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 Tombèrent des fleurs de camélia [Passé]

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Sirka Zanjîr
Guerrière de Rhûn
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Sirka Zanjîr

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Tombèrent des fleurs de camélia [Passé] EmptyVen 8 Mar 2013 - 0:09
An 293 du Quatrième Âge
Premiers matins de Mai


Tombèrent des fleurs de camélia [Passé] 130301075515651837

Premiers pas à Blankânimad. Sans franchir toutefois les remparts de la forteresse. Elle n'avait eu qu'une fois l'occasion de visiter Sa Majesté. Il y avait de cela huit ans, à peu près, un peu moins peut-être. Les souvenirs étaient flous. Les inquiétudes du clan quant à la santé du Roi avaient justifié une visite protocolaire. Elle avait accompagné sa tante Kerlem, récemment honorée du plus haut statut de Rahjna. Elle avait découvert la demeure labyrinthique d'Alâhan et la sombre mine de ses sujets. Des souvenirs assez peu emprunts de gaieté, pour ainsi dire...

En cet an de grâce 293, la guerre grondait et le Rhûn serait forcément mobilisé, dans un camp ou dans l'autre.
Les miliciens devront jouer un rôle stratégique. Le clan répondra à l'appel de son roi.

Un vent frais accueillit la jeune guerrière. Du haut de ses vingt ans fraîchement atteints, elle se délectait d'avance du grondement du champ de bataille. Dans son esprit bourdonnait déjà le martèlement lointain des sabots des chevaux. Elle sourit. Dans le ciel, une ombre veillait. Un faucon. Gardien silencieux envoyé par son père. D'une patience redoutable il veillerait à ce que Sirka tire des journées à venir les enseignements les plus rigoureux. Gantulga devra en être le dépositaire. Pour l'instant, aucun signe du vieillard. Il se fût sans doute assoupi à l'ombre d'un cerisier. Sirka en profita pour faire rapidement le tour du domaine. Une bâtisse qui n'avait pas à rougir de ses dimensions bien qu'elle n'égalât pas celles du palais. Plusieurs cours intérieures depuis lesquelles elle pouvait percevoir les mugissements d'une dizaine de combattants. Entraînement matinal. Elle sentait d'ici le suintement de leur transpiration. C'en était décidé, aucun homme ne trouverait jamais grâce à ses yeux. En revanche, pour ce qui concernait l'endroit, l'affaire était à étudier. Il régnait ici une atmosphère de discipline et de sagesse à laquelle s'ajoutait une impression de "passage obligé" sur le chemin de l’accomplissement de soi. A la douceur des arbres en fleurs se mêlait le tranchant des lames et la froide bienveillance des colonnes de granit gravées d'injonctions guerrières et de prières martiales. Sanctuaire de bien des labeurs recelant maints éveils. Qu'il en soit ainsi.

Une fois passé le charme premier du lieu sur l'imaginaire aiguisé de la jeune femme, il s'agissait à présent de trouver le maître des lieux. Retirant ses sandales, par respect intuitif plus que part nécessité connue, Sirka entreprit de pénétrer dans l'enceinte du bâtiment par l'entrée principale. Les gonds de la porte murmurèrent un échos de bienvenue. Mais alors qu'elle s'apprêtait à investir les lieux, elle fut arrêtée par une voix dans son dos. Elle retira instinctivement sa main de la porte et se retourna. Descendit l'unique marche ayant croisé sa route. Haussa un sourcil. Matinée ombragée. Il lui sembla pourtant qu'en l'espace de quelques secondes l'endroit avait gagné en température. Probablement le passage d'un vent chaud remontant des étendues arides du désert haradrim. Ou ces premiers matins de Mai annonçaient-ils la brûlure d'un tout autre voyage...

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Ryad Assad
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Ryad Assad

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Tombèrent des fleurs de camélia [Passé] EmptyDim 10 Mar 2013 - 15:48
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Tac.

Tac.

Tac.

Un bruit sec, net, celui d'un instrument que l'on frappe à intervalle régulier sur un sol pavé. Un bruit à la fois apaisant et oppressant. Tout autant pour les gens qui se demandaient d'où il pouvait bien venir que pour celui qui en était à l'origine. L'intéressé s'arrêta un instant, et observa autour de lui, inspirant profondément. Cela faisait du bien de rentrer chez soi. Blankânimad n'était certes pas la ville la plus attractive du pays, mais il y avait un côté rassurant à se retrouver dans un endroit familier. Un endroit qui apparaissait si calme, si tranquille, à côté de...du reste. Le printemps commençait, amenant avec lui une douce chaleur. Il faisait beau et bon, et il était agréable de déambuler dans cet endroit si particulier où se trouvait notamment le plus fameux maître d'armes de la capitale de Rhûn. Il y  régnait une atmosphère particulière, qui ne laissait personne indifférent, et qui permettait de travailler en toute quiétude.

La quiétude. Cela lui avait profondément manqué. Avec une grimace, il se remit en marche, conscient que se présenter tôt lui donnerait l'occasion de passer plus de temps auprès du maître d'armes. L'homme qui lui avait tout appris. L'homme à qui il devait tellement. Il repartit, accompagné de son "tac tac" régulier, regardant de droite et de gauche avec un demi-sourire sur les lèvres. Les lieux n'avaient que peu changé depuis qu'il était parti. Cela ne faisait que cinq ans, en vérité, mais il avait l'impression que cela faisait une éternité. Certaines boutiques qu'il connaissait avaient fermé, car leur propriétaire était mort. D'autres avaient ouvert à la place. Il en concevait une certaine gêne, sans savoir pourquoi. Les sourires des commerçants étaient pourtant les mêmes, et ces nouveaux arrivants devaient être très gentils, mais...ce n'étaient plus les mêmes personnes. Lui non plus n'était plus le même depuis qu'il était parti. Il avait mûri, même si ce n'était pas l'avis de son entourage proche.

Il avait mûri, oui. Plus qu'il ne l'aurait souhaité, et pas forcément comme il l'aurait souhaité. Mais il sont des choses que nul ne peut changer, même s'il s'y oppose de toute sa volonté. Il fallait les accepter, et continuer à avancer. Il trouverait forcément des avantages à cela, avec le temps. Avec le temps. C'était étrange pour lui de penser à ce genre de choses, après avoir vécu dans une bulle pendant tant d'années. Le temps pouvait tellement changer d'un endroit à l'autre. Ici, à la capitale, cela semblait tellement important ! Gérer, administrer, décider, calculer. Il fallait s'organiser, et prévoir ce que l'on allait faire le lendemain, le surlendemain. Savoir si l'on aurait le temps de faire ceci tout en faisant cela. Ces cinq années passées au loin avaient peu à peu gratté cette couche superficielle, pour lui révéler ce qu'il était nécessaire de savoir dans la vie. Il en avait alors conçu une théorie assez simple qu'il ne manquait jamais d'appliquer : "savoir où est ton épée, et savoir où est ta maison". Le reste ne comptait pas vraiment. Pas vraiment. Mais pour l'heure, il savait où était son épée - à son côté -, et où était sa maison - à quelques minutes à pied. Il pouvait donc affronter toutes les surprises et tous les malheurs que le monde pouvait lui envoyer sans sourciller. Après tout, n'était-il pas Capitaine dans l'armée ?

