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Sujet: Dernière Danse avec les Loups
Lithildren Valbeön

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Rechercher dans: L'Arnor   Tag alderus sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dernière Danse avec les Loups    Tag alderus sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 19 Juil 2021 - 12:04

Edwÿne se réveilla aux premiers rayons de l'aube, comme à son habitude. Il fallut moins de quelques minutes pour que les hommes du campement se réveillent aussi avec quelques grognement de douleurs. Edwÿne fit le tour pour vérifier l'état de leurs blessures. Certaines étaient un peu infectées mais elle avait fait le nécessaire pour soulager leurs douleurs. Enfin elle espérait. Avec les roturiers de Bree ayant saccagé ses réserves, elle n'avait pas les cataplasmes ni bandages nécessaires pour assurer des soins décents. Elle avait proposé que les Rôdeurs les accompagnent jusque chez les Elfes, où ils auraient des soins corrects - sinon de retourner dans une grande ville mais le voyageur tuerait au moins un des autres Rôdeurs sans soins adéquats. La plupart des blessures n'étaient pas mortelles mais les infections, elles, le sont si personne n'y fait attention. Même la plaie la plus minime peut devenir une grande infection - sans compter que la terre, la poussière, la fatigue et la malnutrition contribuent à accélérer le processus, de ce qu'Edwÿne avait constaté. Hors, les Rôdeurs, roturiers et autres vagabonds ne sont pas connus pour leurs repas luxueux ou festins royaux.

Après un repas simple (les hommes d'Alderus avaient récupéré les affaires des trois décédés pour étoffer leurs propres réserves), le groupe de désormais six personnes passa le pont et entama la route vers Fondcombe. La Boscailles aux Trolls longeait la route, tel un mauvais présage ou un avertissement. Tout le monde connaissait l'histoire devenue célèbre des Hobbits et des Trolls, bien que la version originelle se soit légèrement perdue parmi les Hommes. Quelle que soit la version, on y célébrait la ruse et la conversation des Hobbits, ainsi que l'avantage de leur petite taille et discrétion. Alderus proposa de passer par la forêt afin de trouver plus facilement de la nourriture, éventuellement des baies et plantes aussi comestibles que médicinales. Edwÿne fut mal à l'aise à la proposition mais elle gagea qu'un habitué des routes sauvages à pieds savait de quoi il parlait comparé à elle. Alors, d'un commun accords, ils passèrent par la forêt. Ils espéraient ne pas rencontrer d'ennemis aussi puissants que les Trolls ou tenaces comme les Orcs. Cependant, à peine un pied dans la forêt, Edwÿne trouva plusieurs remèdes sous formes de racines, feuilles et baies. Elle passa son temps à scanner le sol et les alentours. Le jus de certaines baies donnait du goût à certaines concoctions amères en plus de donner un effet guérisseur supplémentaire (comme pour le mal de gorge ou de tête). Edwÿne n'avait pas de quoi faire sécher les feuilles et racines - dont le temps nécessaire à une telle tâche - mais elle pourrait déjà faire un cataplasme plus consistant et efficace. Elle n'avait pas non plus toutes les fioles ou autres récipients pour tout récupérer et trier, alors utiliserait le tissu de la robe tâchée de sang qu'elle avait dû mettre de côté. Pour l'instant, elle se contenta de ramasser, examiner et ranger ou jeter.

