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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Dim 3 Jan 2016 - 2:05
Djafa, la Perle du Sud...ce point fertile parmi les sables du désert demeure inchangé par le temps, une ruche éternelle mélangeant marchands et voyageurs venus du Harad, Khand, Rhûn, Gondor, et plus loin encore. A l'ombre des tours du Palais du Gouverneur, loin du calme et de la fraîcheur de ses jardins exotiques se trouvent les Souks de Djafa, où les épices rares se vendent à la livre et les esclaves à la douzaine.
Ce matin, une des bâtisses dans les Souks est fermée à la clientèle. Les habitués savent que celle-ci appartient à Raz'Oûl, ce chasseur de primes à la chance légendaire. A l'intérieur se trouve un salon plongé dans la pénombre, où l'air est rempli de parfum exotique. Un homme d'une trentaine d'années, vêtu d'une robe de chambre en soie, s'adresse à un jeune garçon vêtu d'une tunique d'un blanc immaculé: -Saïs, prépares nous un mélange des meilleurs thés du pays. C'est peut-être la dernière fois que nous en boirons avant un long moment.
Pendant que le garçon s'occupait de la préparation de cet élixir coûteux, le maître des lieux étudiait ses invités du regard. Il y avait là un homme maigre d'une cinquantaine d'années à l'apparence d'un érudit. Son nom était Sahba, et il avait décidé de rejoindre Raz'Oûl afin d'avoir une chance de voir la Bibliothèque Interdite et étudier ses archives au moins une fois de sa vie. A côté de lui, sur un autre coussin épais, se trouvait une jeune femme aux formes que l'hôte prit le temps d'apprécier. Une esclave, mais pas n'importe quelle esclave. Finalement, un guerrier avec une cicatrice déformant son visage.
-Ainsi, tu sers le marchand Velnud'Kan?
Raz'Oûl regarda Atalia droit dans les yeux. Il l'avait tutoyé, ce qui aurait pu être perçu comme une marque de familiarité ou d'impolitesse s'il s'était adressé à une personne libre, mais n'était rien d'étrange lorsque l'interlocuteur était un esclave. -Dis-moi comment tu t'appelles, et pourquoi ton maître a choisi de t'envoyer jusqu'à moi? Quelle est sa proposition, et qu'as-tu de si spécial pour lui servir de représentante?
Pendant que la jeune esclave répondait, Raz'Oûl goûta au thé que Saïs venait de lui servir, puis hocha de la tête, indiquant au jeune esclave qu'il pouvait servir l'infusion à ses invités.
-Jassem. Votre réputation vous précède, et votre connaissance des territoires Khandéens nous serait précieuse lors d'une telle expédition. Les jours où l'on pouvait atteindre la Bibliothèque Interdite en toute sécurité sont loin derrière nous. Les clans et les bandits guettent sur les frontières, attendant des proies faciles. Votre épée sera un atout lors des éventuelles confrontations...mais dites-moi d'abord, Jassem. Pourquoi avez-vous choisi de nous rejoindre, et quelles sont vos attentes? L'on dit que chaque homme a un prix, alors nommez le votre, afin que je sache si nous voyagerons ensemble ou non.
Lorsque Saïs revint pour remplir à nouveau la tasse à présent vide de son maître, ce dernier l'attrapa doucement par le poignet, et lui dit:
-Nous partons pour un long voyage dangereux, Saïs. Il nous faudra parcourir les terres ravagées par la guerre civile, les collines frontalières grouillant des bandits, et le Désert Sans Fin au coeur de Khand, pour arriver jusqu'à la Bibliothèque Interdite et retrouver des informations dont rêvent les rois de l'Ouest. Souhaites-tu nous accompagner?
Ces paroles auraient pu décourager plus d'un...Il fallait plus d'un grain de folie pour entreprendre un voyage pareil, mais c'est ainsi qu'était la vie sur ces terres inhospitalières. Dangereuse, courte et remplie de surprises. Loin de la civilisation, la fortune sourit aux audacieux...
Le Soleil n’était même pas levé lorsque Saïs se leva. Il était toujours le premier lever, et pour cause, il avait beaucoup à faire. D’abord il devait s’occuper d’aller chercher de l’eau à la fontaine la plus proche et ils en avaient besoin de beaucoup. Puis il passa à des tâches d’intérieur : raccommoder un vêtement de son maître, plier une de ses tuniques qui finissait de sécher, faire un peu la poussière puis préparer le déjeuner de son maître. La vie du jeune garçon n’était guère passionnante et, pour cause, il passait sa vie a docilement travailler à faciliter la vie du seigneur Raz’Oûl. Ce fut donc un long défilé de tâches puisqu’il dut assister son maître qui se préparait pour son rendez-vous, il avait même demandé à Saïs de mettre une tunique propre pour l’occasion. Ainsi il lui fit couler un bain et le rasa avec précaution. Il était étrange de voir comment les hommes étaient capables de partager leur intimité avec des esclaves qui ne rêvaient que de se libérer, de les laisser manier une lame qu’il fallait poser sur leur gorge.
Un peu plus tard dans la matinée, les invités de son maître arrivèrent. Après leur avoir ouvert poliment, il s’occupa de préparer un thé. Respectant infiniment ces feuilles qui coûtaient assez chères, Saïs le prépara avec une grande attention. Faisant bouillir de l’eau pour réchauffer la théière, il continua en chauffant de l’eau qui devait à peine bouillir. Après l’avoir laissé suffisamment infuser, il amena à son maitre qui le trouva suffisamment bon pour être servi à ses invités. Ceux-ci lui paraissaient étranges. Le vieil homme aux longues robes ne lui inspirait pas confiance, il avait l’œil sournois. Saïs n’aimait pas plus la demoiselle qui était censé être une esclave mais qui s’asseyait au même niveau que des hommes … qui plus est libres. C’était d’une arrogance que l’esclave n’aimait pas beaucoup. Quant au dernier personnage, il effrayait particulièrement le garçon. Il n’arrivait même pas au niveau de la poitrine qui, en outre, était deux fois plus large que les épaules de l’enfant. Il avait en outre cette grande cicatrice au visage qui ne l’aidait pas à avoir l’air gentil. Bref, Saïs n’avait d’estime ou de confiance dans aucun de ses personnages.
Alors qu’il était tout à ses pensées, il servit son maitre qui lui attrapa le poignet. Il n’avait pas été violent ou brusque mais il plongea Saïs dans une grande confusion. Le toucher par quelqu’un d’autre déclenchait chez le garçon une sorte de réaction traumatique, comme si de vieux démons revenaient brutalement à lui. La discussion qui s’en suivit le plongea encore plus dans la confusion. C’était bien la première fois qu’on lui demandait son avis sur ce qu’il devait faire. Réfléchissant le plus vite possible, Saïs ne se posait même pas la question de savoir s’il voulait ou pas suivre son maître mais si c’était bien ce qu’il attendait de lui. Après quelques secondes de réflexion, il en vint à la conclusion que son maître attendait sûrement qu’il le suive et il tenta de se calmer pour dire poliment à voix basse :
- Oui, maître.
Semblant se contenter de ça, Raz’Oûl retourna à ses invités pendant que Saïs retournait à ses tâches. Il porta de petits gâteaux qui avaient été faits par la cuisinière la veille qu’il servira aux différentes personnes présentes avant de se placer dans un coin de la pièce, invisible comme le devait être tout esclave domestique. Il n’en demeurait pas moins attentif à tout ce qui se disait dans la pièce.
Le thé. La bonne odeur du thé, surtout après avoir marché sous la chaleur habituelle de ces terres. Du thé chaud, qui sent bon, et qui apporte ce qu'il faut en eau au corps. Le thé, c'est également un moment convivial où différentes paroles sont échangées, où les regards se croisent, où l'on arrête un temps de travailler. Il peut encore être un temps de préparation et d'attention, où la personne qui choisit les feuilles se penche sur l'étal du marchand pour mieux sentir les précieux mélanges, ou encore où celui qui prépare fait attention aux proportions. Mais il peut également être un mauvais temps, où l'on baisse la tête en écoutant son maître parler. Où on sait que l'on est esclave et pour la majorité des gens partageant cette condition : rien d'autre. C'était là les idées qui passaient dans la tête d'Atalia alors qu'elle s'asseyait docilement sur un épais coussin aux chaudes couleurs. Elle avait toujours aimé l'odeur du thé en général et elle ne pensait pas que cela changerait de si tôt. Même si elle faisait partie de ceux qui n'étaient que des esclaves. Une esclave avec un rôle quelque peu particulier, certes, mais une esclave tout de même.
"Ainsi, tu sers le marchand Velnud'Kan ?
Atalia regarda doucement l'homme libre dénommé Raz'Oul, tout en acquiesçant de la tête. Tant qu'il ne lui demandait pas directement de parler, elle n'ouvrait pas la bouche. Ainsi était la règle. Elle laissa le chasseur de primes la regarder comme un artiste se complaisant à contempler toutes les formes d'une statue, sans mot dire. De toute façon elle était habituée et avait parfaitement intégré sa condition d'esclave.
-Dis-moi comment tu t'appelles, et pourquoi ton maître a choisi de t'envoyer jusqu'à moi ? Quelle est sa proposition, et qu'as-tu de si spécial pour lui servir de représentante ?
Sans sourciller, son visage manquant quelque peu d'émotions, l'esclave se leva et s'inclina humblement avant de répondre.
-Je me nomme Atalia. Mon maître le marchand Velnud'Kan m'envoie auprès de vous afin de participer - si vous l'acceptez - à votre expédition. Il propose qu'en échange de l'aide ainsi que de l'argent dont il a déjà pu vous parler, si ce que vous cherchez existe bien et se retrouve entre vos mains, que le prochain que vous trouverez lui soit adressé. En ce qui me concerne...
Elle fit une courte pause, comme gênée de parler d'elle-même... Timidité ou non habitude ? Peut-être des deux.
-Je suis habituée à parcourir ces contrées pour mon maître et j'ai de vastes connaissances en langues comme en Histoire. Peut-être pourrais-je avoir une utilité en ces domaines."
Elle n'en dit pas plus. Elle savait Raz'Oul intelligent, s'il savait qu'elle était arrivée une épée au côté il devait se douter qu'elle savait s'en servir... surtout si elle était habituée à voyager. Concernant la danse ? Non, elle ne voyait pas vraiment ce que ses talents en la matière viendraient faire pour une telle mission. Aussi se rassit-elle, tout simplement, après avoir incliné sa tête une dernière fois. Elle était une esclave et, quoi que certains en pensaient, un être humain. Or tout être humain pouvait avoir son utilité.
Théomer Cavalier du Rohan
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Les murmures étaient devenus rumeurs, les chuchotis s'étaient mués en discussion parfois animées. L'on parlait de trésors, d'artefacts oubliés des Âges anciens. Personne ne semblait plus trop savoir, à force de rapporter et déformer les propos originels, les subites motivations et convoitises qui semblaient émerger un peu partout, mais l'histoire allait en s'enflant et se déformant. Le bruit avait couru, et dans la région, un nom était venu se greffer à la rumeur, celui d'un homme connu pour son flair à nul autre pareil.
Il y avait quelque chose de presque mystique dans cette histoire d'artefacts, et le nom de Rhaz'Oul venait y apporter la touche de créance nécessaire.
Rhaz'Oul. Son passé de mercenaire et marchand étaient éclipsés par sa réputation de chasseur de primes, et son habilité sur les paris à long terme. On lui attribuait le flair des bons coups et meilleures affaires, celles ou le profit n'était pas forcement le plus facile, mais le plus intéressant.
Tu avais fini ton dernier contrat il y a déjà plus d'une semaine. Une banale et presque ennuyante affaire d'escorte de caravane marchande dans les déserts du Khand, ou la sécurité des biens était et restait avant tout une question d'entente et arrangements entre chefs de tribus. Rien d'extraordinaire à part cela. Tu avais pleinement songé à cette histoire une fois de retour chez toi. Tes quelques coups d'éclats, dont la plupart te paraissent déjà bien loin et ternes t'ont permis de t'offrir un modeste mais confortable pied à terre, dans lequel tu aimes méditer dans le patio interne.
Rhaz'Oul, une aventure, une possibilité. L'homme pouvait peut être t'offrir plus qu'une simple expédition et sa récompense. Une ouverture sur quelque chose d'autre que le simple mercenariat.
Plusieurs jours plus tard, ville de Djafa, salon de la résidence de Rhaz'Oul. La résidence respire le luxe mais sans abus d'excès.. Pour la première fois tu as devant toi l'homme si réputé, dont la tenue est à l'image de la demeure. Tu ne connais pas les différents protagonistes également présents dans la pièce, leurs fonctions, ni leurs origines, si ce n'est le jeune garçon à la mine docile qui semble forcement être un esclave. Un de plus dans ces terres arides ou la vie humaine se marchande comme les poteries. Rhaz'Oul ne semble guère différents des autres locaux sur ce plan là. Si ce n'est qu'il semble s'adresser à eux assez naturellement, comme en témoignent le fait de s'adresser à une esclave avant les autres interlocuteurs ou sa manière de se comporter avec son 'petit' personnel.
-Ma réputation est bien modeste, comparée à la vôtre, Rhaz'oul. Et je serai franc, c'est cela que je suis venu chercher ici. Votre nom est connu au-delà de l'Harondor et j'aimerai.. diversifier et étendre mes clients et champs d'action éventuels. Je ne vous demande donc que de m'accepter dans votre équipe au prix actuel du mercenariat en Djafa, afin que cette équipée puisse me servir plus tard.
Puisque tout a un prix dans le Sud, le marché du mercenariat est également côté et répond plus ou moins à la loi de l'offre et la demande. Ce n'est pas du voyage lui même que tu attends grand chose en terme de richesse. Mais tu mises tout sur la possibilité de voir ton nom attaché à celui d'un célèbre chasseur de primes. Il n'est nul besoin d'expliquer les besoins d'un mercenaire. N'importe qui d'assez censé et connaissant le Khand les connait, Rhaz'oul les a même déjà énumérés.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Dim 14 Fév 2016 - 21:11
Un érudit avec un rêve, et un mercenaire souhaitant gagner une réputation. Ces deux-là seraient des compagnons de route faciles, car la réussite de la mission leur permettait d’accomplir leurs propres objectifs. Si Raz’Oûl échouait, Sahba ne verrait jamais la Bibliothèque Interdite, et Jassem serait connu comme l’homme qui apporte le malheur même aux plus chanceux.
Les deux esclaves représentaient, d’après le chasseur de primes, un problème bien plus complexe, et beaucoup plus intéressant. Certes, ils servaient les ordres de leurs maîtres, et la probabilité qu’ils s’opposent à lui était faible. Même si cela arrivait, ils ne seraient pas un danger comparable à Jassem, ce guerrier recouvert de cicatrices armé d’une épée bâtarde impressionnante. Le problème avec les esclaves était la motivation. Ils n’avaient pas de but réel dans cette quête, hormis d’assouvir des ambitions qui n’étaient pas les leurs. Il existait deux façons de motiver une personne qui n’est pas libre : en lui faisant peur ou en lui promettant une récompense. Le problème avec la première façon était que lors d’une confrontation à un danger tel qu’une attaque, la peur de la mort immédiate surmonte généralement la peur ressentie envers le maître, à moins que ce dernier ne soit un sadique amateur de la torture, ce qui n’était pas nécessairement le cas de Raz’Oûl. Le problème avec la deuxième façon était semblable. Aucune récompense qu’on pouvait accorder à un esclave ne semblait valoir le prix de sa vie. Il lui faudrait apprendre beaucoup plus sur cette Atalia pour pouvoir faire d’elle un véritable atout lors de cette quête. En attendant, elle semblait lui cacher des choses… -Très bien ! Nous serons donc cinq à partir dans la direction de la Bibliothèque Interdite. Avant cela, Jassem et Sahba vous allez devoir signer un contrat. Quant à toi, Atalia, donne-moi les documents signés par ton maitre qui prouvent qu’il accepte de te mettre à mon service pour la durée de notre mission. Saïs, vas chercher les contrats pour nos compagnons de route !