Pas de grand uniforme, cela dit, pour celui qui s'était brillamment illustré au combat à de nombreuses reprises. Pas de médailles accrochées à son pourpoint - il avait coutume de les laisser chez lui, sauf pour les grandes occasions -, pour prouver sa valeur. Pas non plus de soldats loyaux et prêts à mourir pour le protéger - eux aussi, il les avait laissés chez eux. Non. Rien de tout cela. Il voyageait seul, vêtu d'une tunique simple et discrète qui ne permettait pas de deviner son métier. On aurait dit un simple étudiant de Maître Gantulga. Un jeune novice en quête d'un enseignement militaire, pour avoir de bonnes chances d'être promu. Des novices, il en avait vu passer suffisamment pour connaître leur visage, leur expression. Mais ils n'étaient pas tous nés à la capitale, et tous n'avaient pas eu l'occasion d'être formés sous les conseils d'un expert. Ils n'en auraient plus l'occasion, là où ils se trouvaient.

Décidant d'arrêter de ressasser ces sombres pensées, le soldat pénétra dans l'enceinte du centre, où il espérait bien rencontrer Gantulga, et lui dire quelques mots. Le vieil homme se souvenait sans doute de lui, lui qui n'oubliait jamais ceux qui étaient passés chez lui. Ce serait bon de parler du bon vieux temps. Entre vieux. A l'intérieur, l'ambiance était celle que l'on pouvait attendre d'un tel endroit. Partout, par tous les sens, on percevait l'effort de ceux qui, conscients de leurs faiblesses, s'attaquaient à les éradiquer, à s'améliorer sur tous les plans pour un jour être capables de servir fièrement sous les drapeaux du Rhûn. Certains étaient assez jeunes, et ils souffraient de devoir réaliser des exercices difficiles, sous un soleil qui ne manquerait pas de les écraser de tout le poids de ses cinglants rayons. D'autres étaient âgés, des guerriers qui avaient déjà servi, et qui voulaient se prouver qu'ils étaient encore capables de tenir la cadence lorsque l'on aurait besoin d'eux. Des hommes loyaux envers leur roi, que chacun aurait dû vouloir imiter, au lieu de songer à se rebeller inutilement.

Tout absorbé par ses pensées, il faillit ne pas voir la jeune femme quelques dizaines de mètres devant lui, qui prenait la même direction que la sienne, de toute évidence. Sauf qu'au lieu de marcher en regardant autour d'elle, et s'imprégnant des lieux, elle avançait en droite ligne vers le centre d'entraînement. Sa démarche souple et féline, pleine de détermination, trahissait des compétences martiales, mais très différentes de celles des hommes du rang. On enseignait à la plupart des combattants à tenir leur hallebarde fermement, et on leur montrait comment briser une charge de cavalerie, comment repousser un assaut d'infanterie, ou comment se défendre contre un ennemi supérieur en nombre. Mais rares étaient ceux qui avaient la chance de pouvoir bénéficier d'une véritable préparation, de sorte à savoir se battre avec la férocité du tigre, la sauvagerie de la mante religieuse, et l'efficacité du serpent. Et en général, ceux-là appartenaient à une certaine élite sociale, élevés pour apprendre à se battre et former l'élite militaire sur les champs de bataille.

Sans même s'en rendre compte, il avait forcé l'allure dans la mesure du possible, afin de pouvoir la suivre, et continuer à l'observer à son insu. D'aucuns auraient pu croire qu'il s'agissait d'une attitude indécente, car un homme de sa naissance ne pouvait regarder une femme avec tant d'attention que s'il voulait clairement la demander en mariage. Mais dans les circonstances, c'était simplement la curiosité que tout guerrier porte naturellement à un confrère ou à une consœur. Une consœur pleine d'un charme sauvage, indéniablement, mais qui l'intriguait surtout par la manière dont elle se déplaçait. Le seul mot qui venait à l'esprit du Capitaine était "perfection". Non pas perfection du corps, même s'il n'y trouvait rien à redire, mais perfection du geste, du mouvement, de la technique. Et pourtant, elle venait là. Humilité ou vantardise ? Etait-elle venue pour s'améliorer, ou pour prouver qu'elle n'avait plus rien à améliorer ? Difficile à dire simplement à l'observer de dos. Il valait mieux lui parler pour en avoir le cœur net.

Elle eut la bonté de s'arrêter pour délacer ses sandales, lui permettant de casser une distance qu'il n'aurait pas pu réduire si elle avait continué à marcher. Elle n'avait pas encore pris conscience de sa présence, probablement parce que depuis qu'il la suivait, le "tac" n'avait plus retenti, et que le bruit de ses pieds sur le sol ne produisait qu'un murmure. Quiconque les aurait observé de loin aurait cru voir deux prédateurs se suivant l'un l'autre. La première, s'approcha de la porte du bâtiment principal, tandis que le second s'arrêtait et décidait de signaler sa présence. Une certaine forme de politesse, qui n'allait pas manquer de susciter de la part de l'inconnue une réaction agressive. Les prédateurs détestent être surpris.

Dans ce cas, en règle générale, les proies tendent à chercher leurs mots, à essayer de faire bonne figure d'entrée de jeu, pour s'attirer les bonnes grâces d'un être supérieur. Le prédateur, lui, n'estime pas besoin de changer sa nature. Peu habitué à soigner les formes avant de s'exprimer, il se contenta de traduire sa pensée en mots, avec le résultat que l'on pouvait espérer d'une telle opération :

- Vos pieds sont bien entretenus ! Magnifiques !

Elle se figea brusquement, se retourna, et descendit la marche unique qu'elle venait de gravir. Afin de dissiper tout malentendu entre eux, il désigna du bout de la canne qu'il tenait dans sa main - et qui produisait les fameux "tac" - les pieds dénudés de la jeune femme. Un sourire naïf -niais, d'après certains - flottait sur ses lèvres.  Avant même de lui laisser le temps de réagir, le guerrier enchaîna :

- C'est très important les pieds, ai-je entendu dire ! Et les vôtres, si vous me permettez, me font penser à des meringues...avec des orteils. Mais diantre, je manque à toutes les politesses. Je m'appelle...

