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La Maison du Gouverneur était un des plus hauts édifices de la ville. Elle dominait la place du marché de toute sa hauteur. Le terme “maison” était un doux euphémisme visant sans doute à dédramatiser le rôle essentiel de ce symbole du pouvoir royal. Tharbad avait beau être une ville de taille moyenne, elle n’en demeurait pas moins la capitale de la Province du Cardolan et le siège du pouvoir royal dans la région.

Solide bâtisse en pierre de quatre étages flanquée d’une cour cernée par quatre tourelles, reliées entre elles par des courtines, la “Maison” tenait davantage du donjon que l’habitation bourgeoise.


Hector n’avait jamais eu le plaisir de pénétrer en son sein, préférant largement fréquenter la “Maison de la Compagnie du Sud”, qui elle était une réelle demeure cossue qui n’aurait pas tenu longtemps en cas d’attaque. Il avait reçu pour consigne de se présenter à la grille dès la tombée du jour. En arrivant au lieu de rendez-vous, il pu constater qu’il était attendu. Un homme de petite taille l’invita à le suivre.

Ils traversèrent la cour d’un pas rapide, se dirigeant vers l’entrée du donjon. Les deux gardes en faction le saluèrent sans beaucoup de sympathie mais avec le minimum de politesse de rigueur. Hector s’était fait une petite réputation dans la région depuis quelques mois. Après son retour du Rhun, il avait dû revoir ses plans, ses escortes au sein du pays de la reine Lyra étant fort peu compatible avec son nouveau statut de pourfendeur de l’Ordre de la Couronne de Fer.

Il avait eu l'honneur de servir de garde du corps à la Reine Dinaelin lors du mariage et l'avait accompagné jusqu'aux frontières de l'Arnor. N'ayant aucun intérêt à retourner au sud, il était resté à Tharbad ou Saemon Havarian avait su l’introduire auprès des marchands du coin qui avaient été ravis de pouvoir compter sur un mercenaire de ce calibre. Hector avait renoncé à fonder une nouvelle compagnie. Il ne voulait plus s’attacher à ses hommes, préférant largement servir de capitaine à des équipages de fortune. Cela faisait moins de peine quand il devait déplorer des pertes.

Le petit homme bifurqua directement à gauche, évitant l’escalier principal qui menait à la salle d’audience du gouverneur. Ils pénétrèrent une petite antichambre dans laquelle des hommes s’agitaient dans tous les sens, semblant sur le pied de guerre.

On le conduisit vers une porte qui menait à une seconde pièce. Sans prendre le temps de frapper, l’homme qui le guidait ouvrit la porte. Trois hommes échangeaient à voix basse. L’un d’eux était assis à une table tandis que les deux autres se tenaient debouts, penchés vers lui. Hector eu juste le temps de saisir les mots “chameau qui tousse” avant que les hommes ne prennent conscience de sa présence.

Les deux hommes debout quittèrent la pièce, laissant Hector seul avec celui qu’il devinait être son interlocuteur.

“Majesté…” commença-t’il d’un ton tout à fait de circonstance.

L’autre l’invita à s’approcher  et à s’asseoir.

“ Ce que nous allons échanger aujourd’hui est de la plus grande confidentialité. Il en va de la sécurité du Royaume. Je compte sur votre discrétion et serai en mesure de vous faire payer toute fuite au prix fort.”

Hector ne prit même pas la peine de répondre. Il devait sa fortune à Saemon et à la Compagnie du Sud… qui eux même devaient beaucoup au Roi Aldarion Aglareb.

“Parfait…”

Aldarion tira hors d’un tiroir un épais paquet de parchemin. Ceux-ci étaient enveloppés dans une couverture en cuir sur laquelle était gravé son nom.

“J’ai eu l’occasion de beaucoup me renseigner à votre sujet avant de vous contacter, cela avait déjà été le cas avant de vous accepter dans l'escorte de mon épouse. Je n’ai pas eu que de bonnes expériences avec les mercenaires… mais les échos de toute sorte sont excessivement positif à votre égard.”

Hector sourit, sa petite escapade à l’Est en compagnie d’Erco Skaline avait beaucoup fait parler d’elle.

“C’est pour cela que je me propose de vous confier cette mission délicate.”

