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 D'un visage à l'autre

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Mardil
Espion de Rhûn - Grand Guru du Culte Nathanaïque
Mardil

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D'un visage à l'autre EmptyVen 13 Fév 2015 - 19:47
D'un visage à l'autre Nyhela10


Leur entretien durait maintenant depuis plus d’une heure. Les questions de Rezlak étaient sans fin mais elle s’y attendait. Ses espions lui avaient dévoilé des informations cruciales et son associé devait connaître les moindres détails avant de prendre sa décision. Néanmoins, ils avaient passé en revue quasiment tout ce qu’elle avait appris de sa visite au Gondor. Il y avait pourtant un dernier sujet qu’elle souhaitait aborder.

- J’aimerais rediscuter de la mission au Rhovanion. Il me semble qu’il serait plus judicieux de la confier à quelqu’un d’autre. Il n’est pas en état de mener cette mission, ou n’importe quelle mission, à son terme pour le moment.

- Tu exagères la situation. Il fera ce qu’on lui demande comme il l’a toujours fait. Ou, tout du moins, comme il a toujours tenté de le faire.


Néhélac aurait voulu en être certaine mais le comportement erratique de Mardil l’inquiétait au plus haut point. Il se débattait intérieurement avec ses actes, quels qu’ils aient été, et il ne réussissait qu’à perdre un peu plus pied chaque jour. Il oscillait entre deux personnalités, cherchant désespérément à fuir ce qu’il était. Ou ce qu’il avait fait. Il parlait à des gens qui n’étaient pas là. Il se faisait délibérément du mal. S’ils ne réagissaient pas très vite, ils risquaient de le perdre définitivement. Elle devait s’avouer que le cas du jeune homme la dépassait. Et elle détestait se sentir impuissante.

- Il est en train de sombrer, Akko.

Peut être était-ce le ton de sa voix. Peut être était-ce le fait qu’elle l’ait appelé par son prénom (chose qu’elle ne se permettait que très rarement) mais Rezlak parût soudain la prendre au sérieux.

- Qu’est ce qui t’inquiète à ce point ?

- Je ne sais toujours pas ce qu’il lui est arrivé à Osgilliath. Il est trop perturbé pour être cohérent. Je sais seulement qu’il a simulé sa propre mort mais il est évident qu’il y a plus. Il ne se torturerait pas de cette manière dans le cas contraire.

- Irrécupérable ?

- Pas si nous agissons maintenant. Seulement je ne sais pas quoi faire. Je ne peux que l’empêcher d’agir physiquement mais il se détruit mentalement à petit feu. Il est dangereux pour les autres et pour lui-même.


Néhélac hésitait à tout révéler à Rezlak mais c’était devenu nécessaire. Elle avait trouvé le jeune homme en sang, roulé en boule et sans réaction. Si certaines des coupures qui parsemaient son corps étaient accidentelles, elle avait bien repéré celles qui étaient volontaires. Il avait alors brusquement changé d’attitude et l’avait attaquée. Si quelqu’un d’autre qu’elle, une personne qui n’aurait pas été dotée de ses reflexes ahurissants, s’était trouvé à sa place, c’en aurait été fini très rapidement. Mais le plus inquiétant était ce qu’il lui avait dit en l’attaquant. Il l’avait appelée, elle, Mardil. Il pensait sincèrement qu’il s’attaquait lui-même.

Rezlak semblait soucieux à l’écoute de ce qu’elle venait de lui apprendre. Néhélac savait qu’il envisageait deux options : aider le jeune espion ou détruire la menace qu’il était devenu. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que cela aurait été un immense gâchis. Ils savaient tous les deux le potentiel qu’avait Mardil. Il pouvait réaliser de grandes choses mais pour cela il devait d’abord affronter ses démons.

- Amènes le moi ! Je verrai ce que je peux faire.

Néhélac hocha la tête, manifestement soulagée. Elle allait sortir lorsque Rezlak prît à nouveau la parole.

- Une dernière chose avant que tu t’en ailles. Tu ne m’as toujours pas expliqué la raison de ta présence dans la trouée du Rohan.

L’espionne orientale se figea. Elle avait signalé la mort de leur espion mais elle avait espéré pouvoir éviter le sujet.

