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 Du passé, l'on entend l'écho

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Hadhod Croix-de-Fer
Seigneur de la Moria
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Hadhod Croix-de-Fer

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~ GRIMOIRE ~
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Du passé, l'on entend l'écho EmptyJeu 17 Déc 2015 - 21:18
Du passé, l'on entend l'écho Bahin10

Les appartements privés de l'Intendant de Khazad-dûm étaient loin d'être étriqués. Au milieu de la salle à manger luxueuse, la grande table de bois hexagonale à laquelle il était assis paraissait toute petite, alors qu'elle aurait tenu toute la place chez un mineur ou un artisan modeste. Fort heureusement tous les habitants ne disposaient pas d'un logement de cette envergure, sans quoi il aurait fallu empiéter à l'ouest sur les mines pour faire tenir tout le monde sous les Trois Montagnes. Pourtant à l'heure actuelle, Bahin ne profitait guère du faste dont il était entouré. À vrai dire il n'y prêtait plus du tout attention : il était entièrement absorbé par les responsabilités qui lui avaient échu lorsque Hadhod était parti vers le nord et lui avait laissé les rennes de la Moria.

Car s'il aimait les responsabilités, il était servi. Bahin avait déjà assumé l'Intendance pendant le conflit contre l'Ordre de la Couronne de Fer, aussi n'était-il pas effrayé par les aléas qui allaient de paire avec cette fonction. Inflexible, juste et loyal mais dur comme la pierre dans laquelle était excavé la cité de Durin, il savait garder l'esprit calme et ordonné quand beaucoup d'autres laissaient leurs pensées se bousculer à l'intérieur de leur crâne. Et cette capacité était grandement mise à contribution ces temps-ci : les événements exceptionnels semblaient en effet s'être donnés le mot pour déferler sur la ville pendant son Intendance.

Pour commencer, il avait reçu le message de Hadhod, qui lui ordonnait d'assembler en hâte une armée pour la campagne militaire tout en lui intimant de ne pas dégarnir démesurément les défenses. Bahin avait dû déployer tout son sens du compromis pour respecter les deux directives, mais il y était parvenu. Et cela s'était révélé crucial : aux dernières nouvelles tout se déroulait pour le mieux là-haut, les gobelins étaient en déroute et l'étendard bleu saphir du Roi Thorik voletait victorieusement dans le vent du septentrion. Ensuite avait été révélée au grand jour cette histoire de gisement frauduleux de mithril sur les contreforts du Barazinbar. Bahin attendait avec impatience le retour de Gamil, le vieil et fidèle humain auquel il avait confié la mission d'en vérifier l'emplacement. Il redoutait les troubles que ne manquerait pas de générer la nouvelle si elle venait à se savoir au-delà des souterrains, et si tous les opportunistes des Monts Brumeux, de l'Eriador et du Rhovanion se ruaient ici pour exploiter le filon. Et comme s'il n'était pas assez occupé, une autre affaire venait aujourd'hui rallonger la liste de ses préoccupations. Une affaire non moins importante.

On frappa à la porte : deux coups légers et rapides, et rien de plus. C'était lui.

– Entrez, c'est ouvert. Veuillez verrouiller la porte derrière vous et prendre place en face de moi, je vous prie.

Le visiteur arborait une barbe de couleur châtain, sèche et mal peignée, aussi longue mais moins fournie que la plupart de ses compatriotes. Comme le lui avait enjoint l'Intendant, il ferma le loquet et vint s'asseoir de l'autre côté de la table, sur le fauteuil préparé pour lui. Les deux naugrim se regardèrent un moment sans mot dire, comme si chacun attendait que l'autre parle. Ce fut finalement Bahin qui lança la conversation, sautant à pieds joints au-dessus des salamalecs et allant droit au but.

– Je sais qu'il n'est pas dans les us et coutumes des agents du Krammkarn de rendre directement des comptes aux autorités du royaume. Hadhod avait l'habitude de traiter uniquement avec votre chef, Tôrhun. Aussi est-ce Tôrhun qui est venu me réveiller cette nuit, frappant à ma porte au beau milieu de mon sommeil. Mais je ne suis pas Hadhod, et en ce qui me concerne je préfère boire l'eau directement à la source, car c'est à cet endroit qu'elle est la plus pure. Dites-moi, Hûndik, ce que vous avez appris, et dans quelles circonstances vous l'avez appris.