- Paz' ! Cria une voix féminine qui interrompit ce curieux monologue.

Une petite femme, menue et énergique, arriva en trottant, un sac en toile dans la main. Elle avait le regard vif, les joues rouges, et le souffle court. Elle s'arrêta à côté de l'homme, et le lui tendit :

- Tu as encore oublié tes affaires de rechange ! Tête en l'air que tu es ! Ah la la... Tu te rends compte qu'à chaque fois, tu rentrais avec des vêtements sales, alors qu'il y a des bains ici ! Je t'ai dit cent fois que...

Elle continua ainsi pendant un instant, avant de se rendre compte de la présence de la jeune femme. Alors, elle s'interrompit immédiatement, et bafouilla :

- Je suis désolée mademoiselle ! Je suis tellement bavarde ! Vous vous entrainez ensemble ? C'est bien ! Je suis content qu'il ait rencontré quelqu'un d'aussi charmant. Aidez mon fils à faire ses nœuds, ils se défont à chaque fois ! Bon, je vous laisse ! Amusez-vous !

L'homme adressa un salut de la main à la petite dame qui s'en allait aussi vite qu'elle était arrivée, avec un petit sourire indulgent sur les lèvres. Puis il se tourna vers la femme, qui avait eu le courage de rester là, assistant à cette scène quelque peu étrange :

- C'était ma mère, dit-il bien inutilement. Mais excusez-moi, je ne me suis toujours présenté. Je m'appelle Pazrhdan. A qui ai-je l'honneur ?

Nonchalamment appuyé sur sa canne, un sac contenant des vêtements de rechange soigneusement pliés par sa mère coincé sous le bras, il tendit une main amicale à la prédatrice, un sourire flottant sur ses lèvres. Il avait déjà fait pire, comme entrée en matière.


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Dernière édition par Ryad Assad le Mar 25 Juin 2013 - 15:44, édité 1 fois
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Tombèrent des fleurs de camélia [Passé] EmptyJeu 20 Juin 2013 - 0:18


Le corps tout entier de Sirka se figea à l’évocation de ses orteils. Quelle qu’en soit la teneur honorifique, les commentaires quant à son anatomie n’étaient laissés à l’appréciation de personne en ces lieux, et certainement pas un homme - comme le timbre de voix le laissait présager. La plante de ses meringues rejoignit le sol dallé sans caraméliser. L’importun fut scrupuleusement jaugé, détaillé, et catégorisé. Selon les critères totalement subjectifs qu’étaient ceux de la rahjname. La voix était trop doucereuse pour être totalement sincère, la remarque trop idiote pour masquer un intérêt plus bassement primitif, le sourire trop niais et… attendrissant... Peste soit des curiosités qui accompagnent la jeunesse et nuisent immanquablement à la lucidité des pauvres âmes qu’elles tourmentent ! La confusion ne pouvait s’installer. Et la jeune femme ne savait que trop bien que ces faiblesses se faisaient facilement ressentir par l’autre. Il fallait écraser cette pensée génératrice de problèmes potentiels. Trouver une parade à une faiblesse probablement - c’est tout de même suffisant - inexistante. Pour d’autres : insignifiante. Mais grand bien fasse au bas peuple de se complaire dans ses faiblesses. Il fallait on ne peut plus de rigueur à un esprit comme celui de Sirka. Elle jeta un rapide coup d’œil sur sa gauche : dans une alcôve, une statue grossièrement sculptée n’avait rien manqué de la scène. Devinant surement l’impasse émotionnelle dans laquelle la jeune femme se trouvait, elle lui fit un clin d’œil complice. Lui intimant de ne pas se laisser perturber par les artifices du sexe opposé. Sirka sourit intérieurement. Extérieurement, son sourcil droit se suréleva pour former un angle obtus des plus accusateurs. Cinq centimètres d’une pilosité maîtrisée suffisaient, chez elle, à transmettre ce message simple : Méfie-toi, le boiteux, ou ta quatrième jambe en fera les frais.

- Paz’ !

Le sourcil inquisiteur retrouva progressivement sa place à mesure qu’une créature du genre féminin approchait. Ce petit bout de femme fut un soulagement pour la jeune guerrière. La tension descendit rapidement. Sirka l’écouta attentivement, comme le respect des plus âgées l’imposait. Elle accordait à ces paroles autant d’intérêt qu’elle n’accordait de mépris à celles du fils. Ce qui faisait une curieuse mais courante équation. Puis l’étonnante madame disparut aussi subitement qu’elle était apparue.

Analyse de l’effet produit. Gêne passagère d’un côté (le côté le moins important, fort heureusement) et soulagement de l’autre. Gain d’un sac de vêtements qui contribuerait à embarrasser encore davantage le Paz’ susnommé. Et puis, « quelqu’un d’aussi charmant », enfin une juste appréciation dans ce… bilogue à destination convergente. Si l’on peut dire. Probable qu’on ne puisse pas, d’ailleurs.


Une main ennemie franchit sournoisement le périmètre de sécurité de la guerrière pour se présenter, dans toute l'humilité de sa nudité, à l'impitoyable jugement. Le principe qu'induisait ce geste était simple. Le refuser ou l'accepter. Ignorer cette main, lui signifier qu'aucune des deux homologues d'en face ne souhaitait se compromettre en sa compagnie. Garder la pudeur du toucher quand la vue a déjà capitulé. Ou au contraire la saisir. L'inviter par la même occasion à partager sa moiteur, provoquée par l'infime mais continuelle sudation de son creux. Essence purement corporelle, et si authentique qu'il devient indécent d'oser songer à la mêler. Si l'on prend le temps de se pencher un instant sur ce simple geste, ne paraît-il pas extrêmement lourd de sens?

Coup d’œil sur la gauche. La statue dans l'alcôve n'était plus qu'une statue dans l'alcôve. On ne lisait plus aucune expression sur sa face siliceuse. Aucune aide ne viendrait. Le risque se prenait ou se regrettait. La curiosité faisant toujours son office après coup. Sirka reporta son attention, non sans une certaine froideur - sécurité oblige -, sur le piètre représentant de la race masculine qu'elle avait sous la main. Déjà? Geste instinctif ou curiosité, elle l'avait saisie.
- Sirka, lâcha-t-elle sans animosité aucune.