Atalia et Saïs n’avaient bien sûr pas besoin de signer de contrat eux-mêmes, en tant qu’esclaves leurs vies appartenaient à leurs maîtres. Le document donné au mercenaire et à l’érudit spécifiait que Raz’Oûl n’était pas responsable envers leurs familles si jamais quelque chose leur arrivait, et que tout partage de butin éventuel devrait être spécifié dans un contrat séparé signé par tous les partis intéressés.
Le fait de signer un contrat dans ces terres où la loi du plus fort était davantage respectée que celle imposée par les autorités pourrait en faire sourire plus d’un, mais pour un chasseur de primes expérimenté comme Raz’Oûl, c’était une chose essentielle. Premièrement, les copies de ses contrats précédents étaient une garantie de sa réputation, et un atout lors des négociations avec des potentiels clients. Deuxièmement, ils lui donnaient une certaine immunité face aux forces de l’ordre. Si un de ses collaborateurs tentait de s’attaquer à lui pour obtenir une plus grande part de butin et Raz’Oûl le tuait, la faute aux yeux des autorités reposerait sur celui qui a brisé le contrat, plutôt que le tueur. Et tuer était une chose que Raz’Oûl savait faire très bien tout seul, sans avoir recours aux miliciens et aux bourreaux…
Lorsque les contrats furent signés, le maître des lieux serra les avant-bras de Jassem et Sahba, et posa son index et son majeur sur les fronts des deux esclaves, les accueillant dans la compagnie.
-Nous partirons cette nuit. Les premières quelques lieues sont en route pavée, donc nos chevaux ne risquent pas de se casser une jambe dans le noir. Si vous avez des personnes à qui vous tenez, profitez de cette journée pour leur dire au revoir, car nous reviendrons riches ou nous ne reviendrons pas !
Le chasseur de primes dévoila ses dents blanches en un sourire de prédateur, et caressa doucement la sacoche contenant le talisman qui lui portait chance, attachée à sa ceinture.
***
Cinq cavaliers quittèrent la Perle du Sud à la lumière de la lune, en se dirigeant vers l’Est. Raz’Oûl était difficile à reconnaitre, ayant laissé sa robe de chambre en soie de côté, et la remplaçant par une tenue d’aventurier en cuir et en coton, dissimulant des nombreuses armes. Un masque cachait sa bouche et son nez afin de les protéger de la poussière des steppes.
Les soucis commencèrent dans l’après-midi de la journée suivante, bien après qu’ils aient quitté la route pavée menant vers Dur’Zork, préférant contourner de loin cette ville à moitié détruite par la guerre civile. Ayant aperçu des traces de sabots récentes sur leur chemin, Raz’Oûl ordonna une halte. Après être descendus de leurs chevaux, les cinq voyageurs s’approchèrent discrètement du bord du petit plateau sur lequel ils se trouvaient.
A quelques dizaines des mètres d’eux, en bas de la descente, ils virent quatre hommes qui avaient l’air très peu recommandables. Ils étaient armés mais détendus, ayant sans doute décidé d’arrêter leur route pour la journée. Le chasseur de primes se tourna vers ses compagnons et dit:
-Cela peut être des partisans de Taorin, de Radamanthe, des déserteurs ou des esclavagistes…impossible à dire, du moins de là où nous nous trouvons actuellement. Contourner leur campement d’assez loin pour qu’ils ne nous voient pas représenterait un détour de plusieurs heures. Que devrions-nous faire ?
Il était évident que Raz’Oûl était largement capable de prendre une décision. Cependant, il voulait tester les capacités et le caractère de ses compagnons de route. Au loin, le soleil commençait sa descente vers l’horizon, devenant rouge écarlate alors qu’il s’apprêtait a disparaître…
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Théomer Cavalier du Rohan
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Un nouveau contrat, un de plus. Mais peut-être le début d'une nouvelle ère et d'une nouvelle réputation pour toi. C'est tout le bie que tu te souhaitais en apposant ta griffe en bas du document. Les contrats de ce genre étaient toujours en plusieurs exemplaires, généralement trois, un pour l'employeur et l'employé, et le dernier généralement gardé par un proche ou homme de confiance de l'employeur. Tu conservas ta propre copie sur toi, n'ayant nul autre endroit ou l'entreposer dans cette ville. Un genre de porte-bonheur espérons-le. Un talisman... Le geste de Raz’Oûl ne t'avait pas échappé.
Plus tard
La compagnie que vous formiez était quelque peu hétéroclite. Le sage, à l'apparence mûre, était peu disert, la demoiselle escalve encore plus discrète, mais celui qui t'intriguait le plus était le jeune esclave qui accompagnait son maître. Saïs. Tu étais assez étonné par le fait que Raz’Oûl lui-même ait recruté en quelque sorte son jeune page dans cette histoire. Quel rôle lui réservait-il ou quelles facultés cachées recelait cet enfant? Enfin Raz’Oûl... Tu l'avais enfin devant toi. Un homme qui savait ce qu'il voulait, dynamique et vif. Des manières et des goûts d'homme éduqué, ou qui a su s'en acheter au fur et à mesure de son ascension. Une tendance à la superstition comme laissait suggérer ce bibelot dissmulé à sa ceinture qu'il prenait plaisir à effleurer? Qui n'était pas un minimum superstitieux en ce monde et qui d'autre que celui qui flirtait en permanence avec la chance dans ses entreprises pour tenter de l'amadouer et la cajoler par quelques rituels?
Déformation professionnelle obligé, tu t'étais demandé ce que vaudrait votre petite mission en cas d'affrontement armé. Raz’Oûl serait probablement de la partie, n'étant de réputation pas homme à se laisser voler. Qui d'autre? La damoiselle esclave disait savoir se battre. Des deux autres, tu en attendais bien peu, le plus vieux n'ayant guère l'attitude ni la carrure d'un guerrier, et le plus jeune... n'en ayant guère l'âge.
La question sembla se poser quelques heures plus tard. Vous surplombiez un petit groupe d'hommes armés dont la position semblait perturber les itinéraires du chasseur de primes. Trois d'entre eux sont équipés d'une armure en cuir à lamelle, semblables à celles des guerriers du Khand. Peut-être dissimulent-ils une cotte de maille en dessous mais le climat ne s'y prête guère. La quatrième n'a comme harnois que de simples bandes de cuir croisées sur sa poitrine, retenues par des pièces métalliques. Leurs armes sont multiples. Tu distingues trois arcs sur leurs montures, deux épées courtes à la ceinture du plus dévêtu des quatre hommes, et un cimeterre chez les autres. Cinq lances, décorées de pointes en ce qui ressemble être du bronze, sont plantées l'une contre l'autre dans le sol.
Des hommes du Khand, très probablement, même si tu n'es pas assez près pour distinguer leurs traits. Ou alors des mercenaires quelconques récupérant de l'équipement dans les charniers des champs de bataille.
''- Que devrions-nous faire ?''
La question te paraît quelques instants étonnante dans la bouche d'un chef d'expédion, avant qu'il ne te semble comprendre que l'on cherche à vous tester. ''- Il ne nous ont manifestement pas repéré, chose assez étrange puisqu'il est de coutume de poster un guetteur dans ces régions avant que de poser campement. De plus, nous avons l'avantage de notre position, nous trouvant en surplomb d'eux. Un affrontement devrait nous être favorable, mais je ne sais si il parait ni indispensable, ni judicieux. Dans tous les cas, je suis prêt.''
Dernière édition par Théomer le Mer 6 Juil 2016 - 14:40, édité 2 fois
"Très bien ! Nous serons donc cinq à partir dans la direction de la Bibliothèque Interdite. Avant cela, Jassem et Sahba vous allez devoir signer un contrat. Quant à toi, Atalia, donne-moi les documents signés par ton maitre qui prouvent qu’il accepte de te mettre à mon service pour la durée de notre mission. Saïs, vas chercher les contrats pour nos compagnons de route !"
Une chose de faite. Très bien. Même si elle avait l'habitude de voyager pour son maître, la jeune Atalia était bien plus habituée à la solitude qu'à la présence de ceux qui, en leur domaine, étaient des "grands" de ce monde. Aussi le fait que Raz'Oûl l'accepte dans sa compagnie d'expédition avait de quoi la soulager. Ainsi allait-elle pouvoir continuer sa mission... c'était là sa seule volonté d'esclave.
Comme le chasseur de primes le lui demanda, l'esclave passa sa main droite derrière son dos, détacha avec habilité le fermoir et fouilla avec dextérité dans la sacoche de cuir. Cette dernière, ornementée des armoiries de Velnud'Kan, semblait être très bien rangée, rien ne dépassant et l'humaine n'ayant eu besoin que de quelques secondes pour trouver et sortir le bon document. Une lettre cachetée qu'elle reconnut immédiatement et, après un bref mouvement pour refermer l'escarcelle, qu'elle tendit à son "maître" du moment tout en baissant la tête après avoir fait quelques pas en avant. Lorsqu'il entra en possession du document elle recula pour revenir à sa place et laissa les choses se conclurent. Les deux autres hommes libres signèrent des documents, Raz-Oul leur serra les avant-bras puis il s'avança vers les deux esclaves. Visiblement habitué il posa son index ainsi que son majeur sur le front d'Atalia qui ferma les yeux lors de ce court instant, ne les rouvrant que lorsqu'elle sentit les deux doigts se séparer de son visage. Court moment où sans sa vue elle était vulnérable. Court moment pourtant important pour qui savait décrypter ses réactions.
~~~~~~~~
Partis de nuit, arrêtés en fin de journée à cause de personnes armées étant sur leur passage. Des archers et des lanciers, semblait-il d'après leur équipement. Détendus. Du moins en apparence... parce qu'elle connaissait ce genre de tactique ou le but était de faire croire que l'on n'était pas prêt au combat pour surprendre son adversaire. Ou bien, lorsque l'on était en groupe, faire croire que l'on n'avait pas vu l'autre arriver le temps que l'allié engage la bataille. Et le fait qu'ils n'aient pas croisé de sentinelle n'était pas une bonne chose, selon elle. "Cela peut être des partisans de Taorin, de Radamanthe, des déserteurs ou des esclavagistes…impossible à dire, du moins de là où nous nous trouvons actuellement. Contourner leur campement d’assez loin pour qu’ils ne nous voient pas représenterait un détour de plusieurs heures. Que devrions-nous faire ?
Elle laissa le guerrier libre répondre en premier, l'écoutant de toutes ses oreilles tout en regardant autour d'elle. S'il y avait bien une chose avec laquelle elle était d'accord, c'était qu'il était presque improbable que le groupe d'en bas n'ait pas placé de sentinelle s'ils avaient pour intention de s'arrêter pour la nuit. Et cette sentinelle, si elle faisait un temps soit peu correctement son travail, avait des chances de les avoir repérés. Ce 'est qu'une fois que le balaffré eut terminé qu'elle prit la parole, d'une voix assez faible pour n'être entendue que des deux hommes et avec le même calme que la veille.
- Ils doivent certainement savoir que nous sommes dans les parages, enfin s'ils ont placé une sentinelle ; des chevaux ne passent pas inaperçus. Mais ils ne semblent pas désirer le combat... à moins que les autres de leur groupe soient déjà derrière notre dos."
HRP :
Vraiment désolée pour le retard... é_è
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Mer 29 Juin 2016 - 0:11
Raz’oul écouta avec curiosité les arguments du mercenaire et de l’esclave. Déterminés à se montrer compétents et prêts à tout aux yeux du chef de l’expédition, l’homme et la femme ne semblaient néanmoins pas aveuglés par l’orgueil, le zèle ou la soif de sang. Ils ne cherchaient pas à forcer un combat qui n’était pas nécessaire. Saïs et Sahba quant à eux ne disaient rien, ce qui n’était pas spécialement étonnant. Le premier n’était après tout qu’un jeune garçon esclave, tandis que le deuxième était un érudit qui semblait particulièrement nerveux face à la perspective d’une confrontation éventuelle.
-Très bien. S’ils ne nous ont vraiment pas repérés, il n’y a pas de raison réelle de dévoiler notre présence. Et s’il y a vraiment d’autres membres de leur groupe derrière notre dos…dans ce cas autant ne pas nous enfoncer plus profondément dans le piège ! Nous ferons le détour de quelques heures, c’est un petit prix à payer au final. Si un de nous se retrouvait blessé au combat, le rythme de notre voyage en pâtirait bien plus.
Le chasseur de primes fit un signe à ses compagnons les invitant à s’éloigner du bord du plateau. Ils se remirent en selle, et se dirigèrent vers le Sud-Est afin de contourner le groupe armé. Loin des routes principales et des sentiers fréquentés, le chemin n’était pas facile. Heureusement, les chevaux offerts par Raz’Oûl étaient habitués à ce genre de terrain, mais il fallait quand-même être prudent.
Lorsque le soleil devint moins impitoyable et commença sa descente vers l’horizon en prenant une teinte orangée, Sahba s’approcha du dirigeant du groupe et lui dit, après s’être raclé la gorge :
-Je ne connais pas très bien ces terres, mais j’ai longuement étudié les cartes de la région…Il me semble qu’on s’approche de l’emplacement d’un ancien poste militaire qui date de l’époque des Duzingi, à présent abandonné. Nous n’y trouverons peut-être pas grand-chose, mais quelques murs capables de nous protéger du vent ainsi qu’une source d’eau fraîche ne seraient pas de refus après une longue journée en selle, qu’en dites-vous ?
Raz’Oûl étudia brièvement l’érudit du regard, comme s’il était surpris que ce dernier était capable de faire une suggestion valable dans le domaine de la logistique, puis hocha de la tête.
Ils arrivèrent sur le lieu de l’ancien campement militaire environ une heure avant la tombée de la nuit. Les anciens bâtiments en brique beige étaient complétement en ruines, mais ils purent néanmoins établir leur camp dans l’angle entre deux murs d’un mètre de haut environ, qui offraient une certaine protection du vent. La surprise agréable de la soirée fut la découverte d’une petite réserve de bois sec qui leur permit de faire un feu digne de ce nom, d’autant plus que ce dernier était en partie dissimulé des regards indiscrets par les ruines.
Les esclaves furent naturellement chargés de préparer la nourriture et de s’occuper des tâches telles que aller chercher de l’eau et maintenir le feu, même si Raz’Oûl ne restait pas inactif non plus. Le chasseur de primes vérifia l’état des chevaux avant de s’asseoir dos au mur. Sahba en profita pour lui servir une petite tasse en terre cuite contentant du thé qu’il venait de préparer, conscient du fait que le chasseur de primes appréciait particulièrement cette boisson et qu’ils n’allaient pas pouvoir en profiter souvent pendant leur voyage.