Hector sourit à nouveau. Il avait lu le courrier que lui avait adressé Aldarion et réfléchis longuement avant de se rendre à ce rendez-vous. Néanmoins sa décision était prise et irrévocable.

“Votre majesté, je vous remercie de votre confiance et vous garantis que je n’ébruiterai pas cette affaire. J’ai accepté ce rendez-vous car il ne me semble pas convenable de refuser l’invitation d’un roi. Néanmoins, bien qu’intéressante votre proposition ne m’attire à vrai dire pas beaucoup. Les risques sont importants et la paie à peine meilleure que celle que je perçois en faisant mes escortes. Je ne cours plus après la gloire et les défis.”

Aldarion lui rendit son sourire. Il ne semblait, étonnement pas plus courroucé que ça par le refus d’Hector.

“Hector de Berciliak… où plutôt devrais-je dire Hector d’Ilion… il y a bien d’autres moyen que la paie pour récompenser un homme.”

Hector se redressa soudainement sur son siège. Le secret de son nom véritable était excessivement bien gardé. Même Saemon Havarian ignorait l’essentiel de cette histoire. Aldarion semblait bien renseigné, très bien renseigné.

“Je ne peux parler au nom de mon beau-père… néanmoins, sachez que si vous acceptez cette mission j'intercèderai avec une grande insistance auprès de lui pour que la Baronnie d’Ilion soit reformée et remise à la garde de son légitime propriétaire. Si, malgré mes nombreux arguments, je ne parvenais pas à l’en convaincre, sachez que je vous donnerai des terres équivalente en Arnor.”

Hector ferma les yeux. Son père avait dilapidé la fortune familiale et souillé son nom ce qui lui avait valu de se faire retirer titres et terres. Prime d’Ilion, son grand-père, avait pourtant été un des barons les plus influents de la Cour de Dale. Il avait envisagé d'aborder la question avec le Roi Gudmund à l'occasion du mariage mais n'avait jamais pu aborder le sujet, le Roi de Dale ne lui ayant accordé que très peu d'attention. La proposition d’Aldarion changeait complètement la donne.

“Pourrions-nous aborder les détails pratiques ?”, sourit-il finalement.

Aldarion lui rendit son sourire. La mission était complexe mais Hector lui plaisait beaucoup.

#Hector #Aldarion

Faible n'était sûrement pas assez fort pour décrire l'état dans lequel se trouvait le pauvre Learamn. Etourdi , épuisé , assoiffé , blessé il sentit de puissants bras s'emparer de lui alors qu'il allait sombrer dans l'inconscience. Le jeuen homme ne pouvait tenir debout seul et s'appuyait sur l'homme qui le soutenait . Après quelques secondes il reconnut Hectoor , ses longs cheveux blonds dégoulinaient de sueur mais une lueur de détermination brillait à l'intérieur de ses yeux. Pour Learamn ; et bien qu'il soit soutenu par son frère d'armes , chaque pas était un supplice supplémentaire et il devait se retenir pour ne pas hurler de douleur ou alors peut être était il trop épuisé pour crier. Il ne savait pas trop , il ne savait plus grand chose d'ailleurs. Autour d'eux les combats continuaient à faire rage et personne ne semblait remarquer l'étrange groupe qui avancer . C'est alors qu'un sbire de l'Ordre s'en prit au marenaire aux longs cheveux , ce dernier laissa tomber le rohirrim pour faire face à son adversaire qu'il élimina rapidement ; en tombant sur sa jambe blessé Learamn s'était à nouveau fait mal mais après tout au point où il en était cela n'avait plus vraiment d'importance .Hector reprit Learamn et tenait à distance Warin à l'aide de sa lame, il entendit Hector appeler du renfort , Daix apparemment .

Warin les fit entrer dans un sombre et étroit couloir en obsidienne en tout point semblable à celui où ils étaient tombés sur la bête étrange. A ce moment il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour Gnow et Alarthor les deux hommes qui les avaient sauvés des griffes de la bête , à l'heure qu'il est , ils étaient sûrement morts. Morts pour la cause. Il entendirent alors des bruits de pas derrière eux , Daix et son ancien adversaire venait de rejoindre le groupe, qu'est ce que l'adversaire de Daix pouvait bien faire là? Apparemment il venait de retourner sa veste , en vérité Learamn n'était pas vraiment en l'état de réfléchir au problème . Hector était mieux placé pour mener les opérations.
C'est alors que Warin s'arrêta et déclara qu'ils étaient arrivés .

