7 résultats trouvés pour Néhélac

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Sujet: La nuit se couche sur les tombes
Mardil

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Rechercher dans: Vieille-Tombe   Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La nuit se couche sur les tombes    Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 13 Mar 2016 - 19:16
Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! Nyhela10

- Je vous demande respectueusement d’intervenir. Ce chargement d’esclaves devait me revenir afin de travailler dans mes champs de pavot. Qui va faire le travail désormais ? C’est un manque à gagner terrible pour moi.

- Je ne vois pas bien ce que vous voulez que je fasse. La marchand d’esclaves a décidé de vendre sa cargaison au grand prêtre Khâliban car il a surenchéri sur votre offre.

- Et ils vont être exécutés pour leurs rituels barbares. De la main d’œuvre qui serait bien plus utile ailleurs.


Néhélac se demandait si le marchand était stupide ou non. Se risquer à parler de rituels barbares en public risquait de lui coûtait cher. Si la population de Vieille-Tombe n’était certes pas acquise aux melkorites, ces derniers avaient des yeux et des oreilles partout, y compris ici-même, dans le comptoir commercial de Rezlak. Rien ne serait fait ouvertement mais elle avait eu connaissance que deux accidents suspects avaient fait des victimes chez les plus farouches opposants au nouveau grand prêtre de Melkor à Vieille-Tombe.

- Existait-il un contrat signé entre vous et ce marchand d’esclaves ? S’il n’a pas tenu ses engagements, il serait possible d’agir en effet.

- Non, ce n’était qu’une promesse orale mais cela avait toujours été suffisant auparavant…

- Dans ce cas, je suis désolée mais je ne peux vraiment pas vous aider. Les esclaves appartiennent au culte de Melkor désormais, Loué Soit-Il.

- Cela ne se passera pas comme ça, je vous le dis.


Néhélac foudroya le pauvre idiot du regard.

- Surveillez vos paroles, maître Isthan. Ne vous avisez surtout pas d’oublier à qui vous vous adressez.

Elle vit un éclair de peur glacé dans les yeux du marchand, ce dernier semblant soudain se rappeler à qui il avait affaire. Il s’inclina très bas devant elle en mendiant son pardon comme si sa vie en dépendait. Après tout, pour autant qu’il le sache, c’était bien le cas. Quelques mois auparavant, elle aurait puni son arrogance sur le champ mais elle avait d’autres soucis en tête désormais.

- Cela ira pour cette fois maître Isthan mais tâchez surtout de ne pas vous oublier ainsi à notre prochaine entrevue.

Ses hommes firent sortir le marchand sans ménagement avant qu’il n’ait eu le temps d’ajouter quoi que ce soit. Néhélac ne savait pas quoi faire à propos de Khâliban. Ce dernier ne représentait pas une menace mais ses prises de positions irritaient les marchands de la ville. A vrai dire, elle n’éprouvait aucune sympathie pour le prêtre non plus mais tant qu’il respectait la loi et qu’il ne mettait pas le nez dans ses affaires, elle n’avait aucune raison valable de s’en faire un ennemi.

Elle était lasse. Ce n’était pas tant les responsabilités qu’elle avait en tant que numéro deux de l’organisation de Rezlak que son combat perpétuel contre ses propres démons. Elle était assaillie par les regrets et les interrogations sans fin. Elle avait le sentiment d’avoir gâché sa vie. La seule chose qui lui importait était sa vengeance et encore n’était-elle pas certaine de ses soupçons envers son supérieur. Etait-ce réellement un motif suffisant ? Et si elle parvenait à ses fins, se laisserait-elle mourir à petit feu après avoir obtenu ce qu’elle désirait tant ? Elle aurait voulu retrouver la certitude qu’elle avait ressentie au Temple Jaune. Tout lui avait paru si clair et si évident à l’époque. Elle n’avait plus aucune certitude désormais.

Elle traversa à pas lents le corridor qui la menait à ses appartements privés. Elle aurait pu s’installer dans la chambre de maître mais Rezlak avait marqué de son empreinte les murs de la maison et cela était encore plus vrai dans les pièces où il avait vécu. Elle avait fait fermer ces dernières, officiellement pour le cas où le maître des lieux aurait souhaité séjourner dans son ancienne demeure mais la vérité était qu’elle ne supportait pas de rester dans cette partie de la villa.

Cela lui importait peu car cette dernière était immense. Elle s’était appropriée plusieurs pièces qui avaient autrefois servies à recevoir des hôtes de marque. Ces dernières étaient spacieuses, décorées avec goût dans des teintes pastel apaisantes. Point d’art figuratif ici. Les panneaux de bois qui recouvraient les murs de pierre n’étaient qu’arabesques et entrelacs de courbes qui couraient le long des murs et des ouvertures. Une seule porte coulissante permettait d’entrer dans ce qu’elle considérait comme étant chez elle. Elle disposait aussi de sa propre cour privée dans laquelle une fontaine artificielle faisait face à un marronnier centenaire et à un parterre de pivoines, de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Elle se trouvait au centre de la villa et on n’entendait pour ainsi dire pas les bruits en provenance de la ville. C’était l’endroit qu’elle préférait pour se relaxer ou même pour s’entraîner.

Elle ne l’attînt pas malheureusement car elle entendit des pas précipités derrière elle. Elle se retourna vivement et le messager se stoppa brusquement. Cela faisait plusieurs fois qu’elle lui disait de ne pas courir ainsi. Même ici, où son autorité faisait foi, elle ne se sentait pas totalement à l’abri. Un jour ou l’autre, il risquait de se retrouver avec la tête détachée du corps s’il continuait à la surprendre ainsi.

- Excusez-moi Madame. J’ai reçu le rapport de Sorge et je sais que c’était l’une de vos priorités.

Elle tendit la main et attendit que le porteur du message se retire avant de briser le sceau. En effet, cela faisait des semaines qu’elle espérait des nouvelles de son dernier espion en date. Depuis plusieurs mois, elle tentait de venir en aide à Mardil sans y être parvenu. Elle avait ses raisons de vouloir aider le jeune espion. Elle pensait qu’il pouvait l’aider dans sa vengeance s’il parvenait à ouvrir les yeux sur leur mentor à tous les deux. De façon plus générale, elle voulait juste ramener le jeune homme vers elle afin de briser l’emprise de Rezlak sur lui. Une maigre victoire mais cela aurait été déjà ça. Et puis, elle avait fini par se soucier sincèrement du bien-être du jeune espion. La situation dans laquelle il se trouvait était plus que nocive et elle avait le pressentiment que tout cela finirait dans les larmes et le sang.

C’était la raison pour laquelle elle avait recruté Sorge. Cela faisait longtemps qu’elle pensait qu’il leur serait utile d’avoir un gardien dans les geôles de Minas Tirith afin d’exécuter un de leurs espions qui se serait laisser prendre vivant avant qu’il ne puisse parler. Cependant, un tel homme pouvait lui apporter beaucoup plus tout de suite. La seule personne au courant des événements ayant conduit Mardil au bord de la folie était cette Emelyne Salanda qui était actuellement enfermée dans les prisons de la cité blanche. Elle espérait qu’elle avait eu raison de faire confiance à Sorge.

Elle fût d’abord rassurée de voir que son espion était arrivé à ses fins puis consternée par ce qu’elle lisait. Nul doute que Rezlak n’était pas au courant de toute l’affaire car sinon Mardil ne serait déjà plus de ce monde. Ce qu’elle savait déjà c’était que Mardil avait sacrifié quelqu’un de cher à ses yeux pour simuler sa propre mort. Rezlak ne lui avait rien dit de plus et Emelyne n’était pas au courant de ça. Ce qu’elle savait en revanche c’était les événements qui avaient donné naissance au réseau qu’on avait appelé le Cercle. Contrairement à ce que Mardil leur avait dit à l’époque, Mirallan n’était pas responsable de la mort d’Urik. Il avait lui-même comploté afin de tuer son supérieur.

