9 résultats trouvés pour Serambeür

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Sujet: [RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith
Forlong

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Rechercher dans: Le Quartier Marchand   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 3 Déc 2023 - 22:34
Les gardes, pourtant à cran après les événéments des derniers jours et semaines, n’avaient pas fait preuve de brutalité en escortant l’elfe ; ils se contentèrent de l’entourer complètement afin d’éviter toute tentative de fuite ou intervention extérieure. La prisonnière était précieuse, et leurs ordres étaient formels. En revanche, ils firent preuve de profesionnalisme et d’efficacité en s’assurant que l’elfe n’avait aucune arme cachée sur elle.

Leur longue marche les mena jusqu’au coeur de la Cité, plus précisemment vers un endroit qui bouillonait actuellement d’activité : les Gêoles de Minas Tirith. En effet, un grand nombre d’émeutiers y avaient été placé ainsi que certains membres de l’administration et de l’armée qui avaient fait preuve de cruauté, de corruption ou d’incompétence lors des événements tumulteux.

Malgré cela, ils réussirent à trouver une place pour l’elfe. Apparemment, un prisonnier de rénom avait récemment libéré sa cellule...C’était mieux ainsi. Les elfes n’avaient pas toujours la meilleure réputation parmi les humains et placer Lithildren dans une géôle commune aurait pu mal finir, pour elle ou pour son assaillant.

Les heures passèrent, avec pour seul divertissement une tasse d’eau, une assiette de ragoût médiocre, et les cris des autres prisonniers. Est-ce que Lithildren s’aperçevait de l’ironie du sort qui l’avait fait atterir ici alors que, il y a quelques semaines à peine, elle y versait le sang pour sauver le professeur Nallus ?

La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu’une silhouette encapuchonnée s’approcha des barreaux de sa cellule, accompagnée d’un garde qui ne tarda pas à les laisser seuls. L’inconnu baissa sa capuche, dévoilant ses longs cheveux cendrés.

-Lithildren.

Elle avait reconnu la voix.

-Un des défauts de notre longévité est que nos pensées sont toujours attirées vers le passé. Nous sommes toujours amenés aux choses qui furent, et aux choses qui auraient pu être. Je vous avoue qu’une question est souvent réapparue dans mes pensées. Combien de vies auraient pu être sauvées si en ce jour mémorable et maudit l’on avait écouté mes ordres et vous avait interdit l’entrée à Imladris.


Le regard sévère du capitaine Serambeür croisa celui de Lithildren.

-J’ai entendu dire que vous vous êtes rendue, et que votre séjour à Minas Tirith a été mouvementé. Une participation active, d’après certains peut-être même héroïque aux événements qui ont sécoué la cité. Mais pour moi peu importe la cause que vous servez, Lithildren, vous le faites en semant la déstruction. Vous êtes avant tout une agente du chaos, et un danger pour tous ceux qui vous croisent.

Il ouvrit la porte de la cellule et entra.

-Dans mon expérience, certains maux ne peuvent être purifiés que par le feu ou l’acier. Mais j’ai été mandaté par le Conseil Elfique de vous ramener vivante au lieu de vos crimes haineux, à Imladris, pour que vous puissiez être jugée. Et n’étant pas hypocrite de nature, je sais que les ordres doivent être respectés.

La main de Serambeür, posée de manière menacante sur le manche de son épée argentée, atrappa une corde elfique attachée à sa ceinture. Il la déroula et d’un geste expert ligota les poignets de Lithildren. La corde ne frottait ni brulâit pas pas sa peau, mais chaque tentative de s’en défaire faisait qu’elle se resserait encore plus. S’agissait-il de magie de Lothlorien ou bien d’un noeud particulièrement expert ? Cela n’avait que très peu d’importance.

-Un long voyage nous attend. Je vous conseille d’en profiter pour réflechir à ce que vous allez dire devant le Conseil Eflique. A réflechir...en silence.

***

Un long voyage...en effet. Près de 1300 miles séparaient la Cité Blanche de la Dernière Maison Simple. Cette dernière n’évoquait d’ailleurs aucune connotation hospitalière à Lithildren, car chaque lieue parcourue l’approchait inéxorablement de son jugement.

Le capitaine Serambeür lui avait donné son cheval , un magnifique étalon blanc-neige, et s’était contenté d’une autre monture couleur châtain originaire du Rohan. Mais si jamais elle l’avait interprété comme un signe de galanterie, il la sortit très rapidement de son erreur. L’officier lui fit une démonstration, avec quelques gestes de la main et sifflements précis, de la loyauté absolue que le cheval éprouvait envers son maître. Même en faisant abstraction de ses mains ligotées, Lithildren n’avait aucune chance de convaincre sa monture de s’éloigner du capitaine.

***  

Le voyage dura près d’un mois. Tel un limier, Serambeür ne lâcha jamais sa cible du regard, et ne fit aucune erreur. Les journées de voyage se firent principalement dans le silence, et les nuits, passées dans les auberges ou à la belle étoile, s’en distinguaient seulement par la deuxième corde qui liait les pieds de la prisonnière.

Au fur et à mesure que les semaines passaient, les pics enneigés des Monts Brumeux firent leur apparition au loin jusqu’à ce qu’un jour le capitaine refuse de s’arrêter à la tombée de la nuit. Ils continuèrent leur chemin jusqu’à ce que le murmure de l’eau se fasse entendre en un crescendo qui atteignit son apogée lorsque la vue familière du Gué de la Bruinen apparaisse devant eux.

Ils traversèrent dans l’obscurité, l’eau glaciale trempant leurs bottes. Au bout de quelques instants, ils aperçurent les premières torches indiquant la proximité de la cité.

Du coin de l’oeil, Lithildren put aperçevoir des silhouettes d’archers parmi les arbres et les rochers, qui les entourèrent bientôt, formant un cortège silencieux.

Les battement des sabots sur les pavés retentit lorsque son cheval blanc traversa la passerelle menant à Fondcombe. Elle était de retour.

#Serambeür
Sujet: Qui sauve une criminelle se charge de son crime
Learamn

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Qui sauve une criminelle se charge de son crime    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 10 Jan 2021 - 12:46
Suite de : Pour un laissez passer

En poussant un profond soupir d’exaspération Jekal épongea son front humide à l’aide de son brassard. Posté ainsi sur les murailles de Minas Tirith, le soleil frappait avec vigueur et chauffait inévitablement le métal de leurs lourdes armures. Lui et ses camaraes avaient parfois l’impression de se trouver dans un four, ainsi piégés dans ses carapaces brûlantes. Quel enfer! Dire que c’était d’abord l’excitation qui l’avait gagné quand il avait été affecté à la protection de la capitale. Il avait rapidement déchanté. A peine deux mois plus tard, il regrettait la tranquillité de sa contrée natale. Il aurait tant donné pour revenir à Calembel, près de sa famille.  Il y serait sûrement beaucoup plus utile qu’à rester planté ici comme un plot des heures durant. On avait parlé de cette mystérieuse armée qui menaçait Minas Tirith mais cela faisait si longtemps qu’il était là et il n’en avait pas vu la moindre trace. Ces chiens assez fous pour défier la puissance du Gondor  avaient peut-être finalement décidé de faire demi-tour.

Il jeta un regard en biais à un autre garde posté un peu plus loin: un archer de Morthond qui se tenait droit, le regard fixé vers le Pelennor. Comment faisait-il pour rester aussi figé pendant des heures? On disait des gens de la vallée de la Racine Noire qu’ils étaient fait d’un autre bois, mais rester ainsi si droit, sous la chaleur, à regarder l’horizon était proprement inhumain. Finalement ce que l’on racontait au Lamedon sur les gens de Morthond était peut-être vrai: ces types là étaient fous à lier. Ils avaient même la coutume d’organiser chaque année une grande fête, où ils pénétraient dans le Chemin des Morts pour le “purifier”. Rien que cette idée faisait frisonner Jekal. Quelle idée?  Tous à Calembel craignaient de revoir un jour des spectres hanter les rues de la cité, et ces sauvages de la vallée  allaient risquer de réveiller la malédiction au nom de sombres traditions.

Les jours se succédaient avec une monotonie affligeante. Les nouvelles de l’extérieur étaient quasiment absentes, quant aux ordres venues de l’intérieur de la Cité Blanche, ils n’étaient pas vraiment plus clairs. Ils avaient pour ordre de ne laisser entrer ni sortir personne, à l’exception de quelques convois mystérieux. Pourquoi? Ils n’en savaient fichtrement rien. Les rumeurs parlaient d’une épidémie qui accablerait les habitants de Minas Tirith; d’autres avançaient que Cartogan voulaient ainsi piéger tous les criminels qui se cacheraient dans les bas-fonds de la ville en les empêchant de fuir avant la purge qu’il préparait.  Le soldat ignorait ce qui pouvait bien se tramer et n’était pas véritablement interessé à en savoir plus. Il n’était pas de nature curieuse. Ses ordres étaient simples, c’était déjà une bonne chose. Lui se contentait de garder les portes et d’attendre la relève.

Il fut arraché de sa torpeur par la voix d’un de ses frères d’armes:

“Eh! Jekal regarde ça! Encore un autre voyageur.”


Le soldat leva les yeux au ciel en se redressant. Combien de fois fallait-il répéter que les portes de la ville resteraient closes à tout voyageur? Cela faisait déjà plusieurs mois que la quarantaine avait été proclamée mais le nombres d’imprudents venant tenter leur chance ne semblait pas faiblir. Jekal avisa le nouvel arrivant; ses traits étaient dissimulés sous un capuchon mais une certaine grâce se dégageait de lui. Sa monture était tout à fait exceptionnelle, sa robe blanche était d’une pureté qu’il n’avait encore jamais vu.

Passé ce court moment d’observation, Jekal s’exclama:

“Hola voyageur! Passez votre chemin! Les portes de Minas Tirith sont closes.”

De son côté, l’archer de Morthond avait déjà bandé son arc qu’il pointait en direction de l’inconnu. L’excès de zèle dans toute sa splendeur…

L’étranger leva les yeux, fusillant du regard l’homme qui s’était ainsi adressé à lui. Jekal ne pouvait clairement voir son visage, mais les deux yeux gris qui scintillaient sous l’ombre de la capuche suffirent à lui faire comprendre qu’il n’avait pas à faire à un simple errant cherchant le gîte et le couvert. L’inconnu  parla à son tour, d’une vois à la fois douce mais assez puissante pour se faire clairement entendre sur les murs de la ville.

“Guerriers d'Elessar, Héritiers de Numenor! Les majestueuses portes de la Cité Blanche ne sauraient rester fermées devant un émissaire du Conseil Elfique.”

Jekal et son ami échangèrent un regard incrédule. Cela dépassait clairement leurs fonctions.

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“Capitaine! Capitaine!”
Criait Jekal en frappant à la porte en bois du bureau de l’officier.

Celle-ci s’ouvrit, révélant les traits tirés de l’occupant des lieux, visiblement mécontent d’avoir ainsi été importuné au milieu de l’un de ses rares moments de détente.

“Je croyais avoir donné l’ordre de ne pas me déranger!”
Grogna Erelas.

Le visage du jeune Jekal vira au rouge vif, Il balbutia honteusement quelques excuses avant de se faire rapidement couper par l’officier.

“Allez-en au fait Soldat!
-Eh bien… c’est que on a un voyageur qui veut rentrer dans la ville…
-Et vous me dérangez pour ça ? Vous connaissez les ordres, non? On ne laisse rentrer personne.
-Oui oui mon capitaine mais il s’est présenté comme une sorte d’ambassadeur ou je ne sais quoi…
-D’ambassadeur?”

Erelas leva un sourcil. Il n’avait pas été informé de l’arrivée d’une délégation, ni même de quelque diplomate. Soit l’homme avait simplement essayé de ruser en se jouant du garde; soit il y avait quelque chose dont le capitaine n’avait pas été prévenu. Et dans les deux cas, il y aurait des mises au points. Il détestait être ainsi prit de court mais il valait mieux jeter un coup d’oeil à ce qu’il se passait aux portes pour éviter toute mauvaise surprise. L’officier enfila son ceinturon et se saisit de son épée, puis se dirigea d’un pas leste vers les murailles; Jekal le suivant en se faisant le plus petit possible.

Le Capitaine des Portes de Minas Tirith salua les hommes en poste qui se trouvaient sur son chemin. Ceux-ci pouvaient bien voir la mine fatiguée, les cernes de plus en plus profonds qui entouraient les yeux sombres de leur supérieur qui n’avait pas eu beaucoup de répit ces dernières semaines. Pris dans la tourmente, Erelas était de moins en moins serein au quotidien. Et la peste n’en était pas la seule raison.

Le Gondorien se faufila à l’extérieur de la ville par une petite porte dérobée et se dirigea vers le voyageur.

“Quel genre d’ambassadeur arrive dans une capitale en dissimulant ses traits?”

Pour toute réponse, l’inconnu rabattit son capuchon dévoilant ses longs cheveux cendrés et ses oreilles pointues. Un Premier Né. Un autre..

“Mae Govannen, Capitaine. J’aimerais parler à vos supérieurs.”


Malgré la surprise, Erelas ne se laissa pas démonter. Gonflant le torse, il répondit au tac- au-tac.

“Je suis en charge ici. Je décide qui rentre dans la cité! Vous n’aurez affaire qu’à moi!”

L’efle esquissa un léger sourire et prit quelques secondes avant de répondre. Il tira de ses amples vêtements un parchemin, roulé sur lui même. Mais Erelas n’avait pas besoin d’ouvrir le document marqué du sceau du Conseil Elfique pour comprendre qu’il n’avait pas affaire à un imposteur.

“Seriez-vous donc le reponsable?
-Le responsable?
- Aider ainsi une meurtrière. Certains jugeraient de tels actes bien impertinents
-Je ne vous suis pas...
- Une meutrière, rendue coupable d’odieux crimes envers la Dernière Maison Simple, se cache derrière les murs immaculés de Minas Anor. Capitaine… Pourquoi refuser de répondre simplement quand la vérité se lit dans vos yeux?  Mortel... avez-vous fait entrer Lithildren Valbeön d’Imladris à Minas Tirith?”

Réalisant son erreur, Erelas sentit lentement la pression monter en lui.

Serambeür répéta:

“Capitaine… J’aimerais parler à vos supérieurs.”
#Jekal #Serambeür
Sujet: Pour un laissez-passer
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Rechercher dans: Le mur de Rammas Echor   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Pour un laissez-passer    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 7 Oct 2020 - 19:53
Suite de : In Vino Veritas


Crrrrrrrrrack!


