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 L’eau qui ne court pas fait un marais

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Taorin
Emir du Harondor Libre
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Taorin

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L’eau qui ne court pas fait un marais EmptyVen 9 Avr 2021 - 19:53
Le soleil était haut dans le ciel et la chaleur de cet après-midi étouffante. Les gardes suaient à grosses gouttes sous leurs armures, pestant contre ce nouveau lieutenant des douanes venu ordonner des inspections rigoureuses de tous les chariots de marchands entrant en ville. Sous leurs cottes de maille, leurs tuniques étaient détrempées et frottaient contre leur peau irritée. Face à la porte orientale de la ville, une file d’une dizaine de chariots chargés de marchandises attendait de pouvoir pénétrer dans la ville. Les marchands faisaient des aller-retours entre la porte et leurs biens, essayant de négocier un passage rapide, un examen moins approfondi auprès du jeune officier en charge de la porte. Certains pestaient contre tant de zèle, toujours discrètement pour ne pas être taxés de fauteurs de troubles, d’autres imploraient le jeune lieutenant et ses hommes de les laisser passer devant les autres, prétextant devoir livrer des produits frais qui souffraient sous la chaleur de cet été précoce. Lorsqu’un chariot passait enfin les portes, l’octroi dûment payé, les marchandises rigoureusement notées dans le carnet du chef des gardes, la file se mettait en branle, les chariots tirés tantôt par des bœufs, tantôt par des ânes, tantôt par de gros chevaux de trait. Les quelques mètres gagnés faisaient office de victoire. Et les plus chanceux qui étaient proches des murs de la ville pouvaient s’abriter des rayons ardents du soleil et se cacher à l’ombre des remparts.

L’après-midi passa lentement. Aernulf, vieux garde affecté à cette porte depuis de nombreuses années déjà, jetait des regards désolés aux marchands qu’il connaissait bien et entreprenait de défaire soigneusement leurs affaires pour tout inventorier, le jeune lieutenant se tenant juste derrière lui. Sa barbe lui tenait chaud, et, de temps en temps, des gouttes de sueur en tombaient. Mais, sans pouvoir se soustraire à l’autorité de son officier, il accomplissait sa besogne aussi rigoureusement que nécessaire. Il savait qu’il aurait beaucoup de verres à offrir à ses amis qui, d’habitude, le trouvaient jovial, assis à l’ombre de la porte, la hallebarde adossée au mur à côté de lui.

Le soleil finit par atteindre l’horizon, et les derniers chariots arrivés dans l’après-midi attendaient leur tour pour pénétrer dans la ville. Certaines rumeurs parmi les marchands leur faisaient craindre que les portes de la ville ne se ferment à leur nez, aussi essayaient-ils tant bien que mal d’accélérer la manœuvre. Certains, un peu plus imbus de leur personne, et se croyant sans doute plus influents qu’ils ne l’étaient réellement, tentaient d’apprendre le nom de ce jeune lieutenant outrecuidant qui avait l’audace de faire respecter les règles à la lettre et refusait de se laisser corrompre. Mais ils se heurtaient à l’intelligence retorse de ce jeune officier qui était bien conscient de ce qu’il faisait. Et qui ne craignait aucunement l’aigreur de ces marchands.

Le dernier chariot arriva au niveau des portes pour l’inspection. La nuit était tombée, les torches avaient été allumées. Le propriétaire du char à bœuf visiblement en très mauvais état était un paysan des environs, à en juger par son allure. Couvert de poussière, les vêtements sales et rafistolés, il présentait l’allure typique du fermier venu vendre sa récolte à la ville et en profitant pour écouler une grande partie de ses gains dans les tripots et débits de boisson de la grande ville. Son bœuf, fatigué et famélique, soufflait bruyamment. Aernulf retira la bâche qui cachait la cargaison, et put admirer des tas de carottes, de choux et d’artichauts. Il évalua rapidement les quantités, et les transmit à son chef, qui les nota dans son carnet et calcula la valeur de l’octroi. Le paysan protesta, comme toutes les personnes qui avaient passé ces portes avant lui dans la journée, mais s’acquitta de la somme lorsque le lieutenant le menaça de lui interdire l’accès à la ville. Et, soupirant, il tapa l’arrière-train de son bœuf pour le mettre en mouvement. Le chariot grinça sous le poids de la cargaison, le bœuf soufflait de plus en plus fort. Les roues commencèrent à tourner, grinçantes aussi, et, soudain, l’essieu se brisa ! Le chariot s’affaissa au milieu du passage, le bœuf fut renversé et couché sur le flanc.

