Aventures au coin d'un feu...

Le feu brûlait dans l'âtre généreusement alimenté par des bûches coupée tout l'été durant. Même si les vieux annonçaient le redoux, il faisait toujours extrêmement froid au nord et particulièrement dans la forteresse de Fornost. En conséquent, l'essentiel de la vie se déroulait dans un rayon de quelques mètres autour de la cheminée de pierre.

On avait prévenu Poppea de l'arrivé d'un invité. Un rôdeur dont la réputation au nord n'était plus à faire. Il était, selon les rumeurs, de passages pour quelques jours avant de retourner à ses occupations. Fornost était une forteresse essentielle à l'Arnor mais d'un ennui mortel. Les invités de qualités y étaient dès lors reçus comme des princes et Poppea avait interrompu séance tenante la revue des troupes qu'elle avait entamée peu avant le souper.


Sans prendre la peine de se changer, une formalité dont elle se passait plus souvent qu'à son tour, la belle-soeur du Roi se dirigea vers la grande salle où on avait déjà installé le rôdeur. Il était nommé Aharabd et jouissait de la réputation d'être à la fois un fameux aventurier et un bel esprit. Deux qualités assez rare dans la ville. Traçant à travers la pièce, la jeune femme se dirigea vers les fauteuils où l'attendait son hôte.

" Seigneur Aharabd, c'est un plaisir pour moi de vous recevoir en ces lieux."

Elle lui tendit la main, attendant un baise-main, une tradition qui avait beaucoup d'importance pour elle. Elle s'assit ensuite dans un fauteuil à haut dossier et posa son lourd marteau de guerre contre l'accoudoir. Sa position très féminine tranchait complètement avec cette arme massive. Elle planta ses yeux dans ceux d'Aharabd qui put y lire une grande curiosité.

" Donnez moi donc des nouvelles ! Comment va le nord ? La Vieille-Garde évite autant que possible les trajets par un temps pareil, je suis affreusement délaissée et avide d'informations ! Dites moi tout !"

Un sourire enfantin s'afficha sur son visage caressé par une épaisse natte de cheveux foncés. Poppea était, sous ses dehors militaires, une très belle femme.

Aharabd marchait dans les rues de Fornost. Il venait de rentrer d'une mission. Deux jours auparavant, la milice l'avait prévenu qu'une bande de détrousseurs avait été aperçu aux alentours de la cité. Il avait réuni une quinzaine d'archers pour retrouver les bandits et les empêcher de nuire. Les brigands étaient deux douzaines mais les archers étaient habiles et, après en avoir abattu huit, les autres s'étaient rendus.

On l'avait prévenu qu'il serait sûrement bien accueilli à la Forteresse de Fornost où résidait Poppea, la belle-sœur du Roi d'Arnor. Il était pénible de se déplacer dans les rues de Fornost. Même pour un rôdeur car la soirée était venteuse et très pluvieuse. Bien que la rumeur de la fin du Rude Hiver était venu, au Nord, le temps était toujours mauvais: la vent soufflait en rafale et obligeait ceux qui était dehors à se battre pour avancer et les rues en pentes étaient inondés de sorte qu'il était difficile et parfois impossible de les emprunter. Le rôdeur avait dû faire un long détour pour arriver à la Forteresse.

Arrivé devant la porte Aharabd frappa deux coups secs. Il attendit quelques minutes mais un homme vint finalement lui ouvrir. Il le fit rentrer et alla prévenir la dame Poppea. Quelque instants après, l'homme revînt et l'informa qu'il pouvait rentrer après lui avoir remis ses armes. Aharabd s'exécuta. Puis, un serviteur le débarrassa de son manteau trempé et l'introduis auprès de Poppea, la belle-sœur du Roi.

Après être entré dans la pièce, il s'assit sur le confortable fauteuil que le serviteur lui désigna. Peu de temps après, la dame arriva. Aharabd fût saisi d'un léger tremblement. Il n'était pas à l'aise avec les femmes, encore moins avec les femmes qui possédaient la beauté et la grâce de Poppea. Le rôdeur devina au lourd marteau de guerre qu'elle pouvait se faire dur comme une lame d'épée mais,  il regardait toujours cette femme qui le troublait avec admiration.

Elle s'approcha de lui et le salua:

Seigneur Aharabd, c'est un plaisir pour moi de vous recevoir en ces lieux.

Sa voix était claire et pure comme une musique. Puis elle lui tendit la main et il la lui baisa. Puis, il lui répondit:

Madame je suis enchanté de votre présence et votre accueil est est aussi honorable qu'on puisse le souhaiter.

Lorsque elle se fût assis et qu'elle lui eu demandé des nouvelles du Nord, il lui annonça:

Eh bien j'ai entendu dire que la ville d'Imladris avait été attaqué. Ce ne sont que des rumeurs qui courent je ne sais pas si elles sont fondées, dit il. De plus, beaucoup de troubles ont lieu vers l'Est et dans le Sud. Les bandits se multiplient dans la région, tous les rôdeurs sont mobilisés car parfois la nuit des bandes organisés essayent de forcer les portes de notre ville. Si la milice de la ville se mobilisait, on pourrait les éloigner pour longtemps.

Alors même qu'il donnait des nouvelles à Poppea, il revécu les voyages qu'il avait fait et qui lui avait donné toutes ces informations. Il était perdu dans ses pensées passant d'une histoire à une autre et d'un rêve à un autre. Il était comme dans un rêve tout en restant éveillé. Il dit de nombreuse choses, en passant par les nouvelles du Sud, de Rohan, de Minas Tirith ou de Rhun et très souvent elles étaient sombres. Lorsqu'il termina enfin son récit, il soupira. Puis, il demanda à la belle-sœur du Roi:

Et vous, Madame, quelles sont les nouvelles de Fornost car cela ne fait que peu de temps que je suis revenu de la Lebennin et dès mon arrivée j'ai du repartir pour une traque car les alentours de la citée étaient infestés de bandits.