L’échafaudage s’écrasa au sol avec grand fracas. Encore un autre. A ce rythme là, les réparations du mur de protection entamées par des soldats épuisés et à court d’équipement risquaient de coûter plus cher en hommes valides que le bénéfice dont la garnison pouvait tirer de la piètre défense qu’offrait la barrière du Rammas Echor qui tombait en ruines.

Les “secours” arrivèrent rapidement, armés de bandages et de brancards de fortune. Les véritables médecins étaient devenus impossible à trouver au sein de la garnison depuis que leur dernier guérisseur avait été rapatrié dans la Cité Blanche sans aucune explication; les hommes de la troupe n’avaient d’autre choix que de s’improviser infirmiers pour venir en aide à leurs frères d’armes. Le cris des blessés bloqués au milieu des débris se faisaient entendre dans tout le camp mais ne surprenaient plus grand monde par ici. L’atmosphère générale était délétère et certains hommes se demandaient même s’ils ne préféraient pas voir leur ennemi débarquer devant leurs lances plutôt que la routine infernale dans laquelle ils étaient plongés depuis de trop longs mois. Face à la menace imminente de l’armée mystérieuse qui avait pris possession de Cair Andros, le pouvoir en place avait dépêché d’urgence une garnison entière au pied du Rammas Echor à la fois pour faire office de première ligne de défense sur le Pelennor mais aussi pour rénover les vieilles fortifications qui n’en avaient plus que le nom. Les hommes en mission étaient d’abord partis avec enthousiasme, fiers de représenter le fer de lance de leur royaume face à un ennemi qui faisait frémir toutes les chaumières. Pourtant, en arrivant sur place, ils avaient rapidement déchanté. La canicule frappait de plein fouet la région et l’air y était suffocant. En plein milieu de ce paysage si plat et peu boisé, il n’y avait nulle ombre naturelle à des lieues à la ronde et le vent se faisait rare; et quand il venait enfin, son souffle était chaud. En plus des conditions infernales, l’ennui avait gagné la troupe. Leurs ennemis n’avaient pas montré le bout de leurs  nez; ni éclaireurs, ni avant-garde et les loisirs se faisaient rare. Les officiers, conscients qu’il n’y avait pas plus vulnérables que des soldats oisifs, avaient bien tenté de garder leurs hommes actifs en établissant une routine stricte mais celle-ci avait fini par lasser. Quant aux réparations entreprises, le tableau n’était pas non plus reluisant; en l’absence d’architectes compétents, d’ouvriers qualifiés et de matériel suffisant, les soldats désespéraient de faire des progrès significatifs sur ce mur qui leur semblait s’étendre jusqu’au bout du monde. Au sein de la troupe on disait même fréquemment que tout cela revenait à construire sur des sables mouvants.

Mais le pire était sans aucun doute l’isolement inexplicable dans lequel ils se trouvaient. Au début de leur mission, vivres et matériaux étaient régulièrement envoyés depuis Minas Tirith et les hommes avaient même parfois le droit de rallier la Cité Blanche pour s’y reposer ou s’amuser lors de permissions épisodiques. Mais tout ceci avait bien subitement depuis longtemps. Tout déplacement en direction de la ville était désormais prohibée; il se murmurait même que la peine capitale avait été instaurée pour ceux qui comptaient braver cet interdit. Les vivres n’arrivaient presque plus et les soldats se retrouvaient souvent forcés de chasser ce qu’il pouvait trouver dans les alentours pour se sustenter. La relève qui avait été pourtant annoncée n’était jamais venue et les hommes, épuisés, étaient laissés dans l’incompréhension la plus totale face au manque d’informations transmises par le général Cartogan.

Cependant, si la garnison toute entière n’avait pas complètement sombréé=; cela était en grande partie dûe à la détermination du Commandant Chance Mevan qui se démenait sans relâche pour entretenir les derniers sursauts de la flamme qui brillait encore dans les âmes des Gondoriens. L’officier, qui n’avait guère plus d’explications sur la situation actuelle, passait ses journées auprès de ses hommes, mettait la main à la pâte au sommet des échafaudages, patrouillait le long du mur et , le soir tombé, passait de longues minutes à écouter et réconforter ses subordonnés. Là-encore, quelques minutes à peine après l’accident, il était l’un des premiers sur les lieux, prêt à panser les blessures et bander les fractures. Heureusement, cette fois-ci, aucune blessure grave n’était à signaler mais cela s’était joué à peu de choses à en juger par le clou qui s’était fiché dans l’épaule d’un pauvre bougre. Mevan se précipita au milieu des débris pour en extirper ceux qui y étaient coincés avant de distribuer rapidement ses ordres pour reprendre au plus vite les travaux de construction. Un de ses plus fidèles sergents le regarda d’un air désabusé:

“Mon Commandant; avec tout mon respect, est-ce vraiment utile?
-Nous avons reçu des ordres et ils sont toujours valables. Nous irons au bout de ces travaux”.

L’officier supérieur posa une main rassurante sur l’épaule de son interlocuteur.

“Algast; je comprends ta frustration. Je la partage même. Mais nous devons montrer l’exemple à nos frères et continuer à avancer avec la tête haute. Si nous abandonnons maintenant alors qui pourra les guider?”

Le dénommé Algast acquiesça silencieusement. Ce sous-officier faisait partie des plus dévoués mais, ces derniers jours, le désespoir commençait lentement à gagner son noble coeur.

Mevan s’épongea le front et passa une main dans ses cheveux soyeux. Combien de temps pourrait-il tenir ainsi? A motiver les siens pour une mission à laquelle il croyait de moins en moins alors que tous semblaient les avoir oubliés, ou pire, abandonnés délibérément à leur sort. Il était un officier exceptionnel; brave, modeste, apprécié de ses hommes, juste et empathique; pourtant il restait un homme et aussi exemplaire qu’il était; il lui arrivait, la nuit de se retourner dans sa couche et de se dire “ A quoi bon?”

Epuisé, Mevan se dirigea vers sa tente pour se reposer quelque peu avant la patrouille du soir. Il avait à peine dormi la nuit précédente et il sentait que s’il ne prenait pas un peu de sommeil maintenant, alors il tomberait de selle. Il poussa la tenture qui masquait l’entrée de sa chambre.

Mais sa tente n’était pas vide.

Une silhouette encapuchonnée se tenait,stoïque, devant son lit. Sous le capuchon, deux iris d’un gris scintillant semblait sonder l’âme du jeune officier.  En alerte, le Gondorien mit sa main sur le pommeau de son épée et cria d’un ton autoritaire.

“Ceci est la tente d’un officier supérieur du Gondor, Soldat! Je vous ordonne de dévoiler votre identité et de quitter immédiatement les lieux si vous ne voulez pas en subir les conséquences.”

Mais au fond de lui, son instinct lui hurlait qu’il ne s’agissait pas simplement d’un homme de la troupe en quête d’un matelas plus confortable pour sa sieste quotidienne. La voix cristalline avec laquelle l’inconnu lui répondit confirma son pressentiment.

“Pourquoi tant de colère? Je crois pourtant savoir que je ne suis pas le premier étranger à me retrouver près de votre couche d’officier.”


A ces mots, la douce et rassurante image de Lithildren lui monta à l’esprit et son coeur s’arrêta l’espace d’un instant. Pendant un instant, il ne pensa plus qu’à elle… Comment allait-elle au sein d’une Cité Blanche en troubles? Avait-elle trouvé cet érudit de la Société des Chercheurs et par la même les réponses à ses questions? Quid du sorcier et de la machination qu’elle avait évoquée? Le souvenir de sa chevelure sombre et du goût de ses lèvres le firent frissonner alors que son parfum envoûtant hantait encore sa mémoire. Pensait-elle encore à lui chaque nuit de la même manière qu’il chérissait ses moments passés avec elle?

Chance se reprit rapidement face à la silhouette qui n’avait toujours pas bougé d’un iota. Comment savait-il ? Tout cela était trop suspect. Après un temps de réaction relativement long, Mevan dégaina sa lame et la pointa vers l’intrus. Il crut alors apercevoir un léger rictus amusé sur le visage dissimulé. Sans crier gare, avec une rapidité et une grâce surhumaine, le mystérieux personnage dégaina à son tour son épée et la fit tournoyer. Sans qu’il ne comprenne vraiment comment, le Gondorien regarda, impuissant, son arme voler à l’autre bout de la pièce.

Cette fois il était franchement effrayé et ainsi désarmé craignait pour sa vie. Fier officier, il essaya tant bien que mal de rester droit et d’adopter une expression impassible

Il demanda d’un ton défiant:

“Que voulez-vous bon sang?
- La Cité Blanche… Je cherche à y entrer. Je sais que je ne suis pas le premier de mon espèce à vous adresser cette requête.”

Mevan jeta un coup d’oeil à la lame de son opposant qui se trouvait désormais sous son menton mal rasé. Elle était de facture elfique.


#Serambeür
La suite : Qui sauve une criminelle se charge de son crime
Sujet: In Vino Veritas
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Rechercher dans: Tharbad   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: In Vino Veritas    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 15 Juil 2020 - 23:59
La nuit tombait sur Tharbad, donnant aux étroites ruelles de la cité arnorienne des airs aussi mystérieux que inquiétant. Jadis, la ville était réputée pour son faste mais cela faisait bien longtemps que les choses avaient changés. Malgré tous les efforts investis par la Couronne  dans la reconstruction de la ville, Tharbad courait toujours après sa gloire passée. Certes, la ville s’était repeuplée et se développait même considérablement comme l’un des principaux points commerciaux permettant de faire la jonction entre le Gondor et l’Arnor à travers les terres sauvages de l’Enedwaith. Et pourtant, ni l’or ni les marchands ne parviennent à redonner  à la ville son cachet d’antan. Comme un délicat vase de porcelaine que l’on aurait malencontreusement brisé; même le plus brillant des artisans ne pouvait recoller les morceaux en préservant l’entière beauté de l’objet. Ce qui était cassé ici, semblait être condamné à le rester pour l’éternité.

Toutefois, en dépit de tous les défauts de ce lieu, Wagram, célèbre tavernier du quartier nord, se sentait sincèrement attaché à cette ville. Alors oui, les rues et passages de Tharbad n’étaient pas forcément les plus splendides du royaumes mais il y faisait généralement bon vivre. Les habitants étaient de grands travailleurs, honnêtes et déterminés à aider leur communauté; on retrouvait parfois quelques vandales et criminels dans les recoins les plus sombres où se massaient aussi mendiants et charlatans, mais leur présence restait limitée en comparaison aux autres grandes villes de l’Ouest ayant meilleure presse. Ce soir-là s’annonçait plutôt calme dans son établissement; après de longues semaines de sécheresse il avait enfin plu avec vigueur et les rues désormais boueuses n'encouragent pas les potentiels clients à sortir de chez eux. Quelques convives étaient dispersés à travers la large salle à manger, la plupart d’entre eux étaient des locaux, des habitués que Wagram connaissaient bien. Il y avait aussi un petit groupe de voyageurs ayant loué une chambre pour la nuit, sûrement des marchands ou artisans itinérants à travers le royaume en quête de bonnes affaires. Tharbad accueillait beaucoup de ce genre de gens.

Wagram s’affairait à astiquer ses verres avec un torchon qui les salissait plus qu’autre chose mais l’aubergiste ne semblait pas vraiment s’en soucier. Concentré dans sa tâche, il n’écoutait que d’une oreille distraite les racontars incohérent de l’homme qui lui faisait face et qui était de toute évidence déjà bien éméché

“Mais moi je te dis Wagram tout ça je le tiens de source sûr, c’est ce bon vieux Fredric qui m’a tout raconté! Un sorcier aux vêtements rouges en quête d’objets puissants, très puissants. On m’a même parlé des Anneaux de Pouvoir…”

Pas impressionné pour un sou, l’aubergiste émit un petit sifflement ironique.

“Pfiiiiiiou...Les Anneaux de Pouvoir? Rien que ça…
- Aussi fou que ça puisse paraître oui! Mais crois moi ce type est dangereux. Et puis il y a cette Oreille Pointues là, une elfe qui est venue jusque dans notre village  avec le corps du pauvre Alart…”

Cette fois, Wagram daigna lever les yeux vers son interlocuteur. La dernière remarque de l’homme avait capté son attention.

“Une elfe? Dans ton village?
-Et comment! Un ange tombé du ciel! Tu aurais dû la voir! Elle seule peut nous sauver du sorcier! Je te le dis moi!
-Ouuuh le sorcier...Et moi je te dis surtout que tu as bu beaucoup trop de vin, Dekan . Allez va! Finis ton assiette et remonte dans ta chambre, tu ferais mieux de dormir…”

Heureusement pour l’ivrogne, Wagram était un homme placide qui avait l’habitude de ce genre de situations impliquant des clients peu contrôlables. Nul doute que bien d’autres hommes qui n’avaient pas sa patience s’y serait pris différemment. Dekan se laissa presque convaincre par les paroles sensées de son hôte mais alors une nouvelle voix, inconnue, se fit entendre à proximité du comptoir. Une voix cristalline et profonde, qui semblait appartenir aux  ges anciens.

“Maître Aubergiste, ayez s’il vous plaît l'amabilité de resservir notre ami.”

L’homme qui s’était ainsi exprimé avait les traits dissimulés sous une large capuche. Il se trouvait à l’auberge depuis déjà plusieurs heures. Wagram l’avait repéré comme étant assez louche mais le bougre n’avait pas bougé du coin où il s’était installé, cette irruption soudaine dans la conversation le surprit quelque peu. Mais pour agrémenter ses paroles, le mystérieux inconnu déposa une poignée généreuse de pièces sur le comptoir en bois, bien plus qu’il n’en fallait pour deux coupes.

“A vrai dire, donnez nous le pichet.”


Le chef de l’établissement fronça les sourcils. Il n’aimait pas ce genre de personnages qui avaient tant de choses à cacher, à commencer par leur visage. De plus, faire boire ce pauvre Dekan qui ne savait déjà plus ce qu’il racontait ne lui semblait pas être une mauvaise idée. Tout cela paraissait bien suspect, mais lui n’était pas là pour poser des questions. Wagram haussa les épaules; tant que ces lascars continuaient à consommer il ne voyait aucune raison pour les mettre à la porte, bien au contraire. Il tendit donc un pichet rempli de liquide vermeil que l’inconnu saisit avant d’inviter, d’un geste gracieux, Dekan à sa table. Il remplit la coupe de ce dernier ainsi que la sienne mais ne toucha pas une seule fois à son verre. Le client éméché engloutit le contenu de sa coupe d’une traite, il avait vite baissé sa garde face à ce voyageur. L’offre de l’alcool gratuit y avait grandement contribué.  Il tenta bien de discerner les traits sous la capuche de l’étranger mais ne put deviner que la forme longiligne de son menton encadré de longs cheveux, pâle comme la neige. Il voyait aussi clairement les yeux scintillants de son interlocuteur; deux faisceaux lumineux argentés qui semblaient sonder son âme en quête de réponses.

