Nombre de messages : 1082 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Ald’ar lança un regard noir au médecin qui avait soigneusement déposé son bras meurtri sur un billot de bois qu’il avait préalablement nettoyé. Ce dernier avait passé de longue minutes à mesurer et analyser l’ampleur des dégâts sur le membre de son patient. Le mal qui le rongeait s’était propagé jusqu’à la base de son avant-bras, ses veines avaient anormalement enflés et pris une teinte violacée inquiétant qui virait parfois au noir. Si la nature de cette infection demeurait mystérieuse, sa source ne faisait l’objet d’aucun doute.
De la pointe de son crayon il désigna l’arme qui avait fait la légendaire renommée du mercenaire. “Tout semble partir de votre prothèse. Le fer utilisé devait contenir des impuretés qui avec le temps ont contaminé le sang et cela remonte lentement le long de votre bras.”
Le guerrier fronça des sourcils. Cela faisait plusieurs semaines qu’il avait remarqué ces lignes étranges le long de son bras. Des accès de fatigue réguliers et plusieurs malaises soudains l’avaient également alerté que quelque chose n’allait pas.
Avait-il pêché par orgueil en ne voulant plus faire qu’un avec son arme? Il ne ressentait pourtant aucun regret malgré la maladie qui le guettait. Ce Bras de Fer avait forgé son succès, lui conférant une aura qu’il avait su exploiter pour former l’une des compagnies de mercenaires les plus réputées de cette partie du monde.
La source de sa réussite se muait désormais en l’origine de sa déchéance. Quelle ironie…En d’autres circonstances, il aurait certainement souri face à un tel tour joué par le destin. Lui qui raffolait de ce genre de récits tragiques et cathartique.
“Et ensuite ?”
Le guérisseur, Folkar, tritura nerveusement le scalpel suintant de sang et de pus qu’il tenait dans ses mains. Visiblement, il avait cherché à éviter le sujet mais il se retrouvait désormais dos au mur.
“Eh bien, c’est difficile à dire. C’est bien la première fois que je suis témoin d’une telle chose mais l’hypothèse la plus probable est que l’infection progresse…jusqu’à votre poitrine et vos organes vitaux.”
Le Lossoth hocha lentement de la tête, indiquant à son interlocuteur qu’il avait bien compris où celui-ci voulait en venir.
“Combien de temps ?”
Cette fois-ci, l’inconfort du docteur se manifesta par un léger dodelinement ; se balançant rapidement d’un pied à l’autre. Comme s’il craignait à tout moment que le Bras de Fer, jusqu’ici parfaitement stoïque, ne surréagisse à l’une de ses annonces et ne s’en prenne à lui. Ce genre d’animal se montrait parfois bien imprévisible. “Là encore difficile à dire. Six mois peut-être, une année au maximum.”
Nouveau hochement de la tête. Si l’annonce avait secoué le colosse nordique, il n’en montrait rien, se mettant calmement à chercher des solutions.
“Et au sujet d’un antidote ?”
Cette fois-ci, Folkar recula de quelques pas avant d’oser répondre. “Malheureusement je ne crois qu’aucun remède n’existe dans le monde connu. Il faudrait un miracle…”
Pas de réaction épidermique de la part du guerrier. Seul le regard de ce dernier semblait s’être perdu parmi les flammes qui dansaient dans l’âtre.
Quand Ald’ar Omenuir reprit la parole, sa voix était devenue légèrement plus rauque.
“Et croyez-vous aux miracles ? -Je suis un homme de sciences mon ami. Certains charlatans aiment se baser sur des mythes et des légendes pour faire miroiter de faux espoirs mais la médecine ne… -Quel genre de légende ?” Le coupa le Bras de Fer.
Folkar se gratta le menton d’un air embarrassé, il n’était pas dans ses habitudes de colporter ce genre de fantaisies mais peut-être une exception pouvait être faite pour alléger une âme qui se savait perdue. “Eh bien… quand j’étais jeune étudiant à l’Université de Minas Tirith, nous avions un professeur un peu fantasque. Il prétendait avoir acquis son art chez les elfes. Durant ses cours il était coutumier de longues digressions et anecdotes qui n’avaient pas beaucoup de sens. -Allez à l’essentiel. -Eh bien…un matin il nous a parlé d’une vieille légende au sujet d’une couronne forgée par les artisans Nains les plus doués, offerte en cadeau au Seigneur des Aigles. Au centre de ce diadème, une pierre sculptée par les Premiers Nés il y a des millénaires. Une pierre, depuis perdue, qui aurait permis de soigner n’importe quel mal, de guérir n’importe quelle créature vivante de ce qui l’accable, que ce soit physiquement ou moralement.”
Une lueur étrange prit naissance dans les yeux bleus du Lossoth. Des Aigles, des elfes et des Nains; autant de choses bien éloignées de l’univers dans lequel il évoluait. Pourtant, cette ultime quête ravivait quelque chose au fond de lui.
Depuis la chute de l’Ordre, il avait vendu son âme en quête d’argent. Depuis il avait amassé les richesses et la gloire. Pour quel résultat? Cette-fois ci, tout l’or du monde ne pourrait le sauver.
Le temps lui était compté. Depuis son passage dans les Caves d’Or d’Asthrabal, Ald’ar savait que ce monde regorgeait de trésors insoupçonnés et d’artefacts aux puissants pouvoirs.
Une pierre de guérison légendaire. Et si tout cela était vrai ?
Déjà condamné, le Bras de Fer pouvait bien chasser un mythe.