Les jours suivants allèrent bon train. De l'aube au crépuscule, le groupe marchait avec les Rôdeurs en tête pour guider vers l'est. De temps en temps, l'un des cinq Rôdeurs montait à un arbre pour en vérifier la course du soleil. Avec une forêt faite de collines, il était facile de se perdre. Ils chassaient également des lapins ou biches pour en faire le repas suivant - midi ou soir. Depuis leur départ à tous, il devait s'agir du moment le plus agréable et porté aux chansons à boire... mais personne n'agissait de la sorte. Ils étaient attentifs, guettant les moindres sons ou mouvements au-delà des arbres. Si la forêt n'était plus habitée par les trolls ou les orcs, il n'était jamais certain de qui - ou quoi - l'on pouvait croiser dans ces fourrées. Chaque arbre était une embuscade potentielle, chaque brindille était un piège possible... Ils marchaient sans jamais rester en ligne droite afin d'éviter qu'on les suive. Edwÿne marchait toujours au centre du groupe, Alderus restait en tête. La guérisseuse du Rohan passait ses soirées et tours de garde à préparer ses remèdes. Son processus était simple. Elle triait d'abord toutes les plantes amassées la journées puis, en fonction de la taille de la plante, racines ou baies, elle découpait un carré de tissu pour y tasser sa trouvaille et finissait par refermer le tissu. Cela l'occupait. Chaque soir et chaque matin, elle vérifiait l'état des blessures de ses compagnons d'infortune et remarquait avec soulagement le progrès des soins. Comme elle l'avait vu après l'attaque des loups, la plupart des blessures n'étaient pas graves mais elle était satisfaite de voir qu'elles allaient vers le mieux. Même Alderus ne pouvait nier les qualités qu'elle possédait en tant que guérisseuse. Elle se sentait transportée par le simple fait qu'elle était utile et que ses talents rendaient service. Les jours passèrent et la fatigue s'accumulait raisonnablement mais ils tenaient bon. Après la bataille contre les loups affamés, ils sentaient que plus rien ne pourrait ni les surprendre ni les mettre à genoux. En fait, ils étaient loin du compte - ou peut-être pas.


Le groupe de six avaient déjà parcouru une grande distance dans la forêt. Le soleil rayonnait haut dans le ciel malgré les quelques nuages passant périodiquement devant. De leur point de vue, c'était comme si le temps s'était accéléré, que les minutes étaient devenues des journées entières, comme si la course dans le ciel était devenue incontrôlable ou, pire, que le temps dans la forêt s'était arrêté. La journée passa ainsi. La soir venu, le camp fut monté. La lune brillait, claire et entière, au-dessus de la canopée. Ses rayons d'argent filtraient à travers le feuillage et tachetait le sol de perles parfois aussi petites qu'une noix, parfois aussi grosses qu'un crâne, ou plus large encore. Les sons habituels de la nuit résonnaient. Ce fut Edwÿne qui prit le premier tour de garde. Elle était à sa tâche habituelle de tri de ses trouvailles lorsqu'elle entendit une brindille craquer derrière elle, à quelques mètres. Elle se mit dos au feu, plutôt que dos à l'obscurité. La guérisseuse en profita pour sonder l'obscurité autour du camp mais à cause du feu, elle ne voyait que les arbres les plus proches baignés d'une lueur incandescente. Elle commençait à avoir l'impression qu'on l'observait mais elle ignorait s'il s'agissait de sa peur actuelle ou un danger bien réel. Lorsqu'elle eut terminé son tri de plantes, elle rangea soigneusement ses remèdes dans son sac, mettant les feuilles en bas de la pile, les racines au milieu et les baies sur le dessus. Lorsqu'elle commença à sentir la fatigue l'envahir, elle alla réveiller Alderus. Elle aurait pu lui confier son impression mais se ravisa au moment de le lui dire. Le Rôdeur vit parfaitement qu'une chose la troublait mais il la laissa s'endormir paisiblement. Quant à lui, il ne fallut que quelques minutes pour qu'il ait cette impression d'être observé. Il prit sa dague dans sa main et resta volontairement dos aux arbres. Il n'entendait rien. Pour être certain, il fit mine de commencer à s'endormir : difficulté à garder les yeux ouverts avant de finalement sombrer. Il pencha la tête en avant, légèrement sur le côté, laissant ses épaules s'affaisser également. D'un oeil externe, il avait l'air de dormir sur place.