Après le repas, les voyageurs ne tardèrent pas à aller se reposer après une première journée qui avait commencé bien avant l’aube. Raz’Oûl décida néanmoins qu’un tour de garde serait une précaution judicieuse dans ces terres hostiles.
***
Ils furent réveillés plus tard dans la nuit par le bruit de vomissements violents et de jurons furieux. Raz’Oûl était plié en deux, reposant une main contre le mur. Son visage était pâle et ses yeux injectés de sang. Il croassa d’une voix rauque:
Avant que les voyageurs ne puissent comprendre ce qui venait d’arriver, le bruit d’un homme qui venait de trébucher sur une pierre dans le noir leur annonça la présence d’intrus dans le campement. Bientôt, les assaillants mystérieux apparurent dans le cercle de lumière projeté par les flammes. Jassem les reconnut rapidement, ayant longuement étudié leur équipement quelques heures auparavant…il s’agissait des mêmes hommes armés qu’ils avaient observés cet après-midi.
Raz’Oûl étant toujours plié en deux par la douleur, Atalia et Jassem furent les premiers à être confrontés aux attaquants. L’escarmouche nocturne avait débuté, aussi brutale qu’inattendue… Pendant ce temps Sahba l’érudit, plutôt que de prendre part au combat ou d’aider Raz’Oûl, s’était jeté sur le jeune Saïs qui sentit les doigts de l’homme maigre se refermer autour de son cou…cet homme étrange ne voulait clairement pas que le dirigeant de l’expédition reçoive son antidote à temps…
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Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
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Tandis que la réunion continuait, Saïs continuait à travailler dans son coin. Pour le moment, cela consistait surtout à remplir les tasses de thé qui se vidait et à apporter de petits gâteaux quand il y en avait besoin. Puis il dût aller chercher les contrats pour le vieil homme et l’autre brute. Le reste de la journée ne fut guère plus passionnante, après avoir rangé la collation, il commença à préparer les affaires de son maitre ainsi que tout ce qui était nécessaire à leur expédition. Ce furent donc de longues heures de travail monotones qui suivirent cet entretien. Saïs n’aimait pas voir partir son maitre. Déjà parce que cela lui donnait du travail, en plus il n’était même pas sûr de le voir revenir au risque de se trouver dans les mains de quelqu’un d’autre. Bien entendu, il aimait encore moins devoir partir avec lui, il trouvait le risque trop grand et, malgré tout, il était parvenu à trouver une sorte de petit confort qui lui convenait.
Au beau milieu de la nuit, ils purent partir de Djafa. A dire vrai, Saïs n’aimait ni la nuit, ni le cheval. Il ne montait que très rarement et ne se sentait donc jamais bien à cheval. Le voyage fut long et ennuyant, Saïs chevauchait gentiment derrière son maitre. Au milieu de l’après-midi, ils tombèrent sur un petit groupe d’hommes d’armes. Le grand mercenaire et l’autre esclave en allèrent de leur analyse que Saïs ne commenta absolument pas. Il n’était en rien un connaisseur alors il préférait autant se taire puis, de toute façon, on ne lui demandait jamais son avis. Cependant il apprécia que son maître leur propose de faire un détour, cela leur évitait un danger qu’il trouvait parfaitement inutile.
Ainsi donc ils continuèrent à chevaucher jusqu’à une ancienne ruine. En fouillant un peu les ruines, Atalia trouva du bois sec qui leur servit à allumer un feu. En même temps, il était difficile de trouver du bois qui n’était pas sec dans une région comme celle-ci… Saïs fut donc de corvée d’eau, il en fallait tant pour le repas que pour remplir les gourdes de tout le monde. Le repas était dès plus simple, ils avaient fait bouillir des lentilles sèches, des légumes, quelques morceaux de viande salée et coupé quelques tranches de pain. Le petit garçon avait pensé à emporter dans son petit barda personnel quelques herbes aromatiques pour les repas alors il se permit d’ajouter au plat quelques branches de thym. Puis, au final, Atalia était plutôt gentille même s’il se permettait de suspendre son jugement. Comme à son habitude, Saïs mangea après que son maître eut fini son repas. Il ne restait plus guère que des lentilles et de l’eau de cuisson dans la petite marmite qu’ils avaient jugé bon d’emporter. Tandis qu’il profitait de son repas, Saïs fut interrompu par le vieil homme qui lui demanda :
- Va faire bouillir de l’eau pour préparer le thé.D’habitude, son maître attendait toujours qu’il ait fini son repas avant de lui demander du thé. Visiblement agacé par le petit garçon qui semblait ne pas trop savoir que faire, il le pressa d’une voix cassante.Dépêche-toi, je n’ai pas que ça à faire !
Sortant de sa torpeur, il se pressa d’aller chercher de l’eau qu’il mit à bouillir. Il avait pris une petite boite de thé pour le voyage mais Shaba semblait avoir amené le sien et envoya paître le garçon qui retourna à son repas, désormais froid. La soirée se termina rapidement et Saïs partit se coucher. Un peu plus tard dans la nuit, un boucan terrible réveilla le jeune garçon, c’était son maître qui vomissait et rageait. Il semblait très mal et se soutenait lourdement sur un muret. Il cria au jeune homme de lui apporter des antidotes.
Alors qu’il se dirigeait vers les affaires de son maitre, le vieil homme lui sauta dessus. Décidément, cet érudit n’avait pas que l’œil fourbe… Une fois tombé à terre, le jeune homme sentit les mains de l’érudit se resserraient autour de son coup fragile. Paniqué, Saïs tentait de se débattre mais sa résistance semblait bien vaine jusqu’au moment où il parvint à mettre un grand coup de genou dans les parties intimes de son agresseur. Le vieil homme ne semblait pas vraiment habitué à la douleur alors Saïs donna un nouveau coup de tibia. L’érudit lâcha sa prise, il avait tellement mal qu’il lui fallait se retenir. Au moment où ses mains lâchèrent le cou du garçon, celui en profita pour mordre la main qui passait à proximité. Il ne prit même pas le temps de réfléchir et n’accepta de lâcher sa prise que quand il entendit un puis deux craquements. A dire vrai, il ne restait pas grand-chose de l’index gauche de l’érudit. Celui-ci ne pensait d’ailleurs plus à s’occuper du petit Saïs qui put s’esquiver.
Attrapant la caisse de fioles, il se dirigea vers son maitre. Il avait déjà connu des situations similaires quand il servait son ancien maitre dans le Khand. D’abord, il lui fallait faire vomir son maitre. Même s’il semblait l’avoir déjà pas mal fait, on n’était jamais trop prudent et il fallait absolument purger son estomac de tout le poison. Glissant son majeur dans la bouche de son maitre, il déclencha le réflexe de vomissement qui lui permit de vomir le reste de son repas et de son « thé ». Puis il chercha un antidote dans la boite, son maître essayait de lui montrer le bon mais il était trop faible pour être suffisamment précis. A dire vrai, Saïs ne savait même pas s’il savait ce qu’il faisait. Lorsque le flacon sembla convenir au chasseur de prime, le garçon lui vida entièrement dans la bouche.
Puis il assit son maitre contre le muret, Saïs n’était pas un grand guerrier alors il préférait autant ne pas aller dans les pattes du mercenaire et de cette esclave qui semblait se débrouiller toute seule. Cependant l’érudit semblait être en train de se relever. Cet espèce de fourbe avait fait bien assez de bêtises comme ça alors Saïs s’approcha, prenant une grosse pierre, il assomma le vieil homme. A dire vrai, il ne savait pas bien s’il l’avait seulement sonné ou plus encore mais, en tout cas, il ne saignait pas donc cela devait être bon signe. Affalé par terre, Shaba n’était plus un problème alors Saïs retourna réconforter son maître avec un chiffon imbibé d’eau fraiche qui lui servait à faire baisser la fièvre de son maitre. A côté de lui, on se battait encore…
Bien qu'anciennes et abîmées par l'usure des tempêtes et des âges, les ruines offrent une protection -quoique relative- aux éléments et aux possibles embûches. la découverte d'une réserve de bois sec, bien que surprenante -les lieux seraient-ils encore utilisés par des caravanes?- , sont une autre découverte satisfaisante.
Il ne faudra pas bien tarder pour en vérifier l'utilité lorsque rapidement après le repas, alors que le feu crépite encore et que chacun autour vaque à ses occupations, une tempête de sable se lève brutalement, comme souvent dans ces régions, et ne vienne entourer votre campement - maigrement protégé par les murs délabrés- d'un nuage opaque de vents violents charriant des tourbillons de sable. Adossé dos à une paroi, tu sacrifies à une de tes habitudes de vadrouille dans ces contrées inhospitalières pour nettoyer et oindre ta lame d'une fine couche d'un onguent graisseux, censé en prévenir l'usure dans ces régions ou le sable s'infiltre partout.
Autour de vous, les vents soufflent encore une petite heure avant que de se calmer, laissant le paysage des alentours irrémédiablement transformé comme à son habitude. Ici, à part les rares ruines, tout paysage n'est qu'éphémère et le voyageur trop prudent s'y perdra. Le feu s'est éteint sous le souffle de la tempête et il faut quelques instants pour en récupérer les débris et rallumer le foyer. Raz'Oul demande ensuite l'instauration d'un tour de garde, précaution plus que nécessaire dans ces contrées sauvages.
L'assaut de la nuit est brutal. et tu es à peine couché depuis quelques moments lorsqu'il se déclenche, ayant cédé ton tour de garde à la jeune esclave Atalia. Ce sont les cris et vomissures de Raz'Oul qui te tirent de ton sommeil initialement avant que d'autres bruits suspects et la vision d'ombres se précipitant vers votre campement ne te mettent complètement en alerte.
Un assaillant se précipite déjà vers toi, encore allongé au sol, un sabre brandi au ciel. Ton cerveau analyse rapidement la situation. Empoisonné. Le thé. l'érudit. l'indication des ruines, la présence de bois sur palce pour vous encourager à monter le campement. Une embûche préméditée. Tu reconnais l'armement de ton agresseur. Ils vous ont suivi et se sont sans doute servi de la tempête pour vous approcher au plus près et vous surprendre. Sahba est probalement leur indic. Le fait qu'il tente d'étrangler le jeune page de Raz'Oul le confirme si cela est encore nécessaire.
Tu reviens promptement à la situation présente. L'homme est déjà sur toi.
Tu n'as jamais prétendu être un grand bretteur ou un combattant des plus doués. Mais tu es habitué aux combats désespérés des arènes, aux retournements rapides de situation sur un ennemi trop en confiance. Ce que tu n'as jamais appris du maniements en règle des armes, tu l'as compensé en coups vicieux et manoeuvres désespérées.
Tu laisses venir l'homme à toi, mimant l'abrutissement par le soleil. Il lance un hurlement viril, certain de tenir sa proie. Au dernier moment, tu projette l'éclat de roche que tu as saisi dans le sable vers ton assaillant. Celui-ci heurté au front en plein élan, en titube et lâche son arme, se tenant la tête. Emporté par son élan, il titube encore de trois pas avant que , bras tendu, tu ne l'empales sur Vicieuse. La lame dentelée, en se retirant dans un atroce bruit de gargouillis, sectionne net les gros vaisseaux abdominaux, et l'homme est déjà mort avant de toucher le sol.
Tu te relèves précipitamment. Tu avais compté cinq hommes plus tôt dans la journée. Plus inquiétant, tu avais remarqué des arcs.
Dans l'agitation, tu remarques la jeune esclave en prise avec un autre agresseur, et Saïs occupé à marteler le crâne de Sahba avec une pierre. Brave petit. Raz'Oul est hors combat.
Deux autres hommes surgissent des ombres. Il en manque un et tu crains de n'entendre prochainement siffler les flèches. Tu te précipites vers le foyer agonisant mais qui diffuse encore une lumière illuminant nettement la scène. Le dispersant à coups de pieds, tu te rapproches ensuite de là ou était Raz'Oul, Vicieuse bien en main, lame ensanglantée, attendant que ta vision s'accoutume progressivement à la noirceur brutale des lieux.
Protéger Raz'Oul. La disparition de la lumière semble avoir brièvement brisé l'assault, vos agresseurs hésitant peut-être ou titubant dans le noir. Il ne faudra sans doute pas bien longtemps avant qu'ils ne s'accoutument aux lueurs lunaires, mais tu espères qu'un probable archer embusqué hésitera plus à décocher une flèche sans reconnaître disctinctement ses cibles.
Dernière édition par Théomer le Ven 7 Oct 2016 - 9:03, édité 1 fois
Après avoir donné son avis, Atalia ne dit plus mot. On lui avait demandé son avis, elle l'avait donné... son rôle s'arrêtait là pour l'instant. Aussi suivit-elle les hommes libres et firent-ils un long détour afin d'éviter les quatre inconnus armés d'en contre-bas. Le chemin fut relativement tranquille, avec les aléas qui pouvaient arriver en ces contrées, notamment niveau climatique. Ils finirent donc par arriver à un endroit indiqué par le dénommé Sahba, un ancien campement militaire. Les ruines ne donnaient qu'un piètre abris, mais c'était amplement suffisant pour bloquer d'éventuels souffles de sable et cacher la lumière prodiguée par un quelconque feu aux yeux d'une personne extérieure.
Sans rechigner, certainement parce qu'elle était habituée à être reléguée à ce genre de tâches, l'esclave s'occupa du foyer ainsi que de la nourriture avec le jeune Saïs. Elle ne parlait que très peu, mais ne se montrait pas désagréable pour autant. Elle racontait juste ce qu'il y avait à dire, sans divaguer ni ouvrir la bouche lorsque ce n'était pas nécessaire. Mais s'il lui demandait de raconter une histoire sur des lieux similaires, sur la région ou autre, Atalia se retrouvait être une personne connaissant nombre d'histoires... des vraies comme celles de villages. L'étrange femme ne semblait pas fort bavarde, mais apporter un savoir ne semblait pas la déranger.
Arriva la nuit. Sachant qu'elle prendrait son tour de garde relativement tôt, l'esclave avait fait en sorte de ne pas s'endormir avant que le premier à surveiller leur groupe ne vienne la chercher. Habituée à juste se reposer de la sorte, allongée sur le sol, Atalia se leva en bonne forme lorsque vint l'heure. Elle ne dit rien, comme toujours. Un simple signe de tête montrait qu'elle était prête à prendre le relai. Mais à peine quelques dizaines de minutes après qu'elle se soit levée, l'un des voyageurs se leva en titubant avant de vomir tout son repas dans un bruit écoeurant et une odeur à vouloir soi-même rendre son repas. Cela réveilla bien entendu toute l'équipe et annonça l'heure du combat. Lorsqu'elle comprit ce qui se passait, Atalia dégaina son arme tout en réveillant d'un cri les autres (et s'il y avait un trainard près d'elle, c'est son pied entre les côtes qu'il se prit). Et très rapidement, la jeune femme se retrouva prise à croiser le fer contre l'un des assaillants, alors que la vie de Raz'Oûl ne se jouait plus qu'à un fil : un gamin esclave devant lui apporter une potion.