Lâcha également la main de son étrange interlocuteur. Ce contact, même fondamentalement pacifique, la révulsait. C'était une question de principe. Tout en espérant que la froideur de ses grands yeux gris constituerait un rempart efficace, elle se permit une remarque à propos du handicap de l'homme, qui ne lui avait bien sûr pas échappé.

- Il me semblait que Gantulga réservait ses enseignements à la jeunesse valeureuse et... bipède, de Blankanimâd.

Elle affichait à présent un sourire hautain. Celui qui traduit un complexe plus profond mais ne laisse, à première vue, que l'empreinte d'une victoire que l'on pense déjà gagnée. Du moins voudrait-on s'en convaincre soi-même.



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Ryad Assad
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Tombèrent des fleurs de camélia [Passé] EmptyMar 25 Juin 2013 - 17:28

Comme l'avait prévu Pazrhdan, la jeune femme n'était pas du genre à se laisser marcher sur les meringues par le premier venu, et elle s'était retournée avec une expression sévère sur le visage, menace à peine voilée qu'elle adressait à celui qu'elle semblait identifier comme une gêne, à défaut d'y voir une menace. Ses yeux d'un gris étrange, peu courant pour ne pas dire unique sur les terres orientales, le parcoururent de pied en cap, avec la méticulosité qui sied à tout bon guerrier, attentifs au moindre détail. Elle ne manqua pas de remarquer l'épée réglementaire qui pendait à son côté, dans un fourreau sans ornements. Avec un peu d'attention, elle pouvait même détecter les quelques marques d'usure sur la poignée et les rayures sur le pommeau et la garde, preuve que la lame avait eu l'occasion de voir de nombreux entraînements...ou de nombreuses batailles. Elle ne put non plus manquer la canne qu'il tenait en main, et sur laquelle il s'appuyait perceptiblement. Elle était de bonne facture, ornée avec goût mais sans luxe. Une pierre de jade en constituait le pommeau, niché au creux de sa main usée par l'exercice, par le temps passé à ramper dans le sable, à manier le sabre jusqu'à en saigner.

Tandis qu'elle l'observait, il ne se priva pour en faire de même, au mépris de toute convenance. La jeune femme était clairement là pour s'entraîner, comme le laissait penser sa tenue légère, qui n'aurait jamais pu passer pour une robe de cérémonie, même dans les pays les plus chauds d'Arda. Pratique, conçue pour gêner au minimum les mouvements, c'était la tunique d'une combattante expérimentée, qui avait décidé que tout le superflu devait être mis de côté, pour laisser la place à une efficacité brutale, létale. Et nul doute, à voir son regard d'acier, qu'elle appliquait la même philosophie dans son quotidien, notamment envers les gens qu'elle rencontrait. En dépit de sa taille qui dépassait la moyenne pour une femme, et de son corps sculpté par la rigueur de l'entraînement, elle n'en demeurait pas moins féminine, et Pazrhdan se dit qu'il l'aurait volontiers invitée à boire un verre quelque part, pour avoir l'occasion de discuter de techniques de combat, d'armes et de bottes secrètes. Avec un peu de chance, elle aimait aussi les animaux, et cela leur aurait fait un second point commun.

Visiblement indécise quant à l'attitude à adopter présentement, elle jeta un œil de côté, comme si elle vérifiait que personne ne les suivait, ou ne les observait à la dérobée. Elle ne le jeta pas trop loin, car il revint rapidement se poser, accompagné de son jumeau, sur l'homme qui lui faisait face, sans avoir gagné en aménité pendant le voyage. Son sourcil se haussa avec lenteur, trahissant volontairement la confusion de sentiments qui bouillonnaient de toute évidence sous la surface paisible de son visage marmoréen. C'était tout à la fois le signe de sa contrariété, nuancée d'une pointe de curiosité, additionnée d'un soupçon de menace dans lequel on devinait un zeste de mépris, deux pincées d'une débordante confiance en soi, une cuillère à soupe d'impatience, mettez au four deux heures, servez chaud, dégustez.

Pazrhdan aurait d'ailleurs pu déguster, sans l'intervention totalement fortuite de sa délicate mère, qui fournit un intermède salvateur, permettant d'apaiser un peu la tension qui commençait à monter. La pression retomba comme un soufflé, et la température sembla descendre de quelques degrés. Du coin de l'œil, le jeune homme nota que l'inconnue semblait porter une attention toute particulière aux paroles de sa mère, qu'elle écoutait très respectueusement. Elle ne semblait pas du genre à faire de scandales inutilement, même s'il était évident, à observer sa posture rigide, son dos droit, et son regard franc, qu'elle pouvait faire goûter au gâteau de ses émotions à chaque fois qu'elle l'estimerait, elle, utile et nécessaire. Eijlin, la mère de son fils, s'en alla en trottinant, retournant à ses affaires avec un empressement que ce dernier attribuait pour une bonne moitié à la présence de la jeune femme. Comme toutes les mères, elle rêvait de voir son fils trouver une belle épouse, si possible de bonne famille, et lorsqu'il reviendrait à la maison, elle ne manquerait pas de le harceler à propos de l'inconnue du maître d'armes. Il étouffa un soupir, essayant de ne pas penser à l'interrogatoire en bonne et due forme qu'il devrait subir à son retour, et revint à son interlocutrice qui, fait suffisamment étonnant pour être remarqué, n'avait toujours pas bougé. Ainsi donc, elle n'avait pas profité de cet interlude pour aller son chemin, et était demeurée là, sans doute plus par politesse envers la mère que par intérêt envers le fils.

Dans l'esprit de Pazrhdan, une sorte de lien s'était établi, et il décida de tenter sa chance, tendant une main en direction de la jeune femme, avec l'espoir qu'une poignée échangée permettrait de les rapprocher, au moins mentalement. Il n'était pas homme à apprécier les conflits, et il préférait s'entourer d'amis, de proches. Sa naïveté avait quelque chose d'étrange dans ce monde, et il était difficile aux gens autour de lui de percevoir la sincérité de ses actions, tant on était habitué à voir le mal partout. La jeune femme considéra un long moment cette main tendue, comme s'il s'agissait d'une boîte hérissée d'épines qui aurait contenu un fabuleux trésor...ou l'inverse. Son hésitation se trahit sur son visage un bref instant, sans qu'il fût possible d'en déterminer la cause. Avait-elle peur ? Peur de lui, certainement pas, mais peur de ce qu'impliquait une poignée de main ? Peur de ce que pouvait signifier l'amitié ? C'était étrange, mais Pazrhdan avait vu trop de choses étranges pour encore s'étonner de si peu. Philosophe, il préférait accepter les autres tels qu'ils étaient, plutôt que de tenter vainement de les changer. Si elle avait peur - ce qui restait encore à démontrer, puisqu'elle le cachait bien -, c'était son droit le plus légitime.

