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 [RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith

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Forlong
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[RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith EmptyLun 3 Juil 2023 - 21:11
[RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith Neiger10
#Neige  


La ville portait encore les cicatrices des événements tumultueux qui avaient culminé par l’assassinat du Général Cartogan. Certaines pierres blanches étaient noircies par le feu, certains pavés arrachés, certaines fenêtres encore barricadées. Minas Tirith était à nouveau silencieuse. Plongée dans le deuil après la mort du Général, et celles de toutes les victimes de la peste et des combats fratricides.

Neige avait retrouvé Lithildren au lieu de rendez-vous qu’elles s’étaient données à l’une de ces tavernes itinérantes qui continuaient leur activité malgré la disparition de leur fondatrice.

Elle gardait sa capuche sur la tête; les avis de recherche avaient été enlevés, mais le groupe d’aventuriers n’était pas encore sorti de l’affaire. Le rôle qu’ils avaient joué dans la mort du directeur Rhydon était méconnu du grand public mais les dirigeants de la Cité avaient commencé à remettre les pièces de l’énigme en place.

La Capitaine de l’Arbre Blanc regarda l’elfe qui l’avait accompagné en des moments sombres. Il y avait quelque chose d’inquiétant dans le comportement de Lithildren et ses motivations restaient un mystère, mais on ne pouvait pas renier le rôle qu’elle avait joué dans l’enquête sur Cartogan et Rhydon. Neige lui avait promis le soutien de l’Arbre Blanc, mais les circonstances avaient changé, et elle n’était plus sûre de pouvoir tenir cette promesse. Comme à son habitude, la Capitaine décida d’être directe:

-La Couronne n’est pas aveugle aux témoignages et preuves qu’on a pu présenter au sujet du directeur Rhydon et du général Cartogan. Les actions de l’ancien directeur de l’Arbre Blanc ont été mises à découvert et il sera jugé post-mortem. Quant au général…sa réputation doit rester immaculée, pour le bien du Gondor. Rares sont ceux qui connaissent son visage réel. D’après certains témoignages secrets, le réel général Cartogan serait mort il y a longtemps, à Assabia, remplacé par son frère ambitieux. Si c’est la vérité, on peut au moins se consoler avec la pensée que c’est le nom et la mémoire du réel général Cartogan, victime de fratricide, qui seront célébrés. Dans tous les cas, la Couronne nous offre une amnistie.


Neige fit un pause, en regardant Lithildren dans les yeux.

-Mais l’amnistie concerne uniquement les crimes commis sur le territoire du royaume du Gondor. Les autorités ont reçu une demande officielle de la part des cités elfiques te concernant, Lithildren. Les elfes demandent à ce que le Gondor te remette à leurs représentants pour t’emmener en justice. Et si la  Couronne est prête à fermer l’oeil sur nos actions, elle n’ira pas jusqu’à créer un incident diplomatique, surtout que les relations avec les elfes sont importantes pour la reine Idril. Clairement, je ne devrais pas te dire tout ça. En tant qu’officier du royaume, je devrais indiquer ta localisation à la garde pour qu’elle t’arrête. Mais pour que l’Arbre puisse garder son blanc immaculé, il nous faut parfois saisir les nuances de gris qui se cachent sous l’ombre de ses feuilles. Le Gondor, tout comme moi, avons une dette envers toi. Je ne peux rien faire de manière officielle, ma position actuelle au sein de la hiérarchie est plus qu’instable. Mais je peux encore t’offrir une sortie. Eradan et ses chevaliers se sont arrêtés à l’auberge du Grand Mur sur les champs de Pelennor, à moins d’une demi-lieue de Minas Tirith. Demain matin, ils partiront vers l’Emyn Arnen où se trouve leur quartier général. Ils y emmèneront Sonja Kol, la faussaire. On soupçonne qu’elle est en danger, vu qu’elle détient des informations sur des personnages très dangereux. Cette nuit, la Grande Porte sera tenue par des hommes que je connais. Si jamais ils essaient de t’arrêter au moment de quitter la ville, prononce le mot ‘Gilgamesh’, et ils te laisseront passer. Si tu rejoins Eradan, tu seras en sécurité, du moins temporairement. Tu es une femme libre et tu suivras le chemin qui te semblera être le meilleur, mais c’est le seul moyen à ma disposition pour que tu ne perdes pas ta liberté.


