Hector regardait fixement sa bière qui devenait de plus en plus plate au fil des longues minutes qui s'égrénaient. Son menton était lourdement appuyé dans la paume de sa main. Ses longs cheveux blonds bouclés pendaient de part et d'autre de son doux visage.
Une prostituée à la poitrine abondante vint se frotter contre son dos. Doucement elle passa une main sur la poitrine du jeune chevalier.
"Pour toi, mignon, c'est gratuit... c'est pour ma consommation personnelle."Elle parti d'un rire gras tandis que sa main descendait doucement vers la ceinture d'Hector. D'un geste rapide sans être brusque il saisit le poignet de la fille de joie, sans quitter sa chope des yeux. Doucement, il tourna son visage et planta ses yeux d'un vert clair dans ceux de la fille.
" Je ne sais pas si tu en veux à ma bourse ou à mes bourses... mais je sais que tu ne toucheras à aucun des deux."Vexée, la prostituée se redressa, dégageant sa main vivement et crachant au sol. Jurant dans une langue qui n'avait rien à voir avec le commun elle s'éloigna de la table d'Hector pour s'attarder sur d'autres clients. En face du chevalier, un de ses compagnons riait étirant ses joues couvertes d'une barbe de quelques jours. Comprenant que la chose ne faisait pas rire Hector, il cessa, passant sa grosse main dans ses cheveux coupés courts et déjà grisonnant.
" C'est pas tout ça chef, mais on fout quoi ici ?"Le regard à nouveau fixe, comme envoûté par les dernières bulles qui venaient éclater à la surface de sa bière, Hector répondit laconiquement.
"On attend..." Incrédule, Norion chercha du soutien dans le regard du troisième compagnon, un homme fin mais musclé qui semblait avoir déjà connu de nombreux hivers. Loin de désavoué Hector, il poursuivi dans son sens.
" Hector a raison... A cinq on arrive jamais à gagner le moindre contrat valable. Nous sommes des mercenaires routiers. Notre valeur se joue sur les routes où nous excellons pour nous orienter, déjouer les embuscades et calmer les patrouilles de soldats. Seulement, à cinq nous n'avons aucune chance de nous faire engager par une caravane.Et sans contrat, pas d'argent, pas d'argent pas de recrutement... Donc..."" On attend. "Hector venait d'absorber en une gorgée ce qui lui restait de bière.
"On attend qu'un marchand n'aie pas besoin de plus de cinq hommes ou qu'on contraire une caravane ait besoin de se renforcer... Et vu l'hiver qui gèle tout au nord, je pense qu'attendre à la frontière sud n'est pas un mauvais plan."Adhemar acquiesçat.
" D'autant qu'on a aucun intérêt à remonter dans le nord, rien ne nous attend et le marché des mercenaires est bien plus fourni."A ce moment, le gros aubergiste, qui semblait être de sang mêlé, s'approcha du petit groupe, l'air furieux.
" Dites donc vous... déjà que vous dormez pas à l'auberge, que vous buvez quasi rien... vous pourriez au moins consommer mes filles... j'ai l'impression d'héberger le Monocouille..."
Norion se redressa d'un bon, la main sur sa dague.
" Tout doux !"Hector connaissait la légende du Monocouille. Il s'agissait d'un chevalier, parmi les plus grands et les plus honorables qui soit. Il avait malheureusement perdu lors d'une ancienne bataille une partie de sa virilité. Nul ne savait vraiment qui était le Monocouille et personne n'osait trop se renseigner sur le sujet de peur que cela ne lui revienne aux oreilles. Dans le milieu des auberges,pour un homme d'arme s'entendre dire qu'il était le Monocouille était une insulte plus grave que d'insulter sa propre mère.
L'aubergiste avait assez rapidement compris que Norion était du genre impulsif et plutôt violent. Heureusement, Hector tenait bien ses lieutenants et il avait permis d'éviter le pire.
" Je t'entends bien homme... Norion, si tu profitais des charmes de cette fille pour te détendre un peu ?"Norion allait répondre quand la porte s'ouvrit à la volée, dévoilant un homme de corpulence moyenne, le crâne rasé bardé de cicatrice. Il était suivi d'un autre homme qui semblait nettement plus impassible et dont le teint semblait indiqué une origine métissée.
" Chef ! "D'un geste, Hector enjoint l'aubergiste de retourner à son auberge. Il s'occuperait des filles plus tard.
" Ivica, Onur, installez vous."Les deux hommes s'installèrent à la table. Ivica semblait tout excité et avait du mal à le cacher.
" Vous avez bien dit que vous étiez un bon jouteur ?"Hector acquiesçât timidement.
" Il était le meilleur à la cour de son père et parmi tous les jeunes nobles de son âge...", renchérit Adhemar.
Le sourire d'Ivica se fit encore plus large.
" A Dale, ils organisent un tournoi... c'est un marchand qui vient de nous le dire. Y dit qu'il y aurait 10.000 pièces d'or à gagner... Avec ça, on peut facilement recruter de quoi repartir du bon pied non ?"Hector sourit, il n'avait plus participé à un tournoi depuis son adolescence. Il avait été bon, voir très bon et un peu d'entraînement lui permettrait facilement de passer les premiers tours de la joute. Le reste lui reviendrait à l'usage. Même s'il y faisait plus froid, Dale était un bon point pour chercher du boulot, surtout pour un groupe de mercenaire spécialisé dans les escortes vers Rhûn.
" Préparez vos affaires, on s'en va..."#Hector