Face à eux se trouvait un couloir un peu plus large que les autres mais là n'était pas le problème , en effet , deux colosses leur barraient la route . Grands , forts et armés jusqu'aux dents ils étaient sûrement là pour garder un lieu important. En plissant les yeux Learamn put alors apercevoir une sombre tombe qui semblait , tel un trou noir , absorber le peu de lumière restante. Alors c'était ça ce fameux tombeau. La partie allait être rude d'autant que Warin les prévint de ne pas tuer les deux gardes. Mais en quoi un tombeau était-il important? Qu'est ce que cela voulait dire?  L'Orchâl se trouvait dans la salle de l'arène et se battait contre Erco , il fallait aider le Comte à vaincre cette femme maléfique pas fuir les combats pour aller voir un tombe . Le jeune homme n'avait jamais été confronté à toute sorte de magies et il n'y avait jamais vraiment cru , il avait bien entendu des histoires de mages elfes mais pour lui tout ceci était bien loin de sa vie.

Ce fut le nouveau membre du groupe qui prit les devant en les faisant passer pour des renforts de l'Ordre. Learamn comprit alors que pour être crédible il fallait que les deux colosses ne le voit pas , en effet envoyer un infirme parmi les renforts n'étaient pas crédible. Il glissa alors silencieusement sur le sol et rampa discrètement dans un coin sombre et se contenta d'attendre la suite des événements.

#Hector

Hector fixait Vieille-Tombe du regard. Il avait terminé la mission pour laquelle il avait été payé. Il avait perdu un de ses meilleurs hommes et deux autres qui étaient actuellement en grand danger.  Sa troupe jadis fière et réputée se résumait désormais à deux hommes : lui même et son interprète, qui était également un guerrier de talent.

Il avait froid, il sentait les extrémités de son nez et de ses oreilles mordues par le vent froid et par l'humidité qui régnait. Il passa la main dans ses cheveux blonds, rendus humides par la neige qui continuait à tomber.

S'il avait voulu une vie de château, il n'aurait eu qu'à le demander. Son père avait un nombre incalculable de charges à lui confier. Il aurait pu administrer un bourg ou siéger à Minas Tirith. Il aurait pu devenir diplomate, militaire ou simplement rentier. Pourtant, il avait choisi de vivre d'aventure, de quitter son foyer et de se lancer sur les nombreux sentiers de la terre du milieu. Son étoile avait parfois brillé, d'autres fois il avait cru que sa fin était arrivée. Comme cette fameuse après-midi... Il chassa ces pensées d'un geste. Rien à faire, elles persistaient l'empêchant de réfléchir posément.

Erco Skaline l'interpella, réclamant son aide et son soutien.Il savait que cela viendrait.

" J'ai été payé pour vous mener jusqu'à Vieille-Tombe, vous êtes  à Vieille-Tombe."

Le Seigneur d'Esgaroth se préparait à répondre, mais Hector leva la main pour l'interrompre. A sa main gantée de cuir, un détail attira peut être l'attention de son interlocuteur : une chevalière dorée.

" Je suis un mercenaire Seigneur Skaline, mais je suis également un chevalier. Le mercenaire a fini son travail..."

Il jeta un oeil à Onur qui d'un hochement de tête sembla approuver ce qu'il devinait qu'il allait dire.

" Le chevalier se souvient d'une funeste après-midi d'hiver. Pareille à celle-ci. Il avait laissé ses amis, ses fidèles et loyaux compagnons à quelques lieues d'un village où il devait rencontrer un client. Quand il est revenu, accompagné de sa garde rapproché, le petit campement de ses hommes s'était transformé en charnier à ciel ouvert. Un pauvre hère qui vivait ses derniers instants expliqua alors la sauvagerie de l'attaque d'une troupe nombreuse portant des armoiries  noire et blanches. Une armée en maraude qui n'avait pas posé de questions avant de répandre la mort. Et cela, le chevalier se doit d'en faire payer le prix à qui de droit."