Néhélac ne savait pas si elle devait être en colère devant la trahison du jeune homme ou fière car il avait osé défier Rezlak et que la mort d’Urik l’avait considérablement servie dans ses propres intérêts à elle. Peut-être venait-elle d’obtenir le moyen de pression qui lui permettrait de faire revenir Mardil à la réalité. Elle passa le reste de l’après-midi à se demander comment utiliser cette information au mieux. Mardil serait retenu encore un moment pour sa mission à Dale mais elle savait qu’il reviendrait ici directement une fois cette dernière terminée. Ce serait le moment où jamais d’essayer de tenter quelque chose.

Le soir venu, elle se rendît dans la grande salle à manger où elle devait tenir une réunion en compagnie des hommes présents en ville. Le sujet de la réunion était la sécurité et le recouvrement de certaines créances. Beaucoup de ses hommes de confiance étaient au loin pour différentes missions et elle voulait s’assurer que ceux qui étaient sur place connaissaient bien tous les détails de leurs assignements respectifs. Sur la trentaine d’hommes présents, seule la moitié faisait partie de ceux qu’elle avait personnellement recrutés ou entraînés. Certains autres avaient été formés par Urik, Ajark ou Rezlak en personne.

Elle redéfinit les obligations de chacun et écouta leurs doléances mais elle avait la tête ailleurs, ou plus exactement elle avait une migraine qui semblait vouloir s’installer pour de bon. La tête lui tournait de plus en plus or elle n’avait pas bu une seule goutte de vin. Ce n’est qu’alors qu’elle réalisa qu’elle n’était pas la seule à se sentir mal. L’un de ses hommes de confiance s’était effondré dans son assiette, un autre qu’elle connaissait peu était à quatre pattes. Ses compagnons riaient mais lorsqu’ils virent qu’il vomissait du sang, les rires se tarirent.

Tout le monde se leva d’un coup et Néhélac tenta également de le faire mais s’en découvrit incapable. Les hommes valides tentaient de venir en aide à ceux qui n’arrivaient plus à se mettre debout. Elle eût tout juste le temps de comprendre qu’ils avaient été empoisonnés avant de s’effondrer à son tour sur le sol froid.

#Néhélac
Sujet: Reine prend Pion
Mardil

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Rechercher dans: Le Palais de Blankânimad   Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Reine prend Pion    Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 13 Oct 2015 - 11:11
Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! Rezlak10


Attablé devant un souper exquis, Rezlak lisait tranquillement les derniers rapports de Néhélac. Les nouvelles en provenance de Vieille-Tombe étaient bonnes, mêmes excellentes, et pourtant quelque chose chiffonnait le conseiller. Il ne savais pas exactement quoi mais il sentait qu’un événement allait bientôt redistribuer les cartes. A son avantage ? Rien n’était moins sûr.

Les affaires marchaient bien pourtant. Néhélac faisait tourner son commerce presque aussi bien que lorsqu’il s’en chargeait lui-même. Ce qui était parfait car cela lui laissait plus de temps afin de mener à bien la politique financière du royaume. Là aussi, tout se passait à merveille et Lyra ne pouvait qu’être satisfaite de son travail. Il avait toujours eu un talent immense pour trouver les personnes qui se révélaient de formidables espions mais il savait également quel poste convenait à telle ou telle personne.

Il avait réformé tout un pan de l’administration financière du royaume, plaçant aux bons endroits les employés les plus doués, allant les dénicher lorsque cela était nécessaire. Il avait changé le système d’impôts pour que celui-ci soit plus adapté au fonctionnement du pays. En 4 ans, il avait multiplié les recettes de la couronne par trois. Bien sûr, il avait bénéficié de la baisse d’activité sur le front de l’est mais c’était surtout dû à sa faculté de savoir quel poste conviendrait le mieux à chaque fonctionnaire.

Il les rencontrait donc personnellement afin de mieux savoir leurs forces et leurs aspirations. La plupart étaient en poste dans la capitale. Rezlak avait renforcé la centralisation financière du pays afin que tout passe par Blankânimad. De fait, la coordination entre les grandes villes avait été sa priorité lorsqu’il avait été nommé conseiller.

Bien sûr, il avait édicté des règles qui étaient favorables à sa main-mise sur les marchands de Vieille-Tombe et s’était considérablement enrichi. Lyra l’avait bien remarqué (même si elle ignorait l’étendue de son pouvoir sur la cité cémétériale) mais elle laissait faire puisque cela profitait au royaume et à elle-même. Cela faisait parti des concessions qu’elle était prête à faire étant donné les excellents résultats du conseiller.

Si elle n’avait rien à redire sur l’aspect financier de sa position, les choses étaient différentes pour la partie espionnage de son poste. Lyra avait son propre réseau d’espions qui était déjà très efficace. Peu de choses lui échappaient à l’intérieur de son royaume et Rezlak ne pouvait lui apporter que peu d’informations dont elle n’ait pas déjà connaissance. La force de son propre réseau résidait à l’étranger. L’immense majorité de ses espions étaient des hommes et femmes recrutés directement dans les pays d’intérêt.

Ces informations là étaient plus rares et avaient plus de valeur mais Rezlak triait consciencieusement ce qu’il disait à la Reine. Il était évident qu’elle voyait clair dans son jeu mais obtenir des infos (même si ce n’était pas la totalité) était mieux que ne rien obtenir du tout. Lyra lui conservait ses pouvoirs car elle avait besoin de lui. Mais elle ne lui donnait rien qu’il n’ait été en son pouvoir de lui reprendre lorsque bon lui semblerait.

S’il voulait conserver son poste et ses privilèges, il devait donc faire preuve d’une loyauté sans faille et surtout continuer de se montrer indispensable. Il n’était pas vraiment populaire à la cour et ceux qui auraient pris un malin plaisir à sa chute étaient bien trop nombreux.

Il se replongea dans l’écriture fluide de son associée. Elle faisait mention du nouveau Grand Prêtre de Melkor à Vieille-Tombe, un certain Khâliban. Ce dernier était d’un charisme peu commun et, malgré le fait que la population de Vieille-Tombe ne soit pas la plus fidèle du pays, l’ancien guerrier au service de son oncle avait su se faire remarquer. Cela ne fût guère une surprise pour le conseiller. Il avait déjà rencontré l’homme en question lors de l’une de ses visites à Sharaman et il avait lui-même été marqué par l’individu en question.

Le remplacement des prêtres et le nouveau manifeste que son oncle avait fait publier laissaient à penser que ce dernier avait des projets bien arrêtés. Projets que Rezlak ne pouvait que deviner car Jawaharlal ne l’avait pas vraiment mis dans la confidence. Il souhaitait sûrement ne pas placer son neveu dans une situation difficile entre son allégeance à la Reine et celle à sa famille. Ou alors, il n’avait pas assez confiance en lui pour lui faire part de ses intentions.

Ses pensées s’éloignèrent de son oncle lorsque Néhélac en vînt au comportement d’Achéron. Ce dernier se montrait des plus efficaces, impassible et froid. Ces bonnes nouvelles renforcèrent Rezlak dans la conviction qu’il avait fait le bon choix. Il pouvait presque sentir la désapprobation et la frustration de Néhélac bien que son compte rendu n’en laissât rien paraître. Il savait qu’il était important de s’en tenir aux faits et qu’il n’avait aucune preuve de la déloyauté de sa numéro deux mais il n’en serait pas là où il en était aujourd’hui s’il ne faisait pas preuve d’un excellent instinct.

Il savait qu’il faudrait bientôt s’occuper de ce problème mais il faudrait faire en sorte de donner des missions à plusieurs de ses agents à Vieille-Tombe s’il voulait réussir. Elle était trop entourée pour le moment et il ne pouvait confier cette mission à qui que ce soit qu’elle ait personnellement entrainé. De toute façon, aucun assassin ne l’aurait approché suffisamment près pour tenter quoi que ce soit. Il fallait que la tentative soit plus subtile que ça.

Il fût tiré de ses pensées par trois coups rapides frappés à la porte. Un messager vînt lui annoncer que la Reine le convoquait. Rezlak se releva en faisant semblant de n’y parvenir qu’avec peine alors qu’il était presque aussi souple que vingt ans auparavant. Il devait continuer à jouer son personnage en permanence à l’intérieur de ces murs. Les espions étaient absolument partout. Pour chacun, le sabre qu’il avait à son côté était purement décoratif et le conseiller n’était qu’un piètre combattant alors qu’il aurait pu rivaliser avec la plupart des guerriers de la capitale.