Pendant une brève seconde, l'homme crut qu'elle allait refuser sa proposition, et simplement continuer sa route sans lui accorder plus d'importance qu'à un vulgaire caillou. Elle semblait pencher de ce côté, naturellement, érigeant la prudence et la distance comme un bouclier impénétrable entre elle et le monde qui l'entourait. Saisir cette main, n'était-ce pas accepter d'abaisser pour un temps sa défense, de s'ouvrir à l'inconnu, et donc potentiellement au danger ? De nouveau, elle regarda sur sa gauche, comme à la recherche d'un soutien, cette fois. Mais il n'y avait personne. Et de personne, elle ne reçut rien, ce qui avait au moins le bon sens de préserver la logique, mais qui n'aidait pas véritablement à démêler le nœud complexe de la personnalité de la jeune femme. Puis, sans qu'il comprît ce qui avait pu motiver ce basculement, elle lui serra la main, avec la chaleur d'un bloc de glace. Mais ce qui importait, plus que son attitude envers lui, c'était son attitude tout court : elle avait accepté de faire un pas en avant. De prendre un risque. Une petite victoire qu'il faudrait préserver, comme on préserve la première étincelle d'un feu qui ne souhaite pas prendre, avec l'espoir de le voir s'embraser et rayonner tel l'astre solaire.

Elle se présenta comme étant Sirka, d'une voix neutre de laquelle ne transparaissait aucune agressivité. Cependant, elle ne semblait pas non plus enchantée de faire sa connaissance, et elle lui lâcha la main avec peut-être un peu plus de précipitation qu'il n'était nécessaire. Pazrhdan ne s'en formalisa pas le moins du monde, et la laissa se replier avec un petit sourire. Il avait l'habitude de ce genre d'attitudes, lui qui passait plus de temps auprès de ses amis à quatre pattes qu'auprès des fameux bipèdes. Non pas qu'il identifiât la jeune femme à un animal, loin de là, mais ses réactions avaient ce petit quelque chose de sauvage, d'indompté, qui lui plaisait tant à lui, l'homme capable de tout apprivoiser. Il avait l'impression d'avoir un puissant félin en face de lui, qui n'acceptait de sortir de sa tanière furtivement, mais qui y retournait précipitamment en sortant les crocs. Aucune menace, simplement un moyen de se rassurer. Ses crocs à elle étaient d'un blanc étincelant, mais s'ils n'étaient pas aussi acérés que ceux de la panthère, ses paroles compensaient tout à fait ce désavantage, et ce fut avec une pointe de sarcasme qu'elle lança l'estocade, visant directement son évident point faible.

Pour la première fois, Pazrhdan perdit un peu de sa superbe, et son apparence détachée se craquela comme de l'argile séchée trop vite. Sa blessure était récente, et il était encore obligé de s'appuyer sur sa canne après avoir fait un effort - comme en cet instant - ce qui le diminuait plus qu'il ne lui plaisait de le reconnaître. Qu'une personne autre que lui-même lui rappelât cet état de fait était douloureux, voire même blessant. Mais il jouait le jeu, aussi bien que lorsqu'il tombait face à un animal rebelle. Il acceptait les morsures, pour montrer qu'il savait encaisser, et faire comprendre à l'autre qu'il méritait le respect. Il ne niait pas la douleur, mais il la faisait passer au second plan, derrière l'intérêt qu'il portait à l'esprit libre qui se tenait en face de lui. Il lâcha un soupir qui pouvait être interprété comme la manifestation d'une certaine peine, ou bien d'une certaine nostalgie, et répondit d'une voix chaude et calme :

- Certes, je ne puis que vous donner raison sur ce point. Pour survivre à son entraînement, il faut être plein de fougue, et pouvoir compter sur ses deux jambes (il tapa sa jambe droite du plat de la main). Mais peut-être que vous, Sirka, aurez l'indulgence nécessaire pour me ménager. Et en échange, je vous promets de vous enseigner deux ou trois petites choses que seul l'arrière-saison peureuse et tripode venue de l'Est lointain peut connaître. Qu'en dites-vous ?

Il avait accompagné son invitation d'un sourire amical, mais dans ses yeux demeurés sérieux brillait une lueur qu'il était facile d'identifier. Il la mettait gentiment au défi, et même s'il n'était pas beaucoup plus âgé qu'elle, il espérait lui montrer que blessé ou pas, âgé ou pas, il pouvait encore mériter son respect. A la pensée qu'il pût perdre et finir humilié à l'issue d'un duel avec cette jeune femme, même amical, son sourire s'élargit encore. Impossible...

#Sirka


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"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
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Sirka Zanjîr
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Sirka Zanjîr

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Tombèrent des fleurs de camélia [Passé] EmptyLun 1 Juin 2015 - 0:12



Qu’en dire ?
« Votre témérité vous honore. »

Ils pénétrèrent enfin dans l’enceinte de l’établissement, parcoururent plusieurs péristyles donnant sur des cours intérieures tantôt pavées, tantôt couvertes d’une bonne épaisseur de sable, pour les effusions de sang. Les combattants ne leur prêtaient aucune attention, tout occupés qu’ils étaient à lutter sous le soleil bientôt à son zénith. Et toujours aucun signe du maître d’armes. Ils continuèrent. Finirent par trouver une cour aux dimensions plus réduites, sablée. Et surtout déserte. Parfait. Ses meringues s’enfouirent dans le sable chaud. Derrière elle, le boiteux suivait.

Le panorama méritait qu’on s’attarde quelques secondes. Les colonnades offraient des bas-reliefs somptueux de scènes de combats, de postures martiales, et mille préceptes guerriers gravés dans la pierre. Les péristyles offraient un refuge ombragé, et permettaient par les bassines d’eaux et linges plus ou moins propres qui y étaient disposés de se rafraîchir entre deux combats. Malgré cela, aucun agrément. On pouvait apercevoir un jardin intérieur en jetant un coup d’œil à travers l’unique arche du mur nord, et ils étaient passés devant un bassin en arrivant. Mais dans cette cour de jeux qui serait la leur, le superflu ne s’envisageait pas. Simplement la pierre et le sable.