Malheureusement, ses instincts n'étaient pas endormis. Malheureusement, mais pas pour lui. Quelques minutes après s'être faussement endormi, il entendit des pas furtifs. La personne marchant sur la pointe des pieds n'était pas discrète du tout. Il entendit même un souffle saccadé. Il fallait dire que ses propres sens de traqueurs étaient assez fins pour cela. Il attendit que son futur assaillant soit prêt puis referma sa main sur sa dague, se releva sur un genoux en se retournant et fit face à un homme aux yeux écarquillés. Il avait une armure ayant connu le temps et les batailles, mais rien de bonne qualité. L'homme retenait son souffle, comme s'il espérait se fondre dans le décor. Malencontreusement, il était si près du camp que les flammes se reflétaient dans ses yeux. Il ne s'attendait clairement pas à ce que sa cible se retourne aussi vivement. L'homme se décomposait sur place mais il finit par pousser un cri de guerre et dégaina son épée. La situation devint presque comique - quoiqu'un comique dangereux. En même temps que les Rôdeurs et la guérisseuse se réveillaient, des hommes - une dizaine - sortit en hurlant de l'orée du camp pour attaquer les voyageurs endormis.

La seconde danse avec les loups.

Alderus esquiva l'épée de son assaillant et lui planta sa dague dans le flanc, la retira aussitôt pour la planter dans la partie molle juste derrière la clavicule. Edwÿne, qui s'était couchée avec sa dague, la planta dans l'oeil de celui l'avait saisie en se glissant derrière elle. Elle récupéra sa dague, fébrile. Les autres hommes d'Alderus se défendaient comme ils le pouvaient. Cependant, en sous-nombre et à peine réveillés, ils ne suffit que d'une fraction de seconde pour que des lames acérées ne se pointent vers eux. Ils n'eurent d'autre choix que d'abdiquer et se laisser emporter, deux cadavres dans leur sillage. Edwÿne put attraper fébrilement son sac de remèdes si durement collectés - et triés - et suivit les Rôdeurs. Leurs assaillants arpentèrent les bois jusqu'à un campement. Il se trouvait plus haut, au sommet d'une colline. Mais, de ce campement, celui d'Edwÿne et ses compagnons se voyait entre deux arbres. C'était sûrement ainsi qu'ils avaient pu voir et attaquer les voyageurs à l'avantage de la nuit. Les voyageurs furent fouillés, dépouillés de dagues ou autres armes, puis ligotés aux poignets et jetés plus loin. Evidemment, cela n'empêcha pas des les Rôdeurs de donner quelques coups de poings avant, mais cela ne servit que peu lorsque l'adversaire a une lame ou des flèches. Quant aux six compagnons, leur surprise fut absolue lorsqu'ils virent qu'un Elfe était également enchaîné. Il serrait contre lui un épais livre. Lorsqu'ils purent enfin penser sans essayer de survivre dans l'immédiat, Edwÿne articula fébrilement, en chuchotant, qu'ils était les "roturiers". Seul Bénéthor put comprendre de qui elle parlait. Le destin se montrait bien cruel.

- C'est bien la même poulette qu'à Bree, nan ?
- Ouep. Les veuves rapportent pas b'coup d'or mais l'Elfe si.
- Et les autres ?
- On les garde. C'des bouseux mais ç'peut toujours servir d'chair à canons. Ou pire. J'm'en fiche, tant que ça rapporte d'pognon.

La conversation était distante mais elle fut assez révélatrice. Des marchands d'esclaves. Jusqu'ici, en Arnor ? Alderus ne fut pas surpris. Quelques mois plus tôt, alors qu'ils traversaient le Terres Sauvages, Alderus et son groupe étaient tombés sur les restes d'une caravane. Il y avait des ossements et restes de fer, quelques armes. Les Rôdeurs avaient déduits, vu les cordages dans la caravane et le nombre de squelettes, qu'il s'agissait sûrement de transporteurs d'esclaves. Un s'était même sûrement fait décapiter sur place. De nombreuses traces menaient un peu partout, certaines vers des ruines perdues, d'autres vers Minas Tirith. Mais les Rôdeurs se fichaient pas mal des aléas de ce genre. Qu'ils furent les esclavagistes ou les victimes, ils étaient squelettes et cela était la seule chose qui importait - si les squelettes avaient une quelconque utilité. Le plus vital pour Alderus, au moment présent, était de savoir comment lui et ses compagnons, avec Edwÿne et l'Elfe, allaient pouvoir se sortir de ce pétrin. Ce n'étaient pas les deux derniers qui allaient aider : l'Elfe semblait prostré sur lui-même et Edwÿne était tétanisée par la peur.