Cela faisait parti des secrets qu’il gardait si précieusement. Si le besoin s’en faisait sentir un jour, cela lui donnerait un avantage certain contre un adversaire qui ne s’attendrait qu’à une faible riposte. Prévoyant. C’était exactement le terme qui le définissait le mieux. Il suivit le messager jusqu’à la salle du trône. La Reine avait dit « convoquer » et non qu’elle désirait le voir, ce qui signifiait qu’il devait se rendre à ses côtés toutes affaires cessantes.

Impériale. Il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier la souveraine de Rhûn. Cela était encore plus marquant lorsqu’elle siégeait sur son trône massif dans une salle dont les dimensions auraient fait palier d’envie même les nains. Et pourtant, elle n’était pas écrasée par l’énormité des lieux. Bie au contraire, tout ça ne faisait que renforcer son propre éclat.

Rezlak s’avança autant que le permettait le protocole et s’inclina profondément devant la Reine. En tant que conseiller, il n’avait pas à s’agenouiller mais il ne pouvait pas relever la tête tant que la Reine ne lui en aurait donné la permission. Cela était le cas pour tous les sujets de Sa Majesté, y compris les chefs de clan. Seul son frère échappait à cette règle et encore, seulement lorsqu’ils étaient seuls d’après ce qu’avait compris Rezlak.

- Votre Majesté.

Il s’en tînt là attendant que la Reine l’autorise à relever la tête et à parler de nouveau. A vrai dire, il était inquiet. Il ne voyait pas ce qu’il avait pu faire pour déplaire à la Reine. Or, il était peu probable qu’elle l’ait convoqué pour qu’ils discutent seuls à seuls dans le but de le féliciter de quoi que ce soit.

#Rezlak #Néhélac
Sujet: D'un visage à l'autre
Mardil

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Rechercher dans: Blankânimad   Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: D'un visage à l'autre    Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 13 Fév 2015 - 19:47
Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! Nyhela10


Leur entretien durait maintenant depuis plus d’une heure. Les questions de Rezlak étaient sans fin mais elle s’y attendait. Ses espions lui avaient dévoilé des informations cruciales et son associé devait connaître les moindres détails avant de prendre sa décision. Néanmoins, ils avaient passé en revue quasiment tout ce qu’elle avait appris de sa visite au Gondor. Il y avait pourtant un dernier sujet qu’elle souhaitait aborder.

- J’aimerais rediscuter de la mission au Rhovanion. Il me semble qu’il serait plus judicieux de la confier à quelqu’un d’autre. Il n’est pas en état de mener cette mission, ou n’importe quelle mission, à son terme pour le moment.

- Tu exagères la situation. Il fera ce qu’on lui demande comme il l’a toujours fait. Ou, tout du moins, comme il a toujours tenté de le faire.


Néhélac aurait voulu en être certaine mais le comportement erratique de Mardil l’inquiétait au plus haut point. Il se débattait intérieurement avec ses actes, quels qu’ils aient été, et il ne réussissait qu’à perdre un peu plus pied chaque jour. Il oscillait entre deux personnalités, cherchant désespérément à fuir ce qu’il était. Ou ce qu’il avait fait. Il parlait à des gens qui n’étaient pas là. Il se faisait délibérément du mal. S’ils ne réagissaient pas très vite, ils risquaient de le perdre définitivement. Elle devait s’avouer que le cas du jeune homme la dépassait. Et elle détestait se sentir impuissante.

- Il est en train de sombrer, Akko.

Peut être était-ce le ton de sa voix. Peut être était-ce le fait qu’elle l’ait appelé par son prénom (chose qu’elle ne se permettait que très rarement) mais Rezlak parût soudain la prendre au sérieux.

- Qu’est ce qui t’inquiète à ce point ?

- Je ne sais toujours pas ce qu’il lui est arrivé à Osgilliath. Il est trop perturbé pour être cohérent. Je sais seulement qu’il a simulé sa propre mort mais il est évident qu’il y a plus. Il ne se torturerait pas de cette manière dans le cas contraire.

- Irrécupérable ?

- Pas si nous agissons maintenant. Seulement je ne sais pas quoi faire. Je ne peux que l’empêcher d’agir physiquement mais il se détruit mentalement à petit feu. Il est dangereux pour les autres et pour lui-même.


Néhélac hésitait à tout révéler à Rezlak mais c’était devenu nécessaire. Elle avait trouvé le jeune homme en sang, roulé en boule et sans réaction. Si certaines des coupures qui parsemaient son corps étaient accidentelles, elle avait bien repéré celles qui étaient volontaires. Il avait alors brusquement changé d’attitude et l’avait attaquée. Si quelqu’un d’autre qu’elle, une personne qui n’aurait pas été dotée de ses reflexes ahurissants, s’était trouvé à sa place, c’en aurait été fini très rapidement. Mais le plus inquiétant était ce qu’il lui avait dit en l’attaquant. Il l’avait appelée, elle, Mardil. Il pensait sincèrement qu’il s’attaquait lui-même.

Rezlak semblait soucieux à l’écoute de ce qu’elle venait de lui apprendre. Néhélac savait qu’il envisageait deux options : aider le jeune espion ou détruire la menace qu’il était devenu. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que cela aurait été un immense gâchis. Ils savaient tous les deux le potentiel qu’avait Mardil. Il pouvait réaliser de grandes choses mais pour cela il devait d’abord affronter ses démons.

- Amènes le moi ! Je verrai ce que je peux faire.

Néhélac hocha la tête, manifestement soulagée. Elle allait sortir lorsque Rezlak prît à nouveau la parole.

- Une dernière chose avant que tu t’en ailles. Tu ne m’as toujours pas expliqué la raison de ta présence dans la trouée du Rohan.

L’espionne orientale se figea. Elle avait signalé la mort de leur espion mais elle avait espéré pouvoir éviter le sujet.

- C’est simplement qu’il fallait que je rencontre mes subordonnés. Je suis arrivée trop tard voilà tout.

- Cela devient une habitude. Que peux-tu me dire sur la mort d’Han-Ahesch ?

- Une mauvaise rencontre. Il n’a pas été découvert.

- Ainsi cela ne serait qu’une simple coïncidence ?


La question était légitime. Néhélac se l’était elle-même posée. Elle avait d’abord cru que Rezlak avait fait tuer leur homme afin qu’il ne soit plus en mesure de répondre à ses questions mais elle comprenait maintenant que seule la malchance était responsable de sa déconvenue. Néanmoins si Rezlak posait la question c’est qu’il avait des soupçons sur les véritables motifs qui l’avaient poussée à vouloir un entretien avec l’espion oriental.

L’atmosphère dans la pièce s’était tendue d’un seul coup, les deux interlocuteurs se dévisageant mutuellement. Il leur était impossible de se faire confiance mais aucun des deux n’avait la moindre preuve de déloyauté. Combien de temps cette situation pouvait durer ?

- Certaines fois des coïncidences se produisent. Et d’autres fois non.

Ce n’était pas vraiment une réponse mais Rezlak sembla s’en contenter. Il esquissa même un léger sourire qui mît instantanément l’espionne mal à l’aise.

- Quoi qu’il en soit, le meurtrier me semble très intéressant. J’aimerais en savoir davantage.

Néhélac n’appréciait pas vraiment cette requête. Tout laissait à penser que le tueur était totalement incontrôlable. Et d’après les récits des témoins, d’une cruauté sans borne. Elle savait que Rezlak aimait s’entourer d’hommes de cet acabit mais elle pensait que celui-ci dépassait de loin ceux qu’ils avaient rencontrés et engagés auparavant. Elle n’émit pourtant aucune objection, désireuse qu’elle était de changer de sujet. Elle prît ensuite congés de son employeur. Elle avait beaucoup de travail qui l’attendait.

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Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! Rezlak10

Rezlak resta songeur un long moment après le départ de son associée. La situation lui échappait de plus en plus. Les informations venant du Gondor étaient troublantes. Il savait déjà qu’il les transmettrait intégralement à la Reine. Et d’une, car elle se trouvait sur place lors du mariage royal et de deux car ses propres espions lui en auraient déjà tout dit. En fait, il était probable qu’ils soient au courant de choses dont il ignorait tout. Cependant l’inverse était également vrai. Ainsi il prouvait son utilité à la Reine Lyra qui, malgré ses nombreux espions, ne pouvait se passer des informations qu’il lui ramenées.