Sur ces mots, la capitaine de l’Arbre Blanc termina son verre de vin et se releva.

-Je dois partir, avant que mon absence ne devienne suspecte. Je n’oublierai pas ce que tu as fait pour nous, Lithildren. J’espère que nous pourrons nous retrouver en des temps meilleurs.


Neige lui tendit la main, avant de s’éloigner d’un pas rapide.


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[RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith EmptyMar 4 Juil 2023 - 18:19
Lithildren attendait déjà Neige depuis un moment lorsque la capitaine encapuchonnée se montra. Comme à son habitude, l'Elfe était impassible et un grain de violence dansait au fond de son regard argenté, ce qui avait pour habitude d'intimider certains de ses interlocuteurs. La guerrière attendait de voir si Neige allait tenir ses promesses mais elle n'était pas dupe : elle, une étrangère, avait participé de près aux événements récents et personne n'allait passer l'éponge aussi facilement concernant ses actions, comme le sac des geôles, la mort de gardes et... enfin, tout le reste, concernant Nallus, les armes, les menaces, bref. Tout. D'aucuns diraient que la fin justifie les moyens mais dans ce cas-ci... quelle fin ?

- La Couronne n’est pas aveugle aux témoignages et preuves qu’on a pu présenter au sujet du directeur Rhydon et du général Cartogan. Les actions de l’ancien directeur de l’Arbre Blanc ont été mises à découvert et il sera jugé post-mortem. Quant au général…sa réputation doit rester immaculée, pour le bien du Gondor. Rares sont ceux qui connaissent son visage réel. D’après certains témoignages secrets, le réel général Cartogan serait mort il y a longtemps, à Assabia, remplacé par son frère ambitieux. Si c’est la vérité, on peut au moins se consoler avec la pensée que c’est le nom et la mémoire du réel général Cartogan, victime de fratricide, qui seront célébrés. Dans tous les cas, la Couronne nous offre une amnistie.

Elle s'en doutait. Lithildren écouta sans intervenir, pour une fois. Pas une parole ne sortit de sa bouche lorsque Neige se mit à la fixer droit dans les yeux avec le plus grand sérieux du monde.

- Mais l’amnistie concerne uniquement les crimes commis sur le territoire du royaume du Gondor. Les autorités ont reçu une demande officielle de la part des cités elfiques te concernant, Lithildren. Les elfes demandent à ce que le Gondor te remette à leurs représentants pour t’emmener en justice. Et si la Couronne est prête à fermer l’œil sur nos actions, elle n’ira pas jusqu’à créer un incident diplomatique, surtout que les relations avec les elfes sont importantes pour la reine Idril. Clairement, je ne devrais pas te dire tout ça. En tant qu’officier du royaume, je devrais indiquer ta localisation à la garde pour qu’elle t’arrête. Mais pour que l’Arbre puisse garder son blanc immaculé, il nous faut parfois saisir les nuances de gris qui se cachent sous l’ombre de ses feuilles. Le Gondor, tout comme moi, avons une dette envers toi. Je ne peux rien faire de manière officielle, ma position actuelle au sein de la hiérarchie est plus qu’instable. Mais je peux encore t’offrir une sortie. Eradan et ses chevaliers se sont arrêtés à l’auberge du Grand Mur sur les champs de Pelennor, à moins d’une demi-lieue de Minas Tirith. Demain matin, ils partiront vers l’Emyn Arnen où se trouve leur quartier général. Ils y emmèneront Sonja Kol, la faussaire. On soupçonne qu’elle est en danger, vu qu’elle détient des informations sur des personnages très dangereux. Cette nuit, la Grande Porte sera tenue par des hommes que je connais. Si jamais ils essaient de t’arrêter au moment de quitter la ville, prononce le mot ‘Gilgamesh’, et ils te laisseront passer. Si tu rejoins Eradan, tu seras en sécurité, du moins temporairement. Tu es une femme libre et tu suivras le chemin qui te semblera être le meilleur, mais c’est le seul moyen à ma disposition pour que tu ne perdes pas ta liberté.

Ma liberté ? se demanda l'Elfe. Neige se leva et tendit la main.