Il faisait déjà chaud. Une baguette fine sortie d’une poche de sa tunique vint relever son épaisse crinière qu’elle sentait déjà collée dans sa nuque. La chaleur l’énervait. C’était parfait. Une rahjname n’affectionne un combat que s’il est laborieux. Que si les conditions du terrain lui sont hostiles. La spécialité de nombreux clans, dont le sien, était la guérilla. Il fallait pouvoir harceler les armées jusqu’à faire tomber leur tête, ou au moins faciliter le siège éventuel. Il fallait pouvoir chevaucher des jours à travers les terres arides, et suivre l’ennemi à son insu. L’on formait des éclaireurs et des espions, des baroudeurs et des guides, des miliciens endurants. Il fallait connaître tous les terrains, avoir survécu aux conditions climatiques les plus extrêmes, et avoir connu la totale privation, la totale solitude sous les tempêtes de sable et les pluies torrentielles.

Son tour viendrait. Elle devrait quitter ce pays, et voyager jusqu’aux confins de la Terre du Milieu. Y dénicher les pires régions. Les meilleures étapes. Elle partirait et les affronterait. La préparation avait déjà commencé, mais seulement dans sa phase « martiale ». La plus aisée. Il n’y était question que d’apprendre des gestes à l’infini pour les maîtriser. La nature, elle, ne se maîtrisait pas. Il fallait plier, ou rompre. La survie serait sa véritable épreuve.

Compte tenu de toutes ces choses, et pour en revenir à l’instant présent, la jeune femme n’était pas en excellente posture. La chaleur accablante jouait –du moins l’espérait-elle- en sa faveur, ainsi que la blessure de son adversaire. Et le probable manque d’équilibre qui l’accompagnerait. Mais elle demeurait plus petite, plus légère, bref plus faible. Il faudrait compenser.

« Là d’où je viens, la coutume veut que lors d’un duel, les adversaires choisissent leurs armes l’un pour l’autre. » annonça-t-elle en se dirigeant vers un râtelier qui proposait diverses lames, lances, bâtons, haches, chaînes, fouets… En somme tout l’attirail nécessaire à la distraction.

« … mais refuse la mise à mort. Malheureusement, certaines fois… Un faux geste… Les accidents sont courants. »

Elle sourit en plaçant dans les mains de Paz’Murailles la plus grosse hache – et, forcément, la plus lourde - qu’elle ait pu trouver. Si lourde que, le râtelier ne pouvant supporter son poids, elle était entreposée juste à côté. C’est d’ailleurs au prix de maints efforts que Sirka parvint à la soulever sans laisser transparaître sa difficulté à ce faire, et probablement la situation était-elle la même pour Paz’Montagnes - qui, après tout, n'était pas à proprement parler le colosse du coin - lorsqu'il reçut son arme.

Elle avait conscience qu'une telle provocation se paierait, et que son arme à elle lui serait particulièrement handicapante. Le but escompté. Elle poussa l'insulte jusqu'à s'approcher du pauvre passe-temps qui devait certainement regretter de ne pas pouvoir croiser le fer avec ses congénères - certes moins attrayants mais certainement moins félons - masculins mais qui pour autant n'avait pas la moindre opportunité de se plaindre compte tenu du fait qu'il avait de son propre chef et de sa volonté pleinement consciente et éclairée accepté de se retrouver dans pareil traquenard. Cette phrase est trop longue (ndlr). Et lui confisquer sournoisement sa précieuse canne. Qu'elle alla bien entendu - parce qu'ayant tout de même reçu une éducation - déposer sur la marche de pierre qui menait au péristyle.

Mais la confiance étant la première erreur qu'elle eut pu commettre. Il lui fallut aussi prendre soin de retirer son épée à son adversaire. Epée qu'elle laissa choir dans le sable, suffisamment loin du périmètre présumé du combat pour éviter tout accident. Paz'Partout offrait à présent un triste spectacle. Pauvre homme. Mais la situation aurait pu être pire. Le combat aurait pu être public. Il ne perdrait sa dignité que face à une inconnue qu'il ne reverrait jamais. Et qui pouvait mourir jeune.

« J’attends. »
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Ryad Assad
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Tombèrent des fleurs de camélia [Passé] EmptyMer 3 Juin 2015 - 14:44
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Elle avait accepté. Curieux.

Pazrhdan se permit un sourire enthousiaste, satisfait à l'idée de croiser le fer avec cette jeune femme pleine de certitudes à qui il emboîtait désormais le pas à l'intérieur du complexe d'entraînement. Sa confiance en elle était amusante, et le guerrier s'appuya lourdement sur sa canne pour suivre le rythme qu'elle lui imposait. Il comprit dès lors qu'elle ne serait pas décidée à le ménager, comme il le lui avait pourtant demandé très gentiment, et qu'elle donnerait tout pour le vaincre. Il connaissait bien cela, à vrai dire. Il avait déjà eu l'occasion de croiser le fer avec plusieurs adversaires qui affichaient le même caractère indomptable, et aucun d'entre eux n'avait voulu baisser la tête devant un estropié, devant un homme à peine capable de marcher. C'était un défaut courant chez les jeunes soldats, à vrai dire. Ils avaient l'impression que la victoire leur était due, et que tout autre résultat était comme un vol. Ils oubliaient souvent que sur le champ de bataille, ce n'était pas toujours le meilleur bretteur qui s'en tirait vivant. Il fallait une bonne dose de talent, certes, mais encore davantage d'ingéniosité et de chance. Les coups pleuvaient de droite et de gauche, les flèches sifflaient dans l'air, et chacun était exposé à une blessure fatale d'un ennemi laissé à terre, qui se relevait pour vous planter vicieusement un poignard dans le dos. Chacun risquait de recevoir un trait malencontreux dans la cuisse, qui pouvait interrompre votre brillante carrière militaire et vous contraindre à rentrer à la capitale pour vous morfondre. La guerre n'était pas une plaisanterie : c'était un jeu aux conséquences terribles, brutales et souvent irréversibles. La mort, la blessure de trop, les souffrances psychologiques. Même l'esprit le plus endurci ne pouvait pas supporter un tel climat. Alors ces jeunes pleins de bravoure, qui avaient déjà eu l'occasion de faire couler le sang, faisaient sourire les vétérans. Ils croyaient que tuer un homme était similaire à participer à une guerre… Ils apprendraient que c'était faux, ou mourraient en essayant.