Et, juste après, les cris commencèrent.

La charrette s’était renversée sur la jambe droite du fermier, la lui broyant en un amas d’os et de chairs. Des carottes s’étaient renversées dans la poussière tout autour de lui, qui gémissait pendant que les gardes, horrifiés, se précipitaient pour l’aider. Il fallait faire vite : l’homme risquait de se vider de son sang, et il leur fallait aussi fermer les portes de la ville pour la nuit, chose impossible avec ce chariot et ce bœuf en plein milieu !
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Sirka Zanjîr
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Sirka Zanjîr

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L’eau qui ne court pas fait un marais EmptySam 10 Avr 2021 - 22:49
L'office du prêteur était une antichambre austère perchée au-dessus des douves, à l'étage d'une bâtisse ancienne aux épais murs de pierre. La seule ouverture de la pièce consistait en une large fenêtre bardée de fer qui, si elle n'avait pas été si haute à crever le plafond, aurait pu offrir le loisir d'une vue imprenable sur le pont puis sur la rive sud. A la condition que le propriétaire des lieux fût le moins du monde préoccupé par ce genre d'attrait. Bodrun n'avait pas ces considérations. Il n'avait d'yeux que pour l'or. Et pour ses livres de comptes. Pour tout ce que ses livres de comptes pouvaient promettre d'or. Sirka jurait qu'il passait ses nuits à en parcourir les pages, qu'il entendait celles-ci tinter. Deux heures déjà qu'elle patientait, négociait, s'impatientait. L'unique planche de bois vermoulu qui constituait le bureau du prêteur lui imprimant sur les bras l'âge du pauvre hêtre. Et il n'avait pas eu la courtoisie d'ouvrir une bouteille. Ce vieux rat possédait sous son plancher des caves bourrées jusqu'à la gueule de ce qui devait au bas mot constituer la moitié de toute la richesse de la ville. Une galerie d'objets rares et de métaux précieux, des étagères dégoulinant de soies et de fourrures hors de prix, et combien de tonneaux de vins de tout le continent roulés entre les sacs d'épices et de sels. Que de merveilles cachées au fond de ces oubliettes, qui ne faisaient le faste d'aucun palais, le charme d'aucune toilette, la joie d'aucun banquet. L'or seul ne s'altérerait avec le temps, mais de temps il manquait pour négocier les marchandises stockées auprès des marchands de la ville. Aveugle à cette réalité, Bodrun faisait son office et remplissait inlassablement ses papiers. Il couvait ses caves comme un dragon l'eu fait. Probablement avec moins d'ardeur que ne s'y consacrait ce petit homme rabougri et fatigué. Coincé dans des frasques rapiécées qu'il ne prendrait jamais plus la peine de renouveler - le temps c'est de l'argent, et l'argent c'est de l'argent - et qui ne concouraient définitivement pas à lui donner meilleure mine, Bodrun laissait passer le temps et n'attribuait le sien à aucune autre passion que celle de se remplir les fouilles. Il mourrait seul et malade. Et bientôt.