“Dites moi, Dekan. N’est il pas inhabituel de croiser de tels personnages dans votre petit village? Une elfe...là-bas… plutôt surprenant non?
-Ah ça… Mais elle nous a ramené le corps du petit Alart. Ah pauvre garçon… lui qui voulait partir à l’aventure depuis gamin… il n’aura pas survécu à sa première…
Parfois j’me dis que ce monde est une sacrée  pute.
- Je crois surtout qu’il en est peuplé.
-Enfin bref. Après elle est pas restée longtemps; je crois bien qu’elle venait de Tharbad mais avant ça que d’aventures. Je ne me souviens plus des détails mais elle a parlé longuement avec Fredric. Il y était question d’un sorcier, d’objets magiques, de ville elfique en ruines…”

A ces mots, l’homme encapuchonné eut un léger mouvement de recul trahissant son étonnement. Il reprit avec un léger frémissement dans sa voix, comme s’il craignait la réponse à sa question.

“ En ruines dites-vous?
-Oui… A l’est de Didil ou un truc du genre…
-Ost-in-Edhil?
- Ah oui c’est cela! Un vrai merdier si vous voulez mon avis…
- Et avez vous une idée de la destination de cette Elfe si celle-ci ne faisait que passer?”

D
ekan se gratta son menton mal rasé d’un air pensif, tentant de se remémorer ce genre de précisions qu’il n’avait pas jugé assez intéressantes à raconter à son maigre auditoire.

“Eh bien...je crois qu’elle a pas donné d’informations précises  là-dessus mais elle semblait déterminée à poursuivre ce sorcier… On l’a vu chevaucher plein cap vers le Sud-Est, très probablement vers le Gondor. Peut-être Osgiliath….Ou Minas Tirith même si l’accès y est interdit…
-L’accès à la Cité Blanche est bloqué?
-Oh oui… je sais pas trop pourquoi mais fermé ça l’est je vous l’assure. Mon cousin s’y rend chaque année pour vendre ses pipes et cette fois-ci ils ne l’ont même pas laissé franchir les portes de la ville. Et aucun de ses contacts à l’intérieur n’ont rien pu faire…
-Merci mon ami. Vous avez été fort utile.”


L’étranger fit signe au tavernier d’amener un second pichet de vin avant de déposer quelques autre pièces sur la table de bois. Après quoi, il se leva et fit volte-face et sortir de l’établissement; sa silhouette élégante s’évanouissant dans les ténèbres.

A cause de ces mouvements lestes, la capuche du voyageur se rabattit très légèrement vers l’arrière et Dekan put distinguer  l’oreille droite de son mystérieux bienfaiteur. Elle était pointue.

L’homme n’en était pas un.

Deux elfes en l’espace de quelque semaines; c’en était de trop pour lui.

L’ivrogne retourna à son verre.

#Serambeür

Suite ici: Pour un laissez-passer
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 25 Mar 2016 - 16:43

Assis sur son tabouret en bois , au chevet d’Erennel , Eugénion ne pouvait retenir ses larmes : tant de certitudes s’étaient envolées en l’espace de quelques minutes ; tant d’illusions avaient volé en éclats.
 Quelques heures plus tôt alors qu’il était encore assis à la table d’Ovadiel un garde de la cité s’était précipité vers eux les avait informé qu’ils venaient de retrouver le cadavre d’un autre soldat dans les cachots et qu’Oropher s’était évadé ; de toute évidence il avait reçu de l’aide , il restait à déterminer de qui provenait cette aide. Mis en alerte Ovadiel , Serambeür et les autres elfes invités s’étaient levés immédiatement pour faire face à cette situation d’urgence. Le notable de la ville avait donné plusieurs ordres pour quadriller le périmètre tandis que Serambeür se dirigeait vers les prisons ; c’est alors, qu’aux abords des écuries  ,il avait vu une silhouette étendue sur le sol en plein de milieu de l’allée. Il s’ était empressé pour voir de qui il s’agissait et si cette personne était encore vivante.  Il ravait alors reconnu Erennel , l’humain qui avait quitté la table quelques minutes plus tôt : son flanc saignait abondamment.  L’officier n’avait pas hésité  une seule seconde et , après avoir vérifié que le blessé vivait encore , il l’avait soulevé  avec force et avait rejoint  aussi vite qu’il l’eut pu  la maison de guérison.

Après une rapide enquête , les autorités de la cité surent bientôt dans les grandes lignes ce qui s’était réellement passé. Plusieurs témoins avait affirmé avoir vu une silhouette entrer seul dans les cachots , quelques minutes seulement après que Lithildren eut prit congé de ses hôtes , et qu’un peu plus tard la même silhouette était ressortie accompagnée d’un autre individu.  Serambeür en vint à la conclusion qu’ils s’étaient ensuite rendu aux écuries où il manquait deux chevaux de haute valeur et qu’ils avaient agressé  le forgeron qui les avait interpellé puis ils s’étaient aussitôt enfui de la cité  ; tout les indices convergeaient vers un seul constat : Lithildren les avait trahi.  Elle avait quitté la table juste avant l’évasion d’Oropher et elle demeurait introuvable dans toute la table : les doutes n’étaient pas permis et malgré sa surprise  et son chagrin le seigneur Ovadiel dut se faire à l’idée que la jeune elfe vaillante et vertueuse qui les avait quitté quelques siècles plus tôt n’était plus la même aujourd’hui.

Quand on annonça cela à Eugénion , il ne voulut le croire et il imagina divers scénarios plus farfelus les uns que les autres mais qui innocentaient tous l’elfe aux cheveux de jais.  Mais le petit philosophe sentait bien que ces théories ne tenaient pas la route et mis devant les faits il n’eut d’autres choix que de se rendre à l’évidence . Accablé,  Eugénion avait passé le reste de la nuit assis au côté d’Erennel en tentant de contrôler ses bruyants sanglot. Depuis qu’il l’avait rencontré à Edoras , le marchand ambulant avait instantanément senti qu’il pouvait lui faire confiance ; une confiance qui n’avait cessé de croître tout au long de leur périples. L’elfe lui avait plusieurs fois sauvé la mise et le Hobbit lui avait rendu la pareille lorsque son amie était à son tour en position de vulnérabilité. Comment aurait-il pu prévoir un tel retournement de situation? Elle avait le choix de s’allier et de s’enfuir avec le monstre qui les avaient poursuivis pendant des jours pour les tuer , en blessant gravement au passage  l’homme qui leur avait sauvé la vie à Bree.

Peu avant l’aube Ovadiel rejoignit le Semi-Homme ; il était rare de voir ce Seigneur Elfe dans un tel état. Son teint était livide et ses gestes loin d’être aussi gracieux qu’à l’accoutumée ; lui aussi semblait être sous le choc. Il s’adressa toutefois à son valeureux invité avec douceur et bienveillance.

“Maître Ionescgrin , je...je ne sais vraiment comment vous l’annoncer mais nos derniers motifs d’espérance viennent de s’envoler : Lithildren n’a pas été forcé à faire cela , Oropher ne l’a pas fait chanté. Ce qu’elle a fait , elle l’a choisi : c’est d’ailleurs elle qui a tué le garde et agressé votre ami.  J’ai trouvé cette lettre aux abords de l’écurie et je crois bien qu’elle vous est destiné.”

Il lui tendit un parchemin replié sur lui même que le Hobbit saisit d’une main tremblante.

“Je suis désolé” ajouta le seigneur Elfe avant de quitter la pièce.

Plein d’appréhension mais désireux d’en savoir plus , Eugénion déplia la lettre et la lut attentivement.




Mon cher ami, Eugénion,

Par où commencer ? Tout d'abord... Je te suis infiniment reconnaissante de m'avoir accompagnée et soutenue durant mon périple. rien ne t'obligeait, après Bree, à continuer de me suivre.

Oh, oui... Oropher était notre ennemi. Mais lors de ma visite aux geôles, j'ai compris qu'il ne l'était pas. Par le passé, Oropher et moi étions... très proches, plus que des amis. J'ignore s'il m'a aimée, mais je l'ai toujours considéré comme plus qu'un ami. Il a commencé à me détester quand je me suis fiancée avec Geraïnh. Lors de mon départ d'Imladris, il était là et m'en a voulue. Lui aussi est parti loin, et a même attaqué la cité avec l'Ordre de la Couronne de Fer. Geraïnh, mon fiancé, est mort sous l'épée de l'un de ses membres. J'ai décidé de libérer Oropher qui me guidera jusqu'au meurtrier de Geraïnh, et de venger mon aimé.

Mais même lorsque j'écris ces mots, je me rends compte que je cours à ma perte. Je ne te reverrais plus jamais. Je serais bannie de toutes les cités elfiques de la Terre du Milieu, et si je viens à m'approcher trop près de l'une d'elle, je serais une cible à abattre à vue. Sans procès. Car je serais une criminelle, fugitive et bannie. Je ne suis plus vraiment une elfe, désormais. je suis une vagabonde à la recherche de qui elle est et qui elle sera, avec une mémoire qui oublie le passé. J'ai encore bien des secrets à retrouver dans mon esprit, bien de gens à tuer pour me venger. Mais je ne regrette pas mon choix : ils ont osé attaquer Imladris, et bien que l'Ordre est défait, mon fiancé n'est pas vengé. Et il m'incombe de venger mon fiancé... et mes parents.

Je ne peux plus écrire... Je prends le risque de mourir dans tout les cas, mais tant pis. je suis prête à affronter mon destin, quoi qu'il m'en coûte.

Adieu, mon ami,
Ton amie... Lithildren.



Ainsi c’était avec une quête de vengeance qu’elle tentait de justifier ces actes innommables ; Eugénion comprenait son choix mais n’en fut pas moins extrêmement déçu d’elle ; elle avait  sûrement agi sans prendre de recul. La mort de l’assassin de son fiancé ne ramènerait pas ce dernier ; et en choisissant cette voie elle venait de perdre tous ceux qui l’aimaient encore : Ovadiel, Erennel même et bien entendu le petit philosophe.  Elle avait pris le chemin de la violence , de la vengeance personnelle ; un chemin où elle serait seule pour affronter les obstacles qui se dresseraient devant elle , une voie qui risquerait bien de finir de consumer l’elfe.  Elle voulait faire payer le meurtrier de Geraïnh et obtenir justice pour ses parents ; tous morts durant l’attaque de la  cité et pour ce faire elle avait été prête à pactiser avec le diable.

Le coeur brisé , Eugénion replia la lettre et la rangea dans une des ses nombreuses poches. Au même moment , Erennel remua dans son lit ; le Semi-Homme bondit sur ses deux grands pieds velus pour pouvoir observer le visage du veuf blond : il reprenait peu  à peu ses esprits.  Eugénion sourit au forgeron avant d’aller prévenir les guérisseurs du réveil de leur patient.

Grâce au prodigieux travail des médecins de Fondcombe , Erennel était hors de tout danger et ne garderait que peu de séquelle de cette mésaventure , tout du moins de séquelle physiques , si ce n’est une grande cicatrice qui marquera son flanc à jamais et de potentiels douleurs dans les prochains mois ; mais cela aurait pu être bien pire mais le forgeron pouvait déduire que Lithildren avait agi de sorte à ne pas toucher trop grièvement celui qui fut sauveur.
Cependant la convalescence prenait un certain temps et le forgeron fut contrait de rester encore plusieurs semaines dans la cité elfique.

De son côté, Eugénion préparait son départ : il désirait rejoindre sa Comté natale et y rester un certain temps pour se remettre de toutes ses émotions et pouvoi prendre un peu de recul par rapport à cette éprouvante expérience. Il avait déjà identifié son itinéraire et avait fait ses paquetages quand il vint rendre visite à un Erennel encore souffrant mais qui pouvait dorénavant se redresser , se lever et même à marcher.

Le forgeron accueillit le Semi-Homme avec jovialité ; il fallait dire que malgré le confort de sa chambre et la bienveillance du personnel , la vie sociale de l’homme n’était pas toujours facile : il n’avait quasiment pas de visite car bien peu ici ne se souciait vraiment de son sort. Heureusement , d’ici quelques jours , il pourrait sortir de l’hôpital et enfin aller où bon lui semblait. Eugénion prit place sur un tabouret et avoua :

“Peut-être que je n’aurai pas dû attendre la veille pour te l’annoncer mais il vaut mieux tard que jamais alors je te le dis : demain je pars d’ici pour retourner chez moi , en Comté ; là où un Hobbit à sa place car s’il y a bien une chance que j’ai apprise de mes péripéties c’est que ce genre d’aventures ne sont vraiment pas faites pour nous paisibles Hobbits ; les chocs physiques et émotionnels sont trop forts et nombreux , je suppose qu’il faut avoir le coeur bien accroché. “


Il jouait nerveusement avec ses doigts , visiblement gêné d’annoncer à celui qu’il voyait maintenant comme un ami qu’il allait “l’abandonner” car c’était plus ou moins ce qu’il s’apprêtait à faire.

“Tant de peines et de désillusions; moi qui fanfaronnait il y a quelque temps et qui me voyais faire une entrée triomphale à Fondcombe avec une elfe amnésique à qui j’aurai redonné la mémoire. Il faut croire que mon succès n’aura été que très partiel. Cela me fait penser d’ailleurs penser à une histoire , une dernière histoire
.

Voici l’histoire d’un désillusionniste , un des meilleurs agents du Roi ayant pour mission de  briser les rêves , les projets et les illusions des uns et des autres.  Il avait eut maintes occasions de prouver sa va leur et son talent  ; il avait notamment cassé le projet de coup d’Etat d’un général ambitieux grâce à ses bons mots et avait démontré  au monarque du royaume voisin qu’il était bien inutile de résister aux forces de son Roi qui envahissait son territoire.  Habile orateur il était parfois contraint de passer aux actes pour arriver à ses fins comme quand il avait dû brûler les vignobles d’un riche bourgeois dont l’influence financière commençait à faire de l’ombre à celle du Roi.  Son rôle n’était pas de détruire toutes les possessions d’un potentiel concurrent du Roi mais bien de montrer à cette hypothétique tierce personne que ses rêves étaient voués à rester de simples rêves et leur portant un coup moral assez fort pour qu’ils ne s’en remettent pas.