Tous ces combattants qui s'entraînaient assidûment arriveraient-ils un jour sur le champ de bataille avec ce surplus de confiance qui caractérisait la jeunesse ? Se laisseraient-ils enjôler par les chants guerriers qui donnaient du courage avant l'assaut, au point de se croire invincibles ? Quand comprendraient-ils qu'ils ne trouveraient que la mort et le sang en face d'eux, qu'ils s'engageaient sur un chemin qui les changerait pour toujours ? Pazrhdan espérait qu'ils deviendraient des vétérans avant leur première bataille, qu'ils apprendraient ces dures leçons sans avoir à subir l'expérience de la guerre. Il savait que c'était impossible. Ses yeux s'égarèrent sur la silhouette élégante de Sirka, qui allait devant lui. Cette femme serait-elle un jour témoin des horreurs qu'il avait pu voir, et qu'elle ne pouvait même pas décemment imaginer ? Ses grands yeux gris se pareraient-ils un jour d'un voile d'ombre lorsqu'elle aurait fait face à ce que la vie pouvait montrer le plus abject et de plus repoussant ? Son esprit de fer se désagrégerait-il devant la vision de la réalité la plus dure et la plus crue ? Pourquoi devait-il en être ainsi ? Pourquoi n'était-il pas capable de l'aider à se détourner de ce chemin ? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement lui planter traîtreusement son épée au-dessus du genou, pour la priver à jamais du champ de bataille ? Si seulement elle pouvait comprendre qu'il valait mieux être blessé à vie plutôt de voir ce qu'il avait vu… Mais elle n'accepterait jamais un tel échange, et il était condamné à la ménager pour la laisser aller son chemin, et se heurter de plein fouet au pire monstre que la Terre du Milieu avait jamais porté.

Ces pensées ne transparurent pas un seul instant sur le visage du guerrier, qui avait certes l'air ailleurs, mais qui ne se départissait pas de son petit sourire énigmatique et difficile à interpréter. On ne pouvait pas à proprement parler le qualifier de « moqueur », mais il était certain qu'il s'amusait de ce qui l'entourait. Ou à tout le moins, qu'il prenait les choses avec une relative distance. Il paraissait extérieur au monde qui l'entourait, et cela lui donnait parfois un air suffisant ou condescendant qu'il paraissait assumer totalement. Sirka finit par décider de s'arrêter sur une aire de duel déserte, au milieu de laquelle ils pourraient se laisser aller à faire parler les armes plutôt que la raison. Elle-même était toujours pieds nus, et elle devait ressentir cruellement la morsure du sable chaud sur ses meringues si délicates, le soleil ayant abattu ses cruels rayons sur le pays depuis le petit matin. Il faisait une chaleur suffocante, mais tous deux paraissaient être capables de l'endurer. Son entraînement à elle et son expérience à lui leur avaient confié une certaine habitude de ces choses, et ils ne se laisseraient probablement pas abattre par quelques degrés de plus que la normale. Pazrhdan ôta sa veste et demeura bras nus, dans une simple tunique de lin qui risquait de se couvrir de sueur d'ici peu. Il avait un physique beaucoup plus développé que ce que son attitude nonchalante laissait à supposer, et quand on le voyait ainsi, on ne pouvait pas douter qu'il avait bénéficié d'un redoutable entraînement militaire. Ses bras étaient couverts de cicatrices, plus ou moins larges, donc certaines avaient été faites par un maître peu indulgent, et d'autres étaient le fruit de coups destinés à tuer. Son épaule, gauche, particulièrement, portait les stigmates d'un poignard qui s'était enfoncé douloureusement dans sa chair, et qui avait laissé une cicatrice propre et nette de deux centimètres de large. Elle ne l'handicapait pas le moins du monde, la coupure étant superficielle, mais il fallait reconnaître que la marque était impressionnante. Lui ne paraissait pas particulièrement gêné d'arborer autant de trophées de guerre, alors que son jeune âge ne laissait rien présager de tel. Les vestiges de son passé ne le dérangeaient pas plus que ça, même s'ils contribuaient à entretenir le mystère autour de sa personne. Il était définitivement bien davantage que ce qu'il voulait paraître.

Sirka s'éloigna vers un râtelier qui proposait une belle collection d'armes, et lui annonça les règles de leur engagement. Ainsi donc, elle entendait choisir son arme et le laisser faire de même pour elle. C'était une coutume intéressante, et le guerrier sourit un bref instant, avant de voir le cadeau empoisonné que lui réservait son adversaire. Elle avait choisi sans hésiter l'arme la plus lourde et la moins maniable qui se trouvait à sa disposition. Une hache si grande qu'elle devait être maniée à deux mains pour être utilisée convenablement, et que même alors il fallait être d'une constitution particulièrement exceptionnelle pour réussir à en tirer quelque chose. Seuls les géants pouvaient exploiter le plein potentiel d'une arme pareille, et en dépit de sa bonne forme physique, Pazrhdan était très loin de remplir les conditions. Le guerrier reçut la hache et ses bras protestèrent presque instantanément, alors qu'il devait faire un effort pour ne pas chanceler sous ce poids terrible. Il laissa purement et simplement tomber l'arme dans le sable, incapable de la porter convenablement. Le sourire de la jeune femme s'élargit, et il comprit qu'elle attendait sa vengeance avec impatience. Il sourit lui-même. Quelle audace !

Elle le défiait de trouver une arme qu'elle ne saurait pas manier, elle le défiait de trouver une seule lame sur ce râtelier avec laquelle elle ne pourrait pas le battre. Et des armes difficiles à manier, il y en avait un certain nombre. Il aurait pu lui choisir le plus petit poignard de la pile, pour la forcer à approcher, et la mettre en danger. Il aurait pu choisir des armes très complexes, comme les chaînes, qui pouvaient se retourner contre leurs propriétaires s'ils ne les maniaient pas à la perfection. Il y avait vraiment le choix. Il hésita un instant, réfléchissant à toute vitesse à la façon de ne pas se ridiculiser outre mesure, tout en ne tombant pas dans le piège qu'elle lui tendait. Il la savait derrière lui, féline, l'observant de ses yeux étranges en attendant de voir ce qu'il lui réservait. Il décida de jouer la carte de la surprise, et de la laisser seule juge de ses actions. Empoignant fermement le manche qui se présentait devant lui, il soupesa l'arme, et s'approcha de Sirka qui l'attendait de pied ferme. Son attitude changea du tout au tout lorsqu'il lui tendit la lame en lui présentant le manche :

- Sabre réglementaire de l'armée régulière. Il me semble parfaitement équilibré, je n'y trouve rien à redire. J'espère que ce choix ne vous handicapera pas trop.