Poppea avait entendu parler des bandits qui traînaient dans la région, elle savait également qu'une importante troupe était passée à proximité de Fondcombe. Les nouvelles étaient inquiétante et il fallait bien tout le courage des gardes des landes pour parvenir à maintenir une relative sécurité dans les environs.

La Vieille Garde était désorganisée depuis qu'Aeldon était devenu Tribun Militaire et que ses fonctions l'amenaient à rester le plus souvent possible à Annuminàs. Son second, le capitaine Rolly était un homme bien moins charismatique et couard. Il gérait la garde de Fornost et évitait autant que possible d'affronter la rigueur de l'hiver. Les rôdeurs étaient dès lors livrés à eux même, courageux mais quasiment incapables de s'organiser. Poppea s'investissait autant que possible pour les aider mais ne pouvait se permettre de quitter Fornost où étaient gardés les enfants d'Aldarion.

" Je  suis consciente que la situation est critique... je compte interpeller le roi Aldarion à ce sujet,  il faut prendre des mesures. Je prendrai plaisir à vous donner des nouvelles de Fornost autour d'un bon repas chaud. Vous aurez l'occasion de voir les enfants royaux."

La jeune femme se leva, puis tapa dans ses mains. Des serviteurs apparurent alors dans l’embrasure de la porte, dégageant les fauteuils et amenant une table sur trépieds qu'ils installèrent à proximité de la cheminée.

" Installez-vous, je vous rejoins dans un instant, je vais chercher mon neveu et ma nièce. Ils ne doivent pas quitter leur chambre sans moi."

Elle salua rapidement avant de prendre congé de son invité pour monter dans les étages.


Alors que Poppea n'était pas encore revenue, le rôdeur put entendre le sons de pas nombreux qui approchaient dans le couloir qui menait à la salle. Des hommes parlaient fort et avec enthousiasme. Ils ne tardèrent pas à pénétrer la pièce ou se trouvait Aharabd. En tête du groupes, deux hommes en arme. Le premier portait une longue barbe et n'était pas totalement inconnu au voyageur.


C'était le capitaine Rolly, capitaine de la Vieille Garde. Il s'adressa directement au rôdeur.

" Bonjour l'ami ! Vous êtes de passage à Fornost ? Je vous présente le Tribun de la Plèbe Athos Derulan, il est ici pour voir les héritiers, c'est urgent parait t'il."

Celui qu'il avait présenté comme Athos Derulan ne le laissa même pas répondre.


D'apparence sévère, il était suivi d'une dizaine de soldats en armure portant une livrée verte inconnue au rôdeur.

" Rolly, où sont les enfants ?"

Le capitaine se tourna alors vers Aharabd, le regard interrogateur.

Peu après que Poppea l'eut quitté, les serviteurs apportèrent des victuailles toutes plus somptueuses les unes que les autres et , comme le feu avait consumé toutes les bûches, ils le ravivèrent avec une nouvelle charge de bois.

Comme son hôtesse ne revenait pas, Aharabd inspecta la salle. Elle était grande, rectangle et, pour se protéger du vent nordique, avait une fenêtre qui donnait plein Sud. Les torches accrochées aux murs de pierres jetaient des ombres mouvantes dans la pièce. Cette salle, bien que sobre, devait être une des plus luxueuse de la forteresse. La cheminée était en marbre blanc et sur son dessus, on voyait de petite statuettes des rois depuis Elessar, le Premier Grand Roi du royaume Réunifié après la chute de Sauron. Ces personnages, Aharabd les connaissait bien car il avait étudié l'histoire des trois grands peuples mortels de la Terre du Milieu : les Gondoriens, les Arnoriens et les Rohirims. Et, bien évidemment, il avait accordé une importance particulière a l'histoire de son propre royaume. Il se doutait que la connaissance des rois n'avait pas entièrement disparu en Arnor. Poppea était une femme noble. Elle avait probablement reçu une éducation qui lui avait donné un accès important aux connaissances d'Arnor.

Quelques instant après que le rôdeur eu finit son observation, il entendit du bruit dans le couloir.
Plusieurs hommes entrèrent dans la pièce et le rôdeur reconnut le capitaine Rolly mais, il ne connaissait pas celui qui se tenait à côté de lui. Il remarqua aussi plusieurs hommes qui portaient une livrée et un insigne qu'il ne connaissait pas. Rolly présenta l'homme qui avait une apparence presque militaire sous le nom d'Athos Derulan et Aharabd se souvint qu'il avait entendu parler de cet hommme et, comme pour montrer que ses souvenirs étaient exacts, rolly dit qu'il était Tribun de la Plèbe. Celui-ci questionna alors le capitaine de la Vieille Garde et lui demanda où étaient les enfants du roi Aldarion. Le capitaine se tourna alors vers le rôdeur et lui reposa la question par le regard.
Aharabd répondit:

La Dame Poppea est partie chercher les enfants royaux, si vous l'attendez quelque instants, vous les verrez ainsi que leur gardienne.

Puis, il observa les soldats derrière les deux hommes: ils portaient des livrées verte et de brillantes armures. Leurs équipements étaient classiques car, pour la plupart, il était composé d'une épée et d'un bouclier. Mais deux d'entre eux avait des arcs longs.
Comme la question de leurs identités croissait dans l'esprit de l'Arnorien et prenait une place de plus en plus importante, il finit par poser la question qui lui brûlait les lèvres:

Messieurs, auriez vous l'amabilités de me dire qui sont les soldats qui composent votre suite?

Si, le capitaine ou le tribun eu envie de répondre, il n'en eut pas le temps car Poppea arriva avec les deux enfants du roi Aldarion. Elle avait l'air plutôt surprise mais sans plus.

Bien qu'elle cacha au mieux sa surprise, Poppea était dans un état d’énervement assez avancé. Elle était la maîtresse de Fornost et Rolly n'avait pas à entrer en présence des héritiers sans l'avoir préalablement consultée. Il était d'autant plus inconcevable qu'il se le permette en introduisant des hommes en armes.
Le capitaine connaissait parfaitement la belle-soeur d'Aldarion, aussi il comprit rapidement que quelque chose la dérangeait. Il leva la main en signe d’apaisement.