- Je dois partir, avant que mon absence ne devienne suspecte. Je n’oublierai pas ce que tu as fait pour nous, Lithildren. J’espère que nous pourrons nous retrouver en des temps meilleurs.

L'Elfe lui serra la main d'une poigne faible et absente de conviction. Elle regarda l'humaine s'en aller. Quant à elle... Lithildren s'était trouvée un endroit pour la nuit, de mauvaise facture mais elle avait su s'en contenter.

Liberté. Le mot résonnait dans son esprit torturé, à la fois comme une souffrance et un soulagement, un poignard et une pommade. L'Elfe s'observa dans le miroir sale de sa chambre. Elle était amaigrie, les traits tirés et assombris. Quelque chose s'était brisé en elle, pendant le dénouement. Durant tout son séjour à Minas Tirith, Lithildren n'avait pensé qu'à une chose : fuir de la Cité. Elle avait été prête à tout : se vendre, vendre ou tuer Neige, conclure un marché avec Rhydon... Elle aurait donné n'importe quoi pour sortir. Mais rien ne s'était jamais déroulé comme prévu et le destin l'avait poussée, encore et encore, à aller là où elle ne voulait pas, là où elle ne deviendrait pas un monstre. Le destin lui avait sans doute épargné bien des tourments et souffrances mais elle ne pouvait s'empêcher de penser au fait, très simple, qu'elle ne se reconnaissait plus. Rien, absolument rien, de ce qu'il s'était passé depuis Imladris ne lui "ressemblait". Lui ressemblait ? Qu'est-ce que cela signifiait, au juste ? Elle n'avait jamais été dans cette situation. A se questionner. Pour sûr, elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était demandée qui elle était, et la réponse avait tellement changé avec le temps qu'à la fin, elle s'était perdue elle-même, flottant entre différentes humeurs, presque personnalités, selon son ressenti. Tantôt violente et sanguinaire, tantôt douce et bienveillante. Tantôt humaine, tantôt Elfe. Quatre siècles de vie et elle se demandait, aujourd'hui, qui elle était.

Lithildren tendit l'oreille à un bruissement à la fenêtre. Elle déplaça son corps fatigué et endolorit vers le bruit pour découvrir un oiseau sur le rebord de sa fenêtre. Doucement, elle ouvrit et tendit une main abîmée vers le volatile. L'oiseau montra un brin de curiosité, avant de prendre son envol. L'Elfe suivit la direction de l'oiseau jusqu'à ne plus l'apercevoir.

Elle était désormais face à un choix.

Soit elle se rendait aux Elfes, à ce peuple l'ayant vu naître et l'ayant élevée, ce peuple qui aurait pu lui pardonner ses errances et erreurs. En faisant cela, elle évitait un conflit entre humains et Elfes, et pouvait commencer à entamer son chemin vers la rédemption.

Soit elle fuyait la Cité pendant la nuit pour rejoindre Eradan. En faisant cela, elle serait libre un temps, en sécurité brièvement, mais Elfes et humains se retrouveraient en conflit et, finalement, elle ne serait en sécurité nul part.

Soit elle retournait à l'est pour accomplir le devoir qui lui avait été imposé. Ainsi, elle serait libre... sans l'être. Et nul endroit hors du Rhûn ne lui serait hospitalier, elle serait terrée à jamais dans un pays qui lui était déjà bien assez hostile et où on la traitait comme une esclave. N'importe qui aurait abandonné si vite ce choix mais les chaînes ne sont pas simplement physiques, mais psychiques. Pouvait-elle réellement échapper au courroux de l'est ? En y réfléchissant, elle "n'était qu'une" esclave après tout, personne ne viendrait la chercher. Néanmoins elle doutait tout de même, il s'agissait d'une solution de facilité. Elle fuyait et personne ne pouvait venir la chercher, et de là elle pouvait se faire oublier quelques années puis revenir chercher Oropher.

Oropher. Tout avait commencé par lui. Elle l'avait libéré pour venger Geraïhn, puis avait commencé cette croisade pour le retrouver lui, son âme-sœur. Elle ignorait s'il était encore en vie et peut-être était-il temps qu'elle accepte qu'il n'était plus. Même vivant, le sorcier lui aurait sans doute corrompu l'esprit à présent et elle devrait le tuer dans tous les cas. Peut-être. Le doute la frustrait, la rendait malade. Elle ne supportait pas de ne pas savoir où était son aimé, s'il allait bien, était vivant ou non, s'il pensait à elle. Ou peut-être l'avait-il oubliée, que son esprit n'était plus sien. Ou bien qu'il avait rejoint les ancêtres. Lithildren ne pouvait le savoir.

