Une belle soirée pour naître à nouveau.

#Aurhen #Rustor

Rustor se tenait immobile, dos à la porte, le regard dans le vague dirigé vers la fenêtre qui donnait vers l’extérieur. Assis à une petite table, les mains croisées sur ses genoux se tenait Arminas, le nouveau Seigneur d’Imladris.

Lorsque la porte s’ouvrit, laissant apparaître Aurhen et Gliriaur, Arminas tourna doucement la tête vers les nouveaux arrivant. Rustor quant à lui resta plongé dans sa rêverie. Les elfes avaient cette capacité à se concentrer intensément sur une pensée et de faire fi de tout ce qui les entourait.

Arminas sourit doucement.

“ Gliriaur, merci de vos bons services, nous allons recevoir le Seigneur Aurhen en privé.”

Son ton, bien qu’il soit d’une grande amabilité, recelait une dose suffisante d’autorité que pour dissuader Gliriaur de tenter la moindre protestation. L’historien inclina la tête et fit volte face, refermant la porte derrière lui.

“Vous aurez tout loisir de lui faire le récit de nos échanges après notre entrevue”, indiqua Arminas.

Le message bien que subtil était clair, le Seigneur d’Imladris était au courant de tout ce qui se passait dans sa maison.

Rustor se tourna à son tour vers le nouveau venu. Son visage ne laissait transparaître aucune émotion mais paraissait calme et détendu.

“Bienvenue parmi nous, Aurhen de la Maison de Celemegil.”, le Maître du Conseil et Prince de Gar Thulion avait parlé un quenya parfait, loin des tentatives maladroites de ceux qui l’utilisaient dans une vocation cérémonielle.

Un léger sourire illumina son visage.

“De nombreux millénaires ont passé sur notre dernière rencontre. Nos chemins se sont séparés brutalement, au coeur de la bataille. Ma route m’a mené à Gondolin tandis que la vôtre vous a ramené auprès des vôtres à Nargothrond. Vous n’avez pas plus que votre Roi écouté le message porté par mon frère et par Arminas ici présent. Nos deux cités ont chutés mais nos routes ne se sont pas croisées à nouveau pour la cause.”

Arminas se souvenait parfaitement du visage d’Aurhen, comme de tout ceux qui l’avait écouté délivrer le message d’Ulmo. C’était une période lointaine pour lui, une époque où il était, comme le frère de Rustor, au service de Cirdan. Les deux elfes avaient accepté de se rendre auprès d’Oropher, espérant retrouver la trace de Rustor dont ils étaient séparés depuis des siècles. Il avait fallu attendre la chute de Gondolin pour que la réunion ait lieu à l’embouchure du Sirion.

“Votre nom semble, par la suite, être devenu une note légèrement discordante mais assourdie dans la grande symphonie du monde.”

Rustor évita soigneusement les bruits insistants qui avaient couru à cette époque. “Aurhen qui a fuit le ver”, “Aurhen le traître à sa maison”... Le Maître du Conseil avait connu la guerre, il avait affronté des ennemis dont la puissance défiait l’entendement. Il avait connu la peur, il avait réussi à ne pas lui céder. Il comprenait la peur et la lâcheté. Tout le monde ne pouvait pas être brave tout le temps, mais le fils d’une grande maison.

Plongé dans ses pensées, il avait laissé un temps passer.

“Qu’attendez-vous de moi, Aurhen de la Maison de Cemelegil ?”

Rustor avait entendu les paroles d’Aurhen, l’accent de Nargothrond lui rappellait de doux souvenirs. Il avait connu de bon moment dans la cité de Finrod mais n’avait pu résister à son envie d’aventure.

Rustor avait entendu parler de ce “Breithogûr” tandis qu’il tenait conseil avec Thranduil. Un soldat fidèle et solide, un elfe sur lequel compter bien qu’une part de mystère autour son passé. Un lien se créait désormais dans l’esprit du Maître du Conseil. Repenser à Thranduil amena néanmoins un peu d’amertume au fond de son coeur. Le piège des Elfes de Marawin et de #Lindor avaient fait perdre beaucoup d’ami à Rustor. Il chassa ces sombres pensées de son esprit, ils se reverraient de l’autre côté du grand océan.

