues dans le noir…et tout cela au prix du sang rohirrim…Je ne veux pas vous croire, Gallen, mais vous êtes l’un des rares à qui je sais que je peux faire confiance…je quitterai la ville, si tel est votre conseil…mais ce n’est pas fini…je reviendrai…

Eradan, quant à lui, semblait tout aussi troublé par les nouvelles que son ami venait de recevoir qu’intrigué par la proposition du seigneur. Il dit :

-Le Comte Skaline était à mes côtés lors de la charge sur Aldburg, c’est un chevalier noble et courageux. Je l’accompagnerai dans sa quête.

Le chevalier fut surpris de voir que Rokh avait accepté la proposition du seigneur d’Aldburg. Il commençait à ressentir un certain respect envers cet oriental…Lorsqu’il entendit les paroles sèches du cataphracte, il murmura, sans s’adresser à quelqu’un en particulier :

-Il est temps d’éradiquer ce parasite qui ronge les Peuples Libres de l’intérieur une fois pour toutes… Seigneur Mortensen, il me semble qu’il n’y a pas de temps à perdre. Que vos ancêtres vous montrent le chemin.


Sur ces mots, le descendant de Faramir se dirigea vers la sortie. Le Mearas d’Ebène serra l’avant-bras de Gallen en un salut de guerrier, puis suivit le Gondorien sans un mot. Lorsqu’ils se retrouvèrent dans le couloir, Orwen s’arrêta, et asséna un coup de poing puissant dans le mur de pierre, le souffle court. Eradan posa une main sur son épaule, et lui dit :

-Orwen, viens avez moi…combattons cette Couronne de Fer ensemble. Il n’y a rien pour toi ici, si tu ne peux même pas faire confiance à ton peuple.

Pendant un long moment, le jeune prince envisagea cette proposition…il se sentait perdu, et trahi…Il prit une longue inspiration, avant de répondre :

-Je ne peux pas, mon frère…ma place est ici, au Rohan, peu importe le destin qui m’attend…je ne peux abandonner mon peuple dans une heure de besoin, surtout si l’ennemi se cache derrière un masque. J’espère que nous nous retrouverons un jour, que les Valar te protègent lors de ta mission…

C’est ici, dans ce donjon humide que les chemins des deux hommes se séparèrent. Les deux chevaliers, esclaves de leur honneur, se dirigaient à présent droit vers leurs destins…et peut être même leurs morts.


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