- Oropher...

Elle se détacha de la fenêtre et regarda ses mains, s'asseyant sur le bord du lit.

- Ces mains sont couvertes du sang des innocents... J'ai tué pour toi, j'ai fuis pour toi, j'ai souffert pour toi... Tu m'as forcée à t'abandonner... Regarde où on en est, à présent...

Elle soupira, longuement, ses yeux fatigués passant de nouveau vers la fenêtre. Là, maintenant, était l'instant le plus libre qu'elle ait jamais eu. Pour la première fois, Lithildren pouvait choisir sa voie et son destin, sans personne pour lui dire quoi faire, où aller, ni lui susurrer un conseil. Elle était seule face à sa décision et ses conséquences. Ce soir-là, elle pouvait, et devait, choisir où son cœur résidait, qui elle était et qui elle souhaitait être. Elle pouvait opter pour le chemin de la rédemption, la fuite éternelle ou la voie dans les ténèbres. Allait-elle choisir les Elfes et se rendre ? Les humains et prendre la fuite ? Ou les hommes de l'est et s'enfoncer dans les profondeurs des enseignements de Melkor ? Elle hésitait, ignorait où chacun de ces chemins l'emmèneraient. Elle avait beaucoup tué, beaucoup fait souffrir, pour le plaisir sadique de ses maîtres rhûniens. Elle avait apprit à aimer ça, l'odeur du sang et de la peur. Ou bien était-elle elle-même si effrayée de mourir qu'elle rejetait ses peurs sur les autres ? Vous ou moi, peut-être était-ce là sa philosophie. Cependant, elle était une Elfe, un être supposément sage et proche des Valar. Un peuple si fort, si mystique et respecté, et pourtant si inactif dans les conflits du monde, si en retrait. Tout ce savoir, cette force, qui se perdait par égoïsme...

Lithildren n'arrivait pas à se décider. Elle voulait bien faire mais... pour qui ? Elle-même ? Les Elfes ? La politique ? Les humains ? Le Gondor, Neige ? Oropher ?

- Quel choix prendre, mon amour...

Elle soupira, longuement. Aucune route n'était idéale et mènerait à son lot de tourments. Peut-être les événements récents l'aideraient à se décider ? Elle ferma les yeux pour repenser à tout ça. Dès le départ, elle avait été profondément touchée par le sentiment patriotique fort de Neige, cette volonté d'aller envers et contre tout pour sauver son royaume et son peuple, quitte à y laisser la vie. Que ce soit Nallus, Sonja, Felian, Eradan, Réland, tous s'étaient battus parfois à en sacrifier la vie pour la cause. Lithildren avait beau être ce qu'elle était, de tels actes avaient brisé quelque chose en elle. Elle n'avait jamais connu ça, elle. Ce sentiment d'appartenir à quelque chose de plus grand qu'elle-même. Pas même à Imladris, ou aux Elfes. Elle avait perdu ce lien depuis bien longtemps et il ne demeurait qu'un lointain souvenir d'une époque naïve et insouciante. Mais aujourd'hui ? Elle était bien seule. Affreusement seule. Peu lui importait une grande cause ou un but - aussi sombre ou louable puisse-t-il être - car au final... elle était seule. Elle n'avait ni familles, ni amis, ni amour. Son cœur était vide et ses rares compagnons de route avaient finit par tous mourir ou disparaître. Lithildren était peut-être maudite. Peut-être que sa famille l'était ?

Lithildren alla chercher quelque chose de relativement coupant. Assise sur son lit, elle coupa ses longs cheveux noirs jusqu'aux épaules. Elle rassembla la tignasse libérée et la noua avec un cordon à une extrémité, puis tressa le reste, par trio de cheveux. Elle y passa l'intégralité de la nuit, ratant l'offre de Neige pour s'échapper. Elle avait l'habitude de manquer de sommeil, et ses réflexions l'avaient emportées des heures durant. Lorsque le jour se leva, la tignasse brune n'était pas entièrement tressée. Elle rassembla le tout dans un sac en toile qu'elle garda avec elle, mit sa capuche sur son crâne et quitta l'auberge par la fenêtre.

