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 Où deux gosses traînent une elfe en espérant survivre.

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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
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Nathanael

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Où deux gosses traînent une elfe en espérant survivre. - Page 2 EmptyMer 28 Sep 2016 - 22:42
Où deux gosses traînent une elfe en espérant survivre. - Page 2 Hardin10

Edoras. Le château d’or luisait par moment quand un rayon de soleil venait lui caresser l’échine. La pluie s’en était allée mais des nuages gris et lourds pesaient sur les plaines depuis deux jours. Une chaleur écrasante s’était abattue sur les voyageurs et les chevaux suaient à grosses gouttes pour mener leur cavalier et tirer leur carriole. L’été s’était installé brutalement comme un voyou chassant le printemps à grands coups d’orage et de tonnerre, poussant devant lui la sécheresse comme une arme mortelle. Les pluies récentes avaient à peine effleurer la surface, glissant sur un sol scarifié par le soleil, dévalant les pentes et les moindres plis de terrain pour rouler jusque dans l’Anduin. Les sources avaient goulûment avalé le trop plein d’eau, juste de quoi les contenter quelques jours. A peine de quoi faire verdir l’herbe rase. Les plaines du Rohan ressemblaient eu pelage sec et terni d’un cheval galeux. Le royaume était malade. Il ne restait que trois ou quatre petits troupeaux autour de la capitale. Les grandes masses blanches avaient rejoint les versants nains. Les brebis et leurs agneaux paissaient un duvet tendre et frais sous l’oeil colérique du Caradhras. Les bergers avaient suivi ainsi que plusieurs éoreds pour assurer la sécurité du garde manger de leur peuple. Un silence étrange entourait Edoras d’habitude si bruyante, si mouvementée en comparaison des vastes étendues sauvages qui ourlaient les cités rohirrimes. Harding avait le sentiment de revenir dans une cité ravagée par la guerre.

Ils passèrent les hautes portes de bois sans qu’on ne les arrête. Il avait reconnu un des gardes à l’entrée. Un de ceux qu’il aimait provoquer en duel pour lui coller son poing dans le nez. Un de ceux qui avaient servi Hogorwen et qui avait eu la vie sauve ainsi que la possibilité de réintégrer l’armée à un moindre rang. Un bandit honoré du statut de Rohirrim alors qu’il ne méritait que la potence et la mort. L’oeillade qu’ils échangèrent était lourde de sous-entendus et de promesses agressives. Mais Harding ne s’arrêta pas. Son esprit était bien trop préoccupé par l’état grave de l’elfe blessée. Ainsi il mena rapidement la troupe jusqu’aux marches du château où il fit mander Gallen Mortensen, le Vice-Roi du Rohan, ou bien Learamn, capitaine dans l’armée. Mais ni l’un ni l’autre n’étais disponible en l’instant. L’un des gardes répondit, sardonique.

- Pourquoi le Maréchal ou le capitaine se déplacerait pour toi hein ? On sait tous que t’as déserté comme un chacal puant !
- Et j’ai bien fais apparemment…l’armée ne recrute que des hommes sans valeur ni honneur.


Il y eut un mouvement vif, des mains se posèrent sur les pommeaux des épée ou les hampes des lances mais ce n’était ni le bon moment ni le meilleur lieur pour déclencher une échauffourée.

- Nous avons besoin des services de Dame Aelyn. Une urgence vitale pour une personne qui voyage avec nous. Des blessures faites par des orcs ou pire.

Il avait passé sous silence le fait qu’il s’agissait d’une elfe. Tous les Rohirrims ne voyaient pas cette race d’un bon oeil même s’ils restaient cordiaux en leur présence. Mais les histoires de magie et d’enchantements étranges de l’ancestrale Lorien hantaient encore les esprits. On appréciait mieux les elfes quand ils venaient avec de l’or et des objets de valeur. On les aimait moins quand il fallait les prendre à charge et les nourrir à la petite cuillère. Harding savait que Dame Aelyn saurait faire fi de toutes les différences qui les opposaient. Elle était guérisseuse et ne voyait jamais en ses patients que des âmes à sauver. Rien de plus. Mais les nouvelles n’étaient pas bonnes.