Sirka en était là de ses réflexions sur cet insipide - et malheureusement incontournable - partenaire financier lorsque les rumeurs du pont leur semblèrent gagner en intensité. La nuit tombait et les convois de marchandises qui avaient bravé avec succès les terres sauvages sans routes, les routes à peine entretenues - tout juste bonnes à appâter les voleurs - et tout ce que leurs longs voyages pouvaient comporter de parfaitement désagréable se voyaient en bout de course stoppées net par ce qui semblait être le jour de zèle de l'administration urbaine. Pour une raison encore inconnue, le passage par la porte sud semblait être aujourd'hui le théâtre d'inspections draconiennes. Les premiers chariots arrivés tôt ce matin s'étaient déjà confrontés à des contrôles plus longs qu'à l'accoutumée qui, un jour de marché, n'avaient pas eu le meilleur écho en coeur de ville. Mais ce qui n'était encore ce matin qu'un passable désagrément bon à alimenter les discussions des badauds pour le reste de la journée avait pris au fil des heures une tournure problématique pour tous les marchands, les négociants, leurs clients... et pour tout le reste de l'économie de la ville. D'autant que depuis l'aube, aucun procédé de sélection des entrées n'avait été mis en place, si bien que les carottes et les navets du quotidien n'avaient pas plus de chances d'accéder aux étals du marché que n'en avaient les objets les plus superficiels venus du bout du monde. Premier arrivé, premier à attendre. Et ça, attendre, il le fallait. Les gardes passaient en moyenne une charrette toutes les dix à quinze minutes, contre quelques minutes habituellement. Et si, de coutume, priorité avait toujours été accordée aux denrées périssables, puis aux visages connus, sans oublier les visages connus et riches qui contribuaient à mettre un peu de beurre dans les épinards en échange d'un passage dérobé par la petite porte - un système bien rôdé qui avait de tous temps fait ses preuves - cette fois, quelque chose se tramait au péage du pont. Les gardes devaient chercher quelque chose ou quelqu'un, sans doute.

Quoi qu'il en soit, après deux mois de stationnement dans cette foutue ville, dont les trois dernières semaines à guetter l'arrivée du convoi du Dorwinion qui avait quitté Vieille-Tombe quatre mois plus tôt... perdre trois jours aux abords mal entretenus de la ville, puis une journée entière sur le pas de la porte... C'en était trop. L'orientale n'était pas payée à faire du tourisme. D'ailleurs elle n'était pas payée du tout. Ce qui participait indubitablement à son humeur massacrante. Pour tout dire, Bodrun n'en menait pas large non plus. Le prêteur, qui avait accordé au patron de l'orientale des largesses financières qu'il s'était reprochées sitôt qu'il les lui avait accordées, comptait non plus les jours mais cette fois les semaines dans l'espoir de revoir un jour la couleur de son emprunt accordé. Il pensait avoir fait un investissement juteux en accordant sans intérêts à Narseth Davriel une somme fixe contre l'acquisition des dix meilleurs fûts en provenance directe de ses vignobles. Les précédentes années avaient eu leur lot de conflits et le rude hiver avait asséné un coup fatal aux dernières grandes exploitations viticoles de la région. Les filières locales offraient une piquette imbuvable à laquelle les paysans préféraient la bière - et même l'eau, dans le dernier recours - tandis que les millésimes étrangers s'arrachaient à prix d'or. Les sbires de la Compagnie étaient à l'affût des flacons exotiques pour leurs clients fortunés. Le prêteur avait déjà ses contacts. Et ils n'étaient pas réputés pour leur patience en affaires. Alors lorsque s'achevait une journée comme aujourd'hui, qui plus est avec la compagnie d'une orientale qui ne lui inspirait pas la plus petite confiance, Bodrun se faisait des cheveux. Si ses clients avaient trouvé preneur ailleurs, alors son investissement ne vaudrait plus l'ombre de la somme dont il s'était délesté. Une énième rumeur en contrebas le fit bondir sur ses pieds.

- Que signifie toute cette agitation! lança-t-il à la volée, s'approchant du mur qui donnait sur le pont en contrebas comme pour mieux entendre se qui se tramait au-delà de la triple épaisseur de pierre derrière laquelle il se cloîtrait. De toute évidence il n'attendait aucune réponse particulière de la part de l'orientale, qui se faisait elle aussi un devoir de ne pas se lancer dans une conversation fatigante. Elle se contenta d'un long soupir. Il y avait là en bas une coquette somme en liquide sur des chariots qui peut-être ne passeraient pas les portes de la ville cette nuit. Peut-être pas du tout. L'incompétence du prêteur dans cette affaire, mêlée à son absence totale d'informations, auraient certainement raison de sa patience toute relative. Peut-être lui viendrait-il l'idée de revenir sur les termes de leur entente. Certainement pas en la faveur des orientaux.

- Je vais essayer d'en savoir plus. Ne bougez pas d'ici.