Mais la nuit n'était pas encore finie. Ils attendirent que les transporteurs d'esclaves s'endorment après une beuverie déroutante. Alderus donna alors un coup de coude à Bénéthor pour capter son attention.

- A mon signal, Edwÿne et toi fuyez avec l'Elfe.

Il n'y eut aucun temps mort pour Bénéthor d'empêcher son aîné d'agir. Sous un commun accord silencieux, un des hommes d'Alderus se mit debout et alla vers le feu où dormaient les roturiers, attirant ainsi l'attention de l'esclavagiste montant la garde. L'homme d'Alderus resta planté là pendant que l'autre lui ordonnait de retourner à sa place, dégainant son épée. Voyant que le Rôdeur ne bougeait pas, le roturier s'agaça. Les ordres lancés réveillèrent les autres roturiers. Ce fut le moment que choisirent les Rôdeurs pour foncer vers les roturiers en criant. Edwÿne et Bénéthor se levèrent et la guérisseuse l'empêcha d'aller aider ses comparses. Mais ils ne pouvait pas espérer parcourir la distance jusqu'à Fondcombe sans armes. Edwÿn eut alors une idée.

- Bénéthor, prenez des armes, je détache les chevaux !

Elle se détourna et profita de la confusion entre roturiers et Rôdeurs pour courir vers les chevaux. Elle repéra sa propre jument et, soulagée, tenta de la détacher. Les chevaux devenaient nerveux avec l'agitation ambiante, ce qui n'aida pas la femme à rester discrète. Un des roturiers devina ce qu'elle allait faire et se jeta vers elle. Il leva son épée en hurlant et courant vers elle mais ne fit pas une longue distance avant qu'une flèches ne l'atteigne. Il tomba au sol, lourdement. Edwÿne ne réfléchit pas et se saisit de son épée pour couper la corde faisant ses liens puis l'utilisa pour couper la corde des chevaux. A part sa jument, Edwÿne put empêcher un seul cheval de s'enfuir, un étalon bai. Bénéthor sauta sur le cheval sans harnachement. L'Elfe sembla hésiter à suivre des inconnus. La seule chose qui sembla le convaincre hormis les "Suivez-nous pour survivre !" fut : "Suivez-nous à Fondcombe !. Ce ne fut que là que l'Elfe sembla enclin à monter avec Bénéthor. Edwÿne chevaucha sa jument, son sac de remèdes sur le dos, et le trio s'enfuit vers l'est. Ils l'avaient déduit par rapport à leur propre direction de marche puis dans qu'elle direction les roturiers les avaient emmené.

La chevauchée effrénée dura plus au-delà de l'aube et ils ne s'arrêtèrent que pour vérifier qu'ils étaient dans la bonne direction. Ce ne fut que là qu'ils échangèrent les politesses d'usage, dont les noms. Après que l'elfe se soit présenté, Edwÿne prononça, avec un sindarin presque impeccable - pour une humaine :

- Mae govannen, Edrahil. Puis en westeron : Je m'appelle Edwÿne. Nous nous rendons à Fondcombe, et je gage que si vous voulez vous y rendre, peut-être devriez-vous rester en notre compagnie.
Sujet: Dernière Danse avec les Loups
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Rechercher dans: L'Arnor   Tag alderus sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dernière Danse avec les Loups    Tag alderus sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 15 Juil 2021 - 18:08
Oh oui la nuit. Qu'est-ce qu'une belle nuit sans un cri ?