Le temps passa. Les lames se croisèrent et se recroisèrent, l'esclave venant à montrer qu'elle avait un talent dans ce domaine sans pourtant en avoir assez pour se débarasser facilement de son adversaire. Ne pouvant aller sur deux bords à la fois, Atalia finit par avoir son ennemi du moment d'une forte entaille dans le cou, blessure mortelle. C'est à ce moment qu'elle aperçut du coin de l'oeil Jassem se ruer sur ce qu'il restait du feu pour rendre à la pénombre son trône, les étoiles seules éclairant les différents personnages de cette histoire. Deux... ils étaient deux adversaires, mais s'il s'agissait bien de ceux vus au loin ils étaient au moins quatre. Au moins. Donc il risquait d'y avoir des archers, et peut-être même des épéistes en-dehors du camp. Alors elle profita du noir soudain et du fait qu'il fallait s'habituer à la pénombre pour disparaître. Elle était fine, assez petite et souple, les ruines et la nuit seraient ses alliées.
Il se passa un moment où l'on ne l'entendit plus, où elle ne se trouva pas auprès du chasseur de primes à l'aider. Puis le bruit sourd propre à une lame que l'on plante dans un corps se fit entendre en même temps qu'un "Merde !" bien senti, prononcé sans aucune délicatesse malgré la voix de femme qui avait faiblement résonné dans les ruines. Ce superbe mot fut suivi du bruit d'un corps qui tombe mollement sur le sol.
Ce ne fut que lorsque la bataille fut finie qu'Atalia revint vers les autres, une plaie nette en bas de l'épaule.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Mer 27 Juil 2016 - 6:38
Les nuits étaient noires dans le désert, et l’aube était encore loin. Lorsque Jassem dispersa les braises, les silhouettes déjà floues des combattants disparurent parmi les ténèbres. Une première flèche siffla pas loin du mercenaire pendant qu’il s’acharnait sur le foyer, montrant que ses craintes concernant les archers dissimulés étaient justifiées.
Les assaillants n’avaient pas eu de chance. Il aurait suffit que le poison agisse une poignée de minutes plus tard, et que Raz’Oûl ne donne pas l’alarme, pour que l’escarmouche se transforme en massacre. Qui plus est, les hommes pensaient sans doute qu’une fois le chef de l’expédition mis hors-jeu, le seul véritable adversaire restant serait Jassem. Ils avaient fait l’erreur de sous-estimer les deux esclaves…une erreur qui s’était avérée fatale.
Les hommes manquaient clairement de discipline, et étaient incapables de coopérer de manière efficace face à une situation imprévue. Lorsque le premier d’entre eux s’écroula par terre, mort, et que le campement entier fut plongé dans les ténèbres, les commencèrent à paniquer. Raz’Oûl, pâle comme la mort et frissonnant encore sous les effets du poison, réussit malgré tout à planter sa dague derrière le genou d’un des assaillants qui avait failli lui marcher dessus dans le noir. Le cri de l’homme attira Jassem qui l’acheva brutalement tel un ange de la mort. Quant au second adversaire d’Atalia, il finit lui aussi par périr sous la lame de l’esclave redoutable, lui laissant néanmoins une logue trace écarlate sur l’épaule en souvenir. Le bruit des sabots d’un cheval s’éloignant au galop annonça la fin de l’escarmouche ; l’archer, ayant constaté que la bataille tournait en leur défaveur, décida de fuir. Le noir et le silence recouvrirent le campement comme une flaque de goudron épais.
***
Lorsque Sahba ouvrit les yeux, il fut aveuglé à la fois par les rayons du soleil et par la douleur terrible à l’arrière de son crâne. Il était agenouillé face au mur en ruine, avec les mains, dont une ensanglantée, attachées dans le dos. Le savant grogna lorsqu’il entendit la voix de Raz’Oûl derrière lui. -Pour qui travaillais-tu ?
L’érudit n’essayait pas de jouer au dur à cuire. Il ne résistait pas bien à la torture physique, et ne voyait aucun sens à mentir dans la situation actuelle.
-La famille Ama’thal. Vous étiez partis en expédition avec leur cousin il y a presqu’un an. Il y est resté, et le sable ronge à présent ses os. Vous, vous êtes revenu à Djafa, plus riche que jamais. Les Ama’thal vous considèrent comme étant responsable de la mort d’un des leurs, ils pensent que vous vous êtes servi de lui et avez causé ou permis sa mort pour garder tout le butin pour vous. De mon côté, ce n’est rien de personnel, je ne faisais que remplir un contrat, vous devriez le comprendre en tant que chasseur de primes, n’est-ce pas… ?
-Oui, je comprends. –répondit Raz’Oûl, impassible. Le vieillard n’avait pas encore eu le temps de soupirer de soulagement lorsqu’il sentit un fil métallique se resserrer autour de son cou. Il grogna et tenta de se débattre, mais avec les mains ligotées il n’avait aucune chance. Raz’Oûl finit par relâcher prise sur le garrot, et le corps sans vie de celui qui l’avait trahi tomba par terre. La justice était dure et rapide dans ces Terres du Sud…
***
Ils ne restèrent pas longtemps sur le lieu de l’escarmouche, ayant du mal à s’endormir à nouveau après le combat brutal. Raz’Oûl leur ordonna de jeter les corps des assaillants, ainsi que de l’érudit, dans un fossé jadis creusé par les soldats de la garnison locale, et de les recouvrir d’une fine couche de terre ou de sable. Le dirigeant de l’expédition avait insisté pour que l’endroit soit laissé dans des bonnes conditions pour les prochains voyageurs, une courtoisie étrange indiquant qu’un certain code de conduite existait dans ces terres sauvages.
Il complimenta Jassem sur sa maîtrise de l’épée, en lui confirmant qu’il était satisfait de son choix comme membre d l’expédition. Quant à Saïs…Raz’Oûl l’invita à s’approcher de lui, le visage toujours très pâle, et lui demanda de tendre la paume de sa main. Il posa sur celle-ci une bague assez simple faite d’un bois tropical particulier. -Sais-tu ce que c’est ?
Il s’agissait d’un symbole. Les bagues faites dans ce bois étaient données à l’esclave favori d’une maison noble. C’était une marque de statut indiquant aux autres esclaves et hommes libres que son porteur devait être traité avec respect, car son propriétaire considérerait chaque insulte ou assaut comme une attaque directe contre lui-même. Rares étaient ceux à Djafa qui souhaitaient attirer le courroux de Raz’Oûl, cette forme d’immunité était donc précieuse, bien que lointaine encore du statut d’un homme libre.
-Tu l’as mérité la nuit passée.
Raz’Oûl finit par se tourner vers Atalia. Cette dernière aurait pu apercevoir une lueur d’amusement dans les yeux du chasseur de primes pendant un instant. Il ne mentionna pas le fait qu’elle avait tué deux hommes pendant la nuit, un exploit inattendu de la part d’une esclave aux formes aussi attirantes. En revanche, il lui dit simplement :
-La place de guide et d’expert en Histoire vient de se libérer. Penses-tu pouvoir remplir ce rôle mieux que ton prédecesseur, Atalia ?
Il lui tendit un parchemin, qui s’avéra être une carte du Harad et du Khand.
Spoiler:
-Tu dis avoir l’habitude de parcourir ces contrées, alors quel chemin nous conseillerais-tu d’emprunter pour arriver vivants jusqu’à la Bibliothèque Interdite ?
Malgré son état physique lamentable, Raz’Oûl insista qu’ils se remettent en selle ne fut-ce que pour cinq ou six heures afin de franchir une autre étape de leur voyage. Il ignora les crampes douloureuses lorsqu’il monta à cheval, et sourit malgré lui en caressant le talisman attaché à sa ceinture. Une fois de plus, il avait survécu, une fois de plus, ses ennemis étaient morts. Il avait appris beaucoup de choses sur ses compagnons de route aujourd’hui, mais il n’avait pas encore fini de les tester. La confiance était une chose que le célèbre chasseur de primes accordait très difficilement…
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Théomer Cavalier du Rohan
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Alors que les braises grésillent et s'éteignent dans le sable, un gargouillis étouffé, bruit de celui qui s'étouffe dans son propre sang te renseigne sur l'issue du combat entre la jeune escalve et son rival. Les dernières lueurs des tisons que tu piétines te permettent de distinguer la silhouette féminine encore debout, avant que le voile nocturne ne recouvre tout.
Un sifflement aigu désagréable semble te caresser la joue. Il y avait bien au moins un archer.
A tâtons, tu te rapproches du commanditaire de l'expédition. Il y a soudain de l'agitation et un cri de douleur. tu te retournes. La silhouette de celui qui doit être Raz'houl, encore assise et tremblante au sol, semble en prise avec une autre. D'une allonge brusque, tu bondis sur la silhouette et l'envoie voler au sol. A tâtons, tu ressens une armure en cuir que ne porte aucun des vôtres et d'un geste ferme, tu empales l'inconnu au sol avec ta lame.
Un hennissement suivi du bruit étouffé d'une cavalcade dans le sable. Le combat semble se désengager. Ta vision s'habituant progressivement à l'absence de lumière, tu distingues une silhouette aux formes féminins revenir prudemment vers vous, entouré de voiles, correspondant à Atalia.
Vous attendez ensuite tous en silence plusieurs minutes. plus de flèches, plus d'assaut. Le jeune Saïs est accroupi près de son maitre, leurs paroles prudemment faibles. Après une longue attente, une reconnaissance te permettra de trouver quatre chevaux abandonnés en périphérie des ruines. Quatre montures, quatre morts, un fuyards et cinq mercenaires rencontrés plus tôt, le compte semble y être.
Par zèle, retourné au campement, tu attendras encore quelques minutes supplémentaires avant d'entreprendre d'allumer un feu. Saïs est alors plus à même de prendre soin de Rhaz'oul qui semble toujours pâle comme un mort tandis qu'Atalia dévoile une mince blessure à son épaule. Tu entreprends d'abord de ficeler le traitre érudit, profitant du coma dans lequel l'a plongé le jeune homme.
''- Bien joué petit.'' Atalia est occupé à panser sa blessure. Aucune des armes des assaillants que tu as pu récupérer ne te semble enduite d'un quelconque onguent empoisonné, tu as préféré t'en assurer au vu du mode opératoire sur Rhaz'Oul, alors tu la laisses se débrouiller, préférant ne pas s'imposer en voulant l'aider.
Lorsque l'érudit se réveille, c'est sans émotions que tu assistes à son exécution par strangulation. La chose était légitime et il avait trahi son engagement auprès de l'expédition. Tu acceptes ensuite les compliments de Rhaz'oul d'un hochement de tête, conscient de la chance que vous avez pu avoir que le poison vous prévienne juste assez tôt pour anticiper l'assaut nocturne. Il faudra rester vigilant au demeurant, maintenir les tours de garde et espérer que Rhaz'oul n'ait pas nombre de rivalités qui se réveillent pendant cette petite aventure.
Aidée de la jeune femme, vous jetez les corps dans la fosse commune, confortablement déjà aménagée, les recouvrant ensuite de sable pour éviter de transformer l'endroit en charnier envahi par les charognards.
Rhaz'Oul a entre temps remis un anneau bien particulier à son jeune page et fait une proposition à Atalia. Tu regardes brièvement par dessus l'épaule de celle-ci le parchemin qu'il lui tend. Une carte.
Vous remontez ensuite en selle, malgré que l'aube ne soit toujours pas levée. Rhaz'oul insiste pour mettre de l'espace entre vous et le théâtre de l'embuche.
Désormais le noir et le silence. L'air frais se faisait à nouveau sentir par les différents membres de l'expédition qui, sortis d'une bataille voyaient leurs corps ressentir à nouveau peu à peu la température extérieure. Contrairement à avant la bataille, aucun feu n'égayait ce lieu désormais rempli de morts. L'odeur du sang ou la chaleur de celui-ci... des compagnons d'infortune avec lesquels ils allaient devoir faire le temps de quelques heures, jusqu'à ce que l'aube se lève. Atalia regarda attentivement autour d'elle tout en portant sa main sur sa blessure. Elle avait mal, plus qu'elle ne l'avait imaginé, mais elle pouvait constater qu'elle était loin d'être celle qui était la plus mal en point : Sahba gisait inconscient alors que Raz'Oûl était encore à terre, son esclave se trouvant à ses côtés. Pour Jassem, cet homme libre avait l'air de ne pas avoir eu trop de problèmes. Très bien... La jeune esclave s'avança, sans dire mot, fit attention à ce qui l'entourait puis s'assit près de ses maigres affaires. Toujours avoir une flasque d'alcool avec soi, pour quel que soit son usage, et un peu de tissu. Atalia n'était pas du tout experte en médecine, mais elle savait pertinemment qu'une plaie pouvait dégénérer et qu'il valait mieux s'en occuper au plus tôt. Aussi s'attela-t-elle à panser sa blessure en la désinfectant avec de l'alcool, grimaçant un instant de douleur, pendant que Jassem réanimait le feu. Elle s'aperçut ensuite que le mercenaire faisait attention à regarder s'il ne voyait pas un quelconque poison sur les lames de feu leurs ennemis et, comprenant pourquoi, Atalia lui accorda un signe de tête afin de le remercier de son attention.
Au lendemain, ce ne fut qu'une macabre matinée. Atalia fit partie de ceux qui s'occupèrent de jeter les corps dans la fosse commune puis de les ensevelir sous le sable afin d'éviter que les charognards n'accourent, et la mise à mort du traître qui se trouvait parmi leurs rangs. Une fois parée au départ, l'esclave eut la surprise de voir s'avancer vers elle Raz'Oûl (qui paraissait déjà en meilleur état que pendant la nuit) après qu'il eut confier une bague fort précieuse au jeune Saïs. Elle n'eut aucun mal à reconnaître l'éclat qui passa dans le regard du chasseur de primes, mais se retint de tout commentaire. Qu'avait-il donc pu penser ? Qu'elle ne saurait pas se débarasser un minimum de ses ennemis ? Il devait très bien savoir qu'on n'envoyait pas une esclave parcourir les chemins sans qu'elle sache un minimum se défendre, à moins de lui payer en plus une escorte complète. Et dans cette région, il valait mieux savoir bien se débrouiller à la lame.
"La place de guide et d’expert en Histoire vient de se libérer. Penses-tu pouvoir remplir ce rôle mieux que ton prédecesseur, Atalia ?"
Comme il lui tendait en même temps un parchemin, l'esclave prit délicatement le morceau de papier tout en s'inclinant avec respect en guise de réponse, considérant qu'il n'était pas anodin pour une personne de sa condition qu'une telle mission lui soit confiée par le chef d'expédition. Après s'être redressée elle entreprit de dérouler ce qui s'avéra être une carte du Khand, passa doucement une main sur le dessin tout en faisant attention à chaque petit détail s'y trouvant. Cette carte, elle la connaissait, très bien même pour avoir dû faire plusieurs aller-retours pour son maître. Elle visualisa où ils devaient être puisqu'ils étaient partis en direction du sud-est afin d'éviter Dur'Zork puis ceux qu'ils avaient finalement affrontés, et se trouvaient assez loin d'un petit plateau... donc loin de tout, en somme. Et les êtres tels ques les Humains et les chevaux n'étaient pas faits pour rester des jours sans pouvoir se ressourcer, aussi allaient-ils avoir besoin de se poser pour reprendre des rations et renouveler l'eau de leurs gourdes.
"Pour commencer, le plus simple serait de continuer à travers le désert jusqu'à rejoindre lacité d'Assabia ; ce sera certainement le lieu officiel par lequel nous aurons le moins de mal à passer, puisqu'ils sont habitués à marchander avec beaucoup de pays dont le Harondor. Une équipe de quatre personnes ne devrait pas les déstabiliser outre mesure et les clans seront certainement plus enclins à ne pas vouloir nous détruire que si nous passions par un autre endroit. Ensuite il nous faudra continuer vers l'est en espérant ne pas croiser de clans khandiens, peut-être devrons-nous nous arrêter à une oasis avant d'atteindre la Bibliothèque Interdite. Mais ne sachant où elle se trouve exactement, il nous faudra avoir les informations suffisantes avant de réellement pouvoir prévoir l'itinéraire."