La force de son réseau, outre le nombre, était qu’il recrutait principalement des locaux. Des gens nés et élevés dans le pays d’intérêt. Des gens au dessus de tout soupçon, certains occupant même des postes importants, d’autres de simples roturiers, mais tous en mesure de collecter des informations auxquelles n’aurait pas eu accès un espion oriental. Il y avait différents moyens de fidéliser ces espions mais ils ne vaudraient jamais ceux qui étaient formés à Vieille-Tombe.

Cela l’amena à penser à la femme qui l’avait quitté quelques minutes auparavant. Il avait étudié attentivement ses réactions face à ses questions sur Han-Ahesch mais il n’avait pas réussi à tirer la moindre conclusion. Pourquoi s’était-elle vraiment rendue dans la trouée du Rohan ? Leur espion était-il mort de ses mains ou n’était-ce réellement, comme elle le prétendait, qu’une simple coïncidence ? Et si elle l’avait tué, qu’avait-elle appris de lui avant ? Il était dangereux de tirer des conclusions hâtives. Il avait déjà envoyé quelqu’un sur place pour vérifier la version de Néhélac mais, en attendant, il n’était pas tranquille.

Il chassa ces pensées de son esprit. Il s’inquiéterait de Néhélac en temps utile. Ses soupçons n’étaient peut être pas fondés. Il n’avait pas eu à se plaindre de quoi que ce soit jusqu’à présent. Hormis de sa gestions concernant Mardil. Si c’était désormais à elle de monter un nouveau réseau, il se souciait davantage des répercussions sur la santé mentale de son protégé que des répercussions financières (qui étaient pourtant loin d’être négligeables).

Il lui fallait désormais reprendre en main le jeune espion. Il avait trop investi sur lui pour le laisser se détruire ainsi. Et il voulait constater de ses yeux l’état dans lequel il se trouvait. Peut être que cela pouvait représenter une opportunité quelconque ?

Il devait également s’avouer qu’il désirait revoir le jeune homme après toutes ces années. Premièrement afin de mesurer sa loyauté. Les rapports d’Urik puis ceux de Néhélac laissaient entendre que le jeune espion était en lutte perpétuelle entre sa loyauté à son égard et ses opinions personnelles. Il lui faudrait s’assurer qu’il lui était toujours fidèle.

L’autre raison le dérangeait un peu plus. Mardil lui avait manqué ces dernières années. Il s’était habitué à sa présence dans son lit et entre ses bras et tous les substituts qu’il avait essayés n’y avaient rien changé. Il s’en étonnait lui-même. Le jeune homme était désormais bien plus âgé que les garçons qui l’intéressaient habituellement. De plus le manque n’était pas seulement physique. Il voulait savoir ce qu’il devenait, il voulait lui parler, lui transmettre des connaissances et des valeurs. Il se disait que c’était là ce qu’aurait ressenti n’importe quel parent pour son enfant.

#Rezlak #Mardil #Néhélac
Sujet: Les alliés se monnayent à bon prix
Mardil

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les alliés se monnayent à bon prix    Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 3 Fév 2015 - 23:20
Quelques jours plus tard, Nord de l’Ithilien

Achéron marchait sans bruit, ses pas légers le conduisant sans faute vers le lieu du rendez-vous qu’il avait lui-même fixé avec son contact. Il semblait aussi silencieux qu’une ombre mais un examen attentif révélait un léger déséquilibre. En effet sa jambe meurtrie le faisait souffrir mais il n’en laissait rien paraître. La forêt l’avait hébergé et nourri ces derniers jours, alors qu’il attendait que Néhélac se décide à faire son apparition.

Il n’était qu’une ombre parmi les ombres. Un espion parmi d’autres. Un instrument qui avait fait son temps au Gondor. Sa supérieure hiérarchique lui confierait une nouvelle mission. Il pouvait encore leur être utile à elle et à Rezlak. Du moins l’espérait-il. Il n’avait aucun moyen d’en être sûr. Comment pouvait-il endosser un nouveau rôle alors qu’il ne savait pas même qui il était ?

Venait-il du Gondor ? De Dale ? Peut être d’Esgaroth ? Il n’en avait aucune idée. Il n’était pas même certain de l’âge qu’il était censé avoir. Qui étaient ses parents ? Etaient-ils toujours en vie ? Leur manquait-il ? Autant de questions qui n’avaient pas encore trouvé de réponses.

Il chassa ces pensées parasites de son esprit afin de se concentrer sur sa mission première. Il devait faire un rapport aussi détaillé que possible à la jeune femme qui allait le rejoindre. Il n’était pas le premier espion qu’elle rencontrait au Gondor. Ses supérieurs avaient besoin de toutes les informations disponibles sur la situation à Minas Tirith.

Et pourtant, tout ça lui semblait irréel. C’était comme si les souvenirs de son ancienne vie se détachaient de lui pour aller mourir dans un néant effrayant. Un vide sans nom, sans fond. Et il avait tant envie de plonger dans ce fleuve de l’oubli, et ce même si ses eaux étaient empoisonnées. Elles étaient préférables à l’air vicié de ses souvenirs.

Quels souvenirs ? Il n’en avait aucun. Il se sentait comme un nouveau-né, découvrant le monde qui l’entourait avec un regard tout neuf. Et pourtant un voile était en permanence posé devant ses yeux. Afin de l’empêcher d’y voir clair ou afin de le protéger de la vérité ?

Quelle était la vérité ? Que s’était-il réellement passé à Osgilliath ? C’était à cette question qu’il allait devoir répondre. Mais il ne pouvait connaître ces évènements puisqu’il ne s’y trouvait pas. C’était comme si on lui avait donné des informations fragmentaires. Il ne pouvait réunir les pièces du puzzle afin de former un tout cohérent. Il savait pourtant qu’il le devait. Il devait déchirer ce voile qu’il s’était imposé à lui-même. Il devait affronter la vérité.

Alors, et seulement alors, il saurait qui il était. Qui il fallait qu’il soit. Qui il fallait qu’il devienne. Le voile fût un instant soulevé par un vent violent, le vent de l’immonde, de l’atroce vérité. Terrassé par les images qui soudain déferlèrent dans mon esprit, je tombais sur le sol, le corps secoué de sanglots.

Lorsque Néhélac arriva, Achéron avait retrouvé la maîtrise de lui-même. Le voile était de nouveau en place, à la fois terriblement opaque et incroyablement léger. L’espion avait retrouvé la maîtrise de son esprit et de son corps. Il n’avait plus de souvenirs, pas encore de mémoire. Jusqu’au prochain coup de vent. Jusqu’à ce que la tempête se déchaine enfin et détruise tout sur son passage.

////////////////


Néhélac chevauchait avec rapidité et légèreté. Elle s’était procurée un deuxième cheval pour l’espion qu’elle s’apprêtait à rencontrer. La priorité était de le ramener au pays. Sa visite à Osgilliath lui en avait appris beaucoup mais il restait de nombreuses zones d’ombre à éclaircir.

Elle avait cependant trouvé le mot lui donnant rendez-vous dans cette région, loin de tout village, loin de tout à vrai dire. Elle avait pris le temps de rencontrer la plupart de ses subordonnés. Beaucoup d’informations à traiter en une fois. Les mois qui venaient de s’écouler avaient été riches en évènements. Et elle ne savait pas encore ce qu’elle devait en faire.

Elle ne savait pas non plus ce qu’elle dirait à Rezlak. Son séjour au Rohan avait été de courte durée mais elle n’était pas là lorsque Mardil avait eu besoin de son aide. Et une fois de plus elle était arrivée trop tard. Elle n’avait pas pu sauver le jeune espion. Ce dernier était déjà mort et enterré à son arrivée dans la cité. Il avait entrainé dans la tombe l’officier qui l’avait démasqué. Au moins, personne n’était au courant de sa véritable mission. Il était mort comme un criminel et non comme un espion à la solde d’une nation étrangère. En un sens le pire avait été évité.