Une nuit ratée.

Oui, oui. Une nuit ratée... Enfin, non ! Pas ratée. Une nuit sans saveur.

Oh, oui, saveur. La saveur de la peur, la saveur du sang.

Oui, oui. Le goût de la chair, le son des veines qui palpitent, le coeur frais...

Oh, oui. Doucement, doucement. Ne fais pas de bruit.

Non, non. Même le vent est trop bruyant.

Oui, oui. Tu respires trop fort ! Calme-toi, calme-toi.

Je sais tu es impatient, tu veux ta dose de frisson.

J'aime trop la traque, il me faut de la traque.

Nous en aurons, oui, oui. L'odeur de la peur n'est pas loin mais nos proies ne sont pas fébriles.

Oui, oui. Quel dommage.

Regarde, le jour se lève !

Non, non.

Oh si, si.

Oui.

Silence.

Oui. Oui.

Silence.

Regarde-les.

Ils vont partir. La traque reprend.

Attendons qu'ils laissent des traces.

Restons cachés, derrière.

Ils ne nous verront pas.

Oui.

Oui.

Nous sommes leur ombre.

Non.

Oui.

La pâle est si délicate, je me demande quel bruit feront ses os...

Oui.

Non.

Il ne faut pas se précipiter.

Nous devons attendre.

Je ne veux pas.

Mais il le faut.

Je peux presque entendre son coeur qui bat d'ici.

Oui.

Non.




¤     ¤     ¤     ¤     ¤



Ils avaient reprit la route après une nuit angoissante. Edwÿne n'avait de cesse de sentir une présence, des yeux la fixant. Les vastes plaines devant eux s'étendaient à perte de vue.

Les jours qui suivirent se ressemblèrent, les nuits restèrent les mêmes. Une atmosphère étrange enveloppait le duo qui se retrouvait, sans raison, sur la défensive. Il n'y avait pourtant pas de son ni de traces, pas d'yeux dans l'obscurité ni même de brindille ou caillou. Rien ne laissait entrevoir l'origine de cette angoisse qui pourtant s'installait dans le coeur de la veuve. Elle peinait à dormir et n'y parvenait à dire vrai que lorsqu'elle savait que Bénéthor veillait. Elle était certaine que quelque chose rôdait mais elle ignorait quoi. Etrangement, cette "présence", cette pression était plus fort pendant la nuit. Peut-être aussi y était-elle plus attentive vu qu'ils ne marchaient plus et qu'ils étaient fatigués. Elle se demandait ce que les ombres pouvaient bien cacher et toutes les réponses n'étaient guères rassurantes.

Mais pourtant rien ne leur arriva jusqu'au Dernier Pont. Ils se savaient à une journée de marche lorsqu'une nouvelle aube se leva sur la Terre du Milieu. Ils y seraient pour le crépuscule, peut-être moins. Edwÿne sentait cette atmosphère pesante presque étouffante mais elle tenait à se rassurer qu'une fois le pont passé, ils seraient en sécurité. Ou peut-être essayait-elle de nier l'anormalité de cette situation. Elle ne voulait pas savoir, étrangement, et se persuadait que cette nouvelle étape, qui signerait une plus grande proximité avec Fondcombe et donc leur influence, leur territoire et leur protection. Edwÿne se disait qu'une fois le pont passé, quelle que fût la chose, présence ou autre(s) qui les suivait, elle s'en irait volontiers. Avait-elle tort ou non, l'avenir le dirait bien assez tôt.

Après un repas frugal - encore - pendant le zénith du soleil, le duo se remit en route. Ils avaient fait une pause plus courte qu'à l'accoutumée. Ils avaient hâte d'arriver au Dernier Pont et écourtaient le plus possible les pauses afin de réduire la distance jusque là. Alors qu'ils marchaient, prudents et attentifs, ils virent un groupe se diriger vers eux, sur la route. Ils n'avaient pas de chevaux mais Edwÿne se méfia instantanément. Elle pensa aux roturiers qui avaient causé sa misère mais plus ils approchaient, plus il était clair qu'ils n'avaient rien à voir. Au fur et à mesure, même Bénéthor sembla se détendre. Les reconnaissait-il ?