Elle laissa alors le parchemin s'enrouler sur lui-même, reprenant la forme à laquelle on l'avait conditionné pour le voyage. Evitant soigneusement de lever les yeux vers ceux de Raz'Oûl, gardant ainsi sa position d'infériorité du fait qu'elle n'était qu'une esclave, elle fit cependant en sorte de ne pas tenir fermement la carte au cas où le chef désirerait la récupérer.
Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
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Le combat s’était terminé aussi vite qu’il avait commencé. Ils étaient maintenant dans le noir et Saïs tâchait de rendre la situation de son maître un peu plus confortable. Il le rapprocha du feu éteint et lui ajouta sa couverture pour qu’il ait assez chaud. Bien qu’il ait recraché l’essentiel du poison, Raz’oul grelotait et semblait avoir besoin d’un peu de repos. Lorsque le Soleil fut levé, Saïs s’occupa de préparer une sorte de petit-déjeuner rapide. D’un coin de l’œil, il observa son maître étrangler le vieil érudit. Sur le coup, Saïs n’eut presque aucune réaction à part un léger balancement. L’œil vide, presque inanimé, le garçon n’entendit pas la première fois que son maître l’appela puis celui parla plus fort :
- Saïs.
Voyant la tête du garçon se tourner légèrement, il lui montra les cadavres et un fossé plus loin. Tirant l’une des dépouilles par ses pieds, Saïs l’amena jusqu’à l’une des fosses. A dire vrai l’homme faisait son poids et le garçon avait dû mal à la tâche. Alors qu’il approchait de la tombe improvisée, le grand mercenaire apparut et souleva le tronc du macchabé avec une facilité déconcertante. En fait, Saïs aurait très bien lâché le cadavre, Jassem pouvait largement s’en tirer seul mais le garçon n’avait pas la tête à réfléchir et exécutait sa tâche machinalement puis cela évitait que ses pieds ne trainent par terre. Lorsqu’il fut au fond du trou, Saïs poussa le plus de sable possible pour cacher les corps avant de partir ranger machinalement ses affaires.
Alors qu’il empaquetait tout ce qui restait du campement, son maître l’appela. Il était encore blanc comme un linge mais il lui déposa dans la main, une sorte de bague en bois qui représentait une faveur spéciale. Saïs en avait déjà vu de semblables auprès de son ancien maître mais il ne gardait pas de très bons souvenirs de ceux qui la portaient et de pourquoi ils la portaient. Tout à coup, une foule de souvenirs envahis l’esprit du garçon qui n’avait pas besoin de ça, comme sidéré, il se sentait comme hors de son corps et se contenta d’un « oui » de la tête pour répondre à la question de son maître.
Pendant que Saïs finissait de ranger les affaires de son maître, lui et la jeune esclave conversait. Vraisemblablement leur discussion portait sur la route à emprunter pour se rendre jusqu’à leur destination. A dire vrai, le jeune esclave ne voyait pas aussi loin, il avait déjà bien assez à faire dans l’immédiat et, de toute façon, son esprit louvoyait entre ses vieux démons. Après qu’ils se soient mis d’accord et que tout fut prêt, ils purent enfin partir. La journée à cheval fut une épreuve pour le garçon qui, outre son appréhension pour ces grandes bêtes, se faisait du souci pour son maître. Celui-ci semblait encore très faible, il manqua de tomber à plusieurs reprises et le soleil de plomb qui les accablait n’aidait pas à améliorer les choses.
Par chance la nuit fut bien plus calme que la précédente. Comme la veille, Saïs s’occupa du repas et de son maître. Il lui prépara un reconstituant pour l’aider à reprendre des forces. Cependant son maître voulait absolument faire son tour de garde alors il fut décidé qu’il prendrait le dernier quart après une bonne nuit de sommeil pendant que Saïs ferait le quart d’avant. L’esclave était toujours plus attentif et délicat vis-à-vis de son maître, il veillait à ce que ne rien ne lui manque. Le quart de Saïs fut très calme même si le silence assourdissant et la nuit noire avait tendance à réveiller ses vieilles angoisses. Après avoir vingt fois le tour de leur petit campement, le jeune esclave raviva un peu le feu puis remplit quelques gourdes et se tourna les pouces quelques temps avant de commencer discrètement à ranger ce qui pouvait l’être. Alors qu’il aurait dû réveiller son maître, le garçon n’osa pas le faire et fit la moitié de son quart avant de se décider à le sortir de son sommeil. Après tout s’il avait exigé de prendre lui aussi un tour de garde, Saïs se serait probablement fait disputé s’il n’avait pas respecté les ordres de son maître.
La nouvelle journée qu’ils durent subir dans le désert fut largement aussi pénible et monotone que les précédentes avec ses vastes paysages vides, ce vent qui infiltrait du sable dans les moindres petits interstices et cet atmosphère sèche et lourde qui les écrasait sous sa chaleur. En fait, il lui tardait surtout d’arriver dans une vraie ville où il se sentait plus à l’aise…
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Lun 10 Oct 2016 - 0:04
Assabia. La Victorieuse. C'est comme ça que les fiers habitants de cette cité du désert la surnommaient depuis le terrible coup qu'ils avaient asséné à l'armée du Gondor et à la fierté de la lignée d'Elessar un an et demi plus tôt. Le monde avait changé depuis, les ondes de choc causées par la chute de la Couronne de Fer se répandant sur la Terre du Milieu toute entière, et les lignes sur les cartes géopolitiques prêtes à être repeintes suite aux guerres, mariages et alliances.
Les voyageurs rejoignirent la longue colonne d'humains et de bêtes de trait qui affluaient vers les portes de la cité. Située à l'intersection des routes commerciales menant vers les pays voisins, Assabia était le coeur battant de l'économie khandéenne, et son gouverneur Khaldun en tirait une grande influence politique. Lorsqu'ils se retrouvèrent à l'ombre des murailles, hautes d'une bonne dizaine de mètres, ils purent apercevoir des étendards ornés d'un symbole étrange: un arbre dévoré par des flammes. Il semblerait que les dirigeants de la cité construisaient un mythe héroïque entier sur les fondations de la victoire contre le roi Méphisto.
Ils n'eurent aucun problème à franchir les portes de la ville, ils n'étaient qu'une goutte dans la rivière humaine qui arrivait et repartait d'Assabia. La foule qui les entourait était d'autant plus impressionnante après des journées entières passées seuls dans l'immensité du désert; heureusement, du haut de leurs montures, ils pouvaient au moins respirer sans devoir se frayer la moindre parcelle d'espace personnel à l'aide de leurs coudes.
Raz’Oûl était pâle. Sa force d'esprit lui avait permis de rester en selle jour après jour, en ignorant les séquelles de l'empoisonnement. Cependant, une dette doit toujours être repayée, et à présent son organisme demandait qu'on le mette au repos.
-Saïs...
Le chasseur de primes commença à parler d'une voix qui cachait mal sa fatigue, mais fut brusquement interrompu.
-Regarde où tu vas, le borgne!
Le cheval de Jassem avait bousculé un homme imposant qui avançait devant lui. Sa barbe était divisée en trois tresses et il portait une grande hache dans le dos. Un tatouage représentant un arbre en flammes ornait son bras droit, et la colère brûlait dans ses yeux lorsqu'il tourna son regard vers Jassem.
-Tu oses entrer à Assabia la Victorieuse comme si la cité t'appartenait, et même tes esclaves regardent les habitants de la ville du haut de leurs selles? Il est temps que quelqu'un t'apprenne le respect! Minuit, dans les jardins sous la muraille Est.
Jassem venait de Khand, et comprenait très bien qu'il venait d'être provoqué en duel pour une raison qui semblait ridicule. Un duel qu'il serait très délicat de refuser...la Loi des Clans était formelle: "tout litige peut se résoudre par un duel honorable que nul ne peut refuser".
Raz'Oûl fronça les sourcils en voyant le colosse s'éloigner et disparaître dans la foule. Perdre Jassem serait un handicap non-négligeable pour l'expédition...cependant il était curieux de voir la réaction du mercenaire. Allait-il accepter, ou fuir? Gagner ou perdre? Dans tous les cas, il en saurait beaucoup plus sur son compagnon d'ici demain. S'abstenant pour l'instant de tout commentaire, il se tourna vers Saïs et Atalia:
-Je vais nous louer des chambres à la Rose des Sables. Un nom banal, mais un établissement de qualité, qui reste tout de même relativement discret. Pendant ce temps, aller refaire le plein des provisions au marché.
Il leur tendit une bourse bien remplie, et ajouta, avec un petit rictus:
-Saïs, n'oublie pas de mettre ta nouvelle bague...
La nuit tombait alors qu'il se séparèrent. Saïs et Atalia se dirigèrent vers le grand marché d'Assabia, pendant que le chasseur de primes, de plus en plus épuisé, commença son chemin vers l'auberge. Jassem avait le choix de suivre lui ou les esclaves, ou encore faire son propre chemin. Il restait encore quelques heures avant minuit...
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Théomer Cavalier du Rohan
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Assabia. Il y avait moins de deux ans, les cités du Khand tremblaient devant l’armée du Haut-Roi du Gondor. La victoire surprise sous les murs de la cité marchande avait peut-être plus surpris les locaux que les gondoriens défaits. Le déroulement de l’affrontement qui avait permis ce dénouement inattendu était assez flou, mais une sorte de mythe n’avait pas tardé à être rapidement bâti et entretenu par les indigènes.
La Victorieuse… La cité était en tout cas plus resplendissante que jamais, les caravanes toujours plus nombreuses et ses richesses de plus en plus ostensibles et moins en moins bien réparties. Sur les remparts et les plus hauts bâtiment flottait, nargueur, le nouvel emblème de la cité, inspiré des multiples bannières de l’envahisseur brûlées après le siège échoué, et participant depuis à ce mythe d’invulnérabilité.
La victoire du Khand, si on pouvait l’appeler ainsi, ne t’avait fait ni chaud ni froid. Tu ne te reconnais dans aucune contrée, aucune bannière spécifique. Tu ne te sens en aucun cas chez toi en cette cité, comme en aucune autre de celle que tu as pu visiter. Tu es un apatride. Un escalve déraciné qui ignore et ignorera toujours tout de tes origines. C’est donc avec indifférence que tu conduis ta monture, au gré des mouvements de la foule dense qui la guide et la bouscule, peu sensible au faste et à la fierté de la cité. Tu ne vois donc pas arriver sur ton flanc un colosse qui percute ton étalon
-Tu oses entrer à Assabia la Victorieuse comme si la cité t'appartenait, et même tes esclaves regardent les habitants de la ville du haut de leurs selles? Il est temps que quelqu'un t'apprenne le respect! Minuit, dans les jardins sous la muraille Est.
Ton regard détaille rapidement la carrure impressionnante de l’homme, l’arme à deux mains dans son dos de taille proportionnelle, et s’attarde sur son tatouage. Plusieurs homes qui suivent ton agresseur portent le même. Il ne sert à rien que de tenter de raisonner cet homme, et de toute façon, tu n’en as aucune envie. Sans piper mot, tu craches au sol, et poursuit ton chemin, t’écartant du géant. Le geste serait une insulte dans d’autres cultures, tu l’ignores, mais au Khand, cela signifie simplement tu acceptes le défi et met ton honneur et ta parole en jeu en cas de fuite. L’homme est manifestement le chef de tout le petit groupe qui le suit, et cherchait simplement un moyen simple d’asseoir son autorité sur ses sbires en s’en prenant à un inconnu. Un homme un minimum menaçant, mais présentant quelques faiblesses trop rapidement identifiées pour que son choix soit spontané et innocent. La bousculade n’était qu’un prétexte, il t’avait choisi comme cible. Il te faut juste espérer que cela n’est qu’une coïncidence sans rapport avec les incidents du désert.
Tu attends de t’être éloigné quelque peu du lieu avant de revenir au niveau de Rhaz’Oul. -Des Assabytes, une bande de mercenaires et bandits qu’on dit affiliés au gouverneur. Des fanatiques prompts à sortir leurs lames.
Un silence, tu esquives un piéton portant une cruche avant de te rapprocher de Rhaz’Oul. Fuir le combat n’a jamais été une option et Rhaz’Oul a de toute manière besoin de repos, il était donc hors de question de quitter rapidement la cité. -Je vais vous accompagner à cette auberge, il serait tentant que de profiter de votre … état pour vous abuser. Puis je devrais vous quitter pour me préparer à mon … rendez-vous.
Faisant faire volte face à ta monture, tu te rapproches de Saïs et Atalia. -Je vous laisse garant de la sécurité cette nuit, je ne sais pas jusqu’ou ces malandrins serait capable d’aller, les évènements récents me poussent à la prudence.
Il serait à vrai dire presque tentant d’achever un homme tremblant de fièvre dans une auberge discrète pour s’emparer de deux jeunes esclaves.
Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
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L’approche d’Assabia était impressionnante. Bien qu’il y ait déjà été une fois, le petit garçon se demandait toujours comment on pouvait faire des murailles aussi hautes et solides. En fait Saïs se sentait plus à l’aise dans les villes grouillantes de monde que dans les déserts vagues où chaque point d’eau et chaque dune pouvait abriter une horde de brigands prêts à vous détrousser. Au moins, en ville, tout le monde l’ignorait et cela lui convenait très bien comme ça. Malheureusement cela ne semblait pas suffire puisque le grand mercenaire avait bousculé un autre grand monsieur au point de déclencher un duel. Il est vrai que Saïs n’avait pas pensé à descendre de cheval alors qu’il aurait dû mettre pied à terre dès l’entrée dans la ville. Quand le grand bonhomme s’en allait, Saïs voulut descendre du cheval mais son maître l’en empêcha. Vu ce qu’il venait de se passer, le jeune esclave comprit que ce serait avouer à tous qu’il avait tort. Ce qui était bien entendu exclu.
Laissant Jassem à ses propres questionnements, Raz’Oul passa les ordres. Ils logeraient à la Rose des Sables, c’était une auberge que Saïs connaissait puisqu’il y était déjà venu avec son maître quand ils avaient fait le trajet inverse vers Djafa. Alors qu’ils allaient partir pour le marché, Saïs fut assez paniqué de se rendre compte qu’il avait oublié de mettre la bague de bois que son maître lui avait donné. Comme souvent, le garçon avait peur d’avoir déçu son maitre et peur des conséquences que cela pouvait avoir. Il n’eut pourtant à subir aucune réprimande et put partir au marché avec Atalia.
L’aller vers le marché ne fut pas vraiment agréable. Alors qu’il espérait rester invisible, il devait composer avec tous les regards lubriques qui pesaient sur la jolie esclave qui l’accompagnait. A dire vrai, cela devait être encore plus pesant pour elle. Fort heureusement, le marché n’était pas très loin et ils purent trouver de quoi s’approvisionner. Tout semblait un peu plus cher dans ses déserts arides mais cela restait encore très raisonnable. Ils purent acheter une grosse miche de pain, du poisson et de la viande salée, des lentilles et des fruits secs. Ils ne prirent des choses qui se préservaient longtemps, qui ne craignaient pas la chaleur et qui apportaient suffisamment d’énergie.