Elle avait prit sa décision. Elle ne serait jamais libre. La réalité était bien plus cruelle. Si elle fuyait, sa liberté serait temporaire et, au final, elle devrait continuer de courir pour que les Elfes ne l'attrapent pas. Si elle retournait au Rhûn, c'était le reste de la Terre du Milieu qui voudraient sa peau. Cependant, si elle se rendait à son peuple, elle serait jugée, emprisonnée, mais elle pouvait aider à établir des liens de confiance solides entre le Gondor et les Elfes. Elle ne parlerait pas de sacrifice, loin de là, mais elle devait faire face aux conséquences de ses actes. Il était grand temps pour elle d'arrêter de courir, et d'enfin avancer, même si ses pas la menaient en prison. Peut-être les siens auraient une utilité un jour à lui donner, un pardon à lui offrir, et à ce moment-là elle serait libre. Pour de vrai, pour de bon. Et puis, elle avait beau vouloir retrouver Oropher, elle ne savait absolument pas par où commencer. Au lieu de vagabonder, effrayée comme une souris, peut-être pouvait-elle croupir en prison avec un minimum de dignité et de fierté. Après tout, de par son aide, le peuple du Gondor était un peu plus libre et pouvait pleurer ses morts. Il y avait une chose digne et fière là, dans ce sentiment d'avoir aidé, d'avoir participé à quelque chose de plus grand. Elle allait chérir ce sentiment, pour l'éternité s'il le fallait.

L'Elfe marcha longuement jusqu'à trouver un groupe de gardes. Elle les fixa de loin, réfléchissant à une façon de faire. Finalement, à force de rester plantée au milieu du chemin, l'un d'eux vint vers elle, un peu méfiant.

- Hé, là ! Vous auriez pas vu une elfe dans les parages ?

Il montra l'une des affiches qui étaient auparavant placardées en ville. La mention de prime avait été arraché pour ne garder que son portrait. Elle saisit l'affiche, la regardant longuement. Finalement, elle baissa sa capuche, se révélant au garde.

- C'est de moi dont il s'agit. Je me rends. Emmenez-moi à vos supérieurs et livrez-moi à mon peuple.

Le garde eut un moment de stupéfaction et, face à sa reddition sans résistance, il eut du mal à la malmener comme il l'aurait fait habituellement. Elle suivit les gardes, sagement, l'air abattu et résigné. Elle ne lutta pas une seule seconde, ni pour tourner à un endroit ni pour entrer quelque part. Même si on la frappait, elle ne se défendrait pas. Je le mérite, se disait-elle. Peu importait. C'était ça, le bon choix. Le seul choix.
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[RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith EmptyDim 3 Déc 2023 - 22:34
Les gardes, pourtant à cran après les événéments des derniers jours et semaines, n’avaient pas fait preuve de brutalité en escortant l’elfe ; ils se contentèrent de l’entourer complètement afin d’éviter toute tentative de fuite ou intervention extérieure. La prisonnière était précieuse, et leurs ordres étaient formels. En revanche, ils firent preuve de profesionnalisme et d’efficacité en s’assurant que l’elfe n’avait aucune arme cachée sur elle.

Leur longue marche les mena jusqu’au coeur de la Cité, plus précisemment vers un endroit qui bouillonait actuellement d’activité : les Gêoles de Minas Tirith. En effet, un grand nombre d’émeutiers y avaient été placé ainsi que certains membres de l’administration et de l’armée qui avaient fait preuve de cruauté, de corruption ou d’incompétence lors des événements tumulteux.

Malgré cela, ils réussirent à trouver une place pour l’elfe. Apparemment, un prisonnier de rénom avait récemment libéré sa cellule...C’était mieux ainsi. Les elfes n’avaient pas toujours la meilleure réputation parmi les humains et placer Lithildren dans une géôle commune aurait pu mal finir, pour elle ou pour son assaillant.

Les heures passèrent, avec pour seul divertissement une tasse d’eau, une assiette de ragoût médiocre, et les cris des autres prisonniers. Est-ce que Lithildren s’aperçevait de l’ironie du sort qui l’avait fait atterir ici alors que, il y a quelques semaines à peine, elle y versait le sang pour sauver le professeur Nallus ?