“A moins que vous n’évoquiez la Maison du Marteau de la Colère, je n’ai point de Maison autre que celle du Peuple Elfique en Terre du Milieu.”

Le nom “Erumelgos”, Seigneur qui aime son peuple, il l’avait choisi dans cette optique. Il voulait contribuer au bien être de tous les elfes encore présent sur le continent

”Néanmoins, je vous remercie de m’offrir ainsi votre lame et votre coeur. Nous étions frères sur le champs de bataille et rares sont ceux qui aujourd’hui qui peuvent se targuer d’avoir combattu aux côté de Finrod. Les elfes ont décliné et grâce aux dieux la puissance de leurs ennemis aussi. Il reste cependant des reliquats d’ancien et sombre pouvoir contre lesquels nous ne sommes jamais de trop à lutter.”

Rustor était aujourd’hui un grand parmi les seigneurs elfiques et rares étaient ceux qui contestaient son autorité… cependant, quelques années auparavant il errait encore aux côtés de ses frères d’armes de la Compagnie de Giltirnoth. Les hommes avaient repris en main le destin du monde mais n’étaient pas assez armés ni en puissance ni en sagesse que pour faire face à certains dangers anciens. Néanmoins Aurhen avait déjà failli face au danger et il craignait de lui confier une mission trop délicate. Il ne pouvait l’exprimer sans l’offenser.

“Je vous propose de rester encore un temps à un endroit où nous pourrons vous trouver. Si le besoin se fait ressentir, je ferai appel à vous.”

Malgré ses premiers mots encourageants, Rustor paraissait avoir décidé de… ne pas décider. Il ne savait pas dans quelle mesure il pouvait faire confiance à Aurhen et attendait un signe avant de faire appel à lui.

Arminas lui jeta un regard entendu, sollicitant indirectement la parole. Rustor l’encouragea d’un mouvement subtil.

”Peut-être que nous pourrions avoir besoin du Seigneur Aurhen dans les Montagnes Blanches”.

Rustor haussa les sourcils. Il avait presque oublié l’affaire de la purification. C’était effectivement une mission intéressante pour Aurhen. Cela leur permettrait de voir dans quelle mesure ils pouvaient compter sur lui par la suite… sans prendre des risques démesurés.

Il se tourna vers son interlocuteur afin de lui expliquer la situation.

“Mon épouse, la Dame Earwen de Lorien, a eu une vision récemment. Celle-ci était floue comme souvent…”

La fille d’Arwen était loin d’avoir les mêmes dons de voyance que Galadriel et ses visions devaient être prises avec énormément de prudence. C’est l’une d’elle qui avait conduit à la mort de Thranduil et à la chute d’Ecthelion.

“Elle voyait un oiseau survoler des montagnes aux sommets enneigés. Soudain, la vision a changé et, semblant provenir des profondeurs des vallées, une ombre englobait l’ensemble de la scène. Elle a eu cette vision à plusieurs reprise sans que cela ne nous paraisse suspect.”

Arminas se redressa, prenant la suite du récit.

“Une cérémonie a lieu tous les ans en Morthond… la Cérémonie de la Purification. Il s’agit principalement de parcourir la Vallée des Morts et d’y dénicher des reliques anciennes. Nous pensons que c’est à cette cérémonie que cette vision fait allusion.”

Rustor reprit la suite.

“Nous surveillons de loin cette cérémonie, désapprouvant profondément son esprit brutal et impie. Nous craignons depuis longtemps que les participants creusent trop profond. La vision d’Earwen nous invite à redoubler de prudence.”

Arminas acquiesçait silencieusement.

“Nous envisagions d’y envoyer un des nôtres…”

Rustor était désormais convaincu par l’idée d’Arminas. La nature profonde d’Aurhen pouvait l’aider dans de telles circonstances.

“Accepteriez-vous de vous y rendre et de nous faire rapport de ce que vous pourriez voir ?”[/b]