Un matin il fut convoqué à la salle d’audience du Roi. Le souverain  , haut perché sur son trône toisa son subordonné avec une méfiance. Grâce aux talents du désillusionniste le Roi avait mis hors course toutes les personnes susceptibles de lui faire un tant soit peu d’ombres , tous ces individus ; enfin sauf un .  Et cette dernière personne en qui le Roi voyait une potentielle menace s’agissait justement du désillusioniste lui-même qui gagnait en notoriété et en magnétisme  auprès du peuple.  Mais le monarque était un véritable animal politique , capable de maîtres coups et il comptait bien piéger son agent. Cela faisait longtemps qu’il voulait mettre le désillusionniste dos au mur mais voilà qu’enfin une occasion en or pour le faire se présentait à lui.


“ L’on m’a rapporté que dans la campagne vit un modeste fermier dont il se dit qu’il ne nourrit aucune illusion.
-C’est impossible ,
argua le désillusionniste , Nul n’est bercé par aucune illusion.  L’illusion est le moteur de la vie humaine.
-Eh bien alors prouve le moi! Va chez ce fermier et brises ses rêves ; alors je pourrai juger si tu es aussi compétent que tu le prétends. “


Le désillusionniste sortit du palais très confiant ; il ne voyait clairement pas comment il pouvait échouer dans sa tâche. Il cavala jusqu’à la ferme indiquée où le fermier  et sa famille bienveillante se montrèrent accueillants avec ce visiteur qui prétendait venir de loin et simplement rechercher un gîte pour la nuit.
Durant le dîner qu’on lui offrit il put observer avec attention le comportement de ce fermier qui semblait très attaché à ses maigres possessions et à ses animaux. Il en vint en à la conclusion que toute source d’espoir serait annihilé dans l’esprit du paysan. La nuit venue , il quitta donc discrètement son lit et brûla les plants de céréales avant d’égorger les bovins dans l’étable .

Au matin , le désillusionniste scruta la réaction ; ’il s’attendait à entendre de longues complaintes de désespoir et de nombreuses lamentations mais il n’en fut rien.
Le fermier haussa les épaules avant de dire simplement


“Des vandales sont venus dans la nuit ; nous reconstruirons.”

Désappointé le désillusioniste ne renonça pas pour autant . Il quitta la ferme pour rejoindre le palais où le Roi lui demanda des nouvelles ; l’agent dut alors reconnaître que sa première tentative avait échoué mais il comptait bien rebondir après cette tentative infructueuse.

Il se rendit dans la garnison adjacente aux palais où il donna ordre aux gardes de mettre aux arrêts la famille du fermier pour cause de haute trahison envers la couronne ; les militaires s’exécutèrent sans poser de questions. Puis , sur la place publique de la capitale sous les yeux du peuple mais aussi di pauvre fermier , le désillusionniste exécuta froidement la femme et tous les enfants : de l’aîné au benjamin sans exceptions ; mais au grand agacement de l’agent du Roi le paysan ne manifesta aucun signe de découragement. Le Roi demanda alors à son homme si il ne préférait pas renoncer au lieu de se casser les dents sur ce fermier décidément inébranlable mais ce dernier refusa. “ Nul n’est bercé d’aucune illusion” se répétait-il constamment.

Après réflexion , le désillusioniste crut enfin trouvé le seul point qui risquer de briser psychologiquement cet homme : sa liberté. Tout homme aspire à la liberté et l’en priver et lui ôter tout espoir de la retrouver désespère tout individu vivant et bien-pensant. Le désillusioniste fit donc incendier la demeure du paysan et l’enferma dans le plus profond et le plus sombre des cachots d’où l’on ne recevait pas la moindre once de lumière : là-bas aucun espoir de liberté n’était permis. Mais là encore nul cri de désespoir ne monta aux oreilles d’un désillusionniste qui commençait à craindre de perdre à son propre jeu. Le Roi , quant à lui , se délectait de voir que son désillusionniste deviendrait bientôt un désillusionné.

Incapable de se résoudre à l’idée d’avoir perdu , le désillusionniste descendit de la cellule du fermier.


“Parle!
Cria-t-il.
-Bonjour ; quel temps magnifique n’est ce pas ? “

La stratégie du paysan fonctionnait à merveille et il eut tôt fait de mettre hors de lui l’agent du roi qui y perdait le nord et se mit à frapper violemment le pauvre captif ; oubliant que c’était psychologiquement qu’il devait l’anéantit et non physiquement. De son côté le fermier n’était nullement importuné par les coups et se contentait de rire. Voyant que les atteintes physiques ne l’avançait à rien ; le désillusioniste tenta de se calmer en répétant inlassablement :


“ Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humain. Je ne comprends pas.
Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humaine . Il y a forcément un moyen.
Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humaine. Si tu n’as pas d’illusions alors tu n’as pas de moteur dans ta vie dont tu ne devrais pas vivre ; je devrais alors te tuer…”

L’évidence frappa alors le désillusioniste , du moins ce qu’il crut être l’évidence : sans illusions l’homme ne pouvait , ne devait pas vivre ; par conséquent il était de se devoir de tuer cet individu qui ne respectait pas les codes humains. Mais son raisonnement comportait une faille et il le savait ; si vraiment ce fermier n’avait jamais été bercé par des rêves comment aurait-il pu vivre jusque maintenant ? Il aurait du mourir bien plus tôt? Il y avait forcément quelque chose.



“Tue-moi alors désillusioniste désillusionné “
,ricana alors le fermier.

En entendant les propos quasiment moqueur du captif , le désillusionniste comprit ; cet homme était animé par une unique illusion , par un seul but.


“Tu vas effectivement mourir mais je ne tuerai pas par dépit car je ne le ferai nullement en tant que désillusionné. Car la seule raison pour laquelle tu vis ; ta seule illusion;  ton seul but  c’est de pouvoir me battre sur mon propre terrain. Quelle prétention! Mais à présent que je l’ai compris tu n’as plus espoir de me battre et ton rêve s’écroule”


Les rires du fermier s’arrêtèrent net et son visage devint livide ; il avait échoué, et par la même occasion le Roi venait de perdre son pari. Affichant un large sourire le désillusionniste déclara.

“Et a présent que plus aucun rêve ne te motive , tu n’as plus aucune raison de vivre”

L’agent tendit alors sa dague au fermier qui , désillusionné , se la planta dans son propre coeur sans hésiter. Il n’avait plus raison de vivre.

Le désillusioniste remonta à la surface en fredonnant allègrement :


“ Nul n’est bercé par aucune illusion. L’illusion est le moteur de la vie humaine.  Nul n’est bercé par aucun doute . L’illusion est le moteur de la vie humaine. “


A la fin de cette histoire aussi cynique que macabre , Eugénion se redressa et serra la main d’Erennel .

“Au revoir je l’espère et si vous passez du côté de la Comté demandez Eugénion Ionescgrin.”


Eugénion sortit de la maison de guérison , son baluchon sur le dos et avec un poney que le seigneur Ovadiel lui avait généreusement fourni.  Le petit philosophe autoproclamé serait bientôt de retour chez lui ; à sa place avec nul autre illusion que réussir la cuisson de ses tartes au pommes.



Quelques jours plus tard ’Erennel était quasiment remis de ses blessures et il ne devait pas tarder à “être libéré”. Dans l’après midi il reçut une visite bien inattendue ; quand il avait entendu que quelqu’un arrivait il s’attendait à voir un guérisseur rentrer ou alors Ovadiel ou Yalë qui étaient venu ponctuellement prendre de ses nouvelles. Mais il faillit avaler son infusion de travers quand il vit le capitaine Serambeür franchir le seuil de la port. Le valeureux officier de Gar Thulion avait il égaré sa fierté dans une partie de chasse pour rendre visite à un simple humain?  L’elfe s’assit au chevet du forgeron :

“On m’a dit que vous alliez mieux … Je ne peux que m’en réjouir ; nous pourrons  à nouveau croiser le fer ensemble.

L’officier esquissa un sourire qu’Erennel ne lui rendit pas.

“Ecoutez ; je ne vous appréciais que très relativement il y a encore quelques jours mais quand j’ai su ce que vous avez fait Lithildren… Il n’y a rien de pire que de se faire trahir par l’un de ses proches. “

Il remonta alors la manche de son bras gauche où se trouvait une profonde cicatrice.

“Quand ma soeur décida de quitter la ville pour partir dans le monde des humains j’ai tenté de l’en empêcher et de savoir pourquoi elle avait prise cette décision . Elle refusa de me le révéler prétextant qu’elle désirait me garder en dehors de tout cela et quand j’ai voulu la retenir ou la forcer à ce que je l’accompagne elle m’a attaqué , non pas pour me tuer mais pour m’éloigner.
Aujourd’hui j’ignore où elle est et ce qu’elle a fait mais cette cicatrice , elle , restera à jamais gravé en moi.”

Serambeür  se leva alors et se dirgea vers la sortie , arrivé au niveau du seuil de la porte et se retourna vers le forgeron.

“ Adieu Forgeron aux Cheveux d’Or puisse les Valars vous suivre dans vos projets.”

Il quitta alors les lieux.



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Oropher et Lithildren galopait à bride abattue depuis qu’ils avaient franchi les portes de la cité où ils n’avaient pas été repérés ; à priori personne n’était à leur poursuite , mais l’ancien membre de l’Ordre désirait s’éloigner le plus possible d’Imladris avant de faire reposer les montures. Oropher respirait à plein poumons l’air pur des bois qu’ils traversait. Il n’avait pas été derrière les barreaux pendant un long moment mais ce goût de liberté lui avait tout de même manqué et il était réellement bon d’y goûter à nouveau.  

Ils s’arrêtèrent après quelques heures pour faire boire les chevaux auprès d’un ruisseau  ;Lithildren interrogea alors son nouvel allié sur la suite des évènements.  Oropher s’approcha alors de l’elfe aux cheveux de jais ; déplaça délicatement  une mèche qui cachait les yeux se sa partenaire et lui caressa la joue avec un sourire.

“A présent allons accomplir ton destin ma chère Lithildren.”


Il remonta aussitôt au selle .

“Vers le Sud. Cap vers le Gondor.”

Les deux traîtres à Imladris reprirent leur avancée.




HRP : Voilà c'était le rp de clôture de notre quête, tout d'abord merci à vous deux pour votre investissement sans failles , votre bonne humeur et surtout vos écrits de qualité qui ont fait vivre et animé cette quête tout de même plutôt longue mais non moins haletante qui risque d'avoir de grandes répercussions sur vos personnages et sur leur évolution.
Lithildren : Nous allons continuer à rp ensemble e je jouerai Oropher en PNJ dans des rps qui suvront ta quête de vengeance .
Erennel : Tu es désormais plus ou moins libre bien qu'un peu affaibli par ta blessure ; si tu veux postuler à une quête ou rp avec d'autres membres sans MJtage particulier libre à toi ( tu as largement démontré que tu avais de belles capacités dans cette première quête). Toutefois si tu désires toujours qu'un coloré guide un peu tes pas , no problem dis le nous et un autre membre du staff prendra le relais ;D.
Et encore merci pour tout !  


#Ovadiel #Oropher #Serambeür
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
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Rechercher dans: Fondcombe   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 28 Jan 2016 - 20:03

Eugénion marchait aussi vite que ses courtes jambes le lui permettaient à travers les longs et magnifiques couloirs de la maison de guérison. Mais pour le petit philosophe l’heure n’était point à la contemplation des ouvrages architecturaux des elfes, il essayait de faire le point sur les récents évènements et d’envisager les différentes options qui s’offriraient bientôt à lui.

Le voyage qu’il avait choisi de faire avec Lithildren depuis Edoras était terminé ; ils avait atteint Fondcombe en un seul morceau et ils se trouvaient à présent en sécurité, son amie elfe était retournée dans sa ville natale mais cette cité n’était pas celle du Semi-Homme. S’il avait décidé de rester quelques jours voire quelques semaines ici pour prendre un peu de repos et se remettre de ses émotions, il savait que tôt ou tard il devrait quitter la région pour retourner vaquer à ses occupations qui le faisaient voyager entre la Comté et les royaumes humains. Cela ne lui déplairait pas forcément de revenir à sa routine habituelle et de retrouver son logis en Comté; les elfes avaient beau lui réserver un traitement de choix ils n’en appartenaient pas moins à une culture totalement différente de la sienne et Eugénion ne semblait pas très enclin à adopter leur mode de vie . Absorbé dans ses pensées, le petit penseur ne regardait pas vraiment devant lui et , au détour d’un virage, il percuta violemment le flanc d’un homme . Un peu sonné Eugénion s’excusa à la hâte avant même de se rendre compte que la personne qu’il venait de bousculer n’était autre qu’Erennel, ce forgeron qui lui avait sauvé la vie à Bree.
A priori lui aussi n’avait pas l’intention de s’éterniser ici d’autant plus qu’Eugénion doutait fort qu’on ait réservé le même traitement de faveur à cet homme plutôt taciturne qu’au charmant Hobbit.

"Ah! Monsieur Erennel, quel heureux hasard ! Je voulais justement vous remercier à nouveau pour votre geste salvateur. Vous m’avez sauvé la vie et j’ai une dette imprescriptible à votre égard bien que je sois à peu près certain que je ne pourrai jamais vous rendre la pareille.
"

Eugénion adressa un petit sourire reconnaissant au forgeron puis les deux voyageurs se remirent à marcher dans la même direction sans réellement savoir vers où ils se dirigeaient.

"Sinon comment se passe votre journée? De mon côté à part le petit incident à cause duquel nous avons dû passer une partie de la nuit à la belle étoile , je n’ai rien à reprocher à nos hôtes du moment. Je comptes rester ici un petit moment pour me ressourcer avant de reprendre la route ; et vous qu’avez vous prévu?"

C’est en formulant cette question qu’Eugénion, de nature toujours aussi curieuse, se rendit compte qu’il ne connaissait à peu près rien à propos de son sauveur , un peu comme pour Lithildren , mais les mystères entourant le passé elfe  était plus ou moins excusés par l’amnésie de la principale intéressée.  D’où venait cet homme? Que faisait-il à Bree? Pourquoi avait il fait le choix de quitter son foyer? Quel était son métier? Était-il de ces mercenaires qui parcouraient les routes à la recherche de quelque contrat juteux ? Tant de questions qui n’attendaient que des réponses , mais si le Hobbit voulait tirer quelque chose de l’homme blond il fallait les poser assez subtilement pour pas qu’il ne sente agressé par un individu faisant la moitié de sa taille qui lui ferait subir un interrogatoire.
Pour amorcer la discussion le Semi-Homme posa une question qui était , à ses yeux, pertinente. Il ne se doutait pas qu’elle risquait de raviver de douloureux souvenir dans le coeur d’Erennel.


