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 Déboires, éconduire, il faut choisir

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Déboires, éconduire, il faut choisir EmptyDim 15 Fév 2015 - 15:12

- Mon Général ?

Le lieutenant passa la tête à l'intérieur de la pièce, son casque sous le bras. Il ne portait pas son armure complète, à cause de la chaleur étouffante qui régnait dans cette aile du bâtiment, mais il n'en demeurait pas moins en grande tenue. Son pourpoint noir brodé de fils d'argent aux armes du Gondor était superbe, et il appartenait de toute évidence à l'élite de la garde de Minas Tirith. En l'occurrence, toutefois, il était cantonné à un rôle secondaire de messager. Ce n'était pas inhabituel durant cette période un peu compliquée, car les soldats étaient mobilisés dans tous les quartiers de la ville pour en assurer la sécurité, et ils étaient en sous-effectif absolument partout. On réquisitionnait donc des miliciens qu'on faisait patrouiller dans les zones les moins sensibles, et on affectait des officiers supérieurs à des tâches administratives pour combler. Cartogan, assis à son bureau en train de lire des rapports – comme souvent – leva la tête et fit signe à l'officier d'entrer. Ce dernier s'exécuta, et prit la parole sur le même ton monocorde que les cent autres messagers qui étaient venus aujourd'hui.

- Mon Général, nous avons reçu le rapport de Cair Andros. Un simple incendie qui s'est déclaré, mais qui a été rapidement maîtrisé. Le commandant sur place nous fera parvenir un inventaire détaillé des pertes dès qu'il aura terminé l'état des lieux. Apparemment, ils ont arrêté le criminel qui aurait fait ça : un fou qui se revendique des Légionnaires de l'Orbe.

Cartogan haussa un sourcil interrogateur :

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Je n'en ai jamais entendu parler, mon Général.

Ce dernier secoua la tête. Il y avait tant de groupes qui avaient émergés depuis la chute de la Couronne de Fer. Tant de petits malfrats qui essayaient de s'élever sur les ruines de l'empire encore fumant que l'Orchâl avait failli mettre en place. Dès lors que Warin, que tout le monde pensait être le chef de file de ce mouvement honni, avait été pendu publiquement, les insectes étaient sortis de leur tanière pour essayer de se nourrir du cadavre gigantesque et puant de ce qui avait jadis été un superbe prédateur. La fin de l'Ordre avait été ridicule et pathétique, tout comme l'étaient ceux qui essayaient de se faire un nom actuellement, en profitant du vide qui avait été laissé. Pour Cartogan, ce n'étaient ni plus ni moins que de la vermine à combattre activement avant qu'elle ne proliférât, et il entendait bien faire comprendre à tous ces idiots qu'il ne plaisantait pas avec la sécurité du Gondor. Sombre, il répondit :

- Faites ordonner au commandant de Cair Andros de mener l'enquête activement. Je ne veux pas laisser croire que n'importe qui peut s'en prendre à nos forteresses. Qui que soit derrière cet acte, je veux qu'il soit trouvé et arrêté dans les plus brefs délais.

- Bien, mon Général. Hum… il y a autre chose…

La gêne était perceptible chez le militaire, qui paraissait ne pas trop savoir comment aborder la question. Son supérieur, quelque peu perplexe, l'encouragea d'un geste impatient à s'exprimer. Son temps était précieux, il avait des centaines de décisions stratégiques et cruciales à prendre dans l'heure, et il n'avait pas envie de voir de précieuses minutes filer parce qu'un officier était timide. L'homme s'éclaircit la voix, et lança :

- En arrivant ici, mon Général, j'ai été… pris à parti par un homme qui désire vous voir. Euh… Il a dit être un dignitaire d'une région lointaine, un allié du Gondor. Il représente le chef Kaara.

- Qui ?

- Je pensais que vous le sauriez, mon Général. Il attend ici depuis des heures, d'après ce qu'il m'a dit. Il a aussi expliqué qu'il venait rencontrer le Roi Mephisto, mais que l'accès lui avait été refusé. Il a tenté de rencontrer l'Intendant Illicis, mais celui-ci était absent. Et maintenant, il cherche à vous voir.