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#Alderus

L'arnorien et ses six compagnons de route revenaient de l'est, par-delà les Monts Brumeux. Ils avaient voyagé depuis plus longtemps qu'aucun d'entre eux n'osait se souvenir et ils se rendaient à l'ouest pour une raison qu'ils ignoraient eux-mêmes. Ils étaient un groupe qui n'aurait jamais dû naître dans des circonstances saines mais à temps difficiles, mesures désespérées. Lui, surtout, s'était rendu compte qu'aucun de six autres n'aurait pu survivre seul. Ils avaient apprit la confiance, la solidarité et la fraternité, des notions qu'ils n'auraient pas apprises autrement. Ou peut-être que si mais les choses étaient comme elles étaient et il n'y avait pas de but ou raison à les changer à coup de "Et si ?".

Alderus, car tel était son nom, appréciait parfois le bon contact d'une belle route bien tracée dans les terres sauvages. Car, après tout, pourquoi pas ? Qui n'aimait pas une route si bien dessinée, où bandits, brigands et créatures sauvages attaquaient avec plaisir la veuve et l'orphelin ? Et c'était sur cette pensée que le groupe vit au loin un duo sur la route. En ces temps, seuls des idiots s'aventureraient vers l'est sur cette route. A mesure qu'Alderus et ses compagnons s'approchaient, il leur parut clair qu'ils n'étaient vraiment que des voyageurs, sûrement imprudents.

Le groupe de six hommes se dispersa sur la route pour la barrer à la femme et l'homme. La première était délicate en traits mais large en hanches et dotée d'un voile de veuve. L'homme semblait bien plus bourru et il apparut clairement qu'il était comme Alderus : un Rôdeur arnorien. Sa démarche, son regard méfiant et observateur, ses habits résistant au froid sans l'entraver en combat, sa posture à l'arrêt : il était prêt à tout et ses sens étaient déjà bien aiguisés. Alderus renifla, pensif. La femme avait l'air aussi défiante que méfiante qu'effrayée par ses compagnons bloquant la route. Alderus, en bon chef de groupe, allait ouvrir le dialogue mais se fit couper par la voix tremblante mais tranchante de la femme.

- Que voulez-vous, étrangers, à bloquer la route de la sorte ?

Alderus eut un sourire en coin et fit signe à ses hommes de se disperser. Ils haussèrent les épaules, n'ayant de toute évidence pas plus envie de les piller que de les tuer. En fait, les six hommes dépassèrent le duo et les saluèrent même d'un bref hochement de la tête.

- Vous devriez éviter d'aller vers l'est, si l'avis d'un rôdeur vous intéresse.
- Qu'est-ce que l'est présage de si mauvais ? argua Edwÿne avec défiance.
- Il y a quelques orcs dans les parages et ce jusqu'au col. Alderus fit un mouvement de menton vers Bénéthor. Si vous n'avez qu'un seul Rôdeur pour vous protéger, ma Dame, j'ose espérer que vous savez où vous vous rendez et pourquoi. Beaucoup se perdent en ayant aucun chemin, d'autres alors même qu'ils ont une destination. Les orcs et bandits ne sont pas les seuls dangers des Terres Sauvages.

La discussion continua sans intérêt spécifique hormis le fait qu'Alderus et ses six compagnons rôdeurs décident d'accompagner le duo jusqu'au Dernier Pont. Le calcul avait été mal fait par Edwÿne et au lieu de n'être qu'à une journée, il se trouva qu'ils étaient encore à trois jours. La raison de son erreur ? La présence - enfin l'absence - de monture. Elle avait fait ce trajet à cheval et se souvenait donc du temps passé avec une monture et avait oublié que le temps était plus lent à pieds. Edwÿne s'en voulait d'avoir fait une telle erreur mais avec Alderus et ses comparses, elle se sentait bien plus rassurée. Bénéthor se retrouvait avec sept personnes comme lui : des Rôdeurs du nord qui n'eurent aucun problème à faire la conversation si nécessaire.