"J’imagine que vous allez rejoindre votre foyer, votre famille ; non?"


Le forgeron s’arrêta net et tourna la tête vers Eugénion , la question du Semi-Homme lui avait visiblement fait un certain effet qui avait l’air d’être tout sauf positif.

-----------------------------------------------------------------

Oropher riait, oui il riait même aux éclats , lui le traître qui croupissait au fond de sa geôle riait d’un rire moqueur et désinvolte.  Lithildren lui faisait subir un interrogatoire dans les règles de l’art ; et il était à peu près certain que s'il n’y avait pas des barreaux entre eux , elle l’aurait déjà pris à la gorge . L’elfe amnésique lui avait ordonné de lui révéler des noms , des lieux et toutes les autres informations liées au défunt Ordre de la Couronne de Fer; quelle naïveté…

De toute façon le renégat n’avait pas tenue à parler à elle seule et à nul autre pour avoir la même discussion qu’il aurait eu avec un officier de la cité , non cela n’aurait eu aucun sens. Si c’était elle qu’il avait choisi ce n’était pas par hasard loin de là. Son regard sombre se posa sur son interlocutrice:

“Il y  a bien des choses que tu désires savoir Lithildren Valbeön de Fondcombe mais tes requêtes trahissent ton ignorance : tu sais si peu de choses.”


Il fut à nouveau secoué par un petit rire. Oropher semblait se délecter de cette situation malgré sa position précaire.

“Tu veux des noms et des informations ; je pourrai te les donner après tout , juste pour voir ce que tu en feras. Les transmettras tu sagement aux instances de la cité en attendant que ces derniers fassent quelque chose ? Ce qui , je te l’assure , n’arrivera jamais. Ou alors iras-tu seule et héroïquement combattre  ceux que tu considères comme tes ennemis? Dans tous les cas tu risquerais d’être déçue : l’Ordre a été dissout , ses têtes ont été abattues ; leur repères principales sont vides et les anciens agents sont traqués au quatre coins du continent , la plupart ont été tués et les survivants se cachent des autorités comme ils le peuvent. Je crains bien que tu arrives après la bataille Lithildren , d’autres se sont chargés de faire le travail ; tu ne seras pas la salvatrice du monde , tu as raté le coche.”

Il parlait tout en affichant un sourire qui semblait déstabiliser la jeune elfe. Il marqua une courte pause , le temps que Lithildren assimile complètement ses dernières paroles puis il continua à répandre son venin.

“T’es tu demandée pourquoi je me suis mis à te poursuivre sans relâche alors que tu ne m’avais rien fais? Certains pensent que c’était pour tirer une rançon de ta capture , effectivement c’est ce que je dis à mes hommes pour qu’il me suive mais la réalité est bien différente. J’étais là , Lithildren Valbeön quand tu as fait le choix de quitter ta cité pour accomplir tes rêves et servir tes intérêts . J’ai vu le désespoir de ceux qui tenaient à toi et qui attendaient vainement ton retour mais jamais tu ne leur a porté de nouvelles. Et puis quelques temps après , j’ai choisi de servir mes intérêts personnels , comme tu l’avais fait. Finalement nous ne sommes pas si différents toi et moi…”

Oropher laissa cette phrase lourde de sens en suspens pendant quelques secondes .

“Et puis nous avons tout les deux plus ou moins échoués.”


Il émit un petit rire ironique.

“Regarde nos situations respectives : je croupis au fond d’une geôle tandis que toi tu as erré durant des siècles avant de revenir vers le foyer que tu avais quitté. “


Ce dialogue était quasiment à sens unique ; Lithildren était absorbée et sans aucun doute hautement perturbée par les paroles néfastes  du renégat. C’était elle qui devait mener un interrogatoire mais c’était bien le prisonnier qui donnait le rythme. Et il n’en avait pas fini .

“Tu éprouves de la haine envers ceux qui ont tués tes proches et à présent tu veux les venger mais cela ne les fera pas revenir. Lithildren, où étais tu quand ils combattus pour défendre leur cité? Étais-tu à leur côté pour sacrifier ta vie comme ils l’ont fait?  C’est à ce moment là que tu aurais pu agir.”

L’elfe qui était assis au fond de sa cellule , dans l’ombre , se leva alors et se dirigea d’un pas très lent vers l’elfe aux cheveux de jais. Il s’approcha autant qu’il le put et seule une poignée de centimètres et quelques barreaux  séparaient leurs deux visages.

“Néanmoins, je comprends tout à fait tes ressentiments : ta haine et ta quête de vengeance sont parfaitement compréhensibles. La chance que tu as c’est qu’en face de toi se trouve la personne qui pourrait t’aider à mener à bien tes projets. J’étais là quand Geraïnh s’est fait tué , je l’ai vu et je connais son assassin. Je peux même te dire qu’il est encore vivant et je sais où il se trouve et comment l’atteindre ; seule tu ne pourras pas y parvenir."


Il marqua une pause.

"Pour cela il faudra que tu sois prête à détacher tes liens avec cette cité”

En disant ces mots , il désigna du regard ses mains qui étaient menottées  , visiblement il y avait d’autres liens à libérer.

Les deux elfes s’observèrent silencieusement quand une porte, à l’étage supérieur ,  s’ouvrit à la volée et le bruit de quelqu’un qui descendait prestement des escaliers de fit entendre. Oropher reprit sa position assise au fond du cachot tout en continuant à fixer Lithildren.

Le capitaine Sereambëur entra précipitamment dans le couloir où se tenait l’elfe amnésique.

"Alors , a-t-il parlé?"
Demanda-t-il brusquement à Lithildren avec un ton abrupt qui pouvait surprendre. "Qu’a t-il dit?"

De toute évidence , l’officier de Gar Thulion n’était pas la bonne personne pour partager les paroles du renégat. Pas que le capitaine n’était pas animé de bonnes intentions mais il était trop impulsif, trop impatient et sûrement trop rigide pour vouloir comprendre la situation. De toute façon rien de ce qu’avait dit Oropher à Lithildren ne risquait de l’intéresser. L’elfe aux cheveux de jais fit donc le choix de ne rien lui révéler ou tout du moins de ne lui dire que quelques bribes d’informations mineures dont l’officier n’avait cure.

"Rien de plus? Très bien , vous pouvez partir à présent ; je vais moi même me charger de faire parler ce traître."

Ne préférant pas penser par quels moyens Serambëur s’apprêtait à faire parler le prisonnier, Lithildren se dirigea vers la sortie , non mécontente de quitter cet endroit et le regard de celui qui fut son poursuiveur quelques jours plus tôt.
Elle put entendre , avant de monter les marches qui la ramèneraient vers la surface , le capitaine poser une question au captif avant de le menacer. La voix d’Oropher s’éleva alors , calme et sereine , et de toute évidence il ne s’adressait pas à l’officier de Gar Thulion .

"Si tu veux avoir tes chances il faudra agir vite ; dès cette nuit."



Parcourue par un frisson soudain , Lithildren monta les escaliers quatre-à-quatre. Elle désirait bien sûr venger Geraïnh et ses parents mais pour ce faire elle allait devoir faire évader son ennemi; Oropher avait raison , lui seul détenait les informations nécessaires et il comptait bien tirer profit de cette situation. Le jeu en valait-il la chandelle?

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Durant l’après-midi , chacun vaqua à ses occupations ; les guérisseurs prirent à nouveau en charge Lithildren qui passa la journée au fond de son lit. Les médecins de la maison de guérison jugeait que l’escapade qu’avait faite leur patiente dans les geôles l’avait affaiblie ; il ne cessait de répéter entre eux que personne ne tenait jamais compte de leur diagnostics et de leurs prescriptions.  

Erennel de son côté , après avoir longuement échangé avec Eugénion avait aussi fait le choix d’aller se reposer un peu ; le périple l’avait considérablement fatigué même s’il avait la chance de ne déplorer aucune blessure sérieuse.
Eugénion , toujours aussi curieux , ne put s’empêcher de visiter la ville et de parler avec les habitants qui avaient un peu de temps à lui consacrer. Il s’émerveillait tantôt devant les constructions des Eldars et il déplorait tantôt la destruction massive de la ville  faite par l’Ordre quelques mois auparavant. A titre d'exemple , les écuries ancestrales de l’entrée de la ville étaient en ruines, complètement calcinés ; un bien triste spectacle.

Le soir même , ils furent invités par le seigneur Ovadiel dans sa noble demeure pour partager le repas du soir. La table avait été dressée sur une terrasse spacieuse où la vue était imprenable. Lithildren avait été installée à droite du maître des lieux ; à sa gauche se trouvait Eugénion qui commença alors à lui conter les rencontres et découvertes qu’il avait faites dans l’après midi, Erennel se trouvait à côté du Semi-Homme. Ovadiel était également entouré par sa femme , sa fille Yalë et deux de ses fils . Une chaise , à coté du forgeron , était encore vide.

On servit les premiers plats ; de toute évidence l’hospitalité était un maître mot dans la famille d’Ovadiel. Il y en avait pour tout les goûts et chacun put trouver ce qu’il lui convenait,  même des étrangers non-habitués aux pratiques culinaires de Fondcombe; Ovadiel savait recevoir. Ce dernier demanda alors à ses invités du jour :

"A présent que vous êtes en sécurité et bien traité , du moins je l’espère , entre les murs de la ville ; je me permets de vous interroger à propos des circonstances qui vous ont amenés jusqu’ici , un Semi-Homme et un humain. C’est plutôt inhabituel ; je peux comprendre le désir de Lithildren de revenir vers sa ville natale mais vous quels sont vos motivations?"

Eugénion s’empressa alors de répondre .

"Eh bien je dirai que c’est à la fois simple et compliqué à comprendre. Je vendais mes marchandises à Edoras , il y a de cela quelque temps , quand j’ai rencontré Lithildren par un heureux coup du destin. Après avoir longuement discuté ensemble elle me fit part de son projet de rallier Fondcombe , je pris alors la décision de l’accompagner. Comprenez que mon quotidien n’est pas toujours très excitant et que j’avais besoin de casser ma routine. Et puis je désirais ardemment aider mon amie à retrouver sa voie jusqu’ici. Nous avons donc voyagé sans encombres jusqu’à Bree ; nos journées étaient rythmées par nos dialogues et histoires que nous nous échangions ou plutôt que je me chargeais de lui raconter ; Lithildren n’est pas d’un naturel très bavard. Nous fîmes donc une halte à Bree mais là-bas des agresseurs nous ont tendu en piège et c’est à ce moment là qu’Erennel , qui passait par là , est intervenu pour nous sauver la vie.  Notre ami comprit alors qu’il s’était embarqué avec nous et qu’il était dans le même sac  ; il n’avait plus le choix , il devait continuer la route jusqu’à Fondcombe. Grâce à l’aide d’un des habitants du village , nous avons pu quitter Bree en un seul morceau mais nos ennemis étaient déjà à nos trousses. Après moults péripéties et miracles nous avons réussi à atteindre les ruines de Valdol et la suite de l’histoire vous la connaissez.

Je crois que c’est un résumé assez complet , me trompes-je ? "
Demanda-t-il à Lithildren et Erennel.

Fasciné par leurs aventures Ovadiel et sa famille bombardèrent le petit trio si insolite de toutes les questions possibles. C’est alors , au bout de plus de deux heures , que le dernier convive fit son apparition.

Ah Capitaine! s’écria Ovadiel en voyant arriver Serambëur. Venez vous installer je vous prie. “

Le notable lui présenta le siège vide à gauche d’Erennel. Si l’officier de Gar Thulion était réticent à l’idée de s’asseoir à côté du forgeron , il n’en laissa rien paraître. Il s’assit et commença à se servir.

“Le prisonnier a-t-il parlé?
s’enquérit Yaël auprès de son supérieur

-Non , il est assez coriace ; il ne m’a rien révélé , il ne m’a même pas adressé la parole. Mais j’ai bon espoir que cela fonctionne mieux demain.”


Les minutes continuaient à s’écouler dans cette atmosphère joyeuse et chaleureuse et où tout le monde était plus ou moins à son aise y compris Erennel qui malgré la présence de son voisin antipathique , commençait presque à trouver ce repas agréable. Seule Lithildren semblait en retrait , elle parlait peu et ne mangeait pas mais personne n’y prêta vraiment attention ; Ovadiel mettant cela sur le compte de ses traumatismes passés mais l’elfe aux cheveux de jais était tourmentée par autre chose.

Eugénion , qui se sentait comme un poisson dans l’eau se risqua même à narrer l’une des petites histoires dont il avait le secret:

Voici l’histoire d’un roi qui régnait sur son royaume depuis sa tendre enfance et le décès de son père alors qu’il était encore dans un berceau. Il n’y avait rien au monde que cet homme aimait plus que son poste de monarque  malgré les nombreuses responsabilités qui incombaient à une telle position. En bon vivant et en parfait épicurien ce souverain passait son temps à satisfaire ses plaisirs divers et variés , tous plus improbables les un des autres.
Les années passèrent avec faste pour cet homme et sa cour, le vin coulait à flots , les femmes défilaient et le trésor personnel de notre bon roi augmentait de manière proportionnel à l’appauvrissement du peuple.
Mais , après de longues décennies d’opulence , le temps commença à faire son oeuvre. Des cheveux blancs apparurent sur les tempes du potentat, des petites rides firent leur apparition au coin de ses yeux et sur son front ; il commençait à ressentir de plus en plus de fatigue , ses gestes étaient moins vigoureux et ses réflexes bien moins vifs.
Il ne cessait de faire appel à ses médecins , jour après jour , qui lui diagnostiquaient sans cesse de nouveaux problèmes de santé ; une santé qui commençait sérieusement à se dégrader. En plus de ses membres qui rouillaient , il était régulièrement secoué par une fort toux et des maux d’estomac gênait considérablement le bon déroulé de ses nombreuses digestions. Bref cela n’allait pas très fort.
Un jour , alors qu’il était installé sur son trône pour entendre les requêtes des gens du peuple pendant un de ces événements mensuels où le contact entre la population et leur dirigeant devait devenir effectif selon les ministres malgré les profondes réticences du roi, un vieil homme entra dans le palais. Il avait des cheveux gris en bataille et une longue barbe miteuse cachait le bas de son visage émacié.

-Que désires tu vieil homme?questionna le Roi.

L’étranger leva alors  un doigt accusateur en direction du monarque qui se raidit sur son siège, se sentant comme agressé par ce simple geste.

-Vous! Majesté! Ne croyez pas que vos médecins vous seront utiles; avec leurs piètres remèdes ils ne font que fuir la vérité!