- C’est simplement qu’il fallait que je rencontre mes subordonnés. Je suis arrivée trop tard voilà tout.

- Cela devient une habitude. Que peux-tu me dire sur la mort d’Han-Ahesch ?

- Une mauvaise rencontre. Il n’a pas été découvert.

- Ainsi cela ne serait qu’une simple coïncidence ?


La question était légitime. Néhélac se l’était elle-même posée. Elle avait d’abord cru que Rezlak avait fait tuer leur homme afin qu’il ne soit plus en mesure de répondre à ses questions mais elle comprenait maintenant que seule la malchance était responsable de sa déconvenue. Néanmoins si Rezlak posait la question c’est qu’il avait des soupçons sur les véritables motifs qui l’avaient poussée à vouloir un entretien avec l’espion oriental.

L’atmosphère dans la pièce s’était tendue d’un seul coup, les deux interlocuteurs se dévisageant mutuellement. Il leur était impossible de se faire confiance mais aucun des deux n’avait la moindre preuve de déloyauté. Combien de temps cette situation pouvait durer ?

- Certaines fois des coïncidences se produisent. Et d’autres fois non.

Ce n’était pas vraiment une réponse mais Rezlak sembla s’en contenter. Il esquissa même un léger sourire qui mît instantanément l’espionne mal à l’aise.

- Quoi qu’il en soit, le meurtrier me semble très intéressant. J’aimerais en savoir davantage.

Néhélac n’appréciait pas vraiment cette requête. Tout laissait à penser que le tueur était totalement incontrôlable. Et d’après les récits des témoins, d’une cruauté sans borne. Elle savait que Rezlak aimait s’entourer d’hommes de cet acabit mais elle pensait que celui-ci dépassait de loin ceux qu’ils avaient rencontrés et engagés auparavant. Elle n’émit pourtant aucune objection, désireuse qu’elle était de changer de sujet. Elle prît ensuite congés de son employeur. Elle avait beaucoup de travail qui l’attendait.

//////////////

D'un visage à l'autre Rezlak10

Rezlak resta songeur un long moment après le départ de son associée. La situation lui échappait de plus en plus. Les informations venant du Gondor étaient troublantes. Il savait déjà qu’il les transmettrait intégralement à la Reine. Et d’une, car elle se trouvait sur place lors du mariage royal et de deux car ses propres espions lui en auraient déjà tout dit. En fait, il était probable qu’ils soient au courant de choses dont il ignorait tout. Cependant l’inverse était également vrai. Ainsi il prouvait son utilité à la Reine Lyra qui, malgré ses nombreux espions, ne pouvait se passer des informations qu’il lui ramenées.

La force de son réseau, outre le nombre, était qu’il recrutait principalement des locaux. Des gens nés et élevés dans le pays d’intérêt. Des gens au dessus de tout soupçon, certains occupant même des postes importants, d’autres de simples roturiers, mais tous en mesure de collecter des informations auxquelles n’aurait pas eu accès un espion oriental. Il y avait différents moyens de fidéliser ces espions mais ils ne vaudraient jamais ceux qui étaient formés à Vieille-Tombe.

Cela l’amena à penser à la femme qui l’avait quitté quelques minutes auparavant. Il avait étudié attentivement ses réactions face à ses questions sur Han-Ahesch mais il n’avait pas réussi à tirer la moindre conclusion. Pourquoi s’était-elle vraiment rendue dans la trouée du Rohan ? Leur espion était-il mort de ses mains ou n’était-ce réellement, comme elle le prétendait, qu’une simple coïncidence ? Et si elle l’avait tué, qu’avait-elle appris de lui avant ? Il était dangereux de tirer des conclusions hâtives. Il avait déjà envoyé quelqu’un sur place pour vérifier la version de Néhélac mais, en attendant, il n’était pas tranquille.

Il chassa ces pensées de son esprit. Il s’inquiéterait de Néhélac en temps utile. Ses soupçons n’étaient peut être pas fondés. Il n’avait pas eu à se plaindre de quoi que ce soit jusqu’à présent. Hormis de sa gestions concernant Mardil. Si c’était désormais à elle de monter un nouveau réseau, il se souciait davantage des répercussions sur la santé mentale de son protégé que des répercussions financières (qui étaient pourtant loin d’être négligeables).