- Dame Aelyn n’est pas disponible non plus. On l’a pas vu hier et pas vu ce matin. Sans doute que son ventre l’empêche de reprendre du service.

La promise du Vice-Roi attendait un enfant. Harding avait vu ses formes s’arrondir au cours de ses allées et venues au château entre deux campagnes de chasse contre les orcs. Officiellement il n’appartenait plus à l’armée. Officieusement il apportait toujours quelques nouvelles à Gallen Mortensen ainsi que les rumeurs qu’il glanait au sein du peuple. Seul Fendor demeurait un sujet épineux où tout les opposait. Ils évitaient d’en parler.

- Demande donc à ta soeur de s’en occuper. Il paraît qu’elle a les bonnes grâces du Vice-Roi et de sa put…

Le soldat ne finit pas sa phrase. Une giclée de sang salit les dalles sombres des premières marches du château. Le soldat se tenait le nez en grognant. Harding fut rejeté en arrière mais personne ne sortit les armes. Tous craignaient le courroux du Vice-Roi et même s’ils détestaient Harding, ils ne prendraient pas le risque de s’opposer ouvertement à un proche de Gallen. Un autre soldat au tempérament plus calme et plus posé reprit la discussion. Il se tenait à une distance suffisante pour préserver son visage.

- Mène ta blessée dans la maison de soins. Il y aura bien quelqu’un pour la prendre en charge.

Harding manifesta plus de retenue et inclina la tête pour le remercier.

- Mais méfie toi fils de Hagen. Tous ici ne t’ont pas pardonné.

Harding ne se retourna même pas sous la menace. L’homme faisait sans doute référence aux nombreuses déconvenues qui l’avaient poussé à affronter quelques soldats ivres aux propos incohérents. Il retrouva Odéor et Edwÿne pour leur rapporter la situation. S’il était sanguin et orgueilleux auprès des soldats qui s’opposaient à lui il était toujours aussi froid et plein de retenue envers les occupants du charriot.

- Dame Aelyn est absente ou indisponible. Mais nous pouvons mener l’elfe dans un lieu approprié pour le repos. Il va falloir m’aider.

Il s’adressait sans cérémonie à Odéor. Transporter le corps ne fut pas chose aisée au milieu des escaliers de pierre et des marches abruptes. Le Rohan n’était pas une terre façonnée pour les faibles et Meduseld n’était pas conçu pour les estropiés. Vivre ou mourir, telle était la loi qu’imposait le Riddermark. Ils posèrent le corps de l’elfe sur une paillasse propre. La salle était vide mais une agréable fraîcheur baignait les lieux entre les hauts murs protecteurs ornés d’or. Le silence apportait un repos apaisant dans les coeurs.

- Vous ne pourrez pas vous installer ici mais les visites sont autorisées si les enfants veulent la voir. En attendant ils vont devoir me suivre.

Ils sentaient le musc de putois. Leurs vêtements étaient des lambeaux pitoyables. Il savait que sa soeur pourrait leur obtenir de quoi manger et se changer rapidement. Elle connaissait les couloirs du château mieux que personne. Il ne s’attarda pas en explications et posa ses mains sur les épaules des enfants pour qu’ils le suivent. Il sentit leurs os pointus sous ses grands mains rugueuses. Une maigreur qui ne semblait pas uniquement liée à leur jeune âge et à de longues courses dans les plaines. Il serra les dents pour garder enfouis les souvenirs de sa propre enfance.

- On va vous trouver de quoi manger et des vêtements avec moins de trous.