Ce jour là, Hector avait compris que la grandeur de sa troupe de mercenaires était derrière lui.

" Mon épée servira aussi bien que possible votre cause..."

#Onur

Hector sourit en entendant les questions naives du Comte Erco Skaline. Il avait eu l'occasion de traverser le Rhun à de multiples reprises et il s'amusait d'entendre le chevalier lui en parler comme d'un endroit touristique.

" Le Rhun ne ressemble à aucun autre endroit que vous pourriez connaître. Tout y est différent, la langue, la culture et la mentalité. Si le Gondor, l'Arnor et le Rohan ne sont pas toujours des modèles de justice, sachez qu'ici la justice ne porte qu'un seul nom : celui de Lyra."

Le chef de mercenaires jeta un œil dans son dos, une ombre passa sur son visage avant que son sourire ne revienne.

" Y-a-t'il une milice ? Plus qu'une milice... une des armées professionnelles les mieux entraînées du monde. Des patrouilles dans toute la ville, dans tous les villages. La cargaison y sera t'elle en sécurité ? Cela dépend du bon vouloir des autorités. Cela peut changer très vite... défendre une caravane à Vieille-Tombe ce n'est pas sortir l'épée et trancher dans le vif, c'est obtenir les bonnes grâces du régime. Et depuis peu, avec l'apparition de maudit ordre, il y a de plus en plus d'intermédiaires.."

Il jeta encore un œil derrière lui puis, tira sur les rênes de sa monture pour la faire stopper et tira son épée. Son cheval hennît. En réponse, les hommes d'Hector s'immobilisèrent, bientôt imités par Erco et sa troupe.

" Deux groupes de cavalier derrière nous... Peut être une poursuite..."

Si les cavalier étaient des ennemis, il fallait organiser la défense pour ne pas se faire attaquer en marche. Cela ne poserait pas de problème s'il s'agissait d'alliés.

" Disposez les chariots en cercle ! Monture vers l'intérieur ! Vos chevaux dans le cercle, sortez vos armes de tir et mettez vous dans les chariots. Skaline ! Avec moi !"

Hector éperonna sa monture et s'élança en direction des cavaliers. Ses hommes dirigeaient la manœuvre et préparaient les chariots pour assurer une défense efficace.


Adhémar, qui semblait être le second d'Hector, donna les dernières consignes.

" Ne tirez pas avant le retour d'Hector et d'Erco, ne montrez aucun signe d’agressivité inutile.."

Une grande agitation régnait à la porte nord ce matin là. Une caravane composée d'une dizaine de chariots s’apprêtait à partir. Les marchandises étaient très variés et de nombreux commerçant s'affairaient à mettre la dernière main aux préparatifs. Cela faisait plusieurs semaines que le voyage était retardé et il était plus que temps que le voyage commence.

Saemon avait remplis deux chariots de la caravane avec des marchandises de la famille de Sora. En tant que tel, il avait été désigné pour représenter les intérêts des marchands. Depuis qu'il avait repris l'héritage de Cantelmo, Saemon n'avait de cesse bosser et n'avait presque plus assez de temps pour intriguer et conforter sa position. Il se devait de réagir assez vite s'il voulait gagner cette fichue élection.

"... ça me semble être un bon équilibre, à voir avec eux... mais sachant ce que l'on sait, je pense qu'ils devraient pouvoir s'en satisfaire."

Saemon sorti de ses pensées et se reconcentra.


Le jeune Denys était brillant et enthousiaste mais manquait clairement de charme, du coup, Saemon avait énormément de mal à le suivre quand il partait dans ses délires économiques.
Il avait été présenté à Mevina de Sora, sa "soeur" par alliance... elle n'en avait point voulu. Pourtant, Saemon avait été impressionné par les qualités économique du jeune homme. Quand Erina et lui avaient décidé que Saemon assurerait l'héritage de Cantelmo, il avait directement pensé à Denys pour le conseiller en matière économique. Cependant, la petite affaire du jeune homme marchaient bien et il n'avait aucune raison de les quitter... Saemon avait donc "convaincu" les investisseurs d'abandonner Denys avant de se présenter comme le sauveur et de racheter, à bas prix, son commerce. Il avait profité de l'aubaine pour faire de Denys son conseiller privé.