Cartogan fronça les sourcils, en faisant une moue étrange. Il cherchait dans ses souvenirs… Le chef Kaara… Non, décidément cela ne lui disait rien. Ce n'était certainement pas un homme du Rohan, car le Vice-Roi Mortensen était présent dans la cité, et il avait une entrevue privée avec Mephisto. Ce n'était pas un émissaire du Harondor, car Radamanthe était là avec toute sa délégation. Il pouvait s'agir d'un Khandéen, mais pourquoi se serait-il présenté comme un allié du Gondor ? Cet émissaire pouvait être absolument n'importe qui, et sans doute ne représentait-il pas davantage qu'un petit village perdu au fin fond du Rhovanion, qui souhaitait obtenir l'aide du Roi Mephisto pour régler un problème sans importance. A tous les coups, ils avaient aperçu une drôle de créature, un monstre volant ou pourquoi pas une bête gigantesque nageant dans l'Anduin, dévorant les enfants à la nuit tombée. Le militaire rit intérieurement. Quelle idée stupide.

- A quoi ressemblait cet émissaire ?

- Eh bien… Il avait le teint des gens de l'Est, plus ou moins. Et il était habillé de peaux, sans bijoux ni ornements. Un homme très simple, mon Général.

Passant une main sur sa nuque, le militaire se leva et se retourna pour observer la cité par la fenêtre de son bureau. Que Minas Tirith était belle, sous cette lumière. S'il avait un jour imaginé se trouver ici, à cette place, à cette position… Le hasard jouait vraiment des tours, décidément. Il revint à la conversation, conscient que le lieutenant attendait une réponse :

- Je connais ce genre d'hommes. Ils descendent des montagnes, ou bien ils viennent de leurs campagnes. Ils croient naïvement que n'importe qui peut parler au Roi, lui exposer son problème personnel, et repartir avec une compagnie de fantassins. Hier encore, j'ai eu une douzaine de visites de ce genre, où on me demandait d'envoyer un bataillon pour protéger les villages d'Ithilien contre des incursions orques, ou alors pour aller chasser des fantômes dans les Montagnes. J'ai bien d'autres choses à faire que de traiter avec des dignitaires ne représentant personne.

Le lieutenant paraissait mal à l'aise, même s'il comprenait l'agacement de son supérieur. La sécurité du Roi Mephisto était une priorité absolue, devant laquelle aucun impératif ne pouvait s'ériger. Les monarques d'Arnor et du Gondor avaient souffert trop de pertes violentes pour que Cartogan acceptât de baisser la garde un seul instant, et se laissât distraire par des balivernes à dormir debout. Pour l'heure, il devait régler des cas bien plus graves et plus problématiques. Au petit matin, on avait découvert un cadavre dans une rue, ce qui avait causé un grand émoi. Les gardes étaient arrivés rapidement, et avaient très bien maîtrisé la situation, afin de contenir la rumeur. Ils avaient prétendu à un simple accident – en effet, il n'y avait aucune plaie sur le corps, même si son crâne avait été sauvagement défoncé – et avaient rapidement emporté le macchabée. Cartogan était actuellement en train de rassembler les informations qu'il avait à ce sujet. Tous les cas d'homicides, rares depuis qu'il avait verrouillé la Cité Blanche, lui remontaient directement. La victime était le serviteur d'un certain Evart Praven, et un groupe d'hommes en armes était déjà allé frapper à la porte de l'intéressé pour lui poser quelques questions. On en apprendrait sans doute davantage dans les prochains jours. Alors forcément, les lubies délirantes d'un paysan mal luné ne l'intéressaient pas vraiment. Il avait de vrais problèmes à gérer, qui impliquaient davantage que quelques dizaines d'habitants perdus si loin à l'Est qu'ils en ressemblaient désormais à des Orientaux.

- Vous voulez que je lui dise de revenir un autre jour, mon Général ?

- Dites-lui plutôt de rentrer chez lui, ou de profiter des festivités, s'il le souhaite. Les grands du royaume ne peuvent traiter avec n'importe qui, et il n'y a pas assez d'heures dans une journée pour recevoir chaque petit dignitaire individuellement. S'il a besoin d'hommes pour régler ses problèmes, qu'il réunisse de l'argent, et qu'il se paie les services d'un groupe de mercenaires. Ce n'est pas ce qui manque à Minas Tirith en ce moment, je serais ravi de les savoir loin d'ici, occupés à des tâches utiles.

En effet, les hommes – et quelques femmes, rares – qui vendaient leurs épées contre de l'or étaient nombreux dans la Cité Blanche. L'afflux de population était synonyme de danger potentiel, de vols, de bagarres, et les nobles n'avaient pas tous les moyens d'entretenir des gardes privées qui coûtaient terriblement cher. Alors, ils embauchaient des mercenaires pendant la durée des festivités, afin de garantir la sécurité de leurs biens et de leurs personnes. Les plus riches pouvaient s'offrir de véritables compagnies, qui pouvaient aller jusqu'à une trentaine d'hommes pour les plus paranoïaques. Les moins fortunés se promenaient en ville avec, sur leurs talons, un homme à la mine patibulaire qui les escortait. Il était plus décoratif que dissuasif en général, et beaucoup d'entre eux vantaient des qualités qu'ils n'avaient pas, en réalité. Mais bon, c'étaient les lois du mercenariat : on ne pouvait jamais juger de la qualité d'un type qu'on embauchait avant d'être réellement dans les ennuis jusqu'au cou.