Il parlait comme s’il faisait un rapport, sans aucune humanité. C’était une information parmi tant d’autres. Il raffermit sa prise sur les épaules des enfants et les conduisit dans les cuisines de Meduseld. Il ne leur laissait pas le choix. Ils étaient arrivés en milieu de matinée et les cuisiniers, leurs apprentis, le boulanger et son aide ainsi que les serviteurs s’affairaient comme des abeilles dans une ruche. Harding profita du remue-ménage pour chiper une miche de pain chaude dont la croûte brûlait encore les doigts. L’odeur de la mie fumante lui mit l’eau à la bouche et il savourait par avance le moment où il pourrait arracher une tranche à cette douceur bienvenue. Les deux derniers jours avaient été faits de rationnement et de privation. Pour le reste, il demanda à une proche de sa soeur de lui remplir une gamelle en montrant les enfants d’un signe de tête évocateur. Elle revint avec deux écuelles en bois remplies de morceaux d’agneau fumant, de lard fumé, d’un bouillon de sauge où flottaient des pois frais et des haricots. Elle tendit enfin aux enfants deux pâtisseries tièdes, des brioches fourrées aux mûres et saupoudrées de sucre. Harding demanda des nouvelles d’Alienor mais on lui apprit qu’elle ne travaillait plus en cuisine. Elle était au service de Dame Aelyn. Il dissimula son étonnement et mena les enfants dans une salle réservée aux gardes. Il coupa des tranches de pain, les distribua et s’assit en face d’eux pour les regarder manger. Il n’avait aucune affection particulière pour eux mais il se faisait un devoir de les nourrir convenablement et de leur offrir un peu de repos. Ils avaient l’air de deux oisillons sortis trop tôt du nid. Ils avaient les ailes trop courtes, l’oeil encore mal ouvert, le plumage pouilleux et insuffisant pour les abriter des aléas du temps. Il les regardait depuis un petit moment quand il reprit la parole.

- Dame Aelyn est la meilleure guérisseuse du Rohan.

Toujours aussi laconique. Il était terriblement maladroit pour rassurer deux enfants égarés, apeurés et malmenés par la vie. Mais c’était tout ce qu’il avait à leur offrir.
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Lithildren Valbeön
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Où deux gosses traînent une elfe en espérant survivre. - Page 2 EmptyDim 2 Oct 2016 - 14:12
Où deux gosses traînent une elfe en espérant survivre. - Page 2 SuybOù deux gosses traînent une elfe en espérant survivre. - Page 2 04hi

Une fois arrivés dans la cité, Edwÿne sortit pour se poster près de son mari. Les soldats furent surpris de voir le Rohirrim escorter un chariot avec une femme enceinte, un enfant et un homme. Que pouvaient-ils avoir de si spécial ? Rien. Juste deux enfants seuls et une elfe grièvement blessée. Le Rohirrim les mena près du château, où il demanda la présence du Vice-Roi. Absent. Edwÿne et Odéor échangèrent un regard inquiet. La conversation leur parvint, mais faiblement. Ils discernaient les mots et observaient de plus loin.

- Pourquoi le Maréchal ou le capitaine se déplacerait pour toi hein ? On sait tous que t’as déserté comme un chacal puant !
- Et j’ai bien fais apparemment…l’armée ne recrute que des hommes sans valeur ni honneur.

Silence. Des mains sur les pommeaux. Edwÿne n'en revenait pas. Les soldats étaient-ils tous devenus aussi agressifs ?

- Dame Aelyn n’est pas disponible non plus. On l’a pas vu hier et pas vu ce matin. Sans doute que son ventre l’empêche de reprendre du service. Demande donc à ta sœur de s’en occuper. Il paraît qu’elle a les bonnes grâces du Vice-Roi et de sa put…

Le coup partit. Le jeune couple était outré. Par l'attitude de leur guide ? Non. La façon que les soldats avaient de parler de leurs dirigeants. Edwÿne tenait Dame Aelyn en très très haute estime, souhaitant se mettre à son service après son accouchement. Elle ne supportait donc pas ces paroles odieuses et vulgaires. Si elle avait pu, elle serait allée gifler cet impertinent. Au moins leur guide avait le sang chaud et ne supportait pas non plus l'insulte.

- Mène ta blessée dans la maison de soins. Il y aura bien quelqu’un pour la prendre en charge.Mais méfie toi fils de Hagen. Tous ici ne t’ont pas pardonné.