Très vite, même les rôdeurs sentirent cette présence dans l'obscurité de la nuit. Ils essayèrent de trouver quelle genre d'entité, morte ou vivante, pouvait instiller une telle angoisse mais ils ne purent arriver à aucune conclusion majoritaire. Non pas que rien n'expliquait la sensation, ils n'arrivaient simplement pas à se mettre d'accord sur une raison. Alors ils se préparaient à toutes les éventualités sans que rien ne se passe. C'était comme si cette sensation d'angoisse venait des ténèbres en personne, comme un terrible présage. La nuit ne fut pas tranquille, bien au contraire, mais elle fut tout de même sans encombre.


Oui ! Oui ! Le signal est lancé !

Le temps n'est plus avec nous, nous passons à l'action !



Alors que le ciel prenait tout juste les couleur du soleil levant, un hurlement se fit entendre au dernier jour du voyage. Alderus bondit sur ses pieds à ce cri si particulier. Son archer, Orenn, était déjà debout, arc bandé et flèche prête. Il scannait les environs mais ne voyait rien. A la suite du premier hurlement, six autres retentirent. Les neuf campeurs étaient debout et bien réveillés dès le quatrième hurlement. L'inquiétude se saisit du groupe et personne ne perdit de temps en ramassant leurs affaires. Lorsque les premiers se montrèrent, le groupe commença à fuir vers le Dernier Pont.

De loups.

D'énormes loups, venant de sept côtés différents.

Tout parut clair désormais : ils avaient traqué Edwÿne et Bénéthor depuis des jours, attendant un moment propice pour attaquer. Et désormais, alors que le groupe avait augmenté, ils ne pouvait pas se permettre d'attendre. Le groupe de loups était affamé et d'autres loups des environs s'étaient joint à la traque. Certains avaient suivit les rôdeurs d'Alderus, d'autres les loups traquant déjà Edwÿne et Bénéthor. Désormais, cette énorme meute de loups poursuivait dès les premiers rayons de l'aube le groupe. La course était effrénée car les loups ne semblaient pas non plus littéralement sur les talons du groupe de neuf. Ils ne pouvaient que courir car la meute de loups n'allait pas attendre qu'ils reprennent leur souffle pour cesser la poursuite.

Ce qui sembla être une éternité était passée lorsque les premiers loups se firent voir. Ils suivaient en réalité de très près le groupe mais attendait qu'ils se fatiguent et ce point culminant se pointait doucement. Edwÿne n'était pas une coureuse, ni même endurante tout court, et elle fatigua bien plus vite que ses compagnons de route. Les Rôdeurs auraient pu continuer mais nul d'entre eux ne souhaita abandonner cette femme à son sort face à une meute de loups avides. Alors ils s'arrêtèrent.

La danse avec les loups commença.