"Réexplique moi la société en commandite..."

Loin de se démonter, Denys se remit à parler de plus belle.

" La société en commandite est un type de société reconnu par la Compagnie du Sud. L'origine historique se trouve dans les..."

" Sois concis..."

Denys toussota, il avait beaucoup de mal avec la concision.

" D'accord d'accord... En résumé, dans la société en commandite, un commerçant s'associe avec un transporteur pour faire voyager ses marchandises. Le commerçant risque sa marchandise, le transporteur sa vie... Si la marchandise arrive à bon port, enfin dans ce cas... ce n'est pas un port... le transporteur touche une partie des bénéfices."

" Parfait... parfait... tu as les papiers ?"
" Oui oui... je les ai déjà rempli..."

Tandis qu'il terminait sa phrase, un petit groupe composé de cinq hommes lourdement armés, tirant leurs chevaux par la bride, s'approchèrent.



" Saemon Havarian ?"
" Hector ?"


Le jeune mercenaire sourit.

" Voici mon équipe... vous m'avez promis du renfort..."
" Vous en aurez d'ici peu... des hommes de grande qualité..."
" Parfait, comment s'arrange t'on ?"

Saemon se tourna vers Denys qui farfouillait dans un porte document. Voyant que le jeune homme était occupé, il présenta lui même les choses.

" Société en commandite... intéressement à 20 %... sachant que vous fournissez seulement un quart de l'escorte et que le reste n'est pas payé... Vous connaissez les règles de la Compagnie n'est-ce pas ?"

Hector sourit, il avait l'habitude de travailler pour les marchands.

" Si je vends la marchandise avant la destination, si je ne ramène pas les bénéfices, ou si je fais quoi que ce soit non prévu par le contrat... je suis poursuivable par la Compagnie du Sud et punissable au Rohan, en Arnor, à Dale, en Gondor, en Harondor et dans toutes les terres contrôlées par les nains... Bref, je ne veux pas vivre ma vie dans un pays hospitalier que Rhûn ou me faire embrocher par des flèches elfiques, je suis fiable..."

Saemon savait que la fiabilité était un mot bien relatif, cependant Hector semblait raisonnablement fiable, suffisamment en tout cas pour lui faire confiance.

" Denys, je te laisse signer les papiers avec lui... J'ai des affaires à régler... Transmettez mes amitiés à Erco."

Denys s'inclina,

" Je m'occupe de tout..."


Saemon fit un clin d'oeil à Hector qui semblait déjà avoir cerné le personnage.

" Bon courage..."

Il fit volte face et se dirigea vers le centre de la ville, dans son dos il entendait le volubile Denys qui semblait prêt à assommer Hector avec ses paroles incessantes.
Saemon devait agir vite, et espérer qu'il obtiendrait ce qu'on lui avait promis... le vote approchait dangereusement.

#Saemon

Hector regardait fixement sa bière qui devenait de plus en plus plate au fil des longues minutes qui s'égrénaient. Son menton était lourdement appuyé dans la paume de sa main. Ses longs cheveux blonds bouclés pendaient de part et d'autre de son doux visage.


Une prostituée à la poitrine abondante vint se frotter contre son dos. Doucement elle passa une main sur la poitrine du jeune chevalier.

"Pour toi, mignon, c'est gratuit... c'est pour ma consommation personnelle."

Elle parti d'un rire gras tandis que sa main descendait doucement vers la ceinture d'Hector. D'un geste rapide sans être brusque il saisit le poignet de la fille de joie, sans quitter sa chope des yeux. Doucement, il tourna son visage et planta ses yeux d'un vert clair dans ceux de la fille.

" Je ne sais pas si tu en veux à ma bourse ou à mes bourses... mais je sais que tu ne toucheras à aucun des deux."

Vexée, la prostituée se redressa, dégageant sa main vivement et crachant au sol. Jurant dans une langue qui n'avait rien à voir avec le commun elle s'éloigna de la table d'Hector pour s'attarder sur d'autres clients. En face du chevalier,  un de ses compagnons riait étirant ses joues couvertes d'une barbe de quelques jours. Comprenant que la chose ne faisait pas rire Hector, il cessa, passant sa grosse main dans ses cheveux coupés courts et déjà grisonnant.