A la rigueur, ces hommes-là ne posaient pas trop de problèmes à Cartogan. Il les voyait davantage comme une gêne constante, mais relativement sous contrôle. Leur contrat les obligeait à se tenir tranquilles, et à adopter un rythme de vie à peu près décent. Ceux qui étaient les plus dangereux étaient ceux qui n'avaient pas encore trouvé d'employeur, et qui dès lors étaient libres de faire ce qu'ils voulaient de leur temps. Les bordels de la Cité devaient tourner à plein régime, et les catins qui s'étaient installées en dehors des remparts, dans la forêt de tentes, ne devaient pas être en reste. Les tavernes ne désemplissaient jamais, même quand l'heure était tardive, et l'alcool coulait à flot chez ces hommes qui se vautraient dans le stupre et l'ivresse, et qui parfois se battaient violemment pour des broutilles. Sitôt minuit passé, les patrouilles devaient prendre les problèmes – qui en général pesaient dans les quatre-vingt kilos – à bras le corps, et les sortir manu militari pour les envoyer passer une nuit en cellule, au frais. Les prisons, comme les débits de boisson, étaient donc remplis d'une clientèle régulière. Souvent la même, d'ailleurs.

Perdu dans ses réflexions, Cartogan fut sorti de ses rêveries par quelqu'un qui toquait à sa porte. Un nouveau soldat entra, et alors qu'il ouvrait le battant, des éclats de voix se firent entendre au dehors. De toute évidence, il y avait une dispute animée, et le ton ne semblait pas en passe de se calmer :

- Mon Général, annonça le nouveau venu, un homme désire vous voir, et je crois qu'il est très en colère…

- Vous croyez ? Répondit le chef de la garde avec un demi-sourire. C'est celui qui représente le chef Kaara, c'est bien ça ? Foutez-moi ça dehors, immédiatement. Je ne tolérerai aucun éclat de voix dans l'entourage immédiat des monarques du Royaume Réunifié. Ce ne sont pas des manières.

Le militaire hocha la tête, et referma la porte. Elle était épaisse et de bonne facture, car sitôt qu'elle fût close, le silence revint comme par enchantement. Cartogan secoua la tête, résigné devant la rudesse de ce dignitaire, qui avait perdu son sang-froid si rapidement. C'était une faute impardonnable pour un homme venu négocier, a fortiori quand il se trouvait dans le plus puissant royaume de la Terre du Milieu. Mais d'où pouvait bien venir ce type pour être si peu au fait des us diplomatiques ? Décidément, il y avait des gens qui habitaient dans des endroits si reculés que les bonnes façons de faire n'étaient pas encore arrivés chez eux. Il faudrait qu'il en touchât deux mots à l'Intendant Illicis. La question l'intéresserait sûrement.

- Eh bien Lieutenant, il semble que vous n'aurez pas à lui dire de partir. Toutefois, avant de retourner à vos occupations, je veux que vous vous assuriez personnellement que cet homme quitte le dernier niveau. Et faites également en sorte que les gardes de la Fontaine soient prévenus, qu'ils ne le laissent pas passer.

- Bien mon Général, je m'en occupe.

Sur ces mots, l'officier tourna les talons et quitta la pièce, laissant enfin Cartogan seul avec son travail. Il déposa le dossier concernant Praven sur un côté, et s'empara d'un autre message qu'il devait lire. Il fronça les sourcils en lisant ce qui était inscrit sur le billet, et leva le nez. Forlong Neldoreth était donc à Minas Tirith… Curieux… Son nom et sa réputation n'étaient pas inconnues au Général, qui se demandait bien ce que ce personnage énigmatique pouvait bien faire là. D'après les sources de l'Arbre Blanc, qu'il avait à sa disposition, il n'avait rien fait l'illégal, et il s'était soumis aux contrôles à l'entrée de la ville sans broncher. En revanche, sa présence était un danger en soi. L'homme était instable, imprévisible, et dangereux. Cartogan n'aimait pas les loups solitaires, et il garderait un œil sur lui tant qu'il se trouverait sous sa juridiction...


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
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