Financièrement, cette affaire était une catastrophe. Néhélac devait désormais monter un tout nouveau réseau pour distribuer leur marchandise mais cela prendrait du temps. Elle s’était focalisée sur le recrutement de nouveaux espions depuis la mort d’Urik et avait laissé la gestion de la vente des drogues à Mardil. Il lui fallait maintenant reprendre ce travail et, tant que ce ne serait pas fait, la perte financière pour Rezlak serait énorme.

Il était impensable de recruter qui que ce soit ayant un rapport avec Mardil. Ou avec Vipère, comme le jeune espion s’était fait appeler. Il était loin d’être parti en silence et elle aurait voulu en apprendre davantage sur tout ce qui s’était passé à Osgilliath, notamment l’implication de cette Sinove, qu’on présentait comme son bras armé. Si les histoires n’étaient pas exagérées (même si c’était toujours le cas), alors il était évident que Mardil avait fait appel à un agent du temple. Après ce qu’il s’était passé avec Mirallan, c’était là une coïncidence des plus troublantes qu’il lui faudrait éclaircir au plus tôt.

Elle aurait bien voulu interroger la jeune tueuse en question mais cette dernière avait été retrouvée morte, ayant apparemment donné sa vie afin de supprimer la dernière représentante de leurs concurrents haradrims. Comment Mardil avait-il réussi à fidéliser un agent du temple à sa cause ? Tant de questions qui devaient trouver une réponse. Elle se maudissait de n’être pas arrivée plus tôt afin de prévenir ce désastre.

Le réseau de Mardil était donc brisé. Il ne restait plus que l’ancienne maquerelle. La mort de Mardil et de Sinove avait hâté son procès. La disparition du seul témoin à charge contre elle lui avait accordé une peine plus réduite. Après tout les autorités n’avaient que des présomptions et aucune preuve. Elle était néanmoins gênante pour beaucoup de gens. Elle avait donc évité la peine de mort mais pas la prison. Et elle ne sortirait pas avant bien longtemps.

Néhélac n’avait que faire de cette Emelyne Salanda. Elle n’avait aucune information sur le réseau de Rezlak. Cependant elle aurait pu éclairer certains points qui empêchaient la maître espionne de comprendre entièrement ce qui s’était passé du côté de Mardil. Il était pourtant inconcevable de pouvoir parler à une prisonnière à Minas Tirith sans éveiller les soupçons. Le jeu n’en valait pas la chandelle malgré les nombreuses interrogations de l’espionne orientale.

C’était pour cette raison que l’entrevue de ce soir était si importante. Son espion pouvait lui apprendre tout ce qui s’était passé à Osgilliath et à Minas Tirith ces derniers mois. Elle le repéra facilement, se trouvant exactement là où il lui avait dit qu’il serait. Elle mit pied à terre et s’approcha lentement de lui. Si elle était habituée à ne rien laissait paraître de ce qu’elle ressentait sur son visage, elle eût du mal à réprimer un frisson d’effroi.

La dernière fois qu’elle l’avait vu, elle l’avait trouvé mentalement instable et très fragile. L’homme qui se tenait face à elle semblait avoir traversé la mort et en être revenu. Mais il semblait aussi avoir laissé une grande partie de lui de l’autre côté. Son regard gris acier était dénué de toute émotion, froid comme la mort. Et l’instant d’après, son visage se décomposa, comme si une pensée particulièrement horrible venait de lui traverser l’esprit. Cela ne dura qu’un instant, un moment fugitif, mais elle était certaine de ce qu’elle avait vu.

Elle l’avait déjà vu avant. Ce regard. Cette expression. Le jeune homme luttait pour ne pas sombrer dans la folie. Il était dangereux. Il était perdu. Et il avait besoin d’elle. La question était : avaient-ils encore besoin de lui ? Il n’y avait qu’une façon d’obtenir une réponse.

- Ton rapport Mardil.

L’espion soutînt son regard un instant avant de réponde d’une voix glaciale, presque désincarnée.

- C’est Achéron désormais.

///////////////

Vieille-Tombe, une semaine plus tard

La nuit était fraiche et pourtant le corps qui se tournait et se retournait entre les draps était brûlant. Le jeune homme laissa échapper une plainte, tournant frénétiquement la tête de droite à gauche. Quelque soit le cauchemar qui l’assaillait, il ne pouvait réussir à se réveiller. Il ne parvenait manifestement pas à s’extirper du sommeil et des tourments qu’il devait endurer. Jusqu’à ce qu’il se redressât soudain sur sa couche, le souffle haletant et les yeux humides.

Rezlak. Je me trouvais chez Rezlak, dans mon ancienne chambre. Il me fallut un instant afin de me souvenir comment j’étais arrivé là. Les images insoutenables de mon cauchemar refusaient de disparaître. J’aurais tant voulu que la brume opaque de ces derniers jours recouvre à nouveau mon esprit. Mais je ne pouvais réussir à trouver la paix. Pas après ce qu’il avait fait.

Je me levais avec peine et m’extirpais de mon lit trempé de sueur. Malgré la fraicheur de l’air nocturne sur ma peau nue, je traversais la chambre jusqu’au large miroir installé contre le mur du fond. Mon corps était agité de tremblements mais ce n’était pas une réaction à la température. Je me forçais à regarder dans la glace. Un visage jeune me faisait face. Un visage agité de tics nerveux. Les yeux gris du jeune homme étaient troublés. Je me forçais pourtant à soutenir ce regard accusateur.

Souviens toi…

///////////////

Osgilliath, deux mois plus tôt.

- J’aurais fait n’importe quoi pour toi. Tu m’as sauvé la vie.

- Et c’est ce que j’ai fait de mieux depuis des années. Tu m’as redonné espoir quand je ne croyais plus en rien.


Notre étreinte prit fin et je l’embrassais tendrement sur le front. Je ramassais ensuite mon sac et, après un dernier regard en arrière, pris la direction de la sortie.

- Mardil !

J’entendis des pas précipités derrière moi et, le temps que je me retourne, Harékil était de nouveau dans mes bras.

- Je ne veux pas te perdre. Tu es tout ce qu’il me reste. Je sais que tu es en danger mais je suis sûr que je peux t’aider. Je peux encore t’être utile.

Je mis fin à son étreinte et reculais d’un pas afin de pouvoir le regarder attentivement. Je m’imprégnais de l’amour et de l’admiration sans borne qu’il avait à mon égard. C’était la dernière fois que je les voyais. Mon poing fusa à une vitesse folle et le corps d’Harékil tomba sur le sol dur.

- En effet. Tu peux.

/////////////////

Les souvenirs défilaient maintenant à toute allure dans mon esprit. L’incompréhension. La peur. La trahison. Et la douleur. Les cris et les pleurs. Je me souvenais de la façon dont il s’était débattu entre mes bras, comme il avait essayé de toutes ses forces de se soustraire à mon étreinte. Je me rappelais du hurlement ignoble qu’il avait poussé lorsque j’avais plongé sa main dans les flammes. De ses pleurs et de ses interrogations muettes alors que je soignais sa blessure afin qu’elle cicatrise au plus vite. Et surtout je me souvenais du dernier regard qu’il m’avait lancé avant la fin.

Il avait bu d’une traite le dernier verre d’eau que je lui avais tendu. Avait-il compris que ce dernier contenait l’instrument de sa fin ? Voulait-il mettre fin à la douleur des semaines précédentes ? Pas une fois je ne lui avais adressé la parole depuis nos adieux. Il était mort dès ce moment et toutes ses questions n’y feraient rien. Mais il était resté silencieux en ce tout dernier instant. Il n’avait pas eu besoin de parler. Il savait que je n’oublierai jamais son regard.

Le miroir se brisa dans un fracas de verre. Ma main saignait mais c’était là le dernier de mes soucis. Ma main. Cette ignoble main brûlée. Le feu m’avait tout pris. Et il achevait maintenant de consumer mon esprit. Jamais je ne pourrai me pardonner une telle trahison.

Sauf que je n’étais responsable de rien. C’était Mardil qui avait tout orchestré. Mardil était le monstre qui avait pris une vie innocente afin de sauver sa pitoyable existence. La vie d’un jeune homme qui lui faisait confiance. D’un jeune homme qui l’aimait. Que lui aussi aimait.