Les achats aux marchés furent faits assez rapidement et ils purent retourner jusqu’à l’auberge. Saïs n’aimait pas laisser son maître seul. Depuis la tentative d’empoisonnement, le jeune esclave se sentait gravement coupable. Il avait comme l’impression que c’était sa négligence qui avait amené à l’empoisonnement de son maître. Il se dépêchait alors de revenir. Comme à son habitude, le garçon ne disait pas grand-chose, trop intimidé qu’il était par tout ce qui l’entourait. De toute façon, il n’avait pas une conversation très intéressante alors on ne ratait pas grand-chose.
La Rose des Sables n’était pas désagréable, elle ne payait pas de mine mais, en dehors des grands palais, aucun bâtiment du Sud ne paraissait impressionnant. Tout était tourné vers l’intérieur et cette auberge ne faisait pas exception. La chambre de son maître était grande et accueillante, à travers un panneau ajouré, on pouvait voir un jardin privé duquel remontait une douce fraicheur. Il y avait aussi une petite alcôve pour le mercenaire et deux matelas pour les esclaves. De serviteurs de l’auberge avaient amené une grande bassine et transportaient des seaux d’eau pour le bain de son maître.
Le reste de l’après-midi fut calme. Raz’Oul avait besoin de repos et il l’eut jusqu’au diner où un laquais apporta un grand plateau dans lequel de nombreux bols et assiettes abritaient une foule de saveurs, senteurs et couleurs toutes plus remarquables les unes que les autres. C’était assez typique de la région. Voulant absolument éviter que son maître soit à nouveau empoisonné, Saïs trempa un bout de pain dans chacun des plats et le mangea. S’il était empoisonné, il mourrait probablement. D’un sens, c’était étrange de risquer la mort dans d’atroces souffrances pour protéger quelqu’un qu’il n’aimait pas et qui ne l’aimait pas plus. Au moins, rien n’était empoisonné. Par chance, Raz’Oul n’avait pas assez faim pour finir son repas alors Attalia et Saïs purent partager ce qui restait. C’était tellement mieux que leur bol de lentilles et leur tranche de pain avec un peu d’huile et d’ail.
Après avoir débarrassé ce qui trainait et préparait tout ce qu’il fallait pour la nuit, Saïs ferma la porte à double tour et s’assura que rien ne permettrait d’entrer. Tirant le fin matelas qui lui servait de couche, il l’étendit le long de la porte. Ainsi si quelqu’un voulait entrer par effraction, il bousculerait forcément le garçon qui ne manquerait pas d’avertir tout le monde. En espérant que la nuit soit longue et reposante, il s’endormit.
Assabia... une ville ravissante en ces heures troubles, arborant comme à son habitude ses couleurs représentant l'Arbre sacré du Gongor brûlé par les flammes de la victoire khandienne. Une belle ville attirant à elle de plus en plus de monde mais également de plus en plus de problèmes... le premier d'entre eux, aussi inattendu que logique, étant la provocation en duel d'un meneur envers Jassem. Comme à son habitude, Atalia ne dit rien, ne réagit aucunement à la constatation de l'inconnu. Inutile d'empirer la situation. Inutile de donner raison à cet effronté. L'esclave baissa donc la tête tout en portant son regard sur Raz'Oûl. Il était faible... très faible... malgré l'air qu'il se donnait, la pâleur de son visage révélait son piètre état suite à l'empoisonnement. Encore une chance pour le chasseur de primes, aucun de ses compagnons de voyage ne semblait en vouloir à sa vie. Par contre, à l'extérieur du groupe... quel chef ne voudrait pas s'arroger la gloire d'être venu à bout d'un tel personnage, en homettant bien sûr de préciser que l'homme n'était pas en état de se défendre ? Beaucoup. Plus qu'on ne le croyait, même.
"Je vais nous louer des chambres à la Rose des Sables. Un nom banal, mais un établissement de qualité, qui reste tout de même relativement discret. Pendant ce temps, allez faire le plein de provisions au marché."
Atalia acquiesca de la tête sans mot dire, de la même manière qu'elle le fit quelques secondes plus tard en réponse à Jassem. Ainsi elle allait devoir s'occuper du petit Saïs... les gamins n'étaient pas son fort, aussi espérait-elle qu'il réussirait à bien se débrouiller en ville et surtout à ne pas attirer les ennuis. Certainement allait-il falloir remettre certaines choses au point avant de se rendre au marché.
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"Même si tu dois la porter, évite de montrer ta bague. Une personne quelque peu attentive pourrait se rendre compte de sa valeur et possiblement comprendre que tu appartiens à Raz'Oûl. Or vu son état, il vaut mieux que ces personnes ne sachent pas qu'il soit là. De même, évite de trop te comporter en esclave ; certains aiment bien prendre les biens des autres pour les revendre par-derrière."
Voilà, c'était dit. Froidement, certes, mais au moins l'épéiste était sûre que Saïs ait en tête ce qui risquait d'arriver dans cette contrée s'il ne faisait pas suffisamment attention. Les deux esclaves sortiirent du bout de ruelle où Atalia avait arrêté son jeune comparse après s'être assurée qu'ils étaient seuls, entrant ainsi dans la zone du marché. Il ne leur fut par la suite pas bien compliqué de trouver des provisions et, étrangement, les prix étaient cette fois-ci relativement corrects. Cela n'empêcha pas la jeune femme de marchander certains prix qu'elle jugeait trop élevés - à croire qu'elle n'était pas l'esclave d'un marchand pour rien - ce qui, au final, fit en sorte qu'ils ne dépensèrent pas trop d'argent. Le surplus de monnaie pourrait toujours être utile, surtout s'ils devaient passer par des oasis pour aller jusqu'à la Bibliothèque Interdite.
Par la suite ils rentrèrent, sans rencontrer de danger particulier. Un gamin des rues avait bien essayé de "bousculer par inadvertence" l'esclave qui gardait la bourse du maître, mais la seule chose qu'il gagna fut violente une marque rouge sur la joue et la peur de se faire arrêter. Voilà pourquoi elle n'aimait pas les gosses : ils s'abandonnaient à des jeux idiots - le pire étant à son avis celui de l'orc et du hobbit -, n'étaient que des inconscients facilement manipulables et en plus volaient les bourses des adultes. Concernant les regards lubriques des hommes sur elle, elle n'hésitait pas à faire comprendre d'un petit geste discret que si elle était armée c'était certainement qu'elle savait se servir de son épée. Cependant elle n'en allait pas jusqu'à dévisager ces énergumènes où soutenir leurs regards, sachant pertinemment qu'un tel comportement risquait de provoquer des heurts indésirables vu la raison pour laquelle elle se trouvait ici.
Une fois retournés à l'auberge, Saïs en sûreté et Raz'Oûl accompagné, Atalia prévint qu'elle allait voir pour trouver des informations quant à l'itinéraire qu'ils devraient prendre pour aller là où ils le devaient. Après avoir fait en sorte de pouvoir arder de l'argent au cas où, la jeune esclave partit. Elle revint près de deux heures plus tard, une fois les étoiles brillant dans le ciel obscur. Le repas du chef d'expédition était déjà servi, aussi Atalia eut tout loisir de faire son compte-rendu. Pour cela elle s'assit en tailleur face à Raz'Oûl, dos droit mais regard baissé, puis attendit que le chasseur de primes lui ordonne de parler pour ouvrir la bouche.
"J'ai pu commencer à avoir des informations sur l'endroit où se trouve la bibliothèque, mais il faudra retourner en ville demain pour avoir certaines précisions. Il nous faudra voyager pendant près de trois jours vers l'est puis le sud, et s'arrêter à au moins l'un des deux oasis qui seront sur notre chemin.Elle prit une carte et montra du doigt le chemin qu'ils avaient encore à parcourir si tout se passait bien.Le clan se trouvant au premier point d'eau est relativement tranquille et est très porté sur le commerce. Le second sera nettement plus belliqueux.Son doigt s'arrêta sur une zone située en plein désert et traça un cercle invisible.Notre destination se trouve dans ces environs. Je préfère tout d'abord m'assurer de la véracité de ce que j'ai entendu avant de m'avancer plus avant sur notre itinéraire."
A Raz'Oûl de voir s'il voulait d'autres précisions ou non. Pour la suite, après un rapide repas la jeune femme passerait sa nuit à juste se reposer, prête à réagir au moindre problème.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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Mar 23 Mai 2017 - 0:46
Raz'Oûl regarda Jassem cracher au sol avec curiosité. Ces Khandéens et leur addiction à l’honneur et à la Loi des Clans…cela les rendait si facilement manipulables. Les traditions et coutumes de Khand prônaient la survie du plus fort plutôt que celle du plus rusé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce pays fut déchiré par une guerre civile sans fin et devint faible et isolé au Quatrième Age, du moins jusqu’à l’arrivée de Bekkhand Shomeri. Oui, Shomeri…le seul Khandéen que Raz’Oûl admirait réellement ; réussir à contrôler tous ces chefs de clan pendant tant d’années, grâce à un équilibre de force délicat, c’était de l’art. Peut-être qu’un jour Raz’Oûl allait tenter à son tour sa chance dans la politique, qui sait ?
Il fut arraché de ses pensées par les paroles de son compagnon borgne. Des Assabytes…il en avait entendu parler, bien qu’il n’ait pas eu l’occasion de visiter cette ville depuis la célèbre bataille. Des fidèles du gouverneur Khaldun, qui était rapidement devenu un des personnages les plus importants du royaume depuis la victoire contre les envahisseurs Gondoriens. Des mercenaires venus des quatre coins de la Terre du Milieu afin de constituer sa garde personnelle fanatiquement fidèle, renforçant ainsi sa position de pouvoir. Il semblerait que Jassem s’était malencontreusement emmêlé dans un duel contre un d’eux.
Raz’oûl se contenta de hocher de la tête lorsque le mercenaire lui proposa de l’accompagner jusqu’à l’auberge. La fatigue devenait de plus en plus difficile à supporter, et bien qu’il ne le laisse jamais paraître, il se sentait vulnérable dans ce nid de guêpes qu’était le joyau de Khand. Ses compagnons de route s’étaient montrés fidèles jusqu’à là, mais pouvait-il vraiment faire confiance à un tueur et à deux esclaves ?
Le chasseur de primes fut quelque peu rassuré lorsque Saïs et Atalia revinrent à la taverne. Il avait utilisé toute son énergie restante pour ne pas s’endormir devant Jassem, pour que la tentation ne devienne pas trop grande pour l’épéiste borgne…Lorsqu’il tendit la main vers Saïs afin de récupérer la bourse, il la pesa dans sa paume de manière experte, et sourit intérieurement ; soit la bague qu’il avait offerte à son jeune serviteur lui permettait de négocier des meilleurs prix que d’habitude au marché, soit la fille envoyée par Velnud'Kan avait plus d’un talent caché.
Après un long bain relaxant, Raz’Oûl finit par s’endormir sous l’œil attentif de Saïs, alors qu’Atalia s’en alla chercher des informations. Le lit confortable et l’air frais provenant de la cour interne verdoyante étaient un soulagement après l’agonie des dernières journées passées en selle, sous le soleil impitoyable. Lorsque l’esclave revint à l’auberge, son employeur la convoqua devant lui, tout en sirotant un thé fort afin de chasser la brume qui brouillait ses pensées après un sommeil interrompu trop brusquement. Il se racla la gorge, et répondit :
-Bien, tu t’es montrée utile. Comme tu dis, tu iras trouver des sources indépendantes demain pour confirmer ces informations…ce ne serait pas la première fois que des brigands emploient des hommes dans les grandes villes pour attirer les voyageurs tout droit dans un piège. Je veux être certain que ce premier oasis est effectivement un endroit où nous pouvons nous arrêter en toute sécurité. Quant à ce deuxième clan…savoir qu’il est belliqueux n’est pas une information qui nous aidera si nous nous retrouvons face à eux. Sont-ils des partisans de Bekkhand Shomeri ou ses adversaires ? Soutiennent-ils le gouverneur Khaldun ? S’agit-il de simples pillards ou bien sont-ils unis par une cause commune ? A quatre, nous ne pourrons pas vaincre un clan entier de guerriers des steppes, Atalia, il faut connaitre leurs forces et leurs faiblesses si nous voulons arriver vivants jusqu’à la Bibliothèque Interdite.
Il lui tendit quelques pièces, afin qu’elle puisse payer ses informateurs le lendemain, et lui donna la permission de s’éloigner d’un geste de la main. La jeune fille était non seulement agréable à regarder, mais elle savait se rendre utile, bien qu’il lui restait encore certaines choses à apprendre. Cependant, il la trouvait étrangement confiante et indépendante pour une esclave… Raz’Oûl se força à manger malgré les protestations de son estomac torturé. Il lui fallait impérativement regagner des forces s’il voulait survivre le reste de leur périple et arriver jusqu’à la Bibliothèque Interdite. Il laissa le reste de son repas aux esclaves ; ils l’avaient amplement mérité. Alors qu’il se remettait au repos, il vit Jassem se préparer à quitter l’établissement, armé comme à son habitude. Le chasseur de primes l’interpella :
-J’espère que je vous retrouverai vivant demain à l’aube. Et prenez garde, Jassem. Les Assabytes ne sont pas tous originaires de Khand, et ne suivent pas tous la Loi des Clans. Ne vous mettez pas dans une situation où votre survie dépend uniquement du sens d’honneur de votre adversaire.
* * *
La nuit était sombre et froide ; une fois qu’il s’était éloigné du centre de la ville où quelques marchands tentaient encore de vendre leurs biens et les filles de joie d’attirer leur clientèle, Jassem se retrouva seul sur le chemin vers la muraille Est. Les jardins étaient un bel endroit en journée, mais peu rassurant en pleine nuit ; les lanternes étaient éparses, et créaient plus d’ombres que de lumière. Le barbu imposant armé de sa grande hache l’y attendait, adossé contre le mur. Lorsqu’il aperçut Jassem, il dévoila ses dents dans un sourire carnassier, et dit à voix haute :
-Je vous avais dit qu’il viendrait. Cet homme est peut-être borgne et insolent, mais il n’a pas l’air d’un lâche !
Les paroles de l’homme étaient clairement adressées à ses compagnons Assabytes dissimulés dans le noir, invisibles. Cependant Jassem n’eut pas le temps d’essayer de percer les ténèbres du regard afin de compter les partisans du gouverneur Khaldun, car le reflet d’une lanterne dans la lame de la grande hache de son adversaire lui indiqua que ce dernier passait à l’attaque…
* * *
Saïs fut réveillé par les bruits provenant de la grande salle de la Rose des Sables. Les affaires commençaient tôt dans la taverne. Son maître dormait encore, mais il serait probablement judicieux de lui préparer un déjeuner avant son réveil. Lorsqu’il descendit dans la salle principale, il put apercevoir un homme en train de manger un gigot d’agneau à une des tables. Le visage déformé par des cicatrices d’une maladie de la peau mal soignée, le bandeau pourpre autour de sa tête, le sabre courbé…Ces traits étaient trop caractéristiques pour les confondre avec ceux d’un autre. Cet homme était un esclavagiste, et avait fait partie de la bande de Khandéens qui avait ravagé le village de Saïs cinq ans plus tôt. En réalité, la présence d’un esclavagiste Khandéen dans une des principales villes du royaume n’avait rien de bien exceptionnel, mais le jeune garçon ne s’attendait clairement pas à le voir ici…l’homme ne l’avait d’ailleurs pas remarqué pour l’instant, trop préoccupé par son repas. Même s’il le voyait, il ne reconnaitrait probablement pas le garçon vendu à l’âge de huit ans ; une goutte dans la marée de marchandise humaine.