-Et quelle est donc cette vérité dont tu parles ? Fit le roi de plus en plus circonspect face à ce visiteur pour le moins inhabituel .

Le vieil lâcha un éclat de rire avant de répondre à la question de son roi :
-Mais Majesté, la raison de vos maux , le fléau qui vous frappe ; il ne s’agit pas d’une maladie quelconque ou autre menace physique , non celle qui vous affaiblit jour après jour n’est autre que la Mort en personne!Le temps fait son effet , la Nature reprend ses droits et vous ne pourrez y échapper.

Le visage du souverain se mit alors à pâlir brusquement alors qu’il ordonna d’une voix qui se voulait sereine mais qui ne le paraissait pas du tout , de faire sortir cet énergumène de son palais.

Les propos de ce mystérieux vieillard troublèrent le roi au plus haut point. Ainsi c’était la mort qui le guettait...A la simple évocation de cette idée, il fut parcouru par un frisson : c’était impossible , il ne pouvait pas mourir , pas lui ; la Mort ne pouvait pas avoir raison de lui , de son pouvoir.  Ce n’était pas une fatalité mais le plus grand des combats , un simple rapport de force.
Les maladies menaçaient sa santé , il fallait donc faire en sorte qu’elles deviennent inoffensives pour lui. Il se mit donc à investir de manière tout simplement stratosphérique dans la recherche médicale; tous les scientifiques du royaume se mirent à produire une multitude de remèdes pour immuniser le Roi contre tous les maux possibles et imaginables. L’audacieux projet du roi paya et au bout de quelques années , il n’y avait quasiment aucune maladie qui pouvait affaiblir un seigneur plus en forme que jamais.

Mais un jour , alors qu’il ne l’avait plus revu depuis leur première entrevue , le vieil homme qui avait annoncé sa mort revint parler au Roi. Le pauvre vagabond avait réussi à rentrer malgré la présence de la garde par on ne savait vraiment quel miracle ; mais à vrai dire , à ce moment là , l’entourage du roi qui était attablé avec ce dernier se souciait plus de savoir ce que ce vieillard allait bien pouvoir dire .

-Vous jouez à  un jeu dangereux Majesté! Nul ne peut réchapper à sa fatale destinée et si les maladies ne pourront pas vous emporter alors autre chose s’en chargera. Qui sait ? Après tout vous avez tant de rivaux ; un petit peu de poison dans une assiette et le tour est joué.

Profondément agacé mais à la fois encore troublé ; le roi chassa ce galvaudeur avant de prendre la décision de faire vérifier tous les aliments qu’il consommait par des spécialistes. Ainsi nul poison ne put entrer dans sa bouche.

Mais quelques jours plus tard le vieillard reparut, toujours aussi déterminé à proclamer le décès prochain du monarque.

-Le poison ne vous touchera peut être pas mais vos nombreux ennemis aux frontières finiront par avoir raison de vous.

Irrité mais à nouveau troublé , le roi fit tout d’abord enfermer cet homme si provocateur , il avait compris qu’en écoutant ses paroles il saurait quels chemins prendre pour accéder à l’immortalité et  l’éternité.
Après cela il fit lever une immense armée qu’il équipa des meilleures armes possibles et il partit en guerre contre tous les royaumes voisins qui furent écrasés les uns après les autres. En l’espace de quelques moi le Roi était devenu le seigneur omnipotent de la région entière et il n’avait pas à s’inquiéter de potentielles attaques extérieures.

C’est alors que depuis le fond de la cellule , la voix du vieillard retentit encore et secoua à nouveau tout le palais.

“Mort au rat! Mort au rat! Mort au rat! Mort au roi!” se mit-il à crier pendant plusieurs heures.

L’évidence frappa alors le roi ; la population de rats dans le royaume ne cessaient de croître et les rongeurs amenaient avec eux toutes sortes de maux , en particulier la peste qui risquait de décimer son territoire et peut-être même l’affecter lui.
Il lança donc une grande campagne de dératisation du territoire et grâce au prodigieux et harmonieux travail de plusieurs flûtistes spécialisés , les rats furent tous noyés dans le fleuve. Il n’y avait plus rien à craindre d’eux .

Mais le pauvre hère , qui croupissait encore dans les cachots , n’avait pas dit son dernier mot loin de là. Alors que la nuit venait de tomber et que le calme régnait , il se mit à hurler

-Vous pensez avoir éliminé la totalité de vos ennemis mais vous vous fourvoyez! Les hommes les plus dangereux se trouvent à l’intérieur de vos frontières! Ils auront votre tête et le cours naturel des choses pourra reprendre la place qui lui est dûe.

Le Roi avait toujours conscience de la pertinence des paroles de son captif même si  en d’autres circonstances il l’aurait probablement fait exécuter de manière sommaire.
Là encore le vieil homme visait juste et il fallait agir vite , très vite. Il fit arrêter et tua tous ses opposants politiques et il renforça considérablement sa sécurité personnelle. Il était toujours entouré de plusieurs gardes de confiance et il se fit fabriquer une cotte de maille indestructible qu’il portait en permanence pour se prémunir contre toute attaque.

Les années continuèrent à s’écouler mais elles ne semblaient avoir aucune emprise sur le Roi qui continuaient à gouverner le royaume comme il l’avait toujours fait. En effet ses chercheurs avaient mis au point une lotion qui stoppait le vieillissement de son corps. Un soir il descendit fièrement dans les prisons du palais ; il semblait satisfait de sa victoire contre la Mort et il comptait bien partager ce sentiment de puissance et d’invincibilité à son pauvre captif qui paraissait de plus en plus rachitique à mesure que les jours passaient.

-Alors vieillard ! Regarde moi ! J’ai gagné , tes prédictions se sont révélées fausses ; aujourd’hui j’ai atteint l’immortalité et la Mort ne peut m’atteindre. Je suis insensible aux maladies , aucun ennemi ne peut m’atteindre et dorénavant je peux même te dire que le vieillissement ne peut plus m’affecter. Je suis immortel! Le comprend-tu?

Le vieillard fut alors pris d’incontrôlables tremblements ; il s’assit sur le sol et balbutia :

-C’est impossible...ça ne peut pas...non !Non! Non!

Le monarque avait convaincu le vieil homme de sa victoire sur la Mort et les convictions du pauvre hère s’écroulait comme un château de cartes. Une création de la Nature pouvait donc outrepasser les lois qui la régissait pour toucher l’immortalité.

Non mécontent de son incroyable succès , le roi annonça publiquement son immortalité qui fit grand bruit. Ainsi le Roi était appelé à régner jusqu’à la nuit des temps et peut-être même au-delà; mais cela ne pouvait bien sûr pas être au goût de tout le monde.

Une nuit , le fils aîné du roi et héritier du trône égorgea son invincible père durant son sommeil. Le lendemain on proclama la mort du roi immortel et le couronnement du dauphin; le royaume fut alors plongé dans l’incompréhension la plus totale sauf au fond d’une geôle insalubre où un vieillard captif avait entendu les échos de cette nouvelle. L’homme affichait un large sourire : le rat avait voulu jouer avec la Mort mais , comme toujours , celle-ci avait fini par remporter cette lutte trop déséquilibrée pour connaître une issue différente.



La fin du récit d’Eugénion fut suivi par quelques secondes de silence avant qu’Ovadiel se mit à applaudir.


-Fantastique Maître Ionescgrin!
S’enthousiasma-t-il. Ainsi les gens de la Comté n’ont pas perdu leurs talents de conteurs. Qu’en pensez vous? demanda-t-il aux invités.

Mais autour de la table il y avait une convive qui semblait avoir l’esprit occupé par d’autres préoccupations bien plus pressantes.

#Ovadiel #Oropher #Serambeür #Yalë
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
Learamn

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 25 Déc 2015 - 12:46


Eugénion était certes soulagé de voir Lithildren se réveiller enfin mais il n’en était pas moins inquiet pour son état de santé.  Mais ce qui interpellea sûrement le Semi-Homme au plus au point fut le fait que son amie reconnut instantanément le Seigneur Ovadiel qui  lui avait adressé la parole quelques instants plus tôt. N’était-elle pas censée être atteinte d’amnésies chroniques ? Nom d’une pipe mal allumée ! Serait-elle enfin guérie ?

Sous le coup de l’émotion, le Hobbit qui n’était pourtant pas le plus émotif de son peuple , ne put s’empêcher de verser quelques larmes . Etaient-ce des larmes de joie qui exprimaient son soulagement de voir son amie sortir de son état d’inconscience prolongée ou étaient ces des larmes de tristesse traduisant son impuissance face au mal qui accablait l’elfe à la chevelure anciennement argentée ? Lui-même était incapable de le déterminer.  Il étreignit celle qui fut bien plus qu’une alliée durant toute cette longue jusqu’à ce que le seigneur Ovadiel n’écarte délicatement le petit être de la malade ; il craignait certainement que le malheur dont elle était atteinte soit contagieux, il faut dire que les guérisseurs elfes n’avaient toujours pas réussi à déterminer précisément la nature de ce dit malheur.  
Ovadiel se fendit d’un sourire et posa une main rassurante sur l’épaule de Lithildren:

-Oui Lithildren , tu es revenue chez toi.  Ta ville natale a connu bien des malheurs mais au milieu de ceux-ci elle aura au moins la joie de retrouver sa chère enfant.


Lithildren balaya la pièce du regard comme si elle était à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un qui aurait dû s’y trouver et de toute évidence elle ne trouva pas ce qu’elle cherchait au vu de son expression qui trahissait sa déception.  Dans un premier temps Eugénion ne comprit pas ; à quoi pouvait elle bien penser juste après son réveil d’un long coma ? Qu’est ce qui était si important à ses yeux ?

Ovadiel , quant à lui , semblait avoir parfaitement déchiffré la situation. Son visage s’assombrit instantanément et il reprit la parole d’un ton grave , presque solennel :

-De trop nombreux malheurs …. Lithildren … Au cours des affrontements Imladris a perdu beaucoup de ses braves. Parmi eux se trouvaient tes parents et Geraïnh…

Ses derniers mots semblèrent flotter pendant de longues secondes dans l’air , comme fixés en suspens le temps que sa patiente puisse les assimiler, ce qu’elle parvint à faire au bout de longues secondes d’incompréhension totale. Son visage , qui n’était déjà guère joyeux , se nappa d’un voile de tristesse.

De son vivant Eugénion n’avait jamais observé de tristesse aussi pure que celle qui accablait son amie. Il avait toujours été convaincu que la tristesse , au même titre que l’amour fou n’était que des sentiments futiles provoqués par des détails insignifiants d’une vie quotidienne sans éclats. Mais ce chagrin là était différent pur , éthéré, sincère et presque fascinant.  Pour la première fois , Eugénion fut touché par la tristesse d’autrui ; alarmé par ce soudain état d’âme le philosophe se précipita au chevet de Lithildren.

-Oh Lithildren …Je suis tellement désolée… Tes parents ; quel malheur !


-J’ignore comment sont tombés tes parents, reprit Ovadiel , mais je n’ai aucun doute sur le fait qu’ils soient morts en braves en défendant leur cité.  Quant à Geraïnh , je peux témoigner de son héroïsme car j’ai combattu à ses côtés , je l’ai vu se battre avec force, courage et vigueur ; malheureusement j’ai également assisté , impuissant , à sa lâche mise à mort.  

Ovadiel était manifestement lui aussi très ému ; il connaissait la plupart des elfes de la cité et chacune des victimes de l’Ordre avait été pour lui une grande source de tristesse. Il marqua une pause où tous s’échangèrent des regards silencieux qui en disaient bien plus que des paroles superflues.

-Nous n’avons pas retrouvé leur dépouilles ; elles ont été vraisemblablement brûlées.

Ovadiel se redressa

-Mais aujourd’hui  tu n’as plus rien à craindre, la région est en paix  . L’Ordre a été détruit et ses membres se sont dispersés et grâce à toi et tes amis nous avons pu arrêter l’un des membres les plus dangereux qui était en liberté en la personne d’Oropher. Lui qui a voulu trahir sa ville natale sera contraint de passer de longues années dans les cachots de Fondcombe, une juste punition.

Le seigneur adressa un sourire à son invitée

-A présent repose toi ma chère Lithildren, Maitre Ionescgrin veillera attentivement sur toi  n’est ce pas mon ami ?
Eugénion , assis tristement sur un tabouret , acquiesça de la tête sans se sentir capable d’émettre le moindre son

Ovadiel sortit de la maison de guérison d’un pas rapide et il se dirigea vers la prison qui abritait les sombres cachots où logeaient les ennemis les plus dangereux de la cité.  Les gardes postés à l’entrée saluèrent respectueusement le notable. Ovadiel s’approcha du plus haut gradé

-Oropher a-t-il parlé ?
-Non mon seigneur , il fait preuve d’une résistance à toute épreuve. Il affirme ne vouloir adresser la parole qu’à une seule personne : une dénommée Lithildren .


La surprise frappa Ovadiel de plein fouet qui resta un moment interdit

-Et…a-t-il précisé pourquoi ?

-Non mon Seigneur il n’ a donné aucune précision supplémentaire.




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Erennel avait décidé de relever le défi lancé par le capitaine Serambëur bien qu’il savait pertinemment que ses chances de victoires étaient extrêmement restreintes.  Le forgeron descendit de sa chambre et sortit de l’immeuble pour se diriger sur le parterre où les guerriers elfes s’entraînaient.  L’officier originaire de Gar Thulion accueillit l’homme blond avec les bras largement ouverts :

-Ah mon cher ! Venez , approchez , n’ayez pas peur.


Le forgeron balaya la troupe d’elfes d’un regard méfiant , les Eldars eux restaient impassibles même si certains d’entre eux  , parmi les plus jeunes , affichaient un léger sourire en coin , légèrement amusé par la situation.

-Désirez vous garder votre lame ou préférez vous que l’on vous prête une épée elfique de haute facture ?


D’un simple regard Erennel fit comprendre à Serambëur que le jour où il se battrait avec une arme elfique correspondrait avec celui où il se baladerait avec une fleur dans les cheveux ; autant dire pas avant longtemps.

-Prêt ?
Fit Serambëur avec un sourire moqueur .

Le forgeron leva sa lame et se mit en garde mais à peine eut il le temps d’esquisser le moindre geste que l’elfe était déjà sur lui. Il fit une attaque de taille que le forgeron para avec une grande difficulté et ce dernier ne vit pas arriver le coup de genou que son vis-à-vis lui asséna dans l’abdomen et qui lui coupa le souffle . Plié en deux , le forgeron s’écroula au sol tandis que Serambëur pointa sa lame en direction de sa gorge.