Il lui fallait désormais reprendre en main le jeune espion. Il avait trop investi sur lui pour le laisser se détruire ainsi. Et il voulait constater de ses yeux l’état dans lequel il se trouvait. Peut être que cela pouvait représenter une opportunité quelconque ?

Il devait également s’avouer qu’il désirait revoir le jeune homme après toutes ces années. Premièrement afin de mesurer sa loyauté. Les rapports d’Urik puis ceux de Néhélac laissaient entendre que le jeune espion était en lutte perpétuelle entre sa loyauté à son égard et ses opinions personnelles. Il lui faudrait s’assurer qu’il lui était toujours fidèle.

L’autre raison le dérangeait un peu plus. Mardil lui avait manqué ces dernières années. Il s’était habitué à sa présence dans son lit et entre ses bras et tous les substituts qu’il avait essayés n’y avaient rien changé. Il s’en étonnait lui-même. Le jeune homme était désormais bien plus âgé que les garçons qui l’intéressaient habituellement. De plus le manque n’était pas seulement physique. Il voulait savoir ce qu’il devenait, il voulait lui parler, lui transmettre des connaissances et des valeurs. Il se disait que c’était là ce qu’aurait ressenti n’importe quel parent pour son enfant.

#Rezlak #Mardil #Néhélac
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D'un visage à l'autre EmptyJeu 19 Fév 2015 - 18:30
Jamais je n’avais mis les pieds à l’intérieur du palais de Blankânimad. Et jamais je n’aurais cru devoir y pénétrer un jour. C’était un édifice des plus impressionnants mais un je-ne-sais-quoi de perturbant se dégageait des hauts murs d’enceinte. C’était comme si la folie malsaine de l’architecte avait imprégné les murs et continuait à se déverser du palais à mesure que les siècles s’écoulaient.

Et pourtant ce n’était pas tant la perspective de rentrer dans ces murs honnis qui me tétanisait mais celle de revoir mon Maître. Je ne savais pas comment il fallait que je réagisse. A dire le vrai, je n’étais pas sûr de ce que je ressentais. De la peur ? De l’impatience ? De l’excitation ?

Je n’avais qu’une vague idée de la raison qui avait pu pousser Rezlak à me faire venir à la capitale mais je me doutais que cela devait avoir un rapport avec les évènements d’Osgilliath. A cette pensée j’éprouvais un sentiment de malaise diffus que je ne parvins pas à m’expliquer. Néhélac n’avait cessé de me questionner sur ce qui s’était passé là-bas, comme si j’avais joué un rôle dans l’histoire. Je ne pouvais pas lui expliquer ce que j’ignorais.

Et pourtant, si je n’étais pas présent, alors que signifiaient ces images qui défilaient inlassablement dans mon esprit ? Des images de souffrance, de flammes et de trahison. Des images insoutenables pour une raison que je ne comprenais pas totalement. Je me forçais à penser à autre chose et l’on me conduisit jusqu’aux appartements de Rezlak. Je pénétrais dans une sorte de salle d’audience.

Cette dernière était décorée sobrement mais avec goût. A sa manière Rezlak avait toujours été un esthète. Sa conception de l’esthétisme pouvait cependant s’avérer très particulière dans certains domaines. Mais je ne prêtais que peu d’attention à la décoration intérieure. Tous mes sens étaient focalisés sur l’homme qui se tenait assis au fond de la salle. Sa présence éclipsait tout le reste. La salle d’audience n’était qu’artifices et toute la lumière semblait concentrée et absorbée par l’intensité du regard qu’il posait sur moi.

Je m’avançais jusqu’à me retrouver devant lui. Je ne pouvais pas détourner mon regard de lui. J’avais l’impression qu’il pouvait lire à travers moi, qu’il connaissait tous les détails de ma vie et de ma personnalité. Peut être mieux que moi-même. Il se leva et sa main caressa mon visage, avec autant de tendresse que si j’avais été son propre fils.

Ma respiration s’était faite haletante. Mon visage semblait me brûler là où ses doigts s’étaient posés sur ma peau. Je ne me rendis compte qu’à cet instant que je m’étais mis à pleurer. L’instant d’après j’étais entre ses bras, pleurant à chaudes larmes contre son torse. Sa main me caressait doucement les cheveux. Aucune parole n’avait été prononcée.