La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu’une silhouette encapuchonnée s’approcha des barreaux de sa cellule, accompagnée d’un garde qui ne tarda pas à les laisser seuls. L’inconnu baissa sa capuche, dévoilant ses longs cheveux cendrés.

-Lithildren.

Elle avait reconnu la voix.

-Un des défauts de notre longévité est que nos pensées sont toujours attirées vers le passé. Nous sommes toujours amenés aux choses qui furent, et aux choses qui auraient pu être. Je vous avoue qu’une question est souvent réapparue dans mes pensées. Combien de vies auraient pu être sauvées si en ce jour mémorable et maudit l’on avait écouté mes ordres et vous avait interdit l’entrée à Imladris.


Le regard sévère du capitaine Serambeür croisa celui de Lithildren.

-J’ai entendu dire que vous vous êtes rendue, et que votre séjour à Minas Tirith a été mouvementé. Une participation active, d’après certains peut-être même héroïque aux événements qui ont sécoué la cité. Mais pour moi peu importe la cause que vous servez, Lithildren, vous le faites en semant la déstruction. Vous êtes avant tout une agente du chaos, et un danger pour tous ceux qui vous croisent.

Il ouvrit la porte de la cellule et entra.

-Dans mon expérience, certains maux ne peuvent être purifiés que par le feu ou l’acier. Mais j’ai été mandaté par le Conseil Elfique de vous ramener vivante au lieu de vos crimes haineux, à Imladris, pour que vous puissiez être jugée. Et n’étant pas hypocrite de nature, je sais que les ordres doivent être respectés.

La main de Serambeür, posée de manière menacante sur le manche de son épée argentée, atrappa une corde elfique attachée à sa ceinture. Il la déroula et d’un geste expert ligota les poignets de Lithildren. La corde ne frottait ni brulâit pas pas sa peau, mais chaque tentative de s’en défaire faisait qu’elle se resserait encore plus. S’agissait-il de magie de Lothlorien ou bien d’un noeud particulièrement expert ? Cela n’avait que très peu d’importance.

-Un long voyage nous attend. Je vous conseille d’en profiter pour réflechir à ce que vous allez dire devant le Conseil Eflique. A réflechir...en silence.

***

Un long voyage...en effet. Près de 1300 miles séparaient la Cité Blanche de la Dernière Maison Simple. Cette dernière n’évoquait d’ailleurs aucune connotation hospitalière à Lithildren, car chaque lieue parcourue l’approchait inéxorablement de son jugement.

Le capitaine Serambeür lui avait donné son cheval , un magnifique étalon blanc-neige, et s’était contenté d’une autre monture couleur châtain originaire du Rohan. Mais si jamais elle l’avait interprété comme un signe de galanterie, il la sortit très rapidement de son erreur. L’officier lui fit une démonstration, avec quelques gestes de la main et sifflements précis, de la loyauté absolue que le cheval éprouvait envers son maître. Même en faisant abstraction de ses mains ligotées, Lithildren n’avait aucune chance de convaincre sa monture de s’éloigner du capitaine.

***  

Le voyage dura près d’un mois. Tel un limier, Serambeür ne lâcha jamais sa cible du regard, et ne fit aucune erreur. Les journées de voyage se firent principalement dans le silence, et les nuits, passées dans les auberges ou à la belle étoile, s’en distinguaient seulement par la deuxième corde qui liait les pieds de la prisonnière.

Au fur et à mesure que les semaines passaient, les pics enneigés des Monts Brumeux firent leur apparition au loin jusqu’à ce qu’un jour le capitaine refuse de s’arrêter à la tombée de la nuit. Ils continuèrent leur chemin jusqu’à ce que le murmure de l’eau se fasse entendre en un crescendo qui atteignit son apogée lorsque la vue familière du Gué de la Bruinen apparaisse devant eux.

Ils traversèrent dans l’obscurité, l’eau glaciale trempant leurs bottes. Au bout de quelques instants, ils aperçurent les premières torches indiquant la proximité de la cité.

Du coin de l’oeil, Lithildren put aperçevoir des silhouettes d’archers parmi les arbres et les rochers, qui les entourèrent bientôt, formant un cortège silencieux.