Qu’étais-je devenu ? Comment en étais-je arrivé là ? Qui devais-je devenir ?

Une infinité de doubles me regardaient dans les éclats de verre brisés. Des visages désespérés, écrasés par la culpabilité, et sur le point de se laisser envahir par la folie. Les larmes coulèrent enfin et je me laissais glisser sur le sol, indifférent au verre cassé qui égratignait ma peau nue. J’étais pris de tremblements incontrôlables et je ramenais mes jambes vers moi en position fœtale.

Ce n’était pas moi. Ça ne pouvait pas être moi. Un long hurlement s’échappa de ma gorge alors que je me répétais inlassablement la même chose.

Achéron. Achéron. Tu t’appelles Achéron.



HRP. Et voilà qui conclut notre RP. Une fois de plus merci Ryad de m'avoir permis de jouer ce scénario qui me tenait particulièrement à coeur. Je pense à cette fin depuis presque un an maintenant alors c'est un peu un aboutissement que ce soit enfin écrit^^
Et comme d'habitude, merci d'avoir apporté ton grain de sel afin de compliquer un peu plus la situation et de démontrer que tu peux être encore plus sadique que je ne le pensais. Ce fût un plaisir^^
Sujet: A l'Ouest, rien de nouveau
Mardil

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Rechercher dans: Les Prairies   Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: A l'Ouest, rien de nouveau    Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 17 Jan 2015 - 16:33


Dans la fraicheur du petit matin, un cavalier isolé chevauchait à vive allure. Le cheval était une bête magnifique, un étalon noir dans la fleur de l’âge qui semblait particulièrement apprécier cette opportunité de galoper dans la rosée du matin. Il avançait si vite qu’on aurait dit que sa cavalière ne pesait rien.

Cette dernière était dissimulée dans des vêtements amples mais confortables, ses longs cheveux noirs flottant librement derrière elle. Elle ne semblait pas inquiète à l’idée qu’on puisse la repérer. Car sa présence au Rohan aurait semblé étrange à quiconque aurait croisé son chemin. Les orientales ne passaient pas vraiment inaperçues à l’Ouest.

Cependant c’était la nécessité qui avait guidé Néhélac si loin de sa terre natale. Pour toute autre mission, elle aurait envoyé l’un de ses nombreux espions mais il s’agissait d’une affaire personnelle. Cette enquête se poursuivait depuis maintenant trois ans et elle ne désirait rien d’autre que des réponses à ses questions.

Sa cible était l’un des espions de Rezlak. Un homme de l’Est envoyé dans un petit village à l’ouest de la Trouée du Rohan afin de surveiller la route entre le Gondor et l’Arnor ainsi que les allées et venues vers l’Isengard. Ses informations étaient le plus souvent peu détaillées mais elles s’étaient révélées primordiales en bien des occasions. Malgré ses origines, il était parfaitement intégré à la petite communauté dans laquelle il avait élu domicile. Cela faisait plus de quinze ans qu’il avait quitté Rhûn et il était désormais marié à une locale qui lui avait donné pas moins de quatre enfants. Et pourtant, il les quitterait sur le champ s’il en recevait l’ordre. La loyauté à Rezlak primait toujours sur les considérations personnelles. Et ceux pour qui cela faisait le moindre doute étaient rapidement ramenés sur le droit chemin.

Mais elle ne faisait pas le voyage en émissaire de Rezlak. Cette mission ne regardait qu’elle et cet homme était susceptible de posséder les informations qu’elle recherchait depuis si longtemps. Elle avait eu le plus grand mal à l’identifier mais vingt années s’étaient écoulées et elle devait se montrer discrète. Repenser à cette période la troublait toujours au plus haut point. Tant de choses avaient changé depuis lors. Elle-même avait tant changé qu’elle se disait parfois qu’elle cherchait à contenter une autre femme. A moins qu’il ne s’agisse plutôt du fantôme de celle qu’elle avait été.

Elle avait repéré sa première cible il y avait bien longtemps de cela. Sa colère avait été la plus forte et l’ex espion était mort avant d’avoir pu lui apporter les informations qu’elle recherchait. Elle s’était alors promis de ne plus jamais commettre la même erreur mais l’occasion d’en apprendre plus ne s’était jamais représentée.

Elle était presque certaine de l’endroit où se trouvait l’homme qui aurait pu lui dire tout ce qu’elle voulait savoir mais les Terres du Sud étaient inaccessibles pour elle. C’était là la chasse gardée d’Ajark et elle savait très bien qu’elle ne pourrait s’y rendre sans qu’il ne l’apprenne. Et alors Rezlak aurait appris à son tour ce qu’elle recherchait. Elle n’avait pas le moindre doute qu’il la ferait tuer au moindre soupçon de trahison, qu’importe l’importance qu’elle avait pris au sein de leur organisation. Elle n’était pas encore assez puissante pour s’opposer directement à lui. Et surtout, elle n’était pas certaine de le devoir. C’est pour cela que cette mission au Rohan était si primordiale à ses yeux.

Elle avait déjà échoué l’année précédente alors qu’elle avait localisé un autre homme qui aurait pu la renseigner. Rezlak et Urik avaient été plus rapides qu’elle et il était mort avant qu’elle n’ait eu la chance de l’approcher. L’avaient-ils tué car il aurait pu lui apprendre ce qu’elle voulait savoir ou parce que cet homme l’avait mérité ? Il allait sans dire qu’il méritait la mort pour avoir osé trahir Rezlak mais la rapidité avec laquelle Urik avait pris les choses en main avait été incroyable. Il n’avait même pas eu à se salir les mains, Mardil ayant fait le travail à sa place. Un nouveau test cruel imposé au jeune espion par son maître aimant. Après tout, ce dernier ne pouvait pas laisser la distance diminuer l’emprise qu’il devait conserver sur le jeune homme.

Ses pensées avaient maintenant divergées vers son ancien protégé et elle espérait que le messager qu’elle avait envoyé à sa rencontre avant de quitter Vieille-Tombe avait pu délivrer son message. Elle y serait sûrement allée elle-même si elle ne croyait pas que cette mission au Rohan lui apporterait les clefs de la vérité. Le message destiné à Mardil était fort simple. Ils avaient pris du retard dans la livraison des drogues à cause d’une tempête locale qui avait dévasté l’un de leurs entrepôts. La prochaine livraison aurait donc 3 à 4 semaines de retard.

Néhélac pensait bien qu’elle l’effectuerait elle-même, car il était grand temps qu’elle voit ses informateurs en personne. Beaucoup d’entre eux avaient été formés par Urik et elle devait s’assurer de leur loyauté à son égard. Elle serait absente bien plus longtemps et il faudrait qu’elle pense à laisser assez à manger au chien si elle voulait éviter les désagréments qu’elle avait rencontrés la fois précédente.

C’est vers 10 heures du matin qu’elle attînt enfin sa destination. Elle comprît sur le champ que quelque chose n’allait pas. Les habitants étaient réunis et elle entendait distinctement les pleurs de plusieurs femmes. La raison lui en apparut rapidement. Ce n’était pas moins de cinq cercueils autour desquels les parents et amis se pressaient afin de rendre un dernier hommage. Une terrible intuition la frappa alors. L’intuition qu’une fois de plus elle était arrivée trop tard.

Les regards se tournèrent vers elle lorsqu’elle descendit de cheval. Les hommes et les femmes murmurèrent sur son passage et lorsqu’elle avança vers eux, ils s’écartèrent afin de la laisser passer. Elle avait l’habitude qu’on l’évitât de la sorte mais cette fois-ci, les choses étaient différentes. Une femme manifestement éplorée lui fît face. A sa tenue on comprenait aisément qu’elle faisait parti de ceux qui avaient perdu un membre de leur famille récemment. Mais de quoi ces gens étaient-ils morts au juste ?

- Êtes-vous la jeune sœur d’An-Êsh ?

An-Êsh ? Même après 15 ans leur prononciation du nom de l’espion n’était pas correcte. Han-ahesch n’avait pas dû juger utile de leur apprendre à prononcer correctement les sons de sa langue natale. Elle-même parlait un Commun absolument parfait, son accent de l’Est étant pratiquement indécelable. Cependant, et afin de rester crédible, elle força délibérément dessus, jouant le rôle qu’Han-ahesch lui avait manifestement attribué.