Je n’étais plus Achéron, l’espion. Je n’étais plus Mardil, le ranger. J’étais de nouveau un enfant terrifié. Et à la fois reconnaissant. Je m’abandonnais totalement à son étreinte et je compris alors qu’il n’avait pas fait une croix sur moi. Bien au contraire, tout me serait pardonné. Comment avais-je pu douter de lui un seul instant ? Ma vie lui appartenait. Les choses ne pouvaient que s’améliorer à présent.

Ce n’est qu’alors que je remarquais la présence d’un jeune garçon dans le fond de la salle. Il nous dévisageait tous les deux et son expression était un curieux mélange de dégoût, de haine et d’infinie tristesse. Ses habits étaient tâchés de sang. Je me mis à trembler. Il ne pouvait pas être là.

Je me dégageais de l’étreinte de Rezlak et m’effondrais sur le sol, le souffle court et le regard braqué sur le jeune garçon. Rezlak suivit la direction de mon regard puis se tourna de nouveau vers moi avec un air interrogateur.

- Que se passe t’il Mardil ?

- Je m’appelle Achéron. Je m’appelle Achéron. Je m’appelle Achéron.

- Tu t’appelles Mardil. Tu as 24 ans et je t’ai élevé comme mon fils.

- C’est comme ça que tu élèverais ton enfant, toi ? En lui demandant de commettre ce genre d’actes ?


Le jeune garçon s’était approché de moi. Il avait tendu ses mains pleines de sang vers mon visage. Un sang que j’avais moi-même versé 12 ans auparavant. Je me cachais la tête entre les mains, cherchant à échapper à l’apparition mais Erior n’avait pas fini.

- Contemple ton œuvre Mardil. Nous sommes là pour toi.

Un autre adolescent avait fait son apparition aux côtés de l’ancien esclave. Il prît ce dernier par les épaules, comme pour le réconforter. Je savais que son regard était accusateur. Et pourtant son visage avait disparu. Une masse de chair sanguinolente se tourna vers moi. Je reculais précipitamment contre le mur du fond, cherchant à échapper à ces visions d’horreur.

- Ne m’approchez pas ! Je ne voulais pas, non, je ne voulais pas ça.

- Qu’est ce que tu ne voulais pas Mardil ?


Rezlak s’était approché de moi et se tenait entre les deux jeunes hommes et moi-même. De toute évidence il ne pouvait pas les voir. Ils étaient pourtant indubitablement ici. Je pouvais même sentir l’odeur épouvantable qu’ils charriaient. L’odeur de la chair en décomposition. Et ils n’en n’avaient pas fini avec moi. Ils venaient pour réclamer vengeance.

- Je n’avais pas le choix.

Mais je savais que c’était un mensonge. Je le savais alors même que les mots n’avaient pas encore franchi mes lèvres. Et je ne pouvais pas continuer à me mentir à moi-même.

- Tout ce que tu as fait était justifié Mardil. Tu l’as fait pour moi, en mon nom. Car tu sais que je t’aime autant que tu m’aimes.

- Oui je le sais. Je l’ai toujours su.

- Alors c’est lui que tu choisis ? C’est lui que tu aimes le plus ?


Je me tournais vers Elgyn, tâchant de ne pas regarder l’horrible blessure qui lui barrait la gorge. Tous ceux que j’avais aimés, tous ceux que j’avais trahis étaient présents dans la pièce. Je n’avais plus aucun moyen de fuir.

- Je t’ai aimé. Je te le jure. Je ne voulais pas que ça finisse comme ça.

- Et pourtant, nous sommes morts à cause de toi. A cause de ta trahison.

- Tu n’apportes que la mort et la souffrance autour de toi.

- Non ce n’est pas la vérité.

- Affronte les conséquences de tes actes.

- Tu dois affronter tes démons Mardil. Il le faut.

- Je t’ai tué. Je vous ai tous tué.


Un souffle doux se fît sentir sur mon cou.

- Tu nous as trahis. Au moment où nous avions le plus besoin de toi.

- Et tout ça pour quoi ? Pour lui ?