Les battement des sabots sur les pavés retentit lorsque son cheval blanc traversa la passerelle menant à Fondcombe. Elle était de retour.

#Serambeür


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[RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith EmptyMer 17 Jan 2024 - 15:35
Les odeurs dans les geôles ne lui avaient pas manqué, elle s'en tenait pour certaine sur ce point. Lithildren était absente, là physiquement mais l'esprit ailleurs. Elle ne se plaignait pas, ne répliquait pas, et les mots sortant de sa bouche n'étaient que ceux étant nécessaires. Dans sa cellule, elle se tenait droite, assise en tailleur au sol. La nourriture d'une légère meilleure qualité lui manquaient. Elle repensa aux nombreux mets partagés avec Neige et ses hommes, Nallus, et les autres. Les brefs moments de camaraderie dont elle n'avait eut que faire sur le moment, plus préoccupée par ses Maîtres, qu'ils soient physiques ou spirituels. L'Elfe songeait à cette vie d'errance, à ce que sa famille avait apporté - donc peu. Il ne lui restait qu'elle-même dans la cage de son esprit, peut-être le réconfort des souvenirs avec Oropher, la seule personne qu'elle chérissait plus qu'elle-même. Qu'est-ce qu'elle aurait donné pour le revoir, sentir son parfum, sa peau, ses lèvres, entendre sa voix lui glisser que tout irait bien. Mais elle ne sentait que le silence, l'absence. Pour la première fois de sa longue vie, elle se sentait seule au monde, abandonnée par les Valar et ses ancêtres. Elle n'avait aucune présence, aucune chaleur, pour accompagner son âme meurtrie.

- Lithildren.

Elle releva la tête, sans dire un mot. Serambeür. Elle savait que c'était lui, le fameux émissaire dont elle avait entendu la présence suggérée dans les rues. Elle se leva et approcha à peine, le visage creusé par la fatigue, les yeux à l'étincelle absente, la combattivité disparue. L'ombre d'elle-même.

- Un des défauts de notre longévité est que nos pensées sont toujours attirées vers le passé. Nous sommes toujours amenés aux choses qui furent, et aux choses qui auraient pu être. Je vous avoue qu’une question est souvent réapparue dans mes pensées. Combien de vies auraient pu être sauvées si en ce jour mémorable et maudit l’on avait écouté mes ordres et vous avait interdit l’entrée à Imladris.

Celles des gardes et d'Oropher, pensa-t-elle. Les événements à Ost-in-Edhil et Minas Tirith seraient survenu tout de même, le destin a une curieuse façon de jouer avec les vies qu'il détient. Mais considérer sa vie comme maudite, que cela soit une vérité ou non, Lithildren prit les mots comme une dague en plein cœur. Elle ferma brièvement les yeux. Argumenter avec lui n'était ni utile ni nécessaire. Elle n'en avait ni l'envie ni la force. Pas ici, pas maintenant, pas avec lui.

- J’ai entendu dire que vous vous êtes rendue, et que votre séjour à Minas Tirith a été mouvementé. Une participation active, d’après certains peut-être même héroïque aux événements qui ont secoué la cité. Mais pour moi peu importe la cause que vous servez, Lithildren, vous le faites en semant la destruction. Vous êtes avant tout une agente du chaos, et un danger pour tous ceux qui vous croisent.

Elle n'avait pas eut le choix. Elle s'était faite emmenée de force et promenée dans une quête qui n'était pas la sienne, et l'on avait prit sa race comme excuse pour l'utiliser comme arme de guerre. On avait instrumentaliser sa colère et son faux sens de justice pour justifier des actes de guerre. Lithildren n'avait pas choisit son sort, il lui avait été imposé. Mais, encore, elle ne trouva ni l'envie ni le force de répliquer ou argumenter. Pas ici, pas maintenant, pas avec lui.

- Dans mon expérience, certains maux ne peuvent être purifiés que par le feu ou l’acier. Mais j’ai été mandaté par le Conseil Elfique de vous ramener vivante au lieu de vos crimes haineux, à Imladris, pour que vous puissiez être jugée. Et n’étant pas hypocrite de nature, je sais que les ordres doivent être respectés.