Deux groupes de quatre loups fondirent sur les neuf compagnons. Si la moitié fut décimée en pleine course, les autres furent tués à la lame : hache ou épée, choisissez votre arme. Le troisième groupe de trois loups attaqua au moment où le dernier loup de la première vague s'éteignit tandis que le quatrième groupe - un duo - arriva sur le flanc arrière. Ils étaient bien plus proches lorsque les rôdeurs s'en rendirent compte et aucune flèche ne fut lancée pour les arrêter. A la place, les loups affamés rencontrèrent le fer et l'acier de traqueurs expérimentés. Il ne fallut pas longtemps pour que les loups se rendent compte que leurs proies seraient plus difficiles à attraper que prévu. Mais la faim les amena à prendre un risque démesuré par rapport à la situation : ils attaquèrent tous en même temps. Trente loups, peut-être plus, convergèrent de manière irrégulière sur les neuf voyageurs. Autant de flèches que possibles furent décochées mais cela ne suffit pas pour subir la vague lupine. La chance voulut que le groupe de Rôdeurs garde des rangs serrés pour éviter autant que possible des attaques à revers. Le sang inonda le sol. Cependant, lorsqu'Orenn fut saisit par des loups et traîné dans le tas par la jambe et un bras, les rangs des arnoriens furent brisés. Après Orenn, deux autres périrent. Le premier assiégé par trois loups trop affamés et blessés, le second perdit un bras à cause de deux loups impatients. Edwÿne, exposée à l'attaque de loups qui se dispersaient autant qu'ils tombaient, dû courir pour fuir. Elle ne put aller très loin avant qu'un loup ne se jette sur elle. L'animal était déjà blessé et avait la gueule en sang, son haleine empestant la chair et la faim. Il allait lui arracher le visage mais n'en eut pas l'occasion car Edwÿne lui planta sa dague en pleine gorge. L'animal claque de la mâchoire et couina en rendant son dernier souffle et se débattant pour s'agripper à ses derniers instants d'existence. La veuve et guérisseuse couverte de sang perdit connaissance après avoir mit fin à la vie de l'animal.

La lutte contre la meute ne dura pas aussi longtemps que l'on pourrait le penser mais fut une boucherie. Les survivants étaient couverts de sang et n'eurent aucun scrupule à éliminer les derniers loups vivants ayant renoncé à attaquer car ils se nourrissaient des cadavres des arnoriens à la place. Alderus, couvert de sang et blessé au bras droit et une jambe, eut du mal à croire qu'un tel groupe de loups soit capable de traquer à des voyageurs et de les attaquer en plein jour, à ciel ouvert. C'était un comportement relativement anormal venant de loups mais cela ne changea pas l'issue : il avait perdu trois personnes. Il eut envie de blâmer la guérisseuse mais comment pourrait-il reprocher à une non-rôdeuse de ne pas avoir pu garder la même cadence que des hommes dont c'était la vie depuis des années ? A la place, ses trois hommes restants et lui enterrèrent leurs camarades.


Edwÿne ne reprit connaissance que plus tard. Le soleil était toujours dans le ciel mais il déclinait vers l'horizon. Elle était couverte de sang et, à peine éveillée, elle vomit à côté d'elle, dans l'herbe. Personne ne le lui reprocha. Elle se nettoya le visage avec de l'eau. La veuve écouta ses environs et se rendit compte qu'il y avait de l'eau coulant à proximité. Perplexe, elle regarda autour et vit, à quelques pas, Alderus et ses trois derniers compagnons avec Bénéthor. Ils semblaient en pleine discussion dont elle préféra ne pas connaître le sujet. A la place, elle fut plus que réjouie d'avoir l'opportunité de se nettoyer dans un vrai cours d'eau et ne se priva pas. Elle s'éloigna du groupe d'hommes pour se déshabiller et se plonger dans l'eau jusqu'aux épaules. Elle oublia un instant le monde autour d'elle, dos au rivage de ses compagnons d'infortune, bras en croix sur son buste, profitant du contact de l'eau. Elle ne resta cependant pas plus de quelques minutes dans l'eau. Elle en sortit, enfila une robe, essora ses cheveux et les releva en un chignon, puis lava ses vêtements tâchés de sang.

Une fois son bain de fin de journée prit, elle rejoignit ses comparses.

- Si vous avez besoin de soins, je peux m'en occuper. J'ai les savoirs des Hommes et des Elfes, bien que peu de plantes.

Il n'y eut pas beaucoup de volontaires - ni même beaucoup de sujets - mais elle passa tout de même le reste de la fin de sa journée à soigner les blessures des arnoriens. Toute sa réserve ou presque y passa, ce qui la fit prier qu'elle n'en aurait pas besoin de nouveau.

Au moins, cette nuit-là ne fut ponctuée que par les gémissements de douleur, au lieu de cette angoisse oppressante omniprésente.
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