Le Rohirrim revint faire un petit rapport. Il ordonna presque à Oropher de l'aider à porter l'elfe blessée jusqu'à la maison des soins. L'artisan obéit de bonne grâce, souhaitant retourner auprès de sa femme le plus vite possible. Une fois la chose faite, le Rohirrim revint et prit les deux enfants par les épaules. Il les emmena avec lui sans qu'Edwÿne ne puisse dire quoi que ce soit. Elle qui pensait qu'elle pourrait s'en occuper... Tant pis.

Le couple amena son chariot près de leur maison. Elle était un peu en retrait par rapport aux autres afin de permettre la charrette de passer sans trop d'encombres. Janel sauta à terre et mena directement Satÿa vers le box derrière la maison afin de s'occuper d'elle. Odéor vida le chariot avec sa femme et ils rangèrent tout à l'intérieur. La maison était de taille moyenne, un peu plus grande que la plupart des autres habitations. Edwÿne possédait sa réserve - une grade réserve - dans une pièce aux murs couverts d'étagères remplies, classées par catégories - onguents, fioles, pommades, feuilles, fleurs, bocaux... Eovreona, l'amie de la mère d'Edwÿne, les accueillit.

- Edwÿne, Odéor ! J'attendais votre retour avec impatience ! Le voyage s'est-il bien passé ?
- Eovreona, je sais que je vais te demander beaucoup. Mais je ne compte pas repartir d'Edoras jusqu'à ce que mon enfant n'ait un certain âge. J'ai besoin de toi pour aller à Minas Tirith récupérer mes plantes. Je te prêterais Satÿa et la charrette si tu veux. Tu acceptes de faire ça pour moi ?
- Comment ça, tu ne penses pas repartir d'ici ?

Eovreona regarda le couple avec amusement et promit à Edwÿne de partir dès le lendemain avec la charrette et Satÿa pour Minas Tirith. Elle s'en alla, laissant la maison avec ses vrais habitants. Edwÿne regarda Odéor.

- Ecoute, Odéor, nous allons bientôt être quatre dans cette maison. Je me vois mal amener avec moi trois personnes sur les routes houleuses entre le Rohan et le Gondor. Chacun de ces endroits a ses problèmes politiques, militaires, etc. De plus, ce sont des orcs qui ont attaqué l'elfe et ces deux enfants. Des ORCS. Je refuse de risquer la vie de ma famille et de les donner en pâture à des orcs. Alors oui, nous allons rester ici le temps qu'il faudra pour avoir la paix. Et si la guerre se prépare, nous irons rendre visite à mes amis elfes à Fondcombe.

Odéor n'eut rien à y redire et se contenta de ranger. La journée finissait bien après un voyage éprouvant.
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Ferwyn fille d'Eord
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Où deux gosses traînent une elfe en espérant survivre. - Page 2 EmptyJeu 13 Oct 2016 - 17:43
Tu t'étais sentie soulagée lorsque la pluie s'était apaisée... La pluie empêchait de donner un peu d'air frais à Iridiel sans la tremper... Maintenant que les choses étaient plus calmes il allait devenir possible de mieux prendre soin d'elle... Peut-être même allait-elle reprendre connaissance ?

Mais en quelques heures il était devenu évident qu'il n'en serrait rien. Les torrents d'eau avaient laissé la place a une chaleur étouffante contre laquelle il n'y avait rien a faire... Et puis les mouches qui avaient été chassées par les gouttes ressortaient...

Le trajet, le climat aussi dur était-il ne constituait qu'un désagrément mineur à côté de l'état où votre sauveuse se trouvait... Les choses n'empiraient pas. Les quelques soins qui lui étaient apportés suffisaient tout juste à la garder en vie mais ils y parvenaient. Lentement, la maladie imprimait sa marque sur son corps...