Il se voulait menaçant, terrible héraut du destin. Lithildren ne voyait en lui qu'un aigri enfant de l'extérieur qui n'était pas si différent d'elle. Pourquoi son envie de sang serait-elle plus légitime que la sienne ? Parce qu'il servait les Elfes et pas elle ? L'Elfe ne parvenait pas à prendre au sérieux les mots d'un homme qui n'était pas présent et qui, tout au plus, se contentait de juger sans la connaître. Même les humains se permettaient le bénéfice du doute. Même résignée et à bout, Lithildren voyait devant elle s'étaler l'hypocrisie et le jugement des Elfes, la faisant soupirer intérieurement. Sans résistance, elle tendit ses mains et observa le capitaine faire le nœud à ses poignets. Pas à un seul instant ne testa-t-elle les cordes elfiques.

- Un long voyage nous attend. Je vous conseille d’en profiter pour réfléchir à ce que vous allez dire devant le Conseil Elfique. A réfléchir...en silence.

Evidemment. Lithildren suivait, sans poser de questions ou prononcer un mot ou un son. A chaque pas dans la Cité Blanche elle revit les événements auxquels elle avait assisté. Qui elle avait tué, qui elle avait fuit, qui elle avait perdu. Elle revit les fantômes de la destruction, passagers invisibles des cris, pleurs et du feu. Serambeür avait beau tenter de l'effrayer ou de l'angoisser, il ne tirait d'elle qu'une profonde absence et un manque absolu d'intérêt pour son attitude. Il voulait la faire se sentir étrangère, seule, haïe par les siens. Rien de ce qu'il pouvait dire ou faire, aucun de ses regards ou gestes, rien ne la faisait flancher ni cligner des yeux. A chaque fois qu'il la regardait de travers, il ne pouvait voir que cette "mort" dans le regard argenté de l'Elfe, où la flamme des ancêtres s'était éteinte. Elle n'avait aucun intérêt pour rien, hormis se maintenir en vie. Pas une fois elle ne tenta de fuir ou de parler. Elle n'en trouvait pas l'utilité. Serambeür faisait très bien son travail, en dépit des circonstances, elle ne pouvait pas lui enlever ce fait.


•      •       •


Un mois de silence.
Lithildren n'avait dormi que par extrême fatigue, réveillée ou tenue éveillée par les cauchemars incessants. Ils lui prenaient la gorge et l'estomac et il n'était pas rare qu'elle ressente les nausées et tournis allant avec les choses terribles dont elle avait été témoin. Comment avait-elle pu vivre ainsi ? Il ne s'agissait pas juste d'Imladris ou de Minas Tirith. Un mal plus profond se terrait dans son esprit et il lui arrivait de sangloter après avoir vomit son maigre repas précédent. Si elle mourait, c'était à petit feu, mais elle ne se sentait pas mourir. Ni même renaître. Elle n'était pas malade ou atteinte de quelconque maux. Son esprit luttait férocement, ses souvenirs flous couverts d'écarlate s'imposaient et elle n'avait plus aucune volonté pour repousser ses pensées. Elle souhaitait, parfois, en regardant les étoiles, que les Valar lui retirent son existence. Serambeür n'avait pas totalement tort non plus, après tout : partout où elle allait, elle ne semait que mort et désolation. Comme un certain dragon dans une certaine cité naine. Enfin, avec une différence de taille et de feu.

Un mois de peine.
Voir les torches d'Imladris eut un effet de soulagement et de peine sur l'Elfe. Amincie, fatiguée, elle se contenta d'observer l'escorte de la grande criminelle qu'elle était se former peu à peu. Tout ça pour elle ? Ils devaient être bien surpris en la voyant ainsi. Aucune résistance, aucune volonté.

Les sabots sur les pavés de Fondcombe la firent inspirer, longuement, comme si elle reprenait un semblant de vie.

Chez moi, pensa-t-elle. Oh, elle le savait, elle ne trouverait aucun réconfort ou dédain dans ces lieux. Mais après tout ce qu'elle avait vécu, elle ne pu retenir un faible sourire de ceux qui sont envoyés à la mort se dessiner sur ses lèvres. Ses yeux vagabonds imaginaient cette vie paisible et heureuse avec Oropher, leurs enfants entre ces murs. Elle divagua dans ses pensées, car elle n'avait désormais plus qu'elles comme réalité. Le vrai monde faisait bien trop mal.

La suite par ici: Un jour ou l'autre tout se paie

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