Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
Nombre de messages : 335 Age : 32 Localisation : Minas Tirith Rôle : Trésorier Royal du Gondor
~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 21 ans -:
| Lun 8 Juin 2020 - 21:38 | |
~ Saïs ~
Ce sable ne semblait pas vouloir en finir. Ils chevauchaient toute la journée mais le paysage ne changeait pas. Les dunes défilaient sans vraiment changer, elles semblaient vivantes et Saïs s’attendait à tout moment à ce que l’un d’entre elle ne se soulève pour les dévorer. Comment faisaient les marins pour supporter de si longs voyages dans un si monotone paysage ? Craignaient-ils eux aussi de se faire dévorer par quelque terrible monstre des profondeurs ? Pendant ce temps, ils avançaient. Leurs chevaux semblaient avoir moins de problèmes existentiels. Heureusement qu’ils étaient là, eux…
Lorsque la lumière baissa, leur expédition s’arrêta entre deux dunes et l’obscurité envahit la mer de sable jaune. Le jeune esclave commença à préparer à manger comme il en avait l’habitude. Les choses étaient plus simples depuis qu’on avait cessé cette improbable comédie. Alors qu’il s’échinait à couper un morceau de viande trop sèche, Atalia sembla suggérer qu’il manquait un sac de provisions. Il était pourtant convaincu d’avoir tout bien attaché mais cela le plongea dans une grande panique. S’il était responsable de ça, Saïs savait qu’il serait fouetté, ou pire, abandonné entre deux dunes. Il eut beau chercher, compter, rechercher, recompter… Le petit esclave dut se rendre à l’évidence, ils avaient perdu un sac.
Ecoutant attentivement ce que disaient les grandes personnes, Saïs n’était pas rassuré. S’ils devaient encore plus rationner leurs rations, il serait probablement le premier à mourir de faim. Après tout, il était moins essentiel à leur expédition que la guide ou le mercenaire. Quant à son maître, il ne le rassura pas plus. S’il l’on devait acheter des provisions ou quoique ce soit d’autre d’ailleurs, un jeune esclave propre sur lui représentait une somme rondelette, largement suffisante pour payer le voyage retour. A tout le moins, il ne serait pas le premier abandonné à ses pieds mais tout cela l’inquiétait…
Après que les hommes libres eurent fini leur repas et que lui-même engloutit le sien, Saïs s’occupa de raccommoder les vêtements pris sur les cadavres de la journée. Il tâcha de coudre les manches pour éviter qu’elles ne tombent trop bas et il ajusta grossièrement à la tenue de son maître pour qu’il y soit plus à son aise. Lorsqu’il eut fini ses corvées, il s’allongea pour dormir. La cape obscure de la nuit était presque étouffante. Son sombre bleu était constellé de milliers d’étoiles qui brillaient comme les diamants des robes des femmes de la Cour à Djafa.
Malheureusement, une fois passé l’occupation des corvées, il était dur pour Saïs de trouver le repos. L’épouvantable tragédie du matin le hantait et lui refusait un sommeil pourtant nécessaire. Ce n’est que tard dans la nuit noire qu’il parvint enfin à trouver un peu de repos. Juste assez long pour être réveillé au milieu d’un cauchemar par Jassem pour son tour de garde. Les morts de la matinée hantaient son esprit alors il se mit à marcher machinalement. Il tournait tant autour du campement qu’on eut cru une bête sauvage cherchant le bon moment pour attaquer.
Puis leur long voyage reprit, Raz’Oul était convaincu qu’ils seraient bientôt arrivés à la Bibliothèque Interdite mais Saïs commençait à douter. Le sable des déserts du Khand n’avaient-ils pas eu raison de sa lucidité ? La Bibliothèque lui semblait être un mirage qui, à chaque fois qu’on « s’approchait », semblait disparaitre. Tout à coup, elle fut là. Saïs regretta d’avoir douté de son maitre. Les immenses colonnes de pierre jaillissaient du sable comme un palais à moitié enseveli. Le sable semblait tout envahir et, poussé par le vent, il n’était pas loin de prendre d’assaut la corniche du bâtiment. D’un pas plus lent que Raz’Oul qui galopait, Saïs approcha et mis pied à terre devant le grand escalier. Alors que son maître enjambait les marches par volées de quatre, le garçon s’occupait des chevaux. Comme toujours, le notable de Djafa ne s’en préoccupait guère alors son esclave se dépêcha de les amener à l’ombre où de l’eau coulait dans un petit bassin.
Remontant les marches en courant, Saïs rejoignit le groupe alors qu’ils s’apprêtaient à entrer. Ils furent rapidement amenés dans des bains. Leur guide semblait étrange, il n’avait pas l’air d’un grand érudit. Au contraire, il semblait tanguer comme s’il avait trop navigué à travers la mer de sable. Il est vrai que les bains leur feraient un grand bien, ils n’avaient pu se laver depuis leur départ d’Assabia. Cela permettait probablement aussi aux gardes de veiller à ce que personne ne garda quelques armes. Contrairement à d’habitude, ce n’est pas Saïs qui s’occupa de son maitre. Ce dernier lui préféra, étonnamment, la belle Atalia. L’espace d’un instant, le jeune esclave se demanda qu’est ce qui de l’appétence de son maitre pour la luxure ou de son impatience pour le contenu de la Bibliothèque allait prendre le dessus. De son côté, il n’eut même pas le besoin d’aider Jassem qui se débrouillait très bien tout seul, alors Saïs profita de l’instant qui lui était laissé.
Lorsqu’il se saisit des vêtements qui lui étaient donnés, Saïs constata qu’ils étaient tous absolument identiques. Le sien lui paraissait gigantesque, les manches trainaient presque au sol. Au moins, cela ferait la poussière… Au contraire, quand Jassem enfila le sien, de petits craquements se firent entendre tant celui-ci était massif. Bon an mal an, la robe allait plus ou moins à son maitre. Ainsi, le groupe s’ébranla à travers les salles de la Bibliothèque. Jamais Saïs n’avait vu de si hautes pièces. La taille des pierres était simple mais cela donnait un air de grandeur au lieu. Le petit esclave se demanda tout de même pourquoi on avait gâché autant d’espace pour ne rien y mettre.
Pour le moment, ils n’avaient pas vu un seul livre ou même parchemin mais beaucoup de pierres. Sur le haut d’un perron, la silhouette du vieil homme attendait. Il était encore dans la pénombre alors Saïs était bien incapable de savoir qu’il était. Était-ce le vieux de tout à l’heure ? Était-ce un autre ? Sa longue robe trainait jusqu’au sol. Une voix caverneuse se fit entendre dans une des langues du Sud :
- Je suis Himlad, gardien du savoir de ces lieux, que cherchez-vous à la fin du Désert sans Fin ? |
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