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Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
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Dans les tavernes des grandes villes de ce monde, le bruit ne semblait jamais s’arrêter. Au moment où les derniers habitués du soir sortaient, les premiers habitués faisaient leur entrée. Cela crée une sorte de brouhaha permanent qui n’aidait pas Saïs qui avait le sommeil léger mais l’aube n’allait pas tarder à se lever alors il était plus que temps pour lui de commencer sa journée. Il avait ses quelques taches habituelles à faire avant d’aller chercher le déjeuner pour son maitre. Celui-ci paraissait encore si faible, si fragile qu’il lui fallait probablement un bon repas…
Traversant les couloirs de l’auberge, le garçon arriva jusqu’à la grande salle où il vit un homme de profil qui lui semblait bien trop familier. Lui… ici… Lorsqu’il sembla tourner la tête, Saïs reconnut un homme qu’il n’oublierait probablement jamais. Il était aussi grand que lui était petit, aussi fort qu’il était faible, aussi insensible qu’il était émotif. De cette vision d’effroi ressortait un corps dévasté par la maladie, les combats et les vents du désert. Alors que les larmes commençaient à lui monter aux yeux et son ventre se nouait, Saïs dut se retenir de s’effondrer en larmes. Tous ses plus douloureux souvenirs l’envahissaient : l’odeur du pain au thym qui se levait dans le four ce jour-là, les cavaliers rouges et bleus qui surgissent de nulle part, les premiers cris de ceux qui tentaient de fuir ou de résister désespérément, la confusion de ceux qui courraient partout espérant trouver une cachette ou n’importe quoi qui leur permettraient d’échapper à l’inévitable, l’effroi du gibier se sentant attrapé, le choc de voir ceux qu’on aimait gire au sol.
Ne parvenant pas à avancer, le jeune esclave fit deux pas en arrière et manqua de bousculer quelqu’un avant de fuir. La veille, il avait repéré une petite alcôve qui servait de débarras au personnel de l’auberge. Il n’y avait personne ici alors il ferma la porte et, ne parvenant pas plus à se retenir, s’effondra en larmes. Tout se bousculait dans sa tête et il ne parvenait plus à faire le tri entre tout. Ce qu’il tentait d’enfouir au plus profond de son âme ressortait sans qu’il ne parvienne à le contrôler. En fait il lui fallut un peu de temps pour se calmer et tâcher de retrouver une contenance à peu près normale. Il lui fallait ramener un repas pour son maître et il avait bien assez de problèmes comme ça pour ne pas s’en rajouter. Prenant son courage à deux mains, il s’engagea à nouveau dans le couloir mais lorsqu’il revint dans l’embrasure de la porte qui donnait sur la grande salle, son corps tremblait déjà.
Se faisant une violence incommensurable, il tâcha de traverser la pièce en jetant régulièrement un coup d’œil à l’esclavagiste attablé. Son pas était rapide, Saïs voulait à tout prix fuir cette grande salle et espérer retrouver un semblant de sécurité. Dans la cuisine, il regarda à peine un des aides de cuisinier qui prépara rapidement le plateau pour son maître mais il aurait préféré que cela prenne du temps, le plus de temps possible. Lorsqu’il dût repartir de la cuisine, Saïs se retrouva à nouveau dans la grande salle. Jetant constamment un œil à l’esclavagiste de crainte de le voir se retourner, Saïs entama sa traversée de la grande salle. Alors qu’il marchait, il y eut un instant où les regards du jeune esclave et du mercenaire se croisèrent. Ce dernier s’était retourné, probablement pour alpaguer une esclave qui faisait le service, et leurs yeux se fixèrent l’espace d’un instant, un instant qui semblait durer une insupportable éternité pour le garçon. Détournant les yeux, le garçon continua sur ses pas en espérant qu’on ne l’avait pas remarqué…
La lame de vicieuse avait été nettoyée et inspectée à multiples reprises, traquant les grains de sable, grattant les dernières traces de sang coagulé, le fourreau graissé pour assurer un dégainage rapide. Tu respectais ainsi un vieux rituel accompli avant chaque combat, initié dans la poussière des arènes khandéennes, lorsque tu attendais l’annonce de ton nom dans les combats et que les cris des spectateurs résonnaient jusque dans les sous sols ou tous les gladiateurs étaient parqués. Ce rituel, tu l’observais toujours plusieurs années après t’être extirpé de ce cloaque.
La remarque de Raz’Ôul au moment ou tu prenais congé t’arracha un sourire lorsqu’il évoqua l’honneur. Le fait de te conformer à certaines pratiques et usages du Khand ne te laissait pas pour autant te reposer sur une notion vague et étriquée. De l’honneur en combat, tu en faisais toi-même rarement preuve. Il eut été grotesque d’en espérer autrement de ton adversaire.
C’est la raison pour laquelle tu ne te dirigeas pas immédiatement vers les jardins, mais vers les remparts les plus proches au Sud. Là au pied des murs, tu trouvas ce que tu cherchais : des plaques de sel cristallisées, amenées par le vent, se déposant sur les murailles progressivement. Pendant une bonne demi-heure, tu procédas à une étrange récolte, pilant le plus finement possible le fruit de ton labeur. Enfin tu fis glisser le tout dans une bourse accroché sous ton brassard gauche.
L’homme t’attendait au lieu de rendez-vous et tout portait à croire que sa bande était dissimulée tout autour, ce qui était une éventualité quasi certaine pour toi mais tu n’avais pas trouvé de solution à ce problème. Et sur place, tu n’as pas le temps d’y réfléchir te faisant déjà charger par ton adversaire.
L’homme est massif, et son arme à son image. Tu l’imaginais puissant mais lent. Bondissant en arrière pour éviter son premier assaut, tu dégaines avec facilité ta lame crénelée, produisant ce petit chuintement qui toujours te revigore et perturbe les plus impressionnables. Ce qui n’est manifestement pas le cas de ta brute. Les premiers coups te donnent raison sur ton analyse. Les coups sont lents mais puissant et précis, l’homme connaissant visiblement bien son arme et son maniement, et plusieurs fois son allonge supérieure t’oblige à reculer, te rendant malaisée toute tentative de riposte.
Vous tournez dans les jardins, ton agresseur imprimant progressivement la cadence. Plusieurs fois tu vois apparaître entre ombre et lumière la silhouette d’un témoin anonyme, probablement un de ses sbires. L’homme semble prendre confiance, poussant quelques hurlements virils. Et tu dois avouer que tu ne dois guère faire d’efforts pour sembler en difficulté, ta difficulté de manœuvre étant rendue encore plus malaisée par la configuration du terrain et du sol que tu ne connais pas. Plusieurs fois tu trébuches sur une racine, un débris de poterie ou un quelconque obstacle au sol et ton adversaire en profite toujours tentant des assaut violents, te faisant penser que ses acolytes ne sont peut-être pas là uniquement pour le spectacle et ces obstacles à leur place par hasard, mais peut être placés là selon ta direction. Une nouvelle fois tu trébuches, manquant perdre l’équilibre. Tu tentes alors de parer un nouveau coup, ne pouvant l’esquiver, mais ta perte d’ équilibre rend fragile ta prise et lorsque tu pares le coup de ta lame, celle ci t’échappe et s’en va voler plusieurs mètres plus loin dans un sifflement te paraissant cette fois ci assez humiliant. Le barbu te toise, souriant narquoisement. Sourire qui a vite fait de disparaître lorsque saisissant une dague, tu la projettes vers lui. Ton handicap ne t’a jamais rendu expert dans le maniement de l’arc ou des armes de jet, mais l’action a le mérite de perturber ton adversaire qui échoue à parer le coup à l’aide de sa hache et se voit infligé dune belle estafilade à l’épaule. Entre temps, tu as eu le temps de plonger sur le côté et de récupérer ta lame.
L’Assabyte est maintenant furieux. Il vient de se faire voler l’honneur du premier sang et a perdu l’avantage éphémère de sa fourberie. Néanmoins, la plaie à son épaule est bien trop superficielle pour le gêner réellement et il garde l’avantage physique pour le moment. Il se rapproche de toi, en tournant légèrement, semblant chercher une certaine orientation. Mais tu as maintenant compris la manœuvre, l’homme tente de diriger vers un de ses compagnons ou un obstacle préalablement placé t’attendra. A ton tour tu tournes autour de lui, essayant de ne pas le laisser imposer son rythme au combat.
Un bruit derrière toi. Un homme porteur d’une lance vient d’apparaître dans ton dos, la hampe de son arme dirigée vers tes jambes, cherchant à te faire perdre l’équilibre une fois de plus. Cette fois ci une lampe éclaire nettement l’air ahuri de l’homme pris sur le fait. Au Khand, toute intromission dans un duel est puni de mort. La surprise provisoire de l’homme se transforme en un rictus douloureux lorsque tu lui tranches d’un geste la gorge. Il s’effondre en gargouillant affreusement, crachant du sang par la bouche et l’ouverture béante. Tu reportes ton attention sur ton adversaire. Dorénavant, c’est toi qui sourit. L’action a été trop rapide pour qu’il ait le temps d’en profiter et le dénouement semble quelque peu le perturber. Tu profites de ce répit pour tenter de reprendre l’avantage et ta lame ensanglantée tente de passer outre sa défense. Mais l’homme se reprend rapidement et ‘obliges une fois de plus à reculer.
Ce combat commence à trop s’allonger, sans qu’aucune issue ne paraisse certaine. Il est peut être temps d’abréger la chose et d’utiliser quelque artifice. Tu te fends d’une attaque d’estoc, l’obligeant à reculer précipitamment. Puis tendant le bras gauche, vers son visage tu actionnes d’un mouvement de doigt l’ouverture de la bourse dissimulée. Un fin nuage transparent envahit l’air entourant le visage de ton adversaire. Le sel a deux avantages sur le sable : plus léger et plus fin, il est moins visible pour d’éventuels spectateurs, et une fois dans les yeux, il est nettement plus irritant.
Le colosse hurle. De loin, on pourrait croire que ton attaque d’estoc l’a touché durement, alors qu’il est simplement aveuglé et hurle de douleur, les yeux injectés de sang. Ses défenses abaissées, il est temps d’en profiter. Ta lame le frappe sous la clavicule droite, déchirant l’artère et perforant le poumon.
Il s’effondre hurlant toujours. Puis titube sur le côté et s’effondre au sol, se vidant rapidement de son sang, la respiration coupée. Dans l’obscurité, on pourrait jurer avoir assisté à un duel en règle.
Tu essuies rapidement ta lame sur le corps encore vivant de ton adversaire et ramasse précipitamment son arme. Tout combattant vainqueur au Khand arbore l’arme du vaincu à la suite d’un combat. Mais tu n’as guère le temps ni l’envie de parader. De l’assemblée silencieuse qui certainement t’entoure encore, tu ne veux connaître la réaction lorsque leur surprise aura disparu.
Tu bats rapidement en retraite, tentant de t’effacer dans les ombres, ton arme toujours en main, l’imposante hache dans l’autre.
Dernière édition par Théomer le Jeu 20 Sep 2018 - 22:13, édité 2 fois
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Dim 9 Juil 2017 - 1:43
Il y eut deux morts lors de ce duel, et Jassem n’en faisait pas partie. La chance légendaire de Raz’oûl avait-elle laissé sa trace sur lui, ou bien était-ce son passé de gladiateur qui lui avait permis de remporter une pareille victoire face à un public si peu amical ? Dans tous les cas, il devait à présent s’en aller d’ici le plus rapidement possible. Pour l’instant, les compagnons du défunt semblaient trop choqués par le dénouement inattendu pour agir, mais lorsqu’ils se rapprocheraient du corps et découvriraient les traces de sel dans ses yeux grands ouverts et injectés de sang…la soif de vengeance se réveillerait bien vite en eux.
Jassem s’était enfoncé dans une des ruelles à présent désertes menant au quartier commerçant de la ville lorsqu’il entendit les cris de colère des Assabytes derrière lui. Il était temps d’accélérer le pas…
***
Les regards de Saïs et du mercenaire se croisèrent un instant, mais s’il n’avait pas été aveuglé par la peur, le garçon aurait pu s’apercevoir que son ancien tortionnaire n’était pas sur ses gardes, les pupilles diluées par l’alcool ou la drogue. Un sourire désagréable apparut sur les lèvres de l’esclavagiste lorsque son regard se tourna vers l’impressionnante poitrine d’une des serveuses, ce qui permit à Saïs de disparaitre dans le couloir menant à la chambre de son maître.
Lorsqu’il arriva dans la chambre, il put découvrir que Raz’Oûl avait subi une véritable métamorphose. Ses joues avaient repris un peu de leur teint hâlé naturel, ses yeux brillaient, et ses mouvements étaient redevenus félins. Il prit le plateau des mains encore tremblantes du jeune garçon, et lui dit, en dévoilant ses dents :
-Qu’est ce qui t’arrive, Saïs, tu es plus pâle que moi !
Connaissant la timidité de son esclave, et sans s’attendre réellement à une réponse, il commença à manger avec appétit. Certes, il était encore très affaibli, et ne tiendrait pas longtemps face à un adversaire talentueux, mais il sentait peu à peu ses forces revenir, suivies de près par sa confiance et son énergie innée habituelles. Une fois de plus, il avait survécu aux tentatives d’assassinat, une fois de plus la dame fortune lui souriait, et il s’approchait peu à peu de la mystérieuse Bibliothèque Interdite. Il était prêt à repartir à l’aventure.
Après s’être habillé à l’aide de son esclave, le chasseur de primes sortit dans le couloir, où il croisa nul autre que Jassem. Il fronça les sourcils en voyant la hache imposante que le Khandéen portait en trophée, et lui sourit légèrement en guise de félicitations. D’une manière ou d’une autre, l’ancien gladiateur avait survécu à son duel nocturne. Sans éprouver un attachement particulier pour son compagnon de voyage, Raz’Oûl admirait néanmoins son efficacité au combat, et était quelque peu rassuré par la perspective de l’avoir à ses côtés lors de la traversée périlleuse des terres occupées par un clan Khandéen belliqueux.
-Je vous conseille de prendre un petit déjeuner copieux, Jassem. Nous partons bientôt, et dans les jours à venir il nous faudra à nouveau se contenter des rations de voyage limitées.
Il se tourna alors vers Saïs et lui dit :
-Va me chercher Atalia, petit. Puisqu’elle veut nous servir de guide, il va falloir qu’elle finisse de me faire son rapport de la veille.
Lorsque la jeune esclave apparut devant lui, il se surprit une fois de plus à étudier sa silhouette du regard. L’esclave était appétissante en plus d’être bien plus intelligente et dangereuse que la moyenne, et maintenant qu’il regagnait ses forces il commençait à se demander comment Velnud'Kan réagirait s’il venait à utiliser plus que ses talents d’érudite et de combattante. Certains maîtres étaient plus jaloux avec leurs esclaves féminines que leurs femmes, alors que d’autres ne voyaient aucun inconvénient à les partager. Il chassa ces pensées pour l’instant, et s’adressa à Atalia :
-Alors ? As-tu confirmé tes informations auprès d’autres sources ? Ou peut-être que tu as appris quelque chose d’intéressant sur ce clan dont les territoires il nous faudra franchir lors de la dernière étape de notre voyage ?