-J’ai gagné .
fit il avec une pointe de suffisance transparaissant dans sa voix.

L’écart entre les deux duellistes était gigantesque , si Erennel n’était pas un mauvais combattant il était très loin d’avoir l’agilité , l’intelligence de combat , la dextérité ou les réflexes d’un officier elfe qui avait des siècles d’expérience.

-On recommence ?
Lui demanda Serambëur.

Parmi la troupe, une silhouette filiforme observait le spectacle avec amertume. Yalë n’était pas particulièrement enthousiaste à l’idée d’assister à nouveau à l’humiliation d’un invité de la cité.
Le forgeron qui avait déjà été battu à plate couture une fois se relèverait il à nouveau pour faire face ou allait il jeter l’éponge …

-Et encore tu n’as pas le meilleur bretteur devant toi , il fut un temps où ma sœur surpassait tout le monde ici enfin avant qu’elle ne disparaisse pour explorer le monde des humains. Ah ! Quelle idée ; comme si ce monde était digne d’un intérêt quelconque.




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Eugénion ne s’attendait pas vraiment à voir Ovadiel revenir si tôt dans la maison de guérison. Il entra dans la chambre et se dirigea vers Lithildren

-Lithildren , je suis désolée de te demander cela alors que tu es si souffrante mais Fondcombe a besoin de tes services.Notre prisonnier Oropher n’accepte de parler qu’à condition que tu sois son interlocutrice. Ne te sens pas obligée d’accepter , après ce ce que tu as pu traverser je pourrai comprendre que tu refuses mais saches que cet individu dispose de renseignements qui pourraient nous être précieux dans la lutte contre l’ennemi.


En quête de l’avis d’un ami , Lithildren chercha des yeux Eugénion qui lui adressa un regard qui traduisait clairement ce qu’il pensait de tout cela : Tudieu ! Mais qu’est ce que c’est encore que ces histoires ! N’y va pas , j’ai pas envie de te voir à nouveau dans de beaux draps !

#Ovadiel #Serambeür
Sujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras
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Rechercher dans: Fondcombe   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dis moi où tu vas je te dirai qui tu seras    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 14 Déc 2015 - 12:14



Ils arrivèrent bientôt à l’entrée de la cité millénaire , Eugénion observa les lieux avec un regard curieux . Les contes et les histoires que l’on racontaient en Comté parlaient de Fondcombe comme une cité splendide qui n’avait pas son pareil sur toutes les Terres du  Millieu ; il était vrai que le cadre était réellement splendide.  Fondcombe avait été construite au fond d’une grande vallée sur les flancs d’une grande falaise d’où s’écoulaient de multiples cascades d’eau qui émettaient un bruit harmonieux.  Mais de toute évidence la ville avait perdu de sa superbe ; de nombreux bâtiments étaient détruits et ceux qui étaient à peu près intact semblaient avoir perdu de leur éclat , tout paraissait un peu gris , morose comme si la cité faisait encore le deuil des victimes assassinées en son  sein. Le bain de sang et les profanations qui s’y étaient produits avaient marqués chacune des pierres et des dalles de manière indélébile.
Alors qu’ils allaient franchir le portail pour passer sur le pont , le capitaine Serambeür se tourna en direction d’Erennel et d’Eugénion tout en s’adressant à ces hommes.

-Je refuse que ces personnes entrent dans la cité avant que nous en sachions plus à leur sujet. Qu’il passe la nuit à l’extérieur , nous aviserons sur leur cas plus tard.


A priori il n’y avait pas que la magnificence de la ville qui avait été mise à mal ; l’hospitalité légendaire des elfes semblait elle aussi perdue. Depuis quand laissait-on de pauvres voyageurs épuisés devant la porte d’une cité ? Eugénion aurait pu protester et entamer de longues discussions pour pouvoir rentrer mais après un court instant de réflexion le Semi-Homme en vint à la conclusion qu’il ne valait mieux pas froisser l’officier elfe qui semblait peu commode.  

La jeune elfe nommée Yalë qui s’était souciée de l’état de Lithildren quelques minutes plus tôt s’avança alors vers Erennel et lui tendit discrètement une outre d’eau ainsi qu’un paquet rempli de biscuits blanchâtres.

-Ce sont des lembas , cela devrait vous permettre de tenir un petit moment . Je vais faire tout mon possible pour vous faire entrer au plus vite mais je ne peux rien vous garantir.

Eugénion remercia Yalë tandis que le reste de la troupe entrait dans la cité.


-Yalë !
ordonna Serambëur . Amène la blessée aux soins et vous envoyez ce renégat au cachot.

Alors que l’on amenait Oropher en cellule , Yalë fit partir sa monture au triple galop jusqu’à la maison de guérison . Elle la porta au plus vite dans un lit où plusieurs guérisseurs s’attelèrent directement à la tâche. Ils commencèrent par repérer l’endroit où la fléchette de Norfal l’avait atteinte puis ils nettoyèrent sommairement la plaie. Ils appliquèrent divers plantes et remèdes et prononcèrent quelques incantations curatives.  La drogue fut rapidement extraite de l’organisme de Lithildren mais l’elfe souffrait d’un autre mal, beaucoup plus profond et dangereux.

De leur côté Eugénion et Erennel s’était installé aussi confortablement qu’ils le purent, à même le sol et ils grignotaient quelques lembas tout en tremblotant légèrement , leurs tentatives successives pour faire un feu avaient toutes échouées  et un vent frais balayait la vallée alors qu’au loin le soleil commençait à tirer sa révérence.

-C’es marrant ça me fait penser à une histoire tout ça
, fit alors Eugénion

Voici ici  l’histoire d’un jeune barde
Dont la voix et les chants en repoussaient plus d’un .
Lui se voyait  tel un chantre d’avant-garde
Mais en fait son timbre était surtout très craint.

Comprenant cela,  notre fier et bon aède
Se mit en tête d’y remédier prestement
Il se mit donc en quête d’un vrai  remède
En allant voir les Notes pour un médicament.

Ainsi il commença son périple chez le Do
Il frappa  à la porte avec vigueur
Le Do ouvrit et montra ses longs et grands crocs
Sans dire un mot le barde s’enfuit par grande peur.

Notre pauvre hère alla donc chez le Ré
Peut-être aurait il plus de chances.
En voyant  ce ménestrel si déprecié
Ré ferma net l’entrée de sa résidence

Le rhapsode ne perdit pas pourtant espoir
Il se rendit chez le vaniteux et fier Mi
Cette note était encore en peignoir
Et ne daigna pas ouvrir au pauvre banni .

Ce rejet vil et brutal fut systématique
Du Fa au Si en passant par le Fa et le La
Dans les lieux musicaux il était un hic
Voilà qu’il se retrouvait dans de si beaux draps

Se laissa-t-il pour autant sombrer et couler ?
Non , non , bien au contraire , il persévéra
Et se dit avec sagesse et maturité
« A priori nulle note ne veut de moi,

Qu’à cela n’en tienne , je n’ai pas besoin d’elles
J’ouvrirai mon propre domaine musical
Où l’entrée ne sera pas aussi formelle
Et où l’atmosphère sera convivial "

Bien vite sa demeure connut le succès
Les aspirants bardes et chantres  s’y pressaient
Ainsi avec force, valeur et volonté
Le barde a pu enfin faire ce dont il rêvait
Jouer de la musique comme il l’entendait
Sans qu’on puisse le juger ou le dénigrer


Après avoir fini son histoire , Eugénion s’allongea à même le sol et se laissa peu à peu porter par le sommeil pour une nuit qui s’annonçait longue et qui pourtant ne le fut pas du tout.
Le forgeron et le Semi-hommes , complètement épuisés , dormaient à poings fermés et ne purent donc pas remarquer la fine  silhouette qui se filait silencieusement  vers eux. Pour leur signaler sa présence , Yalë n’eut d’autre choix que de secouer vigoureusement l’épaule de l’homme blond qui sortit alors de sa torpeur .

-Réveillez vite votre ami
.lui souffla alors la jeune elfe .

Une simple tape au niveau de l’abdomen d’Eugénion suffit à réveiller ce dernier qui adressa d’abord un regard réprobateur à Erennel . Quell impolitesse ! Réveiller quelqu’un  de manière si violente  devrait être répréhensible ; ce fut seulement au bout de  quelques seconde qu’il remarqua la présence de Yalë ; il l’interrogea alors du regard.

-Vous pouvez rentrer dans la cité , mais faites vite je vous en prie.


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Les deux voyageurs ne se firent pas prier une seconde de plus et ils s’empressèrent de remballer les paquetages qui leur restaient avant d’emboîter le pas à leur salvatrice qui pénétrait dans Fondcombe. La ville était bien silencieuse à cette heure-ci et peut-être même encore un brin inquiétante à cause de ses bâtiments encore délabrés et mal éclairés ; les travaux de rénovation avaient peut-être commencé mais ils étaient loin d’être fini.
Ils marchèrent ainsi dans l’obscurité durant de longues minutes jusqu’à une grande demeure dans laquelle Yalë entra en invitant les étrangers à l’imiter. Ils montèrent silencieusement au dernier étage ou la jeune elfe leur désigna une porte du doigt .

-C’est votre chambre , vous y trouverez deux lits ; nous nous reverrons demain .

Elle redescendit alors sans une explications de plus sous les yeux incrédules d’un Eugénion qui voulait tout de même bien savoir ce qu’il venait de se passer et pourquoi on s’était brutalement décidé à les accueillir juste après de les avoir laissé dormir à la belle étoile . Oui il voulait savoir , mais il ne voulait sûrement pas assez savoir pour passer outre ses besoins primordiaux ; à savoir rattraper son retard de sommeil. Il fusa aussi vite que ses courtes jambes et son état actuel de fatigue le lui permettaient  jusqu’à son lit où il s’endormit à nouveau , cette fois jusqu’au matin.

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-Soldat ! Vous m’avez formellement désobéi ! Je leur avais interdit l’entrée dans la cité !
-Mon capi…
-Je ne veux pas d’explications ni d’excuses .


Le forgeron et le Hobbit furent réveillés par des éclats de voix venant du rez-de-chaussée mais qui semblait progressivement se rapprocher. Les deux « invités » échangèrent un regard quelque peu inquiet , qu’est ce que pouvait encore leur réserver la suite des événements ?

La porte s’ouvrit alors à la volée laissant apparaître le capitaine Serambëur visiblement très mécontent suivie d’une Yalë quelque peu confuse . En entrant dans la pièce Serambëur jaugea les visiteurs avec un regard méfiant et suspicieux comme il l’avait fait dans les ruines de Valdol ; même dans sa colère l’elfe n’avait rien perdu de sa prestance. Il se tourna alors vers Yalë

-Qui êtes vous pour contrevenir à mes ordres jeune insolente ? Qui vous a permis de faire entrer ces gens ?

-C’est moi qui les ai fait entrer capitaine
. fit alors une voix derrière eux .

Serambëur fit volte-face et se retrouva nez-à-nez avec un elfe de grande taille aux longs cheveux blancs et au visage paisible. Il était bien compliqué d’estimer l’âge d’un Eldar m ais il était assurément d’un âge vénérable. Il était vêtu d’une longue toge ivoire qui lui donnaient une contenance  certaine.

-Cela vous dérange-t-il vraiment outre mesure ?
renchérit alors le nouveau-venu.
- Non seigneur Ovadiel , j’ignorai que c’était vous qui aviez pris cette décision . répondit l’officier qui semblait très embarrassé et contrarié. Je vous présente tout mes excuses.

Serambëur courba très légèrement la tête avant de quitter la pièce d’un pas précipité.  Eugénion , dont l’excitation avait fini par prendre le dessus sur son appréhension , ne put s’empêcher d’interroger leurs hôtes .

-Alors c’est vous qui nous avez ouvert les portes de la cité ?


Visiblement plus amusé que méfiant d’accueillir des étrangers , l’elfe émit un petit rire cristallin .

-Non maître Hobbit , ce n’est pas moi . En réalité j’ignorais même que deux voyageurs s’étaient vu refuser l’entrée de la cité. S’il y a bien une personne que vous devez remercier ici c’est ma nièce Yalë.


La guerrière qu’ils avaient croisés pour la première fois à Valdol et qui les avaient donc fait entrer malgré les ordres contraires poursuivit

-Je ne pouvais décemment pas vous laisser à l’extérieur , c’est contraire à nos valeurs. Au fait permettez moi de vous présenter mon oncle , le Seigneur Ovadiel,  un haut notable de la cité.

-Une telle position présente l’avantage de pouvoir couvrir les agissements de sa nièce. Fit Ovadiel avec un sourire , il se tourna alors vers ses invités . Vous êtes à présent en sécurité , ici dans ma demeure ainsi que dans l’ensemble de la cité, vous êtes désormais sous ma protection et si jamais quelqu’un désire porter atteinte à votre intégrité  il devra répondre de ses actes devant moi. Nous ne pouvons-nous permettre de traiter de pauvres voyageurs comme de vils espions.

.
-Le capitaine Serambëur ne vient pas d’Imladris ; c’est un elfe de Gar Thulion qui a participé à la reconquête et qui a choisi de rester ici jusqu’à ce que tout soit rentré dans l’ordre . Les elfes de cette région  n’ont pas la même vision des choses , ils vivent très reclus et sont d’un naturel assez méfiant ; peut-être est ce aussi ce qui les a préservé ; ici nous sommes tous reconnaissants envers puisque ce sont eux qui ont accueilli les réfugiés après la prise de la cité . Veuillez lui pardonner , il se montre très vigilant surtout après tout ces évènements ; néanmoins vous devez savoir que c’est un guerrier valeureux et loyal  , ne  voyez pas en lui un ennemi et tâcher de gagner sa confiance .

Pour sa part Eugénion ne savait pas vraiment s’il considérait Serambëur comme un ennemi mais ce dont il était certain c’était qu’il n’avait vraiment mais alors vraiment pas envie de croiser seul cet elfe antipathique au détour d’un couloir .

-La blessée est toujours à la maison de guérison ?
demanda alors Ovadiel à sa nièce.

-Oui, elle n’est plus en danger de mort immédiate mais elle est encore inconsciente et malade et ce malgré tout nos efforts

Le Semi-Homme mit quelques secondes pour se rendre compte qu’ils étaient en train de parler de Lithildren ; il fut soulagé d’entendre que son amie n’était plus en danger de mort mais également très inquiet de son état. Elle ne s’était toujours pas réveillée ce qui indiquait que son mal était certainement très profond si même les guérisseurs de Fondcombe ne parvenait pas à l’éradiquer.

-Mène moi jusqu’à elle .
fit le Seigneur elfe.