- Tout ce que tu as fait était justifié Mardil. Regarde moi. Reste avec moi.

- NON !


Ils reculèrent tous devant la puissance de mon hurlement. Je m’élançais vers le fauteuil de Rezlak et m’emparais du sabre posé sur le support en bois laqué à côté de ce dernier. Je sortis l’arme de son fourreau et la tendis devant moi. Rezlak s’était immobilisé à une distance raisonnable et ne me quittais pas du regard.

- Ne fais rien d’inconsidéré Mardil. Poses cette arme.

- Tues le ! Libère toi de lui.

- C’est pour ça que tu es revenu.

- Tu dois le faire. Pour nous.

- Afin de te racheter.

- Laissez moi tranquille.


Mais les voix continuaient de me harceler. Je voyais la pointe de la lame s’agiter compulsivement au rythme de mes tremblements. Rezlak avait raison. Je ne pouvais plus cacher qui j’étais et ce que j’avais fait. J’aurais pu en finir avec lui si je l’avais pensé responsable mais la vérité c’était que j’avais toujours fait mes propres choix. J’étais celui qui ne méritait pas de vivre davantage. Avant que qui que ce soit dans la pièce n’ait pu réagir je retournais le sabre contre moi.

- Je suis désolé.

L’étais-je vraiment ? Rien de tout cela ne valait la peine de continuer. Il me suffisait d’enfoncer cette lame en moi et tout serait terminé. Je ne serais plus hanté par les fantômes de ceux que j’avais trahis et conduits à la mort. Et, alors que j’étais décidé à en finir, je posais une dernière fois les yeux sur Rezlak… et je laissais tomber l’arme à terre. Des larmes coulaient sur son visage. Il agitait lentement la tête de droite à gauche avec une expression tellement implorante que je ne pus retenir mes propres larmes.
Non, le voyage ne s’arrêtait pas ici. Erior, Elgyn, Harékil. Ils étaient tous morts mais Rezlak ne l’était pas. Je ne pouvais pas l’abandonner. Pas maintenant. Pas après tout ce que nous avions vécu.

Il s’approcha de moi et je tombais, sans force, entre ses bras. Je le laissais alors m’emmener avec lui. Là où était ma place. Là où elle serait toujours.
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D'un visage à l'autre EmptySam 28 Fév 2015 - 22:09
D'un visage à l'autre Rezlak10

La poitrine de Mardil s’élevait et s’abaissait lentement au rythme de son souffle régulier. Rezlak contemplait son amant endormi. Pour une fois, il avait l’air paisible. Il n’avait que peu dormi depuis son arrivée à Blankânimad et lorsqu’il l’avait fait, son sommeil avait été peuplé de cauchemars. Néanmoins, Rezlak se disait que c’était là un moindre mal.

Le conseiller laissa courir ses doigts sur la peau douce du torse de l’espion. Il s’arrêta un instant sur la cicatrice qu’arborait le jeune homme sur son flanc droit. L’une des deux cicatrices qu’il avait récoltées dans l’affrontement contre Mirallan. Ses yeux se posèrent sur la main droite de son protégé.

Grâce aux soins et aux produits auxquels il avait accès, Mardil avait considérablement limité l’étendue des dégâts. Il avait retrouvé sa motricité et n’avait rien perdu de sa dextérité à l’arc. Et pourtant la cicatrice s’étendait du bout de ses doigts jusqu’au quart de son avant bras. La peau était, soit étrangement lisse, soit boursouflée. Rezlak peinait à imaginer la douleur atroce que l’espion avait dû ressentir. Il avait cependant survécu. Il avait fait face à tant de douleur, tant de tortures, certaines nécessaires à son entraînement et à forger sa personnalité. Et aujourd’hui, il était sur le point de sombrer.

Rezlak limitait les dégâts autant qu’il le pouvait. Mardil ne restait jamais seul (dans la mesure du possible le conseiller passait autant de temps qu’il le pouvait avec le jeune homme) et tous les objets et produits dangereux étaient gardés hors de sa portée. Il avait fait couper les ongles de son protégé à ras car Mardil lui avait prouvé qu’il était parfaitement capable de se blesser, lui ou les autres d’ailleurs, à mains nues si cela s’avérait nécessaire.