- Où mon frère se trouver ?

- Je suis au regret de vous informer que votre frère est mort il y a de ça deux jours. Je me nomme Aelende. Il était mon époux.


Néhélac joua jusqu’au bout son rôle de sœur éplorée, tâchant de réconforter cette étrangère à qui elle se retrouvait liée. Les deux jours qu’elle passa auprès d’eux lui apprirent ce qui s’était passé et lui permirent de trouver le rapport de l’espion, bien dissimulé dans un espace entre deux pierres de la maison qu’il avait lui-même construite des années auparavant.

La veuve lui apprît qu’un étranger s’était présenté au village, cherchant du travail en ce début d’été précoce. Il se faisait appeler Gharnûn mais qui pouvait savoir quel était son vrai nom. Dans tous les cas, il venait du Sud, des lointaines terres d’Harad ou du Khand peut être. Il était jovial et s’était très rapidement mêlé à la population locale. Il était aussi travailleur et toujours prêt à rendre service. Il avait passé presqu’un mois en leur compagnie, personne ne soupçonnant que cet être charmant (malgré son étonnant crâne rasé qui devait être la mode du Sud) cachait en réalité un monstre de la pire espèce.
Il avait appris à les connaître et s’était retourné contre eux. Il avait violé, défiguré et démembré la plus aimée des filles du village. Il avait fui bien sûr mais certains hommes du village lui avaient donné la chasse. Aucun n’était revenu vivant. L’espion oriental était au nombre de ces derniers.

Néhélac passa le voyage du retour à ruminer ce nouvel échec. Le sort s’acharnait contre elle. La vérité, tel un mirage, s’éloignait sans cesse d’elle lorsqu’elle croyait la rattraper. Alors qu’elle pensait avoir atteint son quotta de mauvaise nouvelle, elle déchanta un peu plus en rentrant à Vieille-Tombe. Le messager qu’elle avait envoyé à Mardil était de retour avec des nouvelles désastreuses. Le jeune espion était recherché par les autorités. Apparemment il n’était pas soupçonné d’être un agent de Rhûn mais sa tête était mise à prix depuis plusieurs semaines. Il avait été impossible de le localiser mais les autorités le trouveraient tôt ou tard.

Néhélac ne perdît pas de temps. Il lui fallait partir pour le Gondor au plus vite. Si jamais les autorités de la capitale gondorienne le trouvaient avant elle, le risque était trop grand qu’il parle. Elle ne pensait pas que le jeune homme soit assez fort mentalement pour résister à un interrogatoire approfondi (ce qui serait le cas étant donné que la drogue venait de Rhûn et que tout lien possible avec l’Est serait étudié avec la plus grande attention). Elle devait extraire Mardil de la ville avant qu’il ne soit trop tard. Et si cela s’avérait impossible, alors elle devrait neutraliser cette possible menace avant qu’elle ne se concrétise.
Sujet: [Passé] Le prix d'une vie (libre) (suite)
Mardil

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Rechercher dans: Albyor   Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Passé] Le prix d'une vie (libre) (suite)    Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 21 Nov 2013 - 15:38
HRP La première partie c'est de ce côté

Lorsque je revins à moi, il faisait totalement noir. J’approchais mes mains de mes yeux mais ne sentis nul bandeau. Je ne savais pas où j’étais mais l’espace était très restreint. La seule chose qui était certaine était que nous nous déplacions. Je sentais les secousses caractéristiques d’une carriole qui avançait sur une route passablement délabrée.

Alors que je m’attendais à souffrir le martyr à mon réveil, la douleur était plus que supportable. Rapidement je fis courir mes doigts sur mes blessures et me rendit compte qu’elles étaient déjà cicatrisées. Non, plus que cela, elles avaient disparues. Pas de trace de coupure, pas d’os brisé. Juste quelques contusions ici et là. Il était peu probable que j’aie dormi le temps nécessaire à une telle guérison. La seule explication rationnelle était l’utilisation des produits miracles de Rezlak. Mais pourquoi se donnerait-il la peine de me soigner s’il ne voulait plus me voir ? Et, plus important encore, pourquoi étais-je encore en vie et où m’amenait-on ?

Ces questions ne risquant pas d’obtenir des réponses dans l’immédiat, je ne pouvais qu’attendre et écouter, la vue me faisant défaut. Mais, mis à part le bruit des sabots des chevaux sur la route, mon environnement était bien silencieux. De dépit, je commençais à m’agiter et à donner des coups frénétiques sur le cercueil de bois qui me retenait prisonnier. La carriole s’arrêta et, quelques secondes plus tard, la lumière inonda l’espace réduit où je me trouvais. Même s’il faisait très sombre, le contraste avec le noir total dans lequel j’étais plongé m’aveugla un court instant.

Lorsque je pus voir à nouveau, je constatais que je me trouvais, non pas dans un cercueil, mais dans une malle recouverte par une épaisse couverture. Au dessus de moi se tenait Néhelac, l’air incroyablement calme, comme si transporter un jeune homme dans une malle était une chose commune. A bien y réfléchir cependant, cela devait être loin d’être la chose la plus étrange que l’espionne avait été amenée à accomplir.

- Tu peux sortir, nous sommes presque arrivés. Mais si jamais tu tentes quelque chose de stupide comme d’essayer de t’enfuir ou t’en prendre à moi, je n’hésiterai pas à te le faire regretter. Tu as bien compris ?

Je hochais la tête en signe d’assentiment et, prudemment, sortis de ma prison. Il faisait nuit et je ne reconnus pas l’endroit dans lequel nous nous trouvions. Devant nous, de hautes et sombres montagnes semblaient barrer la route. Résigné, je m’installais auprès de Néhelac et nous reprîmes notre route. Je ne lui demandais pas notre destination, conscient qu’elle ne me répondrait pas et que, de toute façon, je serai vite fixé si, comme elle l’avait dit, nous étions bientôt arrivés. Ce n’est qu’au détour d’un sentier escarpé que j’entraperçus notre destination finale. Je n’y avais jamais mis les pieds mais la cité ressemblait en tous points à la description qui m’en avait été faite.

Car, devant nos yeux, venait d’apparaître Albyor, la cité qui ne voyait jamais le soleil. Le pont surplombant l’Ag-Dâshar était proche et on distinguait les portes au-delà. Ainsi donc, Rezlak comptait me revendre en tant qu’esclave. Je ne savais que trop ce pour quoi la sinistre cité était réputée. Cela expliquait pourquoi on avait pris la peine de me soigner. Sans doute espérait-il récupérer un peu de son « investissement ». Je ne cherchais pas à m’échapper (Où aurais-je pu aller ?), me disant qu’être esclave ici ne pouvait être pire qu’être esclave à Vieille-Tombe. Je n’étais qu’à moitié convaincu cependant car les récits abondaient sur le sort des malheureux se retrouvant vendus sur le marché aux esclaves. Je n’étais pas sûr de survivre bien longtemps dans cet antre de folie, que ce soit dans les cellules ou dans les mines.

Arrivés aux portes, Néhelac montra un laisser passer, ce qui n’empêcha pas les gardes de fouiller la carriole de fond en comble. Ils finirent par nous laisser entrer et nous pénétrâmes dans la cité basse. Alors que je pensais que nous nous dirigerions vers le marché aux esclaves, nous abandonnâmes la carriole et nous engageâmes sur la route grimpant vers les montagnes. Ce n’est que là que je compris quelle était notre véritable destination. Une peur panique s’empara de moi et je tentais immédiatement de faire demi-tour mais Néhelac me rattrapa facilement. Elle s’abattit sur moi comme un rapace sur sa proie et je m’effondrais sur le sol rocailleux. Elle planta son genou entre mes omoplates afin de m’immobiliser.

- Il me semblait t’avoir dit de ne rien tenter de stupide.

- Pitié. Tout mais pas ça ! Ne me conduisez pas au temple !

- Les ordres de Rezlak sont très clairs et il est hors de question que j’y déroge. Alors si tu souhaites finir le trajet sur tes jambes, je te suggère de te calmer.