Le Semi-Homme bondit alors de son lit et s’exclama

-Je viens avec vous ! Je dois la voir !
-Son état n’est pas encore stable
, lui répondit Yalë d’une voix douce , il faudrait peut-être éviter qu’il y ait trop de monde à…
-Qu’il vienne
, la coupa son oncle , quelque chose me dit qu’il le mérite .

Eugénion adressa un regard reconnaissant à l’elfe avant de leur emboîter le pas , laissant ainsi Erennel seul dans cette chambre elfique. Visiblement le forgeron avait bien du mal à sortir totalement  de son état léthargique.


La maison de guérison était une merveille architecturale qui avait échappé aux destructions et saccages successifs de la cité.  La façade du bâtiment étaient composés d’arches de bois qui s’entremêlaient de manière harmonieuse laissant entre elles des espaces vides ; ainsi cet hospice n’était pas un bâtiment fermé mais plutôt une invitation à l’échange entre l’intérieur et la nature extérieure .  Ainsi , à plusieurs endroits , des troncs d’arbres se faufilaient à dans l’enceinte du bâtiment pour en ressortit plusieurs étages plus haut par une autre ouverture.  C’était un lieu calme et silencieux où tous les patients étaient traités avec la plus grande attention.
Yalë les fit monter deux étage et ils traversèrent un dédale de couloirs identiques avant de s’arrêter devant une porte en noisetier.

-C’est ici . murmura-t-elle.

Ils entrèrent discrètement et s’approchèrent de la blessée allongée sur un grand lit nappé de draps blancs qui contrastaient avec sa chevelure noir de jais. Eugénion ouvrit de grands yeux écarquillés , ce mal qui assombrissaient sa chevelure jadis si claire et brillantes s’était répandue . En tendant l’oreille on pouvait entendre ce que disait Lithildren dans son « sommeil » , rien de bien cohérent mais l’on pouvait capter ça et là quelques termes intrigants comme « poison » , « bataille » ou «  lune » . De toute évidence elle n’allait pas bien et il fallait faire quelque chose au plus vite.

-Les guérisseurs font de leur mieux mais pour l’instant ils ne peuvent garantir aucun résultat ; il est encore trop tôt. Au fait comment s’appelle-t-elle ?

Eugénion , qui était complètement dépité face à l’état de sa fidèle amie , ouvrit la bouche pour répondre à la question mais ce ne fut pas lui qui renseigna Yalë sur l’identité de la souffrante.

-Lithildren , fit le seigneur Ovadiel qui semblait interloqué , comme s’il avait face à lui un fantôme des autres temps , son nom est Lithildren .

Il s’agenouilla auprès de cette dernière et scruta tout les traits de son visage ; il y reconnaissait la jeune elfe qui avait jadis grandi  entre les murs de cette ville mais il y percevait aussi un profond changement accompagné d’une indéfinissable souffrance . Si semblable et pourtant si différente.
Le seigneur Ovadiel souffla à l’oreille de l’elfe amnésique

-Lithildren, tu es rentré maintenant , sois en paix . Reviens parmi nous , chasse les démons de tes esprits , nous en avons déjà trop perdu. Reviens Lithildren , reviens.


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Au prix de nombreux efforts , Erennel s’était enfin décidé à s’extirper de son lit. Il n’était pas rééllement fatigué mais la perspective de devoir éoluer dans une cité où n’habitaient que des elfes et où tout respirait la culture elfique n’enchantait guère le forgeron blond qui voyait bien en là une excuse pour repousser le moment où il se lèverait.  Il se rendit finalement à l’évidence quand il constata que même ces draps sentaient la lavande . Avec un grognement il se leva et se lava sommairement le visage avant de se diriger vers la fenêtre. En contrebas  , un groupe de guerriers elfes s’entraînaient au maniement des armes.
L’agilité et la dexterité dont ils faisaient preuve avaient de quoi impressionner n’importe qui y compris un Champion du Rohan ou un membre de l’Arbre Blanc , alors que dire d’un forgeron certes bon combattant mais qui était  plus habitué au marteau et l’enclume qu’à la hallebarde et la rapière.
D’ailleurs il ne pouvait pas se comparer à eux , rien que sur le plan de l’expérience ; ces elfes fréquentaient les armes depuis des siècle et chacun d’entre eux devaient avoir tués de nombreux ennemis au cours des batailles où ils prirent part. Erennel ne pouvait pas en dire autant lui qui était encore traumatisé par le seul homicide qu’il avait commis.
C’est alors qu’un voix familière s’éleva ; grâce à sa vue perçante , le capitaine Serambëur avait repéré l’humain qui les observait à la fenêtre et il le héla

-Holà ! Descendez de votre nid mon ami et venez vous mesurez à nous ; voyons si votre survie en cette terres hostiles est dû à vos compétences ou à la chance et au hasard.

L’officier elfe se savait bien supérieur au forgeron et cette invitation à un noble duel n’était certainement qu’un moyen d’humilier cet homme qui était entré dans la ville contre sa volonté .  
Ceci l’homme blond en avait conscience , mais se défiler et refuser un affrontement ne faisait pas non plus partie de ses habitudes.

#Ovadiel #Yalë #Serambeür
Sujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.
Learamn

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Rechercher dans: Les Terres Sauvages   Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux pensées , il n'y a plus le temps de se prélasser.    Tag serambeür sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 2 Déc 2015 - 22:40


Après tout ce chemin, se pouvait-il réellement que ce soit la mort qui les attende à la fin ? Cela en avait tout l’air. La vaillance et la détermination des voyageurs leur permettaient d’entretenir une très faible lueur d’espoir mais à terme , l’issue du combat était largement prévisible. Que pouvaient faire un forgeron de formation , un semi-Homme plus habitué aux élucubrations philosophiques qu’aux cris de guerre et une elfe totalement inconsciente face à de féroces combattants prêts  à en découdre ? Pas grand-chose si ce n’est repousser l’échéance finale de quelques minutes .

Eugénion s’agita légèrement sur sa selle . Avait-il peur ? Assurément oui , il pouvait la ressentir dans chaque parcelle de son petit corps mais il ne s’agissait pas là de ce genre de peur qui vous paralysait ou vous faisait fuir . Il n’avait nullement l’intention de se défiler , non la peur qu’il ressentait faisait partie de ces peurs bénéfiques qui repoussait les limites de vos capacités ; celle que l’on peut ressentir lorsque sa vie et celle de ses amis et en danger et que l’on se sent prêt à tout pour empêcher l’inévitable de se produire.  Il y avait quelque chose de paradoxal dans son attitude , d’un côté le petit être savait pertinemment qu’ils ne feraient pas le poids mais de l’autre il était impensable pour lui de songer à jeter l’éponge .

Un premier cavalier chargea Erennel qui réussit d’une fine parade à faire chuter son vis-à vis qui finit sa course à plat ventre au sol.  La manœuvre du forgeron avait eu le mérite d’être efficace mais il avait été déstabilisé par la rudesse du contact ; le second cavalier faillit profiter de ce moment pour porter un coup fatal au colosse blond mais c’était sans compter la bravoure d’un Semi-Homme bien décidé à dire son mot dans cette histoire.  
En voyant ce qui était en train de se passer et le grave danger que courrait son ompagnon , Eugénion n’hésita pas une seule seconde. De manière presque instinctive , il prit les rênes d’Olann et fonça sur l’ennemi tout en saisissant sa dague . Surpris par la manœuvre du Hobbit , Prash ne put frapper Erennel ; il faut dire qu’il ne s’attendait vraiment pas à ce que ce petit être si insignifiant à ses yeux puisse intervenir de la sorte . Le cavalier lança un regard meurtrier au hobbit.

"Oh,Oh !"
C’est à peu près la seule pensée qu’eut Eugénion quand leurs yeux se croisèrent ; le Hobbit était certes parvenu à détourner l’attention de son adversaire et Erennel n’était plus en danger immédiat ; mais il y avait bien un hic : à présent la cible c’était lui . Instantanément le Hobbit sentit cette envie de fuir remonter en lui ; fuir pour échapper à la mort incarnée par cette silhouette robuste et mauvaise : l’instinct de survie avait pris le dessus sur sa remarquable vaillance.

Mais il n’eut finalement pas besoin d’esquisser le moindre geste pour assurer sa survie : une lame traversa de part en part le torse de Prash sous les yeux ébahis d’un Eugénion en état de choc. Alors qu’Erennel retirait son arme et commençait à mesurer la portée de son geste , le sang se mit à coule abondamment et le cavalier s’effondra au sol , mort.  Le Hobbit , la bouche légèrement entrouverte , n’arrivait pas à détourner son regard du cadavre qui venait s’ajouter à longue liste des victimes mortes en ce lieu.

Oropher fronça les sourcils , la partie était censée être facile ; comment pouvait-il perdre un de ses hommes de mains dans un tel combat . Il fit lentement avancer son cheval et dégaina son épée , prêt à intervenir si les deux condamnés faisaient encore preuve de résistance ; mais il ne charge pas immédiatement : ce genre de situation était l’occasion rêvée pour voir ce que ses alliés avaient réellement dans le ventre .  Gommer , le second soldat , s’était empressé de remonter en selle ; il fut insensible à la mort de son compagnon mais chargea tout de même le forgeron qui semblait absorbé par ses pensées, décidé à en finir.  Quant à lui , Norfal , qui était resté en retrait depuis le début des hostilités , se tenait prêt à bondir sur Lithildren pour pouvoir enlever l’elfe comme Oropher le désirait. Mais pour les anciens de l’Ordre rien ne semblait vouloir se passer comme il le prévoyait. Alors que Gommer s’apprêtait à lever son arme pour l’abattre sèchement sur la nuque d’Erennel , un flèche siffla dans l’air et finit sa course entre les deux yeux du cavalier qui mourut sur le coup. Une clameur s’éleva alors ; une compagnie entière de cavaliers armés d’arcs et de sabres fondait sur eux . En l’espace de quelques secondes ils encerclèrent les acteurs de ce triste spectacle et les tenaient en joue.  

Un rapide coup d’œil permit à Eugénion d’identifier les nouveaux venus : des elfes de Fondcombe . Ceux-ci se tenaient fiers et droits sur leur belles montures et dans leurs armures reluisantes , toutefois leur air paraissait menaçant et il était certain qu’ils étaient prêt à réagir au moindre geste.
Oropher se mit alors à jeter des regards affolés dans toutes les directions comme pour trouver une porte de sortie mais c’était peine perdue ; il lança alors une série de jurons bien indignes dans la bouche d’un Eldar ; Norfal, de son côté , s’était volatilisé mais les elfes ne semblaient nullement s’en soucier. L’un d’eux , qui devait être leur chef , fit avancer sa monture et toisa la scène du regard ; il ne s’attarda pas sur les cadavres et ne fit transparaître aucune expression . Lorsqu’il vit Oropher il indiqua à deux de ses hommes d’arrêter l’ancien sbire de l’Ordre qui se débattit à peine , comme résigné à son triste sort.

Eugénion allait exploser de joie et de soulagement, un nouveau miracle venait de leur sauver la mise ; après tout peut-être qu’il y avait bien une entité supérieure susceptible de modeler leur destin. Mais le Hobbit s’était sûrement emballé un petit peu trop vite car le capitaine Serambëur faisait partie de ces êtres méfiants qui n’accordaient pas leur confiance aux premiers venus, surtout lorsque ceux-ci appartenaient à une race différente et quand l’un d ‘eux était un humain qui ne semblait pas particulièrement enthousiasmé par la présence d’une troupe d’elfes. Il jaugeait les étrangers d’un regard loin d’être bienveillant tout en adoptant , de manière presque instinctive , un air suffisant qui traduisait son sentiment de supériorité.  Lorsqu’il leur adressa enfin la parole , ce fut d’un ton sévère , sans politesse aucune qui tranchait avec la voix mélodieuse des Eldar qui transparaissait pourtant .

-Qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous dans cette ville maudite ? Et qu’avez-vous à voir avec cet individu ?


Il désigna du doigt Oropher que les soldats de Fondcombe avaient  promptement menotté et mis sous bonne garde.  L’officier de Fondcombe attendait des réponses précises et il ne bougerait probablement pas d’un millimètre avant de les avoir obtenu.

Entre temps une cavalière elfe aux magnifiques cheveux châtains qui descendaient en cascade depuis l’arrière de son casque ouvragé,  avait elle aussi mit pied à terre et s’était immédiatement précipité vers Lithildren qui gisait toujours inconscient au sol. Elle passa le dos de sa main sur son front , il était brûlant. Elle s’exclama alors:

-Capitaine , elle est en grave danger ! Il lui faut des soins !


Serambëur ignora tout simplement la cavalière ; il continuait à fixer intensément Erennel  comme s’il voulait analyser et avoir accès à chaque parcelle de l’esprit du forgeron afin de connaître ses intentions mais il se heurta à un mur.

-Capitaine , insista la jeune elfe , si nous ne faisons rien elle mourra ! Elle est des nôtres !

Ces derniers mots réussirent à faire réagir l’officier qui détacha son regard de l’humain pour s’intéresser à Lithildren .  Quelques secondes d’observation suffisait pour confirmer les dires de sa subordonnée ; elle avait les traits des elfes de Fondcombe . Sans cacher son mécontentement Serambëur remonta en selle et ordonna à sa troupe de reprendre la route vers la cité millénaire .
Eugénion , qui appréhendait surtout ce qui allait se passer une fois arrivé là-bas , remonta , non sans peine , sur Olann grâce à l’aide d’Erennel qui enfourcha à son tour Aldranys.
Quant à elle , Lithildren était entre les délicats bras de la jeune elfe qui était intervenu en sa faveur.
La troupe repartit au triple galop , l’elfe amnésique avait besoin d’un guérisseur au plus vite et d’ailleurs les cavaliers n’étaient pas mécontents de s’éloigner le plus rapidement possible des ruines de Valdol qui leur rappelaient des temps bien sombres.

Ils approchaient de Fondcombe mais de toute évidence le capitaine Serambëur n’en avait pas fini avec l’homme et le Semi-Homme. Eugénion soupira , ils avaient certes atteint leur but mais n’étaient sûrement pas au bout de leur soucis , loin de là ! Ah si seulement il avait la possibilité de fumer un peu de Vieux Tobie pour encaisser les péripéties du jour… Malheureusement  ces derniers temps il avait le sentiment de ne plus avoir la possibilité de faire grand chose.
« Crotte de porc »
jura Eugénion en exprimant toute sa lassitude.



[HRP] Ce rp prend fin ici , la suite à Fondcombe . Je la posterai prochainement.[HRP]


#Oropher #Serambeür
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