Son sourire ironique était insupportable, et il le savait. Il lui avait tout bonnement confié l'arme la plus banale que l'on pouvait trouver, le sabre que tous les soldats de la Reine apprenaient à manier dès leur plus jeune âge, l'arme que lui-même portait au côté en arrivant dans l'aire de duel, avant que Sirka l'en délestât tout comme elle l'avait délesté de sa canne. Il lui donnait très certainement l'arme avec laquelle il était le plus courant de se battre, l'arme qu'elle avait le plus de chances de maîtriser. A malin, malin et demi. Lui tournant ostensiblement le dos pour aller retrouver sa hache de guerre, il essaya de maîtriser sa claudication. La canne lui était d'une grande utilité, mais il pouvait marcher sans, ce qui l'épuisait davantage, mais le laissait au moins libre de ses mouvements. Toutefois, il ne parviendrait jamais à l'affronter avec une arme pesant autant entre les mains. En y mettant toutes ses forces, il parviendrait peut-être à la lever, à la brandir, et à l'abattre une seule fois. Mais en aucun cas il ne parviendrait à toucher la jeune femme, qui n'aurait qu'à faire un pas de côté pour l'éviter. Cruel constat que celui de son impuissance. Il ne s'en découragea pas pour autant.

Empoignant fermement l'arme tombée dans le sable fin, il la souleva maladroitement aussi haut que possible, non pas comme on devrait soulever une hache, mais plutôt comme on soulève un bâton pour écraser les graines, et la planta dans le sol, tête en bas. Il y avait mis toutes ses forces, et l'arme demeura bloquée dans le sable, en équilibre. C'était déjà ça. Même ainsi, le manche immense lui arrivait à la poitrine, ce qui lui confirmait que cette arme n'avait pas été conçue pour un être humain normal. Elle devait plutôt servir à un géant de la nuit, ceux qui se transformaient en pierre lorsque le soleil les éclairait. Pazrhdan se pencha, et vérifia que la lame ne s'était pas abîmée en frappant le sol sous cet angle, ce qui ne semblait pas être le cas. Satisfait, il se redressa péniblement, et s'approcha de Sirka, laissant son seul moyen de défense derrière lui. La jeune femme n'était de toute évidence pas décidée à lui faire de cadeaux, mais il commença, provocateur jusqu'au bout :

- Je vous donne encore une petite chance. Changeons d'arme, et laissez-moi prendre une épée, ce sera plus simple pour vous.

Il sourit en cherchant sa clémence. Ses yeux gris trahirent toute la jubilation qu'elle éprouvait en cet instant, de le voir la supplier. Tout ceci fut de courte durée. Vif comme l'éclair, son bras se détendit, et projeta une poignée de sable dans les pupilles grandes ouvertes de Sirka. Oh le sable, quelle horreur pour un guerrier. Dans l'Est, Pazrhdan avait appris qu'il pouvait être un ennemi bien plus mortel que les lames, et qu'il pouvait faire pencher la balance à tout moment. Elle voulait ruser ? Il ruserait. Elle voulait le mettre en difficulté ? Il n'aurait aucun scrupule à faire de même. Elle voulait la victoire par tous les moyens ? Lui aussi. Il ne manqua pas son coup, ça non, et elle fut instantanément aveuglée douloureusement. Le guerrier bloqua immédiatement son bras d'épée, et lui tordit impitoyablement le poignet dans une direction qui lui fit lâcher son sabre. Il aurait pu s'arrêter là, et la contraindre à abandonner, mais ce n'était pas ainsi que se déroulait un vrai combat. Son bras droit fila prestement et lui heurta la gorge. Pas assez fort pour la mettre hors jeu, mais suffisamment pour lui couper le souffle quelques secondes. Elle était à sa merci, et il tendit son poing, pensant d'abord à lui écraser le visage sous ses phalanges, mais se reprenant au dernier moment. Il était là pour s'entraîner, pas pour la défigurer. Son bras fila lui écraser le foie, sans rencontrer de résistance. Il la laissa retomber sur le sol où elle s'étala de tout son long, avant de se pencher pour récupérer l'épée. Prudent tout de même, il recula de quelques pas, s'appuyant sur la lame pour soulager sa jambe fatiguée. Qu'elle était dure la vie de vétéran.

La jeune femme mettrait quelques longues secondes à se remettre de ce déchaînement de coups, qui à sa décharge aurait certainement mis à terre n'importe qui. Pazrhdan n'avait pas décidé de combattre honorablement, et elle avait fait les frais de la réalité du combat. En vérité, les gens utilisaient des coups bas, et n'hésitaient pas à se saisir de la victoire par tous les moyens. Lui-même avait cessé d'être chevaleresque après avoir vu ce qu'il en coûtait de ne pas achever un ennemi à terre. Désormais, il mettait un point d'honneur à aller jusqu'au bout, et à mettre à mort ses adversaires, blessés ou non. Ses ennemis d'alors lui avaient donné un surnom que ses détracteurs ici utilisaient encore parfois : la Hyène. Alors que Sirka reprenait peu à peu ses esprits, une voix s'éleva derrière eux, la voix d'un homme âgé et quelque part amusé par la situation :

- Pazrhdan ! Ou devrais-je dire « Capitaine Dosrnia » ? De retour de l'Est, quelle belle surprise !

Le sourire du guerrier s'élargit, alors qu'il reconnaissait son vieux maître :

- Maître Gantulga, quel plaisir de vous revoir !

Ce dernier sourit à son tour. Il avait vieilli depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, mais il paraissait toujours aussi alerte, et surtout toujours aussi dangereux. S'il y avait bien une leçon que Pazrhdan avait retenue de cet homme, c'était qu'il ne fallait jamais se fier aux apparences. Un regard à Sirka, qui se relevait à côté de lui et qui retrouvait enfin la vue, lui confirma que cette dernière retiendrait cette même leçon de sa part. Il ne s'approcha pas pour l'aider à se relever, conscient qu'elle pourrait lui faire payer son affront, mais la dévisagea comme pour lui dire que leur duel n'était pas encore terminé. Gantulga regarda la jeune femme :

- Ta partenaire de duel semble vouloir reprendre, mais pourquoi a-t-elle choisi une hache aussi lourde ?

- Je l'ignore, maître. Je l'ignore.

Le sourire du guerrier s'étira, et il revint à Sirka, qui s'était relevée entre temps. Elle était couverte du sable qui collait à son corps par l'intermédiaire de la transpiration, ce qui lui donnait l'air encore plus farouche. Pazrhdan l'observa, alors qu'elle prenait conscience pleinement de la situation. A quoi son esprit affûté pouvait-il bien penser désormais ? Quel stratagème pouvait-elle chercher à mettre en place ? Le coup du sable ne pouvait marcher qu'une seule fois, hélas, et elle était bien démunie pour l'affronter. Seule la hache plantée dans le sol lui offrait une alternative, mais un combattant estropié et armé se dressait entre elle et son unique salut. Un combattant qui clairement avait de la ressource, et qui ne se laisserait pas avoir aussi facilement. Il leva le sabre, et le pointa en direction de Sirka, avant de glisser malicieusement :

- J'attends.

Le second round pouvait commencer.


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