Puis vous étiez arrivés a Edoras. Enfin. La civilisation. Les plaines desséchées n’aidaient pas à conserver le moral... Mais au final la ville ne s’avère, elle non plus, pas aussi salvatrice que tu ne l'avait espéré. Aucun rapport entre cette ambiance morne et celle que la caravane avait l'habitude de trouver lorsqu'elle s'approchait d'une citée. Où étaient les cris des marchands ? Les rires ?

Votre guide semblait connaitre les gardes. Et ils n'avaient pas l'air de bien s'entendre. Les éclats de voix, le coup porté... Tu observe ça, terrifiée depuis ta place, priant pour que vous ne soyez pas mis à la porte à cause de ces disputes...

Mais finalement il revient. Avec l'aide d'Odéor il transporte Iridiel jusqu'aux maisons de soin... Là au moins il fait bon, les adultes ici sauraient quoi faire... Non ? Sinon c'est probablement qu'il n'y a plus rien a faire... Et tu refuse d'envisager cette possibilité. Et puis au pire il y aura toujours cette "Dame Aelyn"... Même indisponible elle pourra se libérer si elle apprend l'importance de la blessure. Tu en es certaine. Enfin tu aimerais en être certaine.

Ton cœur se serre d'inquiétude en entendant qu'il vous serrait impossible de rester ici avant de se relâcher alors que Harding continue sa phrase. Tu hoche la tête, acceptant de le suivre. Les jours précédents te l'avaient bien montré : tu est impuissante et tu n'arrivera à rien d'autre qu'à traîner dans leurs jambes des guérisseurs, à les déranger et a les empêcher de la soigner.

Tu lève les yeux vers lui... Manger ? Pourquoi pas... Tu n'as pas faim mais tu sais bien qu'il faut bien en passer par là pour continuer a vivre. Mais... des vêtements avec moins de trous ? Pour quoi... Tu n'a même pas fini de formuler ta pensée que ton regard se porte sur Alen... Ah... Oui... Quand même. Si les tiens sont en aussi mauvais état, et ils le sont, tu as déjà vu des mendiants mieux habillés. Depuis combien de temps n'as-tu pas pris le temps de te laver ? La réponse est évidente. Depuis... Depuis que c'est arrivé. Tu sent les larmes perler au coin de tes yeux lorsque cette pensée fait remonter le souvenir de cette matinée pourtant si banale... Ne ne verra plus jamais ça...

Mais tu ne pleure pas. Alentil tiens le choc lui. Il ne parle pas, regarde autour de lui avec un calme que tu lui envie. Alors tu essaie de faire aussi bien. La nourriture qu'on vous offre est délicieuse. Même si tu ne pensais pas avoir faim l'odeur de la viande, le goût du pain... Tout. Et le soulagement surtout. Pendant quelques instants tu te dit que les plats n'ont pas été bien mélangés puisque les nouvelles bouchées sont bien trop salées...

Puis tu comprend. Malgré tes efforts tu n'y tiens plus. Les larmes salées coulent en silence sur tes joues et inondent ce que tu mange.

Tu pleure.

Et même si tu as honte ça te fait un bien fou.

La voix du guerrier assis en face de vous n'est pas chaleureuse. Mais pourtant tu as appris a l'apprécier. Il ne vous brusque pas. Il est attentif. Protecteur. C'est une voix de soldat au fond. Tu associe ce ton au calme et a la force. S'il est calme... C'est qu'il a confiance. Mais pourtant... Ta voix tremble.

- Mais... Elle ne peux pas venir c'est ça ?
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Nathanael
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Où deux gosses traînent une elfe en espérant survivre. - Page 2 EmptyMer 7 Déc 2016 - 9:19

Un pincement au coeur. Rien de plus. Il chassa le malaise qui l’étraignait en vidant sa chope. L’alcool qu’on servait aux soldats était toujours aussi mauvais, mais une grande quantité permettait quand même d’oublier ses soucis. Pourtant il ne demanda pas une seconde tournée. Il reposa sa chope sur la table, plus fermement qu’il ne l’aurait voulu. Il ne voulait pas que l’on voit ses doigts trembler. Il déchira un morceau de pain, en redonna un bout à chaque enfant avant de répondre, laconique.