"Poppea, je me suis permis de faire entrer le tribun Athos Derulan, il dit devoir voir les enfants en urgence... "

Instinctivement, la dame de Fornost avait écarté les bras et maintenait les enfants derrière elle. Elle connaissait très bien Athos, son regard fier d'un bleu clair. L'homme à côté de Rolly n'était pas le tribun de la plèbe, ses yeux étaient verts et son front bardée d'une cicatrice que Poppea ne lui avait jamais connue. La panique put se lire dans son regard, le capitaine de la vieille garde le perçut directement.

" Quoi Poppe..."

Il n'avait pas achevé sa phrase qu'un lourd coup à l'arrière du crâne l'avait fait basculer dans les limbes de l'inconscience. Poppea chercha instinctivement son marteau, mais il était resté contre la cheminée. En désespoir de cause elle dégaina une longue dague qu'elle gardait à sa ceinture. Elle jeta un regard implorant à Aharabd.

" Les enfants..."

Le faux tribun sortit à son tour une longue épée, imité par l'ensemble de ses hommes. Un archer pointa directement son arme en direction du rôdeur afin de le dissuader de se mêler de cette histoire. Poppea était seule, faisant rempart de son corps pour protéger les enfants.De toute évidence les gardes de la forteresse n'avait aucune conscience du drame qui se jouait dans la grande salle.

Aharabd fût saisi d'un doute. Evidemment, quelque chose n'allait pas l'attitude protectrice de Poppea envers les enfants royaux en attestaient. Ces hommes devaient être une menace. Mais comment l'avait elle su? Et pourquoi le capitaine de la Vieille Garde s'était allié à ces hommes? Il n'en savait rien.

Lorsque Poppea frappa le capitaine de la Vieille Garde, le rôdeur essaya de se rappeler quels signes de la traîtrise de Rollly il aurait pu anticiper. Aucun ne lui revenait en mémoire. Le rôdeur connaissait bien Rolly et il n'aurait jamais pu envisager que celui ci était un traître... Peut-être le capitaine n'en savait rien et était venu ici en toute honnêteté et ne savait rien des intentions du Tribun... Ou était-ce même le tribun ou  simplement un usurpateur?

De nombreux doutes rongeaient Aharabd comme des mites. Il était en train de se remettre entièrement en question lorsqu'il se rappela la promesse qu'il s'était fait dans la caverne des orques alors qu'il venait de retrouver son père mort et mutilé et avait abattu ces créatures maléfiques. Ne jamais laisser libre cours au mal, tel était son serment.

Lorsque les hommes armés sortirent leurs épées, il comprit que si sa mort aidait les héritiers et la dame de Fornost à survivre, alors il mourrait.

Avant de passer à l'attaque, il observa la situation. Tout ses ennemis étaient tournés vers Poppea. Seul un archer le tenait en joue. S'il arrivait à l'assommer sans que les autres ne s'en rendent compte, il pourrai profiter de l'effet de surprise. Avant qu'ils ne se mettent en ordre pour une riposte, il aurait le temps d'en maîtriser quatre. De plus la présence d'un ennemi de part et d'autre de leurs troupes obligeraient ses adversaires à se diviser ce qui aiderait Poppea à défendre les héritiers.
Il devait encore trouver le moyen d'attaquer son gardien sans prendre une flèche. N'ayant pas d'idée, il tenta une distraction:

Tant que je ne gêne personne je peux continuer à me nourrir? Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas mangé.

Il attendit la réponse de son gardien tout en observant le marteau de guerre de Poppea. Son idée était de lancer un objet sur la table au visage puis de saisir le marteau ainsi qu'une troche et d'attaquer ses ennemis les plus proches jusqu'à avoir traversé leurs rangs et arriver près des héritiers. A partir de ce moment, la dame de Fornost et lui-même battraient en retraite tout en protégeant les héritiers. Puis, ils iraient à la salle de garde pour sonner l'alarme.
C'étaient une bonne idée mais il devait convaincre les troupes adverses de sa sincérité pour lancer son plan d'attaque. Il attendit alors la réponse de son gardien ou, plus vraisemblablement de l'homme qui prétendait être Athos Derulan, le Tribun de la Plèbe.

L'archer parût un instant déstabilisé par la question du rôdeur. Il allait répondre, mais à l'autre bout de la pièce, l'agitation augmenta d'un cran.


" Fuyez !"

La jeune femme poussa les enfants en direction du couloir. Ils connaissaient parfaitement le palais et avaient peut être une chance de se cacher si Poppea parvenait à retenir ses opposants assez longtemps.

Au moment où les petits avaient commencé à courir, elle s'était ruée en avant, se jetant sur le faux tribun. Malheureusement, un de ses soldats avait compris la manœuvre et s'interposa. Poppea chuta lourdement, enfonçant son couteau dans le corps de son opposant. Entre temps, le faux tribun s'était engouffré dans la brèche accompagnée de quatre de ses soldats. Poppea se releva, armée de l'épée de son ennemi mort.

Cependant, les gardes restés dans la pièce ne semblaient pas décidés à la laisser poursuivre leur maître. Ils la repoussèrent donc de façon à l'acculer dans un coin de la pièce, le plus éloigné possible du couloir qu'avaient empruntés les enfants.

Néanmoins, dans toute cette agitation, Aharbd était devenu une cible de moindre importance... désarmé, il avait été laissé sans surveillance. Il devait agir vite et faire les bons choix. Soit il poursuivait le faux tribun, se saisissant en passant du marteau de Poppea, soit il aidait la jeune femme en s'armant avec l'épée du Capitaine Rolly qui gisait toujours au sol.

Poppea n'avait face à elle que quatre hommes et elle était bonne combattante. Avec l'aide du rôdeur et l'effet de surprise, ils viendraient facilement à bout de leurs ennemis... Ils seraient alors deux pour affronter le reste de la troupe. Cependant, ces quelques minutes perdues risquaient bien d'être fatales aux héritiers.