Rezlak n’avait de cesse d’essayer de ramener le jeune espion à la réalité. Même si les crises continuaient, aucune n’avait atteint en intensité celle de leurs retrouvailles. Le conseiller avait bien cru sa dernière heure arrivée. Ses larmes n’étaient pas calculées le moins du monde et elles lui avaient pourtant sauvé la vie. Il était désormais certain de l’amour et de la loyauté de Mardil pour lui. Cependant, l’espion ne lui servait à rien dans cet état.

Les instants où il était le plus lucide, c’est-à-dire lorsqu’il ne parlait pas à des personnes décédées ou lorsqu’il ne se murait pas dans un état proche de la catatonie, étaient ceux où il se présentait sous les traits d’Achéron. Rezlak n’avait pas la moindre idée d’où ce nom pouvait bien venir ni de la signification qu’il avait pour l’ancien ranger. Il avait néanmoins compris l’intérêt que représentait l’émergence de ce nouveau personnage.

Le fait que cela ne soit qu’un mécanisme de défense dont se servait Mardil inconsciemment afin de ne pas sombrer dans la folie n’avait que peu d’importance. Il s’agissait d’une personnalité rudimentaire mais dont les caractéristiques lui plaisaient assez. Achéron était précis, concis et froid. Et il lui était dévoué. Il manquait encore de cohérence et de profondeur mais Rezlak était en mesure de combler ces quelques lacunes. Il avait façonné le jeune homme par le passé, il pouvait tout aussi bien le refaire aujourd’hui. Ce dernier était déjà dans les bonnes dispositions pour cela. Il n’aurait pas besoin de briser ses barrières psychologiques comme la fois précédente.

Il avait tenté de raisonner Mardil mais ses tentatives avaient toutes échoué. Il avait tout de même réussi à le rendre suffisamment cohérent afin de combler quelques blancs. Il avait ainsi compris que Mardil avait simulé sa propre mort en tuant un jeune homme auquel il tenait apparemment beaucoup. C’est cette trahison qui l’avait conduit au bord de la folie et qui lui rappelait un autre jeune garçon dont il avait causé la mort bien des années auparavant. Erior. Mardil avait prononcé son nom à de nombreuses reprises. Le conseiller ne se souvenait certes pas du nom de l’esclave mais son protégé ne l’avait pas oublié.

Rezlak avait eu plus de mal à comprendre qui était cet Elgyn à qui Mardil s’adressait dans ses délires. Dans un rare instant de lucidité, le jeune espion lui avait résumé les détails de sa relation avec cet homme. En temps normal, le conseiller aurait puni le jeune homme pour ne pas lui avoir révélé ces informations plus tôt. Ce rôdeur l’avait donc aidé, lui et Urik, à se débarrasser de Mirallan, à qui il devait une forte somme, mais y avait laissé la vie. Mais surtout il était l’amant de Mardil et ce dernier était manifestement tombé amoureux de lui. Même si c’était difficile à admettre, Rezlak avait éprouvé plus qu’une pointe de jalousie à cette idée. Il se fichait bien avec qui Mardil passait ses nuits (il l’avait éduqué à se servir de tous ses atouts) mais à l’idée que son protégé avait osé accorder son affection à quelqu’un d’autre que lui, il avait éprouvé une rage folle.

Enfin, cela avait au moins eu le mérite d’enseigner une bonne leçon à Mardil. Il ne pouvait offrir son affection à personne d’autre que lui. Dans le cas contraire, il condamnerait ses compagnons à une mort certaine. Maintenant que Rezlak savait tout ce qu’il y avait besoin de savoir, il était temps de passer à la phase suivante : laisser Mardil s’en aller. Il n’allait pas perdre un agent. Bien au contraire, il allait en gagner un nouveau. Et peut être Achéron pourrait devenir ce que Mardil n’avait jamais pu être.
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D'un visage à l'autre EmptyDim 8 Mar 2015 - 15:51
D'un visage à l'autre Rezlak10

Rezlak était installé à son bureau, occupé à lire les rapports de ses nombreux espions. Achéron était assis en tailleur au centre de la vaste chambre, en train de méditer. Les hallucinations et les cauchemars se faisaient de plus en plus rares et l’espion serait bientôt prêt à retourner dans le monde. Rezlak en ressentait presque du chagrin. Il ne lui aurait pas été désagréable de le garder un peu plus longtemps à ses côtés mais il lui serait beaucoup plus utile ailleurs.