" C'est pas tout ça chef, mais on fout quoi ici ?"

Le regard à nouveau fixe, comme envoûté par les dernières bulles qui venaient éclater à la surface de sa bière, Hector répondit laconiquement.

"On attend..."

Incrédule, Norion chercha du soutien dans le regard du troisième compagnon, un homme fin mais musclé qui semblait avoir déjà connu de nombreux hivers. Loin de désavoué Hector, il poursuivi dans son sens.


" Hector a raison... A cinq on arrive jamais à gagner le moindre contrat valable. Nous sommes des mercenaires routiers. Notre valeur se joue sur les routes où nous excellons pour nous orienter, déjouer les embuscades et calmer les patrouilles de soldats. Seulement, à cinq nous n'avons aucune chance de nous faire engager par une caravane.Et sans contrat, pas d'argent, pas d'argent pas de recrutement... Donc..."

" On attend. "

Hector venait d'absorber en une gorgée ce qui lui restait de bière.

"On attend qu'un marchand n'aie pas besoin de plus de cinq hommes ou qu'on contraire une caravane ait besoin de se renforcer... Et vu l'hiver qui gèle tout au nord, je pense qu'attendre à la frontière sud n'est pas un mauvais plan."

Adhemar acquiesçat.

" D'autant qu'on a aucun intérêt à remonter dans le nord, rien ne nous attend et le marché des mercenaires est bien plus fourni."

A ce moment, le gros aubergiste, qui semblait être de sang mêlé, s'approcha du petit groupe, l'air furieux.

" Dites donc vous... déjà que vous dormez pas à l'auberge, que vous buvez quasi rien... vous pourriez au moins consommer mes filles... j'ai l'impression d'héberger le Monocouille..."

Norion se redressa d'un bon, la main sur sa dague.

" Tout doux !"

Hector connaissait la légende du Monocouille. Il s'agissait d'un chevalier, parmi les plus grands et les plus honorables qui soit. Il avait malheureusement perdu lors d'une ancienne bataille une partie de sa virilité. Nul ne savait vraiment qui était le Monocouille et personne n'osait trop se renseigner sur le sujet de peur que cela ne lui revienne aux oreilles. Dans le milieu des auberges,pour un homme d'arme s'entendre dire qu'il était le Monocouille était une insulte plus grave que d'insulter sa propre mère.
L'aubergiste avait assez rapidement compris que Norion était du genre impulsif et plutôt violent. Heureusement, Hector tenait bien ses lieutenants et il avait permis d'éviter le pire.

" Je t'entends bien homme... Norion, si tu profitais des charmes de cette fille pour te détendre un peu ?"

Norion allait répondre quand la porte s'ouvrit à la volée, dévoilant un homme de corpulence moyenne, le crâne rasé bardé de cicatrice. Il était suivi d'un autre homme qui semblait nettement plus impassible et dont le teint semblait indiqué une origine métissée.

" Chef ! "

D'un geste, Hector enjoint l'aubergiste de retourner à son auberge. Il s'occuperait des filles plus tard.

" Ivica, Onur, installez vous."


Les deux hommes s'installèrent à la table. Ivica semblait tout excité et avait du mal à le cacher.

" Vous avez bien dit que vous étiez un bon jouteur ?"

Hector acquiesçât timidement.

" Il était le meilleur à la cour de son père et parmi tous les jeunes nobles de son âge...", renchérit Adhemar.

Le sourire d'Ivica se fit encore plus large.

" A Dale, ils organisent un tournoi... c'est un marchand qui vient de nous le dire. Y dit qu'il y aurait 10.000 pièces d'or à gagner... Avec ça, on peut facilement recruter de quoi repartir du bon pied non ?"

Hector sourit, il n'avait plus participé à un tournoi depuis son adolescence. Il avait été bon, voir très bon et un peu d'entraînement lui permettrait facilement de passer les premiers tours de la joute. Le reste lui reviendrait à l'usage. Même s'il y faisait plus froid, Dale était un bon point pour chercher du boulot, surtout pour un groupe de mercenaire spécialisé dans les escortes vers Rhûn.

" Préparez vos affaires, on s'en va..."


#Hector