Poppea bataillait pour sa défense dans le coin. Les hommes lui barraient la routes du couloir. Mais le rôdeur, lui, était libre d'aller secourir les héritiers. Toute fois, il ne pouvait se résoudre à laisser Poppea se battre seul contre des hommes qui risquaient de l'embrocher a tout moment. Alors, Aharbd se leva silencieusement, saisi sa chaise dans une main et ramassa le lourd marteau de la Dame de Fornost.
Aharabd jeta sa chaise sur un des ennemis qui tomba lourdement au sol. Puis , il prit le marteau de ses deux mains et le lança sur le mur derrière Poppea en espérant qu'elle rattrape son arme et il s'élança vers l'épée du Capitaine de la Vieille Garde pour la ramasser. Maintenant armé, il chargea les ennemis. Dès qu'il arriva vers ses ennemis, il engagea un corps a corps avec l'un d'entre eux. Sa lame tournoyait autour de lui et créait une armure d'acier sur laquelle venait se jeter la lame adverse sans arriver à y trouver une faiblesse. Pendant qu'il se battait, il cria à Poppea :

Allez protéger les enfants, je ne connais pas la forteresse aussi bien que vous. Je couvrirai vos arrières.

Ce faisant, il recula rapidement hors d'atteinte de la lame de son adversaire et chargea les adversaires de Poppea et les obligea à reculer et à laisser la Dame partir cependant, il ne vit pas si la Dame avait réussi a fuir ou si ses adversaires l'avaient obligé a se battre. Puis, il se plaqua contre le mur et se remis en garde. Son ancien adversaire revint au combat et essaya de lui porter un coup horizontale sauvage.
L'Arnorien bloqua la lame adverse avec la sienne, la repoussa de toute ses forces, recula se tourna de sorte à faire face aux autres guerriers.

Aharabd était dos au foyer et tenait sa lame d'une main. Il avait tenté d'attaquer les trois guerrier en même temps mais son ancien adversaire cherchait à le combattre et à le vaincre seul. Et ce combat avait bientôt exigé toute son attention si bien qu'il n'avait pas pu voir si les deux autres guerriers étaient partis de la salle. L'homme qu'il affrontait était de très haute taille et, selon l'estimation du rôdeur, il devait faire aux alentours de deux mètres cinq. De plus, il était une montagne de muscles tendus qui menaçaient le rôdeur à chaque instant d'une frappe puissante et précise. Cet homme était devenu une machine de guerre dont l'unique but était d’occire l'Arnorien. Il frappait Aharabd sans discontinuer et l'empêchait d'amorcer la moindre frappe.Il était assurément un épéiste hors pair et devoir tuer cet homme était un énorme gâchis de vie humaine.

Le rôdeur du Nord para une nouvel assaut horizontal et frappa à la cuisse. Le géant en armure grimaça. Sans plus. Comme s'il ne ressentait pas la douleur. Était-ce possible? Le guerrier profita de la surprise de l'Arnorien pour enchaîner un barrage de pique qu'Aharabd esquiva tant bien que mal. Le rôdeur sauta sur la table avec vivacité tandis qu'une attaque verticale coupait une chaise en deux alors que l'homme approchait, son regard fixé sur Aharabd et son visage peint d'un sourire qui laissait transparaître  un sadisme plus que présent. Le rôdeur donna un coup de pied dans un plat qui contenait un rôti et le récipient en faïence alla se briser sur le crane bossué du garde.  Il profita de l'étourdissement de don adversaire pour sauter et frapper avec une force qui aurait fendu un troll en deux du crane jusqu'à l'abdomen. Mais le géant pris son épée par le manche et le bout  et plaça son arme au dessus de sa tête. Le rôdeur se rendit compte juste a temps de la parade qu'avait préparé son ennemi et dévia la trajectoire de sa lame. Celle ci rentra profondément dans le poignet de son adversaire et le sectionna sans difficulté. Celui ci hurla de douleur. Il n'était donc pas insensible aux coups porté par l'Arnorien. Ce fut d'abord un sentiment de soulagement qui envahi le rôdeur puis ce fut la compassion et la pitié qui déferla sur lui. Il abaissa son arme et annonça simplement :

J'ai gagné

Son adversaire hurla de rage :

Je ne m'avouerai vaincu que lorsque je serais mort. Meurs chien.

Il frappa Aharabd a la cuisse et le sang du rôdeur gicla. Le sang coula le long de sa jambe pour former une flaque rouge qui se mêla bientôt à celle formée par celui de son adversaire. Une lueur sauvage s'alluma dans le regard de l'Arnorien et il se jeta sur le colosse. Il amorça alors une série de piques et de coups circulaires digne du combat que Fingolfin fit avec Morgoth. Ils lançait des attaques si rapides que son adversaire ne se rendait pas compte des frappes adverse avant que la lame d'Aharabd pénétra son corps. Le géant saignait abondamment et son corps était percé en de nombreux endroits. L'épée qu'Aharabd avait pris au capitaine de la Vieille Garde avait tranché la jambe gauche du garde et celui ci eu juste le temps d’érafler l'épaule du rôdeur avant de s'écrouler de fatigue et d'expirer. Le rôdeur avait gagné. Puis il regarda la pièce et se décida de courir sauver les héritiers.

La tentative du rôdeur était très courageuse et teintée de bon sens. Il risquait de se perdre à la poursuite du faux tribun et Poppea serait sans doute plus que lui capable de les rejoindre. L'attaque surprise d'Aharabd provoqua un léger flottement parmi les opposants directs de la jeune femme. Elle saisit l'opportunité pour attraper son marteau. Elle se lança alors en avant en direction du couloir. Malheureusement, les soldats du faux tribuns étaient d'excellents combattants et il ne leur fallu que quelques secondes pour se ressaisir.

Comme un seul homme, trois d'entre eux vinrent se placer entre la guerrière et la petite porte qui menait au couloir. Un seul faisait face à Aharabd, qui était une cible bien moins prioritaire. Poppea était animée d'une rage sans pareil. Munie de son arme de prédilection elle était redoutable. Malheureusement, à trois contre un, elle avait du mal à faire autre chose que de contrer les attaques de ses adversaires tout en tentant de placer l'une ou l'autre attaque timide.