- Non, elle ne peut pas.

Les larmes de la jeune fille lui striait les joues de rainures rosées. Ses pleures creusaient des sillons dans la crasse accumulée. Harding n’espérait rien pour l’elfe. Il avait vu ses blessures, il avait vu son visage. Mais il devait s’occuper des enfants, eux étaient toujours vivants. Il se rappela lui-même ce qui lui faisait plaisir quand il était enfant, après une bagarre ou des moqueries. La douceur d’un chez soi et les grands bras doux de sa mère. Les enfants n’avaient plus ni l’un ni l’autre et il ne se voyait pas les cajoler tandis qu’ils s’endormaient sur leur couche. Il lui faudrait trouver Alienor pour cela. Elle, elle saurait faire. Et elle saurait peut-être où se trouvait Dame Aelyn. A moins qu’il n’aille trouver directement le Vice-Roi. Mais il n’était pas certain d’avoir encore son appui. Gallen Mortensen avait choisi de soutenir le jeune Fendor. Et Harding lui en voulait encore pour ce choix.

- Debout, le bain maintenant.

La solution la plus simple était de se rendre dans les grandes salles chauffées où étaient creusées de profonds bassins pour les soldats.Harding savait que trop d’hommes rêvaient de le voir noyé. Le ventre plein, il se sentait prêt à se battre de nouveau. Mais il ne voulait pas offrir ce spectacle aux enfants. Pas encore. Il y avait eu trop de batailles et trop de morts pour eux. C’était trop tôt. Il les laissa finir leur bouillon, prit le reste de pain sous le bras et les conduisit hors les murs du château d’or jusque dans les ruelles souillées d’Edoras. Le temps sec permettait d'habitude de poser le pied de façon sûre, mais avec les derniers orages les sentes entre les maisons n'étaient plus que boue et merde.

- Là.

Il désigna une porte parmi tant d’autres. Une porte en bois simple. Personne ne s’agitait derrière la petite fenêtre taillée dans le mur. Harding entra. Aucune serrure, le métal coûtait trop cher pour se payer ce luxe. La tradition voulait qu’un Rohirrim ne vole pas un autre Rohirrim. Mais les traditions s’étaient envolées dans le courant d’air du temps. Il était méfiant. Dedans il faisait sombre et frais. Les maisons étaient si serrées les unes contre les autres que le soleil ne pouvait pas passer par la fenêtre. Juste une lueur. Harding alluma une lampe d’appoint et invita les deux enfants à entrer.

- Venez, il n’y a personne ici.

Sans dire un mot de plus il disparut dans la seule autre pièce de la maison et tira un grand baquet en bois jusqu’aux pieds des enfants. Dehors il trouva deux seaux.

- Attendez là.

D’un signe de tête il leur montra un petit lit où s’asseoir. Il fit plusieurs allers et retours entre le puits profond qui n’était qu’un trou béant au croisement de deux rues et la pièce sombre. L’eau était froide, mais il n’y avait pas de quoi la chauffer. Tout au plus pouvait-il allumer un feu dans l’âtre et faire chauffer un ou deux seaux, l'eau serait à peine tiède. Il prit la peine de le faire et jeta deux volumes d’eau bouillante dans le grand baquet. N’ayant rien d’autre sous la main pour des enfants, il avait dénicher deux tuniques courtes dans les affaires de sa soeur. Elle le gronderait si elle le voyait faire. Mais pour des petits, il serait pardonné.

- Allez, dedans.

Il aurait presque voulu trouver des mots plus gentils pour les leur donner. Pour les rassurer. Mais on n’enseignait aucune berceuse dans l’armée du Rohan. Et les chansons qu’il connaissait n’était pas pour des oreilles d’enfants.  

- Après on retournera voir l’elfe. Et on cherchera Dame Aelyn. Quelqu’un pourra nous aider.

Il espérait trouver sa soeur au château. Mais un château est plein de monde et l’on ne rencontre pas toujours ceux que l’on veut voir. Harding le savait.
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