L'expert en infiltration hocha imperceptiblement la tête, s'éclaircit la gorge et entama son récit, qu'il déroula sur le ton neutre et monotone de ceux qui s'efforcent de présenter les choses de manière brute, telles qu'elles sont, sans les enjoliver. Les interjections, les nuances et  les changements de ton ne faisaient qu'influencer la compréhension de l'auditeur... c'est ce qu'on lui avait appris, en tout cas, et c'est de cette manière qu'il avait l'habitude d'exposer ses comptes-rendus à son chef. Aujourd'hui le destinataire était le personnage le plus puissant des mines, mais il ne changea pas pour autant sa façon de faire.

– Hier au soir, je me suis rendu à la taverne du premier sous-sol, officiellement pour consommer une ou deux pintes de bière ; en réalité en quête de renseignements pour le Clan. L'alcool fait révéler aux gens des vérités qu'ils tairaient en temps normal, ce qui fait de ces lieux une mine d'information presque intarissable. Au cours de la soirée, j'ai collecté plusieurs informations qui se révèleront peut-être utiles à notre chef, mais qui ne vous concernent pas.

Solidement calé dans son propre fauteuil, Bahin ne réagit pas à l'outrecuidance de son interlocuteur. Hadhod lui avait mentionné bien des fois le voile de mystère dans lequel le Krammkarn aimait à s'envelopper, et dont il ne se dévêtait jamais, pas même devant les plus hautes autorités de la cité, voire du royaume. Le Clan était tellement indispensable au pouvoir en place qu'il pouvait se permettre ce genre d'arrogance, et il ne s'en privait pas.

– Alors que j'étais sur le point de partir, continua l'informateur, un individu est venu m'aborder au comptoir. Il avait tellement consommé qu'il m'a pris pour l'une de ses connaissances. Je suis rentré dans son jeu. Après quelques banalités articulées avec peine, il a commencé à me parler d'une discussion qu'il avait eu avec plusieurs de ses confrères forgerons. Ces derniers, originaires d'Erebor, étaient descendus au pays de Gondor, et plus précisément dans sa capitale Minas Tirith, pour vendre leurs chefs d’œuvres comme ils le faisaient au début de chaque décennie, la qualité de l'artisanat nain étant très prisée chez les gondoriens aisés en quête d'originalité. Ils étaient sur le chemin de retour et ont fait halte à Khazad-dûm voilà une semaine. Mais ils étaient fort mécontents, car ils n'avaient pas été autorisés à entrer dans l'enceinte de la ville avec leurs créations. L'un d'entre eux, les mains vides, avait alors écumé les ruelles pour exprimer sa désapprobation envers cette nouvelle loi, et pour savoir pour quelles raisons elle avait été mise en place et combien de temps elle allait encore rester en vigueur. Il était entré dans bien des lieux publics, avait parlé à bien des gens et avait écouté bien des discours. Et au-delà des réponses qu'il était venu quémander, il avait entendu des rumeurs et appris des choses qui n'avaient rien à voir avec le commerce d'armes, mais qui avaient titillé sa curiosité. Ce n'étaient que des on-dit, des paroles passant de bouche en bouche, mais elles revenaient régulièrement aux oreilles de ce forgeron voyageur, et bien qu'elles fussent disparates, un fil commun s'y retrouvait, et à force d'écoute et de réflexion il avait fini par extirper vérité qui s'y cachait.

Bahin s'impatientait. Il n'avait pas fait venir l'agent du Krammkarn pour qu'il ménage le suspens, mais pour qu'il lui donne une information...

– Par tous les diables venez-en au fait, quelles sont donc ces rumeurs qui courent chez les humains ?

– Je l'ignore, je n'y étais point. Mais j'ai entendu l'individu au comptoir affirmer, et je le cite, que des reliques de grand pouvoir étaient détenues ou sur le point d'être détenues par le Gondor.

Un lourd silence tomba dans la pièce. Une fois n'est pas coutume, les idées se bousculaient en tous sens dans la tête de Bahin. Reliques de grand pouvoir : ces quatre mots faisaient bouillonner son imaginaire, comme ils feraient bouillonner l'imaginaire de tous les Nains un tant soit peu versés dans la tradition de leur peuple. Il inspira profondément, ouvrit la bouche comme pour parler, la referma, et l'ouvrit à nouveau. Sa voix n'était plus du tout ferme et posée comme un instant plus tôt, mais chuintante et précipitée, comme s'il craignait que les murs de son propre appartement eussent des oreilles.

– Se pourrait-il que... Pensez-vous que ce puissent être... les derniers des Sept ?

Hûndik pencha son buste en avant et posa ses coudes sur la table, dardant son regard dans les yeux du dirigeant.

– Mon rôle n'est pas de conjecturer, finit-il par dire, mais de transmettre l'information.
#Bahin #Bahïn #Hûndik


The Half Cop
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