Son attention fût soudain attirée par l’un des derniers rapports qu’il avait reçus. On avait repéré la trace du tueur d’Han-Ahesch. Il s’agissait d’un ancien mercenaire à la solde de l’OCF. Mais peu importe pour qui il travaillait, on pouvait le suivre à la quantité de cadavres et de corps mutilés qu’il laissait derrière lui. Rezlak réfléchît un instant. Il avait promis à son oncle de rediriger vers lui tous les anciens combattants à la solde de l’OCF qu’il trouverait mais il se demandait si celui-ci ne lui serait pas plus utile.

Il ne pensait pas réussir à fidéliser un homme tel que lui, pas même à en faire un espion convenable à vrai dire. Mais, utilisé au bon moment, il pouvait s’avérer un atout redoutable. Aussi il décida de ne rien faire pour le moment excepté maintenir une surveillance discrète de temps en temps. Il était simplement prévoyant. Et cela lui avait toujours réussi par le passé.

///////////////

Le moment des adieux était arrivé. Même si quitter mon mentor était un instant douloureux, il me fallait me mettre en route dès que possible. Les informations que j’étais en mesure de lui apporter étaient bien trop importantes pour le futur de notre contrée. Et si, par la grâce de Melkor, je pouvais contribuer au maintien de la puissance de Rhûn alors j’étais prêt à sacrifier le bonheur que j’aurais eu à rester simplement ici aux côtés de Rezlak.

Je n’avais pas encore la moindre idée de ce qu’on attendait de moi. Je devais simplement rentrer à Vieille-Tombe où Néhélac me fournirait les informations nécessaires. Mais peu importait la mission qui me serait confiée, j’entendais bien la mener à son terme quelque en soit le prix. D’autres l’avaient fait avant moi. Des espions dont je ne pouvais qu’espérer atteindre la grandeur un jour. Des hommes et des femmes qui resteraient à jamais des anonymes, le monde ne devant jamais savoir ce qu’ils avaient accomplis pour leur pays.

Des hommes tel Mardil. J’avais été très choqué par la mort de l’espion. Nous avions été formés ensemble et avions été affectés tous deux au Gondor. Pendant des années nous avions formé une excellente équipe. Aussi son sacrifice à Osgilliath m’avait beaucoup marqué. Tout comme il avait rempli Rezlak de tristesse. J’étais arrivé à Blankânimad très perturbé par toute cette affaire, hanté par les images de la mort de l’espion dont j’avais été témoin, croyant même avoir vécu ces évènements à sa place. Heureusement Rezlak m’avait aidé à démêler le vrai du faux.

Je me tournais une dernière fois vers lui. Les rayons du soleil matinal scintillaient sur ses cheveux et je pouvais voir qu’il était sincèrement inquiet à l’idée de me laisser partir. Aussi je me devais de le rassurer, de lui faire comprendre à quel point, rien ne me ferait dévier de mon devoir. A l’image de mon ancien associé, je devais être prêt à faire le sacrifice ultime. A ces mots je vis le visage de mon maître s’assombrir.

- Achéron, n’oublies jamais que le premier devoir d’un espion est sa propre survie. Je ne te dis pas de ne pas te mettre en danger mais tu dois avant toute chose tout faire afin de préserver ta vie. Car de ta vie peuvent dépendre de nombreuses autres.

Il marqua une pause afin de s’assurer que je comprenais bien la portée de ses paroles puis reprît la parole.

- Mardil a fait ce qu’il avait à faire et c’est tout à son honneur. Mais cette situation n’aurait pas eu à se produire s’il s’était montré plus prudent. Je compte sur toi pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Je hochais la tête en silence. Je n’avais pas l’intention de décevoir Rezlak. Où que mes pas me mèneraient désormais, chacun de mes actes n’aurait pour but que la gloire et la grandeur de ma patrie d’adoption. Et d’un jour, peut être, lire à nouveau le respect et la fierté dans les yeux de mon mentor.
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