Chaque seconde perdue à tenter de passer mettait encore plus la vie des héritiers en danger. Cela la rendait folle de rage. Elle prenait des risques pour tenter d'isoler un adversaire, ouvrant volontairement sa garde d'un côté pour inviter un des gardes à entrer dans son jeu et ainsi, s'offrir l'opportunité d'une contre-attaque fulgurante. Malheureusement, le faux tribun avait bien choisi ses hommes qui résistaient à ses provocation avec une discipline digne des plus grandes armées. Leur objectif n'était pas de tuer Poppea, ils voulaient juste la retenir le plus longtemps possible.

Derrière elle, le combat entre le rôdeur providentiel et son vis à vis faisait rage. Des cris retentissaient entre les coups d'épées et les tables renversées. Soudain, un cri plus fort s'éleva, un cri d'agonie. L'adversaire directe de Poppea tourna la tête une seconde, cherchant à voir lequel de deux protagonistes venait de perdre son duel. Il n'en fallait pas plus pour Poppea. D'un mouvement rapide elle releva son marteau, frappant l'épaule du distrait. Celui ci se courba de douleur, offrant à Poppea un angle parfait pour lui briser la nuque d'un coup puissant.

La jeune femme recula alors en oblique afin de garder ses ennemis en face d'elle tout en se plaçant suffisamment de profil que pour voir qui d'Aharabd ou de son adversaire était mort. Ce qu'elle vit lui fit plaisir, à deux contre deux le combat risquait fort de tourner à leur avantage. Elle espérait cependant qu'il ne soit pas déjà trop tard.

Le corps à corps du rôdeur venait de se finir. Alors même que son adversaire s'écroulait, il entendit un hurlement de douleur. Comme en écho avec lui, Poppea avait frappé un second garde. Ils étaient à présent deux contre deux. Le vent tournait et les gardes, bien que toujours calme et concentré, montraient involontairement quelques signes de peur. Il suaient et tremblaient légèrement.

Le rôdeur était blessé mais la douleur ne l'affaiblissait pas assez pour l'empêcher de se battre. Il ne se battait que d'une main car son épaule gauche était endolorie. Heureusement, il était droitier. Ses attaques avaient perdu de leur fulgurance mais suffiraient à déstabiliser son adversaire.

Il se jeta sur un des deux gardes du faux tribun. Car maintenant, Aharabd était convaincu que celui qui s'était présenté sous le nom d'Athos Derulan était en réalité un imposteur qui avait été payé pour assassiner les héritiers. Ou un homme dont le but était de kidnapper les enfants royaux pour demander une rançon. Il regarda le visage de son adversaire. Il était blond et avait l'air jeune. Une vingtaine d'année probablement. Ses cheveux étaient coupés plutôt cours et il avait une barbe et une moustache courte. Un physique militaire. Ses traits étaient tirés. Sûrement par la faim. Le menton du garde était un peu proéminent et sa joue droite était marqué par une cicatrice sûrement obtenu dans un sanguinaire combat de rue. Puis, le rôdeur reporta son regard sur le corps de son ennemi. Il était plus petit que lui mais était musclé. Il était compact, et ses muscles avaient l'air d'être plus dur que l'obsidienne. Mais il n'avait pas l'air de prendre plaisir au sadisme comme son ancien adversaire. Non. Celui ci avait l'air d'être plus humain.

Les deux hommes frappaient et chacun bloquait les coups de l'autre. Comme ci ils s'étaient entraîné ensemble pendant des années. Tels des danseurs effectuant une chorégraphie travaillé pendant des jours et des jours, ils bondirent et plaquèrent leurs lames l'une contre l'autre. Un bruit de crissement retentit dans l'air lourd. Il retombèrent au sol et recommencèrent à faire tournoyer leurs lames. Le fer d'une lame se cognait contre celui d'une autre. Et le tourbillon détruisait tout sur son passage: il coupait les chaises en deux, éventrait les coussins des fauteuils et fendait en deux la table en bois. Chacun des deux hommes cherchait à écraser l'autre, à l'attirer dans un piège et à briser sa garde.
C'était comme si un seul esprit se battait contre lui même en se servant de deux pantins.

Tout à coup, la garde du sous-fifre du faux tribun s'abaissa. Alors même qu'il allait se jeter en avant, le rôdeur flaira le piège. C'était une technique connue qui consistait à inciter l'adversaire à frapper naïvement. Ensuite, on devait effectuer un moulinet de l'épée pour faire tourner la lame adverse et désarmer son ennemi.

L'esprit d'Aharabd n'avait rien perdu de son acuité et il décida en un éclair de jouer la comédie. Il simula la fatigue et la déconcentration. Puis, il feinta l'attaque espéré par le garde mais bloqua la lame de son ennemi et lui donna un coup de pied pour l'éloigner. Le garde chancela fit quelque pas en arrière et repris son équilibre... Trop tard. Il avait fait un pas de trop. Il avait mis le pied dans le brasier de la cheminée. Il hurla si fort que les torches tremblèrent.

Le rôdeur sauta sur l'occasion il bondit, envoya son pied s'écraser sur le visage de son adversaire pour le bloquer dans le foyer et lui porta un coup d'épée à la jambe hors du feu. Le soldat s'écroula. Alors, le rôdeur, se demanda qui était cet homme. Pourquoi avait il fait attaqué les héritiers? Était il vraiment mauvais? Ou avait été poussé par le besoin de nourrir sa famille? Avait il été forcé sous peine de mort? Troublé, le rôdeur se montra miséricordieux, le sortit du feu et l'attacha en lui disant:

Tu à de la chance, je me montre bon aujourd'hui. Je te laisse en vie. Tu aura un procès devant le roi Aldarion. Et si tu échappe à la prison et à la mort, tu devra promettre sur l'honneur de ne plus attaquer l'Arnor ouvertement ou secrètement.

Puis, il se retourna pour aller sauver les héritiers.

Poppea avait été nettement moins charitable qu'Arahabd. Son adversaire, seul face à sa colère, avait compris qu'il ne devrait son salut qu'à la rapidité que mettraient d'éventuels renforts à arriver.