Peu importe la qualité des informations obtenues par Atalia, il était temps pour les quatre voyageurs de quitter Assabia en direction de la Bibliothèque Interdite. Après avoir demandé aux esclaves de préparer leurs affaires, Raz’Oûl se dirigea vers la salle principale, qui commençait doucement à se remplir. Il put sentir beaucoup de regards se poser sur lui, un homme affaibli accompagné de deux esclaves et d’un mercenaire dont la loyauté demeurait incertaine. Au Khand tout comme au Harad, chaque signe de faiblesse attirait très vite les charognards, et un grand nombre d’hommes avaient bâti leur fortune sur les os de ceux qui étaient incapables de se défendre.
Raz’Oûl se dirigeait vers la porte lorsqu’il trébucha légèrement sur le pied d’un homme installé à une des tables, ce qui attira quelques rires et regards attentifs. L’homme au bandeau pourpre qui était à l’origine de l’incident posa sa main sur le manche de son sabre courbé, et hissa :
-Attention où tu marches, Haradrim. Excuse-toi si tu veux remarcher un jour.
Raz’Oûl aurait pu ignorer l’esclavagiste ou se contenter de lui répondre, mais l’homme avait clairement mal choisi sa victime. Même les combattants aguerris eurent tout juste le temps de voir la lame qui apparut soudainement dans la main du chasseur de primes, et qui laissa un fin trait rouge sur la gorge de l’homme au bandeau pourpre. Le malheureux gargouilla avec surprise, ses doigts tentant en vain de se resserrer sur le manche de son arme, avant que Raz’Oûl ne pousse sa chaise en arrière avec un coup de pied bien placé, et qu’il ne s’écroule par terre, sans vie.
Les meurtres étaient bien sûr très mal vus par le propriétaire d’un établissement respectable tel que la Rose des Sables, cependant la mort d’un esclavagiste ivre aux mains d’un riche et puissant client Haradrim était bien moins problématique que si la situation avait été inverse. Quelques pièces d’or supplémentaires suffiraient pour faire taire la garde d’Assabia, payer les services d’un fossoyeur, et s’excuser auprès du tavernier pour la gêne occasionnée.
Lorsqu’ils sortirent de l’auberge, Raz’Oûl plissa les yeux face au soleil matinal. Il sourit intérieurement. L’incident avait ressemblé à une réaction démesurée face à la provocation d’un esclavagiste, mais la réalité était bien différente. Le chasseur des primes n’avait pas trébuché par accident ; il avait repéré l’homme au bandeau rouge tout de suite en rentrant dans la salle. Ce dernier portait les signes discrets d’une maladie sexuellement transmissible qui rendait sans doute ses mouvements plus difficiles et douloureux, le rendant moins efficace lors d’une confrontation éventuelle, et la consommation excessive d’alcool avait sans doute un effet sur ses réflexes. Un adversaire dont Raz’Oûl était capable de se débarrasser sans aucune difficulté même en étant affaibli, et qui servit d’exemple parfait pour faire passer le message suivant à tout observateur éventuel : le chasseur des primes n’était pas prêt à servir de charogne. Raz’Oûl n’avait aucune idée du fait qu’il venait d’abattre un des anciens tortionnaires de son jeune esclave.
Après avoir regagné leurs montures, Raz’Oûl fit signe à Atalia d’indiquer le chemin. Jassem les suivait de près ; le moment était peut-être opportun pour dévoiler à ses compagnons qu’il s’était lui aussi fait des ennemis à Assabia, et que prendre la route principale pour sortir de la ville pourrait être une mauvaise idée…
Nombreuses étaient les questions et peu étaient les réponses sûres qu'elle pouvait apporter à cet instant précis. Mais comme le lui demandait Raz'Oûl, elle retournerait au petit matin s'assurer de ce qu'elle avait pu entendre et à qui allait "l'allégeance" de la fameuse tribu belliqueuse. Elle prit précautionneusement les pièces que lui tendit le chef d'expédition et s'inclina humblement avant de se relever une fois qu'il lui fit signe de partir. Elle attendrait pour manger et se reposer, puis elle irait. Cela lui prendrait pas mal de temps.
Finalement, après une bonne partie de la nuit à se reposer sans vraiment dormir, Atalia finit par se préparer silencieusement, bien avant que le soleil ne se lève. Elle n'avait pas prévu de partir aussi tôt, tout bien réfléchi elle préférait rentrer tôt que de râter des interlocuteurs intéressants. Et n'était-ce pas au coeur de la nuit que certaines informations circulaient librement ? Elle noua ses longs cheuveux noirs avant de remettre le haut de son vêtement, laissant seulement entrevoir le tatouage d'esclave qu'elle portait sur son bras. Elle le regarda un instant, pensive, puis finit de prendre ses affaires avant de réveiller le pauvre Saïs qui dormait contre la porte. Il fallait qu'elle puisse l'ouvrir... Après lui avoir expliqué qu'elle partait plus tôt pour être sûre d'avoir les informations nécessaires au voyage à l'aube, elle partit tout en refermant avec le moins de bruit possible la porte. Elle entendit à travers le bois le petit esclave se rendormir contre la porte. Peu rassurée par le fait que Jassem n'était pas revenu, se tourna vers le couloir et marcha, silencieusement, afin de gagner l'extérieur.
Lorsque Saïs retrouva Atalia dans les rues de la cité qui commençaient à voir son lot de monde, il se trouvait dans une rue au bord du marché. La femme esclave discutait avec un homme qui lui semblait être libre. Pour être plus précis, elle marchandait, certainement des informations. Saïs était pour le moment trop loin pour entendre clairement ce qu'il se disait. Ce qu'il put bien voir, par contre, fut la réaction de l'homme qui, souriant, empoigna la mâchoire d'Atalia et commença à la détailler sous tous les angles, comme un simple objet pourtant agréable à regarder et à toucher. La main baladeuse s'arrêta lorsqu'elle lui murmura quelque chose, ce qui amena l'homme à regarder un peu plus attentivement le tatouage qu'elle avait au bras. Il sourit, recommença et là elle murmura à nouveau. Cette fois-ci son sourire s'éteint et il s'écarta d'elle. Elle lui tendit une bourse, il cracha à ses pieds puis partit après avoir pris l'argent. Il bouscula Saïs au passage sans même faire attention, aussi l'enfant put sans problème apercevoir une forme de colère dans son regard, mais également du mépris et en quelque sorte un peu de... crainte ?
Atalia tremblait. Elle essayait de le cacher à la vue de tous, mais elle n'avait jamais réussi à faire totalement face à ce genre de situation. Se donner corps et âme à son maître était une chose, se faire violer en pleine rue par un gars libre qui la trouve attirante alors qu'il valait mieux pour lui qu'il prenne de l'argent... non, elle l'avait déjà vécu, elle ne s'y ferait jamais. Elle sentit une larme naître à son oeil gauche, aussi l'effaça-t-elle rapidement du dos de sa main. Une grande inspiration et... Saïs ? Et merde... Fallait-il qu'il soit venu la chercher à ce moment-là... Elle expira profondément, se décolla du mur et rattrapa l'esclave privilégié de Raz'Oûl. Sans même le regarder, peut-être par honte ou par dignité, elle lui assena :
"Vaut mieux pour toi que tu ne dises rien aux autres, même à ton maître."
C'était l'une de ses faiblesses et Atalia aurait préféré qu'il ne le sache pas, d'où sa réaction quelque peu agressive. Puis elle continua à marcher, rapidement, retournant ainsi tête baissée à l'auberge. Au moins, une fois rentrée, elle avait repris entière maîtrise de son corps et de sa tête. Son sérieux et son manque d'émotions étaient revenus sur son fin visage et c'est donc l'Atalia habituelle qui se présenta à Raz'Oûl. Comme à son habitude elle s'inclina respectueusement devant le chef d'expédition et attendit sagement qu'il l'invite à parler.
"Alors ? As-tu confirmé tes informations auprès d’autres sources ? Ou peut-être que tu as appris quelque chose d’intéressant sur ce clan dont les territoires il nous faudra franchir lors de la dernière étape de notre voyage ? - J'ai pu confirmer mes informations, notamment concernant la bibliothèque dont j'ai pu avoir quelques précisions sur le chemin à prendre. Pour le second clan, il s'agit des Velnasyin, dont le chef se nomme Nasryn. Il assure son autorité sur sa propre tribu et deux autres par la force et n'hésite pas à le montrer sur les siens comme sur les étrangers. Sa volonté et celle des autres est de fonder un clan puissant qui régirait à lui seul toute une partie du désert. Sinon il est partisan de Bekkhand Shomeri mais ne reconnait pas le gouverneur."
Elle prit un objet dans une poche et le tendit à Raz'Oûl, sans le regarder. Cet objet ressemblait à une amulette représentant une tortue, mais où sur le ventre de l'animal étaient gravés un marteau et un sabre.
"J'ai pu obtenir un laisser-passer qui nous évitera une partie des ennuis avec eux, mais pas tous. La présence d'esclaves risque d'être un sujet de... discussion."
En somme, il y avait de forts risques qu'ils essaient de marchander leur passage sur leurs terres contre au moins l'un des deux esclaves - et elle imaginait qu'ils demanderaient à ce que ce soit elle qui vienne servir de mère féconde, d'autant plus qu'elle savait se battre... ce qui ne l'enchantait absolument pas et qui, elle en était sûre, n'enchanterait aucunement son maître. Mais là, il ne revenait plus qu'aux deux hommes libres de décider de ce qui serait fait.
Une fois sortis de l'auberge après un petit-déjeûner et un meurtre dissuasif, les compères montèrent à cheval - si Raz'Oûl décidait que les esclaves faisaient de même - et Atalia, n'ayant pas eu vent que Jassem avait gagné son duel sans grand honneur, mena la compagnie sur la route principale menant à l'est de la cité.
Théomer Cavalier du Rohan
Nombre de messages : 74 Localisation : Rohan Rôle : Bâtard et Cavalier du Rohan
Rien de tel qu'un petit meurtre de sang roid et de bon matin pour se rassurer sur l'amélioration physique de son employeur. Et à vrai dire, que Raz'Oûl ait géré lui-même la situation, et se soit aussi employé à la couvrir, te rassure quelque peu, car bien qu'ayant instinctivement mis la main à la hanche, intérieurement, tu songeais avoir peut-être déjà atteint ton niveau d'emmerdes suffisantes en Assabia. En dévorant ton déjeuner, appliquant consciencieusement les conseils de Raz'Oûl, tu avais songé à comment te tirer du guêpier dans lequel le duel de la nuit t'avait fourré. Il y avait fort à parier que les Assabytes n'en resteraient pas là. Et si la nuit avait freiné leurs éventuelles recherches ou renseignements, la matinée et les témoignages aidant, votre point de chute leur avait rapidement été révélé. Une chance que vous ne vous y attardiez pas. Reste la possibilité qu'ils surveillent les portes.
- Je recommanderai une sortie en douce. Il n'est pas exclu que certains me recherchent encore après cette nuit, ni qu'ils surveillent les portes principales. Les Assabytes sont si.. susceptibles. Je connais une petite porte cochère plus au nord près du palais. Trop petite pour les caravanes, on peut espérer qu'ils ne la surveillent pas.
Si Raz'Oûl n'exprime pas de désaccord, le plissement de son visage marque assez clairement son manque de satisfaction. Que son expédition puisse souffrir d'autres désagréments alors même que le voyage ne fait que commencer ait assez vexant et tu peux le comprendre. Et tu ne tires aucune satisfaction à en être à l'origine.
A défaut d'une autre proposition, votre petit groupe se met en marche. Il est encore tôt, et pourtant Assabya est déjà pleine de vie. Défilés d'escalves enchainés, serviteurs partant faire les commissions du matin, caravanes profitant de la fraicheur relative pour se mettre en marche, marchands en train d'installer leurs étals.
Tu as rabattu ta capuche devant ton visage et marche devant le groupe, à bonne distance, tenant ton cheval par la bride. On repère moins facilement un homme au sol qu'à dos de cheval. De même un homme seul qu'un groupe de plusieurs individus. Attaché à ta selle, emmitouflée dans une couverture rapiécée, l'arme de ton adversaire. Tu as préféré la garder, au besoin.
Aucun accident n'est à rapporter jusqu'à la porte. La circulation y est peu importante, celle ci étant trop fine pour laisser passez une charrette et à peine assez haute pour un homme à cheval, à condition de se baisser. Tu avais entendu certain dire qu'il s'agissait d'une issue pour sortir discrètement harceler un assiégeant, d'autres plus pragmatiques disaient simplement que c'était là l'issue de secours du gouverneur "au besoin". La présence de deux gardes, assis mollement contre un mur et censés sans doute gérer et contrôler les passages ne t'inquiète pas outre mesure. Il ne semble pas que vous ayez affaire là à la fine fleur locale. En revanche, tu est beaucoup plus contrarié par la présence d'un jeune homme adossé à côté de la porte, qui semble chercher quelque chose, et dont les bras nus ne cachent rien de son tatouage. Tu fais un signe au reste du groupe qui te suit à distance. - Attendez.
Un homme seul ne serait pas grand chose, mais la présence non loin des deux gardes complique tout. Si les Assabytes sont bien comme on le chuchote, affiliés au gouverneur, vous êtes face à un tout autre problème, si celui là donne l'alerte et rallie les deux autres. - Je vais tenter attirer ce gars plus loin en douceur. Vous en profiterez pour passer, ne m'attendez pas si je ne suis pas là, je vous rejoindre plus loin.
Déjà tu files, avec l'arme empaquetée sous le bras. Espérant qu'elle joue bien le rôle de diversion que tu avais imaginée au cas où. L'étape première, repérer une brocante non loin, est simple, dans une ville comme Assabia. L'établissement ne paie pas de mine, mais tu n'es pas vraiment là ni pour acheter ni pour vendre. Pas vraiment. Et est situé idéalement proche de la porte pour ton petit plan. Etape deux : proposer de vendre une arme au maitre des lieux, à l'allure de crapaud engraissé. Etape trois : révéler son origine et guetter une réaction.
L'heureux propriétaire du troquet -trop de bajoue pour être honnête- ne s'y trompe pas et réagit comme espéré : en blanchissant avant de retrouver une certaine contenance, te proposer de t'asseoir et te demander d'attendre, le temps d'aller chercher quelque chose. Quelque chose qui tu l'espères sera quelqu'un.
Lorsqu'il s'éclipse de la boutique, te laissant seul, tu en profites pour filer par la porte de derrière. Heureusement, le ventripotent bonhomme se dirige bien vers la porte. Vraiment, ces Assabytes sont peut être mieux organisés qu'on ne le prétend. Le manque d'athlétisme du bonhomme te permet en fait d'avoir largement le tempsde rejoindre le reste du groupe avant que tu ne vois ton marchand aller interpeler l'individu faisant le guet. Celui-ci semble hésiter un moment en regardant les gardes, puis emboite le pas à son sollicitaire. Le bonhomme est téméraire. Ou alors les relations avec la garde moins chaleureuses qu'escomptées?
La voix est libre. En apparence au moins. -Allons-y, maintenant. N'ayez pas l'air pressé mais...
Dernière édition par Théomer le Jeu 20 Déc 2018 - 18:56, édité 1 fois