Je n’avais, de toute évidence, pas le choix et nous reprîmes notre route. Je ne pouvais m’empêcher de trembler à la pensée du temple Sharaman. Je n’avais qu’une vague idée de ce qu’il s’y passait mais, pour rien au monde, je n’aurais souhaité éclairer ma lanterne. Les rumeurs de sacrifices humains étaient fort nombreuses et, après ce dont j’avais été témoin à Vieille-Tombe, je n’avais aucun mal à y croire. J’avais beau essayer de m’endurcir, j’avais peur de mourir mais plus encore, je craignais la souffrance qui accompagnerait ce châtiment. Ce n’était, ni plus ni moins, que le lieu le plus sombre de Rhûn. Pour autant que je sache, cela pouvait bien être le lieu le plus sombre de toute la Terre du Milieu.

Nous arrivâmes devant la porte massive en bois et Néhelac frappa deux coups qui résonnèrent dans le silence environnant. La porte s’ouvrit dans un grincement inquiétant et je me tournais une dernière fois vers l’espionne, espérant sans trop y croire qu’elle changerait d’avis. Mais son visage impassible était suffisamment éloquent et, résigné, je franchis le seuil de la porte qui se referma derrière moi dans un bruit sourd.

#Mardil #Néhélac
Sujet: [Passé] Le prix d'une vie (libre)
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Rechercher dans: Vieille-Tombe   Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Passé] Le prix d'une vie (libre)    Tag néhélac sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 30 Oct 2013 - 20:50
Mes yeux étaient fixés sur la cible, placée à 30 mètres de moi. Plus rien n’existait qu’elle et la tension grandissante dans mes bras. Je maintins la position aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que je fusse certain de mon tir. Un léger vent faisait onduler mes cheveux longs. Enfin je lâchai prise et ma flèche s’envola et alla se planter juste à côté de la précédente, ainsi que je l’avais prévu. Je me tournai vers mon instructeur et vis la lueur approbatrice dans son regard. Il me sourit et me dit gentiment :

- Je crains que cela ne soit devenu trop facile. Il va falloir commencer à s’entraîner sur des cibles en mouvement.

Malgré son ton avenant, je ne pus m’empêcher de frissonner. Si les cibles en mouvement étaient bien ce que je pensais, je n’étais guère enthousiaste à cette idée. Néanmoins cet entrainement n’avait d’autre but que de m’apprendre à tuer. Et si le plaisir que j’éprouvais à tirer à l’arc était bien réel, je n’avais aucune envie de tuer qui que ce soit, bien que je sache que nos ennemis le méritaient.

Nos ennemis… Qui étaient-ils au juste ? N’étais je pas l’un des leurs ? Bien sûr que non. J’étais un enfant alors et aucun enfant ne saurait être tenu pour responsable des actes de ses aînés, si indignes fussent-ils. Alors qu’étais-je maintenant ? Du haut de mes 12 ans je ne pouvais guère être considéré comme un adulte.

C’est plongé dans ces pensées que je me dirigeais vers mes apprentissages suivants. L’escrime m’étant beaucoup moins naturelle que le tir à l’arc, je devais me concentrer davantage afin de progresser. J’essuyais les remontrances de mon professeur et bien qu’il serrât les poings à deux reprises, il ne leva pas la main sur moi. Sans doute se souvenait-il du sort réservé à son prédécesseur. Aucun d’entre eux n’avait la permission de me toucher et Rezlak entendait que cela restât ainsi. Mes premiers mois à Vieille-Tombe et les mauvais traitements que j’y avais subi me semblaient faire parti de l’existence de quelqu’un d’autre.

Enfin la leçon toucha à sa fin et je pris une collation bien méritée. L’après midi serait consacrée à des enseignements moins physiques : lecture, écriture, histoire. Puis des enseignements plus pragmatiques me seraient prodigués en ville : espionnage, dissimulation, menaces. J’accompagnais deux agents de Rezlak dans leurs sorties et j’apprenais. Et si, jusqu’à présent, ils ne m’avaient jamais demandé autre chose que de regarder et d’écouter attentivement, je savais bien qu’il serait bientôt temps de passer aux choses sérieuses.

J’appréhendais ce moment, tout en le sachant inéluctable. Rezlak ne m’avait pas rendu cruel, du moins pas à cette époque. Je ne le verrai que le soir venu, ignorant tout de ses allées et venues durant la journée. En revanche mes nuits lui appartenaient et mon apprentissage se poursuivait même à ces moments là.
J’étais à la fois impatient et terrifié à l’idée de l’avoir face à moi. Ses réactions étaient toujours imprévisibles et je ne savais jamais si des coups ou des caresses m’attendaient. Les deux, le plus souvent.

En rejoignant Ajark et Nehelac, les deux agents qui me servaient d’instructeurs, je passai devant Erior, qui m’adressa un timide sourire. Je répondis d’un hochement de tête rapide, conscient du regard des gardes. Cela faisait déjà un moment que j’étais conscient des tentatives de rapprochement du jeune esclave. Ne souhaitant guère risquer la colère de mon maître, à qui mes moindres faits et gestes étaient rapportés, j’avais jusqu’à présent gardé mes distances. Je ne savais au juste pourquoi ce dernier m’avait choisi, peut être car après lui j’étais le plus jeune membre de la maisonnée.

J’atteignis l’entrée de la demeure, où m’attendaient mes deux professeurs. Nehelac tenait des vêtements dans sa main gauche et me les tendit lorsque j’arrivais à sa hauteur.

- Enfile ça ! Tu ne serais pas accepté dans cette tenue là où nous nous rendons ce soir.

Je pris les étoffes plutôt luxueuses qu’elle me tendait et ce n’est qu’alors que je remarquais qu’Ajark et elle étaient vêtus de la même manière. Je me débarrassais de mes habits, frissonnant quelque peu à cause de la fraîcheur du soir, et me changeais rapidement.

- Nous venons d’une tribu à l’extrême nord du pays afin de vendre nos produits. Nous avons rendez-vous avec quelqu’un qui pourra écouler nos marchandises ici.

- Et quelles sont elles ?
Demandais-je.

- Essentiellement des bijoux ; l’artisanat du nord est assez réputé.

- Quel est mon rôle ?

- Tu seras notre fils,
répondit Ajark.

J’examinais attentivement mes compagnons, me demandant à quel point cette couverture était plausible. Je ne ressemblais guère aux orientaux, ce qui pouvait passer à Vieille-Tombe car la ville était bien plus ouverte aux étrangers que le reste du pays. Nehelac, en revanche, ne pouvait renier ses origines. Sa beauté, presque sauvage, était typique des régions de l’est. Ajark pouvait plus facilement passer pour mon père tant son physique était passe partout, ce qui était un atout non négligeable pour un espion. Mais ils étaient tous les deux trop connus en ville pour que qui que ce soit puisse croire à une telle fable. Soit nous sortions de Vieille-Tombe, soit notre cible était nouvelle en ville.

J’eus rapidement ma réponse lorsque nous pénétrâmes dans la plus fameuse auberge de la ville. Celle-ci était majoritairement fréquentée par des étrangers ou de riches marchands venus des tribus de l’est. Nous nous installâmes à une table, jouant notre rôle de petite famille propre sur elle. Comme d’habitude j’étais stupéfait du changement de comportement d’Ajark. Lui d’habitude si taciturne, s’était transformé en homme bavard et débonnaire. Nehelac restait calme à ses côtés, telle une épouse obéissante.

Rapidement elle m’indiqua un homme d’une quarantaine d’années, assis quelques tables derrière nous. Elle se rapprocha de moi et me parla à voix basse.

- L’ambassadeur de la tribu des Ragnars.

Elle nota mon regard d’incompréhension et précisa.

- Une tribu d’importance moyenne favorable au rapprochement avec l’ouest. Nous craignons que leur influence augmente auprès du roi. Ce problème sera réglé par d’autres que nous mais en attendant nous devons découvrir les raisons de sa présence à Vieille-Tombe. Ce soir c’est à toi de jouer. Débrouille toi pour nous ramener cette information d’ici à demain.

Ainsi donc le moment était venu. Il était temps pour moi de faire mes preuves.

#Mardil #Néhélac #Ajark
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