La guerrière frappait sans relâchement de son lourd marteau. Elle sentait parfaitement le poids de son arme qui endolorissait ses muscles. Pourtant, une énergie venue du plus profond de son être lui permettait de résister et de frapper encore et encore son adversaire.

Quand sa soeur était morte, tuée par les sbires de l'Ordre qui taisait alors son nom, Poppea avait réussi à surmonter sa douleur grâce aux enfants royaux. Incapables de se souvenirs de l'horreur qui avait accompagné leur naissance, ils avaient amené de la joie dans la cour d'un roi qui ne semblait plus animé que par une sourde colère. Aldarion avait mis toute son énergie à retrouver le  fils qu'il avait perdu, Poppea s'était elle consacrée à chérir ceux qu'il avait sauvé.

La jeune femme se souvenait de ce jour où son beau-frère était arrivé à Fornost, ses enfants apeurés sous le bras. Ce jour là, il lui avait confié son bien le plus précieux, sa descendance, l'avenir du Royaume.

Poppea avait alors redoublé de prudence, fixé des règles strictes, veillé chaque seconde sur ces enfants qu'elle avait fait siens. Il avait suffit de l'insouciance d'un seul homme, de la bêtise de Rolly, pour que la muraille qu'elle avait construit autour de Neolias et d'Ordenia. Rien que d'imaginer la terreur qui devait saisir le coeur de ses protégés, son estomac se nouait. Le fait se sentir impuissante ne faisait que raffermir sa détermination.

Rapidement elle parvint à toucher son opposant à l'épaule. Il tituba avant de constater rapidement qu'il ne parviendrait plus à lever son épée. Sa clavicule était sans doute brisée et la douleur lui fit tourner la tête. Néanmoins, il changea son arme de main et se remit en garde, adoptant une posture défensive.

Un deuxième coup puissant s’abattit sur son poignet. Le coup avait été rapide, puissant et surtout placé trop près de sa main pour qu'il puisse le contrer d'un d'épée. Il sentit ses os s'écraser sous l'impact et une douleur insupportable le saisit. Il lâcha son arme, reculant contre le mur. La voie était libre pour Poppea.

En d'autres moments, en d'autres circonstances, elle aurait sans doute laissé là son adversaire, elle aurait sans doute pu l'emprisonner et le laisser sur place comme Aharabd. Cependant la colère et la haine étaient trop fortes. Elle écrasa le crâne du sbire du faut tribun contre le mur de pierre. Quand elle retira son arme, le visage de feu son opposant ressemblait à une bouillie sans forme.

Sur cet entre-fait, le faux-tribun reparut dans le couloir. Il était accompagné de six gardes. Poppea le fixa dans les yeux. Elle y lit une forme de satisfaction qui lui glaçât le sang. Il baissa alors les yeux en direction de son arme... dégoulinante de sang. Il l'avait fait, il avait tué Néolias et Ordenia. Plusieurs des autres soldats avaient également des armes ensanglantées, ç'avait du être un massacre.

Poppea se rua sur le chef de bande, incontrôlable et irréfléchie. Il s'écarta de sa trajectoire, et tandis que, déséquilibrée par son mouvement, elle chutait, le faux tribun lui entailla le côté. Elle était désormais au sol, entourée des gardes de son ennemi. La situation était critique.

Le son de la corde se relâchant résonna dans le long couloir où tous les protagonistes se trouvaient. La flèche le traversa de toute sa longueur, passant près de l'épaule d'Aharabd pour se ficher dans celle de Madhel, l'usurpateur. La douleur fût un intense et lui arracha un cri déformant son visage, la pointe s'était enfoncée profondément dans sa chair et son bras en était presque entièrement bloqué.

La silhouette d'un homme apparut derrière Aharabd. Il était d'âge mûr, vêtu modestement mais il en émanait malgré tout une aura de confiance, de force et d'intelligence que nul ne pouvait nier. Il avait déjà encoché une nouvelle flèche et tendu son arc avec une facilité due à une grande expérience. Loin d'égaler le talent des elfes, l'homme savait toutefois manier cette arme et il n'hésitait jamais à s'en servir en cas de besoin. Et Erù savait qu'il en avait besoin en cet instant.

"Vous ne la toucherez plus."

Une seule phrase. Cinq mots. Pas une supposition. Un fait.

"Car ma seconde flèche ne touchera pas ton épaule, sale chien."

Là, c'était une menace. Le regard de Madhel se décomposa. Il était leur chef, si l'inconnu venait à lâcher cette flèche, il était certain qu'elle lui serait destinée. Et il n'avait aucune envie de mourir ici, pas sans récolter la gloire qui lui revenait maintenant de droit.

"On s'envole." lâcha-t-il à ses hommes avant de disparaître dans un couloir annexe.

L'homme s'avança doucement, arc toujours tendu en direction de Poppea qui se relevait, l'air effondrée. Elle était maintenant sa seule priorité et il la défendrait coûte que coûte.

Mais aucun enfant ne dormirait dans le château ce soir.

L'homme parla avec tant d'autorité que l'usurpateur fléchi. Il disparu dans un couloirs de la forteresse avec ses hommes laissant dans la salle une odeur de mort.

De nombreux sentiment déferlèrent sur Aharabd. La tristesse et la pitié l'envahirent en premier. Il ressentit une brûlure dans son cœur comme si des soldats le perçaient de mille lances. Puis se fut au tour des cornes de la colère et de la vengeance de charger son esprit. Il sentit un bouillonnement dans tout son être, un tension dans ses membres et dans son crane. Puis, un nouveau sentiment qu'il n'avait pas connu depuis qu'il était devenu rôdeur. Celui ci submergea tout les autres et le courba presque jusqu'à terre. Il embua ses yeux d'un voile. Et le rôdeur mit un temps avant de reconnaître ce sentiment qu'il avait oublié. La honte. C'était le mot. La honte armé d'une lance de culpabilité qui transperça Aharabd et le fit tomber a genoux.

Il pensa à son échec et à la mort qu'il avait laissé venir sans rien faire pendant quelques minutes et tout à coups, il s releva brusquement. Une lueur ardente brûlait dans ses yeux. Il n'allait pas rester là sans rien faire. L'acte du meurtrier devait être puni. Pensant que Poppea, ravagée par la mort de ses héritiers, ne pouvait peut être pas se battre, il lui proposa d'aller prévenir les gardes de ce qui s'était passé et de leur dire que deux personnes attachées étaient dans la salle à manger et que l'un des deux était coupable tandis que l'autre, Rolly, était soupçonné sans preuves réelles. Il fallait donc le laisser sous surveillance sans lui faire de mal. En attendant sa réponse, il commença à attacher Rolly. Il ne savait pas si le Capitaine de la Vieille Garde était bien intentionné en faisant entrer le faux Tribun. Il questionnerai l'inconnu qui les avaient sauvé plus tard, il avait l'air de vouloir les aider.

Alors qu'il venait de finir d'attacher le Capitaine, il dit à l'inconnu :

Merci de nous avoir aidé. Mais malheureusement, vous arrivez trop tard. Ces hommes ont tué les héritiers du royaume. Je vais aller m'équiper, je compte faire payer leur acte à ces hommes. Pourriez vous surveiller la Forteresse le temps que je me prépare?

Sans attendre de réponse, il couru à l'entrepôt où avaient été rangé son arc, sa dague et son manteau s'équipa en vitesse et couru à la salle à manger.

Sans un regard pour ses deux alliés, il gifla le tueur pour le réveiller. La douleur avait due être intense car l'homme ne se réveilla pas. Aharabd frappa alors fort. Très fort. L'homme se redressa d'un bond et vit qu'il était vivant mais attaché et à la merci d'ennemis fort et plein de colère.

Parle, tonna le rôdeur. Qui sont tes maîtres? que veulent ils? Où est leur repaire principale que j'aille les fendre en deux.

L'homme tétanisé soit par ses gardes soit par ses maîtres ne dit rien.

Tu va parler, hurla le rôdeur.

Il frappa l'homme si fort que la lèvre de l'homme se fendit.

Il attendit sa réponse réponse quelque temps et comme il ne répondait pas, Aharabd se retourna et dit simplement:

Je pars.

Poppea était restée abattue quelques minutes. C'était un miracle si elle était toujours vivante, cependant, sa colère avait laissé la place à un irrésistible désir de vengeance. Elle avait réajusté son armure et ramassé son arme et, le temps qu'Aharabd revienne elle était également prête à repartir.

Elle ne réagit pas quand le rôdeur tenta d'extirper des informations à son prisonnier. Elle savait que la démarche était vaine. Il ne parlerai sans doute pas, il avait été formé à cela. Réalisant sa méprise, l'homme du nord annonça qu'il allait se mettre en chasse à la recherche de Madhel. Odus, qui était un homme particulièrement bien renseigné lui avait expliqué qu'il s'agissait du frère maudit du tribun Athos Derulan. Il avait déjà trahi le Royaume lors de la Grande Bataille du Nord. Il avait alors été considéré comme mort. Cependant il était revenu d'entre les morts pour hanter la jeune femme.

" Il serait fou de partir seul rôdeur. Je vous accompagne et avec moi mon homme lige. Nous ne serons pas trop de trois pour le traquer et l'abattre !"

Pour accompagner ses dires, elle posa fermement sa main sur la poignée de son marteau. Ce n'était pas une faible femme, elle avait connu bien des guerres et des combats. La haine la maintiendrait debout.

"Odus, merci de votre intervention... veillez à ce que les corps des enfants royaux soient traités avec respect, selon les rites. Qu'ils soient installés dans le caveau des Ducs de Fornost."

Elle hésita un instant avant de continuer.

" Dites à leur père que j'ai tout fait... Qu'il pardonne mon déshonneur."


Odus inclina respectueusement la tête.

" Votre altesse..."

La phrase était en suspend, il ne se contentait visiblement pas d'acquiescer aux ordres.

" Avec le décès de vos neveux et nièces vous êtes désormais la première héritière de la couronne du Royaume d'Arnor."

Le visage de Poppea changea en un instant. Elle n'avait jamais envisagé sérieusement cette possibilité. Une larme coula doucement le long de sa joue.

" Je ne pense pas qu'il soit opportun de vous exposer aussi directement. Votre place est ici à Fornost, en sécurité... "

Poppea inclina la tête. Il avait raison. Le sort du Royaume pouvait à tout moment tomber entre ses mains. Jamais elle n'aurait cru que cela puisse être possible. Que de morts il avait fallu pour en arriver là. La lignée des Rois d'Arnor reposait désormais sur ses épaules. Odus reprit la parole.

" Par conséquent votre homme lige devra rester auprès de vous pour vous protéger. De même que moi... Dès lors, Aharabd, je pense qu'il ne vous sera pas possible de poursuivre Madhel..."

Odus poursuivi sans laisser le temps au rôdeur de protester.

" De plus, il est des choses beaucoup plus urgentes... nous le traquerons le moment venu, et soyez assuré que nous ne le laisserons pas vivre tranquillement après ses crimes. "

Il planta alors ses yeux dans ceux d'Aharabd.

" Je parle maintenant au nom de Sirion Ibn-Lahad, mon maître, Pair du Royaume d'Arnor, et je vous demande de vous mettre à mon service."

Les titres et les mots choisis par Odus ne laissaient pas beaucoup de latitudes au rôdeur.

" J'ai besoin que vous fassiez route vers le sud, que vous trouviez le Roi Tar-Aldarion et que vous lui fassiez récit de ce qui s'est déroulé en ces lieux."

Tandis qu'il parlait, deux gardes avaient emmenés Rolly en cellule, il serait jugé plus tard. D'autres gardes étaient désormais dans la pièce, de toute évidence, Aharabd n'avait nullement le choix... s'il ne voulait pas être considéré comme un traître à la nation et subir le même sort que le capitaine.

#Poppea #Aharabd #Odus

Lorsqu'il apprit qu'il ne devait pas combattre, le rôdeur ressentit une rage incandescente mais aussi un certain soulagement. Ses membres et ses blessures lui faisaient mal. Il réfléchi aux détails de son voyage. Après une profonde réflexion, il annonça:

Je vais aller à la capitale. Sil le Roi ne s'y trouve pas, je le chercherai dans les grandes villes d'Arnor et je le chercherai dans le pays à l'ouest de des Monts Brumeux. De la Trouée du Rohan aux étendues glaciales du Nord. A moins...

Il se tourna vers Odus:

Messire, savez vous où je pourrai trouver le roi Tar-Aldarion?

Il écouta la réponses avec attention mais annonça qu'il ne pouvait partir avant que deux heures au moins ne soient écoulé car, il devait se préparer et panser ses plaies. Il s'inclina devant Poppea et Odus puis, il se retira dans une chambre qu'on lui avait préparé.

Sa chambre était simple. Elle était rectangle, mesurait vingt pieds de long et quinze de large. La fenêtre donnait sur le Sud et avait une jolie vue sur Fornost. Contre le mur Ouest, s'appuyait une petite commode de cèdre finement travaillé. On pouvait y entretenir les affaires personnelles. Le lit se trouvait dans la partie la plus lointaine de la porte.  C'était un lit à baldaquin dont les draps étaient d'une couleur blanc immaculé. La décoration était sobre et légère: il y avait une tapisserie sur le mur Est et sur le mur Ouest. Rien de plus car c'était suffisant. Le rôdeur soupira de ne pouvoir rester quelques temps dans la Forteresse pour se reposer de ses voyages. Seulement il devait repartir pour un nouveau voyage qui lui prendrait probablement de long mois. Il soupira une nouvelle fois. Il était tiraillé entre son désir de faire un monde meilleur et son envie de vivre une vie paisible.

Il commença a baigner sa blessure dans un liquide vert émeraude qu'il conservais dans une gourde. Une mixture de sa composition. Sa douleur se calma rapidement. Ses muscles se détendirent et la blessure de son épaule arrêta de saigner. Sa potion de soin était efficace. Un mélange d'Athelas et d'eau de l'Entalluve accompagné de noyau de raisin en poudre et d'un peu de Miruvor elfique. Il banda son épaule et sa jambe. Puis, las de l'agitation constante, il s'allongea sur son lit, appela un serviteur et lui demanda de le réveiller une heures plus tard. Il sombra dans un sommeil lourd, sans rêve mais réparateur et régénérateur.

Quelques temps plus tard, un serviteur le secoua légèrement. Il ouvrit lentement les yeux et émergea du sommeil. Toute fatigue l'avait abandonnée. Il s'assit, se secoua la tête, alla se rincer le visage à l'eau claire et s'habilla.  Ensuite, il descendit dans l'écurie pour voir son cheval. C'était un grand étalon à la robe brune. Il se nommait Hasaval et avait été son compagnon durant maints périple. Il avait une confiance absolue en Aharabd. L'Arnorien pouvait d'ailleurs l'emmener dans les endroits les plus sombre et les plus dangereux sans que son cheval ne le désarçonne ou ne s'enfuit. Il le sella, plaça son arc dans un carquois accroché à la selle et attacha son paquetage sur le dos de son étalon. Il quitta alors les écurie.

Il sortit du bâtiment et se retrouva dans la cour. L'air était frais et les légères effluves odorantes. La pluie avait cessée et le vent était tombé. Il faisait un peu plus doux et la nuit s'annonçait meilleure que depuis bien des semaines. On sentait que le redoux arrivait. Lentement mais sûrement. La population qui vivaient à une latitude froide ressentait le Rude Hiver plus que les autres. Aharabd traversa la cour, rentra dans le bâtiment principale et vint à la salle à manger. Il espérait y trouver le Seigneur Odus et la Dame Poppea pour qu'ils puissent lui fournir des informations plus importantes sur sa nouvelle mission. En effet, il ne savait pas où trouver le Roi car il ne l'avait pas vu depuis plusieurs années.
Aharabd voulait terminer sa mission le plus vite possible pour pouvoir participer à la traque de  Madhel. L'assassin devait expier ses crimes. Le rôdeur souhaitait maintenant plus que tout au monde que celui ci ne puisse pas profiter de la gloire de son meurtre.

Odus avait rejoint le rôdeur dans la salle à manger. Il avait passé la dernière heure à prendre des renseignements à gauche et à droite afin de préparer au mieux la mission d'Aharabd. Il avait également fait renforcer la sécurité dans la forteresse. Le capitaine de la garde avait été mis aux arrêts et, par peur de complicités, Odus avait passé l'ensemble des soldats à la question. Une dizaine d'entre eux avaient étés également mis aux cachots dans le doute quant à leur culpabilité.

Finalement, ayant fait tout ce qui était en son pouvoir, il avait décidé de se consacrer à la prochaine mission d'importance : prévenir le Roi. Il s'approcha d'Aharabd, le visage marqué par les soucis.

"Vous voilà donc prêt à partir. Il vous faudra aller prestement sans vous arrêter dans aucun endroit habité. Vous prendrez des provisions en suffisance, j'ai averti le chef de cuisine. Rien d'extraordinaire, mais des vivres qui se gardent. Vous voyagerez peut être de longues semaines. Eviter autant que possible de faire des feux. L'Ordre risque de vous traquer."

Il tendit alors une carte à Aharabd.

"Il s'agit de différentes caches que nos hommes utilisent dans la région. Elles sont sûres pour la plupart, mais nul ne pourrait le jurer."

Il fit alors signe à Aharabd de le suivre vers la fenêtre. Là dans l'alcôve, il était certain de ne pas être entendu.

"Nous n'avons pas beaucoup de nouvelles du Roi. Il était à Amon Sûl il y a une semaine. S'il est au courant des derniers événements il cherchera sans doute à rejoindre Annuminas. Je ne peux malheureusement pas vous aider davantage."

L'homme de Sirion se dirigea alors vers la porte et les escaliers qui menaient à la cour. Il était temps de partir. Un homme tendit une besace qui contenait les vivres.

" Bonne chance."