S'esquivant avec plaisir de cette pièce affreusement austère où elle aurait fini de toute façon par étouffer, la milicienne dévala les marches de l'horrible masure, ignora les assistants et domestiques de Bodrun qui couraient déjà à leur maître, et trouva deux des hommes de Narseth en faction devant la porte. Passablement préoccupés par le raffut ambiant. Ils la saluèrent brièvement. Le plus âgé répondit à sa demande silencieuse :

- Un bestiau a rendu l'âme sous la porte, et tout le chargement avec. Tout le monde commence à s'énerver sur le pont.
- Où en sont les nôtres?
- Assez loin, j'en ai peur. Après le chariot à terre, il y a deux énormes convois de tanneurs, un apothicaire ambulant, des charrettes de foin, un convoi de pierres, deux...
- Combien de temps?
- Ils ne passeront pas les portes aujourd'hui, Sirka. A moins de passer par la petite porte, mais le bougre qui s'occupe des contrôles aujourd'hui c'est le genre fraîchement muté qui veut se faire mousser. Il sera pas choucard. C'est à cause de lui qu'on en est là, voyez le merdier.

C'était bien ce qu'elle craignait. Il n'y a pas plus dangereux que les jeunes fonctionnaires qui entrent en poste. N'espérez pas trouver plus parfaits empêcheurs de tourner en rond. Pour les honnêtes commerçants ouverts à la discussion, il n'y a pas pire fléau.

- Cela dit, tout le monde a un prix, amorce le plus jeune.
- Pas nous. Les caisses sont vides et quand bien même je pourrais catapulter ces charrettes par dessus la porte pour cette fois, n'espérons pas toucher nos gages avant le mois prochain. Ce travail là nous épargnera seulement la corde.

Tout en avertissant ses hommes, l'orientale réfléchissait à une meilleure alternative en s'éloignant progressivement du linéaire construit. Pour se rapprocher du petit mur d'enceinte qui donnait sur les douves et n'avait d'autre fonction que d'éviter que quelque ivrogne ne se jette fortuitement du haut des premières fortifications. La lune miroitait sur les eaux canalisées du fleuve.

Certainement pas par-dessus.
Mais par-dessous...

- Où est Shael?

Un nom qu'elle n'aurait pas prononcé si la difficulté de la situation ne l'avait pas exigé. Elle méprisait le batelier qui n'était pour qu'elle qu'un contrebandier de campagne pas plus malin ni plus habile qu'un autre et qui extorquait ses clients sans vergogne sous prétexte que son rafiot d'eau douce et lui connaissaient les canaux de la ville comme personne. La dernière fois qu'elle avait eu affaire à lui, évidemment, ça s'était mal terminé. La première fois aussi d'ailleurs. Et toutes les occasions survenues entre la première et la dernière. En vérité, si elle arrivait à mettre la main sur ce sombre phasme ce soir, elle avait toutes les chances de le regretter sitôt qu'elle apercevrait son sourire narquois. Ce sourire qui dit "Je ne sais pas encore comment, mais cela va vous coûter cher.".

#Sirka
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Evart Praven
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L’eau qui ne court pas fait un marais EmptySam 24 Avr 2021 - 23:23
Parmi tous les habitants du Rhûn, peu connaissaient aussi bien les terres de l’Ouest que Urfang. Il était presque né dans une charrette au milieu du Rhovanion à destination du Calenardhon, ou peut-être du Gondor. Depuis, il n’avait cessé de parcourir les routes de l’Ouest, parfois même jusqu’à la grande mer. Très tôt il s’était mis au service des Davriel, cette riche famille de négociants rhûnien, pour les aider à exporter leur précieux nectar à l’Ouest. Evidemment, il arrondissait ses fins de mois avec des petits à-côtés pour d’autres gens mais bon… ça restait quand même accessoire. Aujourd’hui, ils étaient à Tharbad. Etonnamment, Urfang aimait bien cette ville. Elle n’avait rien de comparable à la solennelle splendeur d’Annúminas ou l’écrasante majesté de Minas Tirith, quelle folie il fallait avoir pour bâtir de telles cités. Ici, à Tharbad, on sentait la boue du fleuve et les odeurs des animaux, on vivait avec les marchands et les ouvriers. Bref, c’était une ville normale où les gens vivaient normalement.

Malheureusement, aujourd’hui n’était pas une journée normale. Un jeune officier faisait le con et s’était mis dans la tête qu’une inspection méticuleuse de *tous* les chargements était absolument nécessaire. A moins que cela ne soit la décision d’un haut placé pour foutre la pression sur les marchands de Tharbad, Urfang avait entendu que le représentant du Roi renégociait le montant des impôts, il voulait peut-être tenter un coup de pression. Toujours est-il que c’était la merde. La nuit allait tomber et leur cargaison allait rester en dehors des murs. Et là, ce serait encore plus la merde. Avec le retour des caravanes, des bandits rôdaient dans les environs… Franchement si la garde pouvait s’en occuper plutôt que de casser les pieds à d’honnêtes marchands. En tout cas, il leur faudrait rapidement trouver une solution.

C’était justement de ça qu’ils devaient discuter avec Sirka, la jeune femme dirigeait leur convoi. Urfang avait connu suffisamment de meneur de caravane pour savoir reconnaître leurs qualités et leurs défauts. Pour une femme d’une trentaine d’années, elle ne manquait ni capacités ni de volonté. Froide comme les glaces du Nord, elle savait pourtant manier la lame, il pouvait en témoigner. En attendant, ils devaient régler ce problème de cargaison et de murs. Une discussion s’engagea entre rhuniens jusqu’à sortir un nom que Urfang n’aimait pas. Ce Shael était un filou à la moralité douteuse, capable de vous rouler dans la farine avec le sourire mais il était bon alors il fallait avec.

- J’ai entendu dire qu’il avait ses quartiers dans l’auberge de la Bouille Incroyable.

Suivant la dame Zanjîr dans les rues tortueuses de Tharbad, Urfang marchait d’un pas lourd dans la boue et les viscères des bêtes d’élevage. Après tout ce temps à arpenter les routes des terres du milieu, il était toujours aussi étonné de trouver tant de saleté et de crasse à Tharbad. Dans les grandes cités des Rois de l’Ouest comme Annúminas, Minas Tirith, Osgiliath ou même Pelargir, les rues pavées et les égouts entretenus. Ici, alors que la ville était riche de son commerce, rien n’était fait. C’était étrange, au moins autant que les ouestriens. Bientôt, ils arrivèrent devant l’enseigne de la Bouille Incroyable, un espèce de bâtiment un peu long, un peu délabré sur les bords et environné par des loubards louches. S’approchant, ils furent alpagués par deux hommes à l’entrée :


- Eh beh, elle est mignonne la nouvelle. J’ai rien contre les étrangères moi tu sais, au contraire.

- Attends, gars. S’y faut, c’est l’autre qui ramène sa marchandise.


L’intérieur de cette auberge n’était guère plus accueillant. La chaleur moite de l’été s’y accumulait tandis que les clients, éparpillés ça et là, profitaient d’une bonne boisson, voire d’une jolie fille. Avec les problèmes de portes, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire. Au fond de la grande pièce, une petite alcôve aux rideaux cramoisis derrière lesquels Shael avait ses petites habitudes. Sur une petite table de bois rutilant, il comptait un petit tas de pièce d’or. Au physique, Shael était une personne de bonne stature à la mâchoire carrée, on sentait en lui l’homme d’action et de grand air du genre de ceux qui ont bossé toute leur vie. Pourtant il portait un espèce de grand vêtement de soie rouge et un chapeau, extravagant, où des plumes multicolores en disputaient à des motifs de damas. Voyant entrer la dame du Rhun, son sourire se fit carnassier tandis qu’il se levait pour la saluer chaleureusement.

- Mon amie ! Ma très chère amie. Cela faisait trop longtemps déjà. Vous m’aviez manqué, soyez certaine. Que puis-je faire pour vous obliger très chère ?

Après plusieurs affaires ensemble, tous deux se connaissaient assez bien et tout les opposait. Elle était la glace de ses yeux bleus capable de vous briser au moindre écart. Lui était un serpent à sang chaud, flagorneur et amical mais aussi vicieux et calculateur. Evidemment, il savait bien pourquoi elle était là. Sitôt le terrier bouché, les petits rongeurs accouraient dans tous les sens pour trouver une